LE COSTUME ÉGYPTIEN. - LE COSTUME HÉBREU. - LE COSTUME PHÉNICIEN. - LE COSTUME ASSYRIEN. - LE COSTUME DES MÈDES ET DES PERSES. - LE COSTUME PHRYGIEN. - LE COSTUME LYDIEN. LE COSTUME ÉGYPTIEN. — Les rares statues de l’ancien empire qui sont parvenues jusqu’à nous montrent un costume très simple. On se rappelle la statue en bois qui figurait à l’Exposition universelle de 1867, et dont M. Mariette donne la description suivante : Un personnage est debout, tenant en main le bâton du commandement. Sa chevelure est courte, ses hanches sont couvertes d’une sorte de jupe, assez longue qui est ramenée par devant en plis bouffants : tout le reste du corps est nu. Rien de plus frappant que cette image en quelque sorte vivante d’un personnage mort il y a six mille ans. La tête surtout est saisissante de vérité. De son côté, le corps tout entier a été traité avec un sentiment profond de la nature. Nous ne possédons certes pas de portrait plus authentique et plus parlant. Dans son état il primitif, la statue était recouverte d’un stuc léger, peint en rouge et en blanc. Les yeux sont rapportés. Une enveloppe de bronze, qui tient lieu des paupières, enchâsse l’œil proprement dit formé d’un morceau de quartz blanc opaque, au centre duquel un autre morceau de cristal de roche sert de prunelle. Au centre et au fond du cristal, un clou brillant est fixé et donne à l’œil ainsi fabriqué quelque chose du regard de la vie. (Fig. 284) Les étoffes communes sont unies ou bien rayées alternativement de blanc et d’un rouge très léger. Souvent aussi les hommes ont pour vêtement de travail un simple linge roulé qui passe entre les jambes et est noué par devant, comme on en voit encore aujourd’hui aux Égyptiens quand ils tirent de l’eau. Les ouvriers de la campagne ne présentent pas, quant au vêtement, des différences bien notables avec ceux des villes, et, bien que les peintures découvertes dans les tombeaux de l’ancienne Égypte remontent à des époques souvent éloignées les unes des autres, on ne voit pas qu’il ait subi en aucun temps des modifications bien sensibles. Le vêtement des hommes consiste la plupart du temps en une seule pièce de toile blanche faisant le tour du corps et descendant au-dessus du genou. Cette espèce de tablier ou caleçon se nouait autour des reins et une partie pendait en avant. On voit aussi quelquefois, mais plus rarement, des pantalons courts qui ne tombent pas plus bas que le genou. Les bras, les jambes et la poitrine sont nus (fig. 285) ; la chevelure est noire et frisée sans être crépue comme celle des nègres. Dans les hautes classes, le tablier était retenu par une ceinture qu’un nœud fixe par devant, et il s’avance en avant de manière à décrire dans sa partie inférieure un angle aigu quelquefois très accentué (fig. 286). Chez les pharaons, cette projection en avant semble maintenue par une sorte de panier comme on en portait au XVIIIe siècle de notre ère, ou par des lames de métal analogues à celles de nos crinolines. Nous avons déjà montré plusieurs exemples de ce curieux vêtement, notamment dans notre figure qui représente un pharaon dans son grand costume sacerdotal. La tunique, c’est-à-dire le vêtement qui adhère immédiatement à la poitrine, fait également partie du costume égyptien ; elle a été d’ailleurs portée par tous les peuples de l’antiquité. Habituellement, la tunique se composait de deux pièces présentant à peu près la forme d’un carré long, et réunissant les deux angles supérieurs sur les épaules une ouverture était laissée au milieu pour qu’on pût passer la tête, et les deux pièces composant ce vêtement se rapprochaient sous les aisselles, mais allaient en s’élargissant plus bas. il y a différentes espèces de tuniques ; les unes ont des manches courtes, les autres en sont totalement dépourvues. Hérodote nous a laissé quelques détails sur les vêtements à franges. Les Égyptiens, dit-il, sont vêtus de tuniques de lin avec des franges autour des jambes ; ils donnent à ces franges le nom de calasiris, et par-dessus la tunique, ils portent des manteaux de laine blanche. Toutefois on n’entre point dans les temples avec de la laine ; on n’en laisse pas à ceux qu’on ensevelit, ce serait une impiété. A cet égard, ils sont d’accord avec les traditions orphiques qu’on appelle aussi bachiques, et qui sont observées par les Égyptiens et parles Pythagoriciens, car, chez ces derniers, c’est une impiété d’ensevelir dans des tissus de laine celui qui est initié aux mystères. On donne à cet usage un motif religieux. (Hérodote.) Le costume des femmes égyptiennes consiste en une longue chemise ou robe flottante qui descend jusqu’à la cheville. Par-dessus cette robe, les femmes ont un jupon qu’une ceinture retient à la taille, ou bien qui se rattache aux épaules au moyen de bretelles. Dans les classes élevées, la robe qu’on passait par-dessus le jupon était du plus beau linge ; les manches s’attachaient devant sur la poitrine (fig. 287), mais, pendant les cérémonies religieuses ou les processions funéraires, le bras droit sortait de la manche et restait dehors (fig. 288). Le jupon était ordinairement d’une cou-leur très vive et enrichi quelquefois d’une