LA VIE PRIVÉE DES ANCIENS

TOME II — LA FAMILLE DANS L’ANTIQUITÉ

LE VÊTEMENT. — III. - COSTUMES DE LA GRÈCE

 

 

LES VÊTEMENTS DE DESSOUS. - LE CHITON. - LES ROBES À DESSINS. - LES VÊTEMENTS TRANSPARENTS. - COSTUMES DIVERS.

 

LES VÊTEMENTS DE DESSOUS. — Nous avons vu les draperies qui enveloppaient le corps et que la statuaire aimait tant à représenter, à cause des larges plis qu’elle savait en tirer. Ces draperies font partie du costume grec, mais elles forment exclusivement les vêtements de dessus. Ceux de dessous présentent une allure plus modeste, et sont souvent dissimulés en partie par l’ample draperie qui les recouvre. Outre le chiton qui répond à notre chemise, mais qui, dans les représentations a beaucoup plus d’importance, parce qu’il est beaucoup plus apparent, et constitue presque à lui seul le vêtement de l’artisan et du cultivateur, il faudra nous occuper de quelques costumes spéciaux, qu’on ne rencontre que sur les peintures de vases.

Le joli bas-relief que montre la figure 344 représente une scène dont les antiquaires ont donné deux interprétations très différentes. On y voit aujourd’hui Orphée se retournant pour voir Eurydice que Mercure amène des enfers ; autrefois, on croyait y reconnaître Antiope entre Zéthus et Amphion. Quel que soit le nom qu’on veuille donner aux personnages, ce monument offre pour nous un intérêt tout à fait particulier, parce qu’on y voit les principales parties qui composent le costume des Grecs, tel qu’il est représenté sur la plupart des monuments de la sculpture. Les deux hommes portent le chiton à double ceinture, avec la chlamyde agrafée sur l’épaule droite. L’un des deux est coiffé d’un casque, l’autre porte le chapeau thessalien, rejeté derrière les épaules. La femme est vêtue de la longue robe ionienne, et sa tête est recouverte du voile. Chacune de ces pièces demande une étude particulière.

 

LE CHITON. — Le chiton ou tunique, vêtement de dessous, porté par les deux sexes et par toutes les classes de la société, se compose d’une pièce d’étoffe cousue sur un seul côté et fixée sur les épaules à l’aide d’agrafes. Son office est celui d’une chemise qui tiendrait au corps par le moyen d’une ou deux ceintures. Mais pour les artisans et les laboureurs, c’était à peu près l’unique vêtement, tandis que dans la classe aisée on mettait toujours par-dessus une draperie flottante. Il en est du chiton comme des vêtements que nous avons examinés déjà ; bien qu’il soit très simple dans son principe, il y avait de grandes différences dans la manière de le porter, qui peuvent se résumer en trois types principaux, celui qui laisse à découvert les deux bras, les deux jambes et une partie de la poitrine, celui qui recouvre la poitrine et laisse seulement les membres nus, enfin celui qui est pourvu de manches et qui retombe jusqu’aux pieds.

La tunique sans manche s’attachait sur l’épaule gauche, au moyen d’un nœud ou d’une agrafe ; et laissait le bras droit découvert, ainsi que les pectoraux. Cette tunique était portée surtout par les laboureurs et les ouvriers. La jolie statue du Louvre qu’on désigne sous le nom d’Antinoüs (fig. 345) présente la forme la plus, habituelle de cette tunique, qui est fixée à l’épaule gauche par un nœud et retenue au corps par une petite ceinture mince sur laquelle la partie supérieure est rabattue de manière à la masquer presque entièrement.

Cette tunique au surplus ne se portait pas toujours de la même manière, et la statue, connue sous le nom de Thésée, nous montre un vêtement analogue avec un tout autre ajustement. La tunique, d’une étoffe plus fine, forme des plis plus nombreux et plus serrés. Elle laisse une moins grande étendue de la poitrine à découvert, et n’est pas rabattue sur la ceinture qui est au contraire parfaitement visible. Le sculpteur, comme s’il eût voulu faire voir que le personnage qu’il représentait n’était pas un ouvrier à son travail, a eu soin de lui jeter sur l’épaule une petite draperie qui retombe sur le bras, et pourrait, si elle était jetée autour de la poitrine, modifier complètement le vêtement du personnage (fig. 346).

