LES LETTRES EN ÉGYPTE. - LES GYMNASES GRECS. - LES ÉCOLES ROMAINES. LES LETTRES EN ÉGYPTE. — Nous avons peu de renseignements sur l’éducation des jeunes Égyptiens et nous ignorons complètement comment leurs écoles étaient constituées ; cependant comme les lettrés étaient extrêmement considérés, et qu’ils remplissaient seuls les fonctions un peu élevées, il n’y a pas de doute sur la nécessité où l’on était d’instruire les enfants qui devaient occuper une position sociale un peu considérable. Dans un papyrus traduit par M. Maspero, un vieux scribe, infatué de sa profession, veut dégoûter son fils du métier d’artisan, et l’engage à suivre la carrière des lettres qui, en Égypte, mène seule à la richesse et aux honneurs : J’ai vu le forgeron à ses travaux, à la gueule du four ; ses doigts sont rugueux, comme des objets en peau de crocodile, il est puant plus qu’un œuf de poisson. — Le tailleur de pierres cherche du travail en toute espèce de pierres dures. Lorsqu’il a fini les travaux de son métier, et que ses bras sont usés, il se repose. Comme il reste accroupi dès le lever du soleil, ses genoux et son échine sont rompus. — Le barbier rase jusqu’à la nuit ; lorsqu’il se met à manger (alors seulement) il se met sur son coude (pour se reposer). Il va de pâtés de maisons en pâtés de maisons pour chercher les pratiques. Il se rompt les bras pour emplir son ventre, comme les abeilles qui cherchent les produits de leur labeur. — Le batelier descend jusqu’à Natho pour gagner son salaire. Quand il a accumulé travail sur travail, qu’il a tué des oies et des flamants, qu’il a achevé péniblement sa tâche, à peine arrive-t-il à son verger, arrive-t-il à sa maison qu’il lui faut s’en aller... Le maçon, la maladie le goûte, car il est exposé aux rafales, construisant péniblement, attaché aux (chapiteaux en forme de) lotus des maisons. Ses deux bras s’usent au travail, ses vêtements sont en désordre ; il se ronge lui-même, ses doigts lui sont des pains ; il ne se lave qu’une fois par jour, il se fait humble pour plaire, c’est un pion qui passe de case en case, c’est un pion qui passe de mois en mois sur les poutres (d’un échafaudage, accroché) aux (chapiteaux en forme de) lotus des maisons, y faisant tous les travaux nécessaires. Quand il a son pain, il rentre à la maison, et bat ses enfants... — Le tisserand, dans l’intérieur des maisons, est plus malheureux qu’une femme. Ses genoux sont à la hauteur de son cœur ; il ne goûte pas l’air libre. Si un seul jour il manque à fabriquer la quantité d’étoffes réglementaire, il est lié comme le lotus des marais. C’est seulement en gagnant par des dons de pain les gardiens des portes qu’il parvient à voir la lumière (du jour)... — Le fabricant d’armes peine extrêmement ; en partant pour les pays étrangers, c’est une grande somme qu’il donne pour ses ânes ; c’est une grande somme qu’il donne pour les parquer, lorsqu’il se met en chemin. A peine arrive-t-il à son verger, arrive-t-il à sa maison, le soir, il lui faut s’en aller... Le teinturier, ses doigts puent l’odeur des poissons pourris, ses deux yeux sont battus de fatigue, sa main ne s’arrête pas. Il passe son temps à couper des haillons ; c’est son horreur que les vêtements... — Le cordonnier est très malheureux, il mendie éternellement, il ronge le cuir pour se nourrir. J’ai contemplé les travaux manuels, et en vérité, il n’y â rien au delà des lettres. Comme on fait dans l’eau, plonge-toi au sein du livre Quemi, tu y trouveras ce précepte en propres termes : Si le scribe va étudier à Silsilis, son inactivité (corporelle) ne sera point sur lui. Lui, c’est un autre qui le rassasie, il ne remue pas, il se repose. J’ai vu les métiers figurés, y est-il dit en propres termes, (aussi) te fais-je aimer la littérature, ta mère ; je fais entrer ses beautés en ta face. Elle est plus importante que tous les métiers, elle n’est pas un vain mot sur cette terre ; celui qui s’est mis à en tirer profit, dès son enfance, il est honoré ; on l’envoie remplir des missions. Celui qui n’y va point reste dans la misère. Celui qui connaît les lettres est meilleur que toi, par cela seul. Il n’en est pas de même des métiers ; le compagnon y méprise son compagnon. On n’a jamais dit (au scribe) : travaille pour un tel ; ne transgresse pas tes ordres. Certes en te conduisant à Kheunou, certes j’agis par amour pour toi ; (car) si tu as profité un seul jour dans l’école, c’est pour l’éternité. Les travaux qu’on y fait sont durables comme les montagnes. C’est ceux-là que je te fais connaître. Nous ne possédons malheureusement pas de documents suffisants pour connaître les méthodes d’enseignement en usage dans les écoles des Égyptiens. LES GYMNASES GRECS. — Le gymnase, chez les Grecs, était un édifice consacré à l’éducation de la jeunesse. L’institution des gymnases a eu sur le développement de la civilisation grecque la plus grande influence ; ils comprenaient dans leur emplacement un stade pour la course, des espaces où la jeunesse s’exerçait à la lutte et à divers jeux, des bains chauds et froids, une école pour les premières études,.et des salles où les philosophes donnaient des leçons publiques. On y voyait aussi des autels pour honorer les dieux, divers monuments en souvenir des héros, des peintures et des statues pour décorer l’édifice. On donnait spécialement le nom de palestre à l’endroit destiné aux exercices de la lutte. L’abbé Barthélemy, dans le Voyage du jeune Anacharsis, donne une description très exacte des gymnases chez les Grecs et de leur organisation : Ce sont de vastes édifices entourés de jardins et d’un bois sacré. On entre d’abord dans une cour carrée et dont le pourtour est de deux stades. Elle est environnée de portiques et de bâtiments. Sur trois de ses côtés sont des salles spacieuses et garnies de sièges, où les philosophes, les rhéteurs et les sophistes rassemblent leurs disciples. Sur le quatrième on trouve des pièces pour les bains et autres usages du gymnase. Le portique exposé au midi est double afin qu’en hiver la pluie agitée par le vent ne puisse pénétrer dans sa partie intérieure. De cette cour on passe dans une enceinte également carrée. Quelques platanes en ombragent le milieu. Sur trois des côtés règnent des portiques. Celui qui regarde le nord est à double rang de colonnes pour garantir du soleil ceux qui s’y promènent en été. Le portique opposé, s’appelle xyste. Dans la longueur du terrain qu’il occupe, on a ménagé au milieu une espèce de chemin creux d’environ douze pieds de largeur. C’est là qu’à l’abri des injures du temps, séparés des spectateurs qui se tiennent sur les plates-formes latérales, les jeunes élèves s’exercent à la lutte. Au delà du xyste est un stade pour la course. A cette description nous ajouterons seulement que les cours étaient rectangulaires plutôt que complètement carrées. L’institution des gymnases a été, pour les artistes grecs, une véritable école des formes. Les études constantes, les observations réitérées que faisaient non seulement les sculpteurs, mais encore les instituteurs, les directeurs de palestres, les philosophes, et on peut dire toute