LES ESPIONNES À PARIS

LA VÉRITÉ SUR MATA-HARI. - MARGUERITE FRANCILLARD. - LA FEMME DU CIMETIÈRE. - LES MARRAINES. - UNE GRANDE VEDETTE PARISIENNE. - LA MORT DE MARUSSIA

 

XIV. — LA PRINCESSE WISZNIEWSKA.

 

 

NÉE DE PÈRE ET MÈRE INCONNUS. - GALANTERIE ET DIPLOMATIE. - L'ALCHIMISTE EGYPTIEN ET LE DOCTEUR ARGENTIN. - OU ON ENTREVOIT ALMEREYDA.

 

Lecteur, ne vous frappez pas : il s'agit de l'histoire d'une princesse, française, née de père et mère non dénommés, mariée à un Polonais naturalisé italien, reconnue par un Russe, ayant eu pour amants un Egyptien, un Argentin, un Serbe, un Anglais, un Italien, un Allemand, et, présentement, accusée d'avoir assassiné un Canadien !

Je commence. Nous sommes à la veille de la guerre.

Boulevard Berthier, en face les fortifications qui encerclent la porte Champerret, au numéro 25, devant un coquet hôtel particulier.

Un jeune ouvrier en cote bleue tire la sonnette.

— C'est bien ici la princesse Wiszniewska ?

— Parfaitement, répond un correct valet de chambre qui vient d'ouvrir.

— J'apporte les épreuves de l'imprimerie Rirachowsky.

La maîtresse du logis, prévenue, s'empare aussitôt de la grande enveloppe, en tire des feuillets encore humides, et se met à couvrir les marges de signes typographiques, puis, s'adressant à l'apprenti :

— Vous retournez boulevard Saint-Jacques ?... N'oubliez pas de dire à M. Rirachowsky de mettre du meilleur papier, tout ce qu'il y a de beau, tout ce qu'il y a de plus beau !

S'adressant ensuite à un personnage bizarre à barbiche noire, à lunettes d'or, qui l'observait, elle dit :

— Ce sont les Etudes diplomatiques, la revue de luxe dont je vous ai parlé et qui va nous ouvrir toutes les portes. Le premier numéro fera sensation. Il y a des articles sur les marines militaires des grandes puissances, une chronique originale sur le roi Alphonse, et une foule de petites nouvelles sur la politique extérieure qui feront du bruit dans les chancelleries.

Ce numéro, continua la belle dame, est d'une importance capitale. Il y a un travail sur Le facteur naval espagnol dans le problème méditerranéen de tout premier ordre, bourré de chiffres sur les marines de guerre. Tenez, voici un passage : Voyons comment, actuellement, dans l'année 1914, se présentent à notre appréciation les éléments matériels des flottes qui pourraient lutter demain... Pas mal, n'est-ce pas ? Il y a ensuite une statistique complète des dreadhoughts en service et en armement, et des canons dont peuvent disposer la France, l'Italie, l'Angleterre et l'Autriche-Hongrie.

— Mais, princesse, où avez-vous eu tous ces renseignements ?

— C'est Amalto Gimeno qui me les a envoyés... Chut ! Il ne faut pas qu'on le sache.

— Vous croyez réellement à la puissance de cette revue ? Vous pensez cid elle suffira pour nous imposer ?

— Vous n'y connaissez rien, mon-cher docteur. Pour réussir à Paris il suffit d'avoir un salon ou une revue. Quand on a les deux on est certain du succès.

 

PRINCESSE AUTHENTIQUE

 

Celle qui parlait ainsi était une femme de 33 ans environ, un peu rousse, d'une élégance raffinée, au verbe haut, aux gestes assurés et autoritaires, comme doit être une princesse authentique.

Princesse authentique elle l'était, quoique née à la maternité de l'hôpital Beaujon, le 4 novembre 1881, et inscrite sur les registres de l'état civil du huitième arrondissement sous les prénoms de Jeanne-Marie-Solange, de père et mère non dénommés.

