LE MARIAGE EN ÉGYPTE. - L’AMOUR FILIAL. - LA CONDITION DES FEMMES. - LES ENFANTS. LE MARIAGE EN ÉGYPTE. — Les textes font un peu défaut pour la constitution de la famille en Égypte, surtout en ce qui concerne les rapports conjugaux. Sur un grand nombre de stèles funéraires, on voit les hommages quel es parents viennent rendre au membre de la famille qui est défunt. La femme est souvent représentée beaucoup plus petite que l’homme, mais suivant M. Mariette, il ne faut tirer de là aucune conclusion sur la situation respective des époux. Nous trouvons en effet sur quelques monuments le mari et la femme placés à côté l’un de l’autre, de telle façon qu’il est impossible de voir une hiérarchie quelconque dans l’intention de l’artiste (fig. 1). La polygamie était admise dans l’ancienne Égypte : c’est du moins ce qui résulte d’un passage de Diodore de Sicile, qui avait étudié à fond cette contrée. Chez les Égyptiens, dit cet historien, les prêtres n’épousent qu’une seule femme, mais les autres citoyens peuvent en choisir autant qu’ils en ont besoin. Les parents sont obligés de nourrir tous leurs enfants, afin d’augmenter la population, qui est regardée comme contribuant le plus à la prospérité de l’État. Aucun enfant n’est réputé illégitime, lors même qu’il est né d’une mère esclave, car, selon la croyance commune, le père est l’auteur unique de la naissance de l’enfant, auquel la mère n’a fourni que la nourriture et la demeure. L’AMOUR FILIAL. — Les Égyptiens, comme les Chinois, avec lesquels ils présentent tant de rapports, regardent l’amour filial comme la première de toutes les vertus et, par une association d’idées assez singulière, ils le considèrent comme une annexe obligée du culte qu’on rend au roi. Il existe à la Bibliothèque nationale un livre de morale écrit par un vieillard nommé Ptah-Hotèp, qui remonte à la cinquième dynastie. L’obéissance du fils à son père, assimilée à celle qu’on doit au roi, y est présentée comme la première des vertus ; au reste, la récompense promise à celui qui la pratique n’a rien de mystique et paraît être simplement la promesse d’une longue vie et de la faveur du roi. Le fils qui reçoit la parole de son père deviendra vieux à cause de cela.... Le fils docile sera heureux par suite de son obéissance ; il vieillira et parviendra à la faveur... L’auteur se propose lui-même pour exemple. C’est ainsi que je suis devenu un ancien de la terre ; j’ai parcouru cent dix ans de vie avec la faveur du roi et l’approbation des anciens, en remplissant mon devoir envers le roi dans le lieu de sa faveur. LA CONDITION DES FEMMES. — Contrairement à ce qui s’est presque toujours passé en Asie, la femme égyptienne paraît avoir occupé une très large place dans la famille. Ce qui le prouve, c’est l’usage qu’avaient les Égyptiens d’indiquer le nom de leur mère préférablement même à celui de leur père. Religieusement elles participaient au sacerdoce et politiquement elles pouvaient occuper le trône. Enfin elles n’étaient pas confinées dans un harem et paraissent même avoir rempli l’office de maîtresses de maison. Quand on attendait des hôtes pour une réception, le maître et la maîtresse du logis s’asseyaient l’un à côté de l’autre sur un large fauteuil, auquel était quelquefois attaché un chien, un singe, une gazelle ou tout autre animal favori. Les jeunes enfants, lorsqu’ils n’étaient pas sur les genoux de leurs parents, jouaient par terre sur des espèces de nattes. LES ENFANTS. — La privation d’enfants était regardée par les Égyptiens comme la pire des infortunes, et le premier âge inspirait à tout le monde la plus vive sollicitude. La circoncision a été de tout temps pratiquée chez les Égyptiens ; c’est un usage qu’on retrouve également chez plusieurs peuples de l’Asie. Au lieu d’emmailloter les enfants, comme cela se faisait chez les Grecs et les Romains, les femmes égyptiennes avaient l’habitude de les porter dans une espèce de poche formée par une écharpe qu’elles nouaient sur l’épaule ou sur le dos, ainsi que nous l’avons vu sur la figure 120, tome Ier. On a trouvé dans les tombeaux égyptiens plusieurs jouets d’enfants. Les petits enfants qui, il y a quelques milliers d’années, s’amusaient avec ces joujoux, ne se doutaient guère de l’importance que des hommes g graves y attacheraient un jour et des savantes dissertations qui seraient faites à leur sujet. Nous avons au musée du Louvre plusieurs jouets égyptiens, entre autres des poupées ; elles sont en bois peint avec des grains de verre pour imiter les yeux (fig. 2 et 3).
Plusieurs collections renferment des jouets analogues ; quelques-uns sont extrêmement soignés. On a trouvé dans les tombeaux des petits crocodiles destinés à servir de jouets, et des pantins dont on fait mouvoir les membres au moyen d’une ficelle (fig. 4). |