I La conquête de la couronne d'Aragon, puis de compensations avantageuses, ne fut pas l'unique occupation de Charles de Valois pendant cette période : frère très aimé de Philippe le Bel, le premier parmi les princes du sang, il fut investi depuis sa majorité[1] de hauts commandements, et mêlé à toutes les guerres et à tous les grands événements de l'histoire politique de la France. Dans la période qui s'étend jusqu'au départ de Charles de Valois pour l'Italie, quelle place tint-il dans l'histoire intérieure de la France ? Nous doutons qu'il ait, étant encore mineur, siégé réellement dès 1289 à la Commission des Comptes[2]. Quelques années après, en 1291, l'ordonnance de l'hôtel du roi régla ainsi les conditions dans lesquelles il pouvait être hébergé par le roi : Nus autres n'auront chambre avec le roy fors que les sus nommez, et ce il estoit ainsy que le roy fu hebergiez loin de la ville ou des maisons, et mons. de Valois, ou mons. d'Évreux, ou mons. de Saint Pol venoient a cour et l'en leur prestat hostel de grace en l'hostel le roy, rien ne leur seroit livré de nos mestiers, aÍnçois fassent leur pourveance pour leurs gens[3]. Lorsqu'en 1292, le roi restreignit aux seuls prélats et barons[4] le droit d'amortir[5], Charles de Valois fut compris parmi ces derniers. De même, en 1292, la maltôte[6] d'un denier par livre ne fut pas levée sur les terres de Charles de Valois, et en 1295 il obtint le tiers du cinquantième[7] levé dans ses domaines. En même temps, Philippe IV donna à son frère le comté d'Alençon en 1291[8], et celui de Chartres le 23 juin 1293[9] ; il lui accorda, en avril 1293, le droit de garde de toutes les églises d'Anjou et du Maine[10], à l'exception des cathédrales d'Angers et du Mans ; enfin il lui fit don, en avril 1296, d'un juif de Pontoise et de ses enfants[11]. Charles de Valois ne resta pas inactif : la première expédition qu'il ait dirigée en personne eut lieu en 1292, contre Jean d'Avesnes, comte de Hainaut, qui pillait et rançonnait les églises confiées à la garde du roi, et les sujets de celui-ci. Pour le ramener à l'obéissance, le roi envoya son frère contre lui. Au mois de septembre, Charles de Valois rassembla une petite armée à Saint-Quentin[12] ; le comte de Hainaut, effrayé de ces préparatifs, vint aussitôt se soumettre, et Charles l'emmena à Paris où le roi, tenant compte de cette soumission rapide, lui accorda la paix à des conditions très douces. En 1294, nous savons que Charles de Valois alla au début de l'année à Hesdin, où il fut reçu somptueusement par Robert d'Artois[13], puis en juin à Creil[14], où il fut parrain du futur Charles le Bel[15], son neveu. Nous connaissons les détails de ce baptême parce qu'il fut un des points examinés par les enquêteurs lors du divorce de Charles IV et de Blanche de Bourgogne[16]. Charles de Valois, qui, d'après sa déposition, devait être aussi parrain de Blanche au début de 1296, était parrain de Charles avec Mahaut, comtesse d'Artois. La cérémonie eut lieu dans l'église Saint-Évremond de Creil, au milieu d'une affluence énorme[17] : on y nota la présence de Gaucher de Châtillon, des comtes de Flandre et de Bourgogne, des archevêques de Narbonne et de Sens, des évêques de Beauvais et de Soissons, des comtesses de Bourgogne, de Joigny et de Dammartin. Un prêtre lut une cédule contenant les noms des parrains et marraines : la plupart de ces hauts personnages eurent l'honneur d'être du nombre. Mais Charles de Valois, Gaucher de Châtillon et Mahaut furent les véritables parrains et marraine de l'enfant, qui, comme garçon, eut deux parrains et seulement une marraine. Mahaut, ayant reçu l'enfant tout nu, le passa à Charles de Valois qui le plongea dans les fonts baptismaux[18], Mahaut le tenant seulement par un pied[19]. Puis, quand l'enfant fut dans l'eau, tous les grands personnages présents étendirent la main sur lui. Quand on sait combien était fort au moyen-âge le lien créé par le parrainage, on s'expliquera, en partie du moins, l'affection que Charles IV portera à Charles de Valois. L'année suivante, Charles de Valois commença a jouer un rôle militaire important. La guerre avec l'Angleterre durait depuis 1290 sous forme de pirateries réciproques des marins des deux pays dans la Manche[20] ; elle s'aggrava en 1293 tout en restant, sous cette forme, assez favorable aux Français[21]. L'auteur des Annales de Londres accuse même nominativement Charles de Valois d'avoir encouragé ce genre de lutte[22]. D'autres chroniqueurs l'accusent d'avoir envenimé méchamment la querelle[23] qui éclata en 1295, quand Édouard Ier, au lieu d'épouser Blanche de France, fit choix d'une princesse flamande, refusa de comparaître devant les pairs, et vit confisquer ses états par jugement[24]. La guerre dès lors éclata entre les deux états : les Français la soutinrent de tous côtés. Sur mer[25], commandés par Mathieu de Montmorency et Guillaume d'Harcourt, ils pillèrent les environs de Douvres, mais ces chefs ne menèrent pas les hostilités assez énergiquement au gré du roi[26], et subirent au retour un échec qui entraîna la disgrâce de Guillaume d'Harcourt[27]. Tout était cependant préparé pour envahir l'Angleterre. Charles de Valois y avait ménagé à la France des intelligences : un chevalier du Clamorgan, Thomas de Turbeville, fut exécuté pour avoir correspondu avec lui[28]. Sur terre, Charles commanda une expédition en Gascogne : Raoul de Nesle, connétable de France, occupait Bordeaux en vertu de la saisie ordonnée par le Parlement, Charles devait l'aider à chasser les Anglais des places qu'ils occupaient encore. Aussi le principal effort de la France se porta-t-il en Gascogne, pendant cette campagne. Charles y vint, avec d'importants renforts, rejoindre Raoul de Nesle, et prendre le commandement de l'armée d'invasion. Il se dirigea sur Ryons, que Jean de Saint-Jean, sénéchal d'Édouard Ier, et Jean, comte de Bretagne, défendaient avec de nombreuses troupes anglaises et gasconnes : il y mit le siège le 25 mars[29]. Sous les murs de cette ville, il fut rejoint par Raoul de Nesle qui, en venant de Bordeaux, avait pris Podency[30] après huit jours de siège. Raoul avait renvoyé les soldats anglais, et gardé soixante-dix Gascons, considérés comme félons, pour ne pas avoir obéi à l'arrêt du Parlement prononçant la confiscation des fiefs tenus de la couronne de France par Édouard Ier. Pour semer la dissension au milieu des défenseurs de Ryons, et exciter les défiances des Gascons contre l'Angleterre, Charles de Valois fit pendre tous ses prisonniers, le 7 avril, sous les yeux des défenseurs de la place. Ce qu'il avait prévu arriva : les Gascons reprochèrent à Jean de Saint-Jean la trahison de ses compatriotes qui avaient livré tous ces Gascons, et se montrèrent pleins de défiance à son égard ; de leur côté, les Anglais prirent peur de cette disposition des esprits, et songèrent à fuir en abandonnant les Gascons. Le soir du jeudi de Pâques, les Anglais et Jean de Saint-Jean quittèrent le château en cachette ; ils essayèrent, à la faveur de la nuit, de gagner leurs navires, et de s'enfuir au loin ; ils n'y réussirent qu'en partie, car l'éveil fut donné ; aussitôt les Gascons s'efforcèrent de les retenir puis massacrèrent ceux des Anglais qui n'avaient pas encore pu s'embarquer, pendant que les navires anglais gagnaient rapidement la haute mer. Le lendemain matin, 8 avril, Charles de Valois voyant les défenseurs de Ryons se battre entre eux, et négliger la garde de leurs murailles, fit donner l'assaut, qui fut couronné de succès : la ville fut prise, livrée à un pillage dont Guillaume Guiart a laissé un tableau très vivant[31], et les défenseurs furent emmenés à Paris comme prisonniers. — On a reproché à Charles la pendaison devant Ryons : elle fut brutale, mais elle n'avait rien de choquant pour l'époque, où l'on n'y vit qu'une heureuse ruse de guerre. Charles de Valois assiégea ensuite Saint-Sever[32], pendant treize semaines, et perdit sous ses murs 1.500 hommes à pied[33] ; n'ayant pas trouvé de ruse pour s'emparer de cette place forte, il fut réduit à la bloquer ; enfin la ville, par l'intermédiaire du comte de Foix, qui accompagnait