Cette manière de porter le chiton est particulière aux hommes, et dans aucune époque de l’histoire grecque, les femmes n’ont porté un vêtement laissant le sein découvert. On voit quelquefois un sein nu aux Amazones, mais ces femmes guerrières appartiennent à la mythologie, et d’ailleurs le pays où la fable place leur séjour est l’Asie et non la Grèce. Cependant le chiton des femmes spartiates offre cette particularité qu’il laisse voir quelquefois non pas le sein, mais la cuisse. Ce vêtement serré est formé de deux pièces d’étoffes cousues seulement du côté gauche, en sorte qu’il laisse à droite une longue fente, qui va de haut en bas et se changerait en une large ouverture, si la ceinture ne l’enserrait complètement autour du corps. Cette fente avait pour but de laisser plus de liberté aux mouvements, ce qui n’était pas inutile à Sparte, où les jeunes filles devaient, aussi bien que les garçons, se livrer à des exercices violents.

Voici encore (figure 347-348) une figure vêtue de la tunique spartiate ; c’est la belle statue du Louvre connue sous le nom de Diane de Gabies. Le chiton qu’elle porte est quelquefois appelé xystis : c’est un vêtement qu’on voit quelquefois à Diane et assez fréquemment aux Amazones. Il est toujours relevé au-dessus du genou. Par-dessus ce vêtement, la déesse est en train d’ajuster son manteau en chlamyde ; ce petit manteau court était particulièrement convenable pour la chasse.

A l’exception des femmes spartiates, la tunique courte était un costume qu’on employait rarement seul, c’est-à-dire qu’elle était recouverte par une autre tunique beaucoup plus longue, sur laquelle on mettait le manteau. Le costume habituel des femmes grecques comprend donc en réalité trois vêtements, le chiton court qui se porte sur la peau comme nos chemises, la tunique longue, ou tunique qui se place par-dessus comme nos robes, et le manteau qui fait l’office de nos châles ou des vêtements du même genre. Mais l’usage des jupons ne couvrant que le bas du corps et n’adhérant pas à la partie supérieure du vêtement était inconnu aux femmes grecques.

La tunique longue s’emploie habituellement comme sur-tunique, mais souvent aussi elle adhère directement au corps : c’est ce que montre la figure 349 qui représente la muse Euterpe.

Dans la plupart des monuments, on voit que le vêtement de dessous est d’un tissu plus fin que celui de dessus, et les plis de ces deux vêtements présentent toujours un caractère très différent. Le groupe de Cérès et Proserpine (figure 350) dans le fronton du Parthénon offre un exemple très remarquable de cette différence. Dans les deux figures, le vêtement de dessous forme une multitude de petits plis très serrés et qui accusent tous une forme serpentine bien caractérisée. Cela tenait à l’habitude où étaient les ménagères de tordre le tissu qu’elles avaient lavé sans le repasser ; l’étoffe, qui était très fine, se plissait ainsi en séchant. Nous voyons au contraire le pallium qui enveloppe ici la partie inférieure du corps dessiner de grands plis dont la direction est impérieusement indiquée par le mouvement des membres.

La figure 351 nous montre un costume tout particulier dont on retrouverait assez difficilement l’analogue. Par-dessus la tunique dont elle est revêtue, on voit une seconde tunique et celle-ci n’est pas retenue par une ceinture. Le nom de Flore, qui est ordinairement donné à cette statue, a été contesté, car la couronne qu’elle porte sur la tête, et qui n’est point une restauration, peut aussi bien s’appliquer aux .Muses, aux Heures, etc., et la singularité de son costume est telle qu’il ne peut décider en faveur d’aucune des conjectures qui ont été faites ; aussi est-ce à titre d’exception que nous lavons fait reproduire ici.

 

LES ROBES À DESSINS. — Les Grecs étaient généralement peu prodigues d’ornements sur leur vêtement. La plupart du temps, les vêtements de dessus sont complètement unis, ou bien relevés simplement par une petite bordure comme le montre la figure 352.

