LE CHÂTEAU DE RAMBOUILLET

SIX SIÈCLES D'HISTOIRE

 

CHAPITRE PREMIER. — VIEUX MURS, VIEILLES OMBRES.

 

 

Origine et fondation du château. — Jean Bernier. — Regnault d'Angennes. — Séjour et mort de François Ier. — Nicolas d'Angennes. — La Ligue.

 

Pour qui l'aperçoit de la grande route de Chartres, à travers les sapins du Saut-de-loup, au bout d'une longue perspective de verdures majestueuses et d'eaux tranquilles, le château de Rambouillet emprunte à ce décor une élégance vraiment seigneuriale ; si on s'en rapproche, on est quelque peu déçu : il n'a ni la splendeur de Versailles, ni la grâce de Chantilly, ni le pittoresque grandiose de Fontainebleau, ni la noblesse de Compiègne, ni l'affolante originalité de Chambord. C'est, de près, une honnête maison, sans prétention à aucun style, et qui déroute à la fois par l'extrême simplicité de sa construction et l'inexplicable bizarrerie de son plan. On peut en faire le tour sans s'aviser que le bâtiment affecte une forme triangulaire, et, si on se contente d'un regard à la cour d'honneur, on s'étonne que ses deux façades en équerre, de lignes si froides et d'aspect si moderne, se butent à une formidable tour crénelée, vieille de six cents ans, écrasant de sa masse imposante la piteuse architecture qui s'accole à ses pierres vénérables.

Si, pour le passant, le château de Rambouillet semble manquer d'intérêt, c'est que ses murs actuels recouvrent une antique demeure féodale, modifiée au cours des âges, agrandie, défigurée, transformée, rafistolée de cent façons, mais qui n'en est pas moins le socle permanent de l'édifice actuel. Il y avait là, au VIIIe siècle, sinon un manoir, tout au moins un hébergement qui, situé au cœur des grands bois, tirait son appellation d'un mince ruisseau, le Rambe ou Rambeuil ; les immenses forêts qui l'enserraient et dont Pépin le Bref avait gratifié l'abbaye de Saint-Denis, abondaient en fauves et en gibier de tous genres ; Charlemagne, en confirmant la donation faite par son père, ordonnait que les moines se nourrissent de la chair des bêtes sauvages et fissent usage de la peau des cerfs et chevreuils pour relier les livres de leur monastère. Avant l'an mille, ces forêts rentrèrent dans le domaine royal et, durant trois siècles, on les défricha activement, opération dont prospéra le village de Rambouillet qui, au XIIIe siècle, comptait déjà 150 paroissiens, tous, probablement, bûcherons, fagoteurs ou sabotiers.

 

Le Château féodal de Rambouillet depuis sa construction (XIVe siècle) jusqu'en 1705.

 

L'endroit séduisit un grand bourgeois parisien, Jean Bernier, qui, pour 700 livres tournois, se rendit acquéreur du manoir. Jean Bernier était un personnage : prévôt de Paris depuis six ans, — le premier après le Roi et ces messieurs du Parlement, — il venait de quitter ces fonctions et souhaitait vraisemblablement se retirer à la campagne ; peut-être aussi cette résidence lui était-elle imposée par le nouvel emploi que venait de lui octroyer le roi Charles V, dont il était fort estimé et qui le nomma, vers cette époque, souverain informateur des Eaux et Forêts du royaume. Jean Bernier résolut de s'établir à Rambouillet et s'y bâtit une habitation au goût du jour, c'est-à-dire un château fort. En six ans l'œuvre fut terminée c'était un corps de logis formant bastion vers le sud, garni d'une tourelle ronde à chacun de ses angles et dont les épaisses murailles de briques et de meulières n'étaient percées que d'étroites ouvertures. Du côté de l'est, une aile s'étendait jusqu'à une porte fortifiée donnant accès à la cour du château que défendait, à l'ouest, une grosse tour isolée et reliée par une courtine au bâtiment principal. Un fossé d'eau, drainée des marais voisins, entourait toutes ces constructions ; leur ensemble couvrait un arpent de terrain, — en mesures modernes un demi-hectare. — C'est la superficie exacte du château actuel qui, en dépit de ses avatars successifs, a gardé jusqu'à nos jours la configuration de la forteresse dont il n'est, en quelque sorte, que la gaine. En voilà expliqués ce contour bastionné que rien, en apparence, ne justifie plus et ce lourd donjon dont la fière structure semble un affront aux piètres bâtiments qui l'étreignent.

