HISTOIRE DU CHÂTEAU DE VERSAILLES

VERSAILLES AU XVIIIe SIÈCLE

 

CHAPITRE QUATRIÈME. — LES APPARTEMENTS HISTORIQUES.

 

 

LA COUR de France a continué d'offrir, au dix-huitième siècle, les grands spectacles de représentation que Louis XIV, en ses beaux jours, se plaisait à multiplier. Certaines de ces brillantes journées ne le cédèrent point en éclat à celles du règne précédent ; plusieurs même prétendirent les surpasser. Telles furent, à la fin du règne de Louis XV, les fêtes du mariage du Dauphin avec l'archiduchesse Marie-Antoinette et celles des mariages qui suivirent, où la nouvelle salle de l'Opéra permit un genre de magnificence qui avait manqué au Versailles de Louis XIV. Sans aimer autant que son aïeul le faste royal, le Roi comprenait ce qu'il ajoutait au prestige de sa couronne et savait choisir les occasions de le déployer. Les souvenirs en restèrent fixés dans la mémoire des contemporains, et les artistes des Menus furent plus d'une fois chargés, comme à l'ancien temps, de les perpétuer par le dessin et la gravure.

Parmi les cérémonies qui prirent le caractère d'un acte politique et servirent à rehausser en Europe l'autorité de notre cour, il n'en fut pas de plus singulière que la réception de l'ambassadeur du Grand Seigneur, le 11 janvier 1742, à laquelle on tint à donner plus d'importance encore qu'à celle de Mehemet-Effendi, reçu aux Tuileries en 1721. Il s'agissait de rappeler, dans le même décor de la Grande Galerie, la fameuse audience des ambassadeurs de Perse sous Louis XIV, et la curiosité publique s'était fort excitée à des préparatifs magnifiques, où n'avait point manqué une contestation d'attributions entre les Premiers gentilshommes de la Chambre et les officiers des Bâtiments[1]. On lit avec intérêt la narration détaillée du duc de Luynes, où sont marqués les divers mouvements de la Cour et qu'illustre pour les veux un précieux dessin de Cochin.

Un récit d'un autre genre se rapporte à l'appartement de la Reine. Il y est question du Salon de la Paix, devenu le grand Cabinet de Marie Leczinska et qu'un châssis peint, accroché devant l'arcade de la Galerie des glaces, séparait de l'appartement du Roi. La Reine y avait longtemps donné des concerts de musique religieuse et profane[2] ; mais il ne servait plus qu'à son jeu et à certaines audiences, et il complétait magnifiquement la suite des pièces qu'elle habitait et auxquelles les tentures des Gobelins récemment posées ont rendu de nos jours un peu d'éclat. Au mois de décembre 1751, le Roi résolut de célébrer la naissance du premier de ses petits-fils, le duc de Bourgogne, et d'ouvrir à cette occasion la Grande Galerie, comme aux journées du mariage du Dauphin. Pour les commodités de la fête, on déclara que le Salon où la Reine joue ferait partie de l'appartement du Roi, comme il faisait autrefois, et cela pour les deux jours des illuminations et du feu seulement. Ce salon, n'appartenant plus à la Reine, ne devait plus être gardé par son service, mais par les huissiers de la Chambre du Roi :

La Reine avait fait ôter dès samedi la porte de séparation de son Salon avec la Galerie, ne voulant pas que cet ouvrage, quoique peu considérable, fût fait le dimanche. Quoique ce changement ne fasse rien à la musique qui s'exécute, comme je l'ai déjà marqué[3], dans le cabinet avant la chambre [salle 116], cependant la Reine aima mieux que le concert fût chez Madame la Dauphine [salle 44] et y descendit.

Hier [19 décembre] Madame la Dauphine, Mesdames et un grand nombre de dames se rendirent chez la Reine à six heures. La Reine attendit quelque temps. M. de Fleury [Premier gentilhomme de la Chambre] vint l'avertir que le Roi était dans la Galerie ; elle y entra aussitôt ; il était environ six heures et demie. Le coup d'œil de la Galerie était admirable, fort bien éclairée, sans confusion, et de même tout l'appartement. Je n'ai pas compté les dames qui s'y trouvèrent, mais on m'a dit cent cinquante-deux. Il y avait, à ce qu'on m'a assuré, deux mille neuf cents et tant de bougies dans la galerie seulement[4]. Le Roi joua au lansquenet ; la table était au milieu de la Galerie ; il y avait dix-sept coupeurs.... A gauche, au bout, du côté du Salon de la Paix, était la table du cavagnole de la Reine, et à l'autre bout, du côte du Salon de la Guerre, était une autre table de cavagnole, pour Madame la princesse de Conty, et qui était fort remplie. On avait mis des barrières dans le salon au-dessus de la Comédie [salle 145], après l'escalier qui mène chez M. le Premier et M. de Gesvres, et à la porte de la salle des gardes appelée le magasin [salle 140], à la salle des gardes de la Reine [salle 118] — elles étaient gardées par les gardes du corps — ; on en avait mis aussi une à la porte du Salon d'Hercule, à gauche. Cette précaution est la seule qui puisse empêcher la foule ; cependant il y en eut, parce qu'à la suite des gens connus et bien vêtus, il s'en glissa beaucoup d'autres qui n'étaient ni bien vêtus, ni faits pour y être ; de sorte qu'il y a eu des tabatières volées et que les mouches que l'on avait fait rentrer exprès out fait arrêter deux ou trois personnes. Il y avait beaucoup de beaux habits, principalement ceux des femmes, un grand nombre d'étrangers... Tous les rideaux, dans la Galerie, furent fermés jusqu'à sept heures... ; on les ouvrit, quand les illuminations furent achevées ; elles faisaient un très bel effet. Il eût été à désirer que le temps eût été plus favorable ; le vent éteignait une partie des lampions et des lanternes. La Reine quitta son jeu un moment, sur lès huit heures, pour aller voir les illuminations au milieu de la Galerie ; elle le finit entièrement à neuf heures trois quarts. L'ordre pour te grand couvert était pour dix heures ; niais le lansquenet dura assez longtemps, et il était prés de dix heures et demie, quand le Roi se mit à table. La table était dans l'antichambre de la Reine [salle 117], à l'ordinaire, excepté qu'on l'avait placée faisant face aux fenêtres. On avait aussi mis un gradin contre la muraille qui sépare l'antichambre de la Reine et la salle des gardes. On entrait... et on sortait avec beaucoup de facilité, et on approchait de la table du grand couvert plus aisément que lorsqu'elle est placée à l'ordinaire [auprès de la cheminée] et qu'il y a beaucoup de monde. Il faisait fort froid dans la Galerie, mais non pas également partout ; à la table du lansquenet, par exemple, pat ce qu'elle était fort entourée. le vent des fenêtres s'y faisait moins sentir.

Hier [30 décembre], on tira le feu d'artifice... Les darnes avec de beaux habits se rendirent presque toutes avant six heures dans le salon qui est avant la chambre....Pendant ce temps là, la chambre de la Reine était pleine de la famille royale, des princesses et de plusieurs dames, et il y en avait encore beaucoup dans le salon par delà la chambre. [On laissa entrer aussi dans le Salon de la Paix] les femmes de chambre de service chez la Reine, les garçons de la chambre, les valets de chambre de quartier et les autres femmes de la Reine, auxquelles on avait donné la permission de se placer à une des croisées du salon... Le Roi arriva chez la Reine à six heures un quart ou environ, et fort peu de temps après on entra dans la Galerie. Le Roi et la Reine se placèrent à la fenêtre du milieu de la Galerie ; cette fenêtre était ouverte, le temps étant fort doux. On avait mis à cette fenêtre, en dehors, une espèce de grillage, avec une étoffe semblable à une cousinière fort claire, qui n'empêchait pas de voir l'effet du feu. Le Roi donna le signal avec une lance à feu, à l'ordinaire... et le feu commença. L'on devait tirer à la fin du feu six ou sept bombes de carton remplies d'artifice ; mais, comme dans ce nombre il y en avait une fort grosse et que les femmes avaient répandu partout la frayeur qu'on leur pardonne, le Roi jugea à propos que les bombes fussent transportées au bout de la pièce des Suisses. Elles ne furent tirées qu'à dix heures passées, après le feu. Le Roi les vit de la chambre de la Reine, les fenêtres fermées... Malgré leur éloignement, l'ébranlement des croisées fut assez grand, surtout à la grosse bombe, pour croire qu'il aurait pu faire casser les glaces de la Galerie, si on l'avait tiré plus près[5].

 

Lorsque le Versailles de Louis XIV commença d'être remanié, on a vu que l'un des premiers grands morceaux refaits par les artistes nouveaux fut la chambre à coucher de la Reine. Gabriel le fils et Verberckt y travaillèrent ensemble pour la première fois et produisirent l'admirable pièce, dont le décor mutilé reste cependant un des plus parfaits du Château. C'était aussi la plus importante de l'appartement. Marie Leczinska y attacha la plupart des souvenirs de sa vie royale et maternelle. Elle y mit au monde ses dix enfants. Elle y posa, en 1748, devant Nattier, pour le célèbre portrait dont une copie est placée aujourd'hui au-dessus d'une des portes donnant accès aux Cabinets[6]. Quand le Roi soupait au petit couvert chez la Reine, c'était dans sa chambre, et la dame d'honneur y servait Leurs Majestés. L'étiquette qui y régnait, particulièrement A l'heure de la toilette, fut la même au temps de Marie Leczinska et de Marie-Antoinette. Le président Hénault y peint l'aimable caractère de la première : L'heure de la toilette est à midi et demi ; la messe et puis son dîner. J'y ai vu quelquefois une douzaine de dames tout ensemble ; aucune n'échappe à son attention ; elle leur parle à toutes ; ... ce sont des choses personnelles, les seules qui flattent[7]. Les audiences particulières étaient accordées dans la chambre, le plus souvent après la toilette ; la Reine était debout auprès de la table qui est dans le trumeau vis-à-vis du lit. Les autres audiences pouvaient avoir lieu, soit dans la chambre, soit dans le cabinet qui la précède, soit dans le Salon de la Paix. A l'audience dans la chambre, le fauteuil était placé le dos tourné à la cheminée et, s'il s'agissait d'une présentation, les tabourets et les pliants pour la personne reçue et la dame d'honneur se trouvaient le long du balustre[8]. Nulle part à Versailles plus brillant théâtre pour les prétentions, plus passionné champ-clos pour les luttes de préséance ; et c'est là aussi que certaines dames du palais, trop particulièrement distinguées par Louis XV, ont rempli les obligations de leur charge, sous les regards d'une assemblée souvent malveillante.

