1192-1200 PREMIERS ACTES DU GOUVERNEMENT DE RENAUD. — SES DIFFÉRENDS AVEC LES ABBAYES. — QUERELLE AVEC LE COMTE DE SAINT-POL ET PREMIÈRE BROUILLE AVEC PHILIPPE-AUGUSTE. — ALLIANCE AVEC RICHARD CŒUR-DE-LION. — SOUMISSION À PHILIPPE-AUGUSTE ET DEUXIÈME DÉFECTION. ALLIANCE AVEC JEAN SANS TERRE. — TRAITÉ DU GOULET.Le coup d'audace tenté par Renaud de Dammartin avait réussi. Il était désormais installé en maitre dans le comté de Boulogne. Mais l'homme qui, à peine âgé de vingt-cinq ans, avait déjà répudié sa femme pour en enlever une autre, puis avait su être assez habile à profiter des circonstances pour faire emprisonner son rival, et s'emparer, les armes à la main, d'une terre dont le possesseur était plus puissant que lui, n'était certes pas un ambitieux vulgaire. On pouvait déjà prévoir qu'il accomplirait de grandes choses, dans le bien ou dans le mal. Les chroniqueurs ont chargé en noir les couleurs de son portrait et ne lui ont pas ménagé les épithètes peu flatteuses : celui de l'abbaye de Clairmarais le qualifie d'homme chicaneur et dont il faut se méfier ; ailleurs il affirme que c'était, de tous les mortels, le plus difficile à vivre[1]. Guillaume d'Andres dit qu'il était cruel, orgueilleux de sa puissance, assoiffé d'or, partial et injuste. D. Wyart[2] en fait un être pusillanime et superstitieux. Les chroniqueurs anglais lui sont plutôt favorables. Quant à Guillaume le Breton, il lui trouve des qualités ou des défauts, suivant que Renaud est, ou non, l'allié de Philippe-Auguste. Pour se faire une idée du caractère de Renaud, il vaut beaucoup mieux s'en rapporter aux événements qu'aux appréciations des chroniqueurs des abbayes. En effet, ces derniers étaient tous des moines : or Renaud ne fut pas précisément un bienfaiteur pour leurs monastères ; il enlevait leurs troupeaux, s'emparait du grain qu'ils avaient engrangé, s'appropriait ceux de leurs bois, de leurs terrains ou de leurs marais qu'il trouvait à sa convenance, et lorsqu'il leur concédait une charte, il savait se la faire payer un bon prix[3]. Il ne faut donc pas s'étonner que les chroniqueurs, malgré le respect qu'ils professent pour la dignité de son rang, aient dit de lui pis que pendre. Un historien sorti de la bourgeoisie des villes ne l'aurait pas traité de même, car Renaud favorisa l'essor des libertés communales, et encouragea sérieusement le commerce et l'industrie dans ses États. Dès le début de son gouvernement, sa réputation d'aimer l'argent et de s'en procurer par des moyens un peu vifs est déjà solidement établie : il est vrai de dire que s'il l'aimait, c'était pour le dépenser ; mais la noblesse de ce motif ne pouvait suffire à convaincre de la bonté de ses procédés les gens qu'il dépouillait. Aussi chacun cherchait-il à s'en garer de son mieux, et l'on voit des populations entières juger prudent de mettre leurs richesses à l'abri de sa convoitise, tels les habitants de Calais qui confièrent les leurs aux religieux d'Andres, en 1191[4]. Le caractère sacré des personnes ou des choses n'était pourtant pas un obstacle capable d'arrêter Renaud. On en avait pour preuve la mésaventure dont fut victime Guillaume de Longchamp, évêque d'Ély. Ce prélat était fils de paysans normands ; il parvint à la dignité épiscopale, fut légat du Pape, et Richard Cœur-de-Lion en fit son chancelier. Lorsque le roi d'Angleterre partit pour la croisade en 1189, il lui confia la régence. Mais l'arrogance et la tyrannie de ce personnage furent telles que les barons se soulevèrent contre lui, et qu'il dut s'enfuir pour mettre ses jours en sûreté. Il aborda sur les côtes du Boulonnais. Malgré la dignité épiscopale et celle de chancelier dont il était revêtu ; malgré la protection de l'archevêque de Reims, alors régent de France ; malgré l'amitié des rois de France et d'Angleterre, qui combattaient côte à côte en Palestine, Guillaume de Longchamp se vit barrer le chemin par Renaud, qui lui prit ses chevaux, ses bagages, les vases sacrés et les objets du culte qu'il transportait, le dépouilla même de sa chape d'évêque, et, après lui avoir ainsi rendu les mains nettes, lui permit de continuer sa route (1190-1191). L'archevêque de Reims adressa au jeune comte une sévère admonestation, avec des envoyés chargés de réclamer les. objets volés : Renaud écouta les remontrances, mais ne rendit rien, pas même la chape de l'évêque. Le célèbre Étienne de Tournai écrivit à ce sujet une lettre à l'archevêque de Reims : et sa lettre ne produisit pas davantage d'effet. La conduite de Renaud de Dammartin à l'endroit des° abbayes de la région ne fut guère plus édifiante. Ainsi, Mathieu d'Alsace et Marie avaient donné à l'abbaye de Clair-marais des domaines à Bethlo et à Rusninghem. Plus tard, Ide avait confirmé cette donation et l'avait augmentée.. Renaud, non content de se refuser à reconnaître ces différentes libéralités, parvint à influencer la comtesse Ide, de telle sorte qu'elle les révoqua. Il