LA VIE PRIVÉE DES ANCIENS

TOME PREMIER — LES PEUPLES DE L’ANTIQUITÉ

L’ITALIE. — VII. - L’ITALIE SEPTENTRIONALE

 

 

L’ÉTRURIE. - L’OMBRIE. - LA GAULE CISALPINE. - LA LIGURE. - LA GAULE CISPADANE. - LA GAULE TRANSPADANE. - LA VÉNÉTIE.

 

L’ÉTRURIE. — L’Étrurie proprement dite comprenait douze villes principales indépendantes les unes des autres ; mais unies par un lien fédéral. Comme ces villes ne sont énumérées nulle part, et que les cités étrusques qui ont de l’importance par leur histoire ou par les ruines qu’elles ont laissées dépassent le chiffre de douze, les savants ne sont pas d’accord sur la composition exacte de cette confédération. Néanmoins Tite-Live désigne sous le nom de têtes de la nation, Véies, Tarquinies, Cæré, Vulsinies, Pérouse, Arretium, Cortone, Volterra, Clusium, et on peut encore ajouter les cités de Vétulonium, Rusellæ, Faleries, Capène, Populonium, etc. (fig. 659). Ce groupe de villes était le centre principal de la civilisation étrusque ; mais les colonies qu’elles avaient établies formaient sur d’autres points de l’Italie d’autres groupes assez importants et reproduisant toujours l’organisation de la mère patrie. Ainsi, du côté du nord, Felsina, qui fut plus tard Bologne ; et Mantoue sont des villes étrusques. Au sud du Tibre, Fidène et Tusculum avaient la même origine. Enfin la Campanie a possédé aussi une confédération étrusque, composée de douze villes, parmi lesquelles on compte Nole et Capoue. Toutes les cités étrusques avaient entre elles des rapports assez fréquents pour expliquer la similitude de leur industrie, mais elles n’eurent jamais assez de cohésion pour constituer un peuple organisé politiquement et capable de résister en masse à une agression du dehors.

Véies était la cité la plus riche et la plus puissante de l’Étrurie. Cette ville, qui lutta cent ans contre Rome et ne fut prise par Camille qu’après un siège de dix ans, était si belle que les Romains se demandèrent un moment s’ils ne quitteraient pas leur pays natal pour venir s’y établir. Cette cité fameuse a pourtant été si complètement détruite que, pendant longtemps, on a perdu jusqu’au souvenir de l’emplacement qu’elle occupait. On a cependant fini par découvrir non seulement le tracé de ses murailles, niais encore un des plus anciens tombeaux étrusques, avec des peintures d’un style extrêmement primitif. Deux squelettes, dont un était celui d’un guerrier avec son casque, se trouvaient dans le tombeau avec des vases funèbres : ils sont tombés en poussière dès qu’ils ont été exposés à l’air.

Tarquinies (Corneto), ville très importante de la confédération étrusque, lutta longtemps contre les Romains et finit par passer sous leur, domination au me siècle ayant notre ère. La nécropole de Tarquinies, où plus de 2.000 tombeaux ont été ouverts et visités, est une des plus importantes de l’Italie.

Cœré fut une fidèle alliée des Romains, et c’est dans ses murs que les Vestales se réfugièrent à l’époque de l’invasion de Rome par les Gaulois. Les traces de la ville antique ont disparu,’mais Ses tombeaux présentent le plus grand intérêt. Il y en a de deux sortes les uns sont taillés dans le rocher, les autres sont des tertres isolés de forme conique. C’est un des points de l’Italie qui a fourni les plus abondantes moissons aux antiquaires.

Arretium (aujourd’hui Arezzo) était une des villes les plus puissantes de l’Étrurie et s’est transformée plus tard en colonie romaine. Ses vases en terre cuite rouge étaient extrêmement célèbres dans l’antiquité. Mais cette ville n’a laissé d’autres ruines que les restes très dégradés d’un amphithéâtre de l’époque romaine. Arretium est la patrie de Mécène.

