HISTOIRE DE LA RÉGENCE PENDANT LA MINORITÉ DE LOUIS XV

TOME TROISIÈME

 

CHAPITRE XLIX. — La Triple-Alliance de Madrid (27 mars-18 juillet 1721).

 

 

Satisfaction à propos du traité. — Situation de l’Angleterre. — Elle apprend le traité de Madrid. — Conseils du Régent à Philippe V. — Dubois travaille à la Triple Alliance. — Condescendance pour les Anglais. — Leurs exigences non satisfaites. — Lettre de Georges Ier. — Ineptie de Maulévrier. — Blâme de Dubois. — Responsabilités de Dubois. — Signature du traité. — Désespoir de Maulévrier. — Ratifications. — Paix du Nord.

 

Satisfaction à propos du traité

Les signatures échangées, on se félicita ; « ce furent, dit Chavigny, des effusions de cœur illimitées ». Mornay écrivit à Dubois d’une main défaillante : Notre traité est signé, sans changer un mot au projet que vous nous aviez envoyé[1]. » Jusqu’au dernier moment, il avait surveillé Maulévrier, maintenant il pouvait regagner la France où la mort le guettait[2]. Maulévrier recueillit l’honneur du succès, prit figure de diplomate, fut plus choyé que jamais à Madrid : le P. Daubenton eut la promesse du cardinalat[3] et Dubois également ce « dont il fut, dit-il, aussi touché que si S.M.C. l’avait fait pape[4]. » Grimaldo se tint pour satisfait avec un portrait de Louis XV entouré de diamants et un présent de trente mille livres de diamants à sa femme[5] ; quant aux commis inférieurs ils tendirent les mains sans fausse honte. Tous furent satisfaits. Le Régent affectait de ne l’être pas moins et protestait de sa tendresse pour le ménage royal qui lui exprimait les mêmes sentiments ; mais la haine perçait à travers les protestations qu’un prince fourbe et un prince scrupuleux s’adressaient sans y croire. Dubois exultait. La conclusion de cette alliance rendait son prestige sans pareil et son pouvoir inébranlable. Cette complète réussite lui rappelait ses succès de Hanovre et de Londres et soulevait en lui la même joie à laquelle il s’efforçait de donner une forme patriotique, parlant de ces « liaisons qui ne doivent jamais finir et être la source du bonheur des deux monarchies ; ...carrière ouverte pour de bonnes et grandes choses[6] ». Mais le vrai motif de cette satisfaction c’était d’avoir réussi cette gageure : faire taire la « vieille Cour » en s’alliant à l’Espagne sans se brouiller avec l’Angleterre. « Il faut que je me tâte pour reconnaître si je suis ministre d’Espagne ou de France » disait-il[7] ; et Fontenelle, pince-sans-rire déguisé en flatteur, le lui répéterait en public : « Vous êtes un ministre de toutes les cours ? »

 

