Le vendredi et le samedi, l'infortunée prisonnière, dépouillée de l'habit d'homme, avait bien à craindre. La nature brutale, la haine furieuse, la vengeance, tout devait pousser les lâches à la dégrader avant qu'elle pérît, à souiller ce qu'ils allaient brûler... Ils pouvaient d'ailleurs être tentés de couvrir leur infamie d'une raison d'État selon les idées du temps ; en lui ravissant sa virginité, on devait sans doute détruire cette puissance occulte dont les Anglais avaient si grand'peur ; ils reprendraient courage peut-être, s'ils savaient qu'après tout ce n'était vraiment qu'une femme. Au dire de son confesseur à qui elle le révéla, un Anglais, non un soldat, mais un gentleman, un lord se serait patriotiquement dévoué à cette exécution, il eût bravement entrepris de violer une fille enchaînée, et, n'y parvenant pas, n'aurait chargée de coups[1]. Quand vint le dimanche matin, jour de la Trinité, et qu'elle dut se lever — comme elle l'a rapporté à celui qui parle[2], — elle dit aux Anglais ses gardes : Déferrez-moi, que je puisse me lever. L'un d'eux ôta les habits de femme qui étaient sur elle, vida le sac où était l'habit d'homme, et lui dit : Lève-toi. — Messieurs, dit-elle, vous savez qu'il m'est défendu ; sans faute, je ne le prendrai point. Ce débat dura jusqu'à midi ; et enfin, pour nécessité de corps, il fallut bien qu'elle sortît et prit cet habit. Au retour, ils ne voulurent point lui en donner d'autres, quelque supplication qu'elle fit[3]. Ce n'était pas au fond l'intérêt des Anglais qu'elle reprît l'habit d'homme et qu'elle annulât ainsi une rétractation si laborieusement obtenue. Mais en ce moment leur rage ne connaissait plus de bornes. Saintrailles venait de faire une tentative hardie sur Rouen[4]. C'eût été un beau coup d'enlever les juges sur leur tribunal, de mener à Poitiers Winchester et Bedford, celui-ci faillit encore être pris au retour, entre Rouen et Paris. Il n'y avait plus de sûreté pour les Anglais tant que vivrait cette fille maudite, qui sans doute continuait ses maléfices en prison. Il fallait qu'elle pérît. Les assesseurs, avertis à l'instant de venir au château pour voir le changement d'habit, trouvèrent dans la cour une centaine d'Anglais qui leur barrèrent le passage ; pensant que ces docteurs, s'ils entraient, pouvaient gâter tout, ils levèrent sur eux les haches, les épées, et leur donnèrent la chasse en les appelant traîtres d'Armagnaux[5]. Cauchon, introduit à grand'peine, fit le gai pour plaire à Warwick, et dit en riant : Elle est prise. Le lundi, il revint avec l'inquisiteur et huit assesseurs pour interroger la Pucelle et lui demander pourquoi elle avait repris cet habit. Elle ne donna nulle excuse ; mais, acceptant bravement son danger, elle dit que cet habit convenait mieux tant qu'elle serait gardée par des hommes ; que d'ailleurs on lui avait manqué de parole. Ses saintes lui avaient dit que c'était grand'pitié d'avoir abjuré pour sauver sa vie. Elle ne refusait pas, au reste, de reprendre l'habit de femme. Qu'on me donne une prison douce et sûre[6], disait-elle, je serai bonne et je ferai tout ce que voudra l'Église. L'évêque, en sortant, rencontra Warwick et une foule d'Anglais, et, pour se montrer bon Anglais, il dit en leur langue : Farewel, Farewel. Ce joyeux adieu voulait dire à peu près : Bonsoir, bonsoir, tout est fini[7]. Le mardi, les juges formèrent à l'archevêché une assemblée telle quelle d'assesseurs, dont les uns n'avaient siégé qu'aux premières séances, les autres jamais, au reste gens de toute espèce, prêtres, légistes, et jusqu'à trois médecins. Ils leur rendirent compte de ce qui s'était passé et leur demandèrent