CHARLES DE VALOIS (1270-1325)

LIVRE PREMIER. — LA VIE POLITIQUE DE CHARLES DE VALOIS

 

CHAPITRE PREMIER. — LA JEUNESSE DE CHARLES DE VALOIS. - LA ROYAUTÉ D'ARAGON.

(1270-1295)

 

 

I

Charles de Valois naquit, nous ne savons où, entre le 27 mars et le 12 avril 1270. En effet, d'après la chronique ad cyclos Paschales[1] Charles naquit en Carême, donc au plus tard le 12 avril, veille de Pâques ; d'autre part, Charles dut naître après le 27 mars, car à cette date, en 1284, il fut investi de l'Aragon à charge de prêter l'hommage quand il aurait l'âge convenable, ce qui devait arriver avant un mois[2]. Nous supposons avec toute vraisemblance que cet âge attendu était quinze ans, et que Charles avait dû naître dans les premiers jours d'avril, et non à la Mi-Carême comme l'ont affirmé plusieurs auteurs[3]. Il était le troisième fils de Philippe le Hardi et de sa première femme Isabelle d'Aragon : leur fils aîné, Louis, mourut en 1276[4] et le second fut Philippe le Bel. Charles était né après le départ des croisés pour l'Afrique : suivit-il sa mère à travers toute l'Italie ? C'est peu probable ; les documents toutefois ne nous apprennent rien à ce sujet. C'est pendant le lent et pénible retour des croisés que la mort de sa mère vint encore ajouter un nouveau deuil à ceux qui accablaient la famille royale : le 11 janvier 1271, Isabelle, alors enceinte, tomba de cheval en traversant un ruisseau débordé, près de Cosenza : elle mit au monde un enfant mort, et mourut elle-même le 28 janvier.

Les détails manquent sur l'enfance de Charles de Valois, ce qui n'a rien d'étonnant. Le testament[5] de sa mère est perdu : nous savons seulement qu'il contenait des legs aux nourrices[6] de ses enfants. Nous trouvons dans les comptes de l'argenterie pour 1280 et 1282, deux mentions de dépenses pour les enfants du Louvre[7] qu'il faut sans doute rapporter aux fils de Philippe III, qui y étaient élevés. C'est là aussi que le dominicain Symon de Troyes ou du Val prêcha à plusieurs reprises devant Charles et ses frères[8] : tels sont les détails connus qui se réfèrent à cette époque. Le mariage de Philippe III avec Marie de Brabant (1274), en amenant en France une jeune reine, dut nuire aux enfants du premier lit : les amis de Pierre de la Broce accusèrent même la reine d'avoir empoisonné le prince Louis[9]. Toutefois, cette situation eut sans doute, pour Charles, 1 avantage de fortifier l'affection que lui portait son frère : devenu roi, Philippe le Bel mit toujours le fils d'Isabelle d'Aragon bien au-dessus des enfants de Marie de Brabant, que d ailleurs il ne persécuta jamais.

La vie politique de Charles de Valois commença avec son règne nominal en Aragon. Les débuts de cette entreprise dont il n'eut ni l'initiative, ni la conduite, se rattachent beaucoup plus à l'histoire de Charles d'Anjou qu'à celle de Charles de Valois ; nous en parlerons donc d'autant plus sommairement que la question a été traitée d'une manière très complète par M. Ch.-V. Langlois et plus récemment par MM. Lecoy de la Marche[10] et Baudon de Mony[11]. Il serait donc inutile d'insister sur les détails de cette guerre, née des progrès mêmes de la dynastie capétienne. Cette dynastie, non contente de constituer en France une unité nationale assez forte pour menacer les États voisins, établissait ses cadets sur tous les trônes vacants dont le Saint-Siège pouvait disposer en leur faveur. C'est cette expansion qui explique les paroles mises par Dante dans la bouche d'Hugues Capet : Je fus la racine de la mauvaise plante qui couvre toute la Chrétienté de son ombre. De mauvaise plante, mauvais fruit... Les traditions de sa famille poussèrent Charles de Valois, cet autre cadet capétien en quête de royaume, dans la voie des aventures où Charles d'Anjou avait trouvé une couronne, et où Louis d'Anjou et les Valois se laissèrent entraîner après lui[12].

La guerre naquit des Vêpres Siciliennes, au moment où Charles d'Anjou allait tenter en Orient la conquête de cette couronne impériale, autre mirage qui séduira aussi Charles de Valois. Les Siciliens, à l'instigation de Pierre, roi d'Aragon, massacrèrent les Français établis dans leur île, et appelèrent les Aragonais. La France, qui, dès le commencement de l'année 1282, avait demandé à Pierre des explications sur ses armements[13], se trouva amenée à une guerre inutile et sanglante pour soutenir le roi de Sicile. Celui-ci, après avoir entraîné Saint Louis sous les murs de Tunis, allait pousser Philippe III sous ceux de Girone. Charles d'Anjou, pris au dépourvu et battu, laissa la régence à son fils Charles, prince de Salerne, et vint demander au pape et à son neveu, le roi de France, un appui contre son ennemi. En mars 1283, le pape Martin IV, Français d'origine, excommunia Pierre et lui enleva l'Aragon jusqu'à soumission complète[14] et le 1er septembre, il annula la donation faite par le roi à son fils Alphonse de tous ses États[15] ; il s'opposa en même temps au duel projeté entre les rois d'Aragon et de Sicile[16]. Ce duel n'eut pas lieu : Pierre vint secrètement à Bordeaux et partit de même sans avoir accepté un duel qui l'aurait livré à la merci de son adversaire ; le roi d'Angleterre, ayant en effet refusé de servir d'arbitre[17], le roi d'Aragon n'avait d'autre garantie que la bonne foi de son adversaire, sur laquelle il ne pouvait compter après les procédés dont il avait lui-même usé. Les deux partis hâtèrent leurs armements et la France se prononça pour Charles d 'Anjou ; quant au pape, on lui demanda, suivant l'usage, de fournir les moyens de recruter une armée : décimes imposées au clergé en faveur du roi, indulgences pour les croisés, enfin autorisation de satisfaire au vœu d'aller en Terre-Sainte en suivant le roi.

Tel était l'état de la question quand arriva à la cour de France, le 11 juillet 1283, le cardinal Jean Cholet[18] qui allait se dévouer entièrement à cette entreprise. Le 26 août, il reçut la bulle qui l'autorisait à disposer de la couronne d'Aragon[19] en faveur du second fils du roi de France, Charles de Valois. Il devait être stipulé, d'après cette bulle[20], que la couronne serait héréditaire de mâle en mâle dans la descendance de ce prince ; qu'à défaut de fils la fille aînée hériterait, mais à condition d'épouser un prince chrétien et dévoué au pape, sous peine de confiscation des états en faveur du Saint-Siège jusqu'à soumission complète ; à défaut de Charles de Valois, le cardinal pouvait choisir un autre fils du roi ou tout autre prince, à condition que celui-ci ne fût jamais en même temps roi de France, d'Angleterre, de Castille ou de Léon. Le cens annuel dû à l'église de Rome était fixé à 500 livres de petits tournois : en cas de non-payement pendant plus d'un an, le royaume serait mis en interdit. Le nouveau roi d'Aragon devait recevoir la couronne à Saragosse, ratifier les coutumes d'Aragon non contraires aux canons, et prêter ainsi que ses fils arrivés à l'âge d'homme, un serment dont la formule lui était donnée tout entière[21].

