LA VIE PRIVÉE DES ANCIENS

TOME PREMIER — LES PEUPLES DE L’ANTIQUITÉ

L’ITALIE. — VI. - ROME

 

 

NOTIONS HISTORIQUES. - LES SEPT COLLINES. - L’ENCEINTE ET LE POMŒRIUM. - LES QUARTIERS DE ROME. - LES RUES. - LE CAPITOLE. - LE FORUM. - HISTOIRE MONUMENTALE. - LES PALAIS ET LES PORTIQUES. LES TEMPLES. — THÉÂTRES ET CIRQUES. - ARCS DE TRIOMPHE. COLONNES. - THERMES. - AQUEDUCS.

 

NOTIONS HISTORIQUES. — La fondation de Rome, si on en dégage le côté mythologique, paraît se rattacher à un usage particulier aux anciens peuples de l’Italie, celui auquel on a donné le nom de printemps sacré. Quand une famine ou une épidémie venait à sévir sur une contrée, on apaisait la colère des dieux par le sacrifice de tous les enfants nés pendant la saison. Ces enfants n’étaient pas mis à mort, et on les élevait avec le plus grand soin jusqu’à leur vingtième année ; mais alors, ils quittaient avec une grande solennité leur terre natale qu’ils ne devaient plus revoir et s’en allaient fonder une colonie. Ce fait expliquerait tout naturellement pourquoi Romulus et Remus, au lieu de prendre possession d’Albe, après avoir détrôné Amulius, crurent devoir aller un peu plus loin s’établir dans une contrée nouvelle.

Les Romains ont toujours enveloppé sous des légendes mythologiques les débuts obscurs de leur histoire. Avant tout, il fallait rattacher son origine aux fables grecques chantées par Homère, et le Troyen Énée, fils de Vénus, vint s’établir dans le Latium, où son fils Ascagne fonda Albe la Longue. La soumission des villes grecques de l’Italie et de la Grèce propre se trouvait ainsi n’être qu’une revanche. Mais l’orgueil romain demandait davantage, et le peuple n’eût pas été, satisfait, si Mars, le terrible dieu de la guerre, n’avait pas été son aïeul. Numitor, ancien roi d’Albe, détrôné par son frère Amulius, avait une fille, Rhéa Sylvia, qu’Amulius, peu désireux d’avoir des neveux, condamna à la virginité en la plaçant dans le collège des Vestales : mais le dieu Mars trompa la vigilance de l’usurpateur (fig. 638), et ses visites à la Vestale eurent pour résultat la naissance de deux jumeaux, Romulus et Remus, dont Amulius ordonna aussitôt la mort.

Abandonnés au bord du fleuve, où les bêtes féroces devaient les dévorer les nouveau-nés furent allaités par une louve (fig. 639), et recueillis par le berger Faustulus (fig. 640). Toute l’histoire mythique de l’ancienne Rome est contenue dans ce récit ; aussi la Louve nourrice du peuple romain se trouve-t-elle tout naturellement représentée sur une foule de monuments. Le plus célèbre d’entre eux nous montre la louve du Capitole (fig. 641), groupe de travail étrusque extrêmement ancien ; mais les deux jumeaux qu’elle allaite ont été ajoutés et sont d’une époque postérieure. Suivant la tradition, ce groupe serait celui qui fut placé, en 296, par les édiles sur le mont Palatin, près du figuier ruminal, l’arbre sacré où avaient été trouvés les deux jumeaux.

L’enlèvement des Sabines (fig. 642) est le fait caractéristique du règne légendaire de Romulus. Toute cette histoire est encore surchargée de fables, qui furent toujours populaires parmi les Romains. Tel est le récit relatif à la jeune Tarpéia, qui donna son nom à la roche tarpéienne. Elle avait promis d’ouvrir aux Sabins les portes de la ville, à condition qu’ils lui donneraient ce qu’ils portaient au bras gauche : elle voulait parler de leurs bracelets d’or. Mais quand Tatius fut entré dans la ville il comprit la chose autrement et jeta son bouclier sur la jeune fille : tous les Sabins ayant fait la même chose, Tarpéia fut écrasée sous ce poids (fig. 643).

A ce moment, les Romains étaient en fuite ; mais Romulus, faisant vœu d’élever un temple à Jupiter Stator, parvint à ranimer le courage de ses soldats et à recommencer la lutte. C’est ce dernier qui fut arrêté par les femmes sabines, lorsqu’elles se précipitèrent avec leurs enfants pour séparer leurs époux et leurs pères. La paix fut conclue et il fut convenu que Tatius et Romulus règneraient simultanément : la double tète de Janus est considérée comme le symbole de cette alliance entre les deux nations (fig. 644). Au reste, le mythe de Janus se prête à des interprétations assez diverses. A Rome, le temple de cette divinité (fig. 645) était ouvert en temps de guerre et ne se fermait qu’en temps de paix.