alla même plus loin, et s'empara de terres et de biens appartenant à l'abbaye. S'efforçant de maintenir son droit, l'abbé Gérard obtint du pape Célestin III une bulle, du 4 mars 1192, reconnaissant la validité des donations faites à son abbaye. Renaud ne céda et ne se décida à les confirmer par une charte que deux années plus tard[5]. L'abbaye de Saint-Bertin fut plus favorisée. Peut-être sut-elle gagner les bonnes grâces du comte de Boulogne par le moyen d'arguments sonnants ; elle obtint de lui la confirmation de l'accord établi auparavant par Ide et Philippe d'Alsace, au sujet de la dîme des harengs, à Calais, et de plus l'exemption du droit de tonlieu à Wissant, pour l'abbé, ses moines et leurs serviteurs. L'abbaye d'Andres avait, aux yeux de Renaud de Dammartin, le grand tort d'être située sur le territoire du comté de Guines et de posséder en même temps des domaines assez étendus dans celui de Boulogne. En haine de Baudouin de Guines, prétend le chroniqueur, Renaud s'empara des biens de l'abbaye qui se trouvaient dans la mouvance de son fief. Afin de rentrer en leur possession, l'abbé Pierre n'eut d'autre ressource que de les racheter. A cette condition, il obtint une charte, datée d'Hardelot, 1194, reconnaissant à l'abbaye la propriété des biens en question auxquels Renaud et Ide ajoutèrent le bois de Hodenehout, pour en jouir avec tous les droits dont ils y jouissaient eux-mêmes[6]. Dans le courant du mois de juillet de cette même année, on vit arriver à Boulogne un tout jeune homme qui s'en alla trouver le comte Renaud. C'était Henri, le dernier fils du comte de Hainaut, Baudouin le Courageux. Le jouvenceau désirait vivement entrer dans la chevalerie : son père refusait de la lui conférer, le jugeant trop jeune. Un beau jour, Henri, aiguillonné par son désir, trompa la surveillance paternelle, s'échappa et accourut demander au comte de Boulogne de vouloir bien l'armer chevalier. Renaud y consentit d'autant plus volontiers que c'était une occasion pour lui de déployer sa magnificence. La cérémonie fut brillante. Grâce à cet acte de son initiative, le nouveau chevalier put assister le mois suivant à la bataille que son père livra au duc de Brabant[7]. Une cérémonie d'un autre genre, moins joyeuse, mais non moins pompeuse et solennelle, eut lieu l'année suivante en présence de Renaud, comte de Boulogne, et de Guillaume, comte de Ponthieu : il s'agissait de la translation des reliques de saint dosse. Une châsse magnifique avait été préparée pour les recevoir. Le dimanche 15 octobre 1195, en présence des deux comtes, Thibaut, évêque d'Amiens, assisté de Hugues, abbé de Saint-dosse, procéda à l'ouverture de l'ancienne châsse. On y trouva la tête, les os et la poussière du saint dans le même état où les avaient déjà trouvés Gui, comte de Ponthieu, Étienne, comte de Boulogne, et Robert, abbé de Saint-Josse, lorsqu'ils avaient ouvert la châsse en 1134, ainsi que le constataient des lettres scellées que ces personnages avaient déposées parmi les ossements. Le tout fut remis en place de la même manière dans la nouvelle châsse, et les deux comtes firent procéder à la rédaction du procès-verbal de la cérémonie. Renaud et Guillaume de Ponthieu ne vivaient pas toujours en aussi bonne intelligence : ils étaient voisins, et des questions de frontières amenèrent plusieurs fois la guerre entre eux. Comme il arrivait souvent, les deux comtes et leurs nommes d'armes se battaient, mais c'étaient les paysans, et parfois aussi les gens d'église. qui recevaient les coups. Dans l'espoir de sauver leurs biens, bon nombre d'habitants vivant sur les terres du comte de Ponthieu aux environs de Saint-dosse, les apportèrent à l'abbaye : ils pensaient que le respect dû aux choses divines en général, et en particulier à une forte tour que les moines avaient fait construire, suffirait pour mettre leurs richesses à l'abri du pillage habituellement pratiqué par les belligérants. Dom Wyart[8] raconte qu'un sergent du comte de Boulogne, appelé Hugues Prunnart, eut vent de ce dépôt, et chercha aussitôt à convaincre son maître de l'opportunité qu'il y aurait à s'emparer, par un coup de main, de biens appartenant à des gens du comte de Ponthieu. En pareille matière, Renaud était assez facile à persuader : il donna carte blanche à Hugues pour agir à sa guise. Ce dernier s'adjoignit un certain nombre de ses camarades, des satellites de Satan, et se mit en route avec eux, afin d'exécuter sort projet. Comme la petite troupe, se dirigeant sur Saint-Josse, sortait de la forêt d'Hardelot, une troupe de corbeaux arriva en sens inverse, se précipita sur Hugues Prunnart, lui creva les yeux et le laissa mort sur la place, tandis que ses compagnons, épouvantés, s'enfuyaient. En apprenant la mort de son sergent, le comte de Boulogne trembla, et fut frappé de stupeur. Un autre de ses hommes d'armes, Gérard de Waben, refusa de croire à la nouvelle de cette mort extraordinaire, et