Au mois de novembre 1283, Philippe III réunit à Bourges[22] une assemblée de prélats et de barons, pour examiner ces conditions qui finalement furent jugées peu satisfaisantes et auxquelles on proposa des modifications[23]. Le roi demanda : la décime pour quatre ans sur les diocèses de son royaume et de l'ancien royaume d'Arles, le droit de faire prêcher au nom du pape et des indulgences comme pour une croisade, même s'il refusait le don de la couronne pour son fils et se contentait de soutenir le candidat du Pape, la suppression de la clause qui imposait à Charles de n'approuver parmi les coutumes d'Aragon que celles qui étaient conformes aux canons, une procédure canonique contre les Aragonais, et pour le cardinal Cholet le titre de légat et des pouvoirs plus étendus. Le Pape reprocha sévèrement au roi ce manque de confiance et ces retards ; toutefois, le 10 janvier 1284[24], il accorda la décime sur les diocèses d'Embrun et de Tarentaise au lieu de ceux de Cambrai, Aix et Arles, avec l'autorisation de les engager à des banquiers d'Avignon et le droit pour le roi de ne pas s'obliger par des lettres patentes. Il spécifia que les coutumes contraires aux canons étaient celles qu'on ne pouvait observer sans péché mortel. Mais le roi dut pour obtenir les décimes s'engager à accepter la couronne pour son fils, et dans ce cas le pape devait juger Pierre sans délai.

C'est à Paris que se tint, le 20 février 1284[25], l'assemblée qui allait, au prix d une guerre fatale pour la France, poser sur le front de Charles de Valois la première de ces couronnes imaginaires qu'il poursuivit pendant la plus grande partie de sa vie. La guerre rencontrait bien peu d'adversaires : ce fut en vain qu'Édouard Ier, dont la fille devait épouser Alphonse d'Aragon[26], agît près de Mathieu de Vendôme[27] pour le prier de défendre la cause de la paix à laquelle il le savait favorable, ce fut en vain que se multiplièrent les plus sinistres présages[28], l'assemblée décida la guerre. Le roi vint avec ses deux fils et une cour brillante recevoir l'avis des grands de son royaume, approuva leur décision favorable, et déclara que le lendemain il désignerait le roi d'Aragon[29]. La décision faisait si peu de doute, que, dès le 1er mars, le pape adressait une bulle[30] carissimo in Christo in filio, Karolo, regi Aragonum illustri ; mais ce ne fut que le 27 mars que le cardinal et Me Gilles du Chatelet, notaire apostolique, vinrent trouver le roi et lurent devant lui et ses deux fils aînés la bulle du 10 janvier et sa traduction : le roi et Charles de Valois en acceptèrent les conditions. Charles devait prêter serment de foi et hommage quelques jours après, quand il aurait l'âge convenable, c'est-à-dire quinze ans[31]. Il ne restait plus qu'à préparer la guerre, le roi s'y employa activement pour la commencer au printemps suivant[32], secondé par le zèle du cardinal nommé légat le 5 mai[33]. Mais Charles de Valois n'a pas joué un rôle suffisant pour nous autoriser à refaire, après d'autres, l'étude de ces faits, aussi les raconterons-nous très brièvement.

Si l'intervention d'Édouard Ier avait été vaine, de même que les réclamations de Pierre près du Saint-Siège, l'expédition d'Aragon rencontrait un autre adversaire que les événements allaient bientôt rendre tout-puissant : le jeune Philippe le Bel. Dès le mois de novembre 1283, le roi d'Aragon lui demandait d'obtenir un sauf-conduit pour ses ambassadeurs, et de lui donner des nouvelles de son très cher neveu Charles[34]. C'est qu'en effet Philippe et Charles étaient les fils de la sœur du roi d'Aragon, et Philippe se montra dès le début très attaché à la famille de sa mère. Muntaner, qui d'ailleurs se trompe en faisant aller Charles à Rome pour recevoir l'investiture, abonde dans ce sens, et prête même aux deux frères un dialogue si vif, que le roi aurait dû les séparer[35]. Si nous rappelons des paroles qui ne sont nullement authentiques, c'est parce qu'elles sont vraisemblables ; en effet D'Esclot rapporte des paroles échangées entre Philippe et le cardinal sur le même ton[36], et les chroniqueurs aragonais sont trop hostiles à la maison de France pour avoir vu sans raison en Philippe un de leurs partisans ; d'autre part la conduite de Philippe le Bel devenu roi fut toujours très bienveillante pour ses cousins d'Aragon.

Cette conversation permet aussi au chroniqueur de placer dans une bouche autorisée quelques-unes des dérisions que les nombreux ennemis de Charles de Valois lui jetteront sans cesse à la face, et auxquelles sa situation de roi honoraire et de candidat malheureux à toutes les couronnes vacantes ne prêta que trop. Mais si nous cherchons quel rôle Charles a pu jouer, nous ne trouvons rien de précis : s'il recevait communication des bulles du pape qui lui étaient notifiées avec son nouveau titre[37], il ne faisait guère que prêter son nom à cette entreprise qu'il ne pouvait diriger. Si, comme le dit D'Esclot Charles partagea toute la terre de Catalogne entre ses barons et chevaliers, en paroles, et mit son sénéchal en la terre[38], il ne faisait que se livrer aux sentiments que le même chroniqueur reproche aux chefs des croisés qui : avaient grande joie comme s'ils la tenaient déjà comme entre leurs mains, sans songer qu'on ne pouvait que l'espérer[39]. Charles, si jeune encore, pouvait, plus que tout autre, être plein d'espoir à cette date, et voir s'ouvrir devant lui une destinée semblable à celle de son oncle Charles d'Anjou.

Pendant que de part et d'autre les préparatifs étaient poussés avec vigueur, l'amiral Roger de Loria capturait près de Naples le fils aîné de Charles d'Anjou[40], le futur Charles II, qui allait bientôt devenir roi[41]. Charles de Valois avait été fait chevalier le 15 août 1284[42] ; c'était le prélude nécessaire de cette royauté qu'il fallait conquérir les armes à la main ; son frère Philippe le Bel, armé chevalier le même jour, devenait roi en même temps en épousant l'héritière de la Navarre. Philippe III prit l'étendard à Saint-Denis le 4 mars[43], avec un zèle que n'avaient ralenti ni la mort de Charles d'Anjou, ni celle de Martin IV, initiateurs de cette entreprise où lui-même allait succomber. En Roussillon, il fut accueilli avec empressement par Jacques 1er, roi de Majorque, frère de Pierre, mais spolié par celui-ci[44], et auquel le pape avait ordonné d'aider les Français[45].