la nation, étaient suffisantes pour fixer dans l’idée de tout le monde ce qu’est la beauté humaine, et quelles sont les lois qui, dans la pensée des Grecs, la constituent. Aussi les Grecs avaient-ils à ce sujet des principes arrêtés et des classifications rigoureuses, qui ne sont connus aujourd’hui que par les artistes et les érudits, mais qui, étant universellement répandus, donnaient à l’opinion publique un jugement sûr et toujours sain sur les œuvres des statuaires. Le xyste était un lieu couvert qui servait aux exercices des athlètes pendant l’hiver. Le stade était un espace de terrain oblong et arrondi à son extrémité. il était circonscrit par des gradins en pierre, posés en retrait les uns au-dessus des autres et quelquefois entourés d’une colonnade. Les gradins situés sur la partie demi-circulaire du stade étaient réservés aux magistrats et aux juges des jeux ; les barrières étaient disposées de façon que les concurrents eussent tous le même espace à parcourir, car originairement le stade servait à la course à pied ; mais on y admit plus tard les autres exercices. Ordinairement les prix destinés aux vainqueurs étaient placés au milieu du stade. Trois bornes servaient à indiquer la distance parcourue et portaient des inscriptions destinées aux lutteurs. Sur la première on lisait : courage ; sur une autre il y avait : hâte-toi ; et celle placée au tournant portait : tourne vite. Un stade était une annexe indispensable du gymnase, mais il y avait aussi des stades qui formaient des édifices spéciaux d’une grande richesse. Sur l’isthme de Corinthe il y avait, selon Pausanias, un stade construit en marbre blanc. A Delphes, dans la partie supérieure de la ville, on voyait un stade bâti d’abord en pierres du Parnasse, et qui fut ensuite revêtu de marbre par Hérode Atticus. Le stade d’Athènes élevé par Hérode Atticus était en marbre pentélique et d’une grandeur extraordinaire. Celui de Messène, dont il reste encore des débris, était extrêmement renommé. Les Lacédémoniens passent pour avoir les premiers établi des palestres ou lieux d’exercices pour les athlètes. Mais à la grande époque de la sculpture, cet usage était universellement répandu en Grèce, et dans tous les gymnases il y avait une palestre où les jeunes gens se fortifiaient par la gymnastique. Le chef d’un gymnase était un homme fort considéré, et il avait sous ses ordres plusieurs personnages exerçant des fonctions diverses, entre autres des sortes d’huissiers portant une baguette et chargés de veiller au bon ordre et à la régularité des exercices. Il y avait aussi des gymnastes chargés d’exercer les jeunes athlètes, et d’autres préposés pour les frotter d’huile et veiller aux soins de leur corps. Des récompenses étaient décernées aux jeunes gens qui, dans les luttes de la palestre ou dans divers exercices, avaient remporté le prix sur leurs camarades. Une coupe en terre cuite représente dans le fond un jeune homme dont la tête est ceinte d’une couronne. Cette coupe a saris doute été donnée en prix dans un gymnase ; sur les champs lisses du médaillon, nous voyons représentés, d’un côté le sac où l’on mettait la poudre dont on se couvrait après avoir frotté ses membres d’huile, de l’autre une lanière où pendent un strigile et un petit vase à parfums. Sur les flancs extérieurs du vase on voit le jeune garçon debout entre deux personnages assis, qui sont probablement ses professeurs. Un des deux semble l’interroger. Une lyre et d’autres instruments du gymnase sont figurés dans les espaces vides entre les personnages (fig. 1).