Le château de Rambouillet était né et on eût bien étonné Jean Bernier en lui prédisant que son petit castel perdu dans les bois aura l'honneur d'héberger, presque sans aucune exception, tous ceux qui, dans le plus lointain avenir, seront les maîtres de la France. Les pierres comme les êtres auraient-elles leur destin ? A peine terminé, Rambouillet reçoit la visite d'un roi, — le premier. C'est Charles VI ; il a quatorze ans. Jean Bernier a fait partie du conseil de régence institué en vertu du testament de Charles V, pour gouverner le royaume jusqu'à la majorité du jeune prince, et celui-ci sous la conduite de son oncle, le duc Philippe de Bourgogne, vient, par déférence, saluer le fidèle serviteur de son père. On est au 9 avril 1383 ; le petit roi et le duc dînent au château : c'est alors une demeure mal disposée pour la réception : certes il y a, pour les gens de suite et les hôtes sans importance, des logements dans les tourelles et dans l'aile de la porte fortifiée ; mais l'appartement d'honneur, où conduit un large escalier, ne comporte que trois belles pièces dont l'une, très vaste, est la grande salle qu'éclairent trois fenêtres en ogive. Et c'est le seul détail qu'il est permis de retenir, à défaut d'une description plus complète ; mais on peut, sans trop d'erreur, imaginer d'après les logis de la même époque encore subsistants, que celui de Jean Bernier manque de confortable et d'agrément : murs nus, portes basses, plafonds à poutres enfumées, larges cheminées où brûlent des troncs d'arbre, toute la sévérité d'une forteresse plus faite pour abriter des hommes d'armes que pour s'y gaudir en compagnie frivole.

Un an après la visite de Charles VI, Jean Bernier était mort ; son fils, Guillaume, auquel, selon toute apparence, déplaisait ce rébarbatif et sylvestre séjour, chercha sans tarder à s'en défaire et trouva amateur en la personne de Regnault d'Angennes, premier valet tranchant et chambellan du Roi ; il offrit, en échange de Rambouillet, mille francs en or et une maison qu'il possédait près de Rueil, dans le Parisis. Le marché fut conclu ; originaire du village d'Angennes, aux environs de Dreux — aujourd'hui commune de Crucey, dans le canton de Brézolles-en-Thimerais, — le nouveau propriétaire arrondit rapidement son domaine : il réunit à la terre de Rambouillet les fiefs de Grenonvilliers, de Montorgueil et de La Villeneuve, bien que ses charges à la Cour le retinssent la majeure partie du temps au Louvre. Il décéda en 1416 et ses héritiers, Jean Ier et Jean II d'Angennes, connurent de mauvais jours : trois fois le château fut pris, pillé et brûlé par les Anglais dont les exactions portaient l'épouvante dans tout le pays. Ce fut un temps de terreur ; les gens fuyaient devant les envahisseurs, se cachaient dans les bois, enfouissaient ce qu'ils avaient de plus précieux. En 1845, dans un terrain de Groussay, qui est actuellement un faubourg de Rambouillet, on découvrit une trentaine de pièces d'or, toutes du temps de Charles VI, sauf une seule marquée au coin d'Henri IV d'Angleterre ; elles étaient dans la terre depuis plus de 400 ans, déposées là par quelque fuyard qui avait mis en sûreté son trésor et qui n'est jamais revenu. On se prend de respect pour la robuste Tour du château qui a survécu à ces temps tragiques et au pied de laquelle, en 1429, passèrent à la débandade les soldats de Bedford, mis en déroute et pourchassés par la vierge victorieuse qui délivra la France de l'oppression étrangère. Que notre Histoire est belle et avec quelle piété nous devrions protéger contre l'injure des siècles et l'acharnement des démolisseurs les vieilles pierres qui nous la racontent !