avis. L'avis, tout autre qu'on ne l'attendait, fut qu'il fallait mander encore la prisonnière et lui relire son acte d'abjuration. Il est douteux que cela fût au pouvoir des juges. Il n'y avait plus au fond ni juges, ni jugement possible, au milieu de cette rage de soldats, parmi les épées. Il fallait du sang, celui des juges peut-être n'était pas loin de couler. Ils dressèrent à la hâte une citation pour être signifiée le lendemain à huit heures ; elle ne devait plus comparaître que pour être brûlée. Le matin, Cauchon lui envoya un confesseur, frère Martin
Ladvenu, pour lui annoncer sa mort et l'induire à
pénitence... Et quand il annonça à la pauvre
femme la mort dont elle devoit mourir ce jour-là, elle commença à s'écrier
douloureusement, se détendre et arracher les cheveux : Hélas ! me
traite-t-on ainsi horriblement et cruellement, qu'il faille que mon corps,
net en entier, qui ne fut jamais corrompu, soit aujourd'hui consumé et rendu
en cendres ! Ha ! ha ! j'aimerois mieux être décapitée sept fois que d'être
ainsi brûlée !... Oh ! j'en appelle à
Dieu, le grand juge, des torts et ingravances qu'on me fait ![8] Après cette explosion de douleur, elle revint à elle et se confessa, puis elle demanda à communier. Le frère était embarrassé ; mais l'évêque consulté répondit qu'on pouvait lui donner la communion et tout ce qu'elle demanderait. Ainsi, au moment où il la jugeait hérétique, relapse, et la retranchait de l'Église, il lui donnait tout ce que l'Église donne à ses fidèles. Peut-être un dernier sentiment humain s'éleva dans le cœur du mauvais juge, il pensa que c'était bien assez de brûler cette pauvre créature, sans la désespérer et la damner. Peut-être aussi le mauvais prêtre, par une légèreté d'esprit fort, accordait-il les sacrements comme chose sans conséquence et qui ne pouvaient, après tout, que calmer et faire taire le patient... Au reste, on essaya d'abord de faire la chose à petit bruit, on apporta l'eucharistie sans étole et sans lumière. Mais le moine s'en plaignit ; et l'Église de Rouen, dûment avertie, se plut à témoigner ce qu'elle pensait du jugement de Cauchon ; elle envoya le corps du Christ avec quantité de torches, un nombreux clergé, qui chantait des litanies et disait le long des rues au peuple à genoux : Priez pour elle ![9] Après la communion, qu'elle reçut avec beaucoup de larmes, elle aperçut l'évêque et lui dit ce mot : Évêque, je meurs par vous... Et encore : Si vous m'eussiez mise aux prisons d'Église et donné des gardiens ecclésiastiques, ceci ne fût pas advenu... C'est pourquoi j'en appelle de vous devant Dieu ![10] Puis, voyant parmi les assistants Pierre Morice, l'un de ceux qui l'avaient prêchée, elle lui dit : Ah ! maître Pierre, où serai-je ce soir ? — N'avez-vous pas bonne espérance au Seigneur ? — Oh ! oui, Dieu aidant, je serai en paradis ! Il était neuf heures ; elle fut revêtue d'habits de femme et mise sur un chariot. A son côté se tenait le confesseur frère Martin Ladvenu, l'huissier Massieu était de l'autre. Le moine augustin frère Isambart, qui avait déjà montré tant de charité et tant de courage, ne voulut pas la quitter. On assure que le misérable Loyseleur vint aussi sur la charrette et lui demanda pardon ; les Anglais l'auraient tué sans le comte de Warwick[11]. Jusque-là la Pucelle n'avait jamais désespéré, sauf peut-être sa tentation pendant la semaine sainte. Tout en disant, comme elle le dit parfois : Ces Anglais me feront mourir, au fond elle n'y croyait pas. Elle ne s'imaginait point que jamais elle pût être abandonnée. Elle avait foi dans son roi, dans le bon peuple de France. Elle avait dit expressément : Il y aura en