Bien que les palestres, dit Vitruve, ne soient pas en usage en Italie, je ne laisserai pas de décrire ici comment elles doivent être bâties et de quelle manière les Grecs ont coutume de les disposer. Dans les palestres il faut faire des péristyles carrés ou longs, qui aient deux stades de tour, qui est ce que les Grecs appellent diaulon. Trois des portiques de ce péristyle doivent être simples et le quatrième, qui regarde le midi, doit être double, afin que le vent ne puisse pousser la pluie jusqu’au fond. Le long dés trois autres portiques, on bâtit de grandes salles, où sont disposés des bancs sur lesquels viennent s’asseoir les philosophes, les rhéteurs et les autres gens de lettres pour y discuter sur les sciences. Le long du double portique, il doit y avoir les pièces suivantes : au milieu est l’éphébée ; c’est une salle spacieuse avec des sièges et qui est d’un tiers plus longue qu’elle n’est large ; à sa droite sont le coriceum et le conisterium ; ensuite et près de là est le bain d’eau froide, que les Grecs appellent loutron ; au côté gauche de l’éphébée est l’élæothesium, proche duquel est la chambre froide d’où l’on va par un passage au propnigeum, qui est dans le retour de l’autre portique. Tout proche de la chambre froide est l’étuve vouée pour faire suer ; cette pièce doit être deux fois plus longue que large. Dans l’intérieur, sur le côté, se trouve le laconicum et à l’opposite est le bain d’eau chaude. C’est ainsi que les péristyles de la palestre doivent être disposés. Il y a de plus, en dehors, trois autres portiques, dans l’un desquels on entre en sortant du péristyle. Les deux autres sont à droite et à gauche, on peut s’y exercer comme dans le stade. Celui de ces portiques qui regarde le septentrion doit être double et fort large ; l’autre sera simple, mais construit de telle sorte que le long du mur et le long des colonnes, il y aura comme des chemins élevés, larges de dix pieds, qui laisseront au milieu un autre chemin bas dans lequel on descendra par deux degrés, qui occuperont un pied et demi depuis le chemin haut jusqu’au chemin bas, qui n’aura pas moins de douze pieds. Par ce moyen, ceux qui se promèneront avec leurs vêtements sur ces chemins hauts ne seront point incommodés par ceux qui s’exercent dans le bas. Cette sorte de portique est appelée xyste par les Grecs, d’autant qu’il forme un stade couvert où les athlètes peuvent s’exercer pendant l’hiver. Afin de bien établir ces xystes, on fait entrer entre les deux portiques une plantation de platanes avec des allées, dans lesquelles on place d’espace en espace des sièges en maçonnerie. Le long du xyste couvert et du double portique, il faudra tracer des allées découvertes dans lesquelles les athlètes s’exercent en hiver quand il fait beau temps. Au delà de ce xyste il faut bâtir un stade assez ample pour contenir beaucoup de monde qui puisse voir à l’aise les exercices des athlètes.
La figure 2 montre le plan d’un gymnase d’après la restitution qui a été faite des ruines du gymnase d’Éphèse. La figure 3 nous présente la façade d’un gymnase d’après une terre cuite.
On était admis au gymnase dès l’âge de treize ans et jusqu’à dix-sept ans on pouvait concourir aux exercices dans la classe des enfants, mais passé cet âge il fallait entrer en lutte avec les hommes. A Sparte, le pugilat des enfants avait une extrême importance, et s’exerçait avec une férocité qu’on ne trouve point ailleurs en Grèce. Pausanias en donne un exemple dans son voyagé en Laconie. Il y a, dit-il, un endroit qu’on nomme Plataniste, à cause de la quantité de grands platanes dont il est rempli. Les jeunes Spartiates font leurs combats dans cette plaine qui est toute entourée de l’Euripe ; on dirait une île au milieu de la mer. On y passe par deux ponts ; à l’entrée de l’un il y a une statue d’Hercule et à l’entrée de l’autre un portrait de Lycurgue. Car Lycurgue a fait des lois, non seulement pour la république en général, mais aussi pour les exercices et les combats des jeunes gens ; aussi la jeunesse lacédémonienne a des usages particuliers..... Le jour de la lutte, les jeunes gens, divisés en deux troupes, arrivent au rendez-vous, et au signal donné ils se ruent les uns sur les autres, se battent à coups de poing, à coups de pied, se mordent de toute leur force et cherchent à s’arracher lés yeux. Vous les voyez lutter à outrance, tantôt un contre un, tantôt par pelotons, et tantôt tous