IClovis était devenu, tant par la conquête que par la
confiance de l’Église et des populations gallo-romaines, le maître de la plus
grande partie de Les événements en question ont été rattachés aux années 509 ou 510, et il serait presque impossible de leur trouver une autre place dans le règne si rempli de Clovis. Il convient de les examiner à fond dans leur source unique pour avoir la clef des singularités qu’ils renferment. Mais avant d’entrer dans les détails, je poserai trois considérations préliminaires, portant sur les conditions dans lesquelles se présente à nous l’épisode des meurtres de Clovis. Dans la partie de l’Histoire des Francs qui s’étend de la moitié du second livre au commencement du quatrième, le chroniqueur ne cite point de sources, parce qu’il en manque entièrement et qu’il en est réduit aux traditions : il relate des faits qui ont passé par les bouches d’une ou deux générations et il néglige leurs causes politiques, qui, ordinairement, le préoccupent moins que l’effet littéraire. En second lieu, il est, comme on vient de dire, le seul auteur de qui l’on tienne le récit des perfidies de Clovis, les historiens qui les rapportent comme lui étant postérieurs et l’ayant pris pour guide. D’après cette absence de tout autre témoignage contemporain, on serait tenté de concevoir déjà une résomption dubitative[2] : nous verrons tout à l’heure si les textes peuvent nous fournir autre chose. Loin de nous cependant la pensée d’attribuer à Grégoire de Tours des assertions calomnieuses : on reconnaîtra qu’il n’est nul besoin de recourir à ce système invraisemblable. Enfin, il faut tenir compte non seulement des conditions du déposant, mais de celles du prévenu. Or, les antécédents de Clovis, qu’il est inutile de rappeler présentement, justifieraient peu de pareilles façons d’agir. Ces principes posés, entrons dans l’examen du récit lui-même ; disséquons-le, pour ainsi dire, et après avoir essayé d’en montrer la valeur, nous chercherons à l’éclairer par des lumières empruntées au dehors : c’est-à-dire qu’après avoir fait la part de ce qui n’a pas pu être, nous tâcherons de distinguer ce qui a dû être. Ce récit met en scène des personnages et expose des circonstances ; deux points qui sont à étudier successivement. IIEt d’abord, nous voyons un roi franc à Cologne, un autre à
Cambrai, un autre au Mans, un autre on ne sait où (on l’a supposé à
Thérouanne), les uns et les autres proches parents de Clovis. — Des
textes positifs et que l’on connaît assez nous ont appris que Clodion s’était
emparé de Cambrai, d’Arras et de tout le pays jusqu’à la Somme[3] ; aucun ne nous
dit que lui ou ses successeurs aient perdu ni aliéné ces conquêtes. Le
tombeau de Childéric a été retrouvé, comme l’on sait, à Tournai, et Clovis,
avant d’envahir le domaine de Syagrius, résidait dans la même ville. L’un de
ces princes avait-il donc établi autour de lui d’autres tribus franques ayant
pris part à la conquête ? C’est l’explication qu’on donne généralement.
Mais alors, comment les chefs des Ripuaires ou des autres tribus se
trouvaient-ils les proches de Clovis, chef des Sicambres ou des Saliens[4] ? Suivant la
coutume germanique, chaque tribu se gouverne par des chefs pris dans son
propre sein. Une fusion s’était-elle déjà opérée entre les diverses tribus
sous la conduite des Sicambres ? Alors elles n’avaient plus de
souverains particuliers et indépendants. Chaque tribu, au contraire,
avait-elle conservé son autonomie ? Alors ses chefs n’étaient pas de la
même tribu, ni à plus forte raison de la même famille que le chef de la tribu
voisine. Quelle apparence, en outre, qu’un prince franc soit venu dès lors
s’établir jusqu’au Mans, et que Clovis, en étendant sa domination jusqu’à Mais j’ai tort de m’attacher à ce point du récit ; il se
réfute par son exagération même : Clovis,
est-il dit, fit périr une quantité d’autres rois,
même de ses plus proches parents …… et il étendit ainsi son empire sur toutes
les Gaules[5].