à la puissance de saint Josse. Il prétendit mener à bien l'expédition manquée par Hugues Prunnart. Il partit donc, après s'être adjoint quelques compagnons, pour aller dévaliser l'abbaye. Arrivé à la petite rivière qui traverse le village de Dannes, il s'arrêta pour étancher sa soif ; il descendit de cheval, et se mit à boire à même la rivière. Tandis qu'il buvait, il vit une main énorme et puissante qui s'avança soudain et le précipita dans l'eau. Comme il était tombé non loin du bord, les siens purent le repêcher. Mais à peine eut-il repris pied sur le sol, qu'il fut saisi d'une rage subite, à tel point que pour l'empêcher de leur porter quelque mauvais coup, ses compagnons durent lui lier les pieds et les mains, et le reporter chez lui. Il y mourut trois jours après. Cette fois, Renaud de Dammartin eut grand'peur, conturbatus est venter suus ; il craignit que l'iniquité de ses gens ne retombât sur sa propre tète, et vint faire amende honorable à l'abbaye de Saint-Josse. Nous n'irons pas jusqu'à affirmer la véracité absolue de cette double anecdote, si ingénieusement racontée par dom Wyart ; mais nous pouvons dire en toute certitude que Renaud causa de sérieux dommages non seulement à l'abbaye de Saint-Josse, mais encore à celles de Saint-Sauve de Montreuil, de Saint-André et de Sainte-Austreberthe. Ces méfaits, joints à ceux qu'il avait déjà commis contre d'autres abbayes, forcèrent Guillaume, archevêque de Reims, à lancer contre lui les foudres de l'excommunication. En même temps Lambert, évêque des Morins, et Hugues, abbé de Cluny, furent chargés par l'archevêque de procéder à une enquête pour déterminer exactement le préjudice porté par Renaud aux communautés et aux églises que nous avons énumérées. Ces deux prélats obtinrent qu'il leur rendît satisfaction pour tout le tort causé par lui aux gens d'église, et la paix fut conclue. Au cas où quelque difficulté nouvelle surgirait entre les abbayes et lui, le comte prenait l'engagement de ne s'emparer d'aucun des biens des religieux, de ne permettre à personne de s'en emparer à ses lieu et place, et de ne leur causer aucune espèce de dommage, tant que des juges délégués par l'archevêque n'auraient pas éclairci le point en litige. Sur le rapport de ces délégués, il fut convenu que l'archevêque devrait statuer en personne. et les parties s'engagèrent à exécuter strictement les clauses de la sentence qu'il prononcerait. A ces conditions, l'excommunication qui pesait sur Renaud fut levée. Cette paix fut signée à Compiègne, en juin 1196. Le roi de France tenait alors en cette ville l'assemblée annuelle du Champ-de-Mai, à laquelle il convoquait ses barons, et où se traitaient les principales affaires du royaume. La royauté traversait la crise d'où elle ne pouvait sortir que, victorieuse ou anéantie, et Philippe-Auguste était aux prises avec les plus sérieuses difficultés. La pensée maîtresse de son règne se résume ainsi : agrandissement et affermissement du pouvoir royal, par l'extension de ses domaines territoriaux et l'abaissement de la puissance des grands vassaux. Il poursuivit son but sans relâche, admirablement servi par son esprit profondément politique, par ses talents militaires, par sa perspicacité, sa volonté inébranlable et son habileté à profiter des événements. Il eut affaire à deux rudes jouteurs, Richard Cœur-de-Lion et Jean sans Terre, ayant chacun des qualités différentes, et il en triompha. Son départ pour la croisade avait été un sacrifice à l'esprit de son temps ; il saisit la première occasion qui se présenta pour revenir en France. Ainsi que nous l'avons vu, son premier soin fut de s'assurer la possession de l'Artois ; le second fut d'essayer de mettre la main sur la Normandie, tandis que Richard Cœur-de-Lion accomplissait la série d'exploits qui aboutissaient à son internement dans une tour au fond de l'Allemagne. Aussitôt qu'il eut reçu à Arras les hommages des comtes de Flandre, de Boulogne et de Guines, le roi de France marcha sur Gisors, dont il s'empara. Mais peu après, Richard, étant parvenu à s'échapper, accourut défendre son beau duché de Normandie, où, depuis lors, la guerre ne fit que reprendre et cesser alternativement, guerre d'escarmouches ne produisant pas de résultats parce qu'aucun grand effort n'y était tenté, coupée de trêves et de traités constamment violés et replâtrés. Dans l'une de ces trêves, conclue le 23 juillet 1194 entre Verneuil et Tilers, Philippe-Auguste fait rentrer le comté de Boulogne, terre dépendant de lui au moment où la trêve est signée[9]. Tandis que la guerre traînait ainsi en longueur, chaque parti cherchait à se fortifier, à se créer des alliances, à s'attacher des fidèles, et se préparait de son mieux à la grande lutte que l'on pouvait déjà prévoir, et qui serait définitive : c'était l'exposition du drame qui devait se dénouer à Bouvines. Philippe-Auguste obéissait à cette préoccupation, lorsqu'il maria sa sœur