CHARLES DE VALOIS (1270-1325)

LIVRE PREMIER. — LA VIE POLITIQUE DE CHARLES DE VALOIS

 

CHAPITRE V. — LES DERRIÈRES ANNÉES DE PHILIPPE LE BEL

(1306-1314)

 

 

I

Les dernières années du règne de Philippe le Bel ont été agitées : les difficultés financières ont amené des mesures iniques, dont Charles a d'ailleurs profité, et de nombreux procès, dans lesquels la sorcellerie fut toujours mêlée, ce qui contribua à donner à cette époque un aspect sinistre.

Le premier procès dans lequel figura le nom de Charles fut celui de Guichard, évêque de Troyes[1]. Un des chefs d'accusation portés contre Guichard fut, en effet, d'avoir tenté d'empoisonner Charles[2]. Vers la Toussaint de 1306, Charles était à Joigny, le doyen de Villemaur manda, dit-on, l'ermite de Saint-Flavit, près de Guichard ; ce dernier, ayant emmené l'ermite dans une chambre, lui aurait dit en secret : Messire Regnaud, vous voila a present bien avec moi, et vous savez mon secret. Monseigneur Charles doit venir ici et a Joigny ; les demons l'ont rassasié d'argent, je voudrais bien qu'il fut empoisonné quand il viendra. Viens chez moi, je te donnerai du poison et je te dirai ce qu'il faut que tu fasses. L'ermite intimidé aurait accepté ; quelques jours après Guichard l'aurait appelé de nouveau, car Charles était à Aix ; mais Renaud n'y alla pas, ce qui lui attira la haine de l'évêque[3].

Ce procès n'était que d'importance secondaire, les difficultés financières en amenèrent de plus graves. Pendant tout son règne, Philippe IV a vécu d'expédients pour faire fonctionner une administration plus perfectionnée que ses ressources ne le permettaient. De ces expédients, le plus fréquemment employé fut l'altération de la valeur nominale des monnaies. Ce moyen barbare causait de cruelles souffrances au peuple, et nous en trouvons l'écho chez les chroniqueurs bourgeois de l'époque[4]. Parfois même, des révoltes furent amenées par des actes de cette nature, par exemple l'émeute contre Barbette en 1307, que Charles de Valois aurait contribué, paraît-il, à réprimer par les pires procédés[5]. L'autre moyen a été la confiscation des biens de ceux que la pénurie du trésor, et les lois de l'église qui interdisaient le prêt à intérêt, rendaient tout-puissants : les manieurs d'argent. Juifs, Lombards et Templiers, en firent successivement l'épreuve.

Pour faire apprécier l'importance des Lombards, citons une lettre de Charles de Valois à Barthélemi Diotaiuti, pour le prier de restituer à son clerc, me François, médecin du prince de Tarente, archidiacre de Mende et prieur de Banassac, les fruits de ce prieuré perçus à tort par les gens du Lombard. Il lui dit : Ja soit ce que par dessus les letres du dit nostre seigneur [le roi] nostre clerc dessus dit ne devroit pas avoir mestier de nos proieres envers vous, toutes voies nous vous prions, etc.[6]. Ces prières répétées méritent d'être signalées. Charles avait la réputation de favoriser les Lombards, en souvenir de la réception faite à Catherine, sa femme, par la ville de Sienne[7]. La faveur de Charles ne les empêcha pas, en tout cas, d'être expulsés, comme les juifs l'avaient été en 1306, et d'être comme eux spoliés de tous leurs biens[8]. En dehors de cette mesure générale, bien des Lombards expièrent leur richesse par une éclatante disgrâce. Leurs procédés étant alors retournés contre eux, ils se voyaient accusés de crimes toujours les mêmes, et condamnés à coup sûr : Biche et Mouche[9], Caussinel, et bien d'autres, en firent l'expérience.

