I Boniface VIII appelait Charles de Valois en Italie pour combattre ses nombreux adversaires, et notamment Frédéric III d'Aragon, maître de la Sicile. Charles paraissait bien disposé puisque, dès le 29 décembre 1298, le pape écrivait au roi qu'il avait reçu Gilles de Bourges et Jean du Châtelet, délégués de Charles, qui offrait de venir avec mille hommes d armes ; en échange, le pape demandait au roi de prêter à Charles en son nom 100.000 l. t., pour l'aider dans cette entreprise[1]. Frédéric III occupait la Sicile depuis 1291[2], et le pape, nous l'avons vu, avait vainement essayé de l'en faire sortir par la paix du 18 décembre 1298[3]. Frédéric n'ayant pas rempli les conditions du traité, Boniface dut faire appel contre lui à son frère Jacques d'Aragon, garant de la restitution de la Sicile. Celui-ci, aidé des Angevins et vainqueur au cap Orlando, prit Catane, mais il fit tout son possible pour empêcher ses alliés de profiter de leur victoire, et le pape, le jugeant plutôt dangereux, chercha un autre défenseur[4] : c'est pour cela qu'il jeta les yeux sur le gendre de Charles II, Charles de Valois, qui accepta ce rôle. Boniface VIII avait d'autant plus besoin de ce secours que la guerre devenait défavorable aux Angevins[5] ; aussi intervint-il dans le mariage de Charles de Valois avec Catherine de Courtenay pour exiger que Charles vînt en Italie avant de s'occuper de l'Orient : telle fut la cause de cette expédition, plus lucrative que glorieuse pour Charles de Valois. Catherine était née du mariage de Philippe, fils aîné de Baudouin II, dernier empereur latin de Constantinople, avec une fille de Charles Ier[6]. Élevée à la cour de Charles II, roi de Sicile, son cousin, elle vint en France, en 1294, pour visiter ses domaines de Courtenay et de Chantecoq[7], et demander un mari au roi de France ; mais Charles II avait notifié qu'elle lui avait promis de ne pas se marier sans son consentement[8]. Elle n'avait comme dot, en dehors de quelques domaines en France, que des droits purement nominaux sur l'empire d'Orient. Ces droits cependant attirèrent bien des candidats à sa main : le premier en date fut Michel Paléologue, fils de l'empereur grec Andronic, qui aurait ainsi ajouté à la possession réelle ces droits nominaux, et aurait enlevé tout prétexte aux tentatives de rétablissement de l'empire latin. Mais ce fut justement ce qui fit rejeter sa demande : le pape, préférant la restauration de cet empire 5, proposa Frédéric, troisième fils de Pierre, roi d'Aragon[9]. Boniface VIII mit comme condition à ce mariage l'abandon par Frédéric de ses prétentions sur la Sicile[10]. Cela aurait été pour le pape un moyen de se débarrasser d'un ennemi opiniâtre qui refusait de rendre la Sicile : on aurait pu ainsi l'en faire sortir au moment même où les affaires d'Aragon arrivaient enfin à une solution pacifique. Dès le 27 juin 1295, au lendemain de la renonciation de Charles de Valois à la couronne d'Aragon, Boniface VIII priait Catherine d'épouser Frédéric d'Aragon[11], et peu après il demandait à diverses personnes d'intervenir dans ce sens auprès d'elle[12]. Ce mariage était même une des clauses du traité entre Frédéric et le pape, qui promit à Frédéric, en échange de la Sicile, de l'aider à conquérir les biens de Catherine[13]. Charles II, alors à Rome, s'offrit même pour aller chercher sa nièce en France, et Boniface VIII envoya des légats pour l'amener en Italie[14]. Mais Catherine lui répondit que ni Frédéric ni elle n'avaient des terres en quantité suffisante, et qu'il serait peu convenable que des gens de leur condition fussent sans domicile propre[15]. Le pape, qui regrettait ce refus[16], et le roi de France fiancèrent alors Catherine à Jacques, fils aîné du roi de Majorque, qui, en devenant roi, aurait eu des terres suffisantes pour tenir son rang. Le contrat fut scellé en 1298[17], mais Jacques renonça il sa couronne pour devenir franciscain[18], et ce projet fut abandonné. Pendant ce temps, Catherine vécut en France : le 20 novembre, elle reçut de Robert d'Artois la somme de 1.000 l.[19] ; au printemps de l'année suivante, elle séjourna avec le comte et la comtesse d'Artois à Bapaume, Beuvry, Aire, Hesdin, Tournehem, Merck et Calais[20]. Le roi de France de son côté lui donna deux fois 600 l. p.[21], et Marguerite de Sicile, femme de Charles de Valois, lui légua une parure[22]. La mort de Marguerite, le 31 décembre 1299[23], donna à Catherine le prétendant qu'il lui fallait : prêt à tout entreprendre, riche, bien apparenté, et très influent à Paris comme à Rome. Ce mariage, que Pierre Dubois proposait dans son traité De Abreviatione[24], nécessitait bien des consentements : celui du pape d'abord, puis ceux des rois de France et de Sicile. Boniface VIII accorda les dispenses nécessaires, mais sous cette condition que Charles de Valois viendrait d'abord reconquérir la Sicile à ses frais, et abattre ses ennemis en Italie[25]. Charles II consentit au mariage, aux mêmes conditions[26]. Philippe le Bel fit de même, mais en exigeant de Charles de Valois la promesse de revenir dès que les affaires de Charles II seraient en bonne voie, de ne pas entreprendre d'expédition contre Constantinople sans son consentement, et, en cas de guerre, et que il eust mestier de lui, de revenir le plus tôt possible[27]. En revanche, le pape devait aider Charles pécuniairement, et proclamer solennellement les droits de Catherine sur l'Orient[28]. Charles II renouvela, le 11 mars, la promesse, faite par son père à Baudouin II, de ne pas reconnaître l'empereur grec[29], et Philippe IV donna à Charles de Valois 2.000 l. t. de rente[30]. Le mariage fut célébré à Saint-Cloud, le 28 janvier 1301[31], en présence des évêques d'Amiens et d'Auxerre, délégués du pape. Charles de Valois, en prévision des dépenses qu'allait lui causer la conquête de Constantinople, se fit donner par Catherine l'empire et les terres de Courtenay, Chantecoq, Blaton, Hellebecque et Brevillers[32], bien que les dépenses de l'entreprise orientale dussent surtout peser sur le clergé de France et sur le trésor du roi, et que la part fournie par lui dût égaler it peine la valeur de ces domaines. En échange, il assigna aux enfants à naître de ce mariage 6.000 l. t. de rente sur le comté d'Alençon et ses domaines de Normandie et du Perche[33]. II Boniface VIII avait fait tout ce qu'il avait pu pour hâter la venue de Charles de Valois : il le savait en proie à des embarras d'argent, il s'était empressé de lui accorder aussitôt la moitié d'une décime, mais sous cette condition qu'il serait parti le 15 novembre 1300[34], et il avait recommandé à ses délégués en France de presser ce départ[35]. Mais Charles ne désirait nullement partir avant la célébration de son mariage ; il obtint la prolongation des délais jusqu'à la Chandeleur 1301[36], pendant que le pape vantait fort au clergé l'utilité de l'entreprise, pour l'exciter à payer avec plus de zèle[37]. Le 30 novembre 1300, Boniface VIII accorda à Charles de Valois une décime entière[38] : Charles n'en partit pas plus vite, car il sentait bien que le pape avait assez besoin de lui pour qu'il pût marchander son concours. Après la célébration de son mariage, le 28 janvier, il obtint encore, par la bulle du 12 février 1301, un dernier délai, jusqu'à la Toussaint 1301. Cette fois Charles de Valois n'eut pas besoin de prolongation, mais Boniface VIII dut modérer son zèle dans ses réclamations contre les Spini, banquiers de Florence. Le roi avait promis au pape, par l'intermédiaire de Gui de Saint-Pol et de Pierre Flotte, ses représentants à Rome, 100.000 l. t. pour la conquête de la Sicile. Boniface VIII les avait données à Charles de Valois qui devait les toucher par l'intermédiaire de ces banquiers, mais ils n'avaient pas reçu l'argent promis, et le pape dut prier Charles de ne pas le leur réclamer[39]. Charles de Valois escomptait déjà les bénéfices de son expédition pour arrondir ses domaines de France : le 8 mai 1301, il promit à Boulehart, fils du seigneur de Denisy, de lui payer, quand il serait en Pouille, 600 l. p. sur 1.200 l. qu'il lui devait pour le rachat de 100 l. de rente sur la prévôté de Chartres[40]. Philippe le Bel aidait d'ailleurs son frère autant qu'il le pouvait : c'est ainsi qu'il avait été convenu qu'Henri de Bar, pour expier ses torts envers le roi, irait en Chypre[41] ; en échange, il fut autorisé à accompagner Charles en Sicile[42], et le roi envoya encore d'autres renforts[43]. Charles de Valois quitta enfin le roi à Asnières au mois de mai 1301[44], emmenant sa femme Catherine de Courtenay, Biche et Mouche, Gui, comte d'Auxerre, Gui de Chatillon, les comtes de Sancerre, de Joigny et d'Armagnac[45], Henri de Bar, Jean d'Harcourt[46], Jean de Prailly[47], beaucoup de chevaliers et d'écuyers[48], environ 500 hommes d'armes[49]. Sur son chemin, il fut pris comme arbitre dans les interminables débats entre Amédée, comte de Savoie, et Humbert, dauphin de Viennois[50]. Il était près de Montmélian, quand le 3 juillet, il rendit deux sentences arbitrales, l'une entre ces deux princes[51], l'autre entre eux et Béatrice, dame de Faucigny[52]. Humbert ordonna, le 22 juillet, à ses gens de restituer ce que la sentence le condamnait à rendre[53], mais en septembre Amédée protestait encore contre l'occupation du château de Maubec par son adversaire[54]. Charles de Valois manda alors au prieur de Saint-Laurent-du-Pont de citer les deux parties — le comte de Savoie n'ayant pas été présent à Montmélian — à comparaître devant lui par procureurs dans la quinzaine de Noël, n'importe où il serait[55]. Amédée de Savoie chargea Jean Bertrand de porter ses réclamations à Humbert[56], et maître Antoine du Pont, chanoine, de ratifier la sentence qui serait rendue par Boniface VIII et par Charles[57]. La sentence ne put être rendue car, le 11 mars 1302, Charles de Valois chargea les archevêques de Vienne et de Tarentaise de faire une enquête sur de nouvelles violences d'Humbert[58], et nomma comme délégués pour les juger Pierre de Grès, chantre de Paris, Laurent Voisin, chevecier de Chartres, et Raoul de Corday, chevalier, qui rendirent leur sentence à la fin du mois[59]. A cette date, le dauphin, allié de la France sembla vouloir abuser de cette alliance contre Amédée de Savoie. Les deux parties, toutefois, acceptèrent l'arbitrage de Charles de Valois, conformément à la déclaration, faite le 2 février 1302 par leurs commissaires, stipulant que leurs nouvelles propositions portaient sur des