Au bout de cinq ans, Tatius fut assassiné par les Laurentins, et, bien que Romulus eût été reconnu pour le seul roi, son sort ne fut pas meilleur. Un jour qu’il passait une revue, un orage dispersa l’assemblée et on ne retrouva plus le roi ; mais un sénateur déclara l’avoir vu monter au ciel, sur le char de Mars, au milieu de la foudre et des éclairs. On ne connaît aucune image authentique du fondateur de Rome, et celles qu’on possède sont d’une date très postérieure (fig. 646).

Quelques historiens ont prétendu que Romulus avait été tué par des Sabins mécontents. Ce qui est certain, c’est que les deux nations parvinrent bien difficilement à s’entendre ; après un an de discussions stériles, on finit par décider que les Romains feraient l’élection, mais que le roi serait choisi parmi les Sabins. Numa Pompilius fut élu : homme sage et pacifique, Numa, qu’inspirait la nymphe Égérie, devint le législateur des Romains ; l’organisation qu’il leur donna parait calquée sur celle des étrusques, dont la civilisation était alors beaucoup plus avancée que celle du Latium.

Le règne de Numa avait été une période de paix profonde que rien n’avait troublé, mais il n’en fut pas de même pour son successeur, Tullus Hostilius, qui, après le célèbre combat des Horaces et des Curiaces, détruisit Albe la Longue, dont il transporta les habitants sur le mont Cœlius, nouvellement incorporé dans Rome. Tullus Hostilius était un Romain élu par les Sabins : après lui, ce fut le tour des Romains de désigner le roi parmi les Sabins ; et ils choisirent Ancus Marcius, qu’on disait le petit-fils de Numa. Il fonda Ostie, jeta le premier pont Sublicius, et bâtit la prison Mamertine, qui subsiste encore en partie. La figure 647-648 est une médaille des Marcius qui prétendaient descendre du quatrième roi de Rome : elle représente la figure traditionnelle de Numa et d’Ancus Marcius. Au revers sont représentées deux arcades ; sous la première est une Victoire sur une colonne ; sous la seconde, une proue de navire, souvenir de la création d’Ostie par Ancus Marcius.

Les rois que nous venons de voir, Romains ou Sabins, appartenaient à la race latine. Si les Romains avaient souvent emprunté aux Etrusques, leurs voisins, des artisans pour subvenir aux besoins de leur industrie, des prêtres ou des augures pour leur enseigner les rites ou pour leur annoncer l’avenir, ils avaient absolument gardé leur caractère national : très différents de leurs voisins, n’estimant que la guerre, ne connaissant, en dehors de la vie des camps, que les rudes travaux de l’agriculture et méprisant profondément tout travail sédentaire. La tentative des Tarquins parait avoir consisté principalement à transformer cette existence primitive et grossière, en assimilant Rome aux villes grecques ou étrusques et en s’entourant eux-mêmes de toutes les délicatesses d’une civilisation qui répugnait aux Romains.

L’histoire des Romains se trouve ainsi dès l’origine mêlée intimement à celle des autres peuples de l’Italie, qui sont absorbés l’un après l’autre par la métropole. Elle comprend plusieurs époques distinctes. La première, celle des rois, est en quelque sorte le récit de la naissance du peuple romain, qui agrandit son territoire aux dépens des pays voisins, territoire dont l’étendue ne dépasse pas celle d’un de nos départements. La seconde période, qui va jusqu’aux guerres puniques, est tout entière consacrée à la conquête et à l’assimilation de l’Italie. Après les guerres puniques, toutes les contrées riveraines de la Méditerranée tombent l’une après l’autre sous la domination romaine. Quand l’empire se fonde, la -puissance romaine est à son apogée ; mais alors la décadence arrive, et le monde antique s’effondre pour faire place à une société nouvelle.

 

LES SEPT COLLINES. — Le fleuve le plus célèbre de l’ancien monde, le Tibre (fig. 669), a un cours qui ne dépasse pas quatre-vingts lieues, et ses eaux jaunes et toujours chargées de pouzzolane rougeâtre, n’étaient employées ni comme boisson, ni comme bains. C’est pour cela que la campagne de Rome était couverte d’aqueducs chargés d’amener dans la ville éternelle, une eau plus saine et plus salubre. Le fleuve rapide et profond en quelques endroits, et d’une navigation difficile en tout temps, sort des montagnes de l’Italie centrale, sépare les grandes plaines agricoles du Latium et de l’Étrurie et déverse ses eaux dans la Méditerranée, à cinq lieues de Rome.