Charles de Valois, promit de se rendre dans quinze jours, si d'ici là elle n'était pas secourue ; c'est ce qui arriva. Charles de Valois avait donc réussi ; mais après son départ, les troupes anglaises reprirent Saint-Sever[34], où elles se présentèrent en nombre. D'autre part, ces campagnes aux environs de Bordeaux lésèrent, paraît-il, le futur Clément V, alors évêque de Comminges et dévoué à l'Angleterre, et en firent un ennemi de la France et de Charles[35]. Charles de Valois ne s'occupa pas seulement de conduire les opérations de guerre ; il vint à Bordeaux où il eut peut-être à lutter contre le peuple[36], et leva de l'argent de la ville d'Agen, à laquelle le roi accorda des lettres de non-préjudice le 12 septembre 1295[37]. Cette ville avait de plus prêté à Charles de Valois et à Raoul de Nesle, connétable de France, 1.200 l. de t. noirs qu'elle réclamait encore à ce dernier le 17 mai 1298, en même temps qu'elle implorait son appui contre les clercs qui refusaient de contribuer aux dépenses de la ville, malgré les ordres du roi, du comte d'Artois, et les siens[38]. Enfin Charles accorda à Saint-Émilion des privilèges que le roi ratifia le 15 mars 1296[39]. Nous connaissons de plus quelques détails sur cette campagne : le 13 mai 1295, Raoul d'Orléans, sergent d'armes de Charles de Valois, donna quittance de 300 l. t. reçues pour les gages des gens de son seigneur[40]. D'autre part, la table des comptes de cette campagne nous en montre l'importance, notamment pour les préparatifs de la guerre maritime[41] ; quelques comptes de fonctionnaires du Midi[42] nous renseignent aussi sur cette guerre, ainsi qu'une liste des seigneurs qui y ont pris part[43]. En ce qui concerne Charles de Valois, la table de Robert Mignon[44] mentionne des emprunts faits pour lui en Agenais par Cœur de Roy ; nous savons d'autre part que ses agents, Gautier d'Aubigny, bailli de Valois, et David de Sesmaisons, bailli d'Anjou et du Maine, firent des emprunts forcés pour subvenir aux dépenses de cette campagne[45], et que plusieurs chevaliers qui y avaient pris part attendaient encore en 1332 qu'on leur payât leurs gages[46], bien que le roi eût pris à sa charge tous les frais faits par Charles dans cette expédition[47]. La guerre n'était pas terminée, mais seulement en bonne voie, grâce aux succès de Charles, et les coups décisifs allaient se porter en Flandre où nous le suivrons. Édouard Ier s'était allié à la Flandre, et Adolphe de Nassau[48], malgré les ordres de Boniface VIII[49], s'était aussi lié avec lui ; Édouard Ier fit demander par Roger de Loria à Jacques d'Aragon le droit de lever des troupes en Aragon[50], droit que celui-ci lui refusa d'ailleurs[51]. Charles de Valois, que le pape exhortait dès le 20 juin[52] à procurer la paix entre la France et l'Angleterre, ayant brillamment terminé cette campagne de 1295, rentra en France, laissant le commandement au comte de Foix[53] qui le garda jusqu'à l'arrivée de Robert d'Artois, l'année suivante[54]. Une trêve avait été signée en juillet[55], le 14 août Edouard Ier consentit, si la France faisait de même, à remettre la décision du débat au pape[56] ; mais le 30 septembre, il accusa Philippe le Bel de duplicité[57], et le 9 octobre il fit appel aux Gascons, et mit à leur tête son frère Edmond, comte de Lancastre[58]. Contre cette reprise des hostilités, Philippe le Bel fit appel aux ennemis naturels d'Edouard Ier, notamment au roi d'Ecosse : dès le 5 juillet 1295, celui-ci avait envoyé en France ses procureurs pour négocier le mariage de son fils aîné avec une nièce du roi de France[59]. Ils reçurent un bon accueil, car le 23 octobre, Philippe IV et Charles de Valois ratifièrent l'alliance proposée : Édouard, fils aîné du roi d'Ecosse, devait épouser Isabelle de Valois, qui aurait en dot 25.000 l. t., et une rente de 1.500 l. t.[60]. Édouard Ier, attaqué immédiatement par les Écossais[61], fit alors proroger la trêve jusqu'à Noël[62], mais la guerre reprit en Gascogne[63]. Charles de Valois n'y ayant pas pris part, nous la laissons de côté. II L'année 1296, qui amena pour la France de nouvelles victoires en Gascogne, fut occupée par d'interminables négociations entre la France, l'Angleterre, la Flandre[64], l'Ecosse et les royaumes espagnols[65] ; pour faire aboutir les controverses pendantes, Boniface VIII demanda, le 16 août, à Philippe le Bel, d'envoyer son frère Charles à Rome, pour traiter de choses qu'il fallait tenir secrètes, en conseillant de prendre pour prétexte l'accomplissement d'un pèlerinage ad limina Apostolorum, ou le désir de voir son beau-père, le roi de Sicile[66]. Il demandait, disait-il, un personnage très puissant, car avec les ambassadeurs, nonces et procureurs, rien n'aboutissait. C'était là, certes, pour Charles de Valois, une marque flatteuse de confiance, mais ce projet en resta là, le pape s'étant lancé sur ces entrefaites dans le différend qu'il déchaîna par la bulle : Clericis laicos ; notons toutefois au passage ce premier appel du pape à Charles de Valois. L'année 1297 vit les rapports entre la France et la Flandre passer à l'état de conflit aigu : comme Robert d'Artois avait achevé la conquête de la Gascogne, c'est du côté de la Flandre que la guerre eut lieu pendant cette campagne et Charles de Valois y joua un grand rôle. Il était sans doute avec le roi à Compiègne, le 2 juin[67], lorsque l'armée s'y rassembla ; en tout cas, nous savons qu'il était à Arras[68] le 6. Le souvenir de son séjour dans cette ville et des quelques jours suivants a été conservé par un court fragment des comptes de l'hôtel de Valois, du 31 mai au 24 juin ; nous l'y voyons acheter des chevaux pour lui et ses gens, en faire venir de Provins, et faire réparer son équipement ; nous connaissons, de plus, le nom d'un des hommes d'armes à ses gages[69]. Nous savons qu'il fut logé à la Maison-Dieu de Courtrai, a laquelle il laissa une aumône[70], et qu'il apprit à ce moment la canonisation de Saint Louis, son aïeul[71]. D'Arras, Charles de Valois alla avec l'armée à Lens, où il resta du 12 au 14 juin[72], et le 15, il arriva en face de la frontière, entre Hénin-Liétard et Douai. Là, l'armée se partagea, Charles de Valois et Raoul de Nesle avec 6.000 hommes d'armes quittèrent le roi, et arrivèrent devant le Pont-à-Rache, passage de la Scarpe, gardé par des mercenaires allemands. Il fut enlevé sans grande perte du côté des Français[73], malgré la résistance énergique de la garnison qui fut massacrée[74]. A Orchies, où Charles de Valois conduisit son armée, il ne rencontra aucune résistance, la ville ouvrit ses portes[75], reçut une garnison française, et fit renouveler ses privilèges par le roi[76]. Pendant que l'armée royale prenait Seclin, Charles continua sa marche vers Lille, et le 23 juin il opéra sa jonction avec le roi sous les murs de cette ville[77]. Pendant que l'armée royale bloquait Lille, Charles de Valois fut chargé avec Gui de Saint-Pol, Raoul de Nesle et le florentin Mouche, d'ouvrir à la France les pays au nord de cette ville, et de marcher sur Ypres : la Lys était gardée à Commines par des mercenaires allemands et des milices d'Ypres ; le 16 juillet, les Français les attaquèrent avec vigueur, les mirent en déroute, et leur firent perdre 200 hommes et de nombreux prisonniers[78]. D'après les Annales Gandenses, les Yprois auraient ravagé eux-mêmes les environs de leur ville[79], mais la Chronique Artésienne dit avec plus de vraisemblance que Charles de Valois et ses soldats alerent a Ypres et arderent tous les fourbours et VIxx moulins a vent[80]. Charles de Valois, après avoir, par cette rapide incursion, ouvert la voie de la Flandre occidentale, revint à Lille. Mais en route il prit Warneton, et pilla horriblement le pays ne laissant vile ne maison[81]. A ces cruautés, les paysans répondaient en massacrant les soldats isolés, et toutes les horreurs de la guerre pesaient lourdement sur le plat pays. Charles de Valois était à peine revenu au camp, que Robert d'Artois y arriva venant de Gascogne ; les deux princes repartirent vers le nord, et remportèrent l'éclatante victoire de Furnes[82]. Le siège de Lille[83] se termina par la