étonnante variété de dessins comme nos toiles perses. Il était interdit aux esclaves et aux femmes de condition servile de porter un vêtement analogue à celui des dames, et il y avait aussi une notable différence dans la disposition de la coiffure. La robe s’ajustait au cou avec des manches courtes et ouvertes qui dépassaient rarement le coude ; les jours de fête, elles mettaient par-dessus un long vêtement flottant. On voit aussi quelquefois des femmes dont les bras sont absolument nus ou simplement ornés de bracelets. LE COSTUME HÉBREU. — Malgré les recherches qui ont été faites et les livres qui ont été écrits sur le vêtement des Hébreux, l’absence complète de monuments nous laisse à cet égard dans une très grande incertitude. Les artistes de la Renaissance et du XVIIe siècle, lorsqu’ils ont traité des sujets bibliques, ont adopté pour leurs figures un costume de convention, qui participe du grec ou du romain sans être positivement l’un ou l’autre, et qui avait à leurs yeux l’avantage de présenter une draperie avec de beaux plis. Une réaction s’est faite de nos jours dans un sens archéologique, et, s’appuyant sur ce principe que le costume n’a pas dû beaucoup varier en Palestine, parce qu’il est fondé sur une nécessité du climat, plusieurs peintres donnent aux personnages bibliques une allure qui les fait ressembler passablement à des Bédouins. Les Hébreux n’ayant laissé aucun monument qui puisse être consulté comme document, les artistes ne peuvent les représenter qu’à l’aide d’hypothèses plus ou moins ingénieuses. Les textes sacrés renferment un assez grand nombre de mots qui désignent différentes sortes de vêtements ; mais, comme ils ne disent rien sur leur forme et leur coupe, on ne peut y puiser que des renseignements très vagues. Les matières dont on se servait pour les tissus étaient la laine, le lin et ce mystérieux byssus, dans lequel quelques auteurs ont cru reconnaître le coton. Les gens riches avaient des vêtements teints en pourpre rouge ou violette, souvent enrichis de broderies. La tunique était pourvue de manches, probablement très longue, et serrée par une ceinture. Elle était en lin et se plaçait ordinairement sur la peau comme notre chemise. Le manteau ou vêtement de dessus était le plus souvent carré : c’est du moins ce qui paraît résulter d’une loi de Moïse, ordonnant d’attacher aux quatre coins des houppes avec un fil violet, pour se distinguer des idolâtres. Mais les gens riches portaient des vêtements bigarrés dont la forme était probablement assez variée. Le costume des femmes devait nécessairement différer de celui des hommes, puisqu’une loi interdit aux hommes de porter un manteau de femme. La pièce caractéristique était le voile, qui de tout temps a été l’attribut des femmes en Orient ; mais il n’est pas démontré que les femmes juives se soient caché le visage avec autant de rigueur que les musulmanes modernes. Rebecca reste le visage découvert quand elle parle à Eliezer et n’abaisse son voile que lorsqu’elle voit arriver Isaac, son fiancé. Il est néanmoins probable que dans les rues et les endroits publics les femmes étaient habituellement voilées. Les hommes et les femmes avaient le plus grand soin de leur chevelure, qu’ils portaient longue et touffue. Une loi défendait de raser la chevelure à la façon des Arabes, qui, par suite d’une pratique religieuse, ne laissaient qu’une grosse mèche au milieu de la tête, et il était surtout obligatoire dé laisser croître les coins de la chevelure, c’est-à-dire la partie qui couvre les tempes. C’était pour se distinguer des peuples voisins qui se rasaient le tour de la tête, ce qui les fait appeler par Jérémie les hommes au coin coupé : le prophète fait allusion aux cheveux frisés et aux tresses des femmes. Un bandeau ceignant le front, et qui, chez les femmes riches, était recouvert d’une plaque d’or, servait à maintenir la chevelure. Les hommes tenaient beaucoup à leur barbe qu’ils portaient fort longue, ce qui était considéré comme une grande beauté : la plus grande injure qu’on pût faire à un Hébreu était de porter atteinte à sa barbe. On se servait d’huiles odoriférantes et de parfums divers pour oindre la barbe et les cheveux. Les hommes portaient toujours avec eux un anneau à cacheter et un bâton orné. Hérodote signale le même usage parmi les Babyloniens ; mais il est certainement fort ancien parmi les Hébreux, puisque Thamar demande à Juda, comme gage, le bâton qu’il tient à la main. L’anneau se -portait à un doigt de la main droite. Les femmes portaient des bijoux que leur vendaient en général des marchands phéniciens. C’est contre ce luxe corrupteur, provenant de l’étranger, que les prophètes s’élèvent continuellement. Le Seigneur, dit Isaïe, viendra vous enlever vos magnifiques boucles de pieds, vos filets de perles, vos croissants d’or, vos boucles d’oreilles, vos chaînons et vos voiles, vos rubans de tête et vos petites chaînes de pieds, vos ceintures, vos flacons de senteur et vos amulettes, vos bagues et vos pendants de nez, vos manteaux et vos miroirs. Outre ces bijoux, il faut signaler des anneaux qui se passaient dans la narine, où l’on pratiquait à cet effet un petit