prison ou au jugement quelque trouble, par quoi je serai délivrée... délivrée à grande victoire ![12]... Mais quand le roi et le peuple lui auraient manqué, elle avait un autre secours, tout autrement puissant et certain, celui de ses amies d'en haut, des bonnes et chères saintes... Lorsqu'elle assiégeait Saint-Pierre, et que les siens l'abandonnèrent à l'assaut, les saintes envoyèrent une invisible armée à son aide. Comment délaisseraient-elles leur obéissante fille ? elles lui avaient tant de fois promis salut et délivrance !... Quelles furent donc ses pensées lorsqu'elle vit que vraiment il fallait mourir, lorsque, montée sur la charrette, elle s'en allait à travers une foule tremblante sous la garde de huit cents Anglais armés de lances et d'épées ? Elle pleurait et se lamentait, n'accusant toutefois ni son roi, ni ses saintes... Il ne lui échappait qu'un mot : Ô Rouen, Rouen ! dois-je donc mourir ici ? Le terme du triste voyage était le Vieux-Marché, le marché au poisson. Trois échafauds avaient été dressés. Sur l'un était la chaire épiscopale et royale, le trône du cardinal d'Angleterre, parmi les sièges de ses prélats. Sur l'autre devaient figurer les personnages du lugubre drame, le prédicateur, les juges et le bailli, enfin la condamnée. On voyait à part un grand échafaud de plâtre, chargé et surchargé de bois ; on n'avait rien plaint au bûcher, il effrayait par sa hauteur. Ce n'était pas seulement pour rendre l'exécution plus solennelle ; il y avait une intention, c'était afin que, le bûcher étant si haut échafaudé, le bourreau n'y atteignit que par en bas, pour allumer seulement, qu'ainsi il ne pût abréger le supplice[13], ni expédier la patiente, comme il faisait des autres, leur faisant grâce de la flamme. Ici, il ne s'agissait pas de frauder la justice, de donner au feu un corps mort ; on voulait qu'elle fût bien réellement brûlée vive ; que, placée au sommet de cette montagne de bois, et dominant le cercle des lances et des épées, elle pût être observée de toute la place. Lentement, longuement brûlée sous les yeux d'une foule curieuse, il y avait lieu de croire qu'à la fin elle laisserait surprendre quelque faiblesse, qu'il lui échapperait quelque chose qu'on pût donner pour un désaveu, tout au moins des mots confus qu'on pourrait interpréter, peut-être de basses prières, d'humiliants cris de grâce, comme d'une femme éperdue... Un chroniqueur ami des Anglais les charge ici cruellement. Ils voulaient, si on l'en croit, que la robe étant brûlée d'abord, la patiente restât nue, pour oster les doubtes du peuple ; que le feu étant éloigné, chacun vînt la voir, et tous les secrez qui povent ou doivent estre en une femme ; et qu'après cette impudique et féroce exhibition, le bourrel remist le grant feu sur sa povre charogne[14]... L'effroyable cérémonie commença par un sermon. Maître Nicolas Midy, une des lumières de l'Université de Paris, prêcha sur ce texte édifiant : Quand un membre de l'Église est malade, toute l'Église est malade. Cette pauvre Église ne pouvait guérir qu'en se coupant un membre. Il concluait par la formule : Jeanne, allez en paix, l'Église ne peut te défendre. Alors le juge d'Église, l'évêque de Beauvais, l'exhorta bénignement à s'occuper de son âme et à se rappeler tous ses méfaits, pour s'exciter à la contrition. Les assesseurs avaient jugé qu'il était de droit de lui relire son abjuration : l'évêque n'en fit rien. Il craignait des démentis, des réclamations. Mais la pauvre fille ne songeait guère à chicaner ainsi sa vie, elle avait bien d'autres pensées. Avant même qu'on l'eût exhortée à la contrition, elle s'était mise à genoux, invoquant Dieu, la