capitulation du 1er septembre : Robert de Béthune sortit de Lille avec une petite armée, et le roi fut reçu favorablement dans cette ville très française. Charles de Valois quitta le roi pour aller recevoir la soumission de Courtrai : aux portes de la ville il rencontra, paraît-il, une abbaye défendue par 1.600 paysans ; après six jours de siège inutile, il feignit d'abandonner son camp, et quand les malheureux sortirent pour le piller, il fondit sur eux et les massacra, mais sans brûler l'abbaye[84]. Philippe le Bel vint, le 3 septembre, rejoindre son frère à Courtrai, où il fut reçu avec beaucoup de manifestations de fidélité[85], et tous deux allèrent camper à Ingelmunster, au centre même de la Flandre[86]. A cette date, enfin, Édouard Ier débarqua à Damme avec une petite armée, avec laquelle il fut assez froidement reçu à Bruges[87]. Il dut se replier sur Gand, où il retrouva Gui de Dampierre, ses enfants et leurs derniers fidèles. Si l'on en croit les chroniqueurs de Saint-Denis[88], le comte de Flandre aurait annoncé à son allié une grande victoire et la prise de Charles de Valois et de Robert d'Artois : ce fait ne se trouve pas mentionné ailleurs, mais il a été connu par un annaliste islandais qui, médiocrement renseigné par la rumeur publique, enregistre le fait comme certain[89]. Tout au contraire, les Français reçurent sans lutte la soumission de Bruges qui devint leur principal centre d'action, et où le roi fut très bien accueilli. C'est dans cette ville que les Anciennes chroniques de Flandre placent dans la bouche du roi des paroles que nous rappelons en note, malgré leur peu de valeur historique, parce qu'elles sont un témoignage de la bonne opinion conservée par les Flamands sur Charles de Valois[90]. De Bruges, Charles de Valois et Raoul de Nesle allèrent prendre Damme, d'où la flotte anglaise ne s'échappa qu'avec peine, et Charles y laissa 300 hommes d'armes[91]. Mais le 10 octobre, Robert de Béthune, avec une armée anglo-flamande, reprit Damme[92]. L'hiver approchant, le roi de France, incapable de prendre Gand par force, songea à battre en retraite, et se retira à Courtrai. D'autre part, les vivres commençaient à manquer à Gand, et Édouard pouvait se rendre compte de l'impossibilité de réussir quelque chose d'important pendant cette campagne ; enfin les Écossais venaient de se soulever à l'instigation de Wallace[93]. C'est à ce moment qu'arrivèrent les cardinaux d'Albano et de Préneste, porteurs d'une bulle de Boniface VIII en faveur de la paix[94] : les deux rois étant bien disposés, des trêves furent conclues entre eux, le 9 octobre 1297, à Vyve-Saint-Bavon[95]. Quelques mois après, ces trêves furent prorogées jusqu'au 6 janvier 1300 par le traité de Tournai[96] qui mit fin pour quelque temps à la guerre, et rétablit la paix troublée seulement par une sanglante querelle entre Gantois et Gallois, querelle qui amena le massacre de la plupart de ces derniers, et contraignit le roi Édouard Ier à quitter le pays rapidement et en triste équipage[97]. En récompense de ses brillants services pendant cette campagne, Charles de Valois vit ériger en pairie son comté d'Anjou, en même temps que les comtes de Bretagne et d'Artois, qui furent récompensés de leurs services par cette dignité octroyée pendant le siège de Lille[98]. Cet acte qui le mettait sur le même rang que le duc de Bourgogne[99], héréditairement doyen des pairs de France, est précédé d'un préambule extrêmement développé, ce qui est rare à cette époque[100]. Cette même année Charles de Valois reçut en don de son frère l'hôtel de Nesle à Paris[101], qui fut sa résidence favorite et le centre de son administration, et la châtellenie de la Roche-sur-Yon en échange de 700 l. de rente[102]. Mais le roi, étant à Lille, lui fit remise de cette obligation, et lui accorda la Roche-sur-Yon en pur don[103]. Au mois de mai de la même année, Philippe ajouta à ce don la plus grande partie des terres et biens forfaits à Henri, comte de Bar, notamment les châtellenies de Tournan, Torcy et Vivier-en-Brie[104]. Charles de Valois, ainsi généreusement récompensé des services rendus à son frère, tint de plus son rang dans toutes les grandes cérémonies publiques : c'est ainsi que le 25 aoùt 1298, il fut présent à la promulgation de la canonisation de Saint Louis dans l'abbaye de Saint-Denis, puis porta avec son frère la châsse contenant les reliques de leur saint aïeul[105]. Les années de trêve furent employées à négocier avec le roi d'Aragon, auquel, le 17 décembre 1297 les ambassadeurs de Philippe le Bel et de Charles de Valois réclamèrent la restitution de Majorque[106]. Le roi Jacques d'Aragon répondit en envoyant les siens le 30 janvier[107]. Majorque n'était pas le seul sujet de discorde entre la France et l'Aragon : la possession du Val d 'Aran restait toujours litigieuse entre les deux pays : toutefois, le 29 juin 1298, il fut convenu que ce pays serait mis entre les mains du roi de Majorque, jusqu'à ce que le pape eût tranché la question de propriété. Restait enfin une difficulté qui renaquit d une manière inattendue : Charles de Valois avait renoncé par procureurs, devant le pape, en 1295, à son titre de roi d 'Aragon, et cependant le 30 juin 1298, Jacques de Majorque recevait de Pierre, évêque de Carcassonne, et de Pierre de Bourges, sous-chantre d'Orléans, le château de Sauveterre et les villes de Ull et Fileira en Aragon[108], encore occupés au nom de Charles de Valois. Celui-ci, mettant encore une condition à sa renonciation à son vain titre royal, s'engagea à le quitter définitivement, si le roi d'Aragon rendait à son oncle, le roi de Majorque, ses états indument conquis[109]. Nous ne croyons pas, toutefois, qu'à ce moment, Charles de Valois et Philippe IV n'aient pas renoncé à tout espoir[110], malgré leurs renonciations, d'entrer en possession du royaume d'Aragon : si un tel espoir leur était resté, il se serait depuis longtemps traduit par des actes plus importants que ceux que nous connaissons. Les quelques vagues préparatifs faits à cette date en Navarre et les négociations entamées avec l'évêque de Saragosse et plusieurs nobles d'Aragon[111] furent un essai de pression sur les décisions du roi d'Aragon, non une tentative pour réaliser de vaines espérances. La question de Majorque et celle de la candidature de Charles de Valois furent définitivement réglées en 1299 : le 8 décembre, Jacques d'Aragon ratifia le traité conclu par ses procureurs[112], et s'engagea à rendre Majorque, puisque Charles de Valois avait restitué Sauveterre, Ull et Fileira, et à s'en remettre au pape pour la question du Val d'Aran. Enfin il reconnut avoir reçu de Pierre, évêque d'Auxerre, et de Gui de la Charité, évêque de Soissons, les lettres de renonciation promises par les ambassadeurs de Philippe IV et de Charles de Valois, dès le 23 décembre 1298[113]. Ces lettres avaient été promises alors dans un délai de six mois après la restitution des Baléares, qui eut lieu en effet[114], et que, le 8 janvier 1299, le roi de Majorque annonça au roi de France[115]. La question des frontières entre la Navarre et l'Aragon restait à trancher, et nous verrons un peu plus tard Charles de Valois prendre part de nouveau aux négociations à ce sujet : pour le moment Jacques d'Aragon voulait la paix, et pour obtenir l'absolution du pape il dut consentir à restituer les conquêtes de son père, et à prêter à l'Église le secours de son armée pour détrôner Frédéric III, son propre frère, qui occupait toujours la Sicile[116]. Le pape profita des trêves entre la France, l'Angleterre et la Flandre, qui devaient durer jusqu'au 6 janvier 1300, pour essayer une pacification générale. Les différents États avaient accepté son arbitrage[117], mais Philippe IV avait fait des réserves, et déclaré ne l'accepter pour arbitre que comme personne privée, et non en vertu de ses pouvoirs pontificaux. Sur toutes les intrigues et négociations à Rome, on est amplement renseigné aujourd'hui[118]. Nous n'insisterons pas sur ces négociations auxquelles Charles de Valois n'a pas été mêlé, et nous indiquerons seulement les principaux faits reliant les événements dans lesquels il