trou, et retombaient jusque sur les lèvres. C’est à cela qu’il est fait allusion dans les proverbes quand on compare la beauté d’une femme sans sagesse à un anneau d’or placé au museau d’une truie. On peut ajouter encore parmi les bijoux diverses espèces d’amulettes, dont les peuples d’Orient ont toujours été couverts, et qui, chez les Juifs, contenaient probablement, des sentences ou des textes extraits de la loi. LE COSTUME PHÉNICIEN. — Les Phéniciens, pas plus que les Juifs, n’ont laissé de monuments, et, comme ils n’ont pas non plus laissé de livres, on est, pour ce qui les concerne, dans une incroyable pénurie de documents. Le vêtement qu’ils portaient avait probablement une grande analogie avec celui des Hébreux, et, comme le peuple phénicien était beaucoup plus industrieux, il fabriquait une foule d’objets que les peuples voisins, et notamment les Israélites, s’empressaient d’acheter, en échange de montons et de denrées alimentaires qui manquaient à la Phénicie. Ainsi les bijoux dont parlent les Écritures étaient certainement d’origine phénicienne, et, quoiqu’on en ait fort peu, ceux que l’on possède peuvent approximativement déterminer un style.
Les figures 289 et 290 représentent des bijoux qui sont maintenant au Louvre et qui ont été trouvés parmi les fouilles faites à Camiros, dans l’île de Rhodes. M. Salzmann, qui les a découverts, les considère comme provenant de fabrication phénicienne, et en fait remonter la date au VIIIe siècle environ avant notre ère. Ces bijoux, dit M. Salzmann, sont en or fin. Les parties planes sont formées de deux plaques battues au marteau et soudées l’une à l’autre par les bords. Certains ornements de la plaque supérieure font corps avec elle et ont été exécutés au repoussé ; d’autres y sont soudés après avoir été travaillés isolément ; de plus, les surfaces unies sont couvertes d’ornements en filigrane et en granules. Toutes les soudures sont faites à l’or fin. Pour consolider cet ensemble, on a soudé derrière les plaques intérieures des fragments et des fils d’or d’une épaisseur et d’un diamètre suffisants pour soutenir les plaques et les empêcher de ployer sous la moindre pression. LE COSTUME ASSYRIEN. — Les grandes figures sculptées et surtout les bas-reliefs réunis dans la grande salle des Taureaux au musée du Louvre nous fournissent des renseignements assez complets sur le costume assyrien. Ce costume se compose de deux parties distinctes, une tunique formant le vêtement de dessous et un manteau frangé jeté par-dessus. Un personnage ailé et à tête d’aigle nous montre clairement le vêtement de dessous des Assyriens. Nous lui voyons une petite jupe serrée et presque collante, qui descend jusqu’aux genoux ou plutôt qui s’arrête un peu au-dessus du genou (fig. 291). Cette jupe est décorée d’une grecque par le bas, et d’un appendice, également orné d’une grecque. Cet appendice, placé sur le côté, supporte un gros gland, qui pend jusqu’au milieu de la jambe et qu’on retrouve sur plusieurs monuments. Le personnage ici représenté a les bras nus et tient dans la main gauche un petit panier. Dans la belle figure du Louvre connue sous le nom de personnage au lion, ou Hercule assyrien, on entrevoit la tunique ornée de glands par le bas ; par-dessus cette tunique est jeté un manteau bordé de franges et décoré de riches broderies. Mais ce manteau est ouvert de telle façon que, dans la marche, la jambe qui se porte en avant se trouve complètement dégagée. Nous avons déjà donné la représentation de ce monument tome I, fig. 258, et on a vu d’autres robés assyriennes sur les figures 137 et 133 du tome Ier. Les personnages représentés sur ces monuments sont tous de face ou de profil : la figure 292, qui représente un personnage vu de dos, nous montre de quelle manière le manteau frangé se présente par derrière. Un convoi de prisonniers, figuré sur un bas-relief assyrien du Louvre, montre plusieurs sortes de vêtements usités dans le vaste empire dont nous nous occupons. Ces prisonniers sont de deux sortes : ceux qui sont enchaînés et qui probablement sont des rebelles qu’on va châtier, et ceux qui apportent le tribut dû par leur province. Ils traversent une forêt de palmiers, et sont conduits par des soldats. La figure 293 présente cinq prisonniers qui marchent à la file et deux soldats qui les suivent. Ces prisonniers ne sont pas attachés et tiennent différents objets dont il est assez difficile de préciser la nature : les premiers sont pourvus d’une espèce de sac qui pend sur leur épaule et contient probablement du grain. Il y en a deux qui tiennent à la main un grand poisson et un autre qui porte des tiges de plantes réunies en faisceau. Ils sont tous barbus, et leur coiffure est une espèce de bonnet rond, d’où s’échappe une chevelure abondante, qui retombe jusqu’à la hauteur des épaules. Leur vêtement est une tunique à manches courtes, descendant jusqu’aux genoux et serrée au milieu du corps par une large ceinture : leurs jambes sont nues. Les deux guerriers qui suivent portent chacun plusieurs javelots sur leur épaule droite. L’un a un casque pourvu d’une crête recourbée en avant, l’autre se termine par une pointe droite.