Alix au comte de Ponthieu, le 20 août 1195. Cette sœur un peu risquée avait d'abord été accordée au roi d'Angleterre en 1174 ; mais Richard épousa en 1190 la princesse de Navarre, gardant quand même auprès de lui Alix de France et sa dot, et refusant de rendre l'une plus que l'autre. Il ne s'y décida qu'au bout de cinq ans, et c'est alors qu'Alix fut mariée à Guillaume de Ponthieu : en s'attachant ce comte par les liens du sang, le roi se créait un solide appui contre la Flandre. Ce n'était pas une vaine précaution ; le 15 novembre 1194, le comté de Flandre était échu à Baudouin IX. Pas plus que ne l'avait été son père, ce comte n'était satisfait de voir l'Artois entre les mains de Philippe-Auguste. Son peuple, que les intérêts commerciaux attachaient au parti anglais, n'en était pas plus content que lui, et Philippe-Auguste ne parvint qu'en juin 1196 à le décider à lui rendre hommage à Compiègne, à reconnaître la suzeraineté royale sur les comtés de Boulogne, de Guines et le fief d'Oisi, et à s'engager en même temps à le soutenir envers et contre tous, sauf contre l'empereur d'Allemagne et l'évêque de Liège[10]. Philippe-Auguste profita de la présence de Renaud de Dammartin à cette réunion des grands à Compiègne, pour lui faire renouveler son serment de fidélité. En présence de l'archevêque de Reims, de son oncle, abbé de Cluny, et d'une foule de nobles, Renaud s'engagea à servir le roi de bonne foi et sans arrière-pensée, envers et contre tous ; il donnait comme garants de sa parole l'archevêque de Reims et l'évêque de Thérouanne, ou leurs successeurs s'ils venaient à mourir. Au cas où il manquerait à son serment, l'archevêque et l'évêque promettaient d'excommunier sa personne et de jeter l'interdit sur sa terre ; les deux prélats prenaient cet engagement dans une charte spéciale. Enfin Renaud donna en gage son comté de Boulogne, l'hommage qui lui était dû par le comte de Saint-Pol, et la terre dont il devait hériter de son père. Aubri, rentré en France à la faveur d'une trêve, prêta le même serment et donna également sa terre en gage. Richard ayant repris les armes, Philippe-Auguste quitta Compiègne et assiégea successivement Aumale, Nonancourt et Dangu, dont il s'empara. Après la dissolution de l'assemblée, Renaud de Dammartin était retourné dans son comté. Il y trouva la pêche et le commerce de Calais florissants au point que les bourgeois de la ville se voyaient dans la nécessité de construire une halle pour mettre les marchandises à l'abri. Le comte s'associa avec eux et prit sa part des frais de cet établissement ; il s'engagea à contribuer à la dépense pour les deux tiers, à la condition de participer aux revenus également pour les deux tiers[11]. L'année suivante, la cour des barons de France était réunie comme d'habitude dans la ville de Compiègne ; Renaud de Dammartin s'y était rendu, ainsi que son devoir féodal le lui commandait. Or, il arriva qu'un jour, en présence du roi, une discussion s'éleva entre lui et Hugues, comte de Saint-Pol. Les mœurs de cette époque n'étaient pas empreintes d'une douceur exagérée ; après quelques paroles assez vives, Hugues de Saint-Pol laissa le puing aler, et le poing alla frapper Renaud en plein visage, si violemment que le sang jaillit. Renaud tira le coutel et se précipita sur son adversaire. Les assistants, le roi tout le premier, s'interposèrent à temps pour empêcher une plus abondante effusion de sang. Cette scène n'est pas un exemple isolé, sans toutefois que la violence du geste se joignît toujours à celle du langage. Ainsi en 1205, en présence du roi, Gui de la Roche, au cours d'une discussion, traita Gautier de Mondreville de voleur et de brigand. Philippe-Auguste le calma en exigeant de lui la reddition de sa ville de Beaumont et de tout ce qu'il y possédait[12]. Une réparation de ce genre n'aurait pas suffi au comte de Boulogne ; l'insulte qu'il avait subie, sans avoir pu en tirer vengeance, était trop forte, d'autant plus qu'elle lui avait été infligée par un vassal. Philippe-Auguste lui portait une grande affection, mais n'en éprouvait pas moins pour le comte de Saint-Pol, un des plus braves chevaliers de son temps, qui avait rendu au roi de signalés services en Terre-Sainte et en France, et avait récemment reçu en récompense d'importantes donations. Il essaya de réconcilier les deux comtes ; ce fut en vain, et Renaud, n'obtenant pas la satisfaction qu'il désirait, quitta la cour, le cœur profondément ulcéré. Aussitôt après son départ, Philippe-Auguste lui dépêcha son conseiller, frère Guérin, avec qui le comte de Boulogne était plus particulièrement lié ; mais frère Guérin ne parvint pas à le décider à revenir, et n'obtint de lui que cette réponse : Vouleniiers le ferois par ainsi que li rois feroit tant que le sanc qui dégouta de mon visaige à terre remonteroit arrière dont il vint : et autrement n'aroi ja pais à luy[13]. Cette réponse affligea Philippe-Auguste, lorsqu'elle