a joué un rôle. Le pape, le 26 juin 1298[119], se contenta de faire de vagues promesses au comte de Flandre, et ménagea entre la France et l'Angleterre le traité du 27 juin[120] qui rétablit toutes choses en leur état antérieur à la guerre et stipula le mariage du futur Édouard II, avec Isabelle, fille de Philippe IV[121]. Avec l'Angleterre, cet arbitrage ne marqua pas encore la fin des hostilités, car Édouard Ier se plaignit encore de violations de la trêve commises à son détriment[122]. Enfin un premier projet de traité fut scellé le 12 juin 1299, à Montreuil-sur-Mer, par les procureurs des deux rois, en présence du légat pontifical, et Charles de Valois fut au nombre des négociateurs et des garants[123]. Ce traité, parodié par quelques satiriques du temps[124], ne fut pas mis de suite à exécution : le 29 juillet 1299, Boniface VIII avait ordonné de remettre l'Aquitaine à l'archevêque de Narbonne[125], mais le 30 novembre, une nouvelle trêve intervenant entre les deux pays vint maintenir simplement le statu quo[126] ; le roi de France occupa Bordeaux et l'Aquitaine jusqu'au 3 novembre 1304[127]. III Du côté de la Flandre, Philippe le Bel et son entourage pouvaient et voulaient s'en remettre uniquement à la guerre pour trancher la question[128] : Philippe s'allia à la Hollande[129], et son lieutenant, Raoul de Nesle, s'efforça de lier plus étroitement les lelinerts à la cause française[130], tout en spoliant et en maltraitant les adversaires de la France ; ce qui, de plus en plus, envenima la querelle. On était très irrité à la cour de France contre le comte de Flandre, et certains chroniqueurs, de second ordre d'ailleurs, racontent même que, lors de l'arrivée à Paris des ambassadeurs rapportant de Rome des conditions trop favorables aux Flamands, en présence du roi et de Charles de Valois, Robert d'Artois aurait saisi la bulle des mains du prélat anglais qui la portait, et l'aurait jetée au feu : quant au roi, il aurait déclaré vouloir la guerre dès la fin des trêves[131]. Tandis que le comte de Flandre contractait une inutile alliance avec le duc de Brabant[132], Philippe le Bel, malgré le pape[133], se rapprochait d'Albert d'Autriche[134] qui venait de battre Adolphe de Nassau, et de le remplacer en Allemagne. Au mois de décembre 1299, Philippe IV et Albert d'Autriche eurent une entrevue à Quatrevaux, où ils réglèrent un grand nombre de questions pendantes et contractèrent une alliance[135]. Nous savons que Charles de Valois y assista[136], et nous avons quelques détails au sujet de son séjour dans cette région par les dépositions faites en 1390 devant Guillaume, bailli de Chaumont, par une certaine Isabelle, qui dit : que pour lors que l'empereur et le roi furent logies ou dit Rinel[137], un grand seigneur appelé Charles de Valoys et ses gens furent logies en l'hostel de son pere, et que au deslogié le roi de France et ses gens avoient si bien fait paier partout leurs despens que son pere et sa mere, toutes fois que l'on en parloit, prioient pour le roi et ses gens. Et apres vinrent logier a Vauxcoleur et y fit-on grant festes et jostes en une plaine qui est appelée Maroiches[138]. Nous pouvons constater que Charles de Valois y a payé ses dettes ; c'était chose rare à cette époque, si l'on en juge par le souvenir pieux qu'en conservent ces bonnes gens, — plus rare encore pour Charles. Au retour de ce voyage, Charles de Valois perdit (31 décembre) sa première femme, Marguerite de Sicile[139], dont il avait eu six enfants, entre autres Philippe de Valois et Charles, comte d'Alençon. La fin de la trêve approchait et la guerre se préparait : Gui de Dampierre, vieux et découragé, avait remis le gouvernement à son fils aîné, Robert de Béthune[140], et s'était retiré dans son château de Ruppelmonde, laissant à ses fils le soin de défendre leur héritage. Cette campagne allait être dirigée par Charles de Valois, et se terminer par la conquête totale du comté de Flandre. Charles reçut le titre de lieutenant du roi et commanda en chef[141] ; il partit de Paris dès le 1 er janvier 1300, et alla rejoindre à Lens l'armée qui y était réunie[142]. Ses préparatifs avaient été importants, si l'on en juge par les sommes dont le roi lui fit don à cette occasion[143], et par les quantités de vin qu'il fit transporter d'Anjou en Flandre pour abreuver son contingent[144] ; d'autre part, nous connaissons les noms et les gages d'une foule de ses compagnons d'armes qui sont mentionnés dans le Journal du Trésor[145], ou dans un rôle des chevaliers qui sunt retenu pour Flandres, sanz ceux qui sunt retenu en Flandres par le conte de Saint Pol, l'an MCCIIIIxx et XIX[146]. L'état-major de Charles de Valois était composé de Louis d'Évreux, de Louis de Clermont, des comtes d'Auxerre, de Forez, d'Aumale, de Joigny, de Sancerre, de Dammartin, de Saint-Pol, du sire de Beaujeu, de Jacques de Chatillon et de Jean d'Harcourt[147], et s'était réuni à Lens. Là, Charles de Valois était à proximité de Douai qui, le 6 janvier, envoya une délégation pour lui remettre les clefs de la ville[148] : celle-ci avait rappelé les lelinerts bannis en décembre 1297. Charles entra solennellement à Douai qui le reçut en grande pompe[149], et dont il confirma les privilèges le 7 janvier[150]. Il respecta l'échevinage[151] et quelques jours après, le 11 janvier, il nomma comme gardien de la ville, au nom du roi, J. Le Brun de Brunenberg, auquel il manda de laisser Anselme d'Aigremont jouir de la rente que Gui de Dampierre lui avait donnée[152]. Tandis qu'un corps détaché allait prendre Béthune[153], Charles passa à Lille, à Courtrai, et arriva enfin le 16 janvier il Bruges, qui était la principale des villes favorables au roi[154]. De là, Charles de Valois envoya Simon de Melun, maréchal de France, et Ourri l'Allemand, aidés de volontaires brugeois, contre les milices du Franc[155], qui pillaient les maisons de campagne des partisans de la France : ils les battirent le 17 janvier à Saint-Laurent[156]. Philippe de Maldegem avait réuni une petite armée et s'était fortifié dans sa terre, Simon de Melun s'empara le même jour de son château et de son fils, et lui tua 400 hommes d'armes[157]. Charles de Valois, tout en remportant de menus succès, préparait une tentative sur Damme, occupée par Guillaume de Crèvecœur, fils de Gui de Dampierre, et dont l'hostilité faisait beaucoup de tort aux Brugeois[158]. En attendant la fin des préparatifs du siège, Charles résidait à Bruges, où il exerçait sa fonction de lieutenant du roi en chargeant Soyer de Gouy de remettre à Jean de Hazebrouck le douaire de sa femme[159], en donnant à Alain de Montigny le château de Maldegem confisqué[160], à Brentz, écuyer, fils de Johery, 15 l. de rente sur la recette de Flandre[161], enfin à Robert dit Broiars de Mollinghehem et à Pierre du Breucq[162], 75 l. de rente chacun, assignées sur la recette de Lille. Damme, dont Charles de Valois désirait s'emparer, avait reçu des Flamands de nouvelles fortifications, mais sa garnison était insuffisante, comme le montrent les lettres de Guillaume de Crèvecœur[163]. Une partie de l'armée assiégea alors Damme, pendant qu une autre se portait contre Ypres, défendue par Gui de Namur, autre fils du comte Gui, et que Charles de Valois marchait avec 6.000 armures sur Gand, où se trouvaient Gui de Dampierre, Robert de Béthune et Valeran de Valkenburg[164]. Gand ne pouvait être prise par surprise, et l'armée française dut se replier sur Bruges, mais en brûlant Nevele et douze autres localités, faisant si grant domage au pais que ce fut mervelle[165]. Ce plan de campagne avait pour résultat de cerner le comte de Flandre ; en effet, en dehors des trois villes citées, il ne lui restait qu'Audenarde, Ardenbourg, Cassel et Deynze[166]. Il reçut un coup terrible par la prise du port de Damme, réputé imprenable, et sur le sort duquel tous ses partisans avaient les yeux fixés : la garnison, après avoir victorieusement repoussé plusieurs assauts en causant de grandes pertes aux Français, demanda quelques jours d'armistice pour ensevelir ses morts, mais elle en profita pour quitter la ville, ainsi que les bourgeois qui emportèrent leurs