A quelques lieues de la mer, le Tibre traverse un endroit qui est entouré de neuf collines. Il y en a deux sur la rive droite du fleuve, le Janicule et le Vatican, sept sur la rive gauche. Parmi celles-ci, il y en a six qui sont disposées de manière à former comme un fer à cheval au milieu duquel est la septième. Cette dernière colline centrale est le mont Palatin : les autres sont le Capitolin, le Quirinal, le Viminal, l’Esquilin, le Cœlius et l’Aventin (fig. 650). Au huitième siècle avant notre ère, cette contrée était absolument sauvage, et son sol, naturellement stérile, n’avait rien qui pût tenter des populations voisines. Les vallons qui séparaient, les collines sur lesquelles devait s’élever la ville éternelle étaient couverts de marais insalubres que venaient grossir par intermittence les débordements du Tibre.

D’après la légende, Romulus et ses compagnons s’établirent sur le Palatin, tandis que Tatius et les Sabins occupaient le Capitolin. Sous Numa, la population s’étendit jusqu’au Quirinal ; Tullus Hostilius fixa les Albains sur le mont Cælius, qui ne portait pas encore ce nom et qui est aujourd’hui le Latran, et Ancus Martius assigna le mont Aventin aux Latins qu’il avait vaincus. Sous Servius Tullius, les aventuriers qui affluaient de toutes parts dans la ville nouvelle habitèrent, avec les pauvres plébéiens, la plus considérable des sept collines, l’Esquilin, et ensuite le Viminal. C’est ainsi que Rome occupa successivement les sept collines, mais elle ne forma une véritable ville que sous les Tarquins ; c’est en desséchant les marais insalubres qui couvraient le fond dés vallons qu’ils rendirent habitable l’espace compris entre les collines.

 

L’ENCEINTE ET LE POMŒRIUM. — Rome était une ville d’une étendue médiocre, mais entourée de faubourgs immenses. La ville avait été bâtie à la manière des Étrusques. Quand ceux-ci jetaient les fondements d’une ville, ils avaient soin de consacrer une certaine étendue de terrain le long des murailles, et les maisons ne pouvaient être contiguës à ce mur d’enceinte. Les Romains, dont les rites sacrés sont empruntés aux Étrusques, avaient conservé autour des murailles un emplacement nommé Pomœrium, qui était un espace sacré demeurant inculte, car on aurait cru le profaner en le cultivant. Le premier Pomœrium n’enfermait que le Palatin, et à. ses limites finissait la cité politique et religieuse, à laquelle trois portes donnaient accès : un vaste marais qui entourait presque entièrement la ville primitive lui formait comme une défense naturelle.

Servius Tullius recula le Pomœrium, lorsqu’il agrandit la ville, qui conserva pendant tout le temps de la république l’enceinte qu’il avait élevée, bien que la population débordât au dehors dans toutes les directions. Le mont Aventin n’était pas, encore compris dans cette enceinte, quoiqu’il fût joint à la ville comme position à défendre. L’enceinte murée resta telle que le roi Servius l’avait établie pendant tout le temps de la république et la plus grande partie de l’empire, mais l’enceinte civile étendit bien au delà des fortifications. Une nouvelle enceinte, qui comprenait le champ de Mars et la colline des Jardins, fut bâtie par Aurélien.

 

LES QUARTIERS DE ROME. – La division de Rome en quatorze régions date du règne d’Auguste, et comme elle a subsisté. à peu prés tout le, temps de l’empire, elle est assez importante à connaître.

I. - La porte Capène région â laquelle aboutissait la voie Appienne, une des promenades favorites des Romains. On y voyait plusieurs monuments fameux, entre autres le temple de l’Honneur et la Vertu, les Thermes de Sévère et ceux de Commode, etc.

II.  Cœlius, quartier très pauvre, habité par une foule de gens exerçant de petits métiers. Peu de monuments.

III. - Isis et Sérapis, les Thermes de Titus et le Colysée appartenaient à ce quartier.

IV. - La Voie Sacrée, le commerce de luxe était surtout installé dans ce quartier où ou voyait une succession non interrompue de tavernes ou boutiques pour la vente des petits objets pour dames, tels quo boules de cristal, plumes de paon pour éventails, petits coffrets d’ivoire ou de bois sculpté, etc.

V. - La région Esquiline, quartier d’ouvriers, et surtout de ceux qui avaient pour profession de brûler les cadavres et de s’occuper des inhumations. C’est là qu’étaient les fameux jardins de Mécène.

VI. - Alta Semita, quartier assez élevé, d’où l’on dominait complètement le champ de Mars. On y voyait les jardins de Lucullus et de Salluste, les thermes de Dioclétien, de Constantin, le camp des Prétoriens, les temples de Quirinus, du Soleil, de Flore, du Salut, etc.

VII. - La via Lata, quartier plein de jardins, et habité par des éleveurs de chèvres, des marchands de légumes, des constructeurs de litières. On y voyait aussi beaucoup d’affranchis qui venaient habiter là par économie.

VIII. - Le Forum Romanum, le quartier le plus intéressant de Rome par ses souvenirs et ses monuments. Nous en parlerons plus loin.