La chambre de Marie Leczinska donna, de son vivant, peu de travail aux architectes. La Reine pouvait se plaindre d'être négligée, alors que tant de dépenses se faisaient chez Madame de Pompadour et chez Mesdames. La dorure surtout était fanée et demandait une réfection complète. Ce ne fut que trente ans après la création de la pièce, que la bonne Reine obtint les fonds nécessaires du Contrôleur général des finances : Enfin, disait-elle avec son habituelle bonne humeur, j'aurai donc ma chambre dorée. Il ne s'agissait pourtant que de 20.000 livres, plus 3.000 livres environ pour la restauration de quelques peintures au plafond, qui fut confiée à François Vernet, frère puîné du peintre Joseph. Au retour de Fontainebleau en novembre 1764, la chambre était entièrement repeinte et redorée[9]. Marie Leczinska y mourut, le 24 juin 1768. On sait qu'il y avait un meuble d'été et un meuble d'hiver, alternativement placés. Le meuble d'été était en taffetas chiné et autres étoffes de soie ; c'est celui qui fut remis, suivant l'usage, à la comtesse de Noailles, dame d'honneur, avec le lit où était morte la Reine[10].

Les Cabinets de Marie Leczinska ont préparé ceux de Marie-Antoinette. C'est elle qui a créé ces petites pièces et en a établi la disposition générale. Il y avait auparavant, dans le bâtiment entre les deux cours, l'appartement de nuit fait pour le duc de Bourgogne et qui était sans communication avec les garde-robes dépendant de l'appartement de la duchesse, derrière sa chambre à coucher. De 1728 à 1730, tous ces locaux sont transformés ; ce sont maintenant les Cabinets de la Reine, qu'on appelle aussi quelquefois son petit appartement des bains et que des entresols viennent compléter. Elle s'y retire pour lire, peindre, méditer, et y reçoit ses visiteurs les plus intimes ; elle s'y enferme notamment de quatre heures à six, et personne alors, sauf Madame de Luynes et seulement en cas urgent, n'ose venir l'y déranger. Le duc de Luynes mentionne de temps en temps ces retraites ; il parle de l'escalier tournant par où la Reine peut descendre chez le Dauphin ; il indique son grand cabinet vert, qui est celui où François Roumier a sculpté la boiserie d'une niche, et aussi un réduit qu'elle nomme son cabinet des Poètes : La Reine a un de ses cabinets qui est extrêmement petit, où elle a rassemblé beaucoup de poésies ; elle s'amuse volontiers de ce genre de lecture, indépendamment de beaucoup d'autres de piété et d'histoire... Madame de Luynes fit mettre dans ce cabinet appelé des Poètes, une petite écritoire de cristal de roche garnie d'or, sans que la Reine le sût[11].

L'art glane quelques renseignements sur ces premiers Cabinets de la Reine. Il y a une petite galerie, où ont été placés en 1728 deux tableaux de Charles Coypel représentant la Nativité et un groupe d'anges musiciens ; elle est mise en vernis par Martin en 1740[12]. Dans le renfoncement de la chambre de bains, on voit les cuves environnées de compartiments, qui renferment des carreaux de faïence arrangés en panneaux. Ensuite on trouve un cabinet qui sert de retraite, lequel es : orné de riches lambris avec des fleurs taillées sur les moulures, peintes en coloris au naturel. Le plafond est cintré en calotte ; la peinture en est en manière de treillages en perspective, avec différentes fleurs et feuillages mêlés d'oiseaux[13]. La description de La Martinière est particulièrement intéressante pour ce qui regarde cette pièce, ancienne chambre à coucher du duc de Bourgogne, qui devait devenir, après tant Je changements de décoration, le salon de Marie-Antoinette que nous avons conservé.

C'est pendant le séjour de la Cour à Fontainebleau, en 1746, que commencent les remaniements d'ensemble chez Marie Leczinska. Les bains placés derrière sa chambre à coucher sont entièrement changés ; au mois de décembre, elle ne peut encore s'en servir, les plâtres étant trop frais : Elle a fait demander, dit Luynes, ou demandé elle-même au Roi la permission de se baigner dans ses bains. Le Roi a accordé cette permission de la meilleure grâce qu'il soit possible et a répondu : J'y consens et très volontiers. A ces travaux s'en joignaient d'autres au rez-de-chaussée, pour l'installation du Dauphin et de la Dauphine ; et la Reine, obligée de fuir son appartement privé, qui donnait sur des cours pleines d'ouvriers, voulut coucher dans celui de Madame de Maintenon, qu'occupait le comte de Clermont. Luynes parle de cet arrangement, dès le 9 novembre, à Fontainebleau : M. de Tournehem vint rendre compte au Roi, il y a quelques jours, de l'état des bâtiments de Versailles. La Reine pourra habiter son appartement le 25 ; cependant, comme on mettra encore du plâtre ce jour-là au bâtiment qui se fait derrière l'appartement de la Reine, on croit que Sa Majesté ne pourra l'habiter que le jour ; il n'est pas encore décidé dans quel appartement elle couchera. On lui avait proposé celui où Madame la Dauphine est morte ; mais le souvenir de ce triste événement a empêché la Reine d'accepter cette proposition. Il est donc question de l'appartement de Mademoiselle de Charolais, dans la galerie d'en bas, ou de M. le comte de Charolais et de M. le prince de Condé, ou plutôt de l'appartement de M. le comte de Clermont, qui n'est séparé de celui de la Reine que par l'escalier de Marbre. La Reine parait désirer celui-ci, parce qu'elle pourrait faire usage de son appartement toute la journée. On mentionne plusieurs fois l'appartement à coucher, dont Marie Leczinska se servit tout l'hiver de 1747 ; elle y reçut de son confesseur polonais la nouvelle de la mort de sa mère, la reine de Pologne : Helvétius amena le confesseur dans les Cabinets de la Reine ; on vint l'avertir dans sa chambre que son confesseur la demandait ; elle s'en alla, les larmes aux yeux. Elle resta tout au plus une demi-heure dans ses petits cabinets et, repassant par son antichambre, elle alla tout de suite dans son petit appartement, fondant en larmes. Elle entra dans le cabinet de cet appartement ; elle vit quelque temps après Madame de Luynes, Madame de Villars, M. de la Motte et Madame de Saint-Florentin, qui n'était pas habillée et à qui elle dit cependant de l'attendre dans sa chambre... A six heures et demie, le Roi arriva chez la Reine et resta près de cinq quarts d'heure tête à tête avec elle[14]. Ce petit appartement servait de pied à terre dans la journée au roi Stanislas, pendant ses séjours à Trianon, mais sans cesser d'appartenir au comte de Clermont, qui demandait alors à la Reine la permission d'y coucher.

Les Cabinets de Marie Leczinska prennent leur forme définitive en 1746 et 1747. Plusieurs sont refaits à neuf. Derrière la chambre à coucher, il en est un à niche et à pans, la méridienne, boisée par Verberckt, où des tableaux de dévotion tiennent la place des deux glaces. A côté sont l'atelier ou laboratoire de la Reine, avec des boiseries du même Verberckt, et la chambre de bains, confiée pour la sculpture à M. Rousseau[15], où Natoire plaçait deux tableaux estimés chacun 750 livres : Un Concert champêtre et Une bergère et sa compagne, sujets pris des Églogues de M. de Fontenelle. Pour le grand cabinet intérieur, qui suit les bains, on a les dessins de la décoration, où Gabriel a mis à l'échelle avec bonheur des motifs de la chambre à coucher ; dans les cadres chantournés placés au-dessus des portes à double battant, on peut avec certitude imaginer le délicieux portrait de Madame Henriette en Flore, tressant une couronne de fleurs, et celui de Madame Adélaïde en Diane, toiles de Nattier ayant figuré dans les cabinets de la Reine[16]. Marie-Antoinette a trouvé en place ce bel ensemble, et a dû jouir en cet état du Cabinet de Marie Leczinska, pendant ses premières années.

Le Cabinet particulier était entouré de tout petits réduits. Le boudoir étroit existant encore du côté de l'antichambre du Roi est ici la seule partie du décor de l'époque qui ait échappé à la transformation du temps de Louis XVI[17]. Encore ignorons-nous le moment où l'on a peint les scènes champêtres des sept panneaux, presque entièrement détruites par les badigeonnages de Louis-Philippe. Il est regrettable d'avoir perdu un exemple unique à Versailles de ces cabinets revêtus de vernis, dont les textes parlent fréquemment. On goûte encore la gracieuse idée du décorateur, qui a colorié les bouquets sculptés au voisinage de bouquets simplement peints ; des fleurs analogues se trouvaient, en 1741, dans le grand cabinet attenant, et La Martinière les dit taillées sur les moulures, peintes au coloris en naturel.