Au mois d'avril, un nouveau pape, Honorius IV, fut élu, et renouvela tous les privilèges de Philippe III[46] qui prit et pilla Elne, et arriva le 7 juin devant le col de Pannissars[47], soigneusement gardé, et qu'il ne réussit à tourner que le 10. Enfin le 11 juin, Charles de Valois entra avec le roi son père dans son royaume d'Aragon[48], et ce fut au château de Lers que le cardinal légat couronna Charles quelques jours après, et reçut les serments convenus d'après la bulle d'investiture[49]. Dans la première place conquise en ce royaume, si peu soucieux de recevoir son nouveau roi, le cardinal, ne disposant d'aucune couronne dut se contenter de placer sur la tête de Charles son chapeau, ce qui fit de son protégé le roi du chapeau raillé par Muntaner[50]. — Charles de Valois qui faisait ses premières armes, n'a joué, d'ailleurs, aucun rôle militaire dans cette guerre[51]. On sait qu'elle aboutit à la prise de Girone et à l'occupation de cette ville du 25 juin au 12 octobre[52].

Bientôt, vaincus sur mer[53], éprouvés par le climat, la chaleur et des mouches sans doute charbonneuses, les Français battirent en retraite, escortant leur roi mourant, et harcelés par les pillards aragonais. Les chroniqueurs aragonais insistent sur cette retraite désastreuse[54], et nous représentent le roi mourant conseillant à son fils aîné de faire la paix, de pardonner à son frère, et d'implorer la bienveillance de son oncle d'Aragon. En tout cas, Philippe le Bel correspondait secrètement avec le roi Pierre, car celui-ci lui répondait au mois d'août en s'excusant de ne pouvoir lui envoyer de messager muni des pouvoirs qu'il avait demandés, à cause des dangers d'une telle mission, et il l'assurait encore de sa très sincère affection[55]. Mais l'intervention de Philippe le Bel n'empêcha pas les Almogavares de harceler l'arrière-garde, et de piller les convois français jusqu'à leur arrivée en France[56]. Quelques jours après, Eustache de Beaumarchais, resté dans Girone, dut capituler le 12 octobre. Philippe III était mort le 5, et Pierre III mourut un mois après : la première phase des affaires d'Aragon étant close par ces désastres, il restait à amener la pacification du conflit, ce qui allait demander plus de dix ans de négociations.

 

II

Chacune des parties engagées dans la lutte allait essayer de tirer le meilleur parti possible de sa situation. Le pape et le roi d'Angleterre voulaient la paix, Charles II de Sicile, prisonnier des Aragonais, désirait la liberté, Alphonse d'Aragon ne demandait que la levée des excommunications portées contre lui ; quant à Jacques son frère, roi de l'île de Sicile, tout le monde était assez disposé à le sacrifier, de même que les prétentions de Charles de Valois Celui-ci venait de recevoir en apanage, par le testament de son père, les quatre châtellenies de Crépy, la Ferté-Milon, Pierrefonds et Bethisy[57], avec un revenu assuré de 10.000 l. p. et le titre de comte de Valois. Mais ce domaine, dont il n'eut l'administration qu'en 1291[58], était insuffisant pour lui permettre de faire la guerre tout seul, et Charles restait sous la tutelle de son frère. Il dépendait donc de celui-ci de continuer la guerre, ou de faire la paix : son père, d'après Géraud de Frachet[59], lui avait fait jurer d'aider fidèlement et de tout son pouvoir son frère Charles à acquérir le royaume d'Aragon, tandis que Muntaner[60] rapporte le contraire. Philippe le Bel était certainement bien disposé pour son cousin d'Aragon, et désireux de lui laisser sa couronne ; il savait d'ailleurs combien il serait difficile de la lui enlever, mais il aimait tendrement son frère, né comme lui d'Isabelle d'Aragon : sa politique allait donc être de soutenir, sans toutefois faire la guerre, les revendications de Charles de Valois, non pour en faire un roi d'Aragon, mais pour lui obtenir les plus belles compensations possible, et il y réussira pleinement.

Les apparences toutefois ne changèrent pas dès le début : le pape renouvela[61] contre Alphonse d'Aragon les sentences portées contre son père, manda au légat Cholet, qui restera jusqu'au bout l'âme de la coalition, de contraindre les ecclésiastiques à remettre leurs forteresses voisines des frontières de France à Philippe IV ou à Charles, roi d'Aragon, de suspendre les ecclésiastiques favorables à Alphonse, et enfin accorda des indulgences à tous ceux qui subviendraient rapidement aux frais de la croisade[62]. Cette même année, les Cortès d'Aragon adressèrent au pape une lettre éloquente qui ne produisit aucun résultat[63]. Puis les deux parties se tournèrent vers Édouard Ier que sa neutralité et ses tentatives de pacification indiquaient comme arbitre. Dès le 2 mai 1286, les fils de Charles II et les différents ordres de Provence le prièrent d'intervenir pour la délivrance de leur père et seigneur[64] ; de son côté, Alphonse d'Aragon lui donna plein pouvoir pour signer en son nom une trêve avec la France[65]. Le roi d'Angleterre accepta ces fonctions[66], et pria de plus le roi de Castille d'envoyer ; lui aussi, des ambassadeurs à Bordeaux[67]. De son côté le pape excommunia Jacques d'Aragon, second fils de Pierre, qui gardait la Sicile conquise et léguée par son père[68], accepta les excuses d'Alphonse, dont les envoyés n'avaient pas encore pu arriver à Rome, et leur accorda les délais nécessaires. Honorius IV, toutefois, ne renonça pas au procès en suspens[69], et interdit au roi d'Angleterre de donner en mariage à Alphonse sa fille Éléonore[70], ce dont il ne tint aucun compte. Par son contrat de mariage, Alphonse promit à Édouard Ier de délivrer Charles II moyennant 100.000 marcs d'argent, qu'Édouard devait lui payer au nom du roi de Sicile[71].