Complètement abandonnée elle avait été confiée à l'assistance publique. Mais à quinze ans elle avait échappé à sa tutelle et commencé une vie vagabonde. En i 896, à la requête de la préfecture de police, elle fut enfermée à la maison départementale de Nanterre.

Vingt ans plus tard on trouve l'ancienne pupille de l'A. P. installée dans un luxueux hôtel, et se faisant appeler comtesse Jeannine Merrys, comtesse de Mussy, comtesse de Solange, comtesse de Grenier, etc., etc. Elle trône dans la haute galanterie, et demeure d'abord rue de la Tour-Maubourg, 42 bis, et peu après au château de Gastyne près Bonnières, ensuite à Neuilly, puis avenue Wagram, 165 (en 1903), et enfin 25, boulevard Berthier où nous venons de faire sa connaissance.

Le 11 août 1908 elle jugea bon de prendre un nom définitif et de choisir un titre nobiliaire plus relevé que celui de comtesse. Justement l'octogénaire Adam de Wisznievsky, né en 1$26 en Pologne russe, naturalisé italien, pauvre, mais prince, était en disponibilité. Elle l'épousa, et devint ainsi princesse Wiszniewska, sans que personne pût cette fois contester sa noblesse. Cette union fut bénie par le pape, mais resta stérile, heureusement.

Le prince eut le bon goût de ne pas la gêner trop longtemps, et de mourir, quelques années après son mariage, à Monte-Carlo, où il était allé tenter la fortune rebelle, et où gâteux, il expira entre les bras d'une domestique fidèle, aussi pauvre que son maitre, mais honnête.

La princesse, n'ayant pas de parents, après s'être pourvue d'un mari, jugea utile de se munir d'un père. Elle le trouva dans la personne de Choukouski, sujet russe d'origine polonaise, qui la reconnut comme sa fille en 1910 par acte reçu à la mairie du huitième arrondissement.

Elle jugea bon aussi de se rajeunir de onze ans par un procédé facile1915 elle se fit délivrer par le consulat d'Italie un passeport au nom de princesse Wiszniewska, née à Varsovie le 10 novembre 1892, de Choukouski et de Elisabeth Zoleska.

C'est sous ce faux état civil qu'elle fit sa déclaration au service des étrangers en 1915, et qu'elle obtint son permis de séjour.

Voilà pour la dame du boulevard Berthier.

 

LE COMTE D'ASTEK

 

Le monsieur à lunettes d'or, qui cohabitait avec elle, se faisait appeler docteur Emir d'Astek, comte égyptien, né à Alexandrie en 1873 et se prétendant sujet britannique.

Il s'était marié à Madrid à une Espagnole qui lui avait apporté en dot plusieurs millions. En 1913 il était venu à Paris avec sa femme, qui ne voulait pas rester à Madrid où son mari entretenait des maîtresses et dilapidait sa fortune.

Le changement de ville ne changea pas la conduite de d'Astek. Il quitta le domicile conjugal et prit d'abord comme maîtresse la théâtreuse Grent Boyer, puis la princesse Wiszniewska. Mais privé des subsides de son épouse légitime il fut bientôt obligé d'en appeler à la bourse de ses amies, et de recourir à des expédients.

Il s'improvisa homme de science, chimiste. Il se donna comme docteur ès-sciences de la faculté de Berlin, docteur en médecine de la faculté de Paris et installa un mystérieux laboratoire dans les combles de l'hôtel d'Iéna, place d'Iéna.

Là il se livrait à des expériences diaboliques en compagnie d'une bande de rastaquouères des plus remarquables tels que le marquis de Castellucia, l'ingénieur (?) Garchey, l'inventeur Pateras, Etchepare, etc.

Garchey prétendait avoir découvert un appareil de télégraphie sans fil destiné à repérer les sous-marins. Il négociait avec l'ambassade anglaise. Pateras se vantait d'avoir mis au point un appareil d'aviation piloté par Védrine.

Hôtes de la comtesse de Castelbajac tous ces gentilshommes trouvèrent le moyen d'escroquer des sommes importantes à leur bienfaitrice qui finalement se décida à porter plainte. La bande se dispersa aussitôt comme une volée de corbeaux.

