MADAME BONAPARTE - 1796-1804

 

AU LECTEUR.

 

 

Voici quelque vingt-cinq ans, je publiais dans la Revue de Paris, sous le titre Joséphine avant Bonaparte, deux articles qui, repris, corrigés et considérablement augmentés, formèrent un volume, Joséphine de Beauharnais, paru en 1899. Ce volume était incomplet, hasardeux, et, par des côtés, médiocrement documenté. Certaines suppositions que j'avais présentées, non sans inquiétude, se sont trouvées fausses. Sur d'autres points, j'avais frappé juste ; mais combien est-il difficile d'écrire la vie d'une femme qui n'a point eu d'autre histoire que celle de ses amours, de ses disputes et de ses dettes, de quoi d'ordinaire elle ne tient pas registre. A peine si quelques lettres surnagent entraînées sur le torrent et recueillies par la tendresse ou par l'envie. J'ai constamment cherché à améliorer ce livre dont la quatorzième édition parue en 1909 a marqué un progrès. Si des épisodes sont encore demeurés obscurs, tels que le voyage et le séjour aux Antilles, au moins d'autres peuvent passer pour acquis : je crois bien avoir définitivement réfuté certaines légendes et j'ai prouvé des faits qu'on s'était plu à contester. Au surplus, un jour ou l'autre, je publierai, d'Alexandre de Beauharnais, une correspondance qui ne laissera que peu d'illusions sur son caractère.

La même année où j'avais publié la première édition de Joséphine de Beauharnais, avait paru, d'abord sous le redoutable aspect d'un livre illustré, puis en un format plus humble, Joséphine Impératrice et Reine. La composition de ce volume m'avait contraint à prendre pour point de départ l'année 1804, et Joséphine de Beauharnais s'arrêtait en 1796. J'avais toujours pensé, et nombre de bienveillants lecteurs l'avaient réclamé, qu'il faudrait raconter ces huit années que j'avais ainsi laissées dans l'ombre, mais je m'étais lancé dans un ouvrage qui, sans les volumes additionnels, occupait toute ma pensée et ne lui permettait guère de se distraire. J'ai mené jusqu'en 1914 la publication de Napoléon et sa famille. Lorsque la guerre éclata, les derniers volumes allaient entrer sous presse. Ils paraissent à présent, et si je ne saurais en être satisfait, si je voudrais espérer reprendre, compléter, refaire certaines parties, au moins l'ensemble tel qu'il est présenté, est l'expression d'une opinion sincère, formée hors de tout parti pris, sur les documents que j'ai pu me procurer. Outre qu'il est uniquement inspiré par la passion de la vérité, hors de toute question de monde ou de relations, ce livre peut fournir assez de matière à, recherches, d'ouvertures à idées pour n'être pas indifférent. Je souhaiterais toutefois qu'on le lût avant de le juger, car il n'a point manqué, surtout depuis la guerre, de gens qui ne l'avaient jamais ouvert et qui en ont dit beaucoup de mal.

Il s'est trouvé en effet que tout mon passé, toutes les idées que j'ai conçues, suivies ou professées, toutes celles auxquelles j'avais consacré ma vie, m'avaient rendu patriote : je le suis demeuré et je n'ai point hésité à prendre parti. Que si j'ai été copieusement insulté par certains personnages qui ont figuré au poteau d'exécution, comme par d'autres qui y ont échappé, c'est une décoration que je prise plus que toute autre. Les Œuvres que j'ai pu créer et que j'ai entretenues, parlent pour moi : elles expliquent les violences dont je fus l'objet. Je ne doute pas que les derniers volumes de mon livre ne bénéficient des colères des antipatriotes. J'ai vu comme Albert Sorel fut traité dans les derniers temps de sa vie. Je crois bien qu'il eut du regret de quelques amitiés rompues ; mais il savait ce que vaut la vérité et les sacrifices qu'elle exige. Il ne l'inclina ni devant les promesses ni devant les menaces, et il demeura inébranlablement ferme dans sa conviction raisonnée.