Les oratoires de Marie Leczinska sont décorés de tableaux de Coypel. Sa garde-robe de commodité, refaite en 1751, est en blanc, les moulures en bleu, ornée des estampes peintes par la Reine et de deux glaces. En 1753, d'autres ordres sont communiqués par Lécuyer à Marigny : La Reine me fit venir hier pour prendre des mesures dans un de ses Cabinets , désirant d'y avoir des tablettes chantournées, sur une des glaces, avec des montants en palmiers à la place des bordures, le tout dans le même goût de ce qui lui a déjà été fait à un des bouts de ce même cabinet ; présumant, Monsieur, votre empressement à satisfaire Sa Majesté, j'y ai fait commencer sur-le-champ. Mais la pièce la plus intéressante est le laboratoire, appelé plus tard Cabinet des Chinois. L'abbé Proyart y décrit ainsi les occupations de Marie Leczinska : Au sortir de son dîner, elle donnait encore des audiences. Elle entrait ensuite dans ses appartements, où elle s'amusait à jouer de quelque instrument, à peindre au pastel ou à faire usage d'une fort petite et fort jolie imprimerie. Elle ne peignait que des tableaux de dévotion, dont elle faisait présent à des communautés religieuses et à des personnes qui avaient le goût de la piété... Elle imprimait, pour les distribuer comme ses tableaux, des prières, des sentences et des maximes de morale. Madame Campan conte assez plaisamment la façon dont Oudry, maitre de peinture de la Reine, préparait, corrigeait, complétait un travail que Sa Majesté s'imaginait naïvement avoir fait elle-même. La décoration de son petit atelier fut exécutée dans ces conditions, à l'époque où son goût se porta, avec celui du public, vers les objets de la Chine[18]. Les laques, les ivoires, les menus bronzes abondaient chez elle ; elle faisait même tendre ses bains, en mai 1764, des papiers de la Chine devenus la grande mode du temps. Quatre copistes du Cabinet du Roi peignirent pour elle huit sujets chinois[19]. Mais elle voulut mettre de sa main, sur les panneaux de son laboratoire, des scènes évoquant l'évangélisation des Chinois par les Jésuites et sa dévotion particulière pour saint François-Xavier. La valeur de ces peintures anecdotiques est fort médiocre. Lorsque la Reine les légua par son testament à la comtesse de Noailles, la priant de les conserver par amour d'elle, la bonne dame d'honneur regretta peut-être les louanges obligées qu'elle en avait dû faire ; l'acceptation du legs entraînait, en effet, de fortes dépenses, et les Noailles demandèrent par dédommagement les boiseries et les glaces du Cabinet. Ces détails sont dans un billet du comte adressé à M. de Marigny, le 17 juillet 1768, du petit château royal de Saint-Hubert : Le Roi veut que Madame la comtesse de Noailles fasse bâtir un cabinet à Paris pour placer le Cabinet des Chinois, que la Reine lui a laissé et qui n'a d'autre mérite que d'avoir été peint par la Reine. Comme tout tient aux bâtiments et qu'il y a des glaces qui en sont, j'avoue — entre nous soit dit — que la dépense de dix mille francs m'affligerait un peu, surtout s'il n'y a que les Jésuites peints et les Chinois, et que tout ne soit possible à transporter comme il existe à présent, ce qui ne se peut sans votre attache ; nous ne demandons rien[20]. Louis XV accorda la grâce de transporter le tout, et Madame de Noailles, depuis maréchale de Mouchy, fit construire un pavillon de plus à son hôtel du faubourg Saint-Germain, pour y placer dignement le legs de la Reine. Comme la dame d'honneur recevait également les meubles et les tableaux qui garnissaient la pièce, elle put rétablir dans l'état où elle l'avait vu le Cabinet des Chinois, installé depuis au château de Mouchy.

 

Les aménagements du nouveau musée et la création des salles de peinture du dix-huitième siècle ont rappelé l'attention sur des salons bien oubliés du rez-de-chaussée du Château, qui en furent autrefois une des parties les plus brillantes. Sous les Grands Appartements du Roi, s'étendent ceux qui, après avoir été jadis l'appartement des Bains, puis l'habitation de la comtesse de Toulouse et du duc de Penthièvre, furent partagés entre Madame de Pompadour et les filles de Louis XV, au moment où la marquise, n'étant plus que l'amie du Roi, quitta pour cette honorable installation le logement d'en haut, où elle avait vécu ses années de favorite. Les chroniques sont pleines d'allusion à ce changement de logis, qui signifiait un changement de situation, et les dossiers du service des Bâtiments renseignent sur les travaux d'aménagement, qui durèrent du mois de mai au mois de novembre 1750. Les meubles les plus exquis, les soieries de Lyon et les tapisseries de Beauvais ornaient ces riches salons sculptés par Verberckt et ce cabinet de laque rouge, décoré des vernis de Martin, qui entendit tant de confidences et de secrets d'Etat. C'est là que la marquise mena sa vie, toute remplie par la politique et les affaires, qui acheva de ruiner sa santé défaillante. Elle y mourut, le 14 avril 1764. A l'étroit entresol au-dessus de ses bains, habitait le docteur Quesnay, premier médecin ordinaire du Roi. Marmontel a joliment conté ses dîners d'encyclopédistes et comment la marquise, ne pouvant pas engager cette troupe de philosophes à descendre dans son salon, venait elle-même les voir à table et causer avec eux[21]. Nous avons retrouvé l'emplacement exact du logement de Quesnay, dont les fenêtres donnent sur une petite cour, en face de celles du Roi ; nous désignons le seuil que franchissaient familièrement Diderot, d'Alembert, Duclos, Buffon, Helvétius, pour ces libres réunions procurées par l'amitié, à quelques pas du monarque qui supprimait l'Encyclopédie.

Voisines de Madame de Pompadour, Mesdames occupaient alors les pièces faisant l'angle de ce rez-de-chaussée et d'autres qu'on avait créées pour elles par des cloisons établies dans la Galerie Basse. Quand Madame Adélaïde vint, en 1769, rejoindre ses sœurs, elle eut précisément l'ancien appartement de Madame de Pompadour, considérablement remanié suivant ses propres désirs. La décoration la mieux conservée de cette époque est celle du salon situé sous celui de la Guerre et que Verberckt avait exécuté, en 1763, pour Madame Victoire[22]. Il fut, vers la fin du règne de Louis XV, le salon commun de cette princesse et de Madame Adélaïde, et leurs portraits par Madame Labille-Guiard sont venus depuis peu d'années y ramener leur souvenir.

Plus intéressant par les magnifiques œuvres d'art qu'il a gardées, et par l'histoire qu'on en peut écrire, est l'appartement du Dauphin, de l'autre côté du Chareau. Le fils de Louis XV avait habité une première fois ce rez-de-chaussée, au moment où il avait été remis entre les mains des hommes (14 janvier 1736). Avant lui on y trouve, sous Louis XIV, le Grand Dauphin, puis le duc de Bourgogne ; à la fin du règne, la duchesse de Berry, plus tard le Régent, puis M. le Duc et, après la fin du ministère de M. le Duc, le duc d'Orléans, fils du Régent[23]. La disposition avait été changée pour le Dauphin, dont la chambre à coucher se trouvait au-dessous de celle de la Reine. La salle des gardes était sous l'antichambre de la Reine, et l'entrée dans la petite cour derrière l'escalier de Marbre. Lors de leur mariage (23 février 1745), le Dauphin et la première Dauphine, infante d'Espagne, furent installés au premier étage de l'aile des Princes, dans un double appartement sur les jardins, qu'on enlevait pour eux à Mesdames Henriette et Adélaïde. Il était vaste et comprenait les deux tiers de l'aile ; mais le dégagement se faisait par cette galerie publique, pleine d'indécence et de malpropreté, dont les arcades servaient, dit le duc de Luynes, pour le soulagement du public. Le rez-de-chaussée du Dauphin passa à ses sœurs : M. le Dauphin, écrit Luynes le 1er décembre 1744, doit venir loger cette semaine dans son nouvel appartement, on travaille sans cesse à le finir et à le meubler, on y a même travaillé dimanche et hier, jour de Saint André. Il est nécessaire qu'il quitte son ancien appartement ; pour qu'on puisse l'accommoder pour Mesdames et finir les arrangements nécessaires dans celui que Mesdames occupent aujourd'hui[24]. Ces travaux furent retardés de quelques jours par des réparations urgentes qu'il fallut faire à Trianon, où le Roi voulut se retirer après la mort de Madame de Châteauroux.

La première Dauphine habita l'aile des Princes du jour de son mariage (23 février 1745) à celui de sa mort (17 juillet 1746). Le Dauphin, durement atteint par son veuvage, souhaita s'éloigner des lieux où il avait vécu avec sa chère Infante. Avant qu'il fût encore question d'une seconde union, on proposa d'aménager à nouveau son ancien appartement, qui avait été, après Mesdames, occupé quelques mois par la petite Madame, sa fille. La médisance déclara que ce projet n'avait d'autre intérêt que de loger magnifiquement Binet, premier valet de chambre, qui ne l'était pas à son gré dans l'aile des Princes. Le Roi reçut le plan à son travail du 19 septembre 1746 : M. de Vandières a présenté à Sa Majesté un plan des changements à faire à l'appartement de la Reine et à celui actuel de Madame, au rez-de-chaussée du jardin, pour y loger à l'avenir Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine future, lesquels changements le Roi a approuvés[25]. Le 9 novembre, la Cour étant à Fontainebleau, le duc de Luynes notait l'avancement des travaux, d'après les nouvelles apportées de Versailles par M. de Tournehem : L'appartement que l'on fait en bas pour M. le Dauphin et Madame la Dauphine n'est pas encore près d'être achevé et, quand même il le sera, il ne pourra être habité que quand les plâtres seront secs, c'est-à-dire au mois de juillet ou d'août de l'année prochaine. Ainsi la nouvelle Dauphine logera dans le même appartement que la dernière. Ce fut, en effet, le 9 février 1747 qu'eut lieu le mariage de Marie-Josèphe de Saxe, et les époux ne prirent possession du rez-de-chaussée qu'en novembre de la même année[26].