biens les plus précieux[167]. La Chronique Artésienne dit que Guillaume de Crèvecœur rendit la ville et raconte de même que tous les habitants s'enfuirent, sauf une vieille femme, parce qu'ils craignaient la vengeance du roi à cause de leur trahison de 1297 (p. 33). En tout cas, Charles de Valois entra, le 29 ou 30 avril 1300[168], à Damme, dont la capitulation amena presque immédiatement celles d'Ardenbourg et de l'Écluse[169], tandis qu'Ypres était réduite aux dernières extrémités[170], mais tenait encore ainsi que Deynze[171]. Le comte de Flandre était donc bloqué dans Gand, sa dernière place forte, libre seulement du côté des terres d'empire, où il pouvait s'enfuir, mais en renonçant ainsi à tout son héritage ; le plan de Charles de Valois avait abouti habilement à le réduire à cette extrémité. Pour obliger Gui à agir, les bourgeois de Gand envoyèrent demander à Charles de Valois de recevoir leur soumission[172]. Gui de Dampierre et Robert de Béthune devaient choisir entre la fuite ou la capitulation : conseillés par Guillaume de Crèvecœur, qui avait été autorisé à quitter le camp de Charles de Valois, où il était prisonnier, ils préférèrent se rendre. Mais dans quelles conditions le firent-ils ? Cette question a été fort discutée : pour les chroniqueurs français, ce fut une reddition à discrétion[173], pour les flamands, au contraire, Charles de Valois aurait promis au comte de le ramener libre en Flandre, si l'accord ne se faisait pas de la volonté des deux parties. Ils prétendent même que Charles de Valois fut fort irrité de la mauvaise foi du roi qui n'aurait pas observé les conditions conclues par lui en vertu de ses pleins pouvoirs[174]. Mais des documents décisifs établissent que les garanties obtenues par le comte de Flandre ont été à peu près nulles[175]. Il est possible, toutefois, que la croyance à des promesses de Charles de Valois soit née d'assurances bienveillantes de ses bons offices données au comte, et dont on a voulu faire une obligation ferme. En tout cas, le 8 mai 1300, il reçut à Ardenbourg, le vieux comte, ses fils Robert et Guillaume, son chapelain et une cinquantaine de chevaliers qui allaient le suivre en prison[176]. En même temps, la ville était remise aux mains de Charles qui avait réglé, le 8 mai 1300, les conditions de la soumission[177]. Charles, montrant un sens politique qu'on lui a souvent nié, fut très modéré[178]. Il confirma les privilèges des Gantois, se contenta de quelques otages[179], promit qu'on n'imposerait aucune amende, et rappela les anciens XXXIX, partisans de la France, bannis par le comte. Mais, chose extraordinaire, il n'exila pas les nouveaux, partisans de Gui de Dampierre : tout au contraire, il remit la décision du conflit entre eux à un tribunal de huit prud'hommes choisis par moitié dans chaque parti. Charles de Valois laissa même aux XXXIX nouveaux la juridiction, tout en stipulant que les anciens XXXIX exilés en seraient exempts[180]. Ces conditions très prudentes étaient propres à pacifier la nouvelle conquête que Charles venait de faire pour son frère. Sa modération, qui lui faisait renvoyer libres les chevaliers allemands et brabançons qui défendaient Gand[181], ne tarda pas à porter ses fruits : le 11 mai, Audenarde capitula[182], et enfin le 21 mai, Ypres, où commandait Gui de Namur, se rendit à son tour[183]. Mais Charles fut moins indulgent, car les bourgeois d'Audenarde durent déclarer que des meubles que nous avons le roi pourra prendre à sa pleine volenté en matière d'amende, et ceux d'Ypres ratifièrent de plus la suppression de leurs franchises. Ces villes expiaient ainsi la longueur de leur résistance, et obtenaient d'autant moins de ménagements qu'elles étaient plus faibles. Charles de Valois ayant soumis toute la Flandre revint à Paris, ramenant ses prisonniers ; au retour, il passa une nuit au monastère de Saint-Martin-de-Tournai[184], puis traversa Arras, et arriva à Paris, le 24 mai, pour les fêtes du mariage de Blanche, sa sœur, avec le fils d'Albert d'Autriche[185]. Certains chroniqueurs, de peu de valeur, ont dramatisé la réception des prisonniers- par le roi, qu'ils représentent muet et inflexible en présence des supplications de Gui de Dampierre, de Charles de Valois et des seigneurs présents[186]. En tout cas, les Flamands prisonniers furent répartis entre divers châteaux mais bien traités ; la Flandre semblait soumise, et le roi put y faire une promenade triomphale[187]. Malheureusement Philippe y mit comme gouverneur Jacques de Chatillon, qui fut moins heureux que Charles de Valois dans ses rapports avec les communautés flamandes. En effet, celles-ci désormais entreront en scène, et leurs luttes intérieures et leurs soulèvements contre le roi domineront toute l'histoire de Flandre[188]. Pendant ce temps, Boniface VIII prorogeait la trêve avec l'Angleterre[189], une trêve intervenait entre ce pays et l'Ecosse[190], et si Édouard Ier combattait les intrigues françaises dans les dernières villes qu'il possédât en Aquitaine, en arrêtant les Bayonnais suspects[191], la paix régnait de ce côté. Charles de Valois, n'ayant plus rien à faire en France, allait pouvoir obéir au pape qui l'appelait en Italie, et après avoir conquis la Flandre pour son frère, entreprendre la conquête d'une couronne pour lui-même. Auparavant, il ratifia, le 30 mai 1300[192], l'ordonnance de Philippe le Bel, d'octobre 1294[193], instituant régente la reine Jeanne de Navarre, au cas où le roi mourrait laissant son fils mineur. Mais le 25 octobre 1300, le roi, en vidimant cette ratification, ajouta que, dans le cas de cette régence, Charles de Valois ne serait tenu d'obéir qu'à la reine Jeanne ou au jeune roi lui donnant directement leurs ordres, et que si la reine mourait la régence lui reviendrait[194]. Avant son départ pour l'Italie Charles fut choisi comme arbitre, avec le roi, entre Jean de Hainaut et ses vassaux[195], mais son départ lui fit négliger cette affaire. |
[1] 1291, B. N., fr. 5284, f° 48 r° (Appendice
D).
[2] M. Borrelli de Serres l'affirme sans indication de source dans ses Recherches..., p. 331.
[3] B. N., fr. 7852, f° 32.
[4] Au sens spécial de ce mot qui à cette date ne désigne que les grands seigneurs, ceux qui siégeront aux États généraux sans être élus.
[5] Ordonnances, I, 303 ; Brussel, o. c., I, p. 667.
[6] A. N., J 1024, n° 82.
[7] Ordonnances, I, p. 333.
[8] B. N., fr. 5284, f° 49 v° (Appendice D).
[9] A. N., J 171 A, n° 14.
[10] A. N., J 178 B, n° 48 ; J 1025, n° 3 ; Brussel, o. c., I, p. 299.
[11] A. N., J 227, n° 35.
[12] Sur cette campagne : Nangis, H. F., XX, p. 574-575 ; Ch. dite de Guillaume l'Écossais, XXI, p. 203 (Le f° 120, qui contient le récit de cette expédition dans le ms. de la B. N., lat. 13836, est publié en fac-similé dans les Mémoires de la Soc. hist. du Gâtinais, 1884, p. 83) ; Guillaume Guiart, XXII, p. 217. — Consulter surtout l'article de Franke sur Jean II de Hainaut, p. 98-100. Nous avons les noms de quelques-uns des chevaliers qui l'accompagnaient, R. D., I, 3, 13, 14.
[13] Despens fais a Hesding par mons. d'Artoys, l'an de grace mil CCet IIIIxx et XIII, en la venue monseigneur Charles, qui s'élèvent à 318 livres, 11 sous, 2 deniers, Arch. Pas-de-Calais, A 134, n° 19. Le 23 mars 1294, Robert d'Artois manda à Robert Coignet de porter en compte diverses dépenses faites à Hesdin pour la fête donnée à Charles de Valois, Arch. Pas-de-Calais, A 135, n° 20.
[14] Les témoins donnent des dates contradictoires, mais celle que nous donnons correspond avec l'itinéraire du roi qui, d'après Gaucher de Châtillon, était alors à Saint-Christophe en Hallate : or, le roi était à Creil, à la date qu'a adoptée M. Bonnassieux (15 août, p. 185), et il est spécifié qu'il n'y était pas le jour du baptême ; au contraire nous le voyons à Senlis (près de Saint-Christophe) en juin (H. F., XXI, p. 434), et Guillaume de Saint-Marcel dit que ce baptême eut lieu vers la Trinité (13 juin). Ch. de V. lui-même et Jean Sachin disent vers la Saint-Jean : nous adoptons donc, comme date de la naissance de Charles IV, le 19 juin, de même que M. Couderc, Positions de thèses pour l'École des Chartes, 1886, p. 55.