points non réglés par la sentence du 3 juillet 1301[60]. Mais, le 15 décembre, Charles nomma de nouveaux délégués : Raoul d'Harcourt, Raoul Grosparmi et Jean d'Aunay, chargés d'examiner les torts d'Humbert[61], tandis que celui-ci exposait longuement ceux d'Amédée[62]. Il fut ordonné, en même temps, aux deux parties de restituer ce qui avait été pris depuis le compromis[63]. Les commissaires de Charles de Valois assignèrent les deux parties à venir exposer leurs griefs devant eux dans la cathédrale de Lyon[64], mais ils ne réussirent pas à faire la paix. Clément V les y aida : le 21 février, il rendit une sentence[65] que les abbés de Cluny et de Cîteaux furent chargés de faire respecter[66]. Ceux-ci promulguèrent le jugement du pape[67], et obtinrent de Guichard, seigneur de Beaujeu, la restitution du château d'Arlod tenu au nom du dauphin[68]. L'affaire, toutefois, n'en resta pas là : inextricable comme les procès du moyen âge, elle était encore pendante en 1329[69]. Comme, après 1304, Charles de Valois ne s'en occupa plus, et n'intervint en Savoie que pour cautionner le comte Amédée, lors du mariage de son fils Édouard[70], nous laisserons de côté la suite de cette affaire. L'histoire de cet arbitrage nous a entraîné jusqu'au delà du retour de Charles de Valois en France ; revenons donc à son arrivée en Italie : quelle était alors la situation ? A Florence les Gibelins étaient maîtres, et le cardinal d'Acqua-Sparta tentait en vain de faire la paix[71] ; en Sicile Charles II était battu[72] ; en Orient enfin les Chrétiens venaient de subir de sanglants échecs[73]. Contre tous ces adversaires, le pape et la chrétienté ne restaient pas inactifs : tandis que Philippe IV entretenait des relations avec l'Orient[74], et aidait Charles de Valois par des dons importants[75], le pape comptait sur ce dernier pour triompher de tous ses ennemis en Italie. Boniface VIII attendait à Anagni l'arrivée de Charles de Valois qui évita de passer au milieu de populations hostiles[76] et de se compromettre sans les ordres du pape, et arriva le 25 juillet à Parme[77]. Là, Azzo VIII, marquis d'Este, qui lui avait envoyé deux chevaliers pour l'inviter à le visiter, vint de Reggio pour le recevoir et lui fit un accueil empressé, payant même les frais de Charles et de sa suite[78]. Charles et Azzo allèrent ensemble à Reggio, puis à Modène. Charles y fut logé à l'évêché, où le marquis François d'Este, frère d'Azzo, et un entourage nombreux d'Italiens lui formèrent une cour brillante ; quant à Azzo, il logea au château[79]. Pendant dix jours, Charles de Valois, ses chevaliers et ses familiers vécurent aux dépens du marquis : il était même interdit de leur vendre du blé ; tout devait leur être donné[80]. Le dimanche, Azzo lui fit amener des oiseaux chanteurs, des bêtes sauvages : sangliers, chevreuils et daims, des singes de diverses espèces, des oiseaux de chasse, et enfin des ceintures de soie brodées d'or et de perles, quatre palefrois et quatre destriers ; les palefrois étaient recouverts d'écarlate où l'on avait semé des lis d'or et des aigles d'argent, aux armes de Charles et du marquis[81]. Enfin par une délicate attention, Azzo et son frère vinrent aux repas, mi-partis vêtus de vert et d'écarlate, avec un chapeau à la mode de France, parce que tel était le costume de Charles. Aussi celui-ci, lorsqu'il fut à Florence, chaque fois qu'il mit des vêtements neufs, en envoya-t-il de semblables pour le marquis et cinq personnes de son entourage[82]. L'intimité la plus grande régna entre les deux princes ; aussi quand Charles de Valois quitta la ville, après avoir été hébergé dix jours, il emprunta à son hôte 10.000 florins d'or : Azzo ne voulut accepter d'autre gage qu'une lettre scellée du sceau de Charles[83]. Charles, après avoir quitté cette cour hospitalière, vint à Bologne[84] : là, les Guelfes de Florence lui envoyèrent une ambassade pour l'attirer dans leur parti[85], mais il resta neutre, attendant la décision du pape. Il alla ensuite à Pistoie où il n'osa entrer, sachant la ville en armes[86], et passa l'Ombrone à gué ; il réalisa ainsi la prédiction d'un vieux paysan qui avait annoncé qu'un prince venant du Ponant par ce ruisseau, ferait de grandes choses[87] ; puis, il évita Florence, et reçut à Lucques[88] un accueil honorable, de l'argent, de la soie et de la pourpre ; il se rendit ensuite à San Gimignano[89], puis à Anagni, où Boniface VIII l'attendait[90]. Le 3 septembre 1301, le pape investit Charles de Valois de pleins pouvoirs pour pacifier l'Italie, il lui accorda des titres aussi nombreux que sonores : pacificateur de la Toscane, capitaine général de Romagne, de la marche d'Ancône, de Spolète, vicaire du pape dans toutes les terres du Saint-Siège[91]. Toutes ces dignités étaient conférées par le pape en raison de la vacance du siège impérial, Albert d'Autriche n'ayant pas été reconnu par lui ; enfin, Boniface VIII ajouta à ces titres un certain nombre de faveurs spirituelles pour Charles et Catherine[92]. Charles, de son côté, parut prendre à cœur de remplir son rôle : le 20 septembre 1301, il annonça aux magistrats de San Gimignano qu'il enverrait, le 4 octobre, un délégué pour faire la paix, et qu'il ne venait pas pour diminuer leurs droits, mais plutôt pour les accroître[93]. Le pape lui adjoignit, le 23 septembre, des vicaires spirituels dans chacune des provinces soumises à sa juridiction[94], et ne lui laissa à régler que les affaires de Toscane. III Florence était alors dominée par les Gibelins ; quant aux Guelfes, leurs chefs étaient en exil : les deux partis se tournèrent vers la cour de Rome pour la prendre comme arbitre entre eux, et vers Charles de Valois qui détenait la force nécessaire pour se faire obéir. Des deux côtés donc, des ambassades furent envoyées à Anagni, les Gibelins notamment envoyèrent Dante ; mais ils rencontrèrent un accueil très froid auprès du pape[95], tandis que les Guelfes s'emparèrent de l'esprit de Charles de Valois. Comme le dit Dino : il ne connaissait pas la malice des Toscans, et on lui mit dans l'âme beaucoup de soupçons. Le peuple de Florence nomma alors de nouveaux magistrats pris dans le parti modéré. Cela ne faisait pas l'affaire des Guelfes ; leur chef, Corso Donati, qui accompagnait Charles de Valois depuis son arrivée à la cour pontificale, l'accusait déjà de mollesse : pour le faire aller plus vite, il lui fit donner par son parti 70.000 florins[96], sachant bien que Charles ne voulait rien faire gratuitement. Telle sera, en effet, la caractéristique de tous ses actes en Italie : aucune démarche ne sera faite sans avoir été préalablement payée. Charles vint alors avec lui à Sienne, où il arriva un des derniers samedis du mois d'août[97]. Là, il fut très bien reçu ; les habitants vinrent à sa rencontre et lui apportèrent les clefs de la ville[98]. Il y avait envoyé sa femme qu'il y laissa ensuite, et c'est là qu'elle mit au monde une fille qui fut baptisée le 18 novembre : L'empereris a demourance La demeura quant enfant ot Et si ot quanqu' ele avoir vot[99]. Cet accueil laissa même à Charles de Valois un si bon souvenir Qu'il en furent toute leur vie Tenuz por bons et pour loiax Et amez de tous les loiax. Puis l'ont esprouvé et apris : Car quant les Lombards furent pris El royaume du roi de France, Il orent tost lor délivrance[100]. De Sienne, Charles de Valois entretint de longues négociations avec les Gibelins de Florence, pour obtenir la permission d'entrer en pacificateur et en ami. Les opinions les plus diverses se faisaient jour dans la ville : si les Guelfes voulaient sa venue, parmi les Gibelins, les uns voulaient résister par les armes, les autres, craignant un siège et un pillage, préféraient négocier[101]. Charles envoya à Florence Guillaume du Perche, son chancelier[102] ; il fut reçu par la Seigneurie, et fit plaider sa cause par un avocat de Volterra qu'il avait amené. Celui-ci dit que le sang royal de France était venu en Toscane pour faire la paix au nom du Saint-Siège, qu'il aimait la ville, et qu'on pouvait se fier en l'honneur de sa race pour être certain qu'il resterait juste et impartial. Plusieurs citoyens se précipitèrent alors pour parler, mais la Seigneurie le leur interdit : toutefois, il était évident que le parti guelfe l'emportait par le nombre et l'exaltation[103]. Le Conseil consulta les soixante-douze métiers : tous, sauf les bouchers, déclarèrent que Charles devait être reçu avec les honneurs dus à un si noble seigneur. En conséquence, on promit à ses ambassadeurs de le recevoir, mais il devait s'engager, par une lettre scellée de son sceau, à respecter les usages et privilèges de la ville[104]. Dino ajoute ici que l'on demanda à Charles de ne pas faire son entrée le 1er novembre, jour de fête, où le peuple goûtait le vin nouveau, mais le dimanche suivant, 5 novembre, où les esprits seraient apaisés[105]. Si cette promesse fut faite, elle ne fut pas tenue ; quant à la promesse de respecter les coutumes de la ville, et de n'y exercer aucune juridiction, Dino est formel à ce sujet r il la vit, la fit copier, et demanda à Charles de Valois si elle avait été écrite avec son assentiment : Charles répondit que oui, mais que ceux qui le conduisaient l'avaient amené de Sienne comme par force, et lui avaient donné 17.000 florins ; quant à lui, comme il craignait la colère des Toscans, il ne voulait avancer que prudemment, mais les Guelfes lui avaient tenu toutes sortes de discours pour l'exciter[106]. Charles de Valois, en effet, dans toute cette affaire de Florence, laissa agir le parti que le pape l'avait chargé de rétablir au pouvoir ; mais, tout en lui prêtant l'appui de ses troupes, il resta toujours indifférent à cette cause qui ne l'intéressait pas. Dino, alors prieur, essaya de faire la paix entre ses concitoyens pour présenter au prince étranger une ville unie. Il rassembla les citoyens au baptistère et leur dit : C'est ici que vous avez tous été baptisés, vous devez donc vous aimer comme des frères, d'abord pour cela, et aussi parce que vous possédez la plus noble cité du monde ; jurez donc sur les Évangiles une paix éternelle entre vous[107]. Ce serment prêté par acclamations ne fut pas respecté, et Dino le constate : les citoyens les plus émus furent les premiers à contribuer à la perte de la ville, il en rougit pour eux et sa cité, et verse d'abondantes larmes en songeant au nombre d'âmes damnées pour avoir violé ce serment. Charles de Valois, parti de Sienne où il laissait