Au compte du narrateur également, la famille de Clovis eût été singulièrement nombreuse, si nombreuse même, que ce prince ne l’aurait pas connue tout entière : car, dit-on, deux lignes après, il se cherchait d’autres parents pour les mettre à mort, dans la crainte qu’ils ne lui enlevassent le royaume. Le roi des Francs, parvenu à l’apogée de ses victoires, désiré par les peuples, aimé par l’Église, aurait donc eu besoin de recourir à des subterfuges pour se débarrasser non seulement d’adversaires insignifiants, mais de compétiteurs possibles et imaginaires ; et à la seule pensée d’un rival, il aurait voué à l’extermination toute sa race. En supposant qu’il eût eu des projets aussi coupables, le degré de développement où en était arrivé son pouvoir exclut l’idée de pareils expédients à l’égard de ceux que Grégoire lui-même appelle ses ennemis[8]. Ainsi, pour tous les personnages que le chroniqueur met en scène, nous ne trouvons pas une grande vraisemblance de situation. Passons aux circonstances du récit. Pendant qu’il séjournait à Paris, le roi Clovis envoya dire secrètement au fils de Sigebert : Voilà que ton père est devenu vieux, et il boite de son pied malade. S’il venait à mourir, son royaume te reviendrait de droit avec notre amitié. L’hérédité de père en fils aurait donc été une loi reconnue dans le soi-disant royaume de Sigebert. Ce qui n’empêche pas qu’un peu plus loin Clovis se propose aux suffrages du peuple entier, et par eux est élu roi[9], sans que l’hérédité soit seulement mise en question[10]. Séduit par cette perspective, le fils médite la mort du père, et saisit le moment où celui-ci, se disposant à une promenade dans la forêt Buconia, s’endort sous sa tente au milieu du jour. Or Clovis, plus loin, raconte au peuple que Sigebert a été tué par son fils en fuyant à travers la forêt, tandis que lui naviguait sur l’Escaut (on a vu tout à l’heure qu’il était à Paris). Serait-ce pour mieux convaincre ses auditeurs qu’il leur expose le fait autrement qu’ils ne l’ont vu se passer, et leur donne à entendre qu’il s’était rapproché à l’avance de Cologne, pour attendre la réussite d’un coup prémédité ? — Mais la mort du fils parait encore plus étrange : il semble que ce Chlodéric avant tué son père, parent de Clovis, celui-ci doive exiger le wergeld, et exercer la vengeance prescrite par les lois germaniques[11]. Au lieu d’user de ce moyen légal et facile, le roi se condamne à employer une ruse grossière. Après la mort de Sigebert, Chlodéric envoie prévenir Clovis, et lui offre une part de ses trésors. Celui-ci fait répondre : Montrez-les seulement à mes gens, et vous garderez tout. L’autre obéit, et les émissaires de Clovis lui disent : Mettez donc la main jusqu’au fond du coffre, afin de trouver tout ! Chlodéric se baisse, et aussitôt un coup de hache lui fend la tête. C’est alors que Clovis, arrivé tout d’un coup de Paris à Cologne, parait comme le deus ex machina, tient au peuple le langage que nous connaissons, en protestant de son innocence, et se fait proclamer roi. En vérité, l’on ne peut s’empêcher de reconnaître, dans cet ensemble de faits, une sorte de légende agencée par le génie populaire avant d’avoir été confiée à l’écriture. C’est ici surtout qu’il faut se rappeler les sujets de vers recherchés du chroniqueur, l’art de mettre en scène et de peindre par le dialogue que M. Thierry lui reconnaît, et les vieux chants nationaux écourtés qu’il distingue dans la galerie mal arrangée de ses tableaux[12]. — On trairait, dit, sous la même impression, M. Ozanam, lire les plus tragiques récits de l’Edda[13]. M. Kries, par un chemin différent, arrive à un sentiment identique, en ce qui concerne la harangue de Clovis : Le nom de Chlodoric, fils de Sigebert, dit-il, est désigné ; tous les deux sont dits parents de Clovis, et celui-ci est donné comme voyageant sur l’Escaut ; toutes choses que Grégoire omet dans la narration qui précède. Nous pensons donc qu’une cause particulière nous a fait parvenir le discours avec ces compléments. Je ne sais trop si Grégoire ne l’a pas trouvé écrit ; à moins qu’on ne veuille le rattacher à quelque légende des Germains[14]. Grégoire de Tours, en effet, a puisé plus d’une fois à cette source. Mais si l’on veut que les détails du discours soient empruntés, ceux de la narration entière sont bien compromis. IIIToutes ces difficultés n’infirment rien, répondent de prétendus défenseurs de Grégoire de Tours, qui, dans les occasions où le texte ne servirait pas les besoins de leur cause, ne s’y attacheraient peut-être pas avec tant d’empressement. En l’absence de contrôle valable, dit M. Bordier, ce n’est nullement entamer les récits de Grégoire que de plaider contre eux les simples vraisemblances[15]. II semblerait, au contraire, que c’est en l’absence de tout autre moyen de vérification que l’invraisemblance et l’impossibilité peuvent prouver quelque chose. Mais passons leur valeur comme argument est affaire d’appréciation. Voici un passage qui, sans offrir une contradiction formelle, ne laisse pas que d’affaiblir l’autorité de la narration examinée ci-dessus. C’est la phrase fameuse qui, dans le texte, vient immédiatement après : Dieu faisait chaque jour tomber ses ennemis sous ses pieds, et augmentait son royaume, parce qu’il marchait devant lui avec un cœur droit, et qu’il faisait ce qui était agréable à ses