L’ANNEAU DE CÉSAR - Souvenirs d’un soldat de Vercingétorix

 

LES PARISES DE LUTÈCE

CHAPITRE XIII — Une leçon de politique.

 

 

A quelque temps de là, je donnai un grand festin, qui dura plusieurs jours, à tous les guerriers qui m’avaient accompagné dans cette expédition. J’en profitai pour délibérer avec les chefs. Nous avions encore les oreilles remplies des paroles du druide sur l’humiliation de la Gaule. Aux nouvelles que nous tenions de lui s’ajoutaient celles que, depuis la réconciliation, nous faisaient parvenir, les Lutéciens et d’autres qui nous arrivaient de l’est, et du sud.

La Gaule entière était en proie à une sourde agitation. Presque, chacune de ses nations avait senti le poids du bras de César, mais aucune ne se résignait à sa défaite, et toutes cherchaient à se concerter avec leurs voisines pour tenter en commun un grand effort.

Des émissaires allaient de tribu en tribu, et, en attendant l’explosion générale, des mouvements partiels éclataient de côté et d’autres.

Depuis son retour de file de Bretagne, César avait eu à porter les yeux et la main partout à la fois.

Chez les Carnutes et chez les Senones[1] pour s’assurer d’amis qui lui garantissent la tranquillité du pays, il avait rétabli la dignité royale, qui presque partout en Gaule était abolie. Il avait nommé roi des Carnutes un certain Tasget, et roi des Senones un certain Cavarin. Tous deux descendaient d’anciens rois de ces peuples ; mais leur seul mérite aujourd’hui était de s’être montrés les agents serviles des Romains.

Les Carnutes firent périr leur traître, les Senones voulurent tuer le leur et l’obligèrent à fuir. Alors César dut détacher dans ces pays une légion, moins pour comprimer l’insurrection, car il n’avait pas encore assez d’hommes, que pour observer les mouvements.

Dans le nord, Induciomar avait soulevé les Trévires. Ambiorix insurgeait les Éburons. Il appelait à la vengeance les débris des nations nervienne et aduatike.

Chez les Éburons, un camp avait été forcé, une légion détruite tout entière, et les insurgés avaient jeté aux pieds &Ambiorix une aigle d’or, dix vexilla de cohortes et deux têtes de légats, celles de Sabinus et de Cotta.

Au pays des Nerviens, une autre légion, celle de Quintus Cicéron, était assaillie par ce même Ambiorix et si étroitement bloquée dans son camp qu’aucun renfort ne pouvait y arriver et qu’aucun émissaire ne pouvait en sortir.

Une légion détruite, une autre sur le point de l’être ! Ainsi donc on pouvait battre les Romains ?

Ce qui montrait l’audace et la résolution de nos frères du nord, c’est que ces attaques avaient eu lieu à quelques marches de César, alors campé chez les Ambiens[2].

On annonçait encore qu’à la voix d’Ambiorix les tribus germaines des deux rives du Rhin s’étaient ébranlées et marchaient vers l’ouest.

César, enfin averti, était accouru en toute hâte, avait délivré Cicéron et refoulé Ambiorix dans les gorges des Ardennes.

Sur la Moselle, son lieutenant Labienus avait donné la chasse à Induciomar, et des cavaliers romains, le surprenant au passage d’une rivière, avaient rapporté la tête du héros trévire.

Rien n’était fini cependant ; car, dans le nord, les Nerviens, Aduatiks, Éburons, restaient en armes ; les Trévires avaient donné pour successeur à Induciomar un chef du parti de la guerre ; et, dans le sud, les Carnutes et les Senones donnaient à César les plus vives inquiétudes.

Ainsi la guerre et l’insurrection latente enveloppaient de toutes parts le pays des Parises.

Le druide avait raison : l’union de notre petit peuple pouvait seul le sauver. Toutefois le moment n’était pas encore venu de prendre les armes. Nous étions entourés de légions. Toute la force de Rome semblait s’être concentrée sur cette partie de la Gaule. C’est avec des précautions plus grandes encore qu’à l’ordinaire, que César faisait établir les camps, élever des retranchements, multiplier les sentinelles. Rien qu’à voir l’aspect de ses castella et la sévérité nouvelle des consignes, on comprenait qu’il se sentait en pays ennemi...