La guerre ne cessa pas sur les frontières : la flotte aragonaise, conduite par Roger de Loria, pilla Agde, Sérignan et Aigues-Mortes ; à Agde, tous les habitants âgés de plus de quinze ans et de moins de soixante, furent massacrés[72]. Jacques, roi de Majorque, essaya de reconquérir ses États détenus injustement par son neveu d'Aragon : il fut battu par Alphonse qui s'avança jusqu'au Boulou[73]. Toutefois la trêve du 25 juillet[74], prorogée par Philippe IV jusqu'à la Saint-Michel 1287[75], marqua une tentative pour mettre fin à cette reprise d'hostilités. Le pape ratifia la trêve en novembre[76], et s'excusa auprès du roi d'Angleterre qui avait remis entre ses mains le soin de faire la paix[77], de ne pouvoir y arriver rapidement, à cause de la complication des questions en jeu[78]. Cette complication ne fit que s'accroître, car Alphonse songea à soutenir contre le roi Sanche un des infants de Castille, prisonniers à Xativa[79], et son frère Jacques envahit la partie continentale du royaume de Sicile. D'autre part, bien que Jacques, roi de Majorque, eût adhéré à la trêve[80], Alphonse débarqua à Majorque le 2 décembre 1286, et s'empara de toutes les Baléares qu'il feignit de reconquérir au nom de son oncle sur les Musulmans de ces îles, sujets fidèles du roi Jacques[81]. Peu après, il attaqua Saint-Laurent-de-Cerdans en France[82] : aussitôt Philippe IV déclara la trêve rompue[83], et manda à ses sénéchaux de secourir le roi de Majorque en cas d'invasion du Roussillon par Alphonse[84].

Le roi de Sicile, aidé par Edouard Ier, cherchait à reconquérir sa liberté : malgré les ordres du pape[85], le 25 juillet 1287, un premier traité avait été signé à Oloron, qui fixait la rançon de Charles[86], tandis que le 27 juillet, la trêve avec la France était renouvelée[87]. Sur ces entrefaites, le Saint-Siège devint vacant, et l'était encore quand les délégués d'Aragon et de Sicile vinrent se plaindre, le 25 décembre, de la tyrannie des Français, et disculper leur révolte : ils n'obtinrent qu'une réponse défavorable[88], qui n'a pas lieu de surprendre, car dès son avènement Nicolas IV recevait des envoyés du roi de France, dont nous connaissons la mission par le brouillon de leurs instructions conservé aux Archives nationales[89]. Le roi de France demandait des décimes, des peines spirituelles et temporelles contre les Aragonais rebelles, et, pour le légat, des pouvoirs étendus qu'il pourrait employer en faveur de la croisade. D'autre part, le pape devait refuser des dispenses pour leurs mariages à Alphonse d'Aragon et à Sanche de Castille, et ne pas donner à ce dernier le nom de roi. Nicolas IV fit le meilleur accueil à ces propositions, il accorda des privilèges spirituels demandés par le roi, et se montra énergiquement disposé à continuer l'œuvre de ses prédécesseurs : le 15 mars 1288, il déclara solennellement ne pas pouvoir ratifier le traité d'Oloron, et ordonna à Édouard Ier de faire mettre en liberté sans rançon le roi Charles II[90], et à Alphonse de ne pas aider en Sicile son frère Jacques[91]. Quand Charles II arriva à Rome, le jour de la Pentecôte, il fut reçu solennellement[92], relevé de ses serments faits au roi d'Aragon, et couronné roi de Sicile, ce dont il profita aussitôt pour reprendre la conquête de son royaume envahi[93].

Philippe le Bel ne voulait pas la guerre, bien qu'il eût rompu la trêve dès le 1er janvier[94], et qu'il fût venu à Nîmes : il laissa Jacques de Majorque[95], abandonné à ses propres ressources, échouer de nouveau en essayant de reconquérir son royaume. Toutefois, des préparatifs menaçants avaient été faits pour inquiéter l'Aragon : ils étaient tels, qu'Alphonse prévint ses sujets de Saragosse que, d'après des nouvelles reçues du comté d'Ampurias, Charles de Valois allait envahir la Catalogne[96]. Mais c'était plutôt du côté des négociations que se portait l'activité de Philippe le Bel : le 2 juin 1288, Charles de Valois donnait pouvoir[97] de traiter en son nom avec le roi de Castille, aux ambassadeurs du roi son frère : Pierre de Mornay, archidiacre de Sologne, et Gilles Lambert, prévôt de Liré, tandis que le roi Sanche nommait de son côté ses procureurs[98]. Ces négociations n'empêchèrent pas le roi de France de demander et d'obtenir deux décimes pour la conquête de l'Aragon[99], qu'il feignait de préparer, et de protester auprès d'Édouard Ier contre les envahissements de son gendre Alphonse à Majorque et en Roussillon[100]. De son côté, le roi Charles de Sicile, qui, d'après le traité d'Oloron, devait payer une énorme rançon et obtenir la paix avec la France, ne parvenait à remplir ni l'une ni l'autre de ces conditions : aussi, le 21 octobre 1288, fut-il sommé par Alphonse d'Aragon de revenir en prison[101]. Charles se contenta de renouveler les promesses du traité, et de faire appel à la bienveillance d'Édouard Ier qui travaillait avec beaucoup de zèle à la pacification[102] et parvint à apaiser la querelle sur ce point[103]. Alphonse d'Aragon essaya d'envoyer à Rome des ambassadeurs ; mais, bien que le pape eût demandé pour eux des sauf-conduits à Philippe le Bel et à Charles de Valois[104], ils furent arrêtés à Narbonne, et le pape, aggravant ses exigences, cita Alphonse à comparaître en personne[105], tandis qu'il accordait à Philippe IV et à Charles de Valois des décimes et toutes les autres faveurs qu'ils pouvaient désirer[106].

Enfin, le 13 juillet 1289, un premier traité de paix signé à Lyon, par l'intermédiaire du cardinal Cholet[107], régla le conflit accessoire entre la Castille et la France, à propos des infants de Lacerda. De son côté, dans les premiers jours de septembre, le roi Alphonse fit écrire par l'évêque de Saragosse, et écrivit lui lui-même[108], pour exprimer des intentions pacifiques, qu'il démentit d'ailleurs en entrant en discussion avec le roi Charles II[109], et en poursuivant sa politique envahissante à l'égard du roi de Majorque. Ce dernier voulut même se battre en duel avec son neveu[110], mais Édouard Ier obtint d'Alphonse une enquête sur les torts faits à Majorque[111] et un projet de traité pour les réparer[112].

Le traité conclu peu après à Tarascon marqua une nouvelle phase dans l'histoire des négociations : le pape[113], l'Aragon[114] et l'Angleterre envoyèrent des ambassadeurs, Charles II représenta le roi de France et Charles de Valois qui se tinrent en dehors des négociations. Par ce traité, conclu seulement entre l'Aragon et Charles II[115], ce dernier promit de payer la rançon promise par Édouard Ier, et d'obtenir la renonciation de Charles de Valois ; mais en échange il obtint le droit de reconquérir la Sicile. Restait à obtenir la renonciation de Charles de Valois ; comme le roi de France se montrait tout dévoué à son frère, il fallut la lui payer, et au plus haut prix ; aussi Charles de Valois n'eut-il pas à regretter l abandon de sa royauté nominale car il devint un des plus riches seigneurs français.