lui fut transmise, et il en conçut un certain ressentiment. En apprenant ces dispositions d'esprit du roi de France, Renaud ne se sentit plus en sûreté, isolé dans ses domaines. Il alla trouver son ancien ennemi, Baudouin de Guines, le rallia à sa cause, en lui faisant valoir que l'hommage de leurs comtés revenait de droit à la Flandre, et que Philippe-Auguste le leur avait extorqué contre toute justice, au détriment des droits du comte de Flandre. Le comte de Guines se laissa persuader et entraîner auprès de Baudouin IX, à qui tous deux rendirent hommage (fin juin 1197)[14]. Baudouin IX les accueillit avec faveur. Bien qu'il eût rendu hommage à Philippe-Auguste en juin 1196, il ne pouvait cependant pas se résoudre à la perte de l'Artois. Aussi le roi d'Angleterre n'eut-il pas beaucoup de peine à le détacher du parti français. Il confia cette mission à Guillaume le Maréchal, et, le 8 septembre 1196, le comte de Flandre signait à Rouen un traité d'alliance offensive et défensive avec Jean, comte de Mortain, qui agissait avec les pleins pouvoirs de Richard Cœur-de-Lion. Chaque partie s'engageait, en cas de mort de Richard, à ne pas traiter isolément avec le roi de France ; en même temps, Philippe, marquis de Namur et frère de Baudouin IX, signait un traité analogue[15]. A la suite de leur suzerain, bon nombre de chevaliers flamands vinrent en Normandie prêter serment de fidélité au roi d'Angleterre, tandis que Baudouin, comte d'Aumale, Guillaume de Hondschoote et Guillaume de l'Étang parcouraient la Flandre et recueillaient au nom de Richard les serments des chevaliers qui n'avaient pu se rendre personnellement en Normandie. Le résultat de ces négociations multiples fut un traité, conclu sur les mêmes bases que celui de septembre 1196, mais rédigé dans une forme beaucoup plus solennelle, en présence des plus grands seigneurs d'Angleterre, parmi lesquels figurait Oton, comte de Poitou et futur empereur d'Allemagne. Les serments furent échangés et l'acte signé en Normandie, au mois de juillet 1197[16]. Roger de Hoveden affirme que le comte de Flandre reçut cinq mille marcs d'argent pour prix de son alliance[17]. Renaud de Dammartin avait suivi la politique du comte de Flandre. Lui aussi reçut la visite de Guillaume le Maréchal, qui lui persuada de conclure une alliance avec l'Angleterre[18]. Il vint donc en Normandie en compagnie du comte de Flandre, et traita en même temps que lui avec Richard Cœur-de-Lion. Le roi d'Angleterre et le comte de Boulogne s'engagèrent à ne Faire ni paix ni trêve avec le roi de France sans leur mutuel consentement. Au cas où l'on signerait la paix et où le roi de France viendrait ensuite à attaquer l'un des deux alliés, l'autre accourrait immédiatement à son secours. Il fut conclu que le présent traité serait valable non seulement pour la guerre en cours, mais encore pour les guerres suivantes, et même après la mort des parties, entre leurs héritiers. Si l'une des deux venait à y faillir, les répondants qui ont signé pour elle deviendraient les prisonniers de l'autre[19]. Pour prix de son alliance, Renaud de Dammartin reçut du roi d'Angleterre une partie des domaines que les comtes de Boulogne avaient possédés en Angleterre. Il perçut la moitié des revenus annuels de Dunharn et de Kirketon, soit trente et cent livres ; l'autre moitié avait déjà été payée à Jean, comte de Mortain, qui reçut en échange de ces deux domaines qu'on lui enlevait, ceux de Kinton et de Rolla[20]. Une fois que Richard Cœur-de-Lion eut réuni et scellé ce faisceau d'alliances, il recommença en Normandie la guerre contre le roi de France, tandis que les Flamands regagnaient leur pays. Dès qu'ils y furent de retour, Baudouin IX entra en campagne, avec Renaud de Dammartin qui avait recruté une bande de Cotereaux[21], et entre temps s'efforçait par tous les moyens en son pouvoir, par la persuasion, par des présents en nature ou en argent, de faire entrer dans son parti les barons de cette région qui tenaient pour le roi de France. Il réussit auprès de plusieurs, mais échoua auprès du comte de Bar, bien qu'ils fussent cousins[22], de Guillaume, avoué de Béthune, et de Guillaume, châtelain de Saint-Orner. Par contre, les circonstances faisaient que ses deux ennemis, les comtes de Guines et de Saint-Pol, étaient dans son camp. Mais en somme, dit l'anonyme de Béthune, il n'y eut guère de barons, dans cette marche de Flandre, qui ne fissent mauvais semblant au roi de France[23]. C'était donc bien une coalition de la féodalité du Nord contre le pouvoir royal, et une première tentative sérieuse pour le renverser. Le comte de Flandre et Renaud de Dammartin s'emparèrent sans coup férir de Douai, Péronne, Roie et Bapaume, tandis que le roi de France était en Normandie ; ils pillèrent et brûlèrent Hesdin, comblant le vivier et abattant le parc[24] ; puis ils mirent le siège devant Arras. A cette nouvelle, Philippe-Auguste quitta Gisors