IX. - Le cirque Flaminius, le plus grand quartier de Rome, couvert de monuments, le Panthéon d’Agrippa, le théâtre de Marcellus, etc. Le champ de Mars, couvert de portiques et de galeries qui servaient de rendez-vous galants, était sous l’empire une promenade où se rendaient tous ceux qui voulaient se tenir au courant de la mode et des toilettes du jour. Le Mausolée d’Auguste, élevé pour la sépulture de la famille impériale, était dans ce quartier.

X. - Le Palatin, les plus antiques souvenirs de Rome étaient sur cette montagne, où s’éleva sous l’empire le palais des Césars.

XI. - Le cirque Maxime, quartier étroit et long, dont le cirque qui lui donne son nom remplit presque toute l’étendue.

XII. - La Piscine publique, quartier considérable, mais pauvre en monuments.

XIII. - Le mont Aventin, quartier qui s’étendait le long du Tibre et dont on voit encore les antiques murailles (fig. 652).

XIV. - La région Transtibérine, sur la rive droite du Tibre. C’est là qu’était le Mausolée d’Adrien. Ce quartier, fréquenté par des vagabonds, était celui des saltimbanques, des marchands ambulants, des montreurs d’animaux, et autres vivant sous la tente.

On voit que chacune de ces régions avait un numéro d’ordre et un nom emprunté soit à un monument, soit à sa situation particulière. Il y avait quatre régions à l’orient, une au nord, cinq à l’occident, deux au sud et deux au centre de la ville (fig. 651).

 

LES RUES DE ROME. — Montesquieu a donné de la ville primitive la description, suivante : Il ne faut pas, dit-il, prendre de Rome dans ses commencements l’idée que nous donnent les villes que nous voyons aujourd’hui, à moins que ce ne soient celles de la Crimée, faites pour renfermer le butin, les bestiaux et les fruits de la campagne. Les noms anciens des principaux lieux de Rome ont tous du rapport à cet usagé. La ville n’avait pas même de rues, si l’on n’appelle de ce nom la continuation des chemins qui y aboutissaient. Les maisons étaient placées sans ordre et très petites ; car les hommes, toujours au travail ou dans la place publique, ne se tenaient guère dans les maisons.

La physionomie de nome a commencé à se transformer après les guerres puniques, et quand l’Asie a été conquise, la ville, dont les principaux édifices avaient toujours été concentrés autour du Forum, s’est couverte d’une multitude de monuments publics ou de splendides habitations, qui lui donnèrent à partir d’Auguste un aspect qu’aucune ville moderne ne peut nous rendre. Cependant-on se tromperait étrangement si on jugeait Rome d’après les vues restaurées dont les architectes sont si prodigues. Les successions de colonnades qu’ils nous présentent existaient assurément, mais, dans bien peu d’endroits, on aurait trouvé ce caractère froid et exclusivement monumental qu’ils prêtent à l’antique cité. A côté des édifices, il y avait les rues étroites et tortueuses : les portiques eux-mêmes étaient encombrés de petits marchands ambulants et bordés bien souvent de tavernes, ou petites boutiques improvisées, qui devaient en maint endroit ressembler passablement à celles qu’on voit dans nos foires. Si l’on veut comprendre la physionomie véritable de l’ancienne Rome, il faut tenir compte des innombrables aventuriers qui venaient dé contrées différentes exercer des professions sans nom, apportant là leurs mœurs bizarres et leur costume : la plupart de ces gens-là étaient sans domicile fixe, et campaient dans Rome plutôt qu’ils n’y habitaient.

Un document contemporain d’Auguste montre que trois cent vingt mille personnes se sont présentées pour recevoir les dons de l’empereur à l’occasion d’une distribution faite à la plèbe romaine, et ce chiffre ne comprend ni les femmes, ni les enfants âgés de moins de onze ans. On peut juger par là quel nombre atteignait à Rome la population que nous rangerions aujourd’hui parmi les vagabonds. Quant à la population même de Rome, les documents sont tellement contradictoires qu’il est impossible de la fixer fût-ce approximativement. Elle a dû d’ailleurs varier beaucoup comme chiffre, et 1a ville elle-même a changé plusieurs fois de physionomie.

Au temps d’Auguste, Rome avait dés maisons d’une hauteur prodigieuse, à plusieurs étages superposés et rangées pour la plupart par files contiguës. Il y avait aussi de très grandes maisons isolées de tout côté, qu’on appelait pour cette raison des îles. Les maisons qui formaient les îles étaient généralement en pierre, mais les maisons ordinaires étaient le plus souvent en briqués, et terminées en haut par une plate-forme. Il y en avait aussi qui avaient des faites en pente, revêtus de tuiles et quelquefois de dalles de diverses couleurs. Dans les anciens quartiers, les rues étaient étroites, irrégulières et tortueuses, et chaque carrefour était muni de statues et d’autels consacrés à diverses divinités.