Vierge, saint Michel et sainte Catherine, pardonnant à tous et demandant pardon, disant aux assistants : Priez pour moi !.... Elle requérait surtout les prêtres de dire chacun une messe pour son âme... Tout cela de façon si dévote, si humble et si touchante, que l'émotion gagnant, personne ne put plus se contenir ; l'évêque de Beauvais se mit à pleurer, celui de Boulogne sanglotait, et voilà que les Anglais eux-mêmes pleuraient et larmoyaient aussi, Winchester comme les autres[15]. Serait-ce dans ce moment d'attendrissement universel, de larmes, de contagieuse faiblesse, que l'infortunée, amollie et redevenue simple femme, aurait avoué qu'elle voyait bien qu'elle avait eu tort, qu'on l'avait trompée apparemment en lui promettant délivrance ? Nous n'en pouvons trop croire là-dessus le témoignage intéressé des Anglais[16]. Toutefois, il faudrait bien peu connaître la nature humaine pour douter qu'ainsi trompée dans son espoir elle n'ait vacillé dans sa foi... A-t-elle dit le mot ? c'est chose incertaine ; j'affirme qu'elle l'a pensé. Cependant les juges, un moment décontenancés, s'étaient remis et raffermis ; l'évêque de Beauvais, s'essuyant les yeux, se mit à lire la condamnation. Il remémora à la coupable tous ses crimes, schisme, idolâtrie, invocation de démons, comment elle avait été admise à pénitence, et comment, séduite par le prince du mensonge, elle était retombée, ô douleur ! comme le chien qui retourne à son vomissement.... Donc nous prononçons que vous êtes un membre pourri, et comme tel retranché de l'Église. Nous vous livrons à la puissance séculière, la priant toutefois de modérer son jugement en vous évitant la mort et la mutilation des membres. Délaissée ainsi de l'Église, elle se remit en toute confiance à Dieu. Elle demanda la croix. Un Anglais lui passa une croix de bois qu'il fit d'un bâton ; elle ne la reçut pas moins dévotement, elle la baisa et la mit, cette rude croix, sous ses vêtements et sur sa chair.... Mais elle aurait voulu la croix de l'église, pour la tenir devant ses yeux, jusqu'à la mort. Le bon huissier Massieu et frère Isambart firent tant qu'on la lui apporta de la paroisse Saint-Sauveur. Comme elle embrassait cette croix, et qu'Isambart l'encourageait, les Anglais commencèrent à trouver cela bien long ; il devait être au moins midi ; les soldats grondaient, les capitaines disaient : Comment ! prêtres, nous ferez-vous dîner ici ?... Alors, perdant patience et n'attendant pas l'ordre du bailli qui seul pourtant avait autorité pour l'envoyer à la mort, ils firent monter deux sergents pour la tirer des mains des prêtres. Au pied du tribunal, elle fut saisie par les hommes d'armes qui la traînèrent au bourreau, lui disant : Fais ton office... Cette furie de soldats fit horreur : plusieurs des assistants, des juges même, s'enfuirent pour n'en pas voir davantage. Quand elle se trouva en bas de la place, entre ces Anglais qui portaient les mains sur elle, la nature pâlit et la chair se troubla ; elle cria de nouveau : Ô Rouen, tu seras donc ma dernière demeure !... Elle n'en dit pas plus, et ne pécha pas par ses lèvres, dans ce moment d'effroi et de trouble... Elle n'accusa ni son roi, ni ses saintes. Mais parvenue au haut du bûcher, voyant cette grande ville, cette foule immobile et silencieuse, elle ne put s'empêcher de dire : Ah ! Rouen, Rouen, j'ai grand'peur que tu n'aies à souffrir de ma mort ! Celle qui avait sauvé le peuple et que le peuple abandonnait, n'exprima en mourant (admirable douceur d'âme !) que de la compassion pour lui... Elle fut liée sous l'écriteau infâme, mitrée d'une mitre
où on lisait : Hérétique, relapse, apostate, ydolastre....