Un voyageur nous dit l’avoir vu qui laissait pousser toute sa barbe : il avait juré de ne se raser à la romaine que lorsqu’il aurait vengé Sabinus et Cotta. Mais sur qui ? Apparemment sur Ambiorix. En attendant, il fallait éviter d’attirer sur nous cet orage par quelque démarche prématurée.

Je convins donc avec mes principaux chefs qu’on observerait la plus grande prudence et qu’on laisserait passer l’hiver.

Dans tous nos villages, on se mit à forger des pointes de lances et de flèches ; les armes que nous ne savions pas fabriquer, j’en fis acheter par les négociants de Lutèce, en leur recommandant le secret. Je creusai de grands trous dans la forêt, je déblayai les anfractuosités des roches, pour y emmagasiner des grains. On retira les chevaux de la charrue, et on ne les nourrit plus que d’avoine et d’orge, afin de les entraîner pour la guerre.

Je pris soin d’envoyer régulièrement des courriers à tous les grands chefs de la nation parise, afin d’entretenir leurs bonnes dispositions, de les exhorter à se tenir prêts et à ne pas nous abandonner en cas de péril, et enfin d’obtenir d’eux les renseignements qu’ils pourraient se procurer.

Tous les voyageurs qui traversaient notre pays, même quand c’était loin de la Roche-Grise, je faisais courir après eux, je les priais courtoisement d’accepter mon hospitalité, ce qui me permettait de les interroger sur tout ce qu’ils avaient vu ou entendu. Je me rendais fréquemment à Lutèce, où j’étais reçu avec respect et même comme l’hôte le plus aimé.

Si nous autres, de la rive gauche, nous étions assez exactement informés de ce qui se passait au pays des Carnutes et des Senones, c’étaient les gens de Lutèce, qui, par leurs voisins les Ambiens et les Bellovaks, étaient le mieux au fait de l’agitation au pays des Nerviens, des Aduatiks, des Trévires et des Éburons.

Dans une conférence que j’eus avec les sénateurs de Lutèce, je jurai et je leur fis jurer que jamais nous ne séparerions nos destinées, et qu’entre nous ce serait à la vie, à la mort.

Un d’eux proposa d’échanger des otages. Je fis observer que cela ne se pratiquait jamais entre les tribus d’une même nation ; de plus, l’internement d’hommes à moi dans l’île et de Lutéciens à la Roche-Grise aurait fait causer les oisifs et attiré l’attention des espions de César. Autant avouer que nous armions contre lui. Les curieux n’étaient déjà que trop intrigués par mes allées et venues, les voyages de mes cavaliers, le troc de tout ce que je pouvais livrer de bétail contre tout ce qu’on pouvait m’amener de chevaux. Un coursier de guerre, qui naguère s’échangeait contre trois boeufs, en valait maintenant sept ou huit.

L’hiver finit, l’été survint, puis l’automne, sans que j’eusse pu donner le signal de l’insurrection. Il faut du temps pour préparer une telle entreprise.

D’autre part, les occasions ne se présentèrent pas, précisément parce que la Gaule entière se recueillait comme nous. Dans l’année qui suivit ma querelle avec les Parises, il n’y eut réellement qu’un soulèvement très peu étendu et vite apaisé, celui des Carnutes et des Senones, et une guerre prolongée, mais qui sévissait loin de nous, sang ; que nous eussions autre chose que des nouvelles, tardives ou incertaines ; c’était celle que soutenaient obstinément Ambiorix et quelques nations bolges et germaines. Nous étions toujours cernés par les légions, quoiqu’elles n’eussent pas encore mis le pied sur notre territoire, et César ne quittait plus nos environs, sauf pour des expéditions rapides dont nous n’apprenions le début que lorsqu’elles étaient déjà terminées.