Le 24 janvier 1747, la maçonnerie des deux appartements étant terminée, le directeur des Bâtiments recevait de Gabriel l'état des entrepreneurs et artistes employés à leur décoration[27]. On réservait les grands morceaux de sculpture à Verberckt, à qui ses travaux de l'année rapportèrent 43.812 livres. Pour l'appartement de la Dauphine, les sculpteurs en bois désignés étaient Rousseau (première et deuxième antichambres), Verberckt (chambre et grand cabinet), Maurisant (cabinet particulier) et Poullet (chaise percée). Les deux cabinets particuliers, les deux chaises percées et les bains devaient être confiés au maitre ornemaniste Pevrotte[28]. M. de Tournehem, saisissant l'occasion de faire travailler quelques peintres de l'Académie, annonçait, le 17 janvier, qu'il désignerait quelques-uns d'entre eux pour les ouvrages dans les nouveaux appartements de Versailles... étant juste que tous les bons sujets profitent des bontés de Sa Majesté. L'état de Gabriel nomme, pour les dessus de portes du Dauphin, Pierre et le paysagiste Aubert, qui devaient faire, l'un deux morceaux pour la chambre, l'autre, quatre pour la deuxième antichambre ; Boucher, chargé de quatre peintures pour le grand cabinet, et Oudry de deux paysages pour le cabinet particulier. Les tableaux mythologiques de Pierre représentaient Junon qui demande à Vénus sa ceinture et Junon qui trompe Jupiter avec cette ceinture, sujets qu'on jugeait alors convenir à la chambre à coucher d'un époux fidèle[29]. Oudry, fort aimé du Dauphin, qui le faisait souvent travailler, peignit six toiles d'après les Fables de La Fontaine, dont quatre furent placées chez la Dauphine[30]. Quant à Boucher, sa commande pour le grand cabinet du prince reçut une autre destination, et il exécuta plus tard seulement quatre paysages pour son petit cabinet[31]. Dès le mois de janvier 1750, il était remplacé par Nattier, le portraitiste favori de la famille royale ; celui-ci peignit, pour mettre au-dessus des portes du Cabinet du Dauphin, les portraits de Mesdames représentant les Quatre Eléments, qu'on vit au Salon de 1751 et qui ne sont plus connus que par les gravures[32]. Enfin Natoire travailla aussi pour le prince, avec un Télémaque dans l'île de Calypso et un Songe de Télémaque dans l'île de Cypre, exposés au Salon de 1746[33].

Une partie du travail des artistes a été dirigée par le fils de Louis XV, qui se pique, comme sa mère, de s'entendre aux arts. Lorsque Oudry livre son tableau de la Ferme, aujourd'hui au Louvre et daté de 1750, qu'il a fait pour le cabinet de Monseigneur le Dauphin, et qui doit symboliser l'Agriculture, il constate que c'est le prince qui lui en a dicté le sujet et en a fait l'esquisse devant lui. Pour l'oratoire de la Dauphine, le Dauphin choisit les peintres et les inspire. Gabriel écrit à Tournehem, le 9 juin 1747 : Monsieur, la décoration de l'oratoire de Madame la Dauphine ne change que pour la niche du fond, qui devait être de trois pieds et que M. le Dauphin demande à quatre pieds. Le reste est dans le même état toujours décoré de trois tableaux... Il veut dans les deux premiers une sainte du désert peinte par M. Coypel et, dans la niche du fond, un tableau de l'Adoration des Rois peint par M. Vanloo, qu'il lui soit fait de petites esquisses et qu'elles lui soient présentées le tout avant de travailler aux tableaux très promptement. Voilà les ordres qui m'ont été donnés. Je ne vois pas qu'il y ait rien dans les tableaux de Marly qui puisse convenir à de tels sujets, et je vous envoie en conséquence les mesures telles que je les ai réglées pour les menuiseries. Le 16 octobre 1748, Tournehem transmet d'Etioles au contrôleur de Versailles Lécuyer l'échantillon de vernis que M. le Dauphin a choisi pour le cabinet de Madame la Dauphine ; il charge cet agent de transmettre au peintre Martin les indications portées sur cet échantillon, et le contrôleur mentionne dans ses rapports les ouvrages du célèbre vernisseur : (19 octobre) La menuiserie du cabinet particulier de Madame la Dauphine est entièrement posée, et le sieur Martin est venu aujourd'hui pour s'orienter et commencer à y mettre quelques couches de blanc avant l'arrivée de cette princesse... — (8 novembre) Les vernis dont il est question dans le cabinet feront un ouvrage très long, à cause de la sculpture qu'il y aura à polir. — (13 novembre) Les peintres du sieur Martin travaillent au Cabinet... Le détail du travail est donné par le Mémoire des ouvrages du cabinet et passage de Madame la Dauphine : Fait les fonds des panneaux blancs vernis et polis, les ornements, sculptures et moulures en petit vert poli et verni, et l'oratoire en brun verni et poli ; aussi des meubles servant audit cabinet, comme deux canapés, des fauteuils, des chaises, des tabourets et un écran peints, vernis et polis de même couleur, commencés sous les ordres de Monsieur de Tournehem, contrôleur général des Bâtiments du Roi, le 8 octobre 1748, et finis le 26 avril 1749, par Etienne Martin, peintre et vernisseur du Roi[34]. Ce cabinet [salle 46] est une pièce à niche de glace, voisine de l'appartement du Dauphin et peinte d'abord avec des petits cartouches et des dessins de Bérain, des fleurs, des oiseaux, etc. en miniature ; la précipitation du travail n'ayant pas laissé sécher les toiles, ces peintures s'étaient grippées et durent être ôtées : A la place, écrit le duc de Luynes, on a mis de la menuiserie avec de la sculpture, et de fort bon goût ; tous les fonds sont en blanc et la sculpture est peinte en vert avec un vernis par dessus. Cette espèce de décoration est riche et agréable. Je prétends, et peut-être avec raison, que le modèle de ces menuiseries blanches avec les sculptures vertes est un salon que Madame de Luynes fit faire à Dampierre, il y a sept ou huit ans, dans une île qui est au bout de la pièce d'eau. On reconnaît là des travaux de vernis de la Chine de l'atelier Martin. L'artiste allait, un peu plus tard, les multiplier à Versailles, où il peignait en vernis, en 1756, le petit cabinet du Dauphin et des cabinets pour Mesdames Adélaïde et Victoire[35] ; et les détails qu'apportent nos documents renseignent sur la vogue d'un art charmant, qui ne s'appliqua point seulement au mobilier, mais dont les spécimens de décoration murale sont devenus fort rares.

L'appartement du Dauphin s'acheva pendant les voyages de 1747. On faisait, en avril, un degré pour communiquer de l'appartement du Roi à celui de M. le Dauphin ; en juin, on posait une grille à hauteur d'appui depuis l'encoignure du cabinet de M. le Dauphin jusqu'à sa chambre à coucher, prenant à la dernière marche du perron, afin d'éloigner les curieux. L'escalier de Gabriel existe encore et débouche directement dans l'Œil-de-Bœuf[36]. La grille, d'un beau travail de fer forgé et doré, est en place sous les fenêtres du Cabinet une serrure permettait de l'ouvrir, quand le prince descendait dans les jardins[37]. Le 20 septembre, l'ordre était donné à la manufacture de glaces de livrer celles qu'attendaient les deux appartements. Enfin, le 21 novembre, le duc de Luynes les décrivait comme terminés, après qu'on y eût travaillé sans relâche, et même les fêtes et les dimanches, et dépensé environ cent mille écus. On entrait chez la Dauphine en passant au pied de l'escalier de Marbre, par une petite cour qui rejoignait celle des Cabinets de la Reine et donnait aussi accès chez le Dauphin. Il y fut créé un jardin formé de terre rapportée, clos de treillages, orné de rocailles et d'une perspective peinte par Frédou. Ce fut un caprice du Dauphin et de la Dauphine, qu'il fallut satisfaire coûte que coûte, et malgré l'humidité que ce jardin allait procurer aux pièces voisines[38].

Ces appartements virent exécuter plus tard, en 1755 et 1756, des travaux de quelque importance, auxquels les Bâtiments consacrèrent une somme de 23.204 livres. C'est alors que le cabinet en bibliothèque du Dauphin fut peint par Martin et orné de dessus de porte par Boucher, et que les bains de Marie-Josèphe furent lambrissés de stuc par Chevalier, stucateur du Roi, dont les délicats ouvrages, aujourd'hui disparus, étaient alors à la mode[39].

Dans l'automne de 1765, le rez-de-chaussée du Dauphin et de la Dauphine fut redoré et remis à neuf[40]. Le prince ne jouit point de ce travail, puisqu'il mourut le 20 décembre de cette année, à Fontainebleau, sans être revenu à Versailles. Gabriel fit remettre aussitôt un rapport au Roi, établissant qu'il serait fâcheux de disposer d'un appartement aussi complètement réparé, et qu'il valait mieux le réserver en cet état pour le jeune duc de Berry (Louis XVI), lorsqu'il se marierait. Le 31 décembre, à son travail, le Roi décida qu'il ne serait accordé à personne. Au même moment, Marie-Josèphe quittait son appartement pour un autre plus voisin du Roi.