Cette bande qui borde les vêtements était généralement couleur de pourpre, mais on ne peut riel : dire de positif à cet égard, car les couleurs étant choisies par les personnes qui portaient le vêtement, devaient naturellement être assez variées. Mais l’habitude qu’avaient les courtisanes, presque toutes originaires d’Asie Mineure, de porter des vêtements bariolés, et souvent couverts de dorures, faisait que, à Sparte particulièrement, une citoyenne aurait cru se compromettre en portant un vêtement qui ne fût pas rigide d’aspect et dépourvu de couleurs éclatantes. Les mœurs athéniennes étaient à cet égard plus conciliantes et la fréquentation des Ioniens d’Asie, beaucoup plus somptueux dans leurs vêtements que les habitants de la Grèce propre, a amené dans le costume moins de rigidité et plus de richesses apparentes. C’est à cette influence qu’il faut attribuer l’usage des étoffes légères et ornées de dessins que les monuments nous montrent assez souvent et dont la figure 353 nous offre un exemple.

Il y avait aussi certaines fêtes, notamment celles qui étaient consacrées à Dionysos (Bacchus), dans lesquelles chacun mettait de côté les usages ordinaires de la vie pour s’accoutrer d’une manière souvent bizarre, mais toujours éclatante. Ce n’était pas, comme notre carnaval, des travestissements baroques ou ridicules, c’était simplement l’abandon que la population faisait, pendant quelques jours, de ses habitudes ordinaires, et tout le monde mettait à cette occasion des vêtements qui sortaient da la rigidité ordinaire, et dans lesquels on recherchait plus particulièrement le visible et l’éclatant. Les peintures de vase nous montrent assez souvent des costumes dont l’allure diffère singulièrement de ce que nous sommes habitués à voir sur les statues. Ces peintures, il est vrai, représentent presque toujours des scènes mythologiques, mais il est permis de supposer que les vêtements qui y sont représentés sont à peu près analogues à ceux qu’on devait porter, quand on assistait à une fête destinée à consacrer un souvenir mythologique. Il faut dire aussi que la période où ont été fabriqués les vases peints est antérieure à celle où ont été sculptées les statues, de sorte qu’en général, les documents qu’on y peut puiser n’ont de valeur que pour les temps antérieurs aux guerres médiques.

La figure 354, bien qu’elle représente une divinité, nous montre le vêtement d’un simple artisan, mais d’un artisan endimanché, s’il est permis d’employer un terme pareil quand on parle d’antiquité. Il porte la tunique courte des travailleurs, mais c’est une tunique bariolée et couverte de dessins qui n’a jamais dû servir pour le travail.

On voit également sur les vases des femmes dont le vêtement est fait d’un tissu très épais et presque toujours décoré de fleurs ou de dessins à grands ramages. On faisait ainsi de grandes robes avec des manches ouvertes extrêmement larges et ne descendant pas tout à fait jusqu’au coude, de façon que le bras parût en entier. Par-dessus cette robe, qui généralement ne dessine aucun pli et ne laisse voir aucune forme, les femmes jetaient une sorte d’écharpe extrêmement légère et dont les coins ornés d’un petit gland retombaient en pointe, comme on peut le voir dans la figure 355, tirée d’un vase grec.

Ces robes à grands dessins et qui, dans les monuments, paraissent toujours dépourvues de plis, apparaissent fréquemment sur les vases grecs, mais nous sommes portés à croire que c’est un costume originaire d’Orient. Nous manquons malheureusement de renseignements sur le costume des femmes en Assyrie et en Perse, mais nous avons donné déjà à propos de l’Égypte des robes tout à fait analogues à celles que présente la figure 356.

Une autre particularité de cette figure, c’est le capuchon, dont la forme apparaît rarement sur les monuments antiques ; mais il faut surtout signaler ces deux longs appendices qui descendent de l’épaule en guise de manche et dont la destination pratique est assez difficile à expliquer.