yeux. C’est de Clovis qu’il est question : on pourrait s’y méprendre. Luden, critique allemand, croit ces mots interpolés. M. Kries, qui le cite [De Greg., etc.], ne peut, dit-il, accéder au même avis, en raison de l’autorité des manuscrits, et il se demande quelle intention a eue le chroniqueur. L’abbé Gorini, nous l’avons vu, cherche à démontrer que la culpabilité de Clovis n’est pas impliquée par le récit précédent[16]. M. Bordier, de son côté, traduit ainsi : Dieu faisait tomber ses ennemis sous ses pieds, afin qu’il marchât avec un cœur droit devant lui[17]. Et il ajoute cette remarque : Il nous semble plus naturel de croire que le latin un peu chancelant du saint évêque aura légèrement dévié du chemin que suivait sa pensée. Par là, M. Bordier me parait errer doublement : il fait un contresens léger mais évident — selon lui, afin que diffère légèrement de parce que et de plus il complique la difficulté. Dieu ferait réussir le crime, afin que le criminel soit encouragé à la vertu ; ce serait un moyen assez détourné. Que le succès du crime soit la récompense de la vertu ou qu’il en soit le chemin, ce sont, à mes yeux du moins, deux propositions inexplicables, au lieu d’une que nous avions précédemment. Depuis la publication de sa traduction de Grégoire de Tours, M. Bordier parait être revenu sur son interprétation. On doit l’en féliciter. Mais fallait-il qu’il la remplaçât par une autre encore plus étrange, quoique moins neuve ? Avant lui déjà, d’autres écrivains ont voulu voir dans cette phrase une oblitération du sens moral chez l’auteur, un excès de condescendance pour un prince catholique, en un mot, une apologie des crimes de Clovis, qu’elle suit comme un corollaire[18]. L’abbé Gorini, malgré son insuccès dans la recherche d’une explication satisfaisante, et malgré son erreur sur le droit germanique (erreur dont M. Guizot est le premier responsable), a très bien fait ressortir l’injustice d’une telle imputation[19]. Mais il faut entendre M. Bordier la renouveler d’une façon plus accentuée encore : Grégoire, en cet endroit, fait
bien nettement l’éloge des coups d’État de Clovis, qui avait usé d’un peu de
fourberie et d’un peu d’arbitraire mêlés d’un peu de sang, mais qui, lui
aussi, avait sauvé la patrie et la religion 1 Annotateurs modernes,
critiques, éditeurs, traducteurs, notre étonnement sur cette phrase célèbre
est vraiment candide !... Au temps de Grégoire, l’Église (qui avait ouvert la
porte aux Barbares) avait pleinement à subir les dures conséquences de ce
qu’elle avait fait. A la somme des maux de Il fallait citer cette page tout entière pour montrer jusqu’où une phrase de notre chroniqueur peut entraîner les adversaires de l’Église. Les éloges décernés à Clovis par Grégoire de Tours, répète à son tour M. Bourquelot, ne sont d’aucune importance en un temps où le sens moral était ainsi oblitéré[21]. Voilà comme s’expriment ceux qui accusent les autres de dénigrer le saint évêque de Tours. En le flétrissant ainsi, ils lui associent l’Église entière, et ils pensent le blanchir en faisant ses contemporains aussi noirs que lui. Voilà comment on parle de cette Église qui arrêta les chefs barbares par le seul aspect de ses pontifes, qui sauva de la barbarie les débris du vieux monde en les recueillant dans son sein, dont le propre fut, alors comme toujours, comme aujourd’hui, de vaincre par la douceur, et dont le rôle salutaire et bienfaisant, dans ces siècles de déchirements et de désastres, a été reconnu par le plus éminent des coreligionnaires de M. Bordier, M. Guizot, ainsi que par le savant Guérard et tous les grands érudits de notre époque. Répondre en détail à ces accusations sortirait de mon cadre : et d’ailleurs des plumes plus autorisées que la mienne l’ont fait. Chacun sait que, si l’Église a parfois approuvé ou conseillé des expéditions guerrières entreprises au profit de la chrétienté, elle n’a jamais étendu la même faveur à un peu de fourberie et d’arbitraire, mêlé d’un peu de sang. Citer cette explication du passage controversé, c’est déjà montrer la valeur qu’elle doit avoir, surtout émanant de ceux qui reprochent à leurs contradicteurs de les combattre avec de vains raisonnements. On parle de la condescendance de Grégoire de Tours pour les princes catholiques. Et cependant, il a jugé Chilpéric, son contemporain, Herménigilde, et d’autres encore, avec un excès de sévérité que tout le monde reconnaît[22]. Cette phrase, devant laquelle personne n’a passé sans stupéfaction et sans une sorte d’impuissance, ne serait-elle pas un indice grave de l’altération du texte primitif, altération dont on rencontre un exemple dans un passage voisin et dans plusieurs autres ? On admettrait difficilement, en effet, que le même homme qui vient de donner un blâme au fils parricide[23], accordât consciencieusement un éloge à celui qui a fait périr et le fils et le père ; d’autant plus que la phrase donne comme ennemis légitimement vaincus les personnages que le récit précédent a représentés comme victimes de la fourberie. Et ceux qui attribuent encore cette contradiction aux accommodements d’une morale facile, n’impriment-ils pas au nom de Grégoire de Tours la plus indélébile flétrissure ? Pour Chararic, que l’on a supposé roi de Il y avait aussi le roi Ragnacaire, à Cambrai [chap. XLII]. Mais lui méritait au moins son sort par les désordres auxquels