Et alors le bourreau mit le feu... Elle le vit d'en haut et poussa un cri...
Puis, comme le frère qui l'exhortait ne faisait pas attention à la flamme,
elle eut peur pour lui, s'oubliant elle-même, et elle le fit descendre. Ce qui prouve bien que jusque-là elle n'avait rien rétracté expressément, c'est que ce malheureux Cauchon fut obligé (sans doute par la haute volonté satanique qui présidait) à venir au pied du bûcher, obligé à affronter de près la face de sa victime, pour essayer d'en tirer quelque parole... Il n'en obtint qu'une, désespérante. Elle lui dit avec douceur ce qu'elle avait déjà dit : Évêque, je meurs par vous... Si vous m'aviez mise aux prisons d'Église, ceci ne fût pas advenu. On avait espéré sans doute que, se croyant abandonnée de son roi, elle l'accuserait enfin et parlerait contre lui. Elle le défendit encore : Que j'aie bien fait, que j'aie mal fait, mon roi n'y est pour rien ; ce n'est pas lui qui m'a conseillée. Cependant la flamme montait... Au moment où elle toucha,
la malheureuse frémit et demanda de l'eau
bénite, de l'eau, c'était apparemment
le cri de la frayeur... Mais, se relevant aussitôt, elle ne nomma plus que
Dieu, que ses anges et ses saintes. Elle leur rendit témoignage : Oui, mes voix étaient de Dieu, mes voix ne m'ont pas trompée ![17]... Que toute
incertitude ait cessé dans les flammes, cela nous doit faire croire qu'elle
accepta la mort pour la délivrance
promise, qu'elle n'entendit plus le salut
au sens judaïque et matériel, comme elle avait fait jusque-là, qu'elle vit
clair enfin, et que, sortant des ombres, elle obtint ce qui lui manquait de
lumière et de sainteté. Cette grande parole est attestée par le témoin obligé et juré de la mort, par le dominicain qui monta avec elle sur le bûcher, qu'elle en fit descendre, mais qui d'en bas lui parlait, l'écoutait et lui tenait la croix. Nous avons encore un autre témoin de cette mort sainte, un témoin bien grave. Cet homme, dont l'histoire doit conserver le nom, était le moine augustin déjà mentionné, frère Isambart de la Pierre ; dans le procès, il avait failli périr pour avoir conseillé la Pucelle, et néanmoins, quoique si bien désigné à la haine des Anglais, il voulut monter avec elle dans la charrette, lui fit venir la croix de la paroisse, l'assista parmi cette foule furieuse, et sur l'échafaud et sur le bûcher. Vingt ans après, les deux religieux, simples moines, voués à la pauvreté et n'ayant rien à gagner ni à craindre en ce monde, déposent ce qu'on vient de lire : Nous l'entendions, disent-ils, dans le feu, invoquer ses saintes, son archange. Elle répétait le nom du Sauveur... Enfin, laissant tomber sa tête, elle poussa un grand cri : Jésus ! Dix mille hommes pleuraient... Quelques Anglais seuls riaient ou tâchaient de rire. Un d'eux, des plus furieux, avait juré de mettre un fagot au bûcher ; elle expirait au moment où il le mit, il se trouva mal ; ses camarades le menèrent à une taverne pour le faire boire et reprendre ses esprits ; mais il ne pouvait se remettre : J'ai vu, disait-il hors de lui-même, j'ai vu de sa bouche, avec le dernier soupir, s'envoler une colombe. D'autres avaient lu dans les flammes le mot qu'elle répétait : Jésus ! Le bourreau alla le soir trouver frère Isambart ; il était tout épouvanté ! Il se confessa, mais il ne pouvait croire que Dieu lui pardonnât jamais... Un secrétaire du roi d'Angleterre disait tout haut en revenant : Nous sommes perdus, nous avons brûlé une sainte ! FIN DE L'OUVRAGE |
[1] La simple Pucelle lui révéla que.... on l'avait tourmentée violentement en la prison, molestée, bastue et déchoullée, et qu'un millourt d'Angleterre l'avait forcée. Notices des mss., III, 497, d'après le ms. Soubise. — Néanmoins, le même témoin dit dans sa seconde déposition, rédigée en latin : Eam temptavit vi opprimere. (Lebrun, IV, 169) — Ce qui fait croire que l'attentat ne fut pas consommé, c'est que, dans ses dernières lamentations, la Pucelle s'écriait : .... Qu'il faille que mon corps, net en entier, qui ne fut jamais corrompu, soit consumé et rendu en cendres. Notices des mss., III, 493.