 

Quand on visite aujourd'hui les pièces occupées par le fils de Louis XV, on y rencontre aisément son souvenir. A partir de 1747, on entrait chez le Dauphin par la cour de Marbre, presque en face de l'entrée particulière du Roi. La porte était la troisième ouverture à partir de l'angle et donnait dans la salle des gardes [salle 34], à l'intérieur de laquelle il fallait descendre quatre ou cinq marches. Le niveau intérieur était alors sensiblement plus bas que celui de la cour de Marbre, qu'on a baissé sous Louis-Philippe. De cette salle, dit Luynes, on entre dans une antichambre, qui n'est pas fort grande, à droite de laquelle est le logement de Binet, et à gauche la porte qui donne dans l'escalier nouveau, lequel rend dans l'Œil-de-Bœuf. C'était la partie méridionale de la salle 33 ; le valet de chambre en occupait le reste et une partie de la Galerie Basse. Quant à l'escalier montant à l'Œil-de-Bœuf, il venait d'être fait sur la cour du Dauphin pour l'usage du Roi et de son fils. Le Roi le prenait au lieu du degré tournant très incommode, qui lui avait servi jusqu'en 1747. On le trouve souvent mentionné ; il sert, par exemple, à Louis XV pour se rendre auprès de la Dauphine Marie-Antoinette, le jour de son mariage ; après le cérémonial du coucher, les princes ont reconduit le Roi chez lui par un petit escalier particulier, qui conduit de son appartement à celui de Madame la Dauphine[41]. La deuxième antichambre [salle 50] s'éclairait par deux fenêtres sur la terrasse. La pièce n'a pas été tout à fait modernisée. Les chambranles, d'un modèle fréquent dans le Château, sont encore tels qu'au temps du Grand Dauphin ; la corniche de pierre sculptée présente des enfants sur des lions, des fleurs de lys et de singuliers écussons à figures d'animaux. Rousseau a eu ici l'entreprise de la sculpture. La chambre à coucher [salle 49], que décora Verberckt, est un des trois cabinets de Monseigneur sous Louis XIV ; la salle 48 et la salle 5o, qui ouvrait directement sur la Galerie Basse, étaient les deux autres. Lors de la première installation du Dauphin, leur disposition fut maintenue, la chambre à coucher occupant l'emplacement des petites salles 46 et 47. Les textes de Luynes distinguent nettement les trois cabinets dans l'appartement : Il y eut hier (1er mars 1740) un bal en masque chez M. le Dauphin, qui commença à sept heures. On dansa dans le cabinet de M. le Dauphin [salle 48] jusqu'à ce qu'il se couchât ; à dix heures et demie, il s'en alla et l'on dansa dans le cabinet d'études [salle 49] et dans le cabinet de glaces [salle 50]. Le buffet pour la collation était dans la salle à manger de M. de Châtillon[42].

Le cabinet d'études, où mourut le Régent, garda sa disposition au temps de M. le Duc et lors de la première installation du fils de Louis XV. Il fut agrandi et entièrement refait en 1747, pour devenir la chambre à coucher. Portes dorées, volets, panneaux d'angle, large frise où des divinités mêlées à de petits amours s'ébattent dans les rocailles, tout cela est intact. Huit cartouches à bas-reliefs coupent cette frise, dont quatre sont soutenus par des coqs dorés. Trois grandes glaces étaient dans la pièce, le quatrième côté ayant le lit derrière son balustre. La bordure de la glace demeurée entre les fenêtres est une des plus belles de Versailles-, avec ses roseaux, ses dauphins et sa guirlande. Les bordures au-dessus des portes sont celles qui encadraient les mythologies de Pierre[43]. La cheminée de marbre campan a été faite sur un modèle de Verberckt, chargé de le fournir avec le reste de la sculpture, et tire une rare valeur de ses bronzes dorés : aux montants s'attachent deux termes, dont la gaine fleurie enserre à mi-corps une jeune figure tenant des fleurs ; à droite est Zéphyre, la joue légèrement gonflée par le souffle ; à gauche, Flore, qui de son bras levé semble s'abriter en souriant. Leur auteur est Jacques Caffieri[44]. Versailles a perdu beaucoup d'ouvragés du maître ciseleur, si souvent appelé sous Louis XV à l'ornementation des appartements et qui avait placé ici même des bras de lumière. La cheminée de Flore et Zéphyre est une de ses œuvres importantes, qu'il est agréable de retrouver à son ancienne place.

Le grand cabinet du Dauphin [salle 48] est à l'angle du Château, sous le Salon de la Paix. Il a été de tout temps, depuis Monseigneur, le cabinet principal de l'appartement et Mignard en a peint le plafond ; il n'a d'abord été décoré que de lambris très riches, dorés en plein, qui renferment en symétrie des tableaux originaux des différents maîtres anciens, le tout mêlé de consoles qui portent aussi des porcelaines[45]. Quand le duc de Luynes, en 1747, écrit qu'on n'a rien changé dans cette pièce, il veut dire que la disposition générale est restée la même, tandis que la nouvelle chambre, transportée dans l'ancien cabinet de travail, s'est trouvée élargie et rendue carrée. Il ajoute, d'ailleurs, qu'on a orné le cabinet par une belle cheminée et beaucoup de dorures. La seule sculpture sur bois y était, en effet, évaluée à la somme de 6.525 livres. Au-dessus des quatre portes, le Dauphin désira voir les portraits de ses sœurs par Nattier. Au mur du côté de la chambre, un trumeau de glaces, semblable à celui de la cheminée, reflétait la vue du parterre du Midi ; entre les croisées, quatre autres plus étroits étaient surmontés d'un miroir ovale[46]. Cette belle pièce, qui servit de cabinet à Louis XVI comme Dauphin et après lui au comte de Provence, a dû se conserver à peu près intacte jusqu'à la Révolution. C'est Louis-Philippe qui a sacrifié l'œuvre de Verberckt. L'ébrasement des fenêtres, les volets, les chambranles, quelques beaux cuivres, dont ceux qui sont de modèle Louis XV doivent être attribués au ciseleur Le Blanc, voilà les seuls restes d'autrefois. Les travaux du nouveau musée ont permis d'utiliser une cheminée et des cadres de dessus de porte conservés dans les magasins. On y a aussi rétabli une frise de plâtre d'un bon style, qui est un moulage pris à l'angle symétrique du Château, et dont le sculpteur fut justement Verberckt.

La pièce délicieuse qui terminait l'appartement, en retour sur la terrasse du Midi, et qui est d'une conservation presque entière [salle 45], fut sculptée par Poullet, en 1747, mais ne prit qu'à partir de 1755 la disposition de cabinet en bibliothèque. Elle fut refaite alors et, tandis que l'on commandait à Boucher quatre paysages pour y placer, Martin était chargé d'en vernisser les boiseries. A la frise, aujourd'hui surchargée d'or, des enfants musiciens, des anges jouant de l'orgue et du violon rappellent les goûts connus du Dauphin. L'or n'apparaissait, hors des bordures des glaces, qu'aux encadrements des dessus de porte et des vitrages d'armoires à livres. Marie-Josèphe passait une partie de ses journées dans ce cabinet particulier de son mari : J'ai vu la Dauphine, dit Dufort de Cheverny, assise devant un métier, travaillant au tambour dans une petite pièce à une seule croisée, dont le Dauphin faisait sa bibliothèque. Le prince entrait chez la Dauphine par le cabinet voisin, dont plusieurs panneaux conservés font connaître une sculpture fort originale, due à Maurisant. L'artiste a fait les plus belles bordures de tableaux du temps de Louis XV ; cette spécialité ne l'a point empêché d'essayer à Versailles la décoration de certaines pièces de petites dimensions. Le seul débris de ces ouvrages est dans le cabinet de Marie-Josèphe de Saxe, que Martin revêtit de ses vernis[47]. Il n'y a presque rien, dans le reste de l'appartement, qu'on puisse rattacher à l'époque de Marie-Josèphe, sauf quelques volets et les bronzes des fenêtres. Ces pièces comme celles du Dauphin reçurent, lors de la création du Musée, des portraits d'amiraux, connétables et maréchaux, images pour la plupart apocryphes, qui ont cédé la place, dans le remaniement récent, à des œuvres du dix-huitième siècle. La destruction du décor a été opérée en 1833 par la volonté personnelle de Louis-Philippe ; l'architecte Nepveu, observant que tout ce rez-de-chaussée avait été fort bien restauré en 1816 et en 1820, proposait sagement d'y mettre des tableaux sans procéder à une démolition générale des boiseries ; ses conseils ne furent pas mieux écoutés que pour la chambre de la Reine, et Versailles subit encore ici une irréparable perte.

La première antichambre de la Dauphine [salle 42] servait de passage entre le péristyle de l'escalier de la Reine et les jardins, grâce à un perron descendant au parterre. Une lettre de la duchesse de Brancas, dame d'honneur de Marie-Josèphe, donne une idée de la vie et du mouvement dans cette partie du Château. Elle est adressée au Directeur général des Bâtiments : Madame la Dauphine se trouvant l'hiver incommodée du froid, et toujours importunée de ce que sa première antichambre sert d'asile à tous les mendiants, de passage à tout le monde, même aux chaises à porteurs, qu'elle a vu sous ses yeux traverser ladite pièce avec la livrée et les flambeaux de celles qui étaient dedans, m'a ordonné, Monsieur, de faire fermer la porte de cette antichambre qui donne sur le jardin, de la faire garder par l'huissier de l'antichambre, pour, n'être ouverte que pour la famille royale, voulant que la viande et les officiers de sa Bouche et autres fassent le tour par la cour pour n'entrer que par la porte du péristyle...[48] La seconde antichambre [salle 43] ouvrait au bas de l'escalier de la Reine, sous l'arcade aujourd'hui condamnée. Le grand cabinet [salle 44] n'a pas changé de forme, non plus que la chambre à coucher [salle 45], qui est celle où sont nés Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Ces pièces avaient depuis 1747 une décoration de bois sculpté fort importante[49]. On a retrouvé dans la seconde quelques panneaux anciens à moulures dorées et sans sculpture, probablement d'époque Louis XVI, qui ont inspiré les dernières installations. Derrière les deux cabinets voisins, est conservé un passage étroit qui mettait en communication directe cette chambre avec le cabinet du Dauphin. Il en est question dans un récit inédit du coucher de Marie-Antoinette, au soir de son mariage ; Louis XV amène par là le Dauphin, avant de lui donner la main pour se mettre au lit[50]. C'est, en effet, dans cet appartement que la jeune archiduchesse fut reçue à son arrivée à Versailles, et cette chambre resta la sienne, jusqu'au moment où elle put occuper, après les réparations nécessaires, les grandes pièces royales du premier étage.