Quoi qu'il soit de Napoléon et sa famille, j'ai voulu combler à présent la lacune entre 1796 et 1804, et je voudrais dire comment je l'ai fait.

Il m'a semblé que, pour expliquer le caractère de Bonaparte et celui de Joséphine après leur mariage, c'était à eux qu'il fallait se rapporter et qu'eux seuls en pouvaient donner la clef. Je n'ai point résisté à publier, telles que je les ai recueillies, les lettres que le général a écrites à sa femme, ces lettres les plus ardentes, les plus passionnées, les plus vives de pensées et de mots, et tout de même telles qu'elles ne choquent pas, tant elles sont pleines d'une fraîcheur et d'une ardeur d'amour. J'ai donc publié ici toutes celles que j'ai trouvées. Elles sont en petit nombre, une quarantaine, quand on devrait en trouver phis de trois cents.

Il n'a point manqué de lui adresser, chaque jour au moins, une lettre, depuis le 22 ventôse de l'an IV (12 mars 1796) où il l'a quittée, jusqu'au 25 messidor (13 juillet), où elle l'a rejoint. Cela fait cent vingt-trois jours et cent vingt-trois lettres, à ne point compter celles dont il bourrait ses poches et qu'il n'envoyait point. Or, en voici tout juste quinze ; il y en a cent huit à retrouver.

Pour la seconde période, entre le 25 messidor an IV (13 juillet 1796) et le départ de Joséphine pour Turin en vendémiaire an VI (octobre 1797) ; soit durant quinze mois, ils furent assez souvent réunis, mais -point tant qu'on pense, et voici vingt-sept lettres pour, près de cinq cents jours.

Au prix que se vend une lettre autographe de Napoléon à Joséphine, il est peu vraisemblable que toutes les lettres qui manquent se retrouvent. Mais on peut espérer que quelques-unes sortiront des cartons où elles sont peut-être conservées ou des greniers où elles sont perdues[1].

Toutefois, depuis 1833, on peut dire qu'aucune trouvaille importante n'a été faite et si l'apparition de quelque autographe dans une vente sensationnelle a permis un utile collationnement et rectifié certaines lectures, il n'est pas moins certain que l'on en est resté, pour la première partie, à quinze lettres, la dernière du 8 messidor ; pour la seconde partie, à vingt-sept lettres, depuis le 23 messidor à an IV jusqu'au 1er ventôse an V.

Les quinze premières lettres proviennent de deux sources principales : six ont été publiées, en 1824, dans un ouvrage intitulé : A tour through parts of the Netherlands, Holland, Germany, Switzerland, Savoy and France in the year 1821, including a description of the Rhine voyage in the middle of autumn, and the stupendous scenery of the Alps in the depth of winter, by Charles Tennant, esq. Also containing, in an appendix, fax simile copies of eight letters in the hand writing of Napoleon Bonaparte to his wife Josephine. In two volumes. (London, Longman Hurst Rees, (Orme, Brown and Green. 1824, 2 vol. in-8°.)

Les fac-similés, en lithographie, se trouvent en fin du tome II. Ils sont assez bien exécutés pour avoir pu être présentés comme des originaux à un amateur qui a cru devoir détromper leur possesseur, lequel, paraît-il, ne les a pas moins vendus un prix très élevé.

M. Tennant explique qu'il acheta ces lettres d'un gentilhomme polonais qui s'attacha à Bonaparte dont il fut l'agent confidentiel dans plusieurs négociations diplomatiques importantes. Le gentilhomme polonais déclare, sur la demande de M. Tennant, qu'il a obtenu les lettres dont il s'agit par l'intermédiaire d'une seule personne attachée à l'Impératrice et dans sa plus grande intimité ; que les lettres ne se sont jamais trouvées dans d'autres mains qui auraient pu en abuser d'une manière quelconque ; que les lettres lui ont été livrées peu de jours après la mort de l'Impératrice sans aucune vue d'intérêt.