il se livrait : Il n’épargnait même pas ses proches. Or, ceux-ci étaient aussi les proches de Clovis, si Clovis était proche de Ragnacaire ; de sorte qu’ici encore le roi des Francs, selon le droit que lui conféraient ses coutumes, n’avait qu’à venir réclamer justice, les armes à la main, pour ses parents outragés. Au lieu de cela, il croit devoir s’y prendre, comme tout à l’heure, par la trahison ! Pour séduire les gens de Ragnacaire, il leur fait passer divers objets en or : mais plus tard, lorsque après un faux combat les traîtres ont livré leur maître enchaîné et l’ont vu décapiter, il se trouve que l’or est faux (notez qu’il avait été néanmoins offert en présent à Clovis). Ils vont donc se plaindre à lui, et il leur répond : Cet or est bon pour ceux qui ont livré leur maître à la mort de leur propre gré. De telles paroles seraient ridicules dans la bouche de celui qui a acheté la trahison ; car il sait bien qu’il ne convaincra pas ses complices de son innocence. Qu’il vous suffise de vivre, ajoute-t-il. Et ils s’estiment heureux de cette récompense. Lorsque Ragnacaire est amené à Clovis avec son frère Richaire (sans doute un autre roi peu connu dans l’histoire), le langage de ce prince est également singulier ; il ne trouve pas de meilleurs griefs, pour justifier la condamnation à mort qu’il exécute cette fois lui-même, que de dire à l’un : Pourquoi t’es-tu laissé enchaîner ? et à l’autre : Pourquoi n’as-tu pas secouru ton frère ? Puis, dans toutes ces occasions, Clovis a grand soin d’opérer la saisie des trésors, qui revient, après chacun de ses meurtres, comme un refrain de récits populaires. Un prince qui payait en or faux aurait dû, avec cette rapidité d’action, faire une prompte fortune. Mais il est constant que les premiers mérovingiens furent étrangers à la richesse comme au luxe, et un texte de Grégoire lui-même l’atteste pour Clovis[25]. On conviendra, après cet examen, qu’il y a toute vraisemblance que le chroniqueur ait emprunté de pareilles scènes à des traditions mises en œuvre par l’esprit inventif et commentateur du peuple gaulois, auquel lui-même appartenait ; qu’on se souvienne du violent et profond antagonisme qui régnait entre cette race et la race des Francs, et on trouvera aux détails qui noircissent la mémoire de Clovis, une source plus naturelle que les légendes germaniques ou les tragédies de l’Edda, dont parlent MM. Kries et Ozanam. Mais Grégoire lui-même ne nous répète-t-il pas quatre fois, dans ces pages, le mot fertur : on raconte ? Cet indice est des plus clairs. Il témoigne d’une bonne foi remarquable, mais en même temps d’une incertitude réelle, d’autant plus grande qu’elle est avouée. N’ayant pu contrôler les faits, mais seulement recueillir les on-dit parvenus à ses oreilles, après avoir passé par mille bouches, le chroniqueur se contente de les insérer pour ce qu’ils valent, heureux, du reste, de rencontrer sur son chemin des légendes ou des anecdotes émouvantes, prêtant à la mise en scène, propres à être traduites en vers pompeux, comme le voulait le goût de cette époque de décadence. Toute tradition a néanmoins son fondement, dont elle s’est plus ou moins écartée. Je n’ai prétendu nier que les circonstances, avec les résultats qu’elles impliquent : des faits réels ont dû fournir le canevas sur lequel on a brodé, faits qui n’auront pu parvenir à Grégoire de Tours dans leur intégrité. C’est ce qu’il faut tâcher de démêler. IVLes textes qui peuvent nous renseigner à ce sujet sont rares, comme tous ceux qui ont trait à une époque aussi reculée. Ils nous fournissent des indications de deux sortes : 1° des témoignages sur Clovis ; 2° des éclaircissements sur les faits en question. Parmi les premiers, qui sont relativement en plus grande
abondance, les textes tirés de l’Histoire des Francs auront ici une
force toute particulière, puisqu’ils infirmeront des récits contenus dans
cette même Histoire. Or, on lit dans le Prologue du Livre III, presque
immédiatement après les meurtres de Clovis, un éloge de ce prince portant sur
ce qu’il a confessé Il serait peut-être oiseux d’aller chercher d’autres témoignages
après ces déclarations de l’auteur lui-même. Cependant, pour plus de sûreté,
eu voici quelques-uns : Le roi Clovis, dit Ainsi, dans les documents anciens ou même contemporains, nous ne découvrons nulle trace d’assassinats politiques à la charge de Clovis. Au contraire, il y a trace de calomnies répandues sur son compte, d’une source ou d’une autre, dès le temps de ses fils, et qui pourraient avoir une affinité secrète avec les récits dont Grégoire de Tours a illustré sa chronique : calomnies que l’hostilité des deux races en présence suffirait à expliquer. Mais, sans rien affirmer à cet égard, je me borne à constater que le texte dont je veux parler (lettre écrite par Théodebert à l’empereur Justinien), en voulant justifier Clovis de certaines calomnies arrivées jusqu’au prince byzantin, le loue particulièrement d’avoir gardé à tous une foi inviolable, d’avoir loyalement respecté les alliances contractées, et, dans son ardeur pour la religion chrétienne, d’avoir, loin de ruiner les temples sacrés, relevé au contraire avec plus d’éclat ceux que les païens avaient détruits[32]. Éloges officiels si l’on veut, mais qui toutefois, par la précision des points sur lesquels ils portent, seraient devenus autant d’ironies si