Quant à d'Astek, toutes et les grandes découvertes de ses nobles amis lui avaient donné un prétexte pour fréquenter le cabinet du ministre de la marine et pour évoluer autour de la direction des inventions de guerre installée rue Saint-Thomas-d'Aquin. Ça, c'est intéressant ! disait-il.

Ce couple bizarre avait donc une double couverture : la femme travaillait dans la noblesse, la galanterie et la diplomatie ; le docteur se mouvait autour des secrets de la défense nationale.

 

L'AMI D'ALMEREYDA

 

Voici maintenant un nouveau personnage qui apparaît. C'est un nommé Danilovicz, journaliste à la manque, promu à la dignité de secrétaire très intime de la princesse Wiszniewska, et chargé de suppléer le comte d'Astek visiblement fatigué. Ce Danilovicz arriva tout droit de la banque Raffalovich, ami et secrétaire d'Almereyda.

Maintenant on ne s'étonnera plus de rien.

Quand le gouvernement crut devoir quitter Paris pour s'installer à Bordeaux, la princesse suivit le mouvement et partit pour les rives de la Gironde.

On la remarqua le lendemain dans les cabarets de nuit où certain ministre avait l'habitude d'aller chercher un dérivatif aux tristesses de la guerre ; elle menait joyeuse vie et dépensait beaucoup.

Entre temps les Etudes diplomatiques de la princesse obligeaient celle-ci à de fréquents déplacements.

Au début de la guerre elle est en séjour en Suisse. Puis on signale son passage en Espagne, en Italie. A la fin ses allées et venues incessantes, ses visites continuelles aux consulats, légations, ambassades attirent l'attention de nos agents.

On découvre que la princesse est en relations directes avec le bureau polonais germanophile de Berne.

 

VON TREEK

 

On découvre aussi que d'Astek fréquente assidument l'Allemand von Treek qui passe pour un espion amateur subventionnant une agence bénévole de renseignements.

Ce boche est richissime et sa fortune est évaluée à une centaine de millions de francs. Naturellement la princesse Wiszniewska devint sa maîtresse elle ne pouvait choisir mieux.

L'affaire se complique alors d'une question de rivalité féminine.

Von Treek voulait épouser la fille du comte de Frankenberg. Cela ne pouvait convenir ni à la princesse ni au comte.

Voyant qu'elle allait perdre son amant et les subsides qu'elle en recevait, la Wiszniewska fit tout pour le retenir et, n'y parvenant pas, elle employa les grands moyens. Deux jours avant la célébration du mariage, elle attira von Treek à Genève, sous prétexte d'une affaire à traiter. Là, elle tenta de le faire disparaître en le chloroformant. Mais von Treek, qui est taillé en hercule, résista au chloroforme et réussit à se débarrasser de deux agresseurs qui étaient postés dans une pièce voisine et qui attendaient le moment d'intervenir.

Après ce premier échec, l'aventurière machina contre von Treek un pian véritablement machiavélique qui amena l'arrestation de ce dernier. Elle avait fait parvenir aux autorités judiciaires un dossier renfermant de nombreux documents et photographies, prétendus authentiques, sur la propagande bolchevik. Ces documents représentaient von Treek comme le chef de la propagande bolchevik en France, en Angleterre et en Suisse. L'enquête ouverte permit d'établir que les documents fournis par la princesse Wiszniewska n'étaient que des faux ; aussi l'instruction fut suspendue et des pour- suites furent intentées contre l'aventurière, qui fut arrêtée.

Elle fut impliquée dans plusieurs affaires d'espionnage par les magistrats de Genève, mais elle ne resta pas longtemps en prison, et continua à séjourner sur les bords du Léman.

La princesse traversait fréquemment le lac et aimait résider tantôt à Evian et tantôt à Lausanne où elle recevait de nombreuses visites qui inquiétaient fort notre excellent consul, M. le baron de Fougères.