ensemble, chaque troupe faisant tous ses efforts pour faire reculer l’autre et la pousser dans l’eau qui est derrière. Les exercices athlétiques des enfants sont représentés sur plusieurs monuments. Deux statues du Vatican, de la même grandeur et toutes les deux en marbre de Carrare, montrent des enfants armés du ceste. Celui qui fait le rôle d’assaillant avance le pied droit et se prépare à porter un coup, l’autre au contraire se dispose à parer. Dans un petit bas-relief du Louvre, on voit deux enfants qui préludent aux exercices en essayant de se faire plier le poignet. Mais il faut citer surtout de charmants camées de la galerie de Florence, où l’on voit deux tout petits enfants s’avancer l’un contre l’autre, tandis que le gymnaste placé derrière l’un d’eux leur fait ses instructions. Mercure, qui est le dieu de l’éloquence en même temps que le dieu des athlètes, était naturellement le patron des gymnases, dans lesquels les exercices de l’esprit marchaient concurremment avec ceux du corps. Aussi son image figurait habituellement dans tous les endroits consacrés à l’enseignement (fig. 4). La grammaire, l’arithmétique, la géométrie et l’histoire formaient les matières habituelles de l’enseignement élémentaire. Les méthodes qui paraissent avoir été employées pour l’enseignement de l’histoire méritent d’être rapportées. L’histoire des temps héroïques de la Grèce a eu les poètes pour interprètes, et c’est d’après leurs récits qu’elle était enseignée aux enfants dans les écoles. Comme ces récits renfermaient toutes les traditions nationales et religieuses du pays, ils avaient aux yeux des Grecs une très grande importance ; pour en faciliter l’étude aux élèves, ou mettait sous leurs yeux des séries de représentations, sous forme de petits bas-reliefs en stuc ou en terre cuite, reproduisant les principales scènes de l’histoire qui devait être apprise, et des noms propres, gravés sous les personnages les plus importants, venaient en aide à la mémoire des enfants, qui récitaient sans doute en face de ces images les passages qu’ils avaient appris par cœur. Un de ces bas-reliefs, retrouvé sur la voie Appienne, a reçu le nom de table iliaque, parce qu’il représente les principaux événements de la guerre de Troie. Ce bas-relief, bien que mutilé et incomplet, renferme un très grand nombre de scènes historiques, ce qui permet de se rendre compte de la méthode employée pour l’enseignement de cette période historique. Pour l’explication des figures, nous suivrons celles qui ont été données par M. Guigniaut dans la Nouvelle Galerie mythologique.
Au centre de la figure 5, nous voyons le temple d’Apollon Sminthien ; à gauche, Chrysès, suivi du bœuf qu’on amène pour le sacrifice, invoque le dieu qui envoie la peste aux hommes. Son vœu est exaucé, car à droite du temple, on voit un malade près de succomber, à côté de son chien qui le regarde. Derrière le mourant, le devin élève la main, en signalant la cause du mal. Agamemnon et Nestor, assis devant d’autres chefs, semblent délibérer. Puis voici Achille qui tire son épée contre Agamemnon (fig. 6), mais Minerve le retient par les cheveux. On amène une hécatombe pour apaiser le dieu et Ulysse rend Chryséis à son père qui l’embrasse. La jeune fille semble appuyée contre un autel placé en face du temple. Enfin derrière le temple, Thétis, agenouillée devant Jupiter, le supplie de venger l’injure que les Grecs ont faite à son fils en lui enlevant Briséis.
Le monument étant incomplet, les bas-reliefs suivants, dont le sujet se rapportait probablement aux douze premiers chants de l’Iliade, nous manquent.
C’est en effet au chant XIII que se rattachent les scènes représentées sur la figure 7, dont le développement se suit en commençant par la bande inférieure. Nous devons faire observer toutefois que l’ordre du récit n’a pas toujours été suivi rigoureusement ; qu’il y a des épisodes que le poète a placés dans un chant, et que le sculpteur a représentés dans un autre endroit. La bande inférieure représente trois combats, celui de Mérionès contre Acamas, celui d’Idoménée contre Othrionée, qui tombe dans les bras d’un de ses compagnons, et celui d’Énée contre Apharée. Dans la bande supérieure, Ajax tue Archiloque en voulant frapper Polydamas qui évite le coup ; Neptune, sous les traits de Calchas, se présente devant Ajax, et Apollon, reconnaissable à son arc, touche Hector pour lui rendre les forces que le héros a perdues.