Catherine de Courtenay, passa par Staggia[108], château appartenant
à Biche et à Mouche qui l'accompagnaient, et arriva enfin à Florence le
mercredi 1er novembre 1301, dans la matinée[109]. Le peuple vint
au devant de lui en procession. Charles arrivait avec des apparences
pacifiques, et ses soldats entraient l'épée au fourreau[110], mais ce ne fut
qu'une heure d'illusion, et peu après furent justifiées les imprécations que
Dante met dans la bouche d'Hugues Capet : Bientôt
viendra un autre Charles hors de France, pour mieux faire connaître et lui et
les siens, c'est sans armes qu'il sera, mais armé seulement de la lance dont
frappa Judas ; de sa pointe il frappera Florence au ventre ; aucune terre il
n'en gagnera, mais péché et honte d'autant plus lourds qu'il estima plus
légèrement ses torts[111]. La trêve ne dura guère que quatre jours : pendant ce temps, Charles de Valois vit ses forces, composées au début de 800 hommes d'armes, se grossir des contingents de Lucques, de Pérouse, de Sienne et des environs, qui les portèrent à 1.200 hommes d'armes[112]. Les prieurs avaient élu pour garder la ville quarante citoyens pris dans les deux partis ; mais on se disputait à Florence, tant au conseil que sur la place publique, sur les affaires de la ville et sur les intentions du pape, pendant que des intrigues et des trahisons préparaient la chute des Gibelins[113]. Charles de Valois avait invité les magistrats à venir dîner chez lui : leur serment leur interdisait de sortir de la cité ; toutefois, pour le bien public, ils se décidèrent à envoyer trois d'entre eux au palais Frescobaldi, près du pont de Santa-Trinita, habité par Charles ; les autres restèrent dans le Palais[114]. Malgré les rapports courtois, l'inquiétude régnait dans la ville, et Dino en rapporte l'écho. La trahison faisait son œuvre, et les prieurs trouvèrent vingt soldats qui devaient recevoir mille florins pour tuer ceux qu'on leur désignerait[115]. Les Gibelins, sans argent ni troupes, se virent réduits à la dernière extrémité, bien que possédant encore les magistratures de la ville. Les Guelfes gardaient de moins en moins de mesure en présence de cette faiblesse de leurs adversaires ; mais, pour être sûrs de dominer la ville, ils désiraient rappeler les bannis. Dans le but de posséder les portes de la ville, Mouche conseilla à Charles de Valois de demander le droit de garder les portes de l'Oltrarno ; on lui en refusa les clefs, mais en permettant aux Français de garder ces portes[116]. Dino reçut alors de Guillaume du Perche et du maréchal de Charles de Valois, au nom de celui-ci, le serment de les garder fidèlement, et de ne les ouvrir et fermer qu'au gré de la Seigneurie[117]. Ce serment ne fut pas plus observé que les précédents ; Dino cependant ne croyait pas qu'un si noble seigneur pût rompre sa foi[118]. Aussitôt les bannis commencèrent à rentrer. Bien que Charles de Valois eût juré d'empêcher Corso Donati d'entrer à Florence[119], celui-ci, au su de Charles, y entra le samedi soir 4 novembre, venant d'Ugnano, par la porte Pinti, qu'il força après quelques essais inutiles à d'autres portes[120]. Aussitôt entré, il fortifia le campanile de Saint-Pierre et la tour des Corbizzi[121]. Charles de Valois, feignant de vouloir faire la paix, convoqua les principaux personnages des deux partis, mais il laissa les Noirs libres, et garda les Blancs toute une nuit sans même leur donner de la paille pour se coucher[122]. Ô bon roi Louis, s'écrie alors Dino, toi qui as tant craint Dieu, où est la foi de la maison royale de France tombée par mauvais conseil en telle vergogne ! Ô mauvais conseillers qui avez fait du sang de si haute couronne non un soldat, mais un assassin, emprisonnant à tort les citoyens, manquant à sa foi, et trahissant sous le couvert de la maison royale de France ![123] Le parti gibelin était privé de ses chefs, et livré à ses adversaires ; les prieurs sonnèrent en vain la grosse cloche, personne ne vint à leur secours, et une croix vermeille, présage de graves événements, apparut sur le palais des prieurs[124]. Florence fut livrée à toutes les horreurs du pillage, Donati ouvrit les prisons, appela les bannis et les aventuriers, et leur permit tout contre les Gibelins ; on les massacra, on maria leurs filles de force, on brûla leurs maisons, et on les rançonna[125]. Ces horreurs durèrent cinq jours, pendant lesquels Charles de Valois laissa tout faire : quand un grand incendie détruisait un palais, on lui disait que c'était une cabane[126], et les magistrats gibelins étaient impuissants à réprimer ces crimes. Lorsque les Guelfes eurent satisfait leurs rancunes, il fallut organiser un gouvernement régulier : le 8 novembre, des prieurs guelfes furent institués à la place des anciens qui, dès le 7, avaient cessé d'exercer le pouvoir[127], et Cante Gabrielli de Gubbio devint podestat[128]. Le lendemain, la commune de Florence annonça à celle de San Gimignano, en même temps que la venue de Charles de Valois dans ses murs, le triomphe des Noirs[129]. Boniface VIII trouvait sans doute que son lieutenant allait trop loin ; aussi, pour le modérer, envoya-t-il, au milieu de novembre, le cardinal Mathieu d'Acqua Sparta[130], avec instruction de contraindre les Guelfes à se servir de procédés moins violents à l'égard de leurs ennemis. Le cardinal essaya de réconcilier les Cerchi avec les Donati et les Pazzi par un mariage, mais ces derniers et les Noirs, s appuyant sur Charles de Valois, l'en empêchèrent. Le cardinal, ne pouvant remplir les instructions du pape, mit la ville en interdit, et retourna auprès de Boniface[131]. Dès lors, les Noirs étaient libres de faire tout ce qui leur convenait, Charles étant seul maître de la ville et permettant tout. Quant à Charles, seigneur de dépense grande et désordonnée[132], il se fit voter des dons considérables par la municipalité noire[133]. D'autre part, il essaya d extorquer de l'argent aux anciens prieurs et aux Blancs, sous prétexte de résistance à ses pouvoirs de pacificateur, de tentative de lui fermer les défilés de Poggibonzi, et de fortifications élevées contre l'honneur du roi de France et le sien[134]. Un des prieurs noirs, Baldo Ridolfi, conseillait aux Blancs de payer, sous peine d'être emmenés par Charles en Pouille : Chinuccio di Senno Riducci, qui avait suivi ce conseil en payant 4.000 florins, dut encore en donner 800 pour ne pas aller en Pouille[135]. Le pillage et les vengeances privées continuaient tandis que les principaux d'entre les Blancs étaient condamnés chacun à 1.000 florins d'amende pour avoir conspiré contre le pacificateur de la ville[136]. Les Noirs volaient et rançonnaient : Dieu les favorisait, le pape les aidait, ils avaient monseigneur Charles pour champion, ils ne craignaient pas leurs ennemis[137]. Aussi, sûrs de Charles, lui remirent-ils les clefs de la ville[138]. Celui-ci : Si fist les mesons IIII et quatre Des Guibelins toutes abatre, Dont Florance fut afeblie. A ceuz du païs ne plust mie Et se cele chose seussent François dedens entré n'eussent. Mes qui a François II piés donne, De prendre IIII s'abandonne. Et tel coustume François ont Que, ce que par guerre prendront, Verser le font qu'en n'i revèle[139]. Les Florentins en firent la dure expérience. Il restait maintenant à Charles de Valois à étendre sa domination sur le reste de la Toscane ; c'est ainsi qu'il demanda à la commune de San Gimignano d'obéir deux ans à un de ses chevaliers[140]. A Florence, beaucoup de Blancs se firent alors passer pour Noirs pour avoir leur part du pillage et des extorsions que subissait leur ancien parti[141]. Car les violences, les bannissements et les amendes continuaient à pleuvoir sur les Blancs[142]. Mais, par-dessus tout, Charles de Valois désirait sa part de l'argent des vaincus : en dehors des sommes que nous l'avons déjà vu recevoir, et des amendes levées dans les premiers jours de novembre, il se fit payer par la ville, en qualité de pacificateur, une solde importante : le 27 janvier 1302, il reçut de la Commune 8.000 florins d'or[143] ; le 11 février 12.000[144] ; le 13 février, en partant pour Rome, il chargea Jean de Condé et Jean d'Allonnes, maître de son hôtel, de toucher en son nom la solde due pour quatre cents hommes d'armes, soit 2.000 florins par semaine[145]. Parti le 13 février[146], Charles alla à Prato, puis à Sienne où des fêtes furent données en son honneur[147], et arriva à Rome près du pape[148] ; là, Charles lui demandant de l'argent, Boniface répondit : qu'il l'avait placé à la source de l'or[149]. Charles, certes, ne s'était pas privé de puiser dans les caisses de cette ville habitée par les plus riches banquiers de l'Europe. Quant à l'accueil du pape, il aurait été froid, dit-on, à cause des excès commis à Florence, et le pape aurait été hostile à la mission de Charles de Valois qu'il ne tolérait que parce qu'il avait besoin de lui ailleurs[150]. Il est possible que le pape ait été froissé de l'échec de son légat, et choqué de la rapacité de Charles et des brutalités commises : cependant, il le renvoya à Florence. Charles revint à Florence — où il rentra le 18 mars[151] —, en passant par Sienne[152]. Cette nouvelle période de gouvernement fut marquée par le prétendu complot d'un des chevaliers de Charles de Valois, Pierre Ferrand de Languedoc, qui aurait promis son aide aux Blancs[153]. L'acte d'alliance que ce personnage aurait scellé avec Baschiera Toringhi, Adinari et Naldo Gherardini, est conservé aux archives de Florence[154]. C'est vraisemblablement un faux : en effet, une certaine obscurité plane sur le nom du chevalier français, et, d'autre part, ce chevalier ne fut pas puni, alors qu'il aurait dû l'être d'une manière éclatante. L'utilité de ce faux est facile à saisir : depuis longtemps les Noirs cherchaient une occasion de se débarrasser de tous les Blancs, même de ceux qui, par leur neutralité, ne leur avaient laissé aucune prise. Ce prétendu complot fut le prétexte d'une proscription en masse. Le lendemain, Charles de Valois fit arrêter tous les chefs des Gibelins, tous furent condamnés comme traîtres ; ceux qui s étaient enfuis furent condamnés par contumace, leurs maisons furent brûlées et leurs biens confisqués, ce qui rapporta à la ville 24.000 florins[155]. Enfin, au mois d'avril, il la veille du départ de Charles, eut lieu encore une proscription de plus de six cents Gibelins[156], flétrie par les vers de Dante[157], et qui lui permit de dire que Charles, ayant chassé du sein de Florence la plupart de ses fleurs, comme un Totila, partit enfin pour la Sicile[158]. Depuis, les Italiens ont conservé mauvaise opinion de Charles de Valois. Villani dira de Philippe VI qu'il n'avait ni justice ni raison comme son père Charles de Valois[159], et tous les historiens postérieurs se feront l'écho de cette haine dont nous trouvons la source dans toutes les chroniques italiennes. Toutefois dans des documents officiels postérieurs, on peut relever, à titre de curiosité, des allusions flatteuses à l'œuvre de Charles de Valois, faites quand la Commune a eu besoin de ses descendants[160]. Quant à Charles, il exploita le besoin que les Noirs