Mais les plus illustres victimes des âpres besoins d'argent de Philippe le Bel furent les Templiers[10] : leurs richesses étaient tentantes, et leur peu d'utilité en Terre-Sainte fournissait une arme contre eux. Dès 1291, Nicolas IV proposait de les fondre avec les Hospitaliers[11], et c'était un lieu commun de souhaiter leur réformation. Mais de là à les supprimer en les spoliant, il y avait loin, et seuls les plus hardis polémistes y songeaient ; l'Ordre en effet était riche, allié à toutes les grandes familles dont il recueillait les cadets, et il aurait pu résister à des adversaires moins retors et moins énergiques que les conseillers de Philippe le Bel. On a, en effet, renoncé de nos jours à faire le jeu des persécuteurs du Temple, en acceptant leurs calomnies comme prouvées : si les Templiers ont trouvé longtemps de tous côtés, chez les défenseurs du roi comme chez ceux du pape, des oreilles ouvertes aux récits de Nogaret, l'opinion leur est maintenant plus favorable[12]. Le rôle de Charles de Valois dans ce procès[13] montre bien que la suppression du Temple ne fut qu'une brutale spoliation suivie de supplices odieux. Quant aux accusations de Nogaret, ce sont celles qui ont été ressassées contre Guichard de Troyes, Bernard Saisset et Boniface VIII, et qui serviront encore contre Marigny, Mahaut d'Artois et les cardinaux Gaëtani. Comme l'a dit avec raison l'illustre historien de Nogaret : Impossible, d'admettre qu'il [Nogaret] ait été dupe des faux témoignages qu'il provoquait, des incroyables sophismes qu'il accumule. Dans l'affaire des Templiers, il est cruel et inique. L'horrible férocité qui caractérise la justice française au commencement du XIVe siècle, est en partie son œuvre[14].

Le 12 octobre 1307, Jacques de Molay, grand-maître du Temple, assistait aux obsèques de Catherine de Courtenay, femme de Charles[15] ; la nuit même, il fut arrêté, avec tous les chevaliers de son ordre résidant en France. Les biens du Temple, malgré les réclamations de Clément V, furent mis entre les mains du roi, et y restèrent. Mais il fallait que le pape consentît à cette spoliation, les Templiers n'étant pas hors la loi comme les juifs. Les États de Tours accordèrent au roi leur approbation, et des libelles officieux menacèrent le pape, s 'il résistait, du sort de Boniface VIII[16], enfin le procès contre ce pape fut rouvert. Toutes ces questions furent agitées à Poitiers, en 1307 et 1308, entre le roi et le pape, dans des entrevues auxquelles Charles de Valois assista[17]. Dans tout l'Europe, en Angleterre[18] comme en Aragon[19], les Templiers furent arrêtés, et chacun songea à les dépouiller[20].

Le pape dut se résigner à convoquer le concile de Vienne pour juger les Templiers et, en même temps, pour préparer la croisade que tous ces fervents défenseurs de la Terre-Sainte se contentaient de faire contre le Temple[21]. Non pas que les projets ne fussent nombreux : Nogaret lui-même en composait[22], mais il n'y faut voir que des prétextes à décimes, et les actes contrecarraient les intentions qui paraissaient dicter ces mémoires et ces libelles. En première ligne, les plaintes contre Boniface VIII : le pape, dans son entrevue avec le roi, dut, à la demande de celui-ci et des comtes d'Évreux, de Saint-Pol et de Dreux, qui accusaient son prédécesseur d'hérésie, convoquer les témoins qui auraient à déposer sur ce point[23]. Remarquons que Charles de Valois ne fut pas du nombre des accusateurs, et ne pactisa pas avec Nogaret, bien que le pape l'eût fait échouer lors de sa candidature à la couronne d'Allemagne, et n'eût pas hésité, au risque de le froisser, à donner la rose d'or à Enguerrand de Marigny[24], un de ses ennemis. Or, l'importance de ce cadeau a été mise récemment en lumière[25] : dans les circonstances où se trouvait le pape, il devait avoir pour but de gagner à sa cause un légiste, tout en excitant l'animosité de Charles de Valois. Charles resta, avec désintéressement cette fois, l'allié du Saint-Siège et le partisan de l'apaisement. La faveur dont il jouissait près du roi rendait son appui efficace. Clément V, le 23 mai 1310, le supplia d'intervenir auprès de son frère pour faire cesser le procès contre Boniface[26]. Ses prières n'obtinrent leur effet que deux ans après, mais tout permet de croire que Charles s'employa activement, dès cette époque, à amener une solution honorable.

Charles de Valois accompagna le roi aux deux sessions du concile de Vienne[27] et obtint enfin l'abandon du procès contre Boniface VIII ; Clément V, en revanche, dut céder sur tout le reste. Il remercia Charles de son intervention en le comblant de faveurs spirituelles et en lui accordant tout ce qu'il demandait[28]. Les Templiers servirent de rançon pour la mémoire de Boniface : le pape les supprima par provision, et leurs biens furent accordés aux Hospitaliers. Ceux-ci n'en furent pas plus riches ; tout leur argent liquide passa au contraire dans les caisses du roi, sous menace du sort des Templiers. Charles de Valois partagea les bénéfices de l'entreprise : obéré comme il l'était, il devait des sommes considérables au Temple, si nous en jugeons par l'état habituel de ses finances[29], et par quelques mentions relevées dans ses comptes[30]. Cependant il se prétendit créancier du Temple, ses droits furent réservés jusque dans l'accord conclu en 1318 avec les Hospitaliers au sujet des biens du Temple[31]. Sa créance ne fut pas estimée à moins du neuvième des biens du Temple, c'est-à-dire que Philippe le Bel lui accorda cette part dans les bénéfices de la confiscation, et personne n'eut un aussi bon lot : c'était le sixième de la part du roi. Nous voyons Charles donner procuration, le 5 mai 1317, à Jean Billouart pour toucher : la tierce partie a nous appartenant du tierz des biens meubles et dettes quelque ils soient qui jadis furent du Temple[32]. D'autre part les Hospitaliers, contre lesquels l'accord cité ci-dessus lui réservait des droits, durent lui donner leurs prés de Chelles et 1.200 l. t. de rente[33]. Quant aux biens du Temple, ses receveurs ouvrirent pour eux un compte spécial[34], et les rentrées durent être importantes ; mais nous en ignorons le total.