Cortone a conservé quelques antiquités, entre autres ses murailles, dont quelques archéologues regardent la construction comme antérieure à la domination étrusque : elles sont formées de grosses pierres rectangulaires oblongues posées par assises sans mortier. Cortone possède aussi quelques tombeaux étrusques et des ruines de thermes romains.

Pérugia (Pérouse), qui, après avoir été une cité étrusque, est devenue une ville romaine, a conservé quelques antiquités, entre autres une belle porte, dite l’arc d’Auguste, qui passe pour être de construction étrusque, mais qui présente des inscriptions latines d’une date postérieure. La nécropole contient dès tombeaux qui ne sont pas d’une antiquité très reculée, mais qui sont d’une conservation remarquable.

C’est près de Civita Castellana qu’on trouve les restes de l’ancienne Faleries, célèbre parla lutte de Camille contre les Falisques. C’est en assiégeant cette ville que ce général renvoya à leurs parents les enfants des principaux personnages de la cité que le maître d’école lui avait livrés. Les murs de la ville subsistent encore : ils ont environ 8 mètres de hauteur et montrent les traces, des tours qui les accompagnaient autrefois. Une des anciennes portes de la ville est restée : elle est de forme cintrée et décorée d’une tête à sa partie supérieure (fig. 660). L’enceinte de Faleries est aujourd’hui absolument déserte et né contient pas d’autre habitation qu’un vieux couvent ruiné.

L’ancienne Sutri, qui fut prise par Camille, a laissé peu de ruines importantes.

Clusium (Chiusi) était une ville extrêmement forte et la résidence de Porsenna, qui vint mettre le siège devant Rome. Jamais, dit Tite-Live, une si grande terreur ne s’était encore emparée du Sénat, tant était redoutable à cette époque la puissance de Clusium. Les objets extrêmement nombreux découverts dans les nécropoles paraissent d’une haute antiquité. Il n’y en a pas, dit Noël des Vergers (l’Étrurie et les Étrusques), qui portent plus complètement l’empreinte de l’art étrusque sans mélange d’hellénisme que les vases noirs connus dans le pays sous le nom de Creta Nera... Plus tard, il est vrai, les mythes de la Grèce pénétrèrent au sein de l’Étrurie, et Clusium a produit le plus beau vase italo-grec qui soit dans la collection céramographique du musée de Florence.

Les ruines de Rusellæ, ancienne ville étrusque, qui cessa d’avoir des habitants à partir du XIIe siècle de notre ère, se voient aux environs de Grossetto. Elles consistent en fragments de murs d’une construction massive et à blocs irréguliers couronnant une colline abrupte, qu’on ne peut gravir qu’à travers des ronces et des épines.

Vulsinies (Bolsena) était une ville très importante par son industrie, et où l’on a retrouvé une énorme quantité d’objets d’art de toutes sortes. On peut juger de ce qu’elle devait en posséder autrefois par la tradition d’après laquelle les Romains auraient rapporté 2.000 statues, comprises dans le butin qu’ils avaient fait dans cette ville. De nos jours, on y a découvert encore un grand nombre d’antiquités, entre autres la statue d’un orateur inconnu, qui est extrêmement célèbre. La ville a aussi conservé les restes d’un amphithéâtre qui, selon quelques archéologues, serait antérieur à la domination romaine.

Volaterræ (Volterra), une des plus anciennes villes de l’Étrurie, était tellement forte qu’elle subit pendant la guerre civile un siège de deux ans de la part des troupes de Sylla. Le mur d’enceinte remonte à la plus haute antiquité : il a en certains endroits une hauteur de 13 mètres, et son épaisseur est de 4 à 5 mètres. Cette muraille, formée de blocs de grès en couches horizontales, a conservé une de ses vielles portes, qui est décorée de tètes de lions et, dont la forme est cintrée. La nécropole se trouve sur le versant de la montagne, à peu près à la moitié de sa hauteur.

Populonium (Piombino) est située au haut d’un promontoire élevé qui avance assez loin dans la mer.