avaient de lui pour affermir leur domination[161]. En même temps,
il commençait déjà à se faire payer les services qu'il allait rendre à
Charles II, roi de Naples, qui, dès le 18 mars 1302, lui assignait 4.200
onces, payables en carlins d'argent, sur la Société des Bardi à Florence[162]. D'autre part,
Charles, qui passait à partir de ce jour à la solde du roi de Naples,
arrêtait ses comptes avec la Commune à laquelle il donnait quittance de 2.971
florins, dans l'église Saint-Jacques d'Oltrarno, où
était sa Chambre des Comptes, à titre de fin
de compte, quittance, libération et absolution complète pour la Commune, et
engagement de ne plus rien demander en plus[163], en présence de
Guillaume du Perche, de Mouche et de Gerbi Chiari. Mais il ne renonça pas à
demander de l'argent aux Florentins ; cette fois ce fut en considération de
l'avantage qui résulterait pour Florence des victoires de Charles[164], que la Commune
lui vota, le 26 mars 1302, un don de 10.000 florins[165], dont il toucha
1.000 le 31 mars[166], et 9.000 le 5
avril, pour l'aider dans son expédition en Sicile[167]. Le 24 avril,
Charles remerciera encore d'un don de 5.000 florins[168], et il se fera
voter, le 10 décembre 1302, un don de 20.000 florins, que, le 19 décembre, il
chargera Spilliato de Ancisa de toucher en son nom[169] ; enfin, en
octobre 1303, il obtiendra 50.000 florins[170]. Ce sont là les
dons, ils s'élèvent à 85.000 florins ; en récapitulant nous trouvons de plus
: 6.800 florins touchés en raison d'amendes, 20.000 florins de gages, et
87.000 florins donnés avant son arrivée, mais cette dernière somme, citée
seulement par Dino, est discutable, tandis que les autres sont authentiques ;
si nous tenons compte de ces 87.000 florins, le total des sommes ainsi
prélevées par Charles atteint le chiffre fort respectable de 198.800 florins
d'or[171]. La fin du séjour de Charles à Florence approchait ; nous le voyons occuper cette période à négocier avec les Vénitiens[172], et à entreprendre une guerre contre Pistoie[173], qui refusait de recevoir les Guelfes bannis[174], et avait reçu, comme Pise et Arezzo, les Gibelins bannis de Florence[175]. Là encore, Charles se fit payer ses services[176]. Il fut d'ailleurs aidé par les habitants de Lucques, qui fournirent 1.500 hommes à pied et 800 cavaliers et le rejoignirent à Montemagno[177]. Dino nous dit que l'armée des alliés était assez mal ordonnée[178], mais le chroniqueur de Pistoie dit au contraire que c'était la plus belle armée que Charles eût vue depuis longtemps[179]. En tout cas, pendant onze jours, les troupes gibelines pillèrent et brûlèrent les environs de Pistoie : puis, ayant échoué devant la vigoureuse défense de la ville, les alliés se séparèrent, les uns pour assiéger Serravalle, les autres Piano di Tre-Valle[180]. Charles abandonna les Florentins au siège de ce dernier château et les laissa continuer cette guerre, aidés des Gibelins de Sienne, Prato, Volterra, San Miniato et San Gimignano[181], et rentra à Florence par Prato, où séjournait Catherine de Courtenay[182]. Charles de Valois quitta enfin Florence le 4 avril 1302, pour aller à Naples[183], laissant les Gibelins maîtres de la ville, où ils continuèrent leurs violences[184]. Toutefois, on peut relever, après la grande proscription[185], une certaine détente : le 4 avril, Charles révoqua les procédures faites en Romagne contre les communes de Forli, Faenza, Imola et Castricari[186] ; peu après le pape essaya aussi de pacifier la ville[187], et renvoya dans ce but à Florence le cardinal Mathieu d'Acqua Sparta[188]. IV Charles de Valois se rendit alors à Rome où le pape accorda à ceux qui l'aideraient en Sicile les mêmes indulgences qu'aux croisés allant combattre en Orient[189]. Puis il partit pour retrouver Charles II à Naples : il était entré au service de ce prince le 2 mars 1302, comme nous le savons par un arrêté de comptes[190]. Charles, toujours à la recherche d'argent[191], avait pris ses précautions avant de venir : le 12 mars, il avait reçu l'obligation prise par Barthélémy de Capoue, logothète de Sicile, et par d'autres personnes, de lui payer ce qu'avait promis Charles II[192] ; et dès le 18 mars le roi de Naples avait ordonné aux Bardi de lui faire des avances sur ses gages[193]. Le pape et le roi de Sicile avaient grand besoin de Charles de Valois, car les troupes napolitaines venaient d être obligées de lever le siège de Messine, ravitaillée par Roger de Flor[194], et les convois et navires de Charles II étaient sans cesse enlevés par les flottes de Frédéric III[195]. Charles II avait mis à la tête de sa marine Renier Grimaldi[196] et Roger de Loria, ce dernier passé au service des Angevins[197] en même temps que le roi Jacques d'Aragon ; quant à son armée elle était commandée par son fils aîné, Robert, duc de Calabre, avec le titre de vicaire général de Sicile[198]. Charles de Valois, s'il faut en croire Muntaner, amenait 4.000 cavaliers[199] ; mais ce chiffre est exagéré : étant donné que Charles n 'en avait que 800 à Florence, et que Muntaner, pour rehausser la gloire de Frédéric III, avait intérêt à grossir ce nombre, on est porté à admettre plus volontiers le chiffre de 2.000 cavaliers, donné par Marino Sanudo[200], ou celui de 1.500 donné par Villani[201]. Le roi de Sicile faisait d'ailleurs tout ce qu'il pouvait pour être agréable à Charles : dès le 11 mars 1302, il lui avait promis de ne pas traiter sans son assentiment avec l'empereur grec de Constantinople[202], et il avait pris à plusieurs reprises les mesures nécessaires pour assurer le ravitaillement de son armée avant son arrivée à Naples[203]. Charles arriva à Naples dans les premiers jours de mai ; aussitôt de nombreux actes de Charles II attestèrent le prix qu'il attachait à sa collaboration : le 5 mai, il lui donna pouvoir de traiter en son nom avec les rebelles qui voudraient se soumettre[204], et en même temps il promit de ne pas traiter avec Frédéric d'Aragon sans le consulter[205] ; il accorda à Catherine de Courtenay, sa nièce, femme de Charles, la grâce de trois prisonniers détenus à Capoue[206]. Le même jour, Charles II adressa aux officiers et habitants de ses diverses provinces un appel aux armes, et les convoqua auprès de Charles de Valois et de Robert, duc de Calabre, qui allaient commencer la guerre[207]. Quelques jours après, Charles de Valois obtint pour les soldats de son armée la promesse du roi de renoncer au droit d'aubaine contre eux, et non seulement de ne rien prendre de leurs biens, s'ils mouraient intestats ou ayant testé, mais encore de faire parvenir ces biens à leurs héritiers légitimes[208]. Le 9 mai, Charles II, souhaitant à Charles de Valois une vie heureuse et une gloire triomphante, le nomma son capitaine général en Sicile[209]. Il faut toutefois remarquer que si Charles de Valois dirigea les opérations militaires, Robert, duc de Calabre, tint une place importante dans l'expédition, et que beaucoup d'actes relatifs à la guerre ne furent adressés qu'au vicaire général en Sicile, c'est-à-dire à Robert[210]. Enfin, le 10 mai, Charles de Valois reçut le pouvoir de traiter au nom du roi avec Frédéric d Aragon, mais à la condition de se conformer aux instructions reçues, et dans les limites indiquées par le roi[211]. Charles de Valois, dont l'armée s'était accrue à Naples des troupes concentrées par Charles II, s'embarqua avec 3.000 cavaliers et 20.000 hommes à pied[212]. Charles II avait aussi réuni 120 galères[213], et Robert de Calabre avait envoyé de Sicile les galères et autres bateaux dont il pouvait disposer[214]. Cette flotte conduisit Charles à Termini[215] ; la ville se rendit sans combat le 29 mai 1302[216], et les troupes purent opérer leur jonction avec celles du duc de Calabre. Roger de Loria commandait la flotte[217] ; passant devant Palerme, il s'empara du château de la mer et du golfe, mais ne put prendre la ville[218]. Pendant ce temps, l'armée fêtait à Termini : il y eut des rixes entre Français, Provençaux et Italiens, et deux mille hommes y périrent[219], s'il faut en croire Muntaner. En tout cas, Charles de Valois et son armée allèrent au Val de Polizzi, où : Tout le paiis de bien desnuent Vignes estrépent, vilains tuent, Hamel n'i lessent a deffaire[220]. Puis ils pillèrent le Val de Mazzara[221] ; et ce qui frappe le chroniqueur dans toute cette riche contrée, c'est que : Tel plenté d'aumailles i treuvent Et tant en ot a l'ost grant presse C'on i peust I buef de cresse Pour I tournois d'argent avoir. Autres vivres i seurondoient[222]. Charles de Valois ravagea ensuite le pays de Caccabi[223], et vint assiéger Coriglione[224] ; il arriva devant cette place vers la fin du mois de juin 1302, et y resta dix-huit jours[225] ; après quoi, voyant la ville imprenable, et n ayant pas le temps de la bloquer, il marcha sur Sciacca. Là, le siège dura quarante-trois jours[226] et fut médiocrement heureux : Charles de Valois ne put prendre la ville[227], devant laquelle il resta de la mi-juillet à la fin d'août. Pendant ce temps, il reçut des avances en argent du justicier de la terre de Labour[228], et vit renouveler l'ordre à tous les officiers du royaume de lui obéir dans tout ce qu'il commanderait ; cet ordre fut adressé spécialement à Robert, duc de Calabre, et à Roger de Loria[229]. Qu'un tel ordre ait été nécessaire, cela permet peut-être de supposer une certaine mésintelligence entre Charles de Valois et ses lieutenants. Pour bien marquer que c'était Charles qui devait commander, c'était à lui que le roi demandait, sans l'y obliger, de relâcher Pietro Parilin et Guglielmo Saeri, marchands de Savone, dont les navires avaient été saisis, et de ne pas tracasser les marchands, car il serait d'un bon exemple de laisser passer les marchands sans les molester et les piller[230]. Le 10 août, Charles II adressait une demande semblable en faveur de Bartholomeo