 

II

Charles de Valois joua aussi un rôle important dans les luttes avec la Flandre ; de ce côté, le traité d'Athis avait amené un moment de détente : Jean de Namur, fils de Gui de Dampierre, remit, en même temps que Charles de Valois, à Philippe le Bel, Louis d'Évreux, Jean de Dreux et Gaucher de Chatillon, le jugement du différend qui existait entre eux au sujet du comté de Namur[35]. Charles réclamait ce comté au nom de ses filles, nées de Catherine de Courtenay. Cette soumission de Jean de Namur était-elle une marque de confiance dans le roi, ou une démarche imposée ? Nous l'ignorons, mais Jean ne se soumit qu'avec de nombreuses restrictions[36], bien qu'il pût être privé de Namur par la force. En fait, Philippe le Bel se prononça pour Jean contre son frère, mais seulement plusieurs années après, car Jean était retenu par cette attente dans la dépendance du roi[37]. Philippe le Bel imposa à Robert de Flandre[38] et à Jean de Namur[39] de se réconcilier avec Louis, comte de Nevers, fils de Robert, qui avait toujours été jusque-là le dévoué partisan de la France. Louis se rapprocha encore davantage de la maison de France en mariant son fils aîné, Louis, avec Isabelle de Valois[40]. Charles promit à Louis de l'aider à payer les 10.000 l. de rente promises au roi par le traité d'Athis, en abandonnant au roi 6.000 l. que celui-ci lui devait ; à charge pour Louis de Namur de les accepter comme dot d'Isabelle, et, en cas de décès de son fils, à charge d'assigner à Charles 6.000 l. de rente en terre[41]. Charles promit à Louis de lui rendre les châteaux qu'il lui prêterait pour faire valoir ses droits sur Namur[42] et de lui prêter les siens en cas de guerre[43].

Cette alliance de Louis de Nevers avec la France fut changée en hostilité par les exigences royales : Enguerrand de Marigny, au nom de son maître, essaya d'amener Louis à vendre au roi ses droits sur le comté de Flandre, dont il était l'héritier légitime comme fils aîné du comte Robert[44], Les propositions qui lui furent faites auraient fait de lui, au lieu d'un comte de Flandre, un rentier du trésor royal. Elles expliquent pourquoi Louis de Nevers, tracassé de plus dans son comté de Nevers par les gens du roi[45], abandonna le parti français et fit appel contre le roi aux sentiments d'indépendance des Flamands[46].

Philippe le Bel continua les interminables négociations avec le comte pour l'exécution des conditions du traité d'Athis, que les bourgeois de Flandre mettaient la plus extrême mauvaise volonté à remplir[47]. Le comte de Flandre, placé entre le roi et les communes, fières de leurs victoires et fortifiées par les privilèges obtenus pendant la guerre, ne savait trop comment obtenir la paix. Les négociations entreprises amenèrent[48] une mission diplomatique de Charles de Valois à Tournai[49] en septembre 1311. Son rôle politique y fut à peu près nul, effacé par celui d'Enguerrand de Marigny qui dirigea la politique des dernières années de Philippe le Bel. Cette mission contribua à exciter l'inimitié de Charles contre le favori de son frère. Charles était logé au monastère de Saint-Martin de Tournai, où il séjournait depuis un mois, quand Enguerrand arriva avec une pompe et une escorte royales, précédé de sergents à masse et d'écuyers. Logé au château de Bruille, avec un entourage plus considérable que celui de Charles, il y reçut tous les honneurs souverains ; on leva pour lui des sentences d'exil, et tous les hauts personnages attirés par les négociations s'empressèrent autour du favori[50].