 

Marie-Josèphe de Saxe habita à Versailles deux autres appartements. Aussitôt après la mort du Dauphin, elle souhaita quitter le rez-de-chaussée, qui lui rappelait trop péniblement des années heureuses et brillantes. Le rang qu'elle devait désormais tenir à la Cour ne lui permettait plus de conserver son installation de Dauphine ; Louis XV décida qu'elle en aurait une autre, et se plut à la rapprocher à la fois de Mesdames et de lui-même. Sa confiance était grande en Marie-Josèphe ; les facilités qu'elle eut de le voir à toute heure l'aidaient alors à combattre le mariage projeté de son fils avec l'archiduchesse Marie-Antoinette, au bénéfice d'une princesse de Saxe ; sans la mort qui l'emporta au milieu de la lutte, elle aurait sans doute obtenu que le Dauphin ne fût pas marié contre le gré maternel. Lors de son veuvage, dit un chroniqueur, Louis XV ne voulut pas qu'elle s'aperçût de son changement de sort ; il lui donna un appartement qu'elle parut désirer au-dessous du sien et l'on y pratiqua, par ses ordres, un escalier de communication ; il y mit toutes les recherches de la galanterie et, pour épargner à la princesse la fatigue de l'escalier, il ordonna de poser chez lui une sonnette qui répondait à la chambre qu'elle occupait[51]. Ce logis privilégié était l'ancien appartement de Madame de Pompadour. La princesse Christine de Saxe l'apprend à son frère Xavier, à la date du 12 février 1766 : Je ne saurais assez vous dire combien il [le Roi] s'occupe et a soin de notre chère Pepa ; il n'y a sorte de bonté qu'il n'ait pour elle. Vous savez déjà qu'elle occupe l'appartement de Madame de Pompadour, ce qui donne encore beaucoup de facilité au Roi d'aller chez elle ; aussi y vient-il trois ou quatre fois par jour et y reste assez longtemps. A ce témoignage on en peut joindre d'autres, par exemple un mot de Madame du Deffand écrivant à Walpole, le 26 avril 1767, un mois après la mort de Marie-Josèphe : C'est une espèce d'événement pour nous que l'appartement à Versailles de feu Madame la Dauphine, qui était vacant depuis sa mort et qui précédemment avait été à Madame de Pompadour, vient d'être donné à Madame Victoire. En réalité, la Dauphine avait encore une fois changé de logis ; car c'est aux Petits Cabinets du Roi qu'elle mourut, dans la partie du second étage qu'occupa après elle Madame du Barry[52]. Elle y restait toute voisine du Roi, qu'elle avait entrepris de convertir, et pouvait s'y défendre, par l'accès facile et quotidien, contre les intrigues du parti Choiseul. Ainsi ces observations anecdotiques rejoignent et parfois éclairent la grande histoire.

 

 

 



[1] L'audience solennelle de l'ambassadeur Turc donna lieu à une contestation considérable. Il s'agissait de savoir qui serait chargé de la charpente et des décorations peintes du trône du Roi dans la Grande Galerie. Les Premiers gentilshommes de la Chambre revendiquaient ce droit pour les Menus ; le directeur général des Bâtiments, M. Orry, leur opposait divers précédents établis sous Louis XIV, et arguait de la nature même de ses fonctions, qui mettaient sous ses ordres tous les ouvriers et artistes nécessaires pour l'exécution et lui attribuait l'entretien de tous les emplacements des fêtes. Les mémoires contradictoires présentés au Roi, qui ont été transcrits par le duc de Luynes (t. IV, p. 36-47), s'étendirent à des disputes d'un intérêt plus général, où je crois retrouver le feu et l'âpreté de Gabriel. Luynes semble lui-même le désigner (t. IV, p. 54). Au reste, il n'y eut pas de décision véritable, les deux parties étant convenues de conserver chacune leurs prétentions, et le duc d'Aumont ayant pris seul l'ordre du Roi, sans que cet arrangement pût tirer à conséquence contre le directeur général. — V. le récit de Luynes, t. IV, p. 70-80 (détails sur la disposition des troupes, p. 76). L'audience de congé eut lieu dans le Salon d'Apollon (p. 169).

[2] Les concerts de Marie Leczinska ont une certaine importance pour l'histoire de la musique en France. Ils ont commencé au Salon de la Paix dès 1725, sous la direction de MM. de Blamont et Destouches, surintendants de la Musique du Roi (de Rebel, à partir de 1736). On y entendait des premier de Lulli et des opéras nouveaux, complets ou par fragments ; dans le premier cas, l'audition prenait trois concerts ; à la fin de chaque audition, une collation était servie et la Reine complimentait les meilleurs chanteurs (Dussieux, t. I, p. 384). En 1726, la Comédie-Française lui donna cinq représentations, pendant la convalescence de ses couches (Mercure de France, 1726, p. 2134).

[3] C'était hier jour de concert. Il y en a un chez la Reine, et ce fut dans le cabinet avant la chambre [salle 116]. On avait représenté plusieurs fois à la Reine que cet arrangement lui serait plus commode que dans le salon [de la Paix], voulant jouer dans le salon après la musique. On avait même ajouté que Versailles était le seul lieu où elle eût cet embarras, puisqu'à Compiègne et à Fontainebleau c'est dans son antichambre. L'ancien usage avait toujours prévalu dans l'esprit de la Reine ; hier est le premier jour qu'il ait été changé (Luynes, t. XI, p. 143, 25 mai 1751).

[4] Voici des détails sur l'éclairage des salons aux jours de fête : On travaille continuellement à l'arrangement de l'Appartement, et on compte qu'il sera prêt pour dimanche. L'on a mis, comme au mariage de Madame Infante, trois rangs de lustres dans la galerie, 8 de chaque côté, ce qui fait 24. — Les cordons de ces lustres sont garnis de rubans de différentes couleurs qui entourent lesdits cordons et de l'un à l'autre forment des festons ; outre cela il y a plusieurs grandes girandoles sur des pieds. Le tout est arrangé avec beaucoup de goût, sans confusion. On a mis aussi des lustres et girandoles dans tout le reste de l'appartement, jusqu'au Salon d'Hercule exclusivement —. J'ai déjà marqué que les Menus avaient acheté un grand nombre de lustres ou chandeliers et de girandoles de cristal de Bohême pour les fêtes des Appartements. Ce fut à peu près dans le temps du mariage de Madame Infante, et parce que l'on était obligé d'en louer à chaque occasion ; depuis ce temps, on en a encore acheté pour 400.000 livres, et il y en a présentement de quoi garnir tous les Appartements (Luynes, t. XI, p. 325).

[5] Luynes, t. XI, p. 328-330, 339, 362. Une belle estampe de Marvie, d'après le dessin de M.-A. Slodtz, représente ce feu d'artifice et donne une idée des décorations du Parterre d'eau. L'affluence de la foule pressée dans le Château amena un accident singulier au palier supérieur de l'escalier de la Reine, où se trouvait une barrière ; une partie de la balustrade de marbre céda tout d'un coup et deux personnes furent grièvement blessées.

[6] Nolhac, Nattier, peintre de la cour de Louis XV, Paris, 1910, p. 122, d'après un récit inédit de la mort de Madame Marie-Thérèse, fille du Dauphin (Archives Nationales, O1 822).

[7] Hénault, Mémoires, p. 217. Détails sur l'accouchement de la Reine, Luynes, t. I, p. 75, 80.

[8] Sur le cérémonial des audiences de la Reine, qui variait suivant les cas, on trouve d'innombrables mentions dans Luynes, qui, sur ce point plus que sur tout autre, tenait à avoir un journal exact. V. notamment t. I, p. 54, 64, 96, 107, 113 ; t. VIII, p. 199 ; t. IX, p. 448 ; t. XIII, p. 48 ; t. XV, p. 397. Le Château sous Louis XV, p. 107.

[9] Archives Nationales, O1 1800, 1801. Comptes de François Vernet communiqués par M. Delaroche-Vernet (celui du plafond de la Reine monte à 3.334 livres 5 d.).

[10] Archives Nationales, K 147 ; O1 822.

[11] Luynes, t. II, p. 288 ; t. IV, p. 126 ; t. V, p. 223, 392, 421 ; t. VII, p. 45, 190, etc. (Le cabinet des Poètes paraît être celui où des peintures ont été retrouvées). J'ai tâché de reconstituer, d'après les données assez nombreuses des dossiers des Bâtiments, l'histoire des cabinets de Marie Leczinska. On la trouvera dans Le Château sous Louis XV, aux p. 117-130, ici résumées.

[12] Comptes des Bâtiments, O1 2240. Du 27 juillet : Parfait paiement au sieur Martin, vernisseur, de 3.578 livres, pour journées et couleurs fournies pour un des cabinets et la petite galerie des appartements de la Reine.