Dès le 28 décembre 1289[116], Charles II avait offert en mariage à Charles de Valois sa fille Marguerite à laquelle il donnait en dot les comtés d'Anjou et du Maine, en échange de la renonciation aux royaumes d'Aragon et de Valence et au comté de Barcelone. Charles de Valois lâchait, dans ces conditions, l'ombre pour la proie, et ne pouvait pas, quoiqu'on en ait dit, être opposé à un semblable projet[117]. Aussi, tout marcha-t-il à souhait : le pape envoya les bulles de dispense dès le 24 mars 1290[118], le mariage fut célébré à Corbeil le 16 août suivant[119], et le contrat promulgué solennellement à Senlis, le 18, par le roi de Sicile[120]. Les clauses étaient celles-ci : si Charles renonçait à l'Aragon et épousait Marguerite, l'Anjou et le Maine lui appartiendraient, ainsi qu'à sa postérité légitime, même née d une autre épouse, comme s'il avait eu ces comtés de ses propres parents ; si Charles mourait sans enfants, avant Marguerite, celle-ci en garderait l'usufruit, et les comtés reviendraient à sa mort à la couronne de France, même si elle avait des enfants d'un autre mariage. Si Charles de Valois ne renonçait pas à l'Aragon, il n'y aurait de changé que le retour de ces comtés à la couronne de Sicile, en cas de mort sans enfants de Charles et de Marguerite ; enfin le roi de Sicile, qui se réservait l'aide pour le rachat de sa liberté, devait s'occuper de décharger les deux comtés, sur le produit de cette aide, des douaires de sa mère et de sa femme.

Ces conditions étaient magnifiques pour Charles de Valois, et pour la maison capétienne en général. Pour faciliter la conclusion de ce traité, Philippe donna Avignon au roi de Sicile[121] à titre d'indemnité pour le lourd sacrifice auquel il avait dû consentir.

Mais il ne faudrait pas croire que pour autant Charles ait renoncé tout de suite à l'Aragon ; le roi de Sicile n'avait pas obtenu son désistement, comme le montrent les stipulations du contrat[122] qui prévoient la possibilité du contraire dans le cas où les difficultés au sujet de Majorque et de la Sicile resteraient pendantes. Charles de Valois, tout en entrant immédiatement en possession des comtés d'Anjou et du Maine[123], garda son titre de roi d'Aragon, et, départ et d'autre on feignit de s'armer. Quant à Charles, il était sûr désormais de retirer un beau profit de l'affaire ; il avait, comme on dit, retiré son épingle du jeu. Une entrevue d'Alphonse et de Charles II n'aboutit à aucun résultat, car le roi d'Aragon, après s'être soumis au jugement du pape, se dédit[124]. Mais sa mort, arrivée en 1291, amena une détente[125] : Jacques, son frère, quitta de suite la Sicile qu'il laissait à Frédéric, troisième fils de Pierre d'Aragon, et vint se faire couronner roi, en s'engageant solennellement à ne pas séparer Majorque de la couronne[126]. Le pape se montra assez bien disposé pour la paix : il accorda des décimes[127], mais il conseilla à Philippe IV de ne pas profiter du changement de règne pour recommencer la guerre[128], et demanda à Charles, encore qualifié roi d'Aragon, un sauf-conduit pour les envoyés de Jacques d'Aragon[129].

Toutefois, Charles sembla, en cette année 1292, vouloir entrer en possession de son royaume, ou du moins, par des tentatives activement poussées, inquiéter le roi d'Aragon, et l'amener à rendre Majorque et la Sicile. Le 15 janvier, Pierre Cornelli et ses fils se déclarèrent vassaux de Philippe IV, et promirent de servir Monseigneur Charles, frère dudit Philippe, jusqu'à la Saint-Michel, sans solde, en Aragon, Navarre et Catalogne, contre Jacques, roi d'Aragon, à la réquisition du roi et du gouverneur de Navarre[130] ; le 2 novembre, le reste de la famille, en échange d'un prêt de 2.000 l. fait par le roi de France, ratifia ces conventions, et prit les mêmes engagements[131]. Le 13 octobre, Charles, en s'intitulant toujours roi d'Aragon, donna pouvoir à Eustache de Conflans, gouverneur de Navarre, et à J. de Burlas, de recevoir en son nom les hommages de ses sujets d'Aragon, d'occuper les places qui se rendraient, d'accorder le pardon des torts faits tant à son père qu'à lui-même et de confirmer les privilèges et usages[132] : tout cela ne fut sans doute qu'une manifestation peu sérieuse.

Cette même année mourut le cardinal Cholet[133] qui avait été si dévoué à la croisade ; il léguait 9.000 l., mises en dépôt au Temple[134], destinées à l'œuvre de la conquête de l'Aragon et de la Terre-Sainte. La croisade aragonaise n'en bénéficia pas, car les relations prirent une tournure plus favorable à la paix : le 3 mai 1293, Charles promit de renoncer à ses droits sur l'Aragon[135], d'abandonner ses conquêtes et ses prisonniers si la Sicile était restituée à son beau-père, et si la paix sortait de l'entrevue décidée pour la Madeleine suivante entre Charles II et Jacques d'Aragon. L'année suivante, Célestin V, dans son court pontificat, approuva les conditions de la paix entre l'Aragon et la Sicile, les notifia à Philippe IV en l'exhortant à la sceller, et pria Jacques d'Aragon de venir à Isola pour en conférer avec lui[136]. La lutte qui éclata alors entre la France et l'Angleterre fit d'Édouard Ier, jusqu'ici neutre, un ennemi. Coalisé avec les ennemis aragonais et flamands, et avec le roi d'Allemagne, Adolphe de Nassau[137], il attira l'attention de Philippe le Bel et de Charles de Valois d'un autre côté, et cela les disposa aux concessions pour apaiser l'Aragon.

Boniface VIII, qui venait d'être élu pape, travailla pour la paix ; en février 1295, il annonça son élection à Charles de Valois[138] ; et, pour le bien disposer, lui accorda de nombreuses faveurs spirituelles[139], et prescrivit, le 13 février, à Simon, cardinal de Préneste, de lui faire remettre le legs de Jean Cholet, que Charles voulait obtenir sans remplir les intentions du cardinal[140]. En même temps, Boniface VIII exhortait Frédéric III à abandonner la Sicile au Saint-Siège[141] et obtenait de Jacques d'Aragon la nomination de procureurs munis de pleins pouvoirs pour traiter[142]. Jacques, d'ailleurs, désirait la paix plus que ses prédécesseurs : tout en se proclamant l'allié du roi d'Angleterre, il refusa à son sénéchal l'autorisation de recruter des troupes en Aragon contre Philippe le Bel avec lequel il avait une trêve[143]. Cette politique sage eut d'heureux résultats : le 20 juin 1295, Boniface VIII put notifier la renonciation définitive de Charles de Valois à la couronne d'Aragon[144]. Seul le roi de Majorque, plus faible, n'obtint pas la restitution de ses États[145] et dut se contenter de promesses qui ne se réalisèrent qu'en 1299[146]. Nous verrons cette affaire attirer à plusieurs reprises l'attention de Charles, de même que l'interminable querelle qui restait pendante entre la France et l'Aragon au sujet du Val d'Aran[147].