Gualandello, citoyen de Pise, dont Renier Grimaldi avait saisi la téride chargée de vivres et de victuailles, alors qu'il allait de la Sardaigne à Pise[231]. Le siège trainait en longueur et les maladies ravageaient l'armée au point de l'avoir réduite de moitié[232] : elle souffrait du climat, et surtout du genre de guerre qu'elle avait à soutenir. En effet, de l'avis de tous les chroniqueurs français[233] et de Villani[234], Frédéric III, incapable de résister en rase campagne ou sur mer contre un ennemi très supérieur en nombre, avait résolu de le lasser par une sorte de guérilla, en défendant les châteaux, et en pillant les convois. Dans un pays comme la Sicile et avec des troupes aragonaises, cette guerre était facile et devait être désagréable pour Charles de Valois. Il est probable, cependant, que Charles de Valois ne fut pas, comme on l'a dit[235], réduit à la dernière extrémité, car, en ce cas, Frédéric III n aurait pas signé un traité qui impliquait sa renonciation à tout droit sur la Sicile, pour ne lui en laisser que l'usufruit. La cour de Rome trouva ce traité trop avantageux pour lui. Et en effet, si Frédéric III harcelait Charles de Valois, celui-ci, sauf deux échecs devant des châteaux, pouvait parcourir à sa guise, piller et exploiter sans danger toute la Sicile : ces ravages dans un pays riche auraient très vite lassé les Siciliens de cette guerre à l'aragonaise. Frédéric III était donc dans le cas de désirer la fin de cette guerre encore moins heureuse pour lui que pour les Angevins, au moment où Charles de Valois allait être amené à quitter le parti du pape et de Charles II. Deux raisons expliquent le départ de Charles : d'une part le désastre de Courtrai (11 juillet), qui dut l'émouvoir vivement. Philippe le Bel le rappela au nom de la promesse faite au départ[236]. D'un autre côté, un violent conflit venait d'éclater entre le roi et Boniface VIII[237] ; dans ces conditions, la situation de Charles de Valois devenait très difficile ; or, il voulait ménager tout le monde, car il avait besoin de tous en Orient. Deux chroniqueurs disent qu'il traita avec Frédéric sans consulter même Robert de Calabre[238] ; comme le traité resta longtemps en suspens avant d'être ratifié, il est assez vraisemblable que Charles a, en cette circonstance, sacrifié les intérêts des Angevins. Charles et Frédéric eurent une entrevue secrète[239] entre Sciacca et Caltabellotta : ils y conclurent le traité dit de Caltabellotta[240]. D'après ce traité, Frédéric III gardait la Sicile, sa vie durant, mais à titre viager et sans le nom de roi, en fief du roi de Sicile et de l'Église. Les conquêtes étaient restituées de part et d'autre, les prisonniers rendus à la liberté et l'interdit levé. Enfin Frédéric devait épouser Éléonore de Sicile, fille de Charles II : comme dot elle avait la promesse de Charles de Valois et de Charles II d'obtenir pour son mari la couronne de Chypre, ou la Sardaigne, ou à défaut 100.000 onces d'or pour acheter des domaines aux enfants de Frédéric après la mort de celui-ci ; mais, à ce moment et dans tous les cas, Charles II reprendrait la Sicile[241]. Charles de Valois signa, peu de temps après, avec Frédéric un traité d'alliance ; puis il rentra à Naples pour régler ses comptes avec Charles II : le 13 septembre 1302, Catherine de Courtenay, sa femme, avait reçu 1.300 onces des Bardi[242], le 13 octobre deux de ses chevaliers reçurent 1.000 onces, et le 28 octobre Jean de Condé, son trésorier, en reçut 1.900[243] ; aussi, le 29 octobre, Charles de Valois donna-t-il quittance aux Bardi des 4.200 onces[244] assignées par Charles II le 18 mars 1302. Le 2 novembre, Charles II arrêta le compte des sommes dues à Charles de Valois[245] : il lui devait, pour son service du 1er mars au 31 octobre, ce qui avait été assigné sur les Bardi[246] ; il était dû de plus des indemnités pour les pertes en chevaux et en matériel, le remboursement des prêts faits à Roger de Loria, et diverses autres dépenses, le tout s'élevant à 9.956 onces d'argent, dont 2.190 furent assignées sur le fouage à lever en Provence pour le mariage d'Eléonore de Sicile[247]. Avant de quitter le royaume de Naples, Charles de Valois avait obtenu, le 27 septembre, de Frédéric III, la promesse de l'aider avec quinze ou vingt galères et deux cents cavaliers pendant quatre mois, quand il partirait pour l'Orient, et de ne pas traiter sans lui avec Andronic Paléologue[248]. Il eut à déplorer la mort d'Henri, comte de Bar[249], et de Jean d'Harcourt (21 décembre 1302) ; le premier avait été obligé de suivre cette expédition, mais le second Estoit le mestre connestable Et sire d'ostel et de table : Maintes foiz Charles secourust...[250] Charles de Valois arriva à Rome au mois de novembre ; il y fut bien reçu, car, en conflit avec la cour de France, Boniface VIII avait besoin de le ménager. Si le pape était médiocrement satisfait du traité de Caltabellotla[251], qu'il refusa même de confirmer, il accorda cependant les dispenses et la levée de l'interdit en Sicile[252]. Ce ne fut toutefois qu'en mai 1303 que la nécessité réduisit le pape à ratifier cette paix[253], ce que Charles II fit après lui[254]. Frédéric III profita d'ailleurs de l'affaiblissement de la papauté pour reprendre le nom de roi, pour dater ses actes de la huitième année de son règne, ce que Benoît XI lui inter le 30 novembre 1303[255], et pour se rattacher Roger de Loria, en mariant sa fille naturelle, Isabelle, à Rogeron de Loria[256], fils de Roger. Au moment où Charles de Valois arrivait auprès du pape, celui-ci venait de fulminer la bulle Unam Sanctam, Charles dut négocier au sujet de ce conflit en même temps que l'évêque d'Auxerre, ambassadeur officiel du roi. D'après les allusions que le pape fit par la suite, il est évident que Charles de Valois se montra modéré et dévoué au Saint-Siège[257]. En même temps, le pape envoyait en France le cardinal Lemoine pour négocier sur douze articles qui constituaient un ultimatum, le roi devant s'y soumettre dans les délais convenus d'accord avec Charles de Valois[258]. Celui-ci séjourna environ un mois à Rome pour négocier, d'autant plus que, pour la campagne en Flandre, il n'était pas nécessaire de rentrer avant le printemps. Boniface VIII lui accorda diverses faveurs spirituelles[259], Charles, de son côté, donna 50 l. pour entretenir une lampe à Saint-Pierre de Rome[260]. Il partit de Rome au mois de décembre ; le 15 décembre 1302 il était à Prato[261], quelques jours après à Gênes[262], le 22 janvier à Tournus[263] ; il arriva enfin vers la Chandeleur 1303 à Paris[264], où il fut fort bien reçu par la famille royale[265]. Son expédition en Italie a été jugée par Villani d'une manière spirituelle : Charles vint en Toscane pour faire la paix et la laissa en guerre, il alla en Sicile faire la guerre et il y fit une honteuses paix[266]. Mais, peut-être, Charles fut-il d'autant moins ému se ces échecs que, s'il n'avait fait en Italie ni les affaires du pape, ni celles du roi de Sicile, il avait largement fait les siennes. Nous avons vu quelles sommes énormes il avait reçu de Florence et de Charles II. Cependant, tels étaient ses besoins d'argent, que ces sommes furent insuffisantes : dès son retour il dut emprunter 15.000 livres tournois, qu'il devait encore en 1332[267]. |
[1] Boutaric, Not. et Extr., XX, 2e partie, p. 130 ; Rocquain, o. c., I, p. 248-249 ; Tosti, o. c., II, p. 60-67.
[2] Muntaner, p. 365.
[3] Reg. de Boniface VIII, c. 849-854.
[4] Muntaner, p. 403-405 ; Villani, Muratori, XIII, c. 373 ; Tosti, o. c., II, p. 60-67 ; Rayn., XIV, 1300. Le 1er février 1300, Boniface VIII pria Philippe IV d'intervenir près des Génois pour leur interdire d'aider Frédéric contre Charles II, A. N., J 715, n° 30525.
[5] Muntaner, p. 406 ; G. de Frachet, H. F., XXI, p. i7 ; Tosti, o. c., II, p. 67.
[6] Nangis, H. F., XX, p. 567.
[7] Gaufridus de Collone, H. F., XXIII, p. 11.
[8] A. N., J 411, n° 33 : Du Cange, Hist. de Constantinople, pr.. p. 34., La France en Orient, I, p. 43. Les relations entre Grecs et Latins étaient assez pacifiques pour permettre des négociations de ce genre. Dès 1276, Jean XXI, envoyant des légats en Orient, les adressait : Carissimo in Christo filio nostro M. Paleologo, imperatori Grecorum illustri, Arch. Vat. Misc. 1306.
[9] En 1294 Boniface VIII pria la reine Constance d'Aragon de détourner son fils de ses errements pour qu'il pût contracter mariage avec Catherine, Arch. Vat., Misc., Armaria IX, capsa 1a, n° 245.
[10] Tosti, Hist. de Boniface VIII, I, p. 190.
[11] Potthast, n° 24116 ; Reg. de Boniface VIII, c. 299-301 ; B. N., Moreau, 1299, f° 200.
[12] Le 13 juillet 1295, lettre à Philippe IV, A. N., J 435, n° 10 ; Potthast, n° 24134 ; le 4 août, lettres à divers, Reg., c. 271-272 ; lettre à la reine Constance d'Aragon, Arch. du Vat., Mise., Armaria II, capsa 4a, art. C.
[13] 28 juin 1295, lettre de B. d'Altoire, alors en cour de Rome, à la comtesse de Rodez au sujet de la paix conclue, Ch.-V. Langlois, Not. et Extr., XXXIV1, n° 3l9 ; Baluze, Histoire généalogique de la maison d'Auvergne, II, p. 549.
[14] B. N., Moreau, 1299, f° 262.
[15] 2 janvier 1296, Reg. de Boniface VIII, c. 290 ; Potthast, n° 24253.
[16] Il le déplorait dans la bulle adressée à Frédéric, Potthast, n° 24253, et priait encore à la même date la reine Constance de conseiller ce mariage à son fils, Potthast, n° 24250.
[17] A. N., J 509, n° 11.
[18] Du Bouchet, Hist. de la maison de Courtenay, p. 97.
[19] Arch. Pas-de-Calais, A 2, f° 21 v°.
[20] Arch. Pas-de-Calais, A 2, f° 31 v°.
[21] 4 février 1299, mandement du roi de payer à Catherine 600 l. p., B. N., Clairambault, 36, n° 102 ; quittance de Catherine le 5, Clairambault, 36, n° 104 ; 4 février, mandement de payer 600 l. p. à la Saint-Jean, Clairambault, 36, n° 103 ; quittance le 25 juin, Clairambault, 36, n° 104 ; porté au compte du trésor le 20 juin, B. N., lat. 9783, f° 87 r°.
[22] A. N., J 403, n° 14.
[23] H. F., XXI, p. 403.
[24] F° 9 r° et v° ; Ch.-V. Langlois, De recuperatione, p. 89 ; Hist. Litt., XXVI, p. 474.
[25] 12 août 1300, promesses de dispenses, A. N., J 723, n] 82 et 4 ; B. E. C., 1843-44, p. 168 ; Du Cange, Hist. de Constantinople, pr., p. 41. — 2 septembre 1301, dispenses définitives, A. N., J 435, n° 17 ; J 728, n° 9.
[26] 5 septembre 1301, A. N., J 410, n° 12 ; Du Cange, Hist. de Constantinople, pr., p. 40.
[27] 8 février 1301, A. N., J 164A, n° 11 ; Du Cange, o. c., pr., p. 40.
[28] Potthast, n° 25071 ; Reg. de Boniface VIII, c. 528.