Situation de l’Angleterre

En se mettant au service de l’Espagne, Dubois n’avait pas renoncé à faire les affaires de l’Angleterre, mais il ne tarderait pas à heurter l’obstacle qu’il avait dressé de ses propres mains, et à sentir tout ce que pèse l’amitié des Anglais. Ceux-ci ayant pénétré nos négociations, il fallut résilier le traité du 27 mars, auquel ils ne trouvaient pas leur compte, et en conclure un nouveau entre les trois, puissances, où tout fut sacrifié à l’intérêt de la Grande-Bretagne. Celle-ci continuait à traverser de pénibles oppositions. Le 31 décembre 1720, la princesse Sobieska avait donné au Prétendant un fils à qui les fidèles imposèrent le titre de prince de Galles. Afin qu’on ne pût contester sa naissance comme celle de son père, le pape Clément XI envoya sept cardinaux présider aux couches de la princesse ; pour plus de sécurité on leur adjoignit deux évêques et deux protonotaires apostoliques. Tout ce déploiement de purpurati ne changeait rien ù l’illégitimité prétendue de celui qui se disait Jacques III, mais cette naissance entretenait ou réveillait le sentiment papiste et jacobite en Angleterre, intéressait tous les adversaires du gouvernement qui eussent donné Stuarts et Hanovres pour un roast-beef, mais qui étaient enchantés de pouvoir toujours opposer une dynastie à la famille régnante[8]. Cette contrariété survenait à l’issue d’une crise de folie financière, analogue à celle du Système, provoquée par la catastrophe de la Compagnie de la mer du Sud. Toutes les classes de la société avaient été agitées par cette frénésie et le 19 décembre, en faisant l’ouverture du Parlement, le roi Georges ne put que se borner à souhaiter un remède au désastre. A la Chambre des Communes la discussion s’enflamma et mit le feu à toutes les passions malsaines, à toutes les accusations infamantes. Lord Stanhope, à la suite d’une discussion à la Chambre des Lords, fut frappé d’une congestion cérébrale et expira le lendemain (16 février). James Craggs secrétaire d’État disparut dix jours plus tard (27 février). Le Roi les remplaça par lord Townshend et lord Carteret qui s’empressèrent de faire savoir au gouvernement français qu’ils adoptaient les vues de Stanhope sur l’alliance avec l’Espagne. Stanhope, en effet, ne croyait pas que l’alliance franco-espagnole pût devenir de longtemps assez intime pour porter ombrage à l’Angleterre[9].

 

Elle apprend le traité de Madrid

Dubois, de son coté, était déterminé à ne rien négliger pour introduire l'Angleterre dans cet embryon d’alliance conclue le 27 mars. C’était d’ailleurs la carte forcée ; il connaissait assez les Anglais pour savoir qu’ils ne supporteraient pas la conclusion d’un traité séparé qui ne stipulerait pas à leur avantage. Malgré les recommandations de Dubois à ses agents de « finir l'affaire avec un grand secret, surtout à l’égard du ministre d’Angleterre[10] », le secret avait été pénétré en partie. On avait appris par le roi de Sardaigne les négociations de lord Peterborough avec Chavigny et les Farnèse[11] et aussitôt le cabinet anglais s’était abouché avec le ministre de Parme, Gazzola. Stanhope avait été prévenu par la France, il ne songeait qu’à la devancer : « Parlons d’abord d’une paix particulière entre l’Angleterre et la France, disait Stanhope à Destouches, nous songerons à la France après[12]. » L’unique moyen de ne pas être traités en parents pauvres, c’était de solliciter l’Angleterre d’entrer dans l’alliance conclue à Madrid.

 

Conseils du Régent à Philippe V

Dès le lendemain de l’échange des signatures, Grimaldo remit à Maulévrier un mémoire sur les offres de Georges Ier. C’était une offre formelle d’alliance que ne devait pas retarder la rétrocession de Gibraltar, laquelle aurait lieu dès que l’attitude du Parlement n’y mettrait plus obstacle. Philippe V avait cru à la promesse de Stanhope et Stanhope venait de mourir ; devait-il croire à la parole de Georges Ier ? Il fit consulter le Régent. La réponse ne pouvait être douteuse. Le duc d’Orléans se porta fort de la loyauté et de la sincérité du Hanovrien qu’une difficulté passagère empêchait seule de livrer Gibraltar. Sans plus attendre l’heure opportune, l’habileté suprême consisterait à signer le traité d’alliance afin d'empêcher Georges Ier de rentrer dans ses anciennes liaisons et de le rendre favorable à l’établissement des Infants dans les duchés Italiens. Mais l’Angleterre avait souhaité agir seule à l’exclusion de la France ; le Régent ne l’entendait pas ainsi et la disparition de Stanhope et de Craggs avait fait place à un ministère bigarré, difficile à connaître et sur lequel il eut été imprudent de compter. « Il faut être circonspect avec le nouveau ministère, écrivait Dubois à Destouches, et jeter les yeux de plusieurs côtés[13]. » Le Régent fit répondre à Grimaldo que pour la sûreté des liaisons proposées par l’Angleterre, il fallait que la France y intervînt. Si l’Angleterre n’y voulait pas insérer les avantages particuliers accordés par le Roi Catholique à la, nation anglaise, ce point pouvait faire l’objet d’un article séparé entre l’Espagne et l’Angleterre. Si le colonel Stanhope persistait dans ses offres, le plus sûr et le plus simple serait de lui proposer la transformation du traité franco-espagnol en triple alliance défensive. Pour l’affaire de Gibraltar, le roi de la Grande-Bretagne ne pouvait prendre un engagement écrit sans s’exposer à des risques si graves qu’il semblait impossible de les lui laisser entrevoir sans paraître faire peu de cas de son trône et peut-être de sa vie. La connaissance ou le seul soupçon d’un tel écrit jetterait d’ailleurs la nation anglaise, agitée comme elle l’était, dans des extrémités qui mettraient fin à tout espoir, de recouvrer la forteresse fameuse[14].