Cette année-là se passa donc assez tranquillement pour nous ; elle fut la dernière avant celle qui vit l’insurrection générale et la lutte suprême pour l’indépendance ; elle la préparait, elle l’annonçait.

Elle a marqué dans ma vie par plusieurs faits que je ne puis omettre.

Au temps où les fleurs à corolles jaunes commencent à s’épanouir dans les clairières humides des bois, Verjugodumno, membre du sénat de Lutèce, vint m’informer que César convoquait à Samarobriva[3], ville des Ambiens, l’assemblée générale des nations gauloises, et amies alliées de Rome, et que les Parises devaient y envoyer des délégués.

Allez-y, si vous voulez ! répondis je. Pour moi, je n’irai pas. Suis-je donc un ami des Romains ? Et puis, de la Roche-Grise à Samarobriva, il y a pour le moins trois jours de chemin. C’est un peu trop pour rencontrer un ennemi, quand ce n’est point pour le traiter en ennemi. Si César a quelque chose à me dire, c’est à lui de se déranger.

Le sénateur, un vieux à l’air éveillé et malin, me regarda bien entre les deux yeux :

Tu tiens tant que cela, mon ami, à recevoir la visite de César ? Fais attention ! C’est un grand seigneur qui ne se dérange pas pour une petite fête. Dans celles qu’il se donne à lui-même, il amène quarante ou cinquante mille convives casqués de fer, et ce sont les villages incendiés qui font les frais de l’illumination... Écoute ! continua-t-il, en se rapprochant de moi et prenant un de mes genoux entre ses deux mains, écoute bien ! César est déjà exaspéré d’avoir eu à refaire une campagne d’hiver dans la brousse épineuse et les marais des Ménapes, dans les forêts vierges des Nerviens. Il est furieux d’avoir eu à se battre contre des gens qu’il croyait enterrés, contre des morts récalcitrants, contre des revenants. Ses légionnaires s’y sont éreintés et n’ont pas recueilli une peau de lièvre pour butin. Avant de leur demander un nouveau coup de collier contre les Éburons et les Trévires tout aussi gueux, il ne serait pas fâché de leur accorder, en manière de récréation, le pillage de quelque contrée où l’on trouverait beaucoup d’or, beaucoup de bétail et beaucoup d’esclaves. Il cherche sur quel peuple .un peu riche il pourrait d’abord tomber. C’est pour cela qu’il a convoqué l’assemblée de Samarobriva ; tu sais d’ailleurs qu’il en réunit de semblables tous les ans ; seulement les Parises n’y avaient pas encore été invités, sans doute parce que c’est un trop petit peuple. Sans doute aussi, César croyait que nous faisions encore partie de la nation senone. C’était vrai au temps de nos grands-pères, mais depuis nous nous sommes séparés d’elle. Enfin, cette année, il nous invite. Suis bien mon raisonnement... Ceux qui ne se rendront pas à l’invitation, il les considérera comme des ennemis, et c’est sur eux qu’il lâchera d’abord ses chiens, je veux dire ses légions. Pour sûr, les Carnutes, les Senones, n’iront pas. C’est leur affaire. La nôtre, à nous, qui sommes encore plus prés de lui, c’est de ne pas l’attirer sur nous.

Ah ! oui, le système habituel ! m’écriai-je. C’est à qui esquivera les premiers coups. C’est à qui ne recevra pas le premier choc de la bête furieuse. Il faut bien pourtant que quelqu’un commence.

Très bien ! me dit le Lutécien railleur. Tu parles en héros. C’est cela. Commençons. Ouvrons la danse. Pour débuter, que pas un Parise, ne se montre à l’assemblée de Samarobriva. César, d’un coup d’œil, constatera notre absence. Or, pour lui, en ce moment, tout réfractaire à son appel est un ennemi. Il a quatre légions sous la main, compte bien sur tes doigts : celles de Fabius, de Quintus Cicéron, de Crassus, de Trebonius. Avec les auxiliaires espagnols, baléares, numides, crétois, — et gaulois, hélas ! — cela fait tout près de cinquante mille hommes. Tout cela, dans trois jours, peut être chez nous. Es-tu prêt à les recevoir ?