Clovis eût réellement et notoirement agi comme le raconte l’Histoire des Francs. — Nous pouvons donc constater non plus seulement que les faits se sont trouvés altérés, mais encore dans quel sens ils l’ont été ; et cette donnée doit nous servir de fil dans notre investigation sur ces mêmes faits. La seconde classe de documents dont j’ai parlé est moins nombreuse. Mais il faut réunir ces indications, les compléter l’une par l’autre, de manière à en faire un tout applicable — au moins en gros — à chacun de ces prétendus rois, dont la fin a eu lieu certainement à la même époque, pour les mêmes motifs et par les mêmes moyens. Écoutons d’abord les graves paroles de La puissance du règne de Clovis fut en butte à des attaques de toutes les sortes ; car la volonté de bien des gens est ainsi faite qu’ils sont avides de changements, et qu’ils cherchent à renverser ou à entraver les établissements nouveaux avant qu’ils soient consolidés. C’est en grand nombre que de tels esprits, convoitant le désordre, se rencontrèrent dans son royaume. Entre autres les habitants de la ville de Verdun ourdirent une défection et une révolte. Le roi Clovis, persuadé qu’en des affaires de ce genre il faut de l’énergie, s’avança avec des troupes pour punir les rebelles. Ceux-ci envoient saint Euspice au-devant de lui pour l’apaiser : tous deux entrent dans la ville, en se tenant par la main ; le roi accorde un pardon complet, et va rendre grâce à Dieu dans la basilique. Puis, après avoir donné deux jours de repos à ses soldats, voulant les emmener pour mettre ordre à d’autres affaires semblables, il se fait suivre par saint Euspice et son neveu Maximin. Et plus loin : Après avoir été régler d’une manière digne les intérêts de son royaume dans les pays et les cités qui le réclamaient, il revient avec eux jusqu’à Orléans, où il leur donne un territoire pour fonder un monastère[33]. Ainsi l’affaire de Verdun ne fut qu’une révolte entre
vingt du même genre que Clovis eut à réprimer. En quittant cette ville, il se
dirigea avec ses troupes contre d’autres rebelles : or, c’était en 510,
précisément à l’époque des faits dont je m’occupe[34], et peu de temps
avant le concile d’Orléans, qui eut lieu, selon toute apparence, durant le
séjour du roi mentionné ici. Quelles sont toutes ces révoltes ? Nous
n’en savons rien. Mais Clovis avait laissé pour la garde de Cambrai Ragnacaire, son cousin ou son neveu… Un jour que le roi revenait, ce Ragnacaire, enflé d’un orgueil criminel, viola sa foi et refusa l’entrée de la ville. Par l’obscénité de ses mœurs et son insolence, il s’était attiré la haine des Francs. Ceux-ci, ne pouvant plus le supporter, cherchent des moyens de hâter sa mort, et font connaître au roi Clovis ce qui en est. Chose surprenante, et d’une grande portée non seulement pour le point que j’examine, mais pour l’Histoire des Francs tout entière, Baldéric a connu cette Histoire ; il s’en sert ; il la cite avant et après le passage que je viens de transcrire ; bien plus, l’indication qu’il nous donne, il l’a puisée, s’il faut l’en croire, dans le texte de Grégoire de Tours[36] ! Ainsi le texte que nous possédons aurait été altéré et dénaturé assez gravement, fait qui n’offre rien d’invraisemblable, puisqu’il s’est reproduit souvent. — Bien que les manuscrits les plus anciens contiennent ce récit tel qu’il est reproduit dans les diverses éditions, la responsabilité de Grégoire se trouverait en quelque sorte dégagée ici, et ce passage n’aurait plus de garantie certaine. Les premiers manuscrits qu’on possède de l’Histoire des Francs, par ordre d’ancienneté, sont postérieurs à l’auteur d’un demi-siècle au moins, et l’on sait que, dans de pareils temps, un moindre intervalle suffisait pour que des textes fussent altérés par les copistes[37]. Mais supposât-on que Baldéric ait cité à tort l’Histoire des Francs, le témoignage de cet écrivain n’en serait pas moins précieux ; car, bien qu’il vécût au XIe siècle, il avait l’avantage d’être sur le théâtre des faits et à même de recueillir tous les renseignements locaux. Chanoine de Cambrai, il devint plus tard évêque de Noyon et de Tournai ; et son autorité est appuyée par une charte de Gérard II, évêque de Cambrai, qui parle de lui en ces termes : C’est un homme savant, et versé surtout dans ce qui concerne le pays des Morins, comme sa chronique l’a montré[38]. Aimoin, chroniqueur du Xe siècle, qui s’est également servi de l’Histoire des Francs, se rapproche de Baldéric, et semble, lui aussi, avoir lu un texte différent du nôtre, ou bien avoir possédé sur Ragnacaire d’autres données que celles qu’il a puisées dans Grégoire de Tours : Clovis, dit-il, marcha contre un certain chef[39] nommé Ragnacaire, résidant à Cambrai, qui lui était lié par le sang, mais qui par sa corruption lui était devenu hostile[40]. Et cette qualification de duo, il l’emploie avec intention à l’égard de Ragnacaire, puisqu’il laisse celle de rex à Sigebert de Cologne ; à moins qu’il n’attribue aux deux termes le sens vague, usité plus anciennement, de haut dignitaire ou de personnage du sang royal. Ce témoignage est bien postérieur aux faits, j’en