Les personnages représentés sur notre figure 294 suivent ceux dont nous venons de parler. Les prisonniers qu’on voit d’abord marchent deux par deux et sont liés ensemble par un anneau qui serre le bras droit de l’un avec le bras gauche de son camarade ils sont suivis par deux autres prisonniers qui ne sont pas attachés et portent des sacs sur l’épaule, comme ceux de la figure précédente, dont ils ne diffèrent d’ailleurs en rien par le costume. Mais le soldat qui marche derrière eux précède une nouvelle série de personnages qui cette fois présentent un caractère absolument différent. Ce sont des figures imberbes, vêtues non plus de tuniques, mais de longues robes sans ceinture, et recouvertes d’un grand manteau à frange. Aucune n’est enchaînée et elles tiennent toutes un grand poisson dans la main droite (fig. 295).
Les Orientaux étaient renommés en Grèce pour la beauté de leur chevelure et de leur barbe : chez les Assyriens, la barbe et la chevelure paraissent même avoir été une marque dé dignité, à peu près comme chez les rois chevelus de notre période mérovingienne. Il est donc présumable que les grandes et magnifiques barbes que nous voyons sur les bas-reliefs étaient souvent artificielles comme les perruques égyptiennes. Les cheveux étaient longs et bouclés à leur extrémité ; la barbe était soigneusement frisée et disposée par étages comme nous le montre la figure 296. Cette figure montre également une espèce de diadème étoilé qui entoure la chevelure et d’où s’échappe par derrière un double ruban qui se termine par des franges. C’était l’insigne d’une haute dignité, mais ce n’était pas la coiffure royale ; car, dans les grandes cérémonies, les rois d’Assyrie portaient toujours la tiare, entourée de bandes bleues ou pourpres et bordées de blanc, et surmontée d’un cône droit comme le montrent les figures 143 et 144 du tome 1er.
La figure 297 nous montre le char royal avec tout son harnachement. Le roi est accompagné d’un cocher et d’un eunuque. L’eunuque tient le parasol pour garantir la tête du roi. L’attelage est composé de deux chevaux, dont la longue queue flottante est serrée au milieu par une espèce de bracelet qui relie les crins. Le harnachement est très riche : les rênes viennent s’emboîter dans une espèce d’anneau placé sur la selle du cheval dont le poitrail et les côtés sont ornés d’une multitude de, glands qui ont probablement pour but de chasser les mouches, mais qui produisent ici un très bel effet décoratif. Les eunuques, qui forment habituellement le cortége royal et suivent immédiatement le monarque dans les grandes processions, portent un costume particulier. Leur visage imberbe est encadré de longs cheveux qui passent derrière l’oreille et font, en tombant sur le cou, de longues boucles très régulièrement disposées. Ils ont des pendants d’oreilles et des bracelets. Leur vêtement est une tunique serrée autour du cou, passant au-dessus, du pli du coude et descendant jusqu’aux chevilles du pied. Par-dessus leur tunique est une large écharpe pourvue de longues franges. Quelquefois la robe se croise ‘par devant, et elle est presque toujours pourvue de manches courtes et collantes qui recouvrent l’avant-bras, mais ne descendent pas jusqu’au coude. Tous les personnages que l’on voit figurer sur les monuments étaient coloriés : malheureusement, comme la couleur a disparu, on ne peut y puiser aucun renseignement pour le costume. Cependant on a trouvé des traces de blanc sur plusieurs tuniques. Si l’on considère en outre la manière dont les cheveux sont disposés en petits flocons, on comprendra ce passage de Daniel : Son vêtement était blanc comme de la neige, et la chevelure de sa tête était comme de la laine mondée. Au reste plusieurs passages de la Bible peuvent servir de commentaire aux monuments dont nous venons de parler : Et elle vit des hommes représentés sur la muraille, dit Ézéchiel, les figures des Chaldéens représentées à l’aide du ciseau le corps couvert d’ajustements variés, la tête ceinte d’ornements de couleur..... c’était l’image des fils des Chaldéens..... elle s’en est rendue amoureuse par le regard de ses yeux et elle a envoyé des ambassadeurs vers eux au pays des Chaldéens..... Si ce n’est pas des figures représentées sur nos bas-reliefs qu’il est ici question, c’est assurément de monuments analogues, car toute la contrée qu’arrosent le Tigre et l’Euphrate était habitée par des populations ayant les mêmes mœurs .et portant les mêmes costumes. LES MÈDES ET LES PERSES. — Les Mèdes étaient beaucoup plus policés que les Perses, et il arriva, comme toujours, que le peuple conquis imposa à ses maîtres la civilisation. En effet, à l’origine, les Perses vivaient dans une simplicité voisine de l’état sauvage. Xénophon nous peint l’étonnement du jeune Cyrus à la vue de son grand-père Astyage. Voyant qu’Astyage avait les yeux peints, le visage fardé et une chevelure artificielle — c’est la mode en Médie, ainsi que de porter des robes et des manteaux de pourpre, des colliers et des bracelets, au lieu que les Perses, encore aujourd’hui, quand ils ne sortent pas de chez eux, sont