Au temps de Jacques d'Angennes qui posséda Rambouillet depuis 1514 jusqu'en 1562, le château entra dans l'Histoire : d'abord il reçut la visite de Rabelais, et le souvenir du père de Gargantua est resté attaché à certains rochers en forme de marmites qu'on montre encore de nos jours dans l'une des îles du parc. Un événement plus retentissant propagea dans le monde entier le nom du petit castel des d'Angennes : le roi François Ier qui, depuis quelques jours, chassait dans le pays, arriva à Rambouillet, venant de Rochefort-en-Yvelines et se dirigeant vers Saint-Germain, le 27 février 1547. Son état maladif depuis plusieurs années s'aggrava subitement et le Roi s'arrêta chez Jacques d'Angennes afin d'y prendre quelque repos. De quelle suite était-il accompagné ? On est assuré de la présence du Dauphin, le futur Henri II, et de sa femme Catherine de Médicis, qui faisait l'éplorée et la dolente. La grande maréchale, Diane de Poitiers, se montrait toute gaie et toute joyeuse, car le prince dont elle était aimée allait être roi ; quant au comte d'Aumale, le futur duc de, Guise, il ne quittait guère la chambre de la Dauphine où il se promenait fiévreusement ; de temps à autre, il allait à la porte afin de savoir des nouvelles et, quand il revenait : Il s'en va, le galant... disait-il. Tandis que fermentaient ces ambitions, le Roi, sachant qu'il allait mourir, recommandait à son fils de diminuer les impôts qui pesaient sur le peuple et de toujours éloigner du pouvoir ces Guises dont il redoutait pour ses successeurs les insatiables prétentions.

Au vrai, toute la Cour était là, car de si importants personnages ne se déplacent pas sans amener leur maison, leurs courtisans et leurs parasites habituels, pressés, eux aussi, de ne point manquer le moment d'adorer le soleil levant. Et c'est peut-être en raison de l'affluence dont regorgeait l'exiguë et incommode demeure de Jacques d'Angennes qu'on logea le Roi dans la grosse Tour isolée à l'angle nord-ouest de l'enceinte. Il mourut là, s'il faut en croire une indéracinable tradition. Pourtant les archéologues locaux ne s'accordent pas sur ce point : plusieurs estiment qu'il eût été inconvenant de reléguer le Roi en un réduit si rebutant, et, de fait, les aménagements actuels de la Tour, divisée en locaux de service, semblent appuyer cette hypothèse ; en outre, certains récits des derniers jours de François Ier mentionnent une chambre voisine de celle où le Roi agonisait ; or, il est vraisemblable que la Tour, comme la plupart de ses similaires, ne comportait qu'une pièce à chaque étage : c'est donc qu'on avait logé le malade dans une autre partie du château. — L'opinion adverse s'étaie d'arguments non moins sérieux : le plus frappant est la conservation de cette Tour ; si tous les châtelains de Rambouillet respectèrent cette bâtisse démodée et encombrante, c'est parce qu'elle avait été le théâtre d'un événement mémorable. Le bibliothécaire du château écrivait, au temps de Charles X, que les médecins ayant déclaré pestilentielle la maladie de François Ier, on transporta le mourant dans une chambre modeste isolée du reste du château, et il ajoutait : Par respect pour la mémoire de ce monarque, on l'a toujours maintenue depuis lors dans l'état où elle se trouvait à sa mort et on y a conservé jusqu'au petit carrelage en usage dans ce temps...