Quant au commissaire de police d'Evian, un certain A., placé et maintenu à ce poste par le ministre Malvy, il trouvait tout cela naturel, et ne songeait à sévir que contre les Français qui paraissaient trop renseignés.

Mais la vie en Suisse devenant agitée, la princesse décida de revenir à Paris où elle reprit ses fréquentations louches.

 

AU SERVICE FRANÇAIS

 

L'aventurière s'était aperçue qu'elle était surveillée.

Pour ne pas être prise — ni surprise — elle fit ce que font tous les espions qui se sentent en danger elle alla offrir ses services au bureau du contre-espionnage, d'abord avec l'idée d'en tirer protection, ensuite d'en tirer profit.

En effet ses moyens étaient devenus précaires, et les quinze mille francs que coûtait l'hôtel du boulevard Berthier pesaient lourdement déjà sur les épaules de la belle.

C'est vers le mois d'avril 1915 que Wiszniewska proposa au S. R., par l'intermédiaire d'un de ses amis, figurant déjà dans les cadres du service, de lui fournir des renseignements sur les agissements des milieux francophobes espagnols. Elle demandait qu'en échange le S. R. prît à sa charge les 15.000 francs de loyer de son hôtel.

Le représentant du 2e bureau, chargé de discuter avec elle, lui fit remarquer que ses prétentions étaient exorbitantes. Après d'assez longs conciliabules, on se mit d'accord sur un modus vivendi. Le S. R. lui allouerait une somme de 20 francs par jour et par personne employée, avec un minimum garanti.

Le premier rapport que Anne-Marie-Solange fit parvenir au 2e bureau, date du début de mai. C'était un document assez filandreux, plein de fautes d'orthographe, et qui, après un minutieux examen, fut reconnu pour être l'échantillon d'une imagination féconde, mais peu précise.

Le second, puis le troisième, ne contenaient pas davantage le moindre renseignement intéressant. On devinait aisément que ces rapports étaient fabriqués de toutes pièces. Le chef du 2e bureau, mis au courant, avisa la princesse que dorénavant la S. C. R. se passerait de ses services.

Mais l'aventurière ne se découragea point. Grâce aux hautes relations qu'elle se flattait d'avoir dans les milieux politiques, elle entra de nouveau en rapports avec le 2e bureau, qui lui confia une mission personnelle en Espagne.

La princesse partit dans le courant de novembre pour Madrid, où l'attendait le fameux d'Astek. Trois semaines plus tard elle envoyait à Paris un long rapport qui fit quelque sensation. Les rengnements qu'il contenait étaient, en effet, fort importants, mais étaient-ils exacts ?

Une contre-enquête fut immédiatement ordonnée. L'agent chargé de cette mission de confiance recueillit des témoignages accablants contre l'aventurière. Non seulement ses renseignements étaient erronés, mais il semblait indiscutable que le rapport avait été envoyé à Paris sur un mot d'ordre d'agents de l'Allemagne.

L'autorité militaire fut prévenue, et comme la princesse avait été une première fois suspectée d'être à la solde de l'Allemagne, son arrestation fut décidée.

La police militaire du camp retranché ne la perdait pas de vue un jour elle voulut perquisitionner chez l'aventurière et un commissaire se présenta boulevard Berthier.

Depuis la veille le bel oiseau, évidemment prévenu, s'était envolé avec tous ses bagages. La princesse avait déclaré que l'hôtel, qu'elle louait 15.000 francs, coûtait trop cher, et, en un tour de main, elle avait vendu ses meubles à un brocanteur, fait ses malles et disparu... momentanément.

A cet instant surgit encore un nouveau personnage tout aussi étrange — et étranger — que les autres.

La princesse n'avait pas quitté le quartier de la plaine Monceau. Elle avait accepté l'hospitalité d'un Argentin, nommé Raoul H..., qui habitait un rez-de-chaussée de la rue Demours.

Cet Argentin, portant beau, se donnait les allures d'un vieux diplomate, se prétendait le beau-père du ministre des affaires étrangères d'Argentine. Comme le comte d'Astek il faisait de la chimie, et avait un laboratoire, lui aussi, mais à Barcelone, 5, calle del Pino, et comme d'Astek encore il parlait toutes les langues l'anglais, l'allemand, l'espagnol, le catalan, le français, l'italien, etc.