aussi simples dans leurs habits que sobres dans leurs repas —, voyant, dis-je, la parure du prince et le regardant avec attention : Oh ! ma mère, s’écria-t-il, que mon aïeul est beau ! Cette simplicité des anciens Perses dura peu ; et, au temps où Xénophon écrivait, elle était singulièrement oubliée. C’est lui-même qui prend soin de nous en informer. Ils ont maintenant, dit-il, plus de couvertures sur leurs chevaux qu’ils n’en avaient autrefois sur leurs lits, car ils sont moins jaloux d’être bons écuyers que mollement à cheval. On ne voit chez eux que portiers, boulangers, cuisiniers, échansons, valets servant à table et desservant, valets pour les déshabiller, valets pour les lever, valets pour les parfumer, les frotter, pour leur toilette, et autres fonctions serviles dont ces gens s’acquittent avec beaucoup d’art.
Bien que les Perses aient pris complètement les mœurs et les habitudes des Mèdes, chacun des deux peuples a conservé, au moins dans les cérémonies officielles, le costume qui lui était propre. Aussi, dans la figure 299, nous voyons deux types différents qui alternent avec symétrie ; l’un est la robe des Mèdes, l’autre le vêtement des Perses. Le vêtement médique, beaucoup plus riche, consiste en une robe longue, pourvue de manches, et faite d’étoffes à fleurs ou peintes de plusieurs couleurs : la tiare est en quelque sorte cannelée et ressemble à un bonnet de nos magistrats ou de nos professeurs de facultés. L’autre vêtement, celui des Perses, est tout différent. La coiffure est un bonnet arrondi, sorte de calotte d’étoffe souple qui se plaçait en haut de la tête, sur laquelle elle était maintenue par un étroit ruban attaché autour de l’occiput. Ce bonnet appartient à la Perse proprement dite, mais on en trouve plusieurs variantes qui répondent probablement à d’autres provinces du même empire. En effet, la figure 300, qui représente des hommes apportant le tribut, nous montre un bonnet qui retombe par derrière et sur les côtés, et se rapproche un peu du bonnet phrygien. Ils sont vêtus d’une tunique serrant le corps dans des manches collantes. Les autres parties du vêtement sont aussi nettement indiquées. Le pantalon est particulièrement remarquable et vient s’adapter directement à la chaussure. Un des personnages de la figure suivante porte par dessus ce vêtement un grand manteau avec des manches vides et pendantes. Nous trouvons encore une forme différente du vêtement dans la figure 301, où l’on voit trois personnages apportant le tribut et conduits par un officier coiffé de la tiare médique. Ceux-ci marchent tête nue et n’ont pas la tunique à manches, mais ils portent une robe rayée, descendant jusqu’au dessous du genou, par-dessus laquelle ils ont jeté un manteau ouvert par les cotés et retombant un peu plus bas derrière que devant. En outre, ils n’ont pas de pantalons, mais leur chaussure, qui monte à mi-jambes, ressemble assez à nos bottes. Enfin la figure 302 va encore nous montrer une nouvelle variante dans le costume. Un officier portant la tiare médique et marchant dans l’attitude traditionnelle conduit par la main un personnage couvert d’une longue robe et d’un pardessus jeté sur l’épaule en manière de capuchon. Derrière celui-ci, on voit un homme qui n’a d’autre vêtement qu’une petite jupe courte, liée au-dessus du ventre, et qui porte sur ses épaules une perche à laquelle pendent deux plateaux analogues à ceux d’une balance. La dernière figure porte des présents dans chaque main, mais elle est tellement détériorée qu’il est difficile de distinguer la forme de son vêtement. Enfin un détail qu’il ne faut pas oublier, c’est que les Perses portaient des gants. Pendant l’hiver, dit Xénophon, ils ne se contentent pas de se couvrir la tête, les pieds, et de s’envelopper tout le corps, ils ont des mitaines fourrées aux mains ou des gants. Les ombrages des arbres ou des rochers ne leur suffisent pas en été ; ils ont des gens qui leur procurent, par leurs inventions, des ombrages artificiels, sous ces arbres mêmes, ou sous les rochers. (Xénophon cité par Athénée.) Le costume que nous venons de décrire est celui qu’on voit sur les monuments de Persépolis. Voici un autre document qui a aussi son, importance, quoiqu’il ne soit pas pris sur un monument existant en Perse. C’est un fragment de la grande mosaïque de Pompéi, qu’on croit être une imitation d’un ouvrage fameux, exécuté sous les successeurs d’Alexandre, et qui, dans tous les cas, date d’une époque où on était en rapport continuel avec l’Asie et où on en connaissait parfaitement les usages. Darius lui-même est figuré sur la figure 303. On remarquera le collier en serpent qui orne son cou, collier qui se retrouve également sur d’autres personnages. -Mais il faut surtout observer la coiffure, qui est d’une forme particulière et qui enveloppe les oreilles et le menton, disposition qu’on retrouve chez tous les guerriers persans qui sont représentés sur la même mosaïque. Ce bonnet est jaune ; le manteau est d’un rouge obscur, et la tunique de pourpre est bordée d’étoiles d’or sur la poitrine et partagée en avant par une bande blanche.