A Rome, l’accroissement démesuré de la population donna aux terrains une valeur énorme, si bien que les maisons s’exaucèrent au point d’avoir jusqu’à onze étages. Il ne fallut rien moins que des édits impériaux, déterminant la hauteur des maisons, pour mettre un frein à l’esprit de spéculation qui non seulement compromettait la sécurité de leurs habitants mais encore présentait un danger réel pour les passants. La plupart de ces maisons en effet étaient bâties non par des architectes, mais par de simples entrepreneurs de bâtisse, n’ayant fait aucune étude sur la construction, et uniquement préoccupés d’économiser sur les matériaux et la main-d’œuvre, pour élever promptement une maison de rapport. Ces maisons à loyer étaient souvent un excellent placement pour les riches Romains à qui elles procuraient de gros revenus. Elles renfermaient parfois un nombre considérable de logements.

On écrivait sur les murs l’annonce des logements à louer, leur importance, et l’indication du fondé de pouvoirs, ou de l’agent auquel on pouvait s’adresser pour avoir de plus amples renseignements. Ces annonces étaient assez grandes, et les lettres formant les mots avaient parfois jusqu’à une coudée de hauteur. Elles étaient peintes en noir, à l’exception du nom du bailleur qui se mettait en rouge. pour mieux attirer l’attention : Ces annonces, écrites avec un gros pinceau, se plaçaient sur le mur, en même temps que les objets perdus, les ventes de commerce, etc., et comme elles se succédaient rapidement, on les peignait l’une sur l’autre après avoir couvert d’une peinture blanche l’affiche précédente.

Les gens qui demeuraient clans les maisons à loyer, étaient généralement peu honorés, parce qu’ils n’appartenaient pas à là classe riche. Juvénal nous a laissé un piquant tableau des rues habitées par cette population.

... Eh ! quelle chambre à loyer est compatible avec le sommeil ! C’est à grands frais seulement qu’on peut dormir dans cette ville ces chars qui s’embarrassent aux détours des rues, ces imprécations d’un muletier forcé de s’arrêter ; c’en est assez pour arracher au sommeil Drusus et les veaux marins. Le riche a-t-il une affaire qui l’appelle, il, vole à travers la foule qui s’écarte, porté sur la tête de ses grands Liburniens. Chemin faisant, il lit, il écrit, il dort : une litière close provoque le sommeil. Pourtant il arrive avant nous. Nous avons beau nous presser ; arrêtés par le flot qui précède, nous sommes accablés par celui qui suit. L’un me heurte du coude, l’autre d’un ais qu’il porte sur l’épaule ; ma tête, frappée par une poutre, va donner contre une cruche ; on m’éclabousse jusqu’à la ceinture ; d’énormes pieds aussitôt me foulent de toutes parts... Voyez quelle épaisse fumée s’élève dans les airs : c’est la sportule qu’on distribue. Je compte cent convives chacun traîne sa batterie de cuisine. Corbulon soutiendrait à peine autant de vases énormes, autant d’ustensiles qu’en porte sur son cou raidi un misérable petit esclave qui rallume en courant son réchaud. Malheur aux tuniques recousues ! Puis survient un chariot chargé d’une longue poutre, un autre d’un immense sapin. Ces masses se balancent sur les têtes et menacent d’écraser le peuple... Considérez maintenant que de périls divers on court pendant la nuit. Contemplez la hauteur immense des maisons, d’où l’on est foudroyé par tous les débris de vases et de pots qui pleuvent des fenêtres. Quelles traces profondes la chute de ces masses imprime sur le pavé ! On pourrait vous prendre pour un indolent, un malavisé, si vous alliez souper sans avoir fait votre testament ; autant de morts à redouter qu’il y a de fenêtres ouvertes sur votre passage. Faites des vœux ! trop heureux encore, si l’on se contente de verser sur vous le contenu du bassin ! Ln forcené, dans la fougue du vin, s’il n’a battu personne, est au supplice ; mais tout bouillant qu’il est de jeunesse et de vin, il évite celui que le manteau de pourpre, la longue suite de clients, les nombreux flambeaux et le candélabre d’airain lui enjoignent d’épargner. C’est moi, qui n’ai pour me conduire que le clair de la lune ou la faible lueur d’un bout de mèche que j’économise ; c’est moi qui essuie ses mépris... Dès que chacun sera clos chez soi, qu’on n’entendra plus le bruit des chaînes qui barricadent les boutiques, on guettera votre dépouille. Gare aussi de temps en temps les poignards de ces brigands qui, à l’approche du guet, délogent des marais Pontins ou de la forêt Gallinaire, et tous ensemble accourent à Rome comme à la curée (Juvénal, Sat. III).