François Ier était mort le 31 mars à une heure de l'après-midi ; le lendemain, les chirurgiens ouvraient son corps qui, renfermé dans un coffre de plomb, prit en grande pompe le chemin de Saint-Denis. On alla, le premier jour, jusqu'au prieuré royal des Hautes-Bruyères, situé à deux lieues et demie de Rambouillet ; le nouveau roi Henri II suivit jusque-là le cercueil de son père qui fut déposé dans l'église du monastère et y séjourna durant quelques jours. Puis le cortège funèbre se remit en route vers la nécropole royale, laissant le cœur du monarque défunt à Hautes-Bruyères, où on l'inhuma sous un pilier de marbre ; il y demeura jusqu'en 1793 ; à cette époque il disparut, sans doute en même temps que l'église qui l'abritait et dont il ne reste plus rien que la façade : c'est aujourd'hui, dans une vaste cour de ferme, une pittoresque construction que surmonte une élégante tourelle juchée en encorbellement à la pointe d'un pignon délabré.

L'événement, en faisant de Rambouillet un lieu historique, ajoutait au renom et à l'importance de son propriétaire ; honoré de l'amitié du feu roi et de la confiance du roi régnant, Jacques d'Angennes, dans l'expectative de nouveaux visiteurs de marque, résolut de moderniser quelque peu son château, insuffisamment logeable dans sa rusticité féodale, et il fit appel à un architecte local, Olivier Ymbert, du bourg de Saint-Léger, au cœur de la forêt. Ymbert, expert en son art, sans rien changer à la silhouette du château, réussit à créer, sous la grande salle du premier étage, dans un rez-de-chaussée presque aussi bas qu'un simple sous-sol, une vaste galerie d'allure monumentale qu'il revêtit de placages de marbres rouges et gris, dans le goût le plus nouveau. Trois profondes fenêtres percées dans les formidables murailles de Jean Bernier éclairaient cette salle qui, depuis 1556, date de sa construction, n'a pas été modifiée et subsiste encore, bien étonnée, sans doute, du singulier mobilier dont on l'a encombrée de nos jours ; l'affligeant anachronisme de ce billard et de ces tables de jeu entrave un peu l'essor de l'imagination qui, dans ce décor intact depuis trois siècles, se plairait à évoquer bien des ombres : c'est dans cette salle que Jacques d'Angennes reçut, en octobre 1559, le jeune François II récemment couronné et sa femme Marie Stuart. Lui a seize ans, elle dix-sept. Ils sont mariés depuis quelques mois ; ils s'adorent. La robe de la charmante reine, — la plus délicieuse femme de son temps, au dire unanime des contemporains, — a frôlé ces panneaux de marbre ; ses beaux yeux ont promené leurs regards sur cette somptueuse décoration, aujourd'hui vermiculée par les ans, mais alors dans toute sa fraîcheur... Un an plus tard, François II sera mort et la petite veuve de dix-huit ans retournera dans son royaume d'Ecosse, allant vers le tragique destin qui lui vaudra l'indulgence et la dévotion de la postérité. Qui sait si, en écrivant ses touchants adieux au plaisant pays de France, elle ne donnait pas un souvenir à son passage à Rambouillet, l'un de ses trop rares jours heureux ?