La figure 304 est le cocher du roi ; son bonnet jaune, qui enveloppe également le menton, forme en arrière une pointe semblable à celle d’un capuchon. Il porte une tunique verte, avec bordure violette et blanche à l’extrémité des manches ; sur la poitrine, on voit une espèce de cuirasse rouge à bandes noires. Il tient en main un fouet, et le bracelet qu’il a au poignet est par-dessus la manche. La tiare des rois d’Arménie, appelée quelquefois cidaris, au lieu d’être molle et flexible comme les coiffures que nous venons de voir (figure 305), était au contraire tout à fait droite et se terminait au sommet par une espèce de couronne crénelée ; comme elle retombait par derrière de manière à garantir le cou, il est présumable qu’elle se portait surtout à la guerre. Cette forme est très visible sur la figure 306, qui représente Tigrane, roi d’Arménie, d’après une médaille antique. Plusieurs monuments romains représentent des Parthes, mais, comme ils retracent exclusivement des faits de guerre, nous en parlerons à propos du costume militaire. Une pierre gravée de l’époque romaine (fig. 307) montre une coiffure retombant en manière de voile sur les épaules. Cette coiffure est remarquable par sa décoration étoilée ; mais, quoiqu’elle se rattache à l’Asie, il est difficile de préciser l’époque exacte et la province où elle a pu être portée. Nous ne connaissons aucun monument retraçant le costume des habitants des provinces orientales de la monarchie persane, ni ceux des anciens Indiens. Pour ceux-ci du moins, Quinte-Curce nous fournit quelques renseignements. Les Indiens, dit-il, portent de longues robes de lin qui leur viennent jusqu au talon, avec des sandales aux pieds et une espèce de turban à la tête. Ceux que la naissance ou les biens distinguent du commun ont des pendants d’oreilles de pierreries et des bracelets d’or. Ils ne se font pas tondre souvent, mais ils sont curieux de leurs cheveux et d’avoir la tête belle. Ils se laissent croître la barbe au menton sans jamais la couper, et rasent le poil du reste du visage. Le luxe de leurs rois, qu’ils appellent magnificence, passe tous les excès des autres peuples de la terre. Quand le roi se laisse voir en public, ses officiers portent des encensoirs d’argent devant lui et parfument tous les chemins par où il passe. Il est couché dans une litière d’or, garnie de perles qui pendent de tous côtés, et vêtu d’une robe de lin brochée d’or et de pourpre. Sa litière est suivie de ses gens d’armes et de ses gardes, dont plusieurs portent des branches d’arbres pleines d’oiseaux auxquels ils ont appris à chanter toutes sortes de ramages pour le divertir dans ses plus grandes affaires. Son palais est enrichi de colonnes dorées où rampe tout du long une vigne d’or, avec des figures d’oiseaux faites ‘d’argent, n’y ayant rien qui leur donne tant de plaisir comme leurs oiseaux bigarrés de diverses couleurs. La maison du roi est ouverte à tout venant ; et, pendant qu’on le peigne, il donne audience aux ambassadeurs et rend justice à ses peuples. Après qu’on lui a ôté ses sandales, il se fait oindre les pieds de précieuses odeurs. Le plus grand exercice qu’il fasse est de tuer à coups de flèches quelques bêtes dans un parc, au milieu de ses concubines qui chantent cependant et font des vœux afin que la chasse soit heureuse. Leurs flèches ont deux coudées de long et se tirent avec beaucoup d’efforts et peu d’effet, parce que, n’ayant de force qu’en leur légèreté, leur pesanteur les rend inutiles. Quand il ne va pas loin, il monte à cheval ; mais en un long voyage il se fait traîner par des éléphants sur un char, et ces grands corps sont tout bardés et caparaçonnés d’or ; et, afin que rien ne manque à ces dérèglements, il se fait suivre en des litières d’or par une longue troupe de courtisanes. Ce train est séparé de celui de la reine ; mais il ne lui cède point en pompe ni en équipage. Ce sont les femmes qui apprêtent à manger au roi et qui lui versent du vin, dont tous les Indiens boivent excessivement ; et quand il en a trop pris et qu’il est endormi, ses concubines l’emportent en sa chambre, invoquant les dieux de la nuit avec des hymnes, à la façon du pays. (Quinte-Curce.)