[29] A. N., J 509, n° 12 ; J 512, n° 21 ; traité de 1281, A. N., J 734, n° 1.
[30] A. N., JJ 45, f° 18 r° ; Mémoriaux, n° 500.
[31] Nangis, H. F., XX, p. 582 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 667 ; G. de Frachet, XXI, p. 18 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 037 ; G. Guiart, XXII, p. 235. L'acte des évêques certifiant la dispense est du 28 janvier, A. N., J 410, n° 11 ; Du Cange, o. c., pr., p. 41.
[32] Bibliothèque de l'Arsenal, ms. 6024, n° 40 ; A. N., J 167, n° 3 et 4 ; JJ 38, f° 36 v° et 37 r° ; Du Bouchet, Hist. de Courtenay, pr., p. 22 ; Du Cange, Hist. de Constantinople, pr., p. 39 ; P. Labbe, L'alliance chronologique, I, p. 329.
[33] A. N., JJ 37, f° 13 et 14.
[34] 1er avril 1300, Potthast, n° 24935.
[35] 4 août 1300, A. N., J 723, n° 83.
[36] 3 octobre 1300, A. N., J 723, n° 83.
[37] 21 novembre 1300, Potthast, n° 24992 ; Tosti, o. c., II, p. 479-480.
[38] A. N., J 723, n° 86 et 9.
[39] A. N., L 285, n° 95.
[40] A. N., J 377 D, n° 226.
[41] A. N., JJ 16, f° 13 v°.
[42] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 667 ; Anonyme, XXI, p. 127 ; J. de Saint-Victor, H. F., XXI, p. 639. — Henri, mort en revenant de Sicile, fut enterré à Naples.
[43] B. N., lat. 9783, f° 126 r°.
[44] Nangis, H. F., XX, 584 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 667 ; J. de Saint-Victor, XXI, p. 637. Le 14 juin 1301, son agent à Paris exerçait ses pouvoirs en l'absence de Charles, et scellait du sceau in absentia magni, A. N., J 377 B, n° 223.
[45] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 89.
[46] J. de Saint-Victor, H. F., XXI, p. 639 ; Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 89.
[47] A. N., J 171 A, n° 21.
[48] R. D., I, XXII, XXXIII.
[49] Villani, Muratori, XIII, c. 375 ; Templier de Tyr, p. 306. Quant à la légende d'après laquelle jacques d'Arteveld, alors jeune homme, aurait accompagné Ch. de V. en Italie, rien ne permet de la justifier ou de la détruire, cf. Kervyn de Lettenhove, éd. de Froissart, II, p. 537.
[50] La série des pièces relatives à cette affaire est conservée aux Archives de Turin, Tractati, liasse 2, cf. Bianchi, o. c., p. 54-60.
[51] Actes de Charles de Valois : l'un, conservé aux Archives de Turin, Tractati, liasse 2, n° 14 ; l'autre, conservé à Grenoble, a été édité par Valbonnais, Histoire de Dauphiné, II, p. 96 ; sentence en acte notarié, Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 15.
[52] Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 14 ; Valbonnais, o. c., II, p. 95.
[53] Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 16.
[54] A. N., K 1156, n° 5.
[55] Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 17 ; Valbonnais, o. c., II, p. 97.
[56] 3 octobre 1301, Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 18. Le réquisitoire de Jean, en date du 3 octobre, est dans la même liasse, n° 19.
[57] 17 octobre 1301, Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 20.
[58] Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 24.
[59] Mars 1302, Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 22.
[60] Mars 1302, Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 21.
[61] Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 25.
[62] A. N., K 1156, n° 5 ; Valbonnais, o. c., II, c. 98.
[63] 22 janvier 1303, acte de Ch. de V., A. N., K 1156, n° 5 ; Valbonnais, o. c., II, p. 99. — Toute innovation fut interdite, sous les peines portées au compromis, 10 mai 1303, Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 26. Edouard Ier de son côté intervint pour maintenir les trêves entre les deux pays (4 juin 1303), Bianchi, o. c., p. 61.
[64] 21 juillet 1303, Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 27.
[65] Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 28.
[66] Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 29.
[67] Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 30.
[68] Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 31.
[69] Arch. de Turin, Tractati, liasses 2, 3 et 4. Un traité nouveau fut conclu le 15 novembre 1308, liasse 3, n° 9. En 1329, Guillaume Flotte et Gui Chevrier furent désignés comme commissaires dans un conflit entre le dauphin et le comte de Savoie, Tractati, liasse 4, n° 18 ; Bianchi, o. c., p. 71.
[70] Le 27 septembre 1307, Amédée promit de rendre à Ch. de V. 10.000 l. t., pour l'indemniser de pareille somme dont il avait répondu lors de ce mariage, A. N., J 164A, n° 20.
[71] Rayn., XIV, 1301 ; I. del Lungo, Da Bonifazio VIII..., p. 136-171. Dès le 23 mai 1301, Boniface écrivait au cardinal au sujet des troubles, Tosti, o. c., II, p. 477-478.
[72] Muntaner, p. 411 ; G. de Frachet, H. F., XXI, 18.
[73] Delaville le Roulx, La France en Orient, I, p. 42. La Compagnie Catalane avait déjà commencé ses exploits en Romanie, Muntaner, p. 396-410.
[74] Frater Jacobus de Arulis et Johannes, ordinis predicatorum, nuncii regis Armenie, de dono regis L l. t., cont. per eumdem Jacobum super regem. B. N., lat. 9783, f° 35 r° ; dons à Benoît et Paléologue Zacharie envoyés outre-mer, ibidem, f° 103 v°.
[75] 5 mai 1301, don de 40.000 l. t., B. N., lat. 9783, f° 111 r° ; le 8 mai, prêt de 4.000 l. t., ibidem, f° 111 v° ;le 19 mai, prêt de 20.000 l. t., ibidem, f° v° Charles de Valois fit d'ailleurs d'autres emprunts, v. R. D., XXII, 22 à 25.
[76] Villani, Muratori, XIII, c. 375.
[77] Le jour de Saint-Jacques, Chronique de Parme, Muratori, IX, c. 843 ; Chronicon Estense, Muratori, XV, c. 348.
[78] Chronicon Estensé, Muratori, XV, c. 348. Or il voyageait cum magno arnese equorum et somariorum.
[79] 26 juillet 1301, Chronicon Estense, Muratori, XV, c. 348.
[80] 26 juillet 1301, Chronicon Estense, Muratori, XV, c. 348.
[81] 30 juillet 1301, Chronicon Estense, Muratori, XV, c. 348.
[82] 30 juillet 1301, Chronicon Estense, Muratori, XV, c. 348. Ces couleurs semblent avoir été affectionnées par Charles, car, en 1321, quand il revint de Compostelle, les confrères de Saint-Jacques allèrent au devant de lui avec des vêtements mi-partis de rouge et de pers, Chronique parisienne anonyme, XI, p. 59.
[83] Chronicon Estense, Muratori, XV, c. 348. En 1332,-il lui était encore dû 4.443 l. t., R. D., XXIII, 22.
[84] Annales Cœsenates, Muratori, XIV, c. 1121 ; Croniche Bolognesi, Muratori, XVIII, c. 132 et 304 ; Dino Compagni (éd. I. del Lungo), II, p. 133 ; Istorie Pistolesi, Muratori, XI, c. 376. — Plus tard (1303), les Gibelins de cette ville firent expier aux Guelfes l'accueil fait à Charles, et un grand procès leur fut intenté, sous l inculpation d'avoir voulu livrer la ville à Charles : Gherardacci, Storia di Bologna, 1re partie, p. 449 (Bologne. 1596).
[85] Dino, II, p. 133.
[86] Dino, II, p. 134 ; Istorie Pistolesi, Muratori, XI, c. 376.
[87] Dino, II, p. 135.
[88] Le 6 août 1301, les envoyés de cette ville annoncèrent à leurs magistrats l'arrivée de Charles de Valois et de Catherine de Courtenay pour le lendemain soir, Dino, I, p. XLV.
[89] Villani, Muratori, XIII, c. 375 ; Istorie Pistolesi. XI. 376.
[90] Charles y était le 12 septembre 1301, Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 17.
[91] A. N. J 721, n° 2 ; J 722, n° 5 ; L 285, n° 96 ; Arch. de Barcelone, Cartas reales, n° 503 ; Potthast, n° 25068-9 : I. del Lungo, o. c., p. 168.
[92] A. N., L 285, n° 97-100 ; Potthast,
n° 25079.
[93] Dino Compagni, I, p. XLV et XLVI ; le 25 septembre, les magistrats donnèrent leur adhésion, ibidem, p. XLVI.
[94] A. N., J 721, n° 31-16.
[95] Dino, II, p. 136-139, 427-431,
511-512 ; Perrens, Hist. de Florence, III, p. 39-40 ; Karl Hillebrand,
o. c., p. 107 ; I. del Lungo, Da Bonifazio VIII ad Arrigo VII, p.
169-177.
[96] Dino, II, p. 145 ; Karl Hillebrand,
o. c., p. 110.
[97] 19 ou 26 août, Arch. de Sienne, Consiglio della Campana, LX, c. 46 v°, 47 v° et 61 r° ; Dino, II, p. 136.
[98] E donaron li assai moneta, Arch. de Sienne, Consiglio della Campana, LX, c. 68 v°. Des musiciens furent envoyés à sa rencontre, pour lui faire une entrée solennelle dans la ville, Arch. de Sienne, Libri di Biccherna, 116, f° 289 v°.
[99] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 90. A cette occasion la commune fit don à Catherine de 2.000 florins et de deux coupes d'argent, I. del Lungo, o. c., p. 270.
[100] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 90.
[101] Karl Hillebrand, o. c., p.
111 ; I. del Lungo, o. c., p. 190-197.
[102] Dino, II, p. 146.
[103] Dino, II, p. 147-148.
[104] Dino, II, p. 149-150.
[105] Dino, II, p. 150. Ce fait est à noter, car Dino date l'entrée de Ch. de V. du 5, alors qu'il est entré le 1er, cf. I. del Lungo, o. c., p. 197 et 205.
[106] Dino, II, p. 152 ; I. del Lungo, o.
c., p. 199.
[107] Dino, II, p. 153-156.
[108] Villani, Muratori, XIII, c. 375.
[109] MCCCI, in kalendi novembre a terza, entro messer Karlo in Firenze. Arch. de Florence, Provvisioni, XI, c. 92 ; La mattina d'Ogni Santi, Villani, Muratori, XIII, c. 375 ; Dominica a di IV di novembre, Dino, II, p. 157. V. la discussion sur cette date, Dino, II, p. 432-442.
[110] Dino, II, p. 157 ; Villani, Muratori, XIII, c. 375.
[111] Dante, Purgatoire, chant 20, v. 70 et ss.
[112] Dino, II, p. 157-158 ; Hillebrand, o.
c., p. 115.
[113] Dino, II, p. 158-172.
[114] Dino, II, p. 172-173 ; Villani, Muratori, XIII, c. 376 ; Hillebrand, o. c., p. 117-118 ; Le Palazzo Vecchio actuel, commencé en 1299, était alors inachevé, Dino, II, p. 443.
[115] Dino, II, p. 175.