 

Dubois travaille à sa Triple-Alliance

Au moment où il adressait cette réponse à Madrid, Dubois sondait le cabinet de Londres sur le projet de Triple Alliance[15] Georges Ier en référa à ses ministres qui s’y montrèrent défavorables par défiance au moins autant que par inintelligence. Ils demandaient « qu’on en livrât au ministère anglais le secret, lequel serait bien gardé et la négociation marcherait vite ensuite à Londres[16]. » Dubois ne voulait rien livrer, ni son secret, ni l’aveu de son traité avec l’Espagne, il feignit de croire que les propositions devaient venir de Madrid. A Madrid on n’y était pas disposé depuis qu’on avait entendu le colonel Stanhope s'écrier que l’Angleterre, plutôt que de rendre Gibraltar, ferait à l’Espagne une guerre de dix ans en Amérique[17]. Puisque nulle part on ne paraissait entendre ses insinuations, Dubois jugea nécessaire de s’expliquer clairement. Avec les ratifications du traité du 27 mars, il adressa à Madrid le plan de Triple-Alliance[18].

« L’Empereur, disait-il, travaille à regagner l’Angleterre : c’est le vaincre une première fois et préparer une nouvelle victoire que de ramener le plus tôt possible les Anglais. L’Espagne en a les moyens : il lui suffit de se montrer conciliante sur l’article de Gibraltar et du commerce anglais. A défaut d’une lettre de Georges Ier, promise par Stanhope que les nouveaux ministres n’accorderaient plus, Philippe V pourrait se contenter d’une garantie formelle fournie par le Régent qui ne s’y refusait point.

Il devrait consentir du même coup au rétablissement de l’Assiento et du vaisseau annuel. Peut-être les Anglais réclameraient- ils encore des profits plus étendus, les bénéfices des traités commerciaux de 1715 et 1716. Pour leur en ôter le prétexte, le Régent était prêt à renoncer aux avantages du même genre d’abord réclamés par les François. C’était la dernière concession qu’il tenait en réserve pour convaincre son neveu de ses bonnes intentions. » Suivant sa méthode constante, Dubois se montrait magnifique aux dépens de la France. Afin de décider les cosignataires de la nouvelle Triple-Alliance, il abandonnait à l’Angleterre le commerce de l’Amérique ; à l’Espagne, il restituait la pleine liberté de sa vie commerciale ; à la France, il ne réservait rien. A ce prix, personne ne s’opposait à ce que le traité du 27 mars ne devînt, dans ses lignes essentielles, le traité de la Triple-Alliance. Il suffirait d’y ajouter un traité particulier franco-britannique pour les conditions commerciales et on ferait le silence sur une convention dont l’Angleterre n’aurait rien su sinon par les profits qu’elle en retirait.