C'est dans cette retraite de la rue Demours que le commissaire spécial du C. R. vint un beau matin surprendre la société Wiszniewska, d'Astek, Danilovicz et Cie.

Mais les protecteurs occultes veillaient. C'est en vain que la S. C. R. voulut faire ouvrir une instruction contre la Wiszniewska et ses acolytes.

 

LE SAUVETAGE DE L'ESPIONNE

 

Au moment de procéder à l'arrestation à l'hôtel Baltimore le commissaire reçut l'ordre de procéder à... l'expulsion !

La mesure était-elle légale ? La Wiszniewska était née française, par conséquent en cette qualité elle ne pouvait être expulsée. Il est vrai qu'elle avait perdu sa nationalité du fait de son mariage avec un Polonais, naturalisé italien. Mais le mari étant décédé, sa femme pouvait être considérée comme redevenue française. Le ministère de l'intérieur ne l'entendit pas ainsi.

Le même jour, le 2 décembre 1916, la princesse fut conduite à la frontière d'Italie et le comte d'Astek escorté jusqu'à celle d'Espagne. Quant à H..., on l'oublia rue Demours.

Il n'y eut aucun doute sur le fait que la mesure d'expulsion — mesure conservatoire au premier chef — fut prise à l'instigation de la Wiszniewska elle-même, pour éviter une mesure plus grave. La veille de son départ la hautaine princesse — née de père et mère inconnus — avait déclaré cyniquement dans un salon de l'hôtel Edouard-VII :

— Il faut que je quitte la France. Je ne suis pas libre de dire mon opinion sur l'Allemagne... Je suis avant tout une femme fréquentant les cours étrangères (sic), approchant les souverains, les ambassadeurs, les personnages les plus considérables du monde diplomatique. Je vais me rendre en Italie, puis en Suisse là j'aurais plus de liberté et je pourrai exprimer ma pensée à ma guise.

C'est pour lui donner cette liberté de dire du bien de l'Allemagne, et aussi sans doute pour lui rendre plus faciles ses relations avec les Allemands, que le gouvernement français d'alors envoya l'aventurière faire un voyage d'agrément en Italie au lieu de l'obliger à une petite excursion définitive... à Vincennes[1].

 

LE COMBLE DE L'AUDACE

 

C'est le service des renseignements anglais qui avait le premier attiré l'attention sur la Wiszniewska. Celle-ci ayant été informée — on ne sait comment — des suspicions dont elle était l'objet de la part des Britanniques, étaient allée carrément trouver le chef du service à Genève :

— On m'accuse à tort, dit-elle. Je viens protester. C'est une autre femme qui prend mon nom. Celle-là est une espionne et voici sa photographie.

Le chef du service la regarda :

— Vous avez tout de même de l'audace !

Et fouillant dans son tiroir

— Voici la photographie de la véritable espionne. Vous voyez que c'est bien la vôtre !

L'officier anglais ne pouvait rien faire. Il était en territoire suisse. Il se borna à prévenir ses collègues français...

Ajoutons que la princesse Wiszniewska, sur les conseils de son amant Danilovicz, de la banque Raffalovich, ami d'Almereyda, avait fondé l'Œuvre pacifique des femmes pour la propagation de la paix par l'éducation, ce qui lui permit d'entretenir des relations suivies avec les défaitistes notoires, le député Brizon entre autres, un des kienthaliens.

Pour une internationaliste, voilà une belle internationaliste. Elle ne fréquentait que des Russes, des Polonais, des Argentins, des Italiens ou des Allemands. Ce n'était pas une femme, c'était une société — la société des nations.

Aussi est-elle sortie de toutes ses aventures saine et sauve.

 

 

 



[1] Cette femme vient de se rappeler à l'attention de ses contemporains — et à celle de la police — par la mort dramatique à Madrid d'un Canadien fils d'un avocat de Montréal.