Il résulte sans doute de là que les lettres, se trouvaient à Malmaison dans quelque tiroir où elles ont été prises, après la mort de Joséphine, par une personne de service ; ainsi en est-il pour un paquet de lettres de date postérieure, que le prince Eugène abandonna à M. Hennin en 1814, et pour un autre lot comprenant à la fois des dépêches officielles-adressées au général Bonaparte et des lettres écrites à Joséphine par les membres. de la Famille, qui, après d'étranges aventures-, a été abrité dans une collection particulière.

Des lettres Tennant, une non datée (sept heures du matin), est antérieure au mariage ; mais elle explique une des lettres postérieures : aussi l'a-t-on publiée en note. La dernière est de la campagne de Marengo : 25 juin 1800 (6 messidor an VIII). Elle ne saurait trouver place ici.

La seconde source est moins pure et ne présente pas, pour la vérification du texte, les facilités de la première. Néanmoins, il est impossible de ne point admettre l'authenticité des lettres publiées à la fin du tome II des Mémoires d'une Contemporaine ou Souvenirs d'une femme sur les principaux personnages de la République, du Consulat et de l'Empire. (Paris, Ladvocat, 1827, 8 vol. in-8°.) Ces mémoires, on le sait, ont été fabriqués par MM. Lesourd, Malitourne, Amédée Pichot, Charles Nodier, etc., et mis sous le nom d'Ezélina van Aylde-Jonghe, dite Ida Saint-Elme, dite la Contemporaine, qui fut une aventurière fort courtisée — au moins à son dire — et nullement cruelle. Dans ces prétendus mémoires, comme dans la plupart de ceux façonnés dans de telles officines, on a soin d'intercaler ou d'ajouter des lettres ou des pièces originales pour grossir les pages et leur donner quelque caractère d'authenticité. Les lettres de Napoléon à Joséphine avaient été volées par un valet de chambre, qui les avait offertes ou vendues à la duchesse de Courlande. Celle-ci les prêta à Mme de Genlis pour en prendre copie. Mule de Genlis en cite même un extrait. (Mémoires, t. V, p. 299.) Or, elle avait pour éditeur Ladvocat dont elle était un des fournisseurs, et qui entreprit les Mémoires de la Contemporaine.

Il faut croire que, dès les premiers temps de la Restauration, certaines de ces lettres avaient été, sinon copiées, au moins lues, par divers compilateurs. On en reconnaît clos réminiscences au texte des lettres apocryphes, publiées par le prétendu Baron de B... (Ch. Doris, de Bourges) dans un livre intitulé Amours secrètes de Napoléon Bonaparte. (Paris, Mathiot, 1815, 4 vol. in-8°.) Mme de Rémusat (Mémoires, t. Ier, p. 142) les avait lues et elle en parle en connaisseuse. Il en circulait d'autres copies et M. Moris, archiviste des Alpes-Maritimes, historien très informé de la première campagne d'Italie, m'en signala une, découverte, par un de ses amis, au milieu de papiers de famille.

Il manque assurément à ces lettres d'avoir été collationnées sur les originaux. Sans doute corrigerait-on ainsi bien des mauvaises lectures, mais, telles quelles, elles présentent un caractère auquel l'on ne saurait se tromper, et, pour quiconque sait lire, leur authenticité apparaît.

Une lettre qui fait partie de la même série a été publiée en i833 par M. Taschereau, dans la Revue Rétrospective ou Bibliothèque historique contenant des Mémoires et Documents authentiques, inédits et originaux (t. Ier, p. 374). Enfin une lettre à Joseph se rapportant directement au sujet a été copiée et collationnée sur l'original appartenant alors à M. le comte A. d'Hunolstein.