[13] La Martinière ajoute, en 1741, pour ces cabinets : Il y a sur les cheminées, qui sont d'un très beau marbre, des trémeaux de glaces, et vis-à-vis il y en a aussi d'autres sur les lambris. On y remarque des tableaux de paysages et des sujets champêtres au dessus des portes, lesquels sont de Boucher (p. 117-118).

[14] La scène se passe le 21 décembre 1747 (Luynes, t. VIII, p. 7, 150).

[15] Le devis de Rousseau s'élevait à 1.738 livres. Une partie de son travail dut être refaite en 1764, pour substituer une nouvelle menuiserie propre à recevoir des papiers de la Chine.

[16] Un des dessins retrouvés est reproduit dans Le Château sous Louis XV, p. 125. On y voit la place qu'ont dû occuper le portrait de Madame Henriette, peint en 1742, et celui de sa sœur qui est de 1745. Si l'on prenait à la lettre un mot de Mme Tocqué, indiquant que la Flore a été sur la cheminée du cabinet de la Reine, il faudrait admettre qu'elle a été encadrée dans une bordure fixe au-dessus de la glace (Nolhac, Nattier, éd. cit., p. 101, 103).

[17] Un dossier de plans et dessins, daté de 1749, nous apprend que le boudoir fut refait cette année-là ; une armoire s'enfonçait alors dans le mur du fond, et la pièce était un peu plus large qu'elle ne l'est restée, par suite de l'établissement d'un corps de cheminée. Le remaniement de 1749 semble celui dont parle Luynes : La Reine vient de faire un petit changement dans ses Cabinets de Versailles. Dans le petit cabinet qui est par-delà le grand, et qui touche à la salle des Gardes, elle avait fait mettre cinq tableaux faits par un peintre nommé Pierre ; quatre représentent les Quatre Saisons et le cinquième une Veillée de village. La Reine a trouvé les figures trop fortes pour un aussi petit endroit ; elle les a fait mettre dans des cadres dorés et les a placés dans son cabinet en bas, à Fontainebleau. Oudry, fameux peintre, vient d'en faire cinq autres qui seront posés ces jours-ci ; ils représentent les Cinq Sens ; ce sont de jolis paysages avec de très petites figures (t. X, p. 40). — Le mémoire de Pierre, s'élevant à 2.500 livres pour les cinq tableaux, est compté à l'exercice 1749 (Archives Nationales, O1 1934 A). Oudry reçoit la même somme pour les Cinq Sens, livrés le 24 novembre 1749 (Engerand, Inventaire des tableaux commandés, p. 360 et 396). Je ne sais à quel moment les Oudry furent remplacés par le décor de boiseries peintes.

[18] Courajod, Livre-Journal de Lazare Duvaux (1748-1758), Paris, 1873, p. XVIII, CVIII, CIX. Sur les tentures de papiers de la Chine et leur diffusion en France, v. la p. CXXI. L'inventaire inédit des objets meublant les cabinets de Marie Leczinska ajoute aux renseignements qu'on possède sur l'invasion du goût exotique à la Cour (Archives Nationales, K 147).

[19] Aux sieurs La Roche, Frédou, Prévôt et Coqueret, 2.000 livres, pour le paiement de huit tableaux représentant différents sujets chinois, qu'ils ont faits pour le service du Roi et ont été placés dans le cabinet de la Reine, au Château de Versailles, au mois de juin 1761 (Engerand, p. 103). Sur deux tableaux commandés par la Reine à Vien, l'un représentait l'arrivée de saint François-Xavier en Chine. Elle fit adresser à l'artiste des observations très minutieuses par le directeur général, au sujet des esquisses qui lui furent soumises (Courajod, p. XVIII, n. 2).

[20] La demande ne fut présentée au Roi par le directeur général qu'au travail du 6 novembre suivant : La Reine ayant laissé à Madame la comtesse de Noailles son cabinet des Chinois et l'intention de Votre Majesté étant qu'elle fasse bâtir un cabinet à Paris pour y placer ces peintures, M. le comte de Noailles désirerait la permission de transporter le tout comme il existe à présent, boiseries et glaces. Je prends la liberté, etc. La pièce porte le Bon du Roi (Archives Nationales, O1 1069). Cf. Campan, Mémoires, t. III, p. 70.

[21] Sur les deux appartements de Madame de Pompadour, v. Le Château sous Louis XV, p. 204-214. Celui d'en haut, à l'attique des Grands Appartements, avait servi avant elle à la duchesse de Châteauroux. — L'entresol fameux de Quesnay est mentionné par Marmontel, Mémoires, éd. Tourneux, t. II, p. 22 et 27. Son emplacement est fixé par le plan à petite échelle de Blondel. De l'arrière-cabinet de Louis XV, on en aperçoit les fenêtres sur la petite cour.

[22] L'histoire assez compliquée des diverses installations de Mesdames paraît débrouillée dans Le Château sous Louis XV, p. 75-88, p. 158-173.

[23] Luynes, t. I, p. 60 ; [Soulavie], Mémoires du maréchal de Richelieu, t. VIII, p. 83. C'est le premier appartement du Dauphin que donne le plan de Blondel. Le duc d'Anjou, né en 1730, l'habite et y meurt en 1733, d'après une anecdote racontée par Villars, Mémoires, t. V, p. 395. D'après Demortain, le duc de Berry (marié en 1710, mort en 1714) occupait l'appartement voisin, qui fut plus tard celui de la Dauphine. Villars y succéda à ce prince, en décembre 1714 : Le Roi donne au maréchal de Villars l'appartement qu'avait Mgr le duc de Berry... Il a sept grandes croisées sur le jardin (Dangeau, t. XV, p. 289).

[24] Luynes, t. VI, p. 129, 171 ; cf. p. 182, 201 ; t. VII, p. 366. Description du mobilier de la Dauphine, avec la tenture des Gobelins de l'Histoire d'Esther (t. VI, p. 341).

[25] Archives Nationales, O1 1810. Luynes note la décision royale, ainsi que le transfert de la petite Madame au rez-de-chaussée de l'aile des Princes : M. le Dauphin ne doit habiter ce nouveau logement que dans un an (t. VII, p. 365, 372, 390, 416).

[26] Luynes, t. VIII, p. 8, 330-333. Cf. p. 243, 246, 352. La Cour traverse les deux appartements et les petites cours intérieures pour les révérences de deuil, le 4 décembre 1748 ; l'itinéraire est indiqué dans Luynes, t. IX, p. 139.

[27] Etat des différents entrepreneurs et artistes qui travaillent à la décoration des nouveaux appartements destinés à M. le Dauphin et Madame la Dauphine, et à cette occasion aux Petits Appartements de la Reine. Ce document est publié dans Le Château sous Louis XV, p. 135.

[28] On renonça au travail de Peyrotte pour le cabinet particulier du Dauphin. Le mémoire de l'artiste, conservé dans le carton O1 1984 A, monte à 15.343 livres pour les dépenses suivantes : 1° Esquisses exécutées en grand sur toile et rehaussées d'or ; — 2° journées d'ouvriers figuristes, fleuristes, ornemanistes et manœuvres ; — 3° toiles, couleurs et marouflage ; — 4° son temps de mars à novembre 1747. Peyrotte a publié plus tard des recueils de cartouches chinois et autres ornements, gravés par Huquier et par M.-T. Martinet. Son chef-d'œuvre comme peintre est le Cabinet du Conseil, à Fontainebleau. Il décora Choisy de 1755 à 1758 (B. Chamchine, Le Château de Choisy, Paris, 1910, p. 148-153).

[29] Les tableaux de Pierre, exposés au Salon de 1748 et aujourd'hui au Louvre, ont été payés à l'artiste 1.600 livres (Engerand, Inventaire des tableaux commandés, p. 394). Ils figurèrent plus tard au cabinet de la Dauphine dans des bordures magnifiques et à oreilles (Piganiol, éd. de 1764, t. I, p. 327).

[30] On a conservé en divers palais six sujets des Fables de La Fontaine livrés en 1747 et payés 1.800 livres. Quatre autres tableaux d'Oudry, représentant les Quatre Saisons furent exécutés à la même date pour le cabinet particulier de la Dauphine et payés 1.600 livres (Engerand, p. 356-358). Parmi les tableaux que la Description de Piganiol (éd. de 1764, t. I, p. 324) place dans l'appartement du rez-de-chaussée, sont les six morceaux d'Oudry d'après des fables de La Fontaine, qui sont tous dans des bordures à oreilles. D'Argenville les mentionne également. J'ai pu faire replacer deux de ces dessus de porte chez le Dauphin. M. de Tournehem chargeait Oudry, le 28 janvier 1751, de faire emporter de Versailles un tableau de lui représentant une fable de La Fontaine, Les deux chiens et l'âne flottant, qui a été fait pour l'appartement de Mgr le Dauphin, mais qui doit être posé dans le nouveau Trianon. V. aussi Mémoires inédits, t. II, p. 394.