Les monnaies de cette ville sont remarquables par leur caractère archaïque (fig. 661-662 et 663-664).

 

L’OMBRIE. — Cette contrée, située à l’est de l’Étrurie, dont l’Apennin et le Tibre la séparaient, était bornée au sud par la Sabine et le Samnium, à l’est par la mer Adriatique et au nord par la Gaule Cisalpine, où elle était limitée par le Rubicon. Sa population, d’origine gauloise, se composait surtout de laboureurs, et l’on y voyait peu de villes importantes. Nous citerons seulement Ariminium (Rimini), Sentinum (Sasso-Ferrato), Asculum (Ascoli) et Ancône, qui a conservé son nom et dont on attribuait la fondation à une colonie de Syracuse.

 

LA GAULE CISALPINE. —La partie septentrionale de l’Italie, à laquelle se rattache la presqu’île d’Istrie, avait reçu le nom de Gaule Cisalpine, ou en deçà des Alpes, par opposition avec la Gaule Transalpine, dont le territoire beaucoup plus étendu comprend la France actuelle., Cette grande et riche province, qui s’étendait dans toute la vallée du Pô, était divisée sous Auguste en quatre parties, la Ligurie à l’ouest, la Gaule Transpadane et la Gaule Cispadane, séparées l’une de l’autre par le Pô, enfin la Vénétie, du côté de l’est (fig. 665). Nous ne parlerons pas de l’Istrie, dont il a été question plus haut.

 

LA LIGURIE. — La Ligurie, qui répond à la partie méridionale du Piémont actuel, était considérée comme la partie la plus pauvre de la Gaule Cisalpine. La seule ville importante que nous y devions signaler était Genua (Gênes), qui était le port où se concentrait tout le commerce de la contrée.

 

LA GAULE CISPADANE. — La Gaule Cispadane, c’est-à-dire en deçà du Pô, était un pays beaucoup plus riche et plus civilisé. Plaisance, Parme, Modène, Bologne et Ravenne étaient au temps d’Auguste des cités extrêmement florissantes. Ravenne, malgré sa situation voisine de marais, passait pour une ville tellement salubre que les empereurs en firent leur résidence habituelle, profitant en même temps de sa situation inexpugnable. L’écoulement des eaux, qui assainissait autrefois le pays, n’existe plus aujourd’hui, et toute la contrée est devenue malsaine. La grande période de Ravenne est la fin de l’empire d’Occident et le commencement de l’empire d’Orient. Les édifices qui décorent cette ville appartiennent au style byzantin primitif. L’église de Saint-Vital, élevée par Justinien (fig. 666), est de forme octogone et couronnée d’une coupole que portent huit gros piliers disposés circulairement. Entre ces piliers se développent sept hexaèdres, et le huitième intervalle reste ouvert pour donner accès au sanctuaire, qui est pris sur la galerie circulaire. Une galerie établie au premier étage forme une tribune pour les femmes, qui, dans la primitive Église, n’étaient pas mêlées avec les hommes.

 

LA GAULE TRANSPADANE. — La Gaule Transpadane comprenait aussi u, nombre de villes florissantes, parmi lesquelles il faut citer Taurasia (Turin), Mediolanum (Milan), Comum (Côme), Bergomum (Bergame), Brixia (Brescia), Crémone et enfin Mantoue, dont on vantait la haute antiquité, car cette ville passait pour avoir été fondée antérieurement à Rome.

 

LA VÉNÉTIE. — La capitale de la Vénétie était Vérone, qui a gardé d’importants vestiges de sa grandeur passée.

La porte Borsari (fig. 667), malgré l’inscription en l’honneur de Gallien, paraît avoir été construite sous les Antonins. Le monument le plus important de Vérone est le grand amphithéâtre, qui pouvait contenir 50.000 spectateurs. L’enceinte extérieure est, en partie détruite, mais l’intérieur a conservé quarante-cinq rangs de gradins. Vicence, Padoue et Aquilée étaient après Vérone les principales villes de la contrée.