LE COSTUME PHRYGIEN. — Il serait très difficile de déterminer d’une manière positive le costume que portaient les anciens habitants de la Phrygie, puisque les documents font absolument défaut. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de montrer comment ils sont représentés sur les monuments grecs ou romains. Le vêtement qu’on donne aux Phrygiens se distingue par trois caractères essentiels, qui sont le pantalon, la tunique à manches longues, et le bonnet. Ces caractères sont très nettement accusés dans le personnage de Pâris, reproduit sur notre figure 308. Le pantalon recouvre entièrement la jambe et semble même entrer dans la chaussure comme un bas. La tunique, qui est serrée à la taille jusqu’à la ceinture et descend jusqu’aux genoux, est pourvue de longues manches, ornées d’un parement, qui recouvrent entièrement le poignet de façon que le bras soit tout à fait caché et que la main seule soit dégagée. Le bonnet a des bouts pendants qui retombent, soit en arrière pour protéger le cou (fig. 310), soit sur les côtés et sur la poitrine (fig. 309). Dans ce dernier cas, les deux rubans semblent destinés à se renouer sous le menton.
Cette coiffure, qui n’est qu’une variante de la mitre persane, apparaît quelquefois sur les monuments grecs, mais elle ne répond pas exactement au bonnet phrygien, tel que le portent les matelots dans beaucoup de pays et tel que les artistes l’emploient dans les images de la liberté. C’est en général sur les monuments d’une date postérieure qu’on trouve ce bonnet, qui est caractérisé par l’extrémité qui se rabat sur le devant de la tète des prisonniers phrygiens (fig. 311, 312).
Le costume de ces prisonniers n’est pas identique à, celui que nous avons vu tout à l’heure, bien qu’il dérive des mêmes principes. Le pantalon, dont les jambes sont larges au lieu d’être collantes, forme un bouffant dans l’endroit où il se fixe avec le soulier. La tunique, qui descend au-dessous du genou, a les bras très courts, mais elle laisse voir un vêtement de dessous dont les manches longues arrivent jusqu’au poignet. Enfin le manteau jeté par-dessus est fixé à l’épaule par une agrafe comme la chlamyde des Grecs. Les statues de Pâris montrent le costume phrygien, non pas peut-être tel qu’il a été porté au temps de la guerre de Troie, mais tel que les anciens se le figuraient. Ce type, dont la figure 313 nous donne la représentation, était même tellement admis, qu’à moins de le montrer tout nu, il serait difficile de représenter le héros avec un vêtement différent de celui qu’on voit ici. Son bonnet est très caractérisé et répond au type qui a prévalu dans les représentations des coiffures phrygiennes. LE COSTUME LYDIEN. — C’est par la Lydie que la civilisation asiatique a pénétré en Europe. Les plus anciens monuments de la Grèce et de l’Étrurie reproduisent les costumes qui avaient cours en Lydie et que la mode apportait ensuite en Occident, à l’époque où le commerce introduisait dans les mêmes contrées les tissus et les objets de toilette fabriqués en Asie Mineure. C’est principalement sur les vases peints qu’on peut étudier le costume lydien, qui est une forme du vêtement grec, à laquelle la sculpture est demeurée à peu près étrangère (fig. 314).
C’est une servante qui est représentée dans notre figure 315 : elle tient sur la main gauche un plateau et dans la main droite un petit vase pour servir des rafraîchissements. Son cou est orné d’un collier et un triple bracelet entoure son bras un peu au-dessus du poignet. Les plis de sa robe montrent qu’elle porte une ceinture ; mais cette ceinture est cachée par un petit pardessus en étoffe légère et sans manches qui, au lieu de s’agrafer sur l’épaule comme cela avait lieu habituellement, paraît être simplement percé d’ouvertures pour laisser passer le bras. La robe longue est en étoffe unie, hais il n’en est pas de même du pardessus, qui est semé d’étoiles d’or et enrichi dans ses parties supérieures et inférieures de grands dessins colorés.