Telle est la récolte pour la première série. Elle est assurément fort incomplète. Joséphine montrait volontiers aux personnes qu'elle fréquentait les lettres qu'elle recevait de son mari. Ainsi, entre autres, une lettre apportée par Murat, qui ne se retrouve pas : Cette lettre qu'elle me fit voir, raconte Arnault (Souvenirs d'un sexagénaire, t. II, p. 286), portait, ainsi que toutes celles qu'il lui avait adressées depuis son départ, le caractère de. la passion la plus ardente. Joséphine s'amusait de ce sentiment qui n'était pas exempt de jalousie. Je l'entends encore lisant un passage, dans lequel, semblant repousser des inquiétudes qui visiblement l'inquiétaient, son mari lui disait : S'il était vrai pourtant, crains le poignard d'Othello. Je l'entends dire avec son accent créole : Il est drolle Bonaparte.

Le poignard d'Othello n'est point retrouvé et il y en a bien d'autres.

Pour la série des lettres écrites par Bonaparte à Joséphine depuis son arrivée à Milan jusqu'à la fin de la campagne, la source quasi unique est le recueil intitulé : Lettres de Napoléon à Joséphine pendant la première campagne d'Italie, le Consulat et l'Empire et Lettres de Joséphine à Napoléon et à sa fille (publié sous la direction de à reine Hortense et d'après les originaux lui appartenant, Paris, Firmin Didot, 1833. 2 vol. in-8° de 360 et 400 pages, avec sept fac-similés).

On assure que cette publication fut faite par Mme Salvage de Faverolles : cette dame était alors employée, près de la reine et n'a certainement été qu'une secrétaire. Il suffit de lire certaines annotations pour être convaincu que seule la reine n pu connaitre certains détails et donner certaines précisions.

Des cent quarante-trois lettres contenues dans le premier volume, vingt-trois seulement se rapportent à la Campagne d'Italie. Quelques-unes ont été republiées en 1871 par un des membres de la Commission nommée par le Gouvernement de la Défense Nationale pour explorer et publier les Papiers et Correspondances de la Famille Impériale. M. Charles Vien, dit Robert Halt, romancier qui avait eu quelque succès, imprima donc certaines lettres, qu'il croyait inédites, dans un volume intitulé : Papiers sauvés des Tuileries, suite à la correspondance de la Famille Impériale, publiés par Robert Halt, attaché à la Commission du dépouillement des Papiers Impériaux. On pourrait croire qu'il a collationné sur les originaux les extraits qu'il a publiés, mais cela demeure douteux : il n'a donné aucune lettre nouvelle.

La Contemporaine a fourni une lettre ; une autre a passé dans une vente d'autographes à Berlin et a été collationnée sur l'original.

Voilà tout ce qu'on a recueilli ; mais cette gerbe, toute mince qu'elle est, renferme des beautés qu'on se ferait scrupule de dissimuler, bien que certains passages, au moins certains mots, puissent éveiller des scrupules.

On publie ces lettres sans autre commentaire que l'itinéraire où elles s'enchâssent, le rappel tout simple des victoires qui leur sont parallèles et parfois, en note, quelque- lettre que le général a écrite ou qu'on lui a adressée. On s'est permis d'y joindre les proclamations aux soldats de l'Armée d'Italie. Et cela fait un livre qui, dédié à ceux qui se battent et qui reproduisent, après un siècle, les mêmes passions, pourrait bien être intitulé : L'Amour et la Guerre.

Ce qu'on a prétendu, ça été d'exposer, ensuite, quelle avait été l'attitude adoptée par Joséphine durant la campagne d'Egypte et l'on n'a point manqué d'utiliser à cet effet les lettres qu'elle adressa à Barras, à Rousselin, à Gohier, à d'autres encore : si certains points sont demeurés médiocrement clairs, d'autres paraissent élucidés et sont fixés désormais dans le temps.