 

LES VÊTEMENTS TRANSPARENTS. — Les monuments nous montrent quelquefois des femmes dont le vêtement est tellement léger, tellement transparent, qu’on voit les formes du corps absolument comme si elles étaient nues ; ces femmes sont presque toujours représentées lorsqu’elles se livrent à l’exercice de la danse (fig. 357). Ce sont les femmes d’Ionie, les courtisanes qu’on faisait venir dans les repas pour égarer les convives. Telles sont les danseuses du vase Borghèse ; celles d’Herculanum et bien d’autres figures du même genre, qu’on voit sur les murailles des appartements pompéiens. Elles font également partie du joyeux cortège de Bacchus, et les sculpteurs aiment à les représenter jouant du tambourin ou des castagnettes. Les voiles transparents et légers dont elles sont vêtues se fabriquaient dans l’Asie Mineure o. principalement dans l’île de Cos, dont les habitants se livraient presque tous à cette industrie.

 

COSTUMES DIVERS. — Nous avons déjà montré, en parlant des robes à dessins, des vêtements qui diffèrent complètement par leur allure de ceux qu’on rencontre sur les monuments réputés classiques. Ces costumes, de même que ceux dont nous allons nous occuper, se trouvent exclusivement sur les peintures de vase ; et, comme on ne les voit jamais sur les statues, les peintres qui traitent des sujets tirés de l’histoire ancienne, et qui, la plupart du temps, ne connaissent de l’antiquité que les modèles dont on dessine les moulages aux écoles, n’ont jamais songé à en donner la représentation dans leurs tableaux. Il faut dire que l’étrangeté, je pourrais même dire la bizarrerie de quelques-uns des costumes dont je parle, pourrait, au premier abord, effaroucher ceux qui, dans leurs ouvrages, cherchent avant tout la grande allure des œuvres classiques.

Cependant la représentation de scènes antiques sous une forme qui, jusqu’à présent, est restée l’apanage, à peu près exclusif des érudits, pourrait se prêter à certaines interprétations pittoresques, et elle aurait tout au moins l’avantage de nous montrer, en dehors de l’antiquité officielle, une autre antiquité toute différente, mais qui n’est pas moins exacte.

Il y a, en effet, deux manières d’étudier le vêtement des Grecs : sur les statues et les bas-reliefs, ou bien sur, les vases peints. Le vêtement qu’on voit sur les statues se trouve également sur les vases, mais ceux-ci présentent en outre une foule de costumes que la sculpture n’a jamais f~urées. Cette différence est facile à expliquer : nous élevons comme les anciens des statues à nos hommes illustres ; et, si on réunissait dans une vaste galerie toutes les statues qu’on a sculptées dans le siècle présent, d’après des contemporains, nous y trouverions le vêtement des hommes d’état, des savants, des jurisconsultes, mais nous n’aurions aucun renseignement sur les costumes qui se portent à la campagne et surtout dans les provinces éloignées des grands centres. Si vous voulez voir le bonnet des Alsaciennes, la culotte des Bretons, le béret des Basques, les guêtres du montagnard, c’est dans les tableaux de genre qu’il faut les chercher et non dans les statues. Or les statues des anciens répondent exactement aux nôtres, tandis que les représentations des vases répondent à nos tableaux de chevalet ; elles sont même les seuls documents que nous puissions consulter, puisqu’il n’est resté aucune peinture antique d’un caractère intime, celles qu’on a retrouvées à Pompéi appartenant presque toutes à un art purement décoratif.

Dans tous les cas, les costumes représentés sur les vases montrent une forme du vêtement beaucoup plus ancienne que celle qui est figurée sur les statues, par la raison que la fabrication des vases remonte à une époque antérieure à celle où ont été faites la plupart des statues que nous connaissons. La figure 358 montre des personnages vêtues de peaux de bêtes ou tout au moins de vêtements qui imitent les peaux d’animaux dont les hommes se couvraient primitivement.

Les figures 359 et 360 qui représentent, l’une un joueur de cithare, l’autre un joueur de flûte, sont remarquables par la physionomie tout asiatique des personnages. L’étoffe épaisse et dépourvue de plis dont leur vêtement est formé, les franges du bas, les grandes bandes semées de rosaces qui rayent transversalement la robe, sont des caractères qui rappellent les monuments assyriens. Ce vêtement a-t-il été porté par la population grecque à une certaine époque ? Appartenait-il en propre à des corporations de musiciens venus d’Asie ? C’est ce qu’il serait sans doute difficile d’établir d’une manière positive, mais remarquons en passant que le vêtement de ces deux personnages offre de grandes analogies dans l’apparence extérieure, mais qu’ils ne le portent pas de la même manière. Le joueur de flûte a le bras droit complètement dégagé de son manteau qui repasse par-dessous, tandis que, dans le joueur de cithare, le vêtement couvre tout le corps en venant s’attacher autour du cou, et laisse voir sur le côté une ouverture par laquelle le bras est passé, ce qui est tout à fait contraire aux habitudes des Grecs.