La paix ne sortit pas de ces conférences, ni de celles de l’année suivante, et, le 13 octobre 1311, le comte de Flandre et Louis de Nevers furent cités devant le Parlement[51]. Louis eut la maladresse de répondre à cette convocation, et fut emprisonné. Sur cet emprisonnement, il y a deux versions : toutes deux sont intéressées et émanent des parties, mais parmi les chroniqueurs français qui parlent de ces événements, ceux qui ne sont pas officiels, justifient les plaintes du comte de Nevers[52]. Enguerrand aurait dit à Louis qu'il devait s'estimer heureux si le roi lui laissait la vie ; de plus, il lui extorqua le don de la Coudraie et 200 l. de rente[53]. Transféré de Moret à Paris, Louis profita d'un festin, la veille de l'Épiphanie, pour enivrer ses gardiens, et s'enfuir[54]. Philippe le Bel confisqua alors les biens de Louis de Nevers[55], et peu après Charles de Valois abandonna ce prince en chargeant l'abbé du Lieu-Restauré de dénoncer[56], en son nom, les conditions du traité de 1308. Cette conduite, qu'il devait regretter en 1317, était amenée, disait l'acte, par la trahison du comte de Nevers, et l'impossibilité où il était de remplir les conditions du contrat. Le comte de Flandre n'ayant pas répondu à la convocation, fut cité à nouveau, mais cette fois devant la cour des pairs, qui pouvait le priver de son fief. Une démonstration militaire appuya cette citation : le comte céda et, par le traité de Pontoise, le 11 mai 1312, transporta au roi Lille, Douai et Béthune[57]. Pour achever la paix de ce côté, Philippe le Bel rendit, assisté de Louis d'Évreux et de Gaucher de Chatillon, la sentence arbitrale qui déboutait les enfants de Charles de Valois de toute prétention sur le comté de Namur[58]. Jean de Namur, sans doute à ce prix, s'allia avec le roi, même contre son frère le comte de Flandre[59].

 

III

Pendant toute cette période, Charles de Valois continua à jouer un grand rôle en France : c'est ainsi qu'il conduisit l'expédition contre Lyon en 1310. Clément V avait envoyé deux cardinaux pour faire la paix entre le roi et l'archevêque, Pierre de Savoie[60]. Mais Louis le Hutin, conduit par son oncle Charles de Valois, s'empara de la ville en passant la Saône sur un pont de bois construit en quelques jours[61]. La ville étant prise, Clément V demanda au roi, le 5 août, de lui envoyer l'archevêque[62] ; mais le roi garda la ville et y mit comme capitaine Béraud de Mercœur[63]. Béraud, prisonnier du roi, s'était évadé, et avait été ramené par Charles et enfermé à Poissy, puis il avait été gracié en septembre 1309 sur les prières de Charles et de ses autres amis[64].

Dans l'administration de la France, Charles tint aussi une très grande place ; il a dû siéger aux États Généraux[65] et à la Chambre des Comptes[66] qui prirent alors des mesures très importantes. En récompense de ses services, Charles de Valois jouit de la faveur de son frère, comme nous l'avons vu lors de sa candidature à l'Empire et du procès des Templiers. Le roi lui accorda d'autres faveurs : en juillet 1312, alors que son gouvernement s'efforçait de restreindre le nombre des seigneurs ayant le droit d'amortir, il accorda à Charles pour tous ses domaines ce droit qu'il n'avait qu'en Anjou et dans le Maine[67]. Le droit de battre monnaie fut réservé à Charles en 1313[68]. Charles fut associé aux grandes ordonnances comme celles du 19 septembre 1312[69]. Le roi lui accorda 10.000 l. t. à prendre par quarts à l'Ascension et à la Toussaint en 1312 et 1313, pour l'aider à se préparer à la croisade[70]. Quelques jours après, il lui fit remise de toutes les dettes qu'il avait envers lui[71], et, en octobre 1314, veillant à la consolidation d'une rente de 2000 l. t., qu'il lui avait donnée pour son troisième mariage, il l'assigna sur les bailliages d'Amiens et de Vermandois[72]. Enfin Charles de Valois fut plusieurs fois choisi comme arbitre, notamment entre le comte de Bretagne et Yolande de Dreux, sa belle-mère[73].

On parlait souvent encore de la croisade, mais on se contenta de célébrer à Paris des fêtes splendides[74]. Le pape avait envoyé un légat, Nicolas, cardinal de Saint-Eusèbe ; le roi de France groupa autour de lui ses fils, ses frères[75], ses neveux, son gendre le roi d'Angleterre[76], et une foule de grands seigneurs français et anglais[77]. Le jeune roi de Navarre et les fils de Charles de Valois, Philippe et Charles, furent faits chevaliers, et Édouard II prêta hommage au roi. Seuls, les comtes de Flandre et de Nevers, en guerre avec le roi[78], s'abstinrent, disant que les préparatifs de croisade n'étaient pas assez avancés. Les fêtes durèrent huit jours, et leur éclat a vivement frappé les bourgeois de Paris[79].