Dans la figure 8, on voit, sur la bande inférieure, le combat près des vaisseaux. Parmi les combattants, on reconnaît Énée, Pâris qui tient un arc, et Hector qui attaque le navire défendu par Ajax et Teucer. Caletor tente de mettre le feu au vaisseau grec, et Clitos est tué par Teucer qui, abrité par le bouclier d’Ajax, lui a décoché une flèche. Sur la bande supérieure, Patrocle, aidé par Automédon, revêt l’armure d’Achille qui, assis sous sa tente, refuse de combattre, malgré les prières de Phœnix et de Diomède. Puis Patrocle est tué par Hector, et Automédon s’enfuit sur le char d’Achille.
Les suites du combat précédent sont représentées sur la figure 9. Dans la bande inférieure, Hector monté sur son char est combattu par Ajax, qui s’abrite derrière son grand bouclier. Ménélas veut emporter le corps de Patrocle, que Mérionès et lui placent ensuite sur son char.. Au centre on voit le corps de. Patrocle sur une estrade ; Achille est plongé dans la douleur et les femmes se lamentent. Ensuite Thétis vient demander des armes à Vulcain, assis devant sa forge, au milieu des cyclopes qui font un bouclier. En haut, Thétis vient d’apporter les armes au héros qui attache ses cnémides, et Achille s’élance sur son char conduit par Automédon.
Sur la figure 10, on voit au bas Neptune qui entraîne Énée, et Achille qui combat Démoléon, puis qui frappe les deux fils de Priam, Hippodamas et Polydore. Dans la bande centrale, le fleuve Scamandre rejette les cadavres qui obstruaient son cours, Neptune tend la main à Achille que ses forces allaient abandonner, et les Phrygiens, pour éviter les coups du héros, fuient vers la ville. En haut, Hector, demeuré seul près de la porte Scée, est ensuite tué par Achille, qui lui enlève son casque, et traîne son corps attaché à son char.
Le bûcher de Patrocle et les jeux célébrés en son honneur occupent toute la bande inférieure de la figure 11 et sur la bande supérieure on voit le rachat du corps d’Hector et les présents offerts par Priam pour la rançon de son fils.
Les événements relatifs à la guerre de Troie, qui sont postérieurs aux récits de l’Iliade, sont représentés sur les figures 12 et 13. On y voit la mort de Penthésilée, et celle de Thersite, le combat d’Achille contre Memnon, la mort d’Achille, les fureurs d’Ajax, l’enlèvement du Palladium, le cheval de Troie, la prophétesse Cassandre, etc.
Enfin les scènes relatives à là prise et au pillage de Troie forment le sujet du bas-relief qui occupait le centre du monument (fig. 14). La ville apparaît au milieu de ses remparts flanqués de tours crénelées. Dans l’intérieur on voit le massacre de la famille de Priam et l’égorgement des Troyens par les Grecs victorieux. Devant la porte, Mercure conduit Énée, qui porte sur ses épaules son père Anchise, et donne la main à Ascagne. En dehors des portes, on voit à gauche le tombeau d’Hector, autour duquel se sont réfugiées les Troyennes en larmes, et à droite le tombeau d’Achille, avec le sacrifice de Polyxène. En bas sont figurés des vaisseaux, avec le départ d’Énée qui conduit les derniers Troyens dans une contrée lointaine. En dessous est une inscription dont le sens est : Apprenez la splendide ordonnance d’Homère, afin que, la connaissant, vous possédiez la mesure de toute sagesse. Des notions de mathématiques, d’histoire et de grammaire formaient, avec la gymnastique et la musique, l’ensemble des connaissances dont on enseignait les éléments dans les gymnases. L’étude des langues étrangères n’est jamais entrée dans l’éducation ordinaire des Grecs. Pour l’enseignement des sciences et des lettres à un degré supérieur, les élèves s’adressaient habituellement à un philosophe ou à un sophiste, et les discours de l’agora les initiaient ensuite aux affaires de la république. Il ne semble pas d’ailleurs qu’il y ait eu en Grèce des établissements analogues à nos collèges d’internes, ou à nos