et accourut au secours de la capitale de l'Artois. Il força Baudouin IX à lever le siège, passa la Lys à Aire e prit Ypres[25]. Mais le comte de Flandre, ayant coupé les ponts qui assuraient ses communications, le mit en assez mauvaise posture. Une entrevue fut décidée, et eut lieu à Bailleul (août 1197)[26]. Roger de Hoveden dit que Philippe-Auguste fut contraint de promettre qu'il consentait à venir, le 17 septembre suivant, à une conférence, pour s'entendre avec le roi d'Angleterre ; il fit encore d'autres promesses qu'il oublia, une fois en sûreté[27]. A la date indiquée, le rendez-vous ayant été fixé entre Gaillon et les Andelys, Philippe-Auguste s'y rendit : à sa grande stupéfaction et à son grand mécontentement, il vit arriver Richard Cœur-de-Lion tenant d'une main le comte de Flandre, de l'autre le comte de Boulogne. Il s'écria : — Sire, ou menez vos ceste gent ? Ja n'aveie-jo parlement Fors a vos ; molt me puet desplaire : N'ai de lor parlement que faire. — Sire, dist li reis d'Engletere, Autresi tolez lor vos tere Comme a mei ; si sunt mi empris E saciez bien que j'ai empris Que jameis ne vos faudra guerre Tant come a nos treis toziez tere[28]. Nonobstant cet incident, la conférence eut lieu ; une trêve d'un an fut conclue, et chacun s'en retourna dans ses États, pour y préparer à nouveau la guerre. Mais Philippe-Auguste avait à cœur de châtier la défection des comtes de Boulogne et de Saint-Pol il les avait comblés de bienfaits, et il s'attendait à plus de reconnaissance de leur part. Aussi, dès que l'hiver fut passé, il mena s'ost dusques à Hesdin por aler destruire la terre del conte de Boloigne, et la terre del conte de Saint-Pol. Mais il vindrent ja à sa merchi, et fisrent pais a lui[29]. On était en avril 1198 ; la trêve avec le roi d'Angleterre n'était pas expirée. Les deux comtes, certains de n'être soutenus par personne, n'avaient d'autre ressource, en voyant le roi s'avancer contre eux avec une armée, que de lui faire leur soumission. Philippe-Auguste montra à l'archevêque de Reims, aux évêques de Thérouanne, d'Amiens et d'Arras, la charte que Renaud avait jurée à Compiègne, en juin 1196. En présence de ces prélats et des seigneurs de l'entourage du roi, parmi lesquels figuraient Gaucher de Châtillon, Guillaume des Barres, Guillaume de Garlandes, Barthélemy de Roie, Aubert de Hangest, Eustache de Neuville, etc., le comte de Boulogne reconnut la validité de cette charte, et jura une seconde fois de l'observer. Son père Aubri donna encore une fois aussi sa terre en gage, et lui-même donna comme pièges le fief et l'hommage du comte de Saint-Pol. Pour ce motif, et pour l'engager à plus de fidélité envers le roi, Hugues reçut en accroissement de fief la terre de Lucheux ; à son tour, il prêta le serment de fidélité entre les mains du roi et jura de le servir envers et contre tous, sauf contre son suzerain direct, le comte de Boulogne. Gaucher de Châtillon se porta caution pour lui[30]. Renaud de Dammartin venait de céder à la nécessité. Aussitôt le danger passé, il oublia les engagements qu'on lui avait fait prendre de force, et retourna à l'alliance anglaise. En ce printemps de l'an 1198, Richard Cœur-de-Lion avait groupé dans son alliance des seigneurs plus nombreux et plus puissants que ceux qu'il avait précédemment réunis. C'étaient, outre le comte de Boulogne, Henri le Guerroyeur, comte de Louvain et duc de Brabant ; Érard II, comte de Brienne ; Baudouin IX, comte de Flandre ; Baudouin II, comte de Guines ; Geffroi, comte de Perche ; Raimond VI, comte de Saint-Gilles ; Louis, comte de Blois, et Artur, comte de Bretagne[31]. Tous grands feudataires, ils se réunissaient pour donner l'assaut à leur ennemi commun, le pouvoir royal ; aux barons du Nord s'étaient joints cette fois plusieurs d'entre ceux du Centre, de l'Ouest et du Sud. L'attaque se produisit de deux côtés à la fois : Philippe-Auguste courut en Normandie, où le danger était le plus pressant. Il se fit battre par Richard entre Vernon et Gamaches, en septembre 1198, et le 28 du même mois, il faillit se noyer en tombant dans l'Epte. En même temps les comtes de Flandre et de Boulogne, après avoir pris Aire et plusieurs autres places, étaient venus mettre le siège devant Saint-Omer (6 septembre). A leurs côtés combattaient Baudouin de Béthune, détaché, lui aussi, de la cause de Philippe-Auguste, Baudouin de Guines et son fils Arnoul. La place était défendue par le châtelain, Guillaume V. En raison de sa résistance, et pour l'en punir, Renaud se détacha de l'armée assiégeante pour aller, non loin de là dévaster et incendier sa seigneurie de Faukembergues. Le 4 octobre, un double assaut fut combiné par les assiégeants : les Flamands emportèrent le fort Kœlhof, Baudouin de Guines enleva la porte de Boulogne, et la ville fut forcée de se rendre[32]. Des deux côtés, la campagne n'était pas heureuse pour le roi de France. Il rentra à Paris, et, en novembre, conclut