Le dimanche de la Pentecôte fut consacré à la chevalerie de Louis de France et de deux cents jeunes nobles qui reçurent à cette occasion des chevaux et des armes[80], tandis que tous les assistants de marque recevaient eux-mêmes des souvenirs de cette cérémonie[81]. Le mercredi, des représentations théâtrales[82] eurent lieu dans l'île de la Cité, où les rois et seigneurs, au nombre desquels était Charles, reçurent la croix des mains du légat[83]. Le jeudi 7 juin, Charles de Valois reçut le roi et ses hôtes, et leur offrit une fête, à propos de laquelle Geoffroi de Paris dit qu'il donna à manger

Si noblement, si largement,

Que n'i vouloit nul contredire ;

Nommer le doit-on et l'escrire :

De noblece et de largeté

Cel jor fu sanz chétiveté[84].

Après toutes ces fêtes, la cour se sépara, sans songer davantage à la croisade.

En 1313, le siège impérial devint vacant de nouveau, le conseil du roi délibéra pour savoir si la candidature d'un prince français serait mise en avant : on hésita entre Charles de Valois, Louis d'Évreux et Philippe, comte de Poitiers[85]. Le roi, sollicité sur ce point par les archevêques de Cologne et de Mayence, confia ses instructions secrètes à Pierre Barrière, envoyé en son nom à Clément V. Mais ce projet n'eut pas de suite.

Il restait à en finir avec le comte de Flandre, toujours en révolte. Philippe le Bel prépara une armée contre lui, mais il fut devancé, et les Flamands prirent Courtrai, échouèrent devant Tournai, et vinrent assiéger Lille[86]. L'armée française fut alors groupée en quatre corps : le premier à Douai avec Louis le Hutin ; le second à Saint-Omer avec Philippe, comte de Poitiers ; le troisième à Lille avec Louis d'Évreux, et enfin le quatrième à Tournai avec Charles de Valois et Charles le Bel[87]. La France était exaspérée par les impôts causés par les Flamands, et les seigneurs étaient ardents et épris de la guerre[88]. Dans ces conditions, le peuple souhaitait d'en finir avec ces adversaires, qui n'observaient aucun traité. Mais Enguerrand de Marigny arriva à Tournai avec l'intention de faire la paix ; il entra en pourparlers avec Jean de Namur. Charles de Valois, soutenu par Louis le Hutin, s'opposa énergiquement à ces négociations[89], mais Marigny possédait l'esprit du roi et il l'emporta, soutenu par Louis d'Évreux qui se tenait du côté du favori[90]. Les conventions de Marquette sortirent de ces négociations, et Charles de Valois, comme représentant du roi, les garantit et les promulgua[91]. Cette paix souleva l'opinion dans toute la France cette immense armée, sûre de la victoire, qui se disloquait sans combat, parut victime d'une trahison. Même les chroniqueurs officiels disent que l'armée revint impuissante, s’étant laissé duper honteusement[92]. Quant aux autres, tous d'une voix unanime accusent Marigny d'avoir vendu la paix[93]. Il était difficile de ne pas soupçonner une trahison, quand on songeait à cette armée qui avait coûté si cher, qui pouvait tant, et qui n avait rien fait. La lettre d'Enguerrand de Marigny[94], que M. Boutaric croyait forgée pour le discréditer[95], est authentique, et nous montre en lui un partisan de la paix à tout prix trop convaincu pour être clairvoyant. Il semble difficile de justifier la conclusion de cette paix ; l'objection se présente de suite . les Flamands ont-ils exécuté leurs engagements[96] ? Non, le comte, en effet, signait bien des traités, mais ses sujets refusaient de les exécuter, et lui-même usait de moyens dilatoires. Dès lors, ajouter un parchemin aux précédents était inutile, et laisser inutilisée une armée si forte et si coûteuse était une faute ; c était s'exposer à la nécessité de la rappeler peu après, et de refaire de nouveaux frais. Mieux eût valu infliger une sérieuse leçon : Charles de Valois s'est donc montré plus clairvoyant dans cette affaire. Il voulait terminer par la force, alors que c était possible, un conflit que la mauvaise foi des adversaires rendait interminable ; c'était la seule solution possible, et la suite des événements l'a démontré.