[15] Sur ce baptême, cf. Bonnassieux, Un baptême royal au moyen âge. Cabinet historique, 1881, p. 183-190.
[16] A. N., J 682, n° 2.
[17] Nicole de Troyes avait dû monter sur un ressaut de pierre, A. N., J 682, n° 2.
[18] Déposition de Pierre Dargent, chantre de Melun, A. N., J 682, n° 2.
[19] Déposition de Nicolas de la Fare, chanoine de Roye, A. N., J 682, n° 2.
[20] Flores historiarum (éd. Luard), p. 86 ; Ch. de la Roncière, Revue des Questions historiques, octobre 1896, p. 401-441.
[21] Nangis, H. F., XX, p. 575 ; Ch. de la Roncière, Histoire de la marine française, I, p. 323.
[22] Les Normands qui super mare Anglicos depredaverant, et diversis suppliciis occiderant, per perceptum Karoli, fratris regis Francie ; et erat tota classis Normannorum super mare Anglicos insidians, ita quod si forte aliquisab Anglicis ad partes suas in fugam redisset, quod statim judicialiter suspenderetur super furcas, quas idem Karolus fecit undique levare super littus maris in partibus Francie. Stubbs, Chronicles of the reigns of Ed. I and Ed. II, II, p. 101.
[23] Instigante fratre regis Karolo, viro utique nobili et potente, Flores historiarum, p. 86. Hic (Ch. de V.) etiam, quasi rege fratre suo invito, Anglos prosequebatur odio inveterato, insidias etiam et mala quae Anglis fecorat hic pertranseo prolixitatem devitando. Annales Monastici, III, p. 384.
[24] Nangis, H. F., XX, p. 574 ; Mémoriaux, n° 147. — V. sur les incidents qui amenèrent la rupture : Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 132, et, depuis la p. 128, l'histoire des origines de l'alliance anglo-flamande.
[25] Sur la guerre maritime, v. Ch. de la Roncière, Histoire de la marine française, I, p. 345-350. — Nangis, H. F., XX, p. 577 ; Walsingham, I, p. 52 ; Peter Langtof's chronicle, II, p. 267 ; Not. et Extr., XX2, p. 119. Mémoire de Benoît Zacharie sur un projet de descente en Angleterre, E. Boutaric, Not. et Extr., XX2, p. 112.
[26] Ch. de la Roncière, Revue des Questions historiques, octobre 1896, p. 418-419 ; cf. leur commission, Not. et Extr., XX2, p. 119.
[27] Bien que soutenu par Ch. de V., qui le cautionna après sa condamnation, il perdit en Parlement un procès contre G. de Tancarville, chambellan du roi, soutenu par Enguerrand de Marigny. Ce procès a été regardé comme une des causes de l'hostilité de Ch. contre Enguerrand, v. De la Roque, Histoire de la maison d'Harcourt, p. 332-349.
[28] Ch. de la Roncière, o. c., I, p. 346 ; Fr. Michel, Le roman d'Eustache le Moine, p. L.
[29] Sur ce siège : Nangis, H. F., XX, p. 576 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 660-664, G. de Frachet, XXI, p. 12 ; Anonyme, XXI, p. 134 ; Guillaume Guiart, XXII, p. 218-219 ; E. Boutaric, Not. et Extr., XX2, p. 124.
[30] 3 avril 1295, Nangis, H, F., XX, p. 576 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 661 ; G. de Frachet, XXI, p. 13. — Le 30 mars, sous les murs de cette ville, il avait donné au nom du roi 400 l. t. de rente à Jourdain de Lisle, B. N., fr. 20684, p. 237.
[31] H. F., XXII, p. 220.
[32] Nangis, H. F., XX, p. 576 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 661 ; G. de Frachet, XXI, p. 13 ; Annales Monastici, IV, p. 526.
[33] Annales Monastici, IV, p. 526 ; Walsingham, I, p. 51.
[34] G. de Frachet, H. F., XXI, p. 13 ; Nangis, XX, p. 576 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 661 ; Annales Monastici, IV, p. 526. La Chronographia regum Francorum, I, p. 47, raconte un échec des Français devant Blaye, dont les chroniqueurs anglais eux-mêmes ne parlent pas, ce qui donnerait à croire qu'il n'eut pas lieu.
[35] Renan, Hist. Litt., XXVII, p. 274. — Cf. Ch.-V. Langlois, Revue hist., 1889, XL, p. 49-52.
[36] Chronographia regum Francorum, I, p. 47. — M. Funck-Brentano a étudié cette question dans un article du Moyen âge, 1897, p. 289.
[37] Magen et Tholin, Archives d'Agen, p. 161.
[38] Magen et Tholin, o. c., p. 173.
[39] Archives historiques de la Gironde, XXVIII, p. 466.
[40] Bréquigny, VII, p. 405.
[41] B. N., lat. 9069, p. 883-953 et 945-956 ; Jal, Archéologie navale, II, p. 301, 319.
[42] B. N., lat. 17658, f° 21 à 59 ; fr. 32510, f° 36.
[43] B. N., lat. 9591, f° 57 et 58.
[44] B. N., lat. 9069, p. 905.
[45] A. N., J 164 B, n° 58 et 58 bis. D'autre part des saisies furent sans doute opérées, car nous voyons le Trésor débiteur envers Petrus de Luca, pro denariis sibi debitis pro pannis et aliis bonis suis captis apud Huppellam, redditis régi per compoturn domini Karoli, fratris regis, de guerra Vasconie, etc. B. N., lat. 9783, f° 126.
[46] R. D., I, 33-35.
[47] Mémoriaux, p. 176.
[48] Nangis, H. F., XX, p. 576.
[49] Potthast, n° 24093.
[50] 27 avril 1295, B. N., Moreau, 690, f° 163.
[51] 28 mai 1295, Arch. de Barcelone, Reg. d'Aragon, 252, f° 26 v°.
[52] A son cher fils Charles, roi d'Aragon, et aux trois reines de France (Marguerite, Marie et Jeanne), et au comte de Savoie, Reg., c. 248.
[53] 29 juillet 1295, Hist. Lang., X, p. 334-335.
[54] Nangis, H. F., XX, p. 578. Compte de la campagne de Robert d'Artois en Gascogne, Arch. Pas-de-Calais, A 144.
[55] Rymer, I3, p. 147.
[56] Rymer, I3, p. 148.
[57] Rymer, I3 p. 150.
[58] Rymer, I3, p. 151.
[59] Rymer, I3, p. 146.
[60] A. N., J 667, n° 1 et 2 ; Rymer, I3, p. 152 ;
Dumont, o. c., I2, p. 294.
[61] Nangis, H. F., XX, p. 577.
[62] Rymer, I3, p. 157.
[63] Nangis, H. F., XX, p. 578.
[64] Cf. Funck-Brentano, La France sous Philippe le Bel, p. 128-180.
[65] Philippe le Bel apaisa le conflit des rois de Majorque et d'Aragon, A. N., P 13541, n° 841 ; le 1er mars, il renouvela la trêve avec l'Aragon, A. N., J 588, n° 20.
[66] Potthast, n° 24834.
[67] Funck-Brentano, o. c., p.
198-204.
[68] A. N., J 164 A, n° 8.
[69] Gelebert de Tillières, R. D., I, 19.
[70] Pour restitution faitte a la Maison Dieu de Courtrai pour le dommage que l'en leur fist tant comme monseigneur y fut, et pour don fait a la maison et aus pauvres XXXVI l. p.
[71] Despens dehors, don a un escuyer l'arcevesque de Narbonne qui aporta a monseigneur nouvelles que le roi Loys estoit canonizé XXX l. t., et le sot l'on par le commandement monseigneur. Ibidem.
[72] Chronique Artésienne, p. 12.
[73] Notæ Ninovenses, Pertz, XXV, p. 548.
[74] Chronique Artésienne, p. 13 ; G. Guiart, H. F., XXII, p. 226-227.
[75] Chronique Artésienne, p. 13 ; G. Guiart, H. F., XXII, p. 226-227.
[76] Ordonnances, II, p. 480.
[77] Sur ce siège et les expéditions qui n'ont pas été commandées par Ch. de V., v. Chronique Artésienne, p. 12 ; G. Guiart, H. F., XXII, p. 227, et Funck-Brentano, o. c., p. 237 et ss.