Ainsi se termina la royauté de Charles de Valois : s'il en rapporta quelques surnoms, et devint l'objet de railleries qui trouvèrent un écho jusqu'en 1334 à la cour de son fils[148], cette première grande affaire eut des résultats plus pratiques trop jeune pour l'avoir engagée, il sut en tirer le meilleur parti possible, en acquérant deux comtés riches et d'un seul tenant, dont personne ne pouvait lui disputer la possession. Si Philippe le Bel n'avait pas fait la guerre pour le soutenir, il ne l'avait pas abandonné ; il avait cédé Avignon pour faciliter les négociations et avait ajouté, en 1293, les comtés de Chartres et d'Alençon aux domaines déjà importants de son frère. Le roi de Sicile payait seul les frais de la guerre : la Sicile n'était pas soumise, elle ne devait pas l'être malgré les appuis que le pape lui procura, malgré l'intervention de Charles de Valois lui-même, et il avait perdu ses belles possessions angevines. Muntaner lui-même le reconnaît[149], aussi n'est-il pas de l'avis des chroniqueurs italiens qui appellent Charles : Charles Sans Terre, Carlo senza Terra[150].

 

 

 



[1] Eodem anno in quadragesima natus est Carolus, filius Philippi regis de prima uxore. Chronique brève de Saint-Denis ad cyclos paschales, H. F., XXIII, p. 145 ; B. E. C., 1879, p. 293.

[2] Ch.-V. Langlois, Le règne de Philippe III le Hardi, p. 151.

[3] L'Art de vérifier les dates, II, p. 709 ; Célestin Port, Dictionnaire de Maine-et-Loire, I, p. 627.

[4] Nantis, H. F., XXI, p. 651. Sa chronique abrégée (B. E. C., 1890, p. 636) place avant Charles un fils nommé Robert.

[5] A. N., J 403, n° 9 et 10 (analyse de Dupuy).

[6] M. d'Avenel cite les gages d'une d'entre elles, Revue des Deux Mondes, octobre 1896, p. 608.

[7] 1280 : Expensa pro XXIIII scutellis traditis domino J. Deulardi pro pueris de Lupara, XXXVI marchas, X stellingos ; 1282 : pro cremento unius poti ad lac ad opus puerorum de Lupara, II marchas, II stellingos et pro VII platellis ad opus eorumdem vii marchas. B. N., lat. 17010, n° 17.

[8] Lecoy de la Marche, La chaire française au moyen âge, p. 213-4.

[9] Ch.-V. Langlois, Le règne de Philippe III le Hardi, p. 22 et ss.

[10] Relations politiques de la France avec le royaume de Majorque.

[11] Histoire des relations politiques des comtes de Foix avec la Catalogne. Il faut citer aussi : Amari, La guerra del vespro Siciliano ; A. de Bofarull, Storia critica da Catalona, Barcelone, 1877-89, 9 vol. in-8° ; Buchon, dans ses Chroniques étrangères relatives aux expéditions françaises pendant le XIIIe s., a édité les chroniques de D'Esclot et de Muntaner, qui sont les principales sur ce sujet ; c'est à son édition que nous renvoyons, quand nous ne mentionnons pas que nous citons l'édition de Lanz.

[12] Par exemple lors du projet de constitution du royaume d'Adria, Durrieu, Revue hist., 1880, II, p. 43 ; Noël Valois, La France et le grand schisme, I, p. 167, 180, 187.

[13] Ch.-V. Langlois, o. c., p. 138-9.

[14] Rayn., XIV, 1283, § 15 ; Muntaner, chap. 88.

[15] A. N., J 714, n° 3053.

[16] Potthast, n° 21981 ; Rymer, I2, p. 219.

[17] Rymer, I2, p. 218.

[18] V. sa biographie dans l'Hist. Litt., XX, p. 123 et ss.

[19] Nangis, H. F., XX, 520-521, 340-568 ; Guillaume Guiart, XXII, p.212 ; Gesta Comitum Barcinonensium (Marca Hispanica), c. 365.

[20] Rayn., XIV, p. 344.

[21] Rymer, I2, p. 225.

[22] Il séjourna à Bourges du 10 au 14 novembre d'après les tablettes de cire de P. de Condé. Sur celte assemblée : Anonyme de Saint-Martial, H. F., XXI, p. 804, et Ch.-V. Langlois, o. c., p. 448 (Lettre de Maurice de Craon à Édouard Ier).

[23] A. N., J 714, n° 305.

[24] Potthast, n° 22092.

[25] Nangis, H. F., XX, p. 520, 540, 568 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 651 ; Guillaume Guiart, XXII, p. 212 ; Gesta Comitum Barcinonensiam (Marca Hispanica), c. 563 ; Ch.-V. Langlois, o. c., p. 150-151.

[26] Pierre prie Édouard Ier de hâter ce mariage, 6 février, Arch. de Barcelone, Reg. d'Aragon, 57, f° 122.

[27] Rymer, I2, 227-228 : et sa réponse. Ch.-V. Langlois, o. c., p. 447.

[28] Nangis, H. F., XX, p. 521 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 507 ; Anonyme, XXI, p. 98.

[29] Nangis, H. F., XX, p. 524 ; procès-verbal adressé par J. Cholet au pape, Rymer, I2, p. 229 ; Rayn., XIV, p. 357 ; Ch.-V. Langlois, o. c., p. 150.

[30] Rymer, I2, p. 229-230.

[31] Ch.-V. Langlois, o. c., p. 151.

[32] Ch.-V. Langlois, o. c., p. 152 et ss.

[33] Potthast, n° 22130.

[34] Carini, Gli archivi, etc., p. 51. Vobis etiam si placet per vestram littcram rescribentes statum et sanitatem vestram et dilectissimi nepotis nostri Karoli, fratris vestri, gaudebimus etiam in immensum utpote de illis quos diligimus pre ceteris in hoc mundo. Arch. de Barcelone, Reg. d'Aragon, 47, f° 121 v°.

[35] P. 311, et éd, Lanz, p. 183.

[36] D'Esclot, p. 680-682.

[37] A. N., L 271, n° 20 ; Potthast, n° 22131 et 22132.

[38] E Carlot parti tota la terra de Catalunya de paraula a sos barons e a sos cavaliers, e posa son senescal en la terra, p. 708.

[39] E Carlot parti tota la terra de Catalunya de paraula a sos barons e a sos cavaliers, e posa son senescal en la terra, p. 708.

[40] Muntaner, p. 323-6.

[41] Ch. de Saint-Denis ad cyclos paschales, H. F., XXIII, 145 ; B. E. C., 1879, p. 294.