[116] Dino, II, p. 175-185 ; Villani,
Muratori, XIII, c. 377 ; Hillebrand, o. c., p. 119-121 ; I. del Lungo, o.
c., p. 229-231.
[117] V. ces conditions : Arch. de Florence, Provvisioni, XI, c. 73 à 92.
[118] Dino, II, p. 186.
[119] Dino, II, p. 189.
[120] Arch. de Florence, Provvisioni, XI, c. 92 ; Dino, II, p. 190 ; Villani, Muratori, XIII, c. 377 ; Istorie Pistolesi, Muratori, XI, c. 378 ; Pieri, o. c., p. 68 ; Hillebrand, o. c., p. 121 ; I. del Lungo, o. c., p. 231-235.
[121] Dino, II, p. 191 ; Pieri, o. c.,
p. 69.
[122] Dino, II, p. 192 ; I. del Lungo, o.
c., p. 238-239.
[123] Dino, II, p. 192. — On peut comparer ces paroles à celles que Guillaume le Maire prononcera au sujet de Ch. de V., v. Guillaume le Maire, p. 316.
[124] Villani, Muratori, XIII, c. 377 ; Dino, II, p. 193 ; Hillebrand, p. 123 ; I. del Lungo, o. c., p. 240.
[125] Villani, Muratori, XIII, c. 377 ; Dino, II, p. 194-196 ; Arch. de Florence, Provvisioni, XI, c. 92 ; I. del Lungo, o. c., p. 241-243.
[126] Dino, II, p. 195 ; Hillebrand, o.
c., p. 123.
[127] Dino, II, p. 196 ; Villani, Muratori, XIII, c. 377 ; I. del Lungo, o. c., p. 231.
[128] Dino, II, p. 197 ; Villani, XIII, c. 377 ; Arch. de Florence, Provvisioni, XI, c. 92. Charles profita de ce changement pour se faire offrir des cadeaux ; nous voyons en effet des dépenses comme celles-ci : in pretio et pro pretio quatuor palliorum seu draporum ad aurum, pro comuni emptorum, pro honorando illustrem principem dominum Karolum, filium olkm serenissimi domini régis Francie. Dino, I, p. LII.
[129] Dino, I, p. XLVII.
[130] Villani, Muratori, XIII, c. 377 ; Dino, II, p. 190 ; Tosti, Hist. de Boniface VIII, II, p. 159 ; I. del Lungo, o. c., p. 270-273.
[131] 2 décembre 1301, Bréquigny, VII, p. 545 ; Villani, Muratori, XIII, c. 377 ; Perrens, Hist. de Florence, III, p. 59 ; Tosti, Hist. de Boniface VIII, II, p. 480-482 ; I. del Lungo, o. c., p. 276-278.
[132] Dino, II, p. 198.
[133] 24 novembre 1301, Arch. de Florence, Provvisioni, XI, c. 78 v° : per modum doni etremunerationis, aut quocumque alio modo et causa, pro beneficiis ac etiam bono statu, per Dei gratiam et sua cohoperante strenuitale et potentia, populo et communi Florentie nuper collatis.
[134] Dino, II, p. 198.
[135] Dino, II, p. 199 ; I. del Lungo, o.
c., p. 260.
[136] Dino, II, p. 202.
[137] Dino, II, p. 203.
[138] Dino, II, p. 203.
[139] Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 90.
[140] 5 décembre 1301, Karolus..., paciarius
in Tusciam per Sedem Apostolicam deputatus, etc. Dino, I, p. XLVII.
[141] Dino, II, p. 208.
[142] Citons le meurtre de Nicolas de Cerchi par Simon de Corso Dunati, Villani, Muratori, XIII, c. 378 ; Dino, II, p. 208-212 et 521-585 ; Pelli, Memorie per servire alla vita di Dante Alighieri, p. 103-107 ; Romania, 1884, p. 463 ; I. del Lungo, o. c., p. 280-289.
[143] Arch. de Florence, Capitoli, XLIV, f° 185 r°.
[144] Arch. de Florence, Capitoli, XLIV, f° 185 r°.
[145] Arch. de Florence, Capitoli, XLIV, f° 185 r°. Le 23 février, quittance de 7 semaines ; autres, les 2, 9 et 15 mars, soit en tout 20.000 florins, ibidem, f° 186-189.
[146] Chronica Marciana
Magliabechiana, Dino, II, p. 212 (note).
[147] 8 mars 1302 Item X s. a Ghezzon Buoninseguit, etc., trobatori e tanbourelli e ciaramelli del commune di Siena, per cinque rincontrate che faciero, quando vienne la moglie di messer Carllo da Prato, e quando n'ando a corte, e quando venne el cardinale da Fiorenza, e quando n'andone a corte, arragione de II s. per ciascuna rincontrata per ciascuno... Arch. de Sienne, Libri di Biccherna, 116, f° 289 v°. — La commune de Sienne avait offert à Catherine de Courtenay, lors du baptême de sa fille, le 18 novembre 1301, 2.000 florins d'or et deux coupes d'argent, v. p. 65.
[148] Ch. mit huit jours pour aller de Sienne à Rome, Geoffroi de Paris, H. F., XXII, p. 90. Il était à Rome le 11 mars 1302, Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 24.
[149] Dino, II, p. 212 ; Hillebrand, o.
c., p. 126 ; I. del Lungo, o. c., p. 279.
[150] Tosti, Hist. de Boniface VIII, II, p. 161 et 174-175.
[151] E a di XVIII di marzo torno messer Carlo di corte. Chronica Marciana Magliabechiana, Dino, II, p. 301 (note). Le 18 mars, il donna une quittance datée de Saint-Jacques d'Oltrarno, Arch. de Florence, Capitoli, XLIV, f° 186-187 ; Dino, II, p. 219.
[152] Arch. de Sienne, Libri di Biccherna, 116, f° 289 v°.
[153] Villani, Muratori, XIII, c. 378 ; Dino, II, p. 212-214, qui l'appellent Pietro Ferrante di Lingua d'Oco. Le traité dit : Pictro Ferrando de Vergna. La Cronica Marciana Magliahechiana en fait un prince de la maison d'Espagne, ce serait alors Fernand, infant de Majorque, que nous verrons lutter contre Charles de Valois en Orient, Dino, II, p. 212-214 (notes) ; I. del Lungo, o. c., p. 283-285.
[154] 26 mars 1302, Arch. de Florence, Capitoli, XLIV, c. 188-189 ; Dino, II, p. 212-213 (note).
[155] Dino, II, p. 215-219.
[156] Sur cette proscription : Dino, II, p. 219-222 ; Villani, Muratori, XIII, c. 378 ; Pelli, Memorie per servire alla vita di Dante Alighieri, p. 105-107 ; Delizie deglie eruditi Toscani, X, p. 94 ; Hillebrand, o. c., p. 129 ; I. del Lungo, o. c., p. 283-292.
[157] Dante, Enfer, chant VI, vers 63 à 72 :
Ed egli a me : Dopo lunga tenzone
Verranno al sangue, e la parte sclvaggia
Caccera l'altra con molta offensione.
Poi appresso convien che questa caggia
Infra tre soli, e clic l'altra sormonti
Con la forza di tal che teste piaggia.
Alto terra lungo tempo le fronti,
Tenendo l'altra sotto gravi pesi,
Come che di cio pianga, e che n'adonti.
[158] De Vulgari eloquio, liv. II, chap. VI.
[159] Dino, II, p. 273 (note).
[160] En 1385 : Et ut ad vestri stipitis beneficia veniamus, nonne dux inclitus dominus Karolus, tunc Valesye et Alençonis comes, qui gloriose..., dulcissimum Gallie celum Florentinorum amore relinquens, Italiam petiit, et restitutis in patriam Guelfis, quos ex hac urbe conspiratio Gibellinorum exclusorat, statum nostrum multis cum laboribus reformavit. Kervyn de Lettenhove, éd. de Froissard, XI, p. 444. — En 1458 : Ac etiam Carolum, socumlum Philippi régis fratrem, devictis hostibus, optimarum partium cives qui tune usque fuerant exules, in proprio solo restituisse, qui nunc usque rempublicam felicissime gubernarunt et auxerunt. Négociations diplomatiques de la France avec la Toscane, I, p. 87.
[161] Perrens, o. c., III, p. 65.
[162] Arch. de Naples, Reg. Angioini, 119, f° 148 v°.
[163] 18 mars 1302, Arch. de Florence, Capitoli, XLIV, f° 187.
[164] Arch. de Florence, Provvisioni, XI, c. 108 v° : Considerato etiam quod de victoria que speratur sub dextera ipsius domini Karoli, ac Dei auxilio, in brevi haberi posse ac debere, maxima commoditas et utilitas obveniret communi et populo Florentie.
[165] Arch. de Florence, Consulte, V, c. 24 v° ; Provvisioni, XI, c. 108 v°.
[166] Arch. de Florence, Capitoli, XLIV, f° 187 r°.
[167] Arch. de Florence, Capitoli, XLIV, f° 189.
[168] Arch. de Florence, Capitoli, XLIV, f° 183 v°.
[169] In consilio Centum virorum proposuit dominus capitancus, presentibus prioribus et vexilifero, de XXm florenis auri dandis domino K., vel alio pro eo.... Arch. de Florence, Consulte, V, c. 34-35.
[170] Arch. de Florence, Provvisioni, XII, c. 44.
[171] Cependant, en 1332, Charles devait encore les gages de plusieurs chevaliers, et les sommes empruntées pour cette expédition, R. D., I, XXIII, etc.
[172] A monseigneur Jehan du Pont et au confessor madame l'emperriz que l'en envoia de Florence au commun de Venise pour ambassaderie LX l. p. forz. Compte de l'Orient, B. E. C., 1890, p. 69.
[173] Chronique de Parme, Muratori, IX, c. 842 ; Pertz, XVII, p. 725 ; Monumenta Parmensia et Placentina, p. 109 ; Dino, II, p. 225 ; Villani, Muratori, XIII, c. 375 ; Istorie Pistolesi, Muratori, XI, c. 379 ; Pieri, o. c., p. 72.
[174] Chronique de Parme, Muratori, IX, c. 842.
[175] Villani, Muratori, XIII, c. 378.
[176] Dino, II, p. 224.
[177] Istorie Pistolesi, Muratori, XI, c. 379.
[178] Dino, II, p. 224.
[179] Istorie Pistolesi, Muratori, XI, c. 379.
[180] Dino, II, p. 224-225. La ville se rendit le 25 décembre 1302, Inventario dei atti publici del Comune di Firenze, II, p. 103 ; Pieri, o. c., p. 72.
[181] Istorie Pistolesi, Muratori, XI, c. 379 ; Pieri, o. c., p. 72.
[182] Dino, II, p. 300.
[183] Villani, Muratori, XIII, c. 378 son dernier acte date de Florence est du 4 avril, Arch. Val., Misc., armaria XIII, caps, 31, n° 81 ; A. N., L 373, liasse 1.