[78] Annales Gandenses, p. 7 ; Chronique Artésienne, p. 14 ; G. Guiart, H. F., XXII, p. 227.
[79] Annales Gandenses, p. 7.
[80] Chronique Artésienne, p. 14 ; v. la chanson citée par Fr. Funck-Brentano, o. c., p. 241.
[81] Chronique Artésienne, p. 14 ; G. Guiart, H. F., XXII, p. 229-230.
[82] Funck-Brentano, o. c., p. 250-254.
[83] Funck-Brentano, o. c., p. 243-245 et 254-259.
[84] Tel est du moins le récit sujet à caution de Jean d'Outremeuse, V, p. 513.
[85] Chronique Artésienne, p. 17 ; G. Guiart, H. F., XXII, p. 232.
[86] 7 septembre 1297, Annales Gandenses, p. 7-9 ; Chronique Artésienne, p. 17 ; Nangis, H. F., XX, p. 579.
[87] Funck-Brentano, o. c., p. 245-250 et 259-260. Le 15 août, il annonça son arrivée prochaine, Rymer, I3, p. 180.
[88] Nangis, H. F., XX, p. 379 ; Grandes Chroniques de France, V, p. 122.
[89] Fanginn sira Karl, brooir konings af Franz. Ex annalibus Islandicis, Pertz, XXIX, p. 265.
[90] Mais combien vous ont donné ceulz de Bruges pour votre payne quant si bon traittié leur avez pourchassé ? Se ils vous ont donné moins de cent mille francs mal vous ont sallarié. — Sire, dist-il, ce qu'ils m'en ont moins donné, c'est mon dommage, Flammens par renommée sont fiers, et par doulceur les convient attraire. H. F., XXII, p. 367.
[91] Istore, I, p. 246 ; Funck-Brentano,
o. c., p. 264.
[92] Funck-Brentano, o. c., p.
264-267.
[93] Funck-Brentano, o. c., p.
264-267.
[94] 25 août 1297, Rymer, I3, p. 189.
[95] Archives de Turin, Tractati, liasse 2, n° 5 ; A. N., J 543, n° 13 ; Rymer, I3, p. 190-194 ; De Limburg-Stirum, Codex diplomaticus Flandriæ, I, p. 209-210 ; Funck-Brentano, o. c., p. 267-270.
[96] 28 janvier 1298, Rymer, I3, p. 194-195 ; De Limburg-Stirum, o. c., I, p. 220-222 et 224 ; Funck-Brentano, o. c., p. 270-272 ; on trouve de plus : Arch. de Turin, Tractati, liasse 2, n° 5, un vidimus par Philippe IV de l'acte d'Édouard Ier.
[97] Chronique Artésienne, p. 19 ; Funck-Brentano, o. c., p. 272-276.
[98] Septembre 1297, 2 rédactions : 1° A. N., J 178 n, n° 57 ; Fac-similé de l'École des chartes, n° 337 ; — 2° A. N., P 13341, n° 1. — Sur la pairie à cette époque, v. Funck-Brentano (Mélanges Monod), p. 351-360.
[99] Le duc de Bourgogne continua néanmoins à présider la cour des pairs, Godefroy, Cérémonial français, p. 155.
[100] Giry, Manuel de diplomatique, p. 452, d'après A. N., J 178 B, n° 57.
[101] A. N., J 377 A, n° 2 ; Bonnassieux, Notes sur trois hôtels de Paris possédés par Ch. de V., p. 51.
[102] 3 février 1297, A. N., J 164 D, n° 8 ; J 178 B, n° 54 ; K. 496, n° 2.
[103] Octobre 1297, A. N., J 178 8, n° 55 et 56 ; J 743, n° 7 ; Martène, Thésaurus anecdotorum, I, c. 1277 et c. 1311 ; Rédet, Table des manuscrits de dom Fonteneau, p. 272 et 274.
[104] A. N., J 377 A, n° 3.
[105] Joinville (éd. de Wailly), § 760 à 765.
[106] Baluze, Vitæ paparum Avenionensium, II, c. 28 ; Rousset, Supplément au corps diplomatique, I1, p. 171. Boniface VIII, le 8 août 1297, avait déclaré vouloir remettre l'Aragon en interdit, si Majorque n'était pas restituée, A. N., J 715, n° 30524 ; Lecoy de la Marche, Hist. des relations politiques de la France avec le royaume de Majorque, I, p. 468.
[107] Baluze, Vitæ paparum Avenionensium, II, c. 26 ; Rousset, Supplément au corps diplomatique, I, p. 194.
[108] A. N., J 164 A, n° 10 ; Baluze, Vitæ paparum Avenionensium, II, c. 51 ; Rousset, Supplément au corps diplomatique, I1, p. 175. En conformité avec un accord entre Philippe IV et Jacques de Majorque, A. N., P 13541, n° 841.
[109] A. N., J 164 A, n° 7 ;
Baluze, Vitæ paparum Avenionensium, II, c. 51 ; Rousset, o. c., I1, p. 175.
[110] M. Léon Cadier soutient cette théorie dans son Rapport sur les archives d'Aragon et de Navarre, B. E. C., 1888, p. 60. — Pour faire de Ch. de V. un roi réel il aurait fallu une guerre que Philippe le Bel, entouré d'ennemis, ne pouvait entreprendre.
[111] Actes par lesquels Philippe IV négocia la reconnaissance de son frère comme roi, Léon Cadier, Rapport sur les archives d'Aragon et de Navarre, B. E. C., 1888, p. 73.
[112] A. N., J 164 A, n° 9 J 588, n° 25 ; Arch. de Barcelone, Reg. d'Aragon, 197, f° 28.
[113] A. N., J 588, n° 24.
[114] Muntaner, p. 398-399.
[115] A. N., J 598, n° 11 ; Lecoy de la Marche, o. c., I, p. 471.
[116] Son expédition en Italie, faite d'ailleurs d'assez mauvaise grâce, ne fut d'aucune utilité pour le pape et le roi de Sicile, Muntaner, p. 398-401. Le chroniqueur a d'ailleurs, autant qu'il l'a pu, effacé cette page peu glorieuse de l'histoire de Jacques II.
[117] Rymer, I3, 197-199.
[118] V. Funck-Brentano, o. c., p. 280-304, et le livre de M. Digard.
[119] De Limburg-Stirum, Codex diplomaticus, I, p. 228 ; Funck-Brentano, o. c., p. 294. Le pape manda à l'évêque de Tournai de relever Gui de Dampierre de son excommunication, B. N., lat. 9124, f° 186-7.
[120] Rymer, I3, p. 200. — L'acte de publication de la sentence du 27 juin est daté du 30, v. Funck-Brentano, o. c., p. 294-295 ; Renan, Hist. Litt., XXVII, p. 237.
[121] La bulle de dispense est du 1er juillet 1298, Rymer, I3, p. 203.
[122] 9 novembre 1298, Rymer, I3, p. 204 ; v. Comptes de Robert d'Artois, Arch. Pas-de-Calais, A 144.
[123] A. N., J 632, nos 32 et 35 ; Rymer, I3, p. 206-42 ; Chronographia regum Francorum, I, p. 91.
[124] Hist. Litt., XXIII, p. 449-452 ; Romania, XIV, p. 279-280.
[125] Potthast, n° 24869.
[126] Rymer, I3, p. 216.
[127] D'après Noster2, H. F., XXI, p. 404, Mémoriaux, n° 156. — Comptes de gens d'armes payés par le roi de France pour garder Bordeaux, B. N., lat. 9018, f° 47.
[128] Funck-Brentano, o. c., p. 308.
[129] Funck-Brentano, o. c., p. 320-323.
[130] Funck-Brentano, o. c., p.
312-318.
[131] Jean Desnouelle, H. F., XXI, p. 189 ; Chronographia regum Francorum, I, p. 79 ; Rymkronik, De Smet, IV, p. 789-791 ; Dupuy, Histoire du différend d'entre le pape Boniface VIII et Philippe le Bel, Ire partie, p. 7.
[132] 6 mars 1298, Arch. Nord, Inventaire de Godefroy, n° 4034 et 4142.
[133] Funck-Brentano, o. c., p. 327-332.
[134] Fournier, Le royaume d'Arles, p. 313-317 ; Funck-Brentano, o. c., p. 323-325.
[135] Mémoriaux, n° 69-76 ; Clouet, Histoire de Verdun, III, p. 46 ; Fournier, o. c., p. 313-317 ; Funck-Brentano, o. c., p. 325.
[136] Nangis, H. F., XX, p. 581 ; Clouet, o. c., III, p. 46.
[137] Rigny-le-Haut.
[138] Clouet, o. c., III, p. 46.