avec le roi d'Angleterre une trêve qui devait durer jusqu'au 14 janvier 1199. Innocent III, qui ne songeait qu'à la croisade, et voulait unir toutes les forces des chrétiens d'Occident pour les lancer contre l'Orient, ne cessait de plaider auprès des belligérants la cause de la paix. Ses lettres ne produisant pas d'effet, il envoya Pierre de Capoue porter la parole en sa place. Le légat arriva à Paris le 25 décembre 1198, et le 14 janvier 1199, à l'expiration de la trêve, il obtint qu'elle fût renouvelée pour cinq ans. Malheureusement, Richard Cœur-de-Lion fut tué le 6 avril suivant, et Philippe-Auguste, se trouvant débarrassé de son plus rude adversaire, s'avança aussitôt en Normandie. Jean, comte de Mortain, surnommé Jean sans Terre, succéda à son frère Richard. Dès le lendemain de son couronnement, qui eut lieu le 27 mai, Renaud de Dammartin, Henri de Louvain et le comte de Guines vinrent lui rendre hommage et réclamer en même temps la reconnaissance des droits auxquels ils prétendaient en Angleterre[33]. Les droits du comte de Boulogne furent reconnus sur Dunham, Benton et Kirketon[34] ; en même temps il se portait caution pour les deux marcs que son père Aubri devait, comme droit d'escuage, pour l'avènement du nouveau roi. Ses possessions normandes lui étaient également reconnues, et il en recevait même de nouvelles, à Lillebonne, à Mostrevilers et à Strutard[35]. De son côté, Henri de Louvain recouvrait ses droits sur Eya et Welleburn, et plusieurs autres seigneurs flamands étaient l'objet des libéralités du nouveau roi : Guillaume de Caïeu obtenait des revenus à Aillesford ; Guillaume de Hainaut obtenait confirmation de deux cents livrées de terres que Richard lui avait assignées en Normandie (La Roche-Andely, 19 août 1199) ; Baudouin de Béthune était confirmé dans la possession de Lixton, de Waneting, de Norton et de leurs dépendances, avec l'avouerie des églises qui s'y trouvaient (Haiam, 12 novembre 1199), et recevait encore Folkesham, Stokes, Braburn, Sutton et Kemesing (Chinon, 6 décembre), en reconnaissance de l'hommage qu'il rendait au roi, et à la condition de le servir à la guerre avec trois chevaliers[36]. Jean sans Terre renouait ainsi la ligue formée par son prédécesseur ; tout le monde se retrouva à Rouen au mois de juillet, et les traités d'alliance furent renouvelés au château d'Andely, le 18 août. Ce fut d'abord Baudouin IX qui signa un traité analogue au précédent. Quant à Renaud de Dammartin, celui qui l'attacha à Jean sans Terre fut rédigé identiquement à celui conclu auparavant avec Richard Cœur-de-Lion, et dans les mêmes termes !. Cependant, cette année-là la guerre traîna en longueur, aucun des deux partis ne se décida à porter à l'autre de coup décisif, et l'on se battit sans enthousiasme et sans résultat. Une conférence eut lieu en septembre entre Andely et Gaillon : d'un côté les Français avaient fait prisonnier Philippe de Namur, frère du comte de Flandre ; de l'autre, Mercadier, le fameux chef de routiers qui se battait pour les Anglais, s'était emparé de Philippe de Dreux, évêque de Beauvais. On conclut une trêve en octobre, et Philippe-Auguste regagna Paris. Le 25 décembre, il était à Péronne, où il eut une entrevue avec le comte de Flandre, et tous deux signèrent une paix dans les premiers jours de janvier 1200. Philippe-Auguste conservait l'Artois et l'hommage du comté de Boulogne ; il abandonnait à Baudouin Saint-Orner et Aire, l'hommage des comtés de Guines et d'Ardres, de Lillers, de Richebourg, de La Gorgue, et d'une partie de la terre dépendant de l'avoué de Béthune. Au cas où le prince Louis viendrait à mourir sans héritier, la partie de l'Artois qui n'est pas dans la mouvance du Vermandois reviendrait au comte de Flandre, à qui le roi abandonnait encore ses possessions à Mortagne, sauf les droits de l'évêque de Tournai. Le comte de Guines, qui assistait aux conférences où ces conditions furent débattues, fut compris dans le traité[37]. Le 13 janvier, devait expirer la trêve conclue entre les rois de France et d'Angleterre ; elle fut prolongée jusqu'à ce que, le 22 mai 1200, les deux rois eussent définitivement signé la paix au Goulet. Un article du traité était ainsi conçu : Pour les comtes de Flandre et de Boulogne, voici ce qu'il en sera : le comte de Flandre tiendra de la terre du roi de France ce qu'il tient, et le seigneur roi de France aura fief et domaine de ce qu'il possède au comté de Boulogne[38]. Le lendemain, fut célébré le mariage du prince héritier Louis de France avec Blanche de Castille. Quelque temps après, Jean sans Terre vint à Paris et à Fontainebleau : on l'y reçut magnifiquement, et nous savons, par l'anonyme de Béthune, qu'en cette occasion les Français s'amusèrent beaucoup de voir les Anglais de sa suite, chaque fois qu'on leur donnait le choix entre du bon vin et du mauvais, préférer infailliblement le mauvais ! |
[1] D. Bertin de Vissery, f° 236, 237.