[42] Ch. de Saint-Denis ad cyclos paschales, H. F., XXIII, 145.

[43] Ch. de Saint-Denis ad cyclos paschales, H. F., XXIII, 145 et Nangis, H. F., XX, p. 524.

[44] Lecoy de la Marche, o. c., I, p. 155-160.

[45] Potthast, n° 22208.

[46] Il excommunia de plus le 30 avril tous ceux qui résistaient à Charles, roi d'Aragon, B. N., Moreau, 1256, p. 97.

[47] Nangis, H. F., XX, p. 531 ; D'Esclot, p. 681-2 ; Muntaner, p. 334-5 et éd. Lanz, p. 222.

[48] Itinéraire, H. F., XXII, p. 453.

[49] Lo cardinal feu alli coronar a Carlot, fill del rey de Franca, et mes lo en possesio de tota la terra ; e aqui faeren grand festa per dos jorns, D'Esclot, p. 708 ; Carolus filius regis Francie sine regno contulit cuidam militi de Francia nomine... comitatum, et per terram illius prelatos milites et pedites requisitus, se regem vocans, laudabiles consuetudines Catalonie confirmavit, omnes vocantes eum regem. Gesta Comitum Barcinonensium, Potrus de Marca (Marca Hispanica), c. 567.

[50] Muntaner, p. 311 et éd. Lanz, p. 183 ; D'Esclot, p. 682. Nous préférons la version de ce dernier.

[51] Sur cette campagne : Ch.-V. Langlois, o. c., p. 158-164 et Lecoy de la Marche, o. c., I, p. 270 et ss.

[52] Inscription de Girone, Carini, o. c., p. 415 ; G. de Frachet, H. F., XXI, p. 7.

[53] Cf. Ch. de La Roncière, Histoire de la marine française, I, p. 190.

[54] Muntaner, p. 355-7 ; D'Esclot, p. 729.

[55] Arch. de Barcelone, Reg. d'Aragon, 47, f° 133 v°, P. J., n° I.

[56] Ch.-V. Langlois, o. c., p. 162-164 ; D'Esclot, p. 730 et ss.

[57] A. N., J 226, n° 18 ; J 390, n° 6 ; J 403, n° 11.

[58] B. N., fr. 5824, f° 48. En mai 1289, Philippe IV payait encore les chambellans de Ch., A. N., K 36, n° 17.

[59] H. F., XXI, 7.

[60] P. 356.

[61] Arch. Vat., Misc. Vat., 1285 ; Potthast, n° 22413 ; Reg. d'Honorius IV, c. 349.

[62] 30 avril 1286, Reg. d'Honorius IV, c. 282 à 285.

[63] A. N., J 588, n° 27.

[64] Rymer, I3, p. 7-10.

[65] 13 mai, Rymer, I3, p. 8.

[66] Rymer, I3, p. 10-12.

[67] Rymer, I3, p. 6.

[68] 23 mai, Potthast, n° 22449.

[69] Reg. d'Honorius IV, c. 549.

[70] Rymer, I3, p. 8.

[71] Lecoy de la Marche, o. c., I, p. 291.

[72] Muntaner, p. 368-370.

[73] Lecoy de la Marche, o. c., I, p. 291.

[74] Rymer, I3, p. 12.

[75] Rymer, I3, p. 13.

[76] Potthast, n° 22526 ; Rymer, I3, p. 15-16.

[77] Juillet 1286, A. N., J 361, n° 1.

[78] Potthast, n° 22526 : Rymer, I3, p. 15-16.

[79] Muntaner, p. 371.

[80] Rymer, I3, p. 15.

[81] Lecoy de la Marche, o. c., I, p. 294-295 ; Muntaner, p. 367.

[82] Muntaner, p. 376.

[83] Lecoy de la Marche, o. c., I, p. 298.

[84] Hist. Lang., X, p. 207.

[85] Potthast, n° 22581 ; Reg. d'Honorius IV, c. 566-8. Le pape écrivit à J. Cholet de mettre Ch. de V. en possession de son royaume, B. N., Moreau, 4233, f° 297.

[86] Rymer, I3, p. 18 et 19 ; Annales monastici, IV, p. 497-8. J. Cholet était venu à Confolens, près d'Édouard Ier, Hist. Litt., XX, p. 118.

[87] A. N., JJ 34, f° 29 v° ; Rymer, I3, p. 20.

[88] H. F., XXI, p. 8 ; sauf-conduit, Reg. d'Honorius IV, c. 565 ; pendant la vacance du Saint-Siège, les cardinaux avaient réclamé la mise en liberté de Charles II, Rymer, I3, p. 21.

[89] A. N., J 940, n° 112. Rouleau en parchemin, non daté, mais certainement de 1288 ; cette pièce doit être éditée prochainement par M. Digard. L'ayant trouvé de notre côté, nous l'aurions publiée sans cela.

[90] Reg. d'Honorius IV, c. 560-1 ; Potthast, n° 22617.

[91] Potthast, n° 22615.

[92] C'est à tort que G. de Frachet dit qu'il fut délivré le 2 février (H. F., XXI, p. 9), car le 26 mai le pape réclamait encore sa mise en liberté, Rymer, I3, p. 26.

[93] G. de Frachet, H. F., XXI, p. 9 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 655-6.

[94] Lecoy de la Marche, o. c., I, p. 298.

[95] Le roi autorisa Jacques à lever des troupes, Hist. Lang., X, p. 207 ; le 21 mai 1289, Jacques déclara que c'était à la prière du roi, et par grâce spéciale, que l'ost lui avait été accordé par le monastère de la Grasse, Arch. Pyrénées-Orles, B 2.

[96] Arch. de Barcelone, Reg. d'Aragon, 74, f° 82.

[97] A. N., J 587, n° 15. Cet original est le premier des trois actes qui émanent de Charles comme roi.

[98] A. N., J 600, n° 20.

[99] A. N., J 715, n° 13 et 14 ; Potthast, n° 22807. V. les instructions des ambassadeurs de France auprès du pape, A. N., J 940, n° 112.

[100] Rymer, I3, p. 22. Le 15 septembre 1288, Edouard Ier déclara ne pas reconnaître Jacques comme roi de Sicile, Rymer, I3, p. 26 ; sur ces envahissements, voir Muntaner, p. 381-5.

[101] Rymer, I3, p. 26-27.

[102] Rymer, I3, 30, 31, 36, 48.

[103] Le 9 mars 1289, Alphonse donna quittance à Charles II de toutes les stipulations du traité, Rymer, I3, p. 44.

[104] Potthast, n° 22834 ; Reg. de Nicolas IV, p. 129.

[105] A. N., I. 373, liasse 2.

[106] A. N., J 594, n° 5 et 215 bis, 714, n° 11 à 13 ; J 938 ; Reg. de Nicolas IV, p. 212, 214, 216, 220 ; Boutaric, Not. et Extr., XX, p. 91.