Les Parises sont braves, répondis je un peu embarrassé.

Oui, mais nous serons dix mille contre cinquante mille. Parmi nous, beaucoup de gens qui n’ont jamais fait la guerre, des artisans arrachés à leur établi, des paysans mal armés, des esclaves auxquels il est peut-être égal de changer de maître. Du côté de César, tous de vrais soldats, de rudes lapins, trempés aux feux de l’été et dans les glaces de l’hiver, habitués à escalader les roches et à patauger dans les fanges, capables de faire deux étapes avec de l’eau jusqu’au cou... Et tu verras quel ménage feront dans ton village de la Roche-Grise les Africains à la face noire et les Baléares pour qui un clou a de la valeur.

Mais, lui dis-je, tu oublies nos alliés. Nous avons pour amis tous ceux qui haïssent le joug romain.

Lesquels, cher ami ?

D’abord les gens du nord, Ménapiens, Nerviens, Éburons, Trévires. Puis, les gens du sud, si voisins de nous, Carnutes, Senones...

Pourquoi pas aussi les Armoricains et les Aquitans ? Pourquoi pas, pendant que tu y es, les gens de l’île de Bretagne, les Germains et les hyperboréens ? Pourquoi pas les Édues ?... Tu sais pourtant ce que valent leur druide Divitiac et leurs chefs intrigants. Pourquoi pas les Arvernes ?... Tu n’ignores pas cependant que le parti de la guerre, chez eux, a été écrasé par le parti de la paix à tout prix, que le roi Keltil a été brûlé vif comme un malfaiteur, que son fils est en fuite...

Tu me parles d’Hyperboréens ! Mais les Éburons d’Ambiorix, mais les Carnutes et les Senones sont tout près...

Ne sois donc pas si jeune ! Dès que les Carnutes et les Senones verront s’élever à l’horizon la poussière des légions en marche, Accon, l’auteur du soulèvement, se dérobera ; les autres s’empresseront de le désavouer ; ils crieront à leurs patrons les Édues, qui accourront solliciter leur grâce, et, comme nous n’avons pas de patrons, nous, ce seront les Parises qui paieront les pots cassés. Quant aux Bolgs, avant qu’ils aient remis le nez hors de leurs marais, César aura cent fois le temps de nous écraser. Tu es donc bien pressé d’aller tourner la moule dans les faubourgs de Rome ?...

Alors que faire ?

Faire ce qui a été convenu, ce qui a été juré entre nous. Ne pas séparer nos destinées, gens de l’île et gens de la Rivière. Éviter que César, à Samarobriva, ne note notre absence et ne se dise : Tiens ! voilà des gaillards qui refusent mes invitations ; commençons par nous inviter chez eux. Notre sénat va envoyer des délégués ; les seigneurs de la campagne également. Sois des nôtres, car surtout d’un chef comme toi l’absence serait remarquée. Que risques-tu ? On peut toujours voir l’homme, écouter ce qu’il peut avoir à nous dire. Nous n’en continuons pas moins à nous tenir prêts pair la lutté prochaine.

Toujours la lutte prochaine ! Il y a des années qu’on me l’annonce pour demain.

Ma foi ! mon jeune ami, cela pourrait bien être pour demain. Écoute-moi jusqu’au bout, et pardonne à un vieux de te faire une leçon de politique. Sache avant tout que des soulèvements de Bolgs, d’Armoricains ou d’Aquitans n’ont aucune importance. Ce ne sera jamais par là que la Gaule sera sauvée. Il faudrait que le centre même s’ébranlât ; or, le centra est tenu par deux puissantes nations, qui ont pour alliés ou clients presque tous les peuples de la Celtique. Tant que les Édues et les Arvernes subiront des chefs dévoués aux Romains, il n’y a rien à entreprendre pour nous, si nous ne veillons pas nous faire casser inutilement la figure. Et, tu vois, depuis cinq ans que César promène dans notre Gaule le fer et la flamme, ni les Arvernes ni les Édues n’ont remué. Même ils lui fournissent ponctuellement leur contingent.