 

LE CAPITOLE. — Le rocher du Capitole comprenait à la fois la citadelle de Rome, ses temples les plus vénérés et sa prison la plus redoutée, la prison Mamertine, qui fut bâtie par Ancus Martius. C’est dans cette prison célèbre que sont morts Jugurtha et Vercingétorix, qu’ont été égorgés les compagnons de Catilina, et que saint Pierre a été emprisonné. L’escalier conduisant à la prison s’appelait les Gémonies : c’est là qu’on exposait le cadavre des suppliciés.

Le fameux temple de Jupiter Capitolin, qui dominait le Capitole, avait été commencé sous les rois et les destinées de la ville y semblaient comme attachées. Outre ce temple, qui était d’une grande magnificence, on voyait au Capitole celui de Jupiter Férétrien, la chaumière de Romulus, couverte en paille, qu’on montrait comme une précieuse relique, et une multitude d’offrandes provenant des dépouilles des nations vaincues. C’est dans le Capitole que les consuls et les magistrats offraient des sacrifices en entrant en charge, et c’est là qu’ils dirigeaient leur marche, dans la cérémonie du triomphe. Manlius, le sauveur du Capitole, fut le dernier Romain qui eut le droit d’avoir une habitation sur, la montagne sacrée, mais plusieurs temples s’y élevèrent successivement, entre autres le fameux temple de la Concorde, construit pour effacer le souvenir des guerres civiles, et qui devint le lieu ordinaire des délibérations du sénat.

De tout, ce passé, si plein de souvenirs classiques, .il n’est resté aucune ruine.

 

LE FORUM. — Au pied du. Capitole était le Forum romain : ici s’amoncellement- de débris accumulés sous l’action du temps est tel, qu’il faut aujourd’hui creuser à huit mètres de profondeur pour retrouver le sol de l’ancien Forum : aussi les colonnes, dont on a voulu dégager la base, se trouvent comme dans une véritable fosse.

Cette place était le foyer d’activité, du peuple romain, le lieu où il écoutait les orateurs, où il votait les plébiscites, c’était en même temps un endroit où on se réunissait pour les affaires privées puisque le tribunal y était établi,

Le Forum romain (fig. 653) formait une vaste place, entourée d’édifices. On .y voyait d’abord le Comitium, sorte de colonnade sous laquelle le peuple défilait pour aller voter. Au fond du Comitium on montrait le figuier ruminal, avec un groupe d’airain représentant la louve qui allaite les deux jumeaux.

Non loin de là, on voyait la tribune aux harangues. Après la guerre contre les Volsques, Camille, s’étant emparé d’Antium, leur capitale, apporta à Rome les éperons des galères ennemies, et en décora la tribune aux harangues qui prit à partir de ce jour le nom de Rostres. La tribune elle-même était un vaste piédestal de forme circulaire, surmonté d’une balustrade et d’un toit pour couvrir l’orateur : elle était placée au bas de la pente du Capitolin, comme on peut le voir sur le plan où son emplacement est indiqué derrière la colonne de Phoca et tout près de l’arc de Septime Sévère. Quant à sa forme, on peut à peu près s’en faire une idée par les médailles qui la représentent (fig. 654 et 655).

Une foule de monuments sur l’attribution desquels les savants ne sont pas toujours d’accord, ont laissé des ruines imposantes qui sont aujourd’hui le plus grand attrait de la ville éternelle.

Outre le forum romain, on trouvait à Rome plusieurs autres forums, qui servaient de marchés pour les transactions plutôt que de places pour les réunions politiques. Quelques-uns étaient décorés avec une grande magnificence : il faut citer parmi les principaux, le forum de Jules César, le forum d’Auguste, le forum de Trajan, le forum Boarium (marché aux bœufs), le forum Olitorium (marché aux légumes), etc.

Celui de Trajan, dont la place de la colonne Trajane passe pour être un reste, avait été bâti par le célèbre architecte Apollodore. Il était entouré de portiques et décoré de nombreuses statues. Le forum d’Auguste, bâti par lui à la suite d’un vœu qu’il avait fait de venger la mort de César, était célèbre par le temple de Mars Vengeur qui s’élevait au milieu de la place.

L’emplacement de ces forums est dans beaucoup d’endroits occupé par des constructions modernes.

 

LES TEMPLES. — Le Panthéon d’Agrippa est le seul temple qui soit resté entier parmi tous ceux dont s’enorgueillissait l’ancienne Rome. Bien qu’il ait subi d’importantes modifications, il est considéré comme un des plus beaux types de l’architecture romaine. Le Panthéon s’annonce par un portique de huit colonnes de face, qui soutiennent un entablement et un fronton. L’intérieur du temple est un cercle parfait, et c’est de sa forme ronde qu’on l’appelle vulgairement la Rotonde, La hauteur de l’édifice, depuis le pavé jusqu’au sommet de-la voûte, dépasse 44 mètres et son diamètre est de 43 environ. Il n’y a aucune fenêtre et la lumière entre par une large ouverture circulaire pratiquée dans la voûte.