[107] Hist. Litt., XX, p. 118-119.

[108] Rymer, I3, p. 50.

[109] Rymer, I3, p. 50, 52, 54, 58.

[110] Lecoy de la Marche, I, p. 450.

[111] 2 janvier 1290, Rymer, I3, p. 59.

[112] Perpignan, 12 février, Rymer, I3, p. 62-6. Le 18 janvier, Alphonse s'excusait de ne pouvoir envoyer ses ambassadeurs à Perpignan, Rymer, I3, p. 62.

[113] 23 mai, bulle de commission ; 9 avril, notification à Charles, roi d'Aragon, Reg. de Nicolas IV, p. 626.

[114] Philippe le Bel avait envoyé des sauf-conduits pour les envoyés de Sicile et d'Aragon, Arch. Bouches-du-Rhône, B 389.

[115] A. N., J 164B, n° 55 ; J 587 n° 16 ; Muntaner, p. 384-5 ; Gesta comitum Barcinonensium (Marca Hispanica), c. 577.

[116] A. N., J 410, n° 2 et 3.

[117] Toutefois Nostradamus raconte à ce sujet l'anecdote suivante : Charles de Valois qui devoit succéder au sceptre de France, étoit destiné pour estre mary de Clémence — son véritable nom est Marguerite, il confond avec la femme de Louis X —, fille de Charles. Hyménée qui luy estoit assez agréable ; mais parce qu'il redoutoit quelque deffaid en ceste princesse comme si d'un père clochant devoit naistre enfant voyteux, on dit qu 'il la fit visiter. Ceste princesse ayant une chemise de crespe tres fin et tres délié, à travers la tissure duquel on voyoit fort clairement toutes les parties de son corps et la teinture de sa peau, se mit d une si merveilleuse grace a la despouiller et a se montrer toute nue, en proférant ces paroles : Il ne sera jamais dit que pour une simple chemise je perde le sceptre de France, que cest acte fut estimé louable, généreux, héroïque et vrayement digne du courage d'une femme, qui ne tenant que du royal se recognoissait l'une des plus belles et mieux formées princesses de son temps. Nostradamus, postérieur de plus de deux siècles aux événements, ne nous fournit aucune référence au sujet de cette anecdote dont le commentaire a été fait par M. Paul Meyer, Guillaume de la Barre..., p. 23-26.

[118] A. N., J 435, n° 7 ; Arch. Bouches-du-Rhône, B 389 ; Reg. de Nicolas IV, p. 1012. — Tous deux étaient arrière-petits-enfants de Louis VIII.

[119] Nangis, H. F., XX, p. 574 ; Ch. de Saint-Denis, XX, p. 657 ; Gérard de Frachet, XXI, p. 10. Coïncidence curieuse : le 3 juin de la même année, le pape interdisait à Robert d'Artois, régent de Sicile, de marier avec le fils d'Andronic Paléologue, Catherine de Courtenay, qui sera la seconde femme de Charles de Valois, Rayn., XIV, p. 36.

[120] A. N., J 410, n° 4 et 5 ; J 511, n° 7 ; B. N., fr. 23164, f° 3 ; Dumont, Corps diplomatique, I1, p. 420 ; Martène, Thesaurus, l. c. 4236.

[121] Ce don était d'avance promis : Quod cum nos per conventiones habitas inter nos ex una parte et magnificum principem... Arch. Bouches-du-Rhône, B 390 et BB 2 ; Castrucci, Istoria della citta d'Avignone, I, p. 153.

[122] Quittance donnée en 1290 par Charles de Valois à Charles II des archives des comtés d'Anjou et du Maine, Arch. Bouches-du-Rhône, B 390.

[123] Le 6 décembre 1290, Marguerite, veuve de Charles Ier, renonça à son douaire moyennant une rente de 4.000 l. sur le Temple, Armand Bellié, Recherches historiques sur le Maine (Le Mans, 1875, in-8°), p. 1-22.

[124] Rymer, I3, p. 86.

[125] Muntaner, p. 387.

[126] A. N., P 13541, n° 840.

[127] A. N., J 511, n° 8 ; J 714, n° 20.

[128] Rayn., XIV, p. 56.

[129] A. N., J 715, n° 30520.

[130] Arch. de la Chambre des Comptes de Navarre, caj. 2, n° 111.

[131] Arch. de la Chambre des Comptes de Navarre, caj. 4, n° 88.

[132] A. N., J 587, n° 17.

[133] Le 2 août d'après Lajard, Hist. Litt., XX, p. 121-122 ; le 13 août d'après l'obituaire de Jumièges, H. F., XXIII, p. 420.

[134] Testament : Arch. Oise, H 975 ; B. N., Picardie, 54, p. 293. Le 15 octobre 1293, reçu de cette somme par le trésorier du Temple aux exécuteurs testamentaires, A. N., J 426, n° 10 ; L. Delisle, Mémoire sur les opérations financières des Templiers, p. 161.

[135] A. N., J 587, n° 18 ; J 915, n° 16.

[136] Potthast, n° 23984, 23989, 23992.

[137] Rymer, I3, p. 138-9.

[138] A. N., J 352, n° 4 ; B. N., Baluze, 47, f° 269.

[139] A. N., L 279, n° 2 à 6.

[140] Reg. de Boniface VIII, c. 10 : Jean Cholet les avait léguées pour conquérir l'Aragon.

[141] Potthast, n° 24033.

[142] 11 mars 1295, B. N., lat. 9261, n° 19.

[143] Arch. de Barcelone, Reg. d'Aragon, 252, f° 26 v°.

[144] A. N., J 589, n° 10 ; J 700, n° 95 ; B. E. C., 1843-4, p. 167. Les bulles relatives à cette paix sont analysées ou éditées : Reg. de Boniface VIII, c. 62-72 ; Potthast, n° 24105-6.

[145] Lecoy de la Marche, o. c., I, p. 315.

[146] A. N., J 598, n° 11. V. la suite des événements au chapitre suivant.

[147] V. chapitres III et IV.

[148] Le 1er juin 1334, Philippe de Moustiers, maître de l'écurie du roi, serviteur de Ch. de V. et de son fils depuis trente ans, fut accusé d'avoir volé des chevaux à ses maîtres, et d'avoir proféré des injures contre eux ; ses fautes furent prouvées, et comme on le menait au gibet, faisant allusion au père du roi, il dit : A de certez cest Aragonnoiz me veult destruire aussi qu'il a destruit lez aultrez. Chronique parisienne anonyme, XI, p. 155.

[149] P. 393.

[150] Muratori, XI, c. 376 ; Pieri, Cronica delle cose d'Italia, p. 67. Pour se rendre compte de ce qu'il avait gagné en 1290, il suffit de rappeler que l'Anjou et le Maine contenaient 136.141 feux, et le Valois 9.392 seulement, Mémoriaux, n° 320.