[31] Deux tableaux de la commande faite à Boucher pour le grand cabinet du Dauphin, estimés chacun 800 livres, furent placés à Marly dans la chambre du Roi : Vénus demandant à Vulcain des armes pour Enée et l'Apothéose d'Enée. Le premier, exposé comme ovale au Salon de 1747, est au Louvre avec cette date (Engerand, p. 47). V. Nolhac, Fr. Boucher, premier peintre du Roi, p. 48. La commande de 1756 n'est pas indiquée par Engerand ; elle était destinée au cabinet en bibliothèque que peignait Martin. — Voici l'ordre de Marigny à Boucher, du 22 avril 1756 : Monsieur, Mgr le Dauphin désirant avoir quatre dessus de porte en paysage de votre façon, pour son petit cabinet à Versailles, j'ai ordonné qu'on fit les châssis sur les places même. On vous les enverra incessamment. Il faut que vous exécutiez avec grand soin et grande attention ces paysages, le plus tôt qu'il vous sera possible. Je suis, Monsieur, etc. La commande était ainsi présentée au travail du Roi : Mgr le Dauphin a ordonné à M. le marquis de Marigny de faire faire quatre tableaux dessus de porte en paysages, pour son appartement à Versailles par le sieur Boucher. Votre Majesté veut-elle bien donner ses ordres à M. de Marigny ? Le Roi a mis de sa main : Bon, le 28 mai 1756 (Archives Nationales, O1 1811, fol. 79 ; O1 1609).

[32] Les sœurs du Dauphin que Nattier avait représentées dans la salle sont Madame Infante et Mesdames Henriette, Adélaïde et Victoire. Le peintre, qui pour la tête s'était servi de ses portraits antérieurs, exécuta les Quatre Eléments en 1751, au prix de 4.800 livres. Ils mesuraient 3 pieds 3 p. de haut sur 4 pieds 3 p. de large. (Nolhac, Nattier, peintre de la cour de Louis XV, Paris, 1910, p. 135-139, 223, etc. Engerand, p. 338).

[33] Le premier des tableaux de Natoire, daté de 1745, se retrouve au Petit Trianon. Ils sont portés sur le même mémoire que les tableaux des bains de la Reine. En 1747, le peintre fit le portrait du Dauphin, qui est à Versailles (Engerand, p. 311, 318). Sur Oudry, v. Engerand, p. 337.

[34] Archives Nationales, O1 1769. Gazette des Beaux-Arts de 1897, t. I, p. 111, 112 ; Le Château sous Louis XV, p. 137, 139, 140, 153.

[35] Luynes, t. VIII, p. 331. Le Château sous Louis XV, p. 167.

[36] Archives Nationales, O1 1810 (1er avril et 18 juin 1747). Le degré est expressément signalé par Luynes comme devant remplacer le vieil escalier tournant qui donnait jusqu'alors à l'appartement du Dauphin un accès fort incommode : On construit actuellement un escalier tournant dans la petite cour sur laquelle donnent les Petits Cabinets de la Reine, l'Œil-de-Bœuf et l'antichambre du Roi. Cet escalier donne dans l'Œil-de-Bœuf. Il existe de tous les temps un petit escalier auprès de la pièce où se tient le Premier valet de chambre au fond de l'Œil-de-Bœuf ; c'est par là que le Roi et la Reine ont souvent descendu chez M. le Dauphin. Cet escalier va du haut en bas du Château ; mais comme il est étroit et fort incommode par la hauteur des marches, le Roi a jugé à propos d'en faire construire un nouveau (t. VIII, p. 258, 5 juillet 1747). L'escalier en vis prenait dans l'appartement du Dauphin et montait jusqu'à un corridor au-dessus de l'appartement de la Reine, qui servait de dégagement à quatre appartements, alors occupés par l'archevêque de Rouen, l'évêque de Chartres, M. et Mme de Champagne, M. et Mme de Fleury (t. VIII, p. 458).

[37] Il n'est pas sans intérêt d'apprendre aussi sûrement la date de la grille du Dauphin, qu'on faisait remonter à Louis XIV. Le Château n'offre alors qu'un seul travail tout à fait analogue ; c'est la rampe de l'escalier intérieur du Roi, et encore est-elle moins parfaitement conservée que l'élégante grille de la terrasse, au chiffre commun de Louis XV et de son fils.

[38] Rapport de Marigny à Tournehem, 16 mai 1748 (Le Château sous Louis XV, p. 139). Luynes, t. VIII, p. 330-333 ; t. XI, p. 424.

[39] Voici le mémoire du stucateur Louis Mansiaux, dit Chevalier, tiré de son livre-journal, que me communique M. Lucien Layard : Du 5 avril 1756. Ouvrages et fournitures en stuc faits et livrés pour Mgr le Dauphin, sous la conduite et d'après les dessins de M. Gabriel. — Avoir fait les bains, enrichis de huit panneaux incrustés représentant des animaux colorés sur fond blanc, les socles de vert-vert, les champs blancs ; plus avoir fait sept pilastres enrichis de trophées représentant le jardinage, pour la somme de 6.000 livres. On a conservé quelques débris de ces panneaux d'animaux, d'un curieux travail.

[40] Ces divers ouvrages sont mentionnés par les dossiers cités ou analysés dans Le Château sous Louis XV, p. 139-141. Les rapports du mois d'octobre 1763 constatent que le doreur Brancour a si bien travaillé à blanchir et à restaurer les parties de dorures écaillées dans les appartements de Mgr le Dauphin et celui de Madame la Dauphine, que ces appartements sont actuellement comme neufs.

[41] Récit inédit (Archives Nationales, K 147). On a vu plus haut que cet escalier est de 1747 ; les plans font penser qu'il a été refait depuis, probablement pour Marie-Antoinette.

[42] Luynes, t. III, p. 147. Il y a, en janvier 1742, des indications analogues : Hier, il y eut bal en masque chez M. le Dauphin. On dansait dans le grand cabinet de M. le Dauphin et dans son cabinet d'étude. Il y avait deux tables dans le cabinet des glaces, où l'on jouait à cavagnole, et la collation était dans la salle de M. de Châtillon (t. IV, p. 84 ; cf. t. III, p. 242, 440 ; t. IV, p. 4). Blondel indique dans son plus ancien plan la salle 50 comme dépendant de l'appartement du gouverneur ; c'est un arrière-cabinet servant de garde-robe. La salle 49 est le cabinet en bibliothèque, et la salle 48, le grand cabinet.

[43] V. plus haut. Il existe deux panneaux dorés de cette pièce, provenant des démolitions de Louis-Philippe.

[44] On trouve le nom du ciseleur dans l'état des artistes employés. Les documents publiés par J.-J. Guiffrey, Les Caffieri, Paris, 1877, p. 86, montrent que Caffiéri a fait à Versailles, en 1747, pour 9.000 livres de travaux ; mais il n'y a aucune indication de ces ouvrages.

[45] La Martinière, t. VI, p. 114. Cf. Histoire du Château de Versailles, t. II, p. 197. C'est le grand cabinet, dont le fils de Louis XV se servit pour la première fois, en entrant aux hommes, le 15 janvier 1736 M. le Dauphin, en entrant chez lui, passa tout droit dans son cabinet, qui était celui qu'occupait en dernier lieu M. le duc d'Orléans régent et qui était auparavant celui de Monseigneur. Il y trouva les volets fermés, un théâtre dressé et des marionnettes toutes prêtes qui commencèrent à jouer aussitôt... (Luynes, t. I, p. 60).

[46] Etat des glaces délivrées pour le Dauphin, 20 septembre 1747 (Archives Nationales, O1 1810). Le parquet indiquant l'existence de ces glaces s'est trouvé encore en place entre les croisées, en 1896, quand on a déposé les panneaux de portraits de maréchaux de l'ancien musée.

[47] Maurisant avait fait en même temps les bains du Dauphin et reçu, pour les deux ouvrages, 4.003 livres 17 s. 8 d. (Archives Nationales, O1 2247) ; quelques morceaux du cabinet à niche, retirés par Louis-Philippe, sont en magasin. Martin, dont on a décrit plus haut le travail, avait exécuté pour ce charmant réduit tout un mobilier vernissé. On y voyait sans doute les deux paires de bras à branchages et fleurs de porcelaine de Vincennes, fournis à la Dauphine par Lazare Duvaux. Les livres du marchand-bijoutier du Roi désignent beaucoup d'objets du joli mobilier de la princesse, dont sa bibliothèque en bois de rose et sa table-écritoire de bois de rose à fleurs (Germain Bapst, Inventaire de Marie-Josèphe de Saxe, Paris, 1883, p. 72 et suiv.).

[48] Archives Nationales, O1 1069.

[49] On a vu plus haut que le devis de sculpture était de 5.502 et 3.33 t livres. C'est dans le grand cabinet, sans doute, que furent placés le buffet d'orgue et l'instrument d'une invention nouvelle, fournis par Somer et par Micault (Bapst, Inventaire de M.-J. de Saxe, p. 244).

[50] Archives Nationales, K 147. Cf. Nolhac, Marie-Antoinette dauphine, p. 110. Ce passage desservait la pièce des bains, qui fut lambrissée de stuc en 1756, et l'oratoire, dont la décoration picturale fut dirigée par le Dauphin lui-même.

[51] Vie privée de Louis XV [par Moufle d'Angerville], Londres, 1781, t. IV, p. 34. Cf. Soulavie, Mémoires sur le règne de Louis XVI, t. I, p. 312 ; Mémoires de Richelieu, t. IX, p. 338. Lettres de la marquise du Deffand à Horace Walpole, éd. Paget, Londres, 1912, t. I, p. 262.

[52] Beaucoup d'erreurs ont été débitées, de Michelet à Charles Vatel, sur les divers appartements de Marie-Josèphe de Saxe. Le premier confond de façon assez plaisante le logement de Le Bel et l'appartement de Madame du Barry : La mettre chez Le Bell le seul mot fait horreur... Tous les récits de Michelet sur Versailles témoignent de la même légèreté. Mais, s'il suit aveuglément les pamphlets les plus puérils, il a justement pressenti l'intérêt de ces questions dans les influences qui se partageaient la Cour. On trouve à ce sujet un texte assez curieux dans L'Espion dévalisé, Londres, 1782, p. 76 ; ce morceau, qui met en scène Gabriel, est cité dans Le Château sous Louis XV, p. 156.