 

Condescendance pour les Anglais

Trois jours après, Dubois chargea Destouches de remettre à Londres les articles publics de cette convention comme un projet nouveau de Triple-Alliance[19] (10 mai 1721). Tout y était prévu pour plaire aux Anglais ; tandis que Gibraltar et les duchés italiens étaient passés sous silence, les avantages commerciaux consentis à l’Angleterre étaient détaillés[20]. Au temps du ministère Stanhope le consentement eût été donné à l’instant, mais lord Townshend devait au souvenir de ses années d’opposition et à ses amis de tenir une conduite différente. Sunderland et Schaub l'y encourageaient, lord Carteret, fidèle à la politique de lord Stanhope, encourageait le roi Georges à prendre des décisions. Le 10 mai, cédant à la demande du colonel Stanhope, il écrivit de sa main une lettre adressée à Philippe V portant la promesse de lui rendre Gibraltar moyennant un équivalent ; en outre un courrier portait, avec cette lettre, l’ordre de travailler à la conclusion du traité d’alliance[21].

 

Leurs exigences non satisfaites

On pouvait le croire désormais en bonne voie ; il n’en était rien. Townshend ergotait, contestait et finalement refusait les plus solides avantages, alors pour mettre un terme à ses chicanes, Georges Ier ajouta de son crû, au traité, cette condition imprévue : « En cas de rupture avec l’Empereur, les puissances contractantes s’engageaient à n’attaquer jamais les Pays-Bas catholiques[22]. » Ce qui formera la Belgique actuelle était promu au rang de glacis du royaume britannique, terre intangible où on consentait à laisser l’Empereur s’établir, mais où la France ne devait pas pénétrer. Au premier mot que Destouches en risqua à Dubois, celui-ci bondit, protesta, refusa tout net. Schaub survint tout exprès pour le convaincre de cette concession, il n’obtint rien. Ce n’est pas qu’un tardif retour de patriotisme lui rendit odieux le sacrifice demandé ; il eut consenti celui-ci après tant d’autres s’il n’avait compris à temps qu’il s’agissait d’« une trahison véritable, presque un crime, la gloire du Roi, celle du Régent et le bien du royaume ne permettant pas un pareil engagement[23] ». Les Anglais revinrent à la charge : « Qu’on dise seulement qu’on n’attaquera les Pays-Bas qu’après en être convenu réciproquement[24]. » Cette clause fut encore rejetée. En dernier lieu, les Anglais offrirent au duc d’Orléans, en cas de guerre, « la souveraineté des Pays-Bas s’il consentait à ne les jamais céder à la France[25] ». Nouveau refus.

 

Lettre de Georges Ier

Le colonel Stanhope, à Madrid, avait reçu la lettre du roi Georges, mais ne s’en montrait pas plus accommodant. Il fallut que Georges Ier Robin remplit le rôle de médiateur et suppléât à l’incapacité de Maulévrier. Stanhope demandait le rétablissement des traités de commerce de décembre 1716 et de mai 1716, mais Grimaldo n’accordait que le vaisseau annuel et le renouvellement de l’Assiento. Philippe V était en possession de la lettre du roi Georges et y trouvait à reprendre. Elle était ainsi conçue : « Puisque par la confiance que V. M. veut bien me témoigner, je puis regarder les traités qui ont été en question entre nous comme rétablis, et dès qu’en conformité toutes les pièces nécessaires au commerce de nos sujets auront été extradées, je ne balance plus à assurer Votre Majesté de ma disposition à vous satisfaire en ce qui regarde la restitution de Gibraltar, sur le fondement d’un équivalent, vous promettant de saisir la première occasion favorable de régler cet article avec le consentement de mon Parlement[26]. »

 