grandes écoles de l’État. LES ÉCOLES ROMAINES. — Les gymnases des Grecs appartenaient à la cité, et les magistrats pouvaient toujours exercer un certain contrôle sur le maître et sur les élèves. Lien de pareil n’avait lieu à Rome où l’enseignement a toujours été entièrement indépendant de l’État. Le métier de maître d’école n’était ni plus ni moins considéré qu’une industrie ordinaire, et celui qui l’exerçait à ses risques et périls ne pouvait en aucune façon prendre le titre de fonctionnaire public. Les enfants de la classe riche n’allaient pas à l’école ; ils étaient élevés par un professeur attaché à la famille. Aussi l’école chez les Romains n’a jamais eu l’importance du gymnase chez les Grecs. A Rome, les garçons et les filles étaient souvent mêlés dans les écoles de jeunes enfants, comme cela a lieu encore assez fréquemment dans nos villages. Une peinture antique, d’une exécution assez médiocre, nous montre une de ces écoles : la scène paraît se passer sous un portique (fig. 15). Il y avait en effet des écoles en plein air, et sous les, portiques du forum, notamment ; on y enseignait à la fois les arts libéraux et mécaniques. C’est ainsi que le décemvir Appius devint épris de Virginie en la voyant lire sous un portique. Sur le premier plan de notre peinture, on voit un des écoliers qui a été dépouillé de ses vêtements pour recevoir une correction infligée avec des verges. Dans toute l’antiquité, les seules punitions employées dans les écoles étaient les châtiments corporels qui, à Sparte, paraissent avoir été beaucoup plus durs que dans les autres villes de la Grèce ou de l’Italie. Cependant les châtiments corporels, quoi que pratiqués en Grèce, ne répondaient guère à la finesse et à la délicatesse d’esprit des Hellènes. Aussi voyons-nous les philosophes s’élever énergiquement contre un semblable système d’éducation. Il faut amener les enfants à la pratique du bien, dit Plutarque, par des exhortations, des paroles, et non pas, grands dieux ! par des coups et des mauvais traitements : je passe sous silence l’indignité d’un pareil système, applicable plutôt à des esclaves qu’à ces jeunes gens de condition libre. A ce régime l’enfant devient comme hébété, et il prend le travail en horreur, tant à cause de la souffrance des coups, qu’à la suite des humiliations. La louange et le blâme sont plus efficaces que tous sévices sur des enfants de condition libre. La louange les encourage au bien, le blâme les détourne de ce qui est honteux. Il faut, par l’emploi successif et varié des réprimandes et des éloges, tantôt leur faire honte en les reprenant s’ils se laissent aller à la présomption, tantôt les relever par des encouragements. Ainsi le pratiquent les nourrices, qui, après avoir fait pleurer les petits enfants, leur présentent ensuite le sein pour les consoler. Ce point de vue, qui convient mieux à la tournure d’esprit des habitants de l’Attique que de ceux de Laconie, devait être encore moins compris des Romains. Chez ce peuple éminemment militaire, la discipline devait jouer le plus grand rôle et impliquait la pensée d’une sanction immédiate et sensible. La figure 16 montre un écolier romain portant au cou la bulla, en signe de son jeune âge. Nous n’avons pas à revenir ici sur la bulla dont l’usage a déjà été expliqué (tome II, page 173).
La figure 17 représente un jeune garçon que sa mère amène au maître d’école chargé de l’instruire. L’enfant est vêtu avec une draperie qui laisse à découvert tout le côté droit de son corps. Le pédagogue est assis et tient en main un long bâton : il a dans sa main gauche un papyrus roulé qu’il a pris sans doute dans la petite cassette ronde qu’on voit près de lui et qui en contient de semblables. Ce professeur ne porte pas la barbe, signe distinctif du philosophe. On peut en conclure que c’est un grammairien, profession d’ailleurs très appropriée à l’âge de l’élève. |