Il ne reste plus rien aujourd’hui du fameux Temple de Jupiter Capitolin, et bien peu de chose également du Temple de la Concorde. Trois colonnes d’ordre corinthien en marbre blanc marquent l’emplacement du Temple de Vespasien, qu’on a cru longtemps être celui de Jupiter tonnant, érigé  par Auguste après son retour de la guerre d’Espagne, en reconnaissance de ce qu’il ne fut pas frappé  par la foudre qui tomba tout près de lui durant cette expédition. Ces colonnes sont sur l’emplacement de l’ancien forum : huit colonies ioniques, placées à côté des précédentes, sont regardées comme appartenant au Temple de la Fortune. Trois belles colonnes corinthiennes, devenues classiques dans nos écoles, étaient autrefois désignées comme appartenant au temple de Jupiter Stator, mais leur attribution est très controversée.

En face de ces colonnes était le Temple d’Antonin et Faustine, dont la cella est occupée par l’église San Lorenzo. Le portique est fermé de dix colonnes magnifiques en marbre cipolin, et la frise est décorée de bas-reliefs très célèbres représentant des griffons.

A côté de ce temple est l’église de Saint-Cosme et Saint-Damien dans laquelle on trouve les restes d’un petit monument circulaire, qu’on désigne sous le nom de Temple de Romulus et Remus, mais dont l’attribution n’a pu être encore nettement déterminée. On trouve ensuite les ruines d’un édifice qu’on a longtemps appelé le Temple de la Paix, mais qu’on considère aujourd’hui comme la basilique de Constantin ; il est partagé en trois nefs par d’énormes piliers. Enfin un peu au delà, en se rapprochant du Colisée ; on trouve un édifice double, le Temple de Vénus et Rome, qui fut, dit-on, élevé sur les plans de l’empereur Adrien.

Il faut quitter le Forum et se rapprocher du Tibre pour trouver le Temple de Vesta que reproduit notre figure 656. C’est un charmant petit édifice de forme circulaire, entouré d’un portique soutenu par vingt, colonnes corinthiennes cannelées en marbre de Carrare ; il n’en manque .qu’une seule. Il resté aussi quelques débris de temple, dont l’attribution est contestée, mais qui sont connus sous le nom de Temple de Cérès et Proserpine, Temple de la Fortune Virile, Temple d’Esculape, Temple de Minerve Medica, Temple de Neptune (appelé autrefois temple d’Antonin le Pieux), etc., etc. .

 

THÉÂTRES ET CIRQUES. — L’Amphithéâtre Flavien ou Colisée est le monument le plus important de ce genre que nous aient laissé les Romains. Commencé par Vespasien et achevé par Titus, cet édifice a été construit par les prisonniers juifs. Extérieurement le Colisée présente quatre ordres d’architecture superposés : dorique, ionique et corinthien ; le quatrième, en forme d’attique, est orné de pilastres corinthiens. Les gradins disposés à l’intérieur pouvaient contenir 87.000 spectateurs, et la terrasse placée au-dessus recevait plus de 20.000 personnes. Ces gradins reposaient sur des galeries voûtées et concentriques, qui servaient de promenoirs dans l’intervalle des spectacles et d’abri pendant l’orage.

Le Cirque Maxime, dont les restes se réduisent à bien peu de chose, est un édifice d’une haute antiquité puisqu’on en fait remonter la construction à Tarquin l’Ancien. Des vignes et des jardins maraîchers occupent aujourd’hui l’emplacement de cet édifice. Ce monument, très agrandi à des époques postérieures, occupait, entre le mont Aventin et le Palatin, un espace allongé de 780 mètres de longueur sur 166 de large. Au temps de Vespasien, il pouvait contenir 250.000 spectateurs. Les spectacles qu’on y donnait consistaient surtout en courses à pied, à cheval, ou en chars : on y faisait aussi des chasses de bêtes féroces, et César fut obligé de creuser un canal de trois mètres pour empêcher les éléphants de s’approcher trop près des spectateurs, comme cela était arrivé déjà.

Le Théâtre de Marcellus, commencé par César et terminé par Auguste, pouvait contenir 20.000 spectateurs. Il reste seulement quelques arcades des étages inférieurs ; les deux ordres qui les composent sont de proportions si parfaites, qu’ils sont devenus classiques et servent de modèles dans nos écoles. Le Théâtre de Pompée n’a pas laissé de ruines apparentes ; c’était le premier théâtre en pierre qu’on eût élevé à Rome.

 

ARCS DE TRIOMPHE. — L’Arc de Titus, situé à l’entrée du Forum, au point culminant de la voie Sacrée, a été élevé parle Sénat et le peuple romain en l’honneur de Titus, après la conquête de Jérusalem. Il est en marbre pentélique, et ne présente qu’une seule arcade, mais il est décoré de bas-reliefs intéressants que nous avons déjà eu occasion de reproduire (fig. 172).