[139] Domina Margarita, comitissa Valesii, mater Regis Philippi de Valesio, obiit in festo sancti Sylvestri anno 1299. H. F., XXI, p. 403 (Mémoriaux, n° 156).
[140] 3 novembre 1299, De Limburg-Stirum, o. c., I, p. 273-274 ; Annales Gandenses, p. 11. Le 3 octobre, il avait publié le traité du 31 août 1294, qui contenait les promesses d'alliance que l'Angleterre avait si complètement oubliées, Funck-Brentano, o. c., p. 327.
[141] Le 30 décembre, il fut chargé par le roi de mettre B. de Haveskerque en possession du don qui lui avait été fait, De Coussemaker, Documents historiques sur la Flandre maritime, 3e fascicule, p. 89 ; ce qu'il fit le 5 janvier, ibidem.
[142] Annales Gandenses, p. 11, qui nous disent qu'il avait 1.500 cavaliers et beaucoup d'arbalétriers ; Charles de Valois avait de plus une flotte sous ses ordres, Ch. de la Roncière, Histoire de la marine française, I, 366.
[143] 18 septembre 1299, pro negociis Flandrie faciendis 12.000 l. t., B. N., lat. 9783, f° 95 r° ; 4 novembre 1299, 1.000 l. p., f° 100 vo ; 11 novembre 1299, 14.750 l. p., f° 102 ; 23 décembre 1299, 6.000 l. t., f° 109 v° ; 30 décembre 1299, 2.000 l. t., f° 2 v° ; 20 février 1300, Dominus Karolus frater regis pro equis emendis in nundinis Barri pro guerra Flandrie, per litteras regis de II M, l. t. computatis per Johannem Kesnel, clericum suum, super regem, f° 10 r°. D'autre part cette expédition occasionna de nombreux comptes, B. N., lat. 9069, p. 978.
[144] R. D., XXXI. Nous avons communiqué ce document à M. Funck-Brentano qui l'a édité : De Commentibus, etc., p. 51-52.
[145] B. N., lat. 9783, f° 14 r°, 15 v°, 19 v°, 31 v°, 39 r°, 42 r°, 49 r°, 49 v°, 99 v°, 101 r°, 101 v°, etc. Nous avons relevé plus de cent mentions de ce genre, mais nous signalons spécialement au f° 102 v° les chevaliers de l'entourage de Ch. de V.
[146] A. N., J 543, n° 17.
[147] Chronographia regum Francorum, I, p. 84-87, et A. N., J 543, n° 17.
[148] Chronographia, I, p. 84-85 ; Chronique Artésienne, p. 31 ; Funck-Brentano, o. c., p. 333-334. La trêve expirait le 6 janvier, c'est donc à tort que Robert de Béthune accusa Ch. de V. auprès du pape d'avoir pris Douai en pleine paix, Arch. Nord, B 436 ; B. N., lat. 9124, f° 194.
[149] Chronographia, I, p. 84.
[150] 7 janvier 1300, Acte de Ch. de V., orig. scellé : Arch. de Douai, AA 12 ; vidimus par Philippe IV, A. N., JJ 38, f° 1 ; Arch. de Douai, AA 84, f° 6 ; Ordonnances, IV, p. 78 et XII, p. 337 ; Brassart, Souvenirs de la Flandre Wallonne, XIV, p. 181-182.
[151] Arch. Nord, 3e Cartulaire de Flandre, n° 227.
[152] Funck-Brentano, o. c., p.
334, note 5.
[153] Nangis, H. F., XX, p. 581 ; G. de Frachet, XXI, p. 18 ; G. Guiart, XXII, p. 233.
[154] Funck-Brentano, o. c., p. 334.
[155] Banlieue de Bruges.
[156] G. Guiart, H. F., XXII, p. 233-234 ; J. Meyer, Annales, f° 87 v°.
[157] Chronique Artésienne, p. 32 ; Annales Gandenses, p. 11.
[158] Funck-Brentano, o. c., p. 335-336.
[159] De Coussemaker, Documents historiques sur la Flandre maritime, 3e fascicule, p. 94.
[160] A. N., JJ 38, f° 46 ; Mme de Lalaing, Maldeghem la loyale, p. 402 ; De Potter et Brœckaert, Geschiedniss... Oost-Vlanderen, VIII, p. 69.
[161] A. N., J 424, n° 15.
[162] 1° A. N., J 1020, n° 15 et 16 ; — 2° De Coussemaker, o. c., p. 83.
[163] Kervyn de Lettenhove, Etudes sur l'histoire du XIIIe siècle, p. 12 ; De Limburg-Stirum, o. c., p. 296-297 ; Funck-Brentano, o. c., p. 335-336.
[164] Chronique Artésienne, p. 33.
[165] Chronique Artésienne, p. 33.
[166] Funck-Brentano, o. c., p. 339.
[167] G. Guiart, H. F., XXII, p.
234-235.
[168] Funck-Brentano, o. c., p.
340, note 3.
[169] Chronographia regum
Francorum, I, p. 85-86.
[170] Lettre de Gui de Namur, du 3 mai 1300, Kervyn de Lettenhove, Études, p. 72 ; De Limburg-Stirum, o. c., I, p. 298-299.
[171] Chronographia, I, p. 84.
[172] Chronique Artésienne, p. 33.
[173] Nangis, H. F., XX, p. 582, dit par aucunes convenances interjetées, mais c'est très vague et cela cadre bien avec les conventions conclues en effet ; voir aussi Grandes Chroniques de France, V, p. 29 ; Anonyme, H. F., XXI, p. 135 ; G. Guiart, XXII, p. 239 ; Chronique Artésienne, p. 33.
[174] J. d'Outremeuse, VI, p. 519-521 ; Istore, I, p. 221-223.
[175] Funck-Brentano, o. c., p. 343-344.
[176] Liste de ces chevaliers : De Limburg-Stirum, o. c., I, p. 303-305. Sur la reddition, v. Annales Gandenses, p. 12 ; Chronique Artésienne, p. 33 ; Anonyme, H. F., XXI, p. 135 ; G. Guiart, XXII, p. 235.
[177] Acte de Ch. de V., Arch. de Gand, charte n° 229 ; éditions : Ordonnances, XII, p. 340 ; De Limburg-Stirum, o. c., I, p. 294-296 ; B. E. C., 1896, p. 401-402.
[178] De là aussi, sans doute, vient la bienveillance qu'ont pour lui les chroniqueurs flamands, comme nous l'avons déjà remarqué à propos de la conversation de Bruges en 1297, qui est la traduction en paroles, de la politique que Ch. de V. réalisa par ses actes.
[179] Avis des notables de Gand sur les otages remis à Ch. de V., Bulletin de la commission royale d'histoire de Belgique, 2e série, III, p. 25.
[180] Funck-Brentano, o. c.. P. 348-349 : Ordonnances, XII, p. 340.
[181] De Limburg-Stirum, o. c., I,
p. 293-294.
[182] 11 mai 1300, lettres de la ville d'Audenarde. A. N., J 544, n° 2.
[183] 21 mai 1300, lettres de la ville d'Ypres, A. N., J 544, n° 3.
[184] Gilles Li Muisis, De Smet, I, p. 189. Auparavant, le 11 mai, à Gand, Ch. de V. avait établi Gilles de Bailleul pour lever les briefs dans le pays de Waës, Wauters, o. c., VI, p. 698.
[185] Funck-Brentano, o. c., p. 344. Charles était le 24 mai à Fontainebleau, A. N., J 178B, n° 60. — D'après une note du cartulaire de Vaux-de-Cernay (II, p. 6. Paris, 1857, in-4°), il aurait ramené de Flandre Philippe de Morigny, chanoine de Douai et clerc du roi.
[186] Istore, I, p. 223 ; J. d'Outremeuse, V, p. 521.
[187] Funck-Brentano, o. c., p. 345-348.
[188] Funck-Brentano, o. c., p. 351 et ss.
[189] 21 octobre 1300, Rymer, P, p. 3 et 4.
[190] 30 octobre 1300, Rymer, 14, p. 4.
[191] 1er juin 1301, Rymer, 14, p. 11.
[192] A. N., J 401, n° 54 ; Lancelot, Recueil de pièces concernant les pairs de France, pr., p. 109 ; Dupuy, Traité de la majorité de nos rois, p. 147.
[193] A. N., J 401, n° 4.
[194] A. N., J 401, n° 5 ; Lancelot, Recueil de pièces concernant les pairs de France, pr., p. 109 ; Dupuy, Traité de la majorité de nos rois, p. 147.
[195] A. N., J 519, n° 9 bis.