[2] Historia abbatiœ Sancti Judoci.
[3] Haigneré, Dict., II, 59.
[4] Guillaume d'Andres, M. G., XXIV.
[5] D. Bertin de Vissery, 22, 236-237.
[6] Guillaume d'Andres, M. G., XXIV.
[7] Gilbert de Mons, M. G., XXII. — Hist. litt., XVII, 188.
[8] Historia abbatiœ S. Judoci supra mare, p. 64 et 69.
[9] Hoveden, H. F., 570 e.
[10] Cat., p. 118. — Baluze, Epist. Innocentii, III, 130.
[11] Arch. du Pas-de-Calais, A 55. — Haigneré, Dict., II, 59. Plusieurs auteurs ont donné au mot guihella le sens d'association. Voici ce que dit Ducange à ce sujet (Histoire des comtes de Montreuil et de Ponthieu, Bibl. Arsenal, ms. 4103, f° 30) : Il est à remarquer que les balles sont nommées dans le titre guihala, qui est le même terme que guildhalla, qui se rencontre en quelques titres de Thierri, comte de Flandre, et que guildhaula dans le cartulaire de Fécamp, sous l'an 1260. Ce mot étant dérivé de l'allemand ghilde, qui signifie une compagnie de marchands, et de halle, qui est un lieu public où l'on expose les marchandises, de sorte que Ghildhalle n'est autre chose que ce que nous appelons simplement halle, c'est-à-dire le lieu de la ville où l'on débite les marchandises. A Londres, Guildhall est encore le nom porté par l'Hôtel de Ville.
[12] Cocheris, I, 188, XV.
[13] Duchesne, Généal. de Béthune, preuves, p. 80 (anc. chron. de Flandre).
[14] Jean d'Ypres, M. G., XXV, 822. — Chron. de Ponthieu, B. N., ms. coll. Duchesne, t. XLIX.
[15] Hist. de Guillaume le Maréchal, II, p. 20. — Martène, Thes. anecd., I, 1158.
[16] Rymer, I, 30.
[17] Hoveden, IV, 20.
[18] Hist. de Guillaume le Maréchal, II, 20.
[19] Les Charter Rolls et les Historiens de la France ne donnent pas le texte de ce traité, mais ils allument qu'il est identique, mot pour mot, sauf la date, à celui qui fut conclu plus tard entre Renaud et Jean sans Terre.
[20] Rec. Off., P. R., 44.
[21] Rigord, 115.
[22] Phil., IV, 583.
[23] B. N., ms., nouv. acq . fr., 6295, f° 50.
[24] Cart. de Saint-Silvin d'Auchi, p. 113.
[25] Malbrancq, III, 159.
[26] Jean d'Ypres, M. G., XXV, 822.
[27] Rigord, p. 137, note. — Hoveden,
IV, 20.
[28] Hist. de Guillaume le Maréchal, II, 22.
[29] Anon. de Béthune, f° 50.
[30] Duchesne, Généal. de Châtillon, 54. — Th. Turpin, Hist. des comtes de Saint-Pol, Bibl. de Saint-Orner, ms. 771.
[31] Hoveden, IV, 55 et seq.
[32] A. Giry, Les Châtelains de Saint-Orner, Bibl. Ec. Ch., XXXVI, 91. — De Smet, Notice sur Baudouin de Guines, d'après Chron. de Saint-Bertin.
[33] Ann. de Winton, M. G., XXVI, 72.
[34] P. R., 45, 46. Rec. Off.
[35] Rot. Norm., 45, 50, 51. — Léchaudé d'Anisy, Grands Rôles de l'Échiquier de Normandie, 105-107.
[36] Rec. Off., P. R., 45. — Rot.
Chart., I, 1er, 11, 31, 62.
[37] B. N., ms. coll. d. Grenier,
CCXLIV, 1. — Warnkœnig, Hist. de Flandre, I, preuves.
[38] H. F., XVII, 53.