Il faut croire toutefois que les musiciens échappaient souvent aux habitudes reçues, car voici encore une joueuse de flûte (fig. 361) qui, par-dessus sa longue tunique descendant jusqu’aux pieds, porte un pardessus à carreaux avec une ouverture sans manches, mais garnie ale lisérés, pour laisser passer les bras.

La figure 362 montre une femme qui porte sur la tête une corbeille de fruits et de fleurs, tandis que, dans ses mains, elle tient un vase et une couronne. Ce qu’elle offre de particulier dans son vêtement, dont l’ensemble ne diffère pas essentiellement de ceux que nous avons vus précédemment, ce sont des espèces de bretelles qui partent des épaules et vont se fixer à la ceinture en se croisant sur la poitrine. Ces bretelles, d’ailleurs, figurent ici comme un simple ornement, et il ne semble pas qu’elles aient pour mission de fixer une partie quelconque du vêtement.

Ce qui frappe aussi quelquefois dans les costumes qu’on voit sur les vases, c’est le rapport qu’ils présentent souvent avec ceux qu’on portait au moyen âge. Voici, par exemple (fig. 363), une casquette qui n’aurait étonné personne au temps de Louis XI. Ce personnage est un Mercure, portant le caducée qui, dans les temps héroïques, était l’emblème des ambassadeurs, et qui est devenu celui du messager des dieux. Son pallium n’offre rien de particulier, mais nous appellerons l’attention sur ses bottines retroussées par le haut, comme dans la figure 358.

Voici maintenant (fig. 364) un personnage qu’on prendrait au premier abord pour un page suivant sa châtelaine, ou plutôt encore pour une femme jouant le rôle de page. C’est une femme, en effet, qui est représentée ici ; seulement, cette femme est une amazone, dont le costume ne rappelle en rien celui que la tradition attribue à ces héroïnes. Elle est prise dans un superbe vase du Louvre, connu sous le nom de vase d’Androcidès. Du même vase est tirée la petite scène représentée sur la figure 365. On y voit deux amazones vêtues tout autrement que la précédente, et dont l’une, qui parait être d’une extrême jeunesse, est montée sur un cheval, tandis que l’autre, qui est d’une beaucoup plus grande taille, marche devant en tenant une lance. Le casque placé en bas de la figure est d’une forme très déterminée qui permet de le rattacher à une époque peu éloignée de celle où Pisistrate usurpa le pouvoir à Athènes. Mais les vêtements que le peintre de vase a donné à ses figures sont-ils la reproduction de ceux qu’on portait de son temps ? C’est ce qu’il est difficile de dire d’une manière positive ; la scène représentée se rattachait à une légende d’une date fort ancienne, mais qui, à ce moment, était très populaire.

Il est probable néanmoins que si le costume a été arrangé pour la circonstance, il n’est pas non plus de pure fantaisie et qu’il devait rappeler d’assez près les vêtements qu’on portait à l’époque où le vase a été exécuté. Quand les peintres du XIVe siècle représentent des scènes de la Passion, ils ne manquent pas de donner à leurs personnages les vêtements qu’ils voyaient à leurs contemporains, par la raison qu’ils n’ont pas l’idée d’un vêtement ayant une autre forme. Il est bien probable qu’il en était de même pour les peintres de vases, et il n’y a aucune témérité à supposer que le justaucorps représenté sur la figure 364 et le petit capuchon de forme singulière, dont est coiffée la jeune fille à cheval de la figure 365, reproduisent des formes de vêtements qui existaient dans une époque antérieure aux guerres médiques. Une autre remarque à propos de ces figures : ces amazones ont des boucles d’oreilles, et ce bijou apparaît rarement dans les monuments d’une date postérieure où ces héroïnes sont représentées.