conviens. Mais Ainsi, nous pouvons déjà dégager de ce qui précède quelques éclaircissements, reposant à tout le moins sur de fortes probabilités : 1° Ragnacaire n’était pas un roi dans l’acception propre du mot, mais un subordonné à titre quelconque ; il n’avait pas un royaume indépendant, mais un commandement plus ou moins élevé et la garde d’une ville, qu’il voulut ériger en souveraineté par la révolte[42]. 2° Clovis n’a point excité les gens de Ragnacaire à la trahison par l’appât de l’or : il a légalement puni de mort un coupable, devenu odieux même aux siens et livré par eux à un juste châtiment. 3° La félonie et l’usurpation de Ragnacaire se compliquaient encore, si l’on admet ce point du récit de Grégoire de Tours, d’outrages envers ses proches ; outrages dont Clovis, s’il était parent lui-même, devait demander compte, selon le droit germain. Faut-il, maintenant, étendre à Chararic et à Sigebert — en
gros, bien entendu — ce qui est le fait de Ragnacaire ? Pour en juger,
outre la coïncidence d’époque qui associe la fin de ces divers
personnages ; outre la ressemblance de leur situation, même dans l’Histoire
des Francs, où ils sont tous appelés ennemis de Clovis ; outre le
grand nombre de révoltes que ce prince, suivant Sigebert, ainsi qu’on l’a vu, avait combattu à Tolbiac dans les rangs de Clovis, et ce dernier nous est montré à ce moment, non pas, selon la conjecture assez gratuite de M. de Pétigny[43], comme secourant le roi des Ripuaires , mais bien comme défendant son propre territoire[44]. Chlodéric, le fils de Sigebert, s’était trouvé à Vouillé dans la même condition que son père à Tolbiac (et il est à remarquer que le chroniqueur ne les donne ni l’un ni l’autre pour des rois dans ces circonstances). Chararic, de son côté, avait dû combattre contre Syagrius, et Clovis avait à le punir de n’avoir pas combattu[45]. Il est donc visible qu’ils étaient aussi non des alliés, mais des subalternes appelés par leur chef. Or n’a-t-on pas vu plus d’une fois, dans ces temps de justice sommaire, des coupables exécutés pour des griefs moins nombreux et moins fondés que ceux qui viennent d’être reconnus à la charge de ces rebelles ? Ce n’est pas tout cependant : à ces griefs s’en joignait un d’un ordre différent, qui, aux yeux de Clovis, ne devait pas être une aggravation médiocre, et dont plusieurs textes, aussi anciens que précis, nous permettent de constater l’existence. VLes païens opiniâtres se concentrèrent de l’autre côté de Il est constant que le roi, vers le même temps, fut obligé
de faire évangéliser à nouveau toute cette région, et qu’il y envoya de
nombreux missionnaires, notamment saint Vast, qui avait été son catéchiste et
un des principaux auteurs de sa conversion. Saint Vast, ou Védastus, se
rendit à Arras, où il trouva l’église encore souillée par les païens. De là
il fut envoyé à Cambrai, vraisemblablement après la mort de Ragnacaire, et il
occupa simultanément le siège épiscopal des deux villes[50]. Saint Remi prit
lui-même la part la plus active à ces missions ; il en fut l’âme et le
directeur. C’est par lui que saint Antimond fut chargé de prêcher dans Ce fut cette grave occupation qui le retint loin d’Orléans
lorsque le concile de 511 y fut convoqué par le roi d’après son conseil ;
et c’est la seule manière d’expliquer son absence de cette importante
assemblée, où furent réglées des questions d’un intérêt majeur, qu’il n’eût
point manqué de traiter, si l’évangélisation du nord de La préface d’une ancienne messe de saint Remi loue cet
illustre pontife de n’avoir pas redouté, dans ses prédications, la pourpre
des rois ni les privations de toute espèce[52]. Ne faudrait-il
pas voir dans ces mots une allusion aux travaux apostoliques dont nous
parlons, et à ces personnages, appelés à tort des rois, qui entravaient la
diffusion de la foi chrétienne ? Le paganisme et les superstitions avaient
tellement pris racine sur les bords de Ainsi Clovis n’avait pas seulement puni des rebelles : il avait étouffé le foyer de la résistance opposée à la propagation du christianisme dont il s’était fait le fervent disciple. Quelle force n’acquièrent pas, avec cette explication, les témoignages recueillis plus haut sur son compte ! La vigueur de la justice, le zèle de la religion, la restauration des églises détruites par les païens deviennent au tant d’allusions aux événements qui viennent d’être examinés. Il faut y joindre encore celle que renferme la lettre écrite par saint Remi lui-même à ses suffragants, où il dit que ce prince a non seulement prêché, mais encore défendu la foi catholique[54]. Les obstacles suscités aux missionnaires chrétiens constituaient une lésion des intérêts populaires autant que du pouvoir royal : c’était la force brutale détruisant les conquêtes pacifiques de la parole. Et quand on voit ces fidèles chassés, ces églises ruinées ou profanées, la barbarie renouvelée dans tout un pays, peut-on prétendre que le roi des Francs fut l’agresseur ? Peut-on lui reprocher d’avoir mis un terme à un pareil état de choses, quand cette conduite s’accordait avec le soin d’une vengeance légitime alors, avec celui du rétablissement de son autorité violée, ou, si l’on veut, de son agrandissement ? Ici comme dans la plupart de ses guerres, Clovis unit sa cause à la cause de la défense des populations : c’était une habilité sans doute ; mais était-ce un crime ? Comme à Vouillé, il délivrait ses coreligionnaires d’un joug odieux ou d’une impuissance intolérable. Dans ces événements, il apparaît comme Charlemagne avec les Saxons, réprimant, civilisant et christianisant à