Ce qui vient ensuite, c'est, après le retour de Bonaparte et après le Dix-huit Brumaire, la situation tout à fait obscure faite à Joséphine, qui, pas plus que les femmes des ci-devant directeurs, n'a de rôle à côté du Gouvernement ; qui ne parait ni dans les fêtes, ni dans les cérémonies officielles et qui semble condamnée, comme toute femme de ce temps, à une vie uniquement familiale. La vie mondaine lui est interdite ; Bonaparte qui a pris, de la société, une idée un peu moins confuse qu'en vendémiaire an IV, qui, dès l'an V a pensé à briser avec Mme Tallien, s'est à présent décidé à exclure les femmes notoirement-galantes, les divorcées scandaleuses, toutes celles qui sortent de la règle et de la norme. Il leur ferme la porte de sa femme et laisse celle-ci à peu près dans la solitude, car elle n'a-point eu d'autre société. Il faut donc qu'elle en forme une nouvelle, qui assurément lui plaît du moins, mais dont elle doit se contenter. Et puis, à mesure que la fortune du Premier Consul monte, Joséphine se trouve entraînée vers les sommets. Elle n'a plus à rechercher les femmes honnêtes mais obscures dont elle puisse faire sa société, tout se jette à elle et elle n'a qu'à choisir. J'ai tenté de suivre cette ascension et d'en décrire les étapes. Elles furent franchies avec une rapidité incroyable. En vendémiaire an VIII, au moment où Napoléon débarque à Fréjus, Joséphine est une malheureuse réduite aux expédients, qui n'ose pas se montrer en public. Deux ans plus tard elle est la plus grande dame qui soit en France et elle reçoit partout où elle va le traitement d'une reine. Tel est le spectacle surprenant qu'elle présente et si on le lui pardonne, c'est qu'elle disparaît presque dans le resplendissement de gloire du Consul, c'est que sa grâce et sa bonté, les services qu'elle rend, ceux surtout qu'elle promet, lui assurent sur les êtres une sorte de pouvoir magique. Et puis, elle ne se pousse pas, elle n'usurpe point ; elle ne part pas de la place que les circonstances lui assignent ; elle a pour toutes les femmes, des mots, des gestes, des dons, des gentillesses qui enlèvent les cœurs et, pour tous les hommes, un sourire.

Et pourtant, depuis germinal an VIII, elle vit dans les transes aussi bien d'un divorce possible contre lequel elle ne se sentirait garantie que par le rétablissement de l'ancien régime, que d'un attentat venant de droite ou venant de gauche, mais, d'un coup, la précipitant au gouffre. Si les intrigues de famille qui s'acharnent contre elle et contre lesquelles elle prend à sa façon des mesures, font trêve un instant, voici les poignards qui s'agitent, les pistolets qu'on charge, les machines infernales qui éclatent, un continuel tremblement des êtres et des choses, la crainte de tout ce qu'on mange, de tout ce qu'on boit, de tout ce qu'on respire, les poisons subtils complices des lames tranchantes, tout ce qui tue apprêté et mis en jeu pour en finir avec cet homme auquel sa destinée l'a attachée et, avec elle, du même coup. Pas une seconde de sécurité ; qu'on se souvienne des nuits de 1918 à Paris, des brusques appels des sirènes, des détonations de la défense aérienne, des milliers de coups de canon dont se dégageait à un moment la violence renforcée de l'éclatement des bombes apportant la mort, la mort sans gloire, la mort sans nom, car pour ne pas effrayer, ces cadavres-là restaient anonymes.

Et c'est, durant ces cinq ans, la vie que vécut Joséphine. Pour se distraire et s'émerveiller, elle reçut des fêtes dont la grossièreté nous surprend, et dont la magnificence ne saurait nous plaire. Elle vit passer des revues, elle vit des centaines d'hommes manger de grosses viandes le long de tables indéfinies, elle vit des spectacles, où des pitres chantaient ou se disloquaient en cadence, et dans ses voyages elle parcourut la France au-dessus des mortels. Etait-ce là du bonheur ? Il se peut. Mais à des jours n'a-t-elle point pensé au temps où elle était libre et où elle avait trouvé en Hippolyte Charles un compagnon de son goût...

F. M.

Mai 1919.

 

 

 



[1] La publication de ces pages dans les Annales, si lues dans tous les mondes, m'a amené quelques ouvertures, mais tout ce qui m'a été communiqué n'était que fac-similé de lettres connues.