La dernière année de la vie de Philippe le Bel fut triste : elle fut marquée par le supplice de Jacques de Molay et de plusieurs Templiers, qui rachetèrent par leur héroïsme les faiblesses de leur Ordre calomnié. Jacques de Molay en appela à Dieu de l'iniquité des hommes, les événements semblèrent répondre à son appel : le pape disparut quelques semaines, le roi quelques mois, la dynastie quelques années après. Déshonoré par des procès iniques contre ceux qu'il avait voulu spolier, Philippe le Bel vit ses fils déshonorés par leurs femmes. L'adultère de Marguerite et de Blanche de Bourgogne, ses brus, fut porté à la connaissance du peuple entier par le supplice des complices, Philippe et Gautier d'Aunay[97]. Un tribunal, où Charles de Valois et Louis d'Évreux siégèrent pour représenter la famille royale, jugea le cas : les deux princesses coupables furent condamnées à la réclusion à Château-Gaillard. Marguerite y fut tuée peu après, sur l'ordre de son mari, et Blanche y resta jusqu'à l annulation de son mariage, prononcée en 1322. Quant à Jeanne, sœur de cette dernière, et femme de Philippe le Long, après une courte détention à Dourdan, elle fut acquittée[98], à cause surtout des richesses qu'elle apportait à son mari comme fille du comte de Bourgogne et de Mahaut d'Artois.

Quant à l’œuvre même du roi, elle fut attaquée vigoureusement : quelques jours avant sa mort, une partie de la noblesse française se souleva. Philippe le Bel mourut sans avoir eu le temps de traiter avec les ligues ou de les vaincre.

La fin de la vie du roi approchait quand, en octobre 1314, il rendit visite à son frère à Saint-Ouen[99]. Quelques jours après, par son codicille, il mit Charles au nombre de ses exécuteurs testamentaires, et le chargea, à défaut de ses fils, d'employer pour la croisade les 100.000 l. t. qu'il léguait à celui qui l'entreprendrait[100]. Le lendemain, il le mit au nombre des arbitres chargés de fixer l'indemnité qui serait accordée aux filles du comte de Poitiers ou de son descendant, mort sans héritier mâle, le comté faisant dans ce cas retour à la couronne royale[101].

Pendant toute sa vie, Philippe le Bel fut donc plein de bonté pour son frère, et si quelquefois des divergences d'opinion les séparèrent, jamais il n'y eut ni conflit, ni rupture. Quelquefois le roi écouta ses favoris de préférence à son frère, mais jamais celui-ci ne fut tenu à l'écart ni privé de son appui.

A l'heure de sa mort, Philippe le Bel continua à montrer son affection pour son frère ; il conseilla, dit-on, à ses fils réunis autour de son lit de mort, d'écouter les conseils de Charles de Valois[102]. Puis il demanda à ses frères de ne pas abandonner son héritier, et de l'aider de leur expérience ; il mourut ainsi au milieu d'eux, en leur prêchant l'union et l'affection dont il en s'était jamais départi à leur égard.

 

 

 



[1] A. Rigault, Le procès de Guichard, évêque de Troyes ; Holtzmann, o. c., p. 146-150, 167-170.

[2] A. Rigault, o. c., p. 55, 58, 62, 68, 81 et 277.

[3] A. Rigault, o. c., p. 83.

[4] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 110 et 111.

[5] Post hec autem Karolus, germanus regis, accersitis ad se duodecim de prepotentibus civibus, ut pacifice loqueretur eis, sub dolo torquebat eos diversis penis usquequo prevaricatores prodissent. De quibus certificatus rex, levatis patibulis ante portas civitatis, nunc denos, nunc vicenos sublimius fecit suspendi. Flores historiarum, III, p. 326.

[6] 18 mai 1307, B. N., fr. 20593, n° 29 ; cf. ibidem, n° 25, 26 et Z7.

[7] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 90.

[8] Ordonnances, I, p. 489. —Cf. B. N., fr. 25992, n° 27.

[9] Azambre, Biche et Mouche (Positions des mémoires présentés à la Faculté des Lettres pour l'obtention du diplôme d'études supérieures, 1896), p. 78. L'héritier de Biche et de Mouche renonça à ses créances sur Ch. de V., 21 mars 1320, A. N., J 377A, n° 12.

[10] Ch.-V. Langlois, Le procès des Templiers d'après des documents nouveaux, Revue des Deux Mondes, t. CIII, 1891, p. 382-421.

[11] Guillaume Le Maire, p. 279.

[12] Ch.-V. Langlois, Le procès des Templiers, p. 420-421.

[13] Sur ce procès : Dupuy, Hist. du procès des Templiers ; Boutaric, La France sous Philippe le Bel, p. 408-409 ; Lavocat, Procès des Frères et de l'Ordre du Temple ; Ch.-V. Langlois, Le procès des Templiers, Holtzmann, o. c., chap. 7.

[14] Renan, Hist. Litt., XXVII, p. 369.

[15] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 595.