Mais s’ils remuaient ?

Alors, ce serait tout à fait différent. Qu’un seul de ces deux peuples se déclare pour l’indépendance, et nous pouvons sonner la trompe d’appel dans les vallées. Que tous deux s’entendent contre les Romains, et le succès devient non seulement possible, mais assuré. Les Édues, parce qu’ils sont les maîtres des voies fluviales, ont dans leur alliance ou leur clientèle les Carnutes, les Senones, les Lingons, les Bituriges, les Ambarres[4] et dix autres peuples. Les Arvernes, qui ont toujourscommandé aux Lémoviks, aux Pétrocores, aux Nitiobriges, aux Cadurks, aux Rutènes, aux Gabales[5], à tous les peuples entre Loire et Garonne ; les Arvernes, dont tous ces protégés portent leurs offrandes au Temple du ment Dôme, dont tous ils ont adopté les monnaies avec la tète de leur grand dieu Lug et la cheval sans bride, symbole de l’indépendance ; les Arvernes, qui habitent les plateaux granitiques, les monts de porphyre, de lave et de basalte ; ce sont les hommes des Hautes-Terres. Les autres qui ne cultivent que les plateaux calcaires sont les hommes des Basses-Terres, encore que leurs terres soient bien plus élevées que les nôtres, et ils sont habitués à suivre ceux-là. Entre les Édues et les Arvernes, la Celtique presque entière se trouve donc partagée. En dehors de leurs deux confédérations, de leurs deux clientèles, je ne vois que la ligue des Armoricains, celle des nations bolges et quelques tribus aquitanes. Si ces deux peuples-rois, s’unissent quelque jour, en dépit des rivalités et des haines qui les désunirent autrefois, c’est la Gaule soulevée tout entière, de la Seine à la Garonne par les Arvernes, de la Loire aux Alpes par les Édues ; c’est la guerre reportée dans la Province Romaine ; c’est César rejeté de l’autre côté des Cévennes, rejeté au delà des Alpes, rejeté dans la Haute Italie ; bientôt rappelé à Rome, où tant d’ennemis, conjurés contre lui, ne sont contenus que par les messages de victoire et par les votes du Sénat décrétant des actions de grâce aux dieux. C’est Pompée, son grand ami d’aujourd’hui, qui retire de lui sa main protectrice ; c’est Caton renouvelant sa proposition d’il y a cinq ans pour livrer le conquérant aux peuples injustement attaqués ; c’est la guerre civile dans Rome ; c’est le soulèvement général des peuples opprimés, depuis les Maures d’Afrique jusqu’aux Syriens d’Asie...

A ces espérances que m’ouvrait le Lutécien, semblable à un magicien qui fait apparaître l’avenir, je me levai, saisi d’enthousiasme, et je battis des mains.

Il me contraignit à me rasseoir et dit tranquillement :

Oui, mais ni les Arvernes ni les Édues ne donnent signe de vie. Pour l’instant, nous n’avons d’autre alternative que de nous rendre à l’appel de César ou de le voir tomber chez nous... A quoi te résous-tu ?

Je ferais volontiers comme les gens de Lutèce... Mais il faut d’abord que je consulte mes hommes.

Je rassemblai mes guerriers et les chefs les plus voisins : le sénateur leur répéta une partie de ses paroles ; je l’appuyai. Ils dirent alors :

Nous aimerions mieux rencontrer César, face à face, sur un champ de bataille que dans une de ces assemblées où l’on échange de vaines paroles. Mais enfin on peut toujours voir et entendre. De causer, cela n’engage à rien. D’ailleurs, ce que Vénestos aura décidé sera bien décidé.

 

 

 



[1] Gens du pays de Chartres, et gens du pays de Sens.

[2] Gens d’Amiens et de l’Amiénois.

[3] Samarobriva, pont sur la Somme ; nom celtique d’Amiens.

[4] Pays de Chartres, de Sens, de Langres, de Berry, d’Ambérieu.

[5] Pays de Limoges et Limousin, Périgueux et Périgord, Agen, Cahors, Rodez et Rouergue, Gévaudan.