[2] Déposition de l'huissier Massieu qui la suivit jusqu'au bûcher. Notices des mss., III, 506.
[3] N'est-il pas étonnant que MM. Lingard et Turner suppriment des détails si essentiels, qu'ils dissimulent la cause qui obligea la Pucelle à reprendre l'habit d'homme ? Le catholique et le protestant ne sont ici qu'Anglais.
[4] Était-il envoyé par Charles VII pour délivrer la Pucelle ? rien ne l'indique. Il croyait avoir trouvé moyen de se passer d'elle ; Saintrailles se faisait mener par un petit berger gascon. L'expédition manqua, et le berger fut pris. Alain Chartier, Chroniques du roi Charles VII, et Jean Chartier, mai 1431, éd. Godefroy, p. 47. Journal des Bourgeois, éd. 1827.
[5] Déposition du notaire Manchon. Notices des mss., III, 502.
[6] In loto tuto. — Le procès-verbal y substitue : Carcer graciosus. (Lebrun, IV, 167).
[7] Faronnelle, faictes bonne chière, il en est faict. (Déposition d'Isambart.) Notices des mss., III, 493.
[8] Déposition de Jean Toutmouillé. Notices des mss., t. III, 493.
[9] Déposition de frère Jean de Lenozoles. (Lebrun, IV, 183.)
[10] Déposition de Jean Toutmouillé. Notices des mss., III, 494.
[11] Ceci, au reste, n'est qu'un on dit (audivit dici....), une circonstance dramatique dont la tradition populaire a peut-être orné gratuitement le récit. Notices des mss., III, 488.
[12] Procès français, éd. Buchon, 1827, p. 79, III. — An suum consilium dixerit sibi quod erit liberata a præsenti carcere ? — Respondet : Loquamini mecum infra ires menses.... Oportebit semel quod ego sim liberata.... — Dominus noster non permittet eam venire ita basse quin habeat succursum a Deo bene cito et per miraculum. Procès latin ms., 27 février, 17 mars 1431.
[13] De quoy il estoit fort marry et avoit grant compassion... Ce détail et la plupart de ceux qui vont suivre sont tirés des dépositions des témoins oculaires, Martin Ladvenu, Isambart, Toutmouillé, Manchon, Beaupère, Massieu, etc. Voyez Notices des mss., III, 489-508.
[14] Journal du Bourgeois, ad. 1826, p. 424.
[15] Episcopus Belvacensis flevit... — Le cardinal d'Angleterre et plusieurs autres Anglois furent contraincts plourer. Notices des mss., III, 480, 496.
[16] L'information qu'ils firent faire sur ses prétendues rétractations n'est signée ni des témoins devant qui elles auraient eu lieu, ni des greffiers du procès. — Trois de ces témoins, qui furent interrogés plus tard, n'en disent rien, et paraissent n'en avoir pas eu connaissance. (L'Averdy, Notices des mss., III, 130, 448.
[17] Quod voces quas habuerat, erant a Deo.... nec credebat per easdem voces fuisse deceptam. Notices des mss., III, 480.