la fois. VILes éclaircissements qui précèdent établissent d’une manière générale la nature des prétendus assassinats politiques de Clovis. Sans doute ces actes ont été accompagnés de particularités qu’il est regrettable de ne pouvoir connaître ; mais au moins en sait-on suffisamment pour juger qu’elles ont dû différer de celles que raconte l’Histoire des Francs. Le fond du récit de cette chronique et même plusieurs détails ne sont pas en désaccord avec l’ensemble des notions réunies ci-dessus. Les textes dont je me suis fait un appui sont, dit-on, d’une autorité moindre que celle de Grégoire de Tours, et postérieurs au sien. Mais, on l’a vu, quelques-uns sont aussi anciens ou même plus anciens que lui ; et quant aux autres, ils ont encore une antiquité respectable. Doit-on les récuser tous en faveur d’un seul ? Et si Grégoire de Tours est l’unique historien qui soit rapproché des faits (non pas, en tout cas, l’unique source historique de l’époque), son témoignage a-t-il, pour ce motif unique, un poids plus considérable dans la balance? Au contraire, la rareté des témoins rend ordinairement la déposition moins sûre. On me reprochera aussi de n’avoir pas compté, dans les raisonnements qui précèdent, avec les mœurs franques et le caractère des chefs barbares. Je répondrai d’abord par un axiome : Ce sont les faits qui doivent former nos appréciations sur telle époque ou tel individu, et non ces appréciations qui doivent nous faire préjuger des faits. Or, les actes imputés à Clovis ont contribué largement à former l’opinion sur son époque. Il ne faut pas qu’à son tour cette opinion vienne réagir sur ces actes en leur prêtant de la vraisemblance. On a, du reste, généralement exagéré la barbarie des Francs. Il y aurait de longues pages à consacrer à cette question. Les Francs avaient des rapports de longue date avec les Gallo-Romains, dont une partie souhaitait d’amour leur domination[55] ; ils avaient depuis longtemps leur code salique ; le christianisme, quoique récent parmi eux, avait encore adouci leurs mœurs, et son influence se faisait sentir sur le peuple comme sur le roi. Les textes ne manqueraient pas pour prouver que l’on s’est créé sur la société d’alors des idées trop absolues. Je n’en veux citer qu’un seul ; il est d’un historien étranger il est vrai, mais d’autant moins suspect de partialité, qui écrivait vers le milieu du VIe siècle : Les Francs, dit Agathias, ne sont pas rustiques comme les autres barbares ; ils sont pleins d’urbanité et policés comme les Romains… Tous sont chrétiens, et ont sur Dieu des notions parfaites. Ils ont dans les villes des magistrats et des prêtres…, et ils ne me paraissent différer de nous que par leur vêtement barbare et leur langue native. Ce qui me frappe surtout d’admiration, parmi les qualités qui les distinguent, c’est la justice et la concorde qu’ils observent entre eux… Leurs princes sont, lorsqu’il le faut, pacifiques et faciles. C’est pourquoi ils vivent avec une autorité assurée, défendant leurs possessions, ne perdant rien, mais plutôt acquérant[56]. Ces dernières paroles sembleraient venir encore à l’appui des explications données plus haut. En résumé, n’admit-on point, malgré tout, que les faits se soient passés comme je l’ai imparfaitement indiqué, il sera difficile d’admettre davantage qu’ils se soient passés conformément aux récits recueillis par Grégoire de Tours. On ne saurait certainement accuser le chroniqueur de malveillance : outre sa droiture naturelle, les divers jugements qu’il a formulés sur Clovis excluent toute supposition de ce genre. Mais ne le voit-on pas ailleurs ajouter bout à bout des fragments de divers écrits, sans s’attacher à leur liaison ou à leur concordance ? Il est naturel qu’il en ait usé de même, sans penser à mal, pour les fragments qu’il emprunte à des traditions amplifiées par le génie populaire. Sa responsabilité, d’ailleurs, semble en partie couverte par les altérations probables du texte. Après tout, était-il obligé de mesurer les conséquences que pourraient avoir ses narrations dans les mains des commentateurs modernes ? A. LECOY DE
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[1] Voir notamment les ouvrages de MM. Michelet, Guizot, Ampère, Fauriel, etc. L’abbé Gorini (Défense de l’Église, t. I, p. 290 et suiv.) a essayé déjà de rectifier quelques erreurs sur ce point : mais, se bornant à opposer les uns aux autres, pour les réfuter, les travaux de seconde main, il n’a pas porté la discussion sur l’autorité des textes originaux, et cherchant à prouver que la narration de l’Histoire des Francs, telle qu’elle est, n’impliquait pas la culpabilité de Clovis, il pouvait difficilement réussir.
[2] Grégoire de Tours est le seul annaliste de son siècle. Mais il existe pour cette époque, en dehors des chroniques, des matériaux historiques d’une grande valeur, tels que des lettres de différents personnages, des vies de saints, des diplômes, etc.
[3] Grégoire lui-même l’a indiqué plus haut (Liv. II, chap. IX).
[4] Les termes excluent l’idée d’alliés de famille : parentes, propinqui, parentes sui primi.
[5] Interfertis et aliis multis regibus, etc., chap. XLII.
[6] Id est, qui Romani imperii nomine in Galliâ prœerat. (Acta Sanctorum, Commentaire sur la vie de saint Remi, 1er octobre, p. 76.)
[7] V. l’édition de MM. Guadet et Taranne, t. I, p. 367.
[8] Hostes. Ch. XL.