En décembre 1562, autre roi, autre scène. Ce jour-là, dans cette salle de marbre, à la table de Jacques II d'Angennes, succédant à son père mort récemment, ont pris place la reine mère régente Catherine de Médicis et son fils le petit roi Charles IX, alors âgé de onze ans. Le sire de Brantôme est au nombre des convives ; il a laissé un récit du drame : car une grande bataille est engagée entre catholiques et protestants, à huit lieues de Rambouillet, au delà de la forêt, non loin de Dreux. On attend des nouvelles. La Régente, l'intrigante italienne, est toujours belle à quarante-trois ans, majestueuse, superbement vêtue à son habitude, parlant gras et riant fort ; ses convictions ne la gênent pas ; son ambition seule la guide : elle favorisera le parti vainqueur. Les nouvelles arrivent : elles sont désastreuses pour les catholiques ; le connétable de Montmorency et le duc de Guise, qui les commandent, reculent sous l'effort des reîtres huguenots, entraînés par Coligny et par Louis de Condé : Eh bien ! dit Catherine, d'avance résignée à la défaite des troupes royales, eh bien ! nous entendrons la messe en français ! Mais vers le soir, tôt en décembre, un grand tumulte s'élève dans la cour du château ; la porte de la salle s'ouvre ; le duc de Cuise paraît, exultant : il est vainqueur ! Une masse d'officiers, tout chauds de la bataille, le suivent. Il salue profondément le Roi et la Régente et entame la relation de la sanglante journée : huit mille morts ; Condé prisonnier ; les réformés en déroute. Il raconte bien ; vous eussiez cru qu'on y était, relate Brantôme. Devant le petit roi, Guise trace sur le parquet l'ordonnance du combat et présente ses braves capitaines. La Régente, triomphante, l'entraîne dans son cabinet et lui confie la lieutenance générale du royaume : son parti est pris ; puisqu'ils sont en déroute, guerre sans merci aux protestants. La Ligue était née ; de trente ans le pays ne connaîtra plus le repos et, un soir de mai 1588, le château de Rambouillet verra, au cours de ces désordres, arriver, à la tombée du jour, le roi Henri III, fuyant l'émeute parisienne. Ses conseillers l'avaient pressé de quitter la capitale hérissée de barricades, et le Roi, suivi jusqu'à Trappes par quelques seigneurs, prit les devants et gagna, d'une traite, Rambouillet où il se coucha tout botté ; le châtelain était alors Nicolas d'Angennes, frère de feu Jacques II, décédé en 1568.

Henri III ne fit que passer : au matin il poursuivit sa route, tout courant, et gagna Chartres où il fut avant midi. Dix ans plus tard, Henri IV faisait, à son tour, visite à Nicolas d'Angennes, personnage d'importance qui, naguère vice-roi de Pologne, homme de guerre et diplomate avisé, portait, depuis 1580, le cordon bleu de l'ordre du Saint-Esprit. Les d'Angennes avaient fait du chemin depuis le jour lointain de 1384 où leur ancêtre Regnault acquérait le petit manoir construit par Jean Bernier et, sans doute, ce manoir même n'était-il pas étranger à leur fortune : admirablement situé au cœur des forêts qui prolongeaient les bois des environs de Paris ; bâti en bordure du grand chemin qui menait vers la Touraine, la Guyenne et la Gascogne, il était l'étape obligée entre ces riches provinces et la capitale : c'est ainsi qu'il reçut tant d'hôtes marquants ; qu'il connut le très rare privilège d'héberger tous les rois qui, depuis François Ier, se succédèrent sur le trône de France. Le bourg de Rambouillet profitait, lui aussi, des avantages accordés à ses seigneurs : les paysans et les colporteurs qui, de nos jours, au samedi de chaque semaine, dressent leurs tentes ou déploient leurs grands parapluies sur la place de la ville, ne se doutent pas, probablement, qu'ils sont redevables de cette concession à Henri IV ; c'est lui qui, confirmant par lettres patentes un usage immémorial, sanctionna officiellement ce marché hebdomadaire. Si, à l'autre extrémité de la ville, au jour de saint Lubin, patron de la paroisse, s'installent des tirs et des chevaux de bois, c'est encore le Béarnais que les habitants doivent remercier de ces bruyantes réjouissances. Quand il fut frappé, en 1610, par le couteau du fanatique Ravaillac, Nicolas d'Angennes vivait encore : il décéda octogénaire l'année suivante, laissant son nom et sa famille à leur apogée : ils allaient jeter un dernier éclat avant de disparaître de l'Histoire, et — comme si, par une mystérieuse magie, leur prospérité était liée au château qu'ils possédèrent durant trois cents ans — elle s'éclipsa et disparut dès qu'ils eurent délaissé ce fétiche.