L’ajustement de la femme, représentée dans la figure 316, diffère sur quelques points de celui de la précédente. Celle-ci nous montre assurément le vêtement d’une femme de haut parage. Le corsage parait être d’une étoffe différente de celle qui a été employée pour la jupe, mais la coiffure est surtout remarquable par les accessoires qui l’enrichissent et qu’on retrouve sur un assez grand nombre de monuments. Athénée est le seul auteur où l’on puisse trouver quelques renseignements sur le costume porté dans les villes grecques de l’Asie Mineure. Les Ioniens ont des habits de couleur violette, ou pourpre, ou safran, tissés en losanges. Ils se couvrent la tête avec des étoffes où l’on voit différentes figures d’animaux. Leurs sarapes sont jaunâtres, cramoisies, blanches. Ils portent aussi des calasires (robes de lin traînantes) de Corinthe, dont les unes sont de couleur pourpre marine, d’autres violettes, ou de couleur hyacinthe ; on en voit aussi porter de couleur de feu, ou bleu marin. Ils ont même des calasires perses : or ce sont les plus belles de toutes. On remarque aussi chez eux ce qu’ils appellent des actées (à peu près nos capes de camelot) ; ce sont les plus riches de tous les habits perses : or c’est une étoffe d’un tissu serré, mais fait ainsi pour être fort et en même temps léger. On enlace des grains d’or en forme de millet dans le tissu même, moyennant des fils qui les traversent par le milieu, et qui se voient à l’envers de l’étoffe. Or, dit Démocrite, c’est de tous ces habits que se servent les Éphésiens, livrés à la mollesse et au luxe. (Démocrite d’Éphèse, cité par Athénée.) Notre figure 317 montre une jeune Lydienne qui joue de la double flûte en dansant. Son costume est remarquable ; il est composé d’une seule pièce d’étoffe à dessins qui suit exactement les ondulations du corps et semble adaptée à la peau sans dessiner aucun pli. Cette joueuse de flûte ne porte pas de ceinture, en sorte qu’on ne voit même pas sur la poitrine les petits plis que produit habituellement en cet endroit le froncement de l’étoffe. La chevelure des hommes est quelquefois enserrée dans une étoffe qui prend à peu près la forme d’un turban et d’où s’échappent des bijoux. Ce qui donne à ce turban une physionomie tout à fait particulière, c’est que les cheveux, n’étant pas rasés comme chez les Orientaux modernes, retombent sur le front en petites boucles serrées qui descendent presque jusqu’aux sourcils. Notre figure 318, tirée d’un vase peint, montre un exemple de cette disposition, qui d’ailleurs semble avoir été particulière à l’Asie Mineure et ne pas appartenir à la Grèce propre.
Les villes grecques d’Asie sont arrivées bien avant celles d*Europe à un degré de prospérité qui a donné au luxe un grand développement. Le vêtement est en général très surchargé de dessins et formé de tissus d’une remarquable finesse. Le costume de l’homme est empreint, bien plus que celui de la femme, d’un caractère oriental très prononcé. Mais ce qu’ils présentent tous les deux de plus remarquable, c’est leur coiffure. Ce qui distingue en général la coiffure des habitants de la Lydie, ce sont les bijoux qu’ils placent dans leur chevelure, et les étoffes pailletées d’or avec lesquelles ils retiennent leurs nattes (fig. 319, 320). La plupart des villes du littoral étaient habitées par des Ioniens dont la réputation de luxe et de mollesse était proverbiale en Grèce. A défaut des monuments, qui sont en somme peu nombreux, on a quelques fragments cités par Athénée, dans lesquels il est question de la couleur du vêtement.
Douris, parlant du luxe des Samiens, cite les poésies d’Asius, selon lesquelles ils portaient des bracelets, laissaient flotter, par derrière, leurs cheveux sur les épaules, après les avoir artistement peignés, et célébraient ainsi lei fêtes de Junon ; usage, dit-il, qui se trouve confirmé par ce proverbe : Aller au temple de Junon, les cheveux artistement entrelacés. Or voici ce que dit le passage d’Asius : C’est ainsi qu’ils se rendaient au temple de Junon, après avoir bien arrangé leurs cheveux, et vêtus d’habits brillants, sur lesquels ils avaient une robe blanche qui couvrait la terre autour d’eux. Des cigales d’or semblaient sortir de leurs boucles, tandis que par derrière, leurs cheveux artistement liés flottaient au gré du vent ; à leurs bras étaient des bracelets richement ornés, et ils imitaient par là le guerrier qui se passait au bras le bouclier dont il se couvrait. Il nous est difficile d’avoir une idée bien nette des bijoux que portaient les femmes de l’Asie Mineure, les bijoux antiques trouvés dans cette contrée étant trop peu nombreux pour former dans nos collections une classe particulière. Cependant, s’il est permis d’émettre une hypothèse, nous ne croyons pas être bien hardis, en supposant qu’ils devaient ressembler passablement aux bijoux grecs ou étrusques dont le style se rattache à l’art oriental. Nous pouvons ranger dans cette catégorie une pendeloque décorée de griffons ailés et à laquelle sont suspendues trois petites chaînettes (fig. 321).
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