[9] Si videtur acceptum, convertimini ad me … Illi super se regem constituunt. Ch. XL.
[10] Je sais bien que le droit héréditaire appartenait à tous les membres de la famille, et que l’élection se combinait jusqu’à un certain point avec l’hérédité, à l’origine de la royauté franque. Mais nous avons vu comment Clovis pouvait être parent. Et d’ailleurs, d’après le premier passage, l’hérédité ; d’après le deuxième, l’élection, suffiraient l’une sans l’autre.
[11]
M. Bordier fait remarquer avec raison que cette coutume germanique n’était pas le droit pour chaque homme de se faire justice à soi-même,
comme l’abbé Gorini l’induit d’une fausse interprétation de M. Guizot. Mais il
reconnaît que le Franc avait la faculté légale de venger
la mort d’un parent par celle du meurtrier. (Correspondance Littéraire, n° du
[12] Préface des Temps mérovingiens.
[13] Les Germains, t. I, p. 133.
[14] De Gregorii vitâ et scriptis, Breslau, 1839, p. 50 et suiv.
[15] Traduction de Grégoire de Tours, t. II, appendice.
[16] Déf. de l’Église, t. I, p. 290 et suiv.
[17] Traduction de Grégoire de Tours, t. I, p. 103.
[18] V. les ouvrages de MM. Michelet, Ampère, Fauriel, etc.
[19] Déf. de d’Église, t. I, p. 287 et suiv.
[20]
Correspondance littéraire,
[21]
Cours professé à l’École des Chartes, en
[22] Liv. V, passim.
[23] Ille indignus incurrit.
[24] V. plus loin. Bordier l’admet lui-même. On peut consulter aussi les Études sur les institutions mérovingiennes, de M. de Pétigny, t. II.
[25] Histoire des Francs, liv. V, prologue.
[26] Ou bien : les peuples de ses pères (patrias gentes).
[27] V. Hist. des Francs, l. III, ch. VII.
[28] Ou saint Mesmin, abbé de Mici, prés d’Orléans. V. D. Bouquet, t. III, p. 393.
[29] D. Bouquet, t. III, p. 40.
[30] V. la lettre des évêques, en tête des actes de ce concile.
[31]
Acta SS., Febr., III, p. 190. — V.
encore
[32] D. Bouquet, t. IV, p. 58. On a cru que cette lettre parlait, de Thierry. Du Bos est de l’avis contraire, et, en effet, les traits qu’elle renferme ne sont applicables qu’à Clovis.
[33] V. D. Bouquet et Mabillon, Ann., t. I, p. 582. — Nous avons l’acte de cette fondation de l’abbaye de S. Mesmin : c’est encore un des monuments les plus précieux de l’esprit de Clovis. Spicileg., t. V.
[34] On a placé aussi l’expédition de Verdun à une autre date, vers le commencement du règne de Clovis. Mais on voit par le travail de M. de Pétigny (Études mérovingiennes, t. II) qu’il faut s’arrêter à celle-ci. Aimoin raconte également cette révolte, liv. I, chap. XVI.
[35] Publiée par M. Leglay en 1834, p. 10.
[36] Ejusdem historias textes indicat, etc. Ibid.
[37] Des manuscrits de Fortunat furent altérés même de son vivant, au VIe siècle. V. les Livres des Miracles, de Grégoire de Tours, Éd. Bordier.
[38] Datum Camer… an. 1082. Voyez l’édition de M. Leglay.
[39] Quemdam ducem.
[40] Aimoin, I, 22. La suite de l’histoire est aussi racontée un peu différemment.
[41] Acta SS. Octob., I, 149.
[42] Aimoin dit encore que le frère de Ragnacaire, au Mans, fait condamné par Clovis, comme étant celui qui convoitait le plus sa puissance (I, 25). Cela indiquerait une sorte de conspiration. V. un exemple du même genre dans l’épisode de Mundéric (Hist. des Francs, III, 14).
[43] Etudes Mérovingiennes, t. II, p. 563.
[44] Chlodovechi seditionibus subdunt… Ille coarctato populo cum pace regressus, etc.
[45] Histoire des Francs, II, 41.
[46] Cf. Vie de saint Remi, Acta SS. Oct., I, 146 ; et Grégoire de Tours, Hist. des Francs, II, ch. XXXI.
[47] V. sur ce point les détails donnés par M. de Pétigny, Etudes mérovingiennes, t. II, p. 563, 569, etc.
[48] Acta SS. Oct., I, 98.
[49] V. Lecointe, Annales, t. I, p. 271. Grégoire de Tours nous fournit un exemple semblable d’interruption des fonctions épiscopales à cause des païens, à Tours même, après la mort de saint Martin. Liv. I, chap. XLIII.
[50] Acta SS. Oct., I, 98. V. aussi Baldéric, Chronique de Cambrai et d’Arras, I, 4.
[51] Acta SS. Oct., I, 98, 99, et Sept., II, 3.
[52] In sua prœdicatione nec regum purpuras metuit, nec cunctarum rerum egestatem… Acta SS. Oct., I, 94.
[53] V. les vies de ces différents saints dans les Bollandistes, aux 1er avril, 19 avril, 2 mai, etc.
[54] Non solùm prœdicator catholicœ fidei, sed defensor.
[55] Histoire des Francs, II, ch. XXXVI.
[56] V. D. Bouquet, t. II, p, 47.