[16] Renan, Hist. Litt., XXI, 482-485 ; XXVI p. 293.

[17] Compte de l'Orient, B. E. C., 1890, p. 67-68.

[18] Rymer, I3, p. 163 et 174.

[19] Arch. de Barcelone, Reg. d’Aragon, 334 f° 137.

[20] Le roi d'Aragon s'inquiète surtout de cela dans les instructions données à Jean Burgundi, envoyé près du pape. Il réclame les biens du Temple, demande quelle part il en aura, refuse de les donner à un autre ordre, car c'est celui-là que ses aïeux ont voulu doter, et demande qu'en cas d'absolution les châteaux des frontières restent du moins sa propriété, Reg. d'Aragon, 334, f° 137 v°.

[21] Guillaume le Maire, p. 426-435.

[22] A. N., J 455, n° 36 ; Boutaric, Not. et Extr., XX2, p. 117-123. — V. celui que nous avons édité, B. E. C., 1899, p. 603.

[23] Sur ce procès, v. Holtzmann, o. c., chap. 6 et 7.

[24] Geoffroi de Paris. H. F., XXII, p. 143.

[25] E. Müntz, Etude sur les roses d'or pontificales au moyen âge (Compte rendu des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1895), p. 48-50.

[26] A. N., J 494B, n° 789 ; Dupuy, Hist. du différend, pr., p. 290.

[27] G. de Frachet, H. F., XXI, p. 37 ; Bernard Gui, XXI, 721 ; Continuateur de Nangis, XX, p. 604 ; Rayn., XIV, p. 312.

[28] Seize bulles furent accordées, en avril 1312, à Charles, à Mahaut, sa femme, et à ses clercs, Reg., VIII, p. 20-21 ; XII, p. 52-54 ; A. N., L 295, n° 39.

[29] Rappelons qu'il laissa plus de 50.000 l. p. de dettes, R. D.

[30] A frere Thomas, commandeur de Noisy le Temple, VIIIc l. p., au trésorier du Temple de Paris, Xc XX l. p. ; au visiteur du Temple de Paris, IIIIM l. p. R. D. XXIII.

[31] Félibien, Histoire de Paris, III, p. 322 ; Beugnot, Les Olim, II, p. L. Delisle, Mémoire sur les opérations financières du Temple, p. 234-237.

[32] A. N., K 40, n° 1.

[33] A. N., J 164B, n° 35.

[34] B. N., fr. 5284, f° 54 r°.

[35] A. N., J 164A, n° 18 ; J 510, n° 24 ; Arch. de Bruxelles, Chartrier de Namur, n° 315 ; Du Chesne, Hist. généalogique de la maison de Chatillon-sur-Marne, pr., p. 205.

[36] A. N., J 510, n° 24.

[37] Nous croyons que Philippe le Bel espérait le retenir ainsi dans obéissance, plutôt que par la reconnaissance, v. néanmoins Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 520.

[38] Funck-Brentano, o. c., p. 504-505.

[39] Funck-Brentano, o. c., p. 520.

[40] Paris, 20 mars 1308, A. N., J 411, n° 38 ; J. de Saint-Genois, Archives de l'État de Gand, n° 1178, p. 337 ; De Limburg-Stirum, o. c., II, p. 83.

[41] B. N., lat. 9124, f° 249.

[42] B. N., lat. 9124, f° 250.

[43] B. N., lat. 9124, f° 250.

[44] Funck-Brentano, o. c., p. 587-589.

[45] Funck-Brentano, o. c., p. 589.

[46] Funck-Brentano, o. c., p. 505 et 589.

[47] Aux exemplaires de cette paix, cités par M. Funck-Brentano, ajoutons les ratifications, en 1309, par les villes de Gand et Bruges, de la paix avec la France, Arch. Vat., Misc., 1305-1309.

[48] Funck-Brentano, o. c., livre IV et V ; D'Herbomez, o. c., p. 497.

[49] Li Muisis, De Smet, II, p. 202.

[50] Li Muisis, De Smet, II, p. 202.

[51] De Limburg-Stirum, o. c., II, p. 206-210 ; Funck-Brentano, o. c., p. 615.

[52] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 131 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 654 ; v. le récit de M. Funck-Brentano, o. c., p. 615.

[53] P. Clément, Enguerrand de Marigny, p. 56.

[54] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 131 ; J. de Saint-Victor, XXL, p. 654.

[55] Funck-Brentano, o. c., p. 618-619.

[56] 19 mai 1313, Vredius, Genealogia comitum Flandriae, II, p. 195 ; Galland, Mémoire pour l'histoire de Navarre et de Flandre, p. 228 ; Funck-Brentano, o. c., p. 647.

[57] Funck-Brentano, o. c., p. 620-625.