[184] Dino, II, p. 229. Le gouvernement de Florence resta d'ailleurs en relation avec celui qui l'avait établi. C'est ainsi qu'en novembre 1311, ayant à adresser une lettre à Philippe IV, il l'adressa aussi à Ch., d'après la note omise par les éditeurs qui ont copié cet acte à l'Arch. de Florence, Desjardins, Négociations diplomatiques de la France avec la Toscane, p. 12-14.
[185] Malgré cette détente, l'évêque de Forli intenta de nombreux procès aux rebelles pendant les années 1303 à 1307 ; ils sont contenus dans le registre des Arch. Vat., coté : Introitus et exitus, 6.
[186] Arch. Vat., Misc., armaria XIII, capsa. 31, n° 81 ; A. N., L 373, liasse 1.
[187] Dès le 22 mai 1302 Boniface VIII ordonnait à l'évêque de Vicence, vicaire de Ch. de V. en Romagne, de faire rentrer et.de rétablir dans leurs biens, sans scandale, les bannis et exilés, Potthast, n° 25154.
[188] Le pape lui donna cette mission le 10 avril 1304, Reg. de Benoît XI, c. 824-825. Les Gibelins les moins compromis rentraient déjà : le 24 février 1304, quelques Gibelins furent rayés du livre des bannis, Arch. de Florence, Acquisito Pratelli, n° 1.
[189] 16 avril 1302, A. N., J 721, n° 4.
[190] Arch. de Naples, Reg. Angioini, 126, f° 571, r°.
[191] V. au sujet des emprunts faits pour aller en Sicile, sur lesquels il était encore dû 4.285 l. p., en 1332, R. D., XXIII, 22-25.
[192] A. N. J 164B, n° 37 (en déficit d'après l'inventaire de Dupuy).
[193] Arch. de Naples, Reg. Ang., 119, f° 148 r°. Cet argent ne fut payé qu'en septembre.
[194] Muntaner, p. 412.
[195] Muntaner, p. 410.
[196] 20 décembre 1301, Arch. de Naples, Reg. Ang., 119, f° 78 v°.
[197] Cadier, L'administration de Charles Ier et Charles II de Naples, p. 187.
[198] 24 septembre 1301, acte de Charles II qui l'investit de ce titre, Arch. de Naples, Reg. Ang., 112, f° 3 r° ; v. aussi Reg. Ang., 112-126, passim.
[199] Muntaner, p. 412.
[200] B. E. C., 1873, p. 48.
[201] Muratori, XIII, c. 378.
[202] A. N., J 509, n° 13 ; J 511, n° 21. Robert, son fils, fit la même promesse, A. N., J 309, n° 14.
[203] 31 mars 1302, mandement aux habitants du comté d'Amalfi, de laisser Ch. de V. se ravitailler chez eux et de laisser passer ses provisions, Arch. de Naples, Reg. Ang., 112, f° 165 r° ; 4 avril 1302, deux mandements, l'un aux officiers du roi, l'autre aux habitants de Salerne et d'Amalfi, de laisser passer sans percevoir de péage les vivres achetés pour Ch. de V., Reg. Ang., 119, f° 169 r°.
[204] A. N., J 511, n° 12 et 14.
[205] A. N., J 511, n° 13.
[206] Arch. de Naples, Reg. Ang., 119, f° 196 r°.
[207] Arch. de Naples, Reg. Ang., 113, f° 296 v° et ss. Charles II s'était fait accorder par ses sujets une subvention in subsidium passagii carissimi filii nostri Caroli, regis Francie nati, et Roberti, primogeniti noslri, ducis Calabrie. Reg. Ang., 126, f° 482 r°.
[208] 8 mai 1302, A. N., J 511, n° 15 ; Arch. de Naples, Reg. Ang., 19, f° 99 r° et v°.
[209] Vitam ylarem et gloriam triumphantem, A. N., J 311, n° 16 ; Reg. Ang., 119, f° 200 r°.
[210] Par exemple : Reg. Ang., 125, f° 67 v°.
[211] Prout scilicet idem comes instructus est per certa nostra capitula sub nostro sigillo exinde sibi data. A. N., J 511, n° 17.
[212] Marino Sanudo, B. E. C.,
1873, p. 48.
[213] Marino Sanudo, B. E. C.,
1873, p. 48.
[214] Muntaner, p. 412, éd. Lanz, p. 853.
[215] Muntaner, p. 412 ; Marino Sanudo, p. 48 ; Ch. de St-Denis, H. F., XX, p. 669 et 672 : G. Guiart, XXII, n. 236 ; Chronicon Siciliæ, Muratori, XI, c. 860.
[216] Le mardi avant l'Ascension, Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 669 ; Circa Ascensionem, Nangis, XX, p. 585 ; G. de Frachet, XXI, p. 19 ; G. Guiart, XXII, p. 238 ; sans date. Marino Sanudo, p. 48.
[217] G. Guiart, H. F., XXII, p. 236 ; Arch. de Naples, Reg. Ang., 119, f° 78 r°, et passim.
[218] Chronicon Siciliæ, Muratori, XI, c. 850 ; Marca Hispanica, c. 708.
[219] Muntaner, p. 412.
[220] G. Guiart, H. F., XXII, p.
236.
[221] G. Guiart, H. F., XXII, p. 236.
[222] G. Guiart, H. F., XXII, p. 236.
[223] G. Guiart, H. F., XXII, p.
242 ; Chronicon Siciliæ, Muratori, XI, c. 860 ; Marca Hispanica,
c. 708.
[224] Chronicon Siciliæ, Muratori, XI, c. 860 ; G. Guiart, H. F., XXII, p. 242.
[225] Chronicon Siciliæ, Muratori, XI, c. 860 ; Marca Hispanica, c. 708. Nous suivons ici le Chronicon Siciliæ qui date le traité du 29 août et auparavant donne 43 et 18 jours de siège devant les places de Sciacca et Coriglione.
[226] Chronicon Siciliæ, Muratori, XI, c. 860 ; Marca Hispanica, c. 808.
[227] Chronicon Siciliæ, Muratori, XI, c. 860 ; Muntaner, p. 413, éd. Lanz, p. 354 ; Marino Sanudo, p. 48 ; G. Guiart, H. F., XXII, p. 242. Ce dernier dit que la ville fut prise.
[228] Sur l'ordre de Charles II, le 25 juillet 1302, 500 onces en carlins d'argent, Arch. de Naples, Reg. Ang., 125, f° 160 r°.
[229] Circulaire royale du 29 juillet 1302, Reg. Ang., 119, f° 319 r°.
[230] 2 août 1302, Reg. Ang., 125, f° 67 v°.
[231] 10 août 1302, Reg. Ang., 119, f° 329 v°.
[232] D'après Marino Sanudo, p. 48. Muntaner dit qu'il ne restait que 500 cavaliers. En tout cas, Charles II paya à Ch. de V. 7.698 onces pour les chevaux morts pendant cette campagne, Reg. Ang., 126, f° 571 r°.
[233] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 672 ; Nangis, XX, p. 587 ; G. Guiart, XXII, p. 242.
[234] Villani, Muratori, XIII, c. 378.
[235] Surtout Muntaner, p. 413, éd. Lanz, p. 354.
[236] Nangis, H. F., XX, p. 587 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. Guiart, XXII, p. 242 ; Chronographia..., I, p. 121-122 ; Ch. de V. avait promis de revenir à la réquisition du roi, A. N., J 164A, n° 11 ; Du Cange, Hist. de Constantinople, pr., p. 40.
[237] Holtzmann, Wilhelm von Nogaret, p. 43.
[238] Villani, Muratori, XIII, c. 7 ; Muntaner, p. 416.
[239] Muntaner, p. 413, éd. Lanz, p. 355.
[240] 31 août 1302, Arch. Bouches-du-Rhône, B 163 ; Martène, Thesaurus Anecdotorum, III, p. 58 ; Rayn. XIV, année 1302. — Nangis, H. F., XX, p. 587 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 672 ; G. Guiart, XXII, p. 242 ; Muntaner, p. 413 ; Marino Sanudo, p. 48 ; Villani, Muratori, XIII, c. 378 ; Chronicon Siciliæ, Muratori, XI, c. 860.
[241] Rayn., XIV, année 1302 ; Martène, Thesaurus Anecdotorum, III, p. 58.
[242] Quittance, Arch. de Naples, Reg. Ang., 122, f° 31 v°.
[243] Reg. Ang., 123, f° 309 v°.
[244] Quittance de ces sommes aux Bardi par Ch. de V., ibidem. — Quittance de Charles II aux Bardi en juillet 1303, Reg. Ang., 123, f° 310 r°.
[245] Arch. de Naples, Reg. Ang., 126, f° 571 r° et v°. D'autres relevés de comptes servant de base à des assignations comme celle-ci, se trouvent dans le Reg. Ang., 122, f° 25 r° et 97 v°.
[246] Charles II leur donna quittance en juillet 1303, Arch. de Naples, Reg. Ang., 123, f° 310 r°.
[247] 15 novembre 1302, Charles II manda au sénéchal de Provence, auquel il envoya ce compte, de le payer à Charles de Valois, Reg. Ang., 126, f° 571 r°.
[248] A. N., J 509, n° 18 ; Du Cange, Hist. de Constantinople, pr., p. 43.
[249] J. de Saint-Victor, H. F., XXI, p. 639. Philippe le Bel l'avait obligé à y aller.
[250] J. de Saint-Victor, H. F., XXI, p. 639 ; Geoffroi de Paris, XXII, p. 90.
[251] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 672.
[252] Potthast, n° 25195.
[253] Potthast, n° 25245 et 25265 ; Arch. Bouches-du-Rhône, B 417.
[254] 10 juillet 1303, Arch. de Naples, Reg. Ang., 123, f° 302 r°.
[255] Potthast, n° 25307 ; Reg. de Benoît XI, c. 669-670.
[256] 23 janvier 1304, dispenses pour le mariage, Reg. de Benoît XI, c. 208.
[257] Dupuy, o. c., pr., p. 290 ; Renan, Hist. Litt., XXVII, p. 257 et 333.
[258] Rayn., XIV, 1302, n° 34 ; Dupuy, o. c., p. 98.
[259] A. N., J 723, n° 10, 10 bis et 11.
[260] Le 29 janvier 1303, le prieur et le chapitre de Saint-Pierre lui promirent d'employer ainsi l'argent qu'ils avaient reçu de lui, A. N., J 164B, n° 14.
[261] Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 25.
[262] Muratori, XIV, c. 1121.
[263] Bréquigny, VII, p. 569.
[264] Ch. de Saint-Denis, H. F., XX, p. 672 ; Grandes Chroniques de France, V, p. 147.
[265] Pour XXXIII henas d'argent achetez de Thiebault l'orfevre et de Adam Dairo, par madame la royne, que monseigneur Louis, le fils le roi, donna aux gens mons. de Valois a merci, quant mons. de Valois revenoit de Sezile, environ la Chandeleur MCCCII, IXCXXI l., XII s., VI d. Leber, Choix des meilleures dissertations sur l'histoire de France, XIX, n. 40.
[266] Muratori, XIII, c. 378.
[267] Au visiteur du Temple de Paris de prest fait a monseigneur au revenir de Sezille, XV M l. t. flebles, valent IIII M l. p. forz. R. D., XXIII, 9. — V. aussi R. D., I et XXIII, passim.