L’Arc de Septime Sévère a été élevé en l’honneur de l’empereur Septime Sévère, de Julie sa femme et de leurs fils Caracalla et Geta. Il est en marbre blanc et percé d’une seule ouverture. Outre ses colonnes cannelées d’ordre composite, l’Arc de Septime Sévère est décoré de bas-reliefs très endommagés et qui se ressentent de la décadence de la sculpture à cette époque, mais qui offrent de précieux renseignements pour l’archéologie. Ils représentent, suivant l’inscription, les expéditions contre les Parthes et d’autres peuples barbares.

L’Arc de Constantin, qui est en dehors du Forum et très près du Colisée, est à trois arcades : son emplacement marque l’endroit où la voie Triomphale rencontrait la voie Sacrée (fig. 657 et 658). Les bas-reliefs et les sculptures de la partie inférieure sont contemporains de Constantin, mais ceux de la partie supérieure, dont la valeur artistique est beaucoup plus grande, sont contemporains de Trajan et représentent des faits qui le concernent : la destination en a été changée plus tard en l’honneur de Constantin.

Outre ces monuments, il faut citer l’Arc des Orfèvres et l’Arc de Janus Quadrifrons, petits édifices qui servaient de rendez-vous aux marchands.

On peut ranger dans la même catégorie de monuments la Colonne Trajane et la Colonne Antonine. La première de ces colonnes a été élevée en souvenir des victoires que Trajan remporta sur les Daces ; le fût est composé de vingt-trois blocs de marbre blanc de Carrare, unis par des crampons de bronze. L’extérieur est décoré d’un immense bas-relief qui ne compte pas moins de 2.500 figures, et l’intérieur est percé d’un escalier dans lequel on monte. La colonne Antonine, construite dans un mode analogue, est également décorée de bas-reliefs qui représentent la campagne de Marc Aurèle contre les Marcomans.

 

LES THERMES. — Agrippa est le premier qui ait élevé des bains publics avec une grande magnificence ; car, sous la République, le peuple se baignait dans le Tibre, ou dans de simples piscines dépourvues de luxe et souvent même de confortable. Néron, Titus, Trajan, Commode, Caracalla, Alexandre Sévère, Philippe, Dioclétien et Constantin ont élevé pour cet usage des édifices somptueux, qui étaient en même temps de véritables musées. Il n’est rien resté des Thermes d’Agrippa, et presque rien de ceux de Titus, où l’on a trouvé pourtant des fresques d’un goût exquis, qui ont été le point de départ du système ornemental adopté par Raphaël et Jean d’Udine pour la décoration du Vatican. Mais les Thermes de Caracalla sont une des plus grandes ruines de Rome. Les anciens eux-mêmes ont vanté la richesse de cet édifice, où on comptait 1.600 sièges en marbre poli, et dans lequel on a retrouvé plusieurs statues fameuses, entre autres, l’Hercule Farnèse, le. Torse du Belvédère, la Flore, la Ténus Callipyge, le Taureau Farnèse, etc. Les ruines, dépourvues aujourd’hui de toute décoration, consistent en arcades grandioses qui donnent une imposante idée de ce gigantesque édifice.

Les Thermes de Dioclétien qui renfermaient une riche bibliothèque et une collection de tableaux, étaient également très vastes. Ces thermes, dit le Guide en Italie, étaient construits sur un plan carré ; aux deux extrémités, il y avait deux rotondes ; dont l’une est détruite, et dont l’autre a été transformée en l’église San Bernardo ; entre les deux était un petit théâtre dont l’hémicycle est encore visible.

Il reste aussi quelques débris, mais beaucoup moins importants, des Thermes de Constantin.

 

LES AQUEDUCS. — La plupart des aqueducs dont les ruines se voient dans la campagne de Rome appartiennent à l’époque impériale, mais c’est sous la République qu’on a commencé à en élever pour amener de l’eau potable dans Rome. Le plus ancien est l’aqueduc d’Appius, ou comme on disait, l’aqua Appia ; cet aqueduc était en grande partie composé de conduits souterrains.

Les aqueducs étaient des canaux destinés à conduire une certaine quantité d’eau à travers des terrains inégaux. Ils étaient apparents ou souterrains, perçaient les montagnes et s’élevaient au-dessus des vallées soit sur des murs bâtis en maçonnerie, soit sur des séries d’arcades. Les aqueducs présentaient des sinuosités multipliées et aboutissaient à un immense réservoir, où l’eau se divisait en trois parties, l’une pour les fontaines publiques, la seconde pour les thermes, la troisième pour le service des particuliers. Elle était répandue dans la ville au moyen de tuyaux en plomb ou en terre cuite. La charge de directeur des eaux était considérée comme une des premières de l’Etat ; toute une légion de travailleurs était chargée de l’entretien de ces importantes constructions qu’on range avec raison parmi les plus admirables des Romains. A la fin de l’Empire, Rome recevait ses eaux de quatorze aqueducs.