[58] Du Chesne, Hist. de la maison de Chatillon-sur-Marne, pr., p. 205.

[59] Funck-Brentano, o. c., p. 647.

[60] 24 juin 1310, Reg., V, p. 428.

[61] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 131 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 655 ; Bonnassieux, Hist. de la réunion de Lyon à la France, p. 116-120. Les comptes de cette expédition sont mentionnés dans la table de Robert Mignon, B. N., lat. 9069, p. 1003-1007.

[62] Reg., V, p. 462.

[63] Bonnassieux, o. c., p. 119-120.

[64] J. de Saint-Victor, H. F., XXI, p. 653.

[65] Hervieu, Hist. des États Généraux, p. 234.

[66] Borrelli de Serres, Recherches, p. 231.

[67] A. N., J 164A, n° 24. — V. aussi un anoblissement accordé sur sa demande, A. N., JJ 42B, n° 132 ; De la Roque, Traité de la noblesse, p. 56 (édit. de 1734).

[68] B. N., Clairambault, 782, p. 5.

[69] Ordonnances, I, p. 507.

[70] A. N., J 164A, n° 27.

[71] A. N., J 164A, n° 25 et 26.

[72] De plus, il lui octroya de petites faveurs, comme la remise du droit de rachat pour 1.000 l. de rente, le 2 juin 1309, A. N., J 411, n° 29.

[73] Avril 1312, A. N., J 241A, n° 25 ; Dom Morice, Preuves de l'hist. de Bretagne, I, c. 1237.

[74] L'auteur du manuel d'histoire de Philippe de Valois, inspiré par ce prince et par Charles, son père, dit : Mais le pape ot l'argent, et le marquis son neveu en ot partie, et le roy et les autres qui avoient la croix prise demeurerent par deça, et les Sarrazins sont encores par de la en leur bonne paix, et croy que encore pevent ilz bien dormir asseurés. H. F., XXI, p. 150.

[75] Charles de Valois était le 15 juillet au Val-la-Comtesse, A. N., J 510, n° 20 bis.

[76] Édouard II quitta Douvres le 23 mai, Rymer, II1, p. 41 ; il rentra à Sandwich le 16 juillet, Rymer, II1, p. 45.

[77] Cf. Rymer, II1, p. 41.

[78] Funck-Brentano, o. c., p. 642-654.

[79] V. Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 135-138. — Les fêtes coûtèrent 32.223 l. t. (Boutaric, La France sous Philippe le Bel, p. 274), mais donnèrent lieu à la levée de l'aide pour la chevalerie.

[80] B. N., Clairambault, 832, f° 269-292 ; Philippus de Valesio, equum nigrum XIXXXII l. t. ; palefredum bayum IIIIXXXI l., ibidem, p. 269 ; Ludewig, Reliquæ manuscriptorum, XII, p. 48.

[81] Item perries eues pour la chevalerie le roi de Navarre et plusieurs autres choses. B. N., fr. 5284, f° 54 r° (Appendice D).

[82] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 136.

[83] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 689 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 136-137.

[84] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 136.

[85] Jakob Schwalm, Neues Archiv, 1900, p. 565-566.

[86] Funck-Brentano, o. c., p. 655.

[87] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 11 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 147 ; Chronique Tournaisienne, dans l'édition de la Chronique Artésienne, p. 94 ; liste des chevaliers, B. N., lat. 9051, f° 81.

[88] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 611 ; lettre d'Enguerrand de Marigny, Funck-Brentano, o. c., p. 657.

[89] Funck-Brentano, o. c., p. 66 ; D’Herbomez, o. c., p. 496.

[90] Funck-Brentano, o. c., p. 66 ; D’Herbomez, o. c., p. 496.

[91] 6 septembre 1314, B. N., Mél. Colbert, 348, n° 96.

[92] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 611.

[93] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 150 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 659; ce dernier dit que ce fut 20.000 l.

[94] Funck-Brentano l'a éditée, o. c., p. 656-8.

[95] Arch. des Missions scientifiques et littéraires, 1865, p. 315-316.

[96] Funck-Brentano, o. c., p. 663.

[97] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 610 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 148.

[98] Continuateur de Nangis, H. F., XX, p. 610 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 148.

[99] Ordonnances, I, p. 539.

[100] 28 novembre 1314, A. N., J 403, n° 18 ; Boutaric, Not. et Extr., XX2, p. 233-234.

[101] Avec L. d'Évreux, G. de Chatillon et G. de Saint-Pol, A. N., J 390, n° 10.

[102] Ch. dite de Guillaume l'Écossais, H. F., XXI, p. 207 ; lettre de Guillaume Baldrich, B. E. C., 1897, p. 12.