Ineptie de Maulévrier

Cependant, sur les instances de la France, Philippe V avait ineptie de accordé aux Anglais, outre le traité d’Assiento, le rétablissement au des traités de commerce de 1716 et 1716. En échange du rocher solitaire, inculte et onéreux de Gibraltar, l’Angleterre eût consenti peut-être à accepter la Floride ou Saint-Domingue. Maulévrier parvint à convaincre le colonel Stanhope que le rétablissement des traités de 1715 et 1716 constituait l’équivalent réclamé par Georges Ier. Stanhope y consentit et sollicita une nouvelle lettre du Roi[27]. On était d’accord et rien ne semblait plus devoir s’opposer à la Triple-Alliance. Stanhope tenait en réserve un tour de sa façon. De la Triple-Alliance il faisait peu d’état, les avantages commerciaux lui paraissaient plus solides ; en conséquence, il demanda qu’on procédât d’abord au règlement définitif du traité particulier entre l'Espagne et l’Angleterre. Maulévrier pensa voir la Triple-Alliance lui échapper, Grimaldo ne fut pas moins ému. Le 27 mai, ils se communiquèrent leurs alarmes et décidèrent d’aller trouver le colonel dès le lendemain pour réclamer de lui la priorité du texte diplomatique sur les stipulations commerciales. Stanhope refusa. A force d’instances il se laissa arracher ce qu’il présenta comme une concession, à savoir l'insertion dans le texte même du traité de la Triple-Alliance d’un article confirmatif de la convention commerciale. A cette condition, peu lui importait la priorité de la Triple-Alliance. Grimaldo accepta, Maulévrier aussi. Il donnait ainsi la garantie de la France à des arrangements commerciaux dont les Anglais devaient profiter à l’exclusion des Français, alors qu’au traité du 27 mars, Philippe V n’avait accordé d’autre faveur aux Français que de les rétablir dans les privilèges dont ils jouissaient avant son avènement.

Une pareille ineptie n’était-elle imputable qu’à Maulévrier ? On l’a soutenu, mais les faits n’autorisent pas cette affirmation. Maulévrier ajouta, sans doute, un article au traité de la Triple- Alliance, mais cet article n’était qu’une clause générale destinée à garantir dans l’acte principal les privilèges que l’Espagne accordait aux Anglais par un acte particulier. Or ces privilèges, c’étaient, sans en ajouter un seul, ceux que le Régent et Dubois avaient poussé Philippe V à accorder. La faute du diplomate improvisé consista seulement à donner une garantie ostensible à des concessions qu’on souhaitait garder secrètes, et de révéler à la France la politique intéressée du Régent.

La dépêche qui annonçait cette maladresse arriva à Paris le 7 juin ; le jour même Dubois, qui se vit découvert, lui répondit de réparer la faute commise. C’était l’aveu à peine déguisé de l’abandon des intérêts français qui servait de règle immuable au ministre depuis cinq ans qu’il traitait, au nom de la France, avec l’étranger[28].

 

Blâme de Dubois

« Son Altesse Royale a entendu la lecture de votre dépêche, ce que vous avez fait en exécution de ses ordres pour aplanir les difficultés qui pouvaient traverser ou suspendre la conclusion du traité d’alliance entre le Roi, le Roi Catholique et le Roi de la Grande-Bretagne. Et comme elle découvre chaque jour de nouvelles circonstances des mouvements que la Cour de Vienne se donne pour établir des liaisons étroites avec celle d’Angleterre, elle est plus persuadée que jamais de l’importance extrême dont il est pour la France et pour l’Espagne de retenir le roi de la Grande-Bretagne par les liens d’une alliance quine lui laisse plus la liberté de céder aux conseils et à la suggestion de ceux de ses ministres qui sont attachés à la maison d’Autriche, et qu’on puisse priver par là la Cour de Vienne de l’espérance des secours et de l’appui sans lesquels elle ne peut entreprendre ni soutenir les projets ambitieux qu’on lui attribue depuis longtemps et que l’on peut croire qu’elle a dessein d’exécuter par l’empressement extrême quelle témoigne de s’unir avec l’Angleterre et par l’inquiétude qu’elle fait paraître des premiers bruits répandus du-rétablissement de la bonne intelligence entre la France et l’Espagne et d’une liaison prochaine des deux couronnes conjointement avec l’Angleterre.

« Dans ces circonstances il est aisé de juger que S. A. R. a vu avec beaucoup de plaisir que le roi d’Espagne se soit porté par sa prudence à consentir au rétablissement des traités qu’il a faits en 1715 et en 1716 avec la couronne d’Angleterre. Il aurait été à désirer non seulement pour les intérêts de l’Espagne, mais pour ceux de toutes les nations qui y font du commerce, que l’on eût pu soutenir le refus de cette condescendance ; mais c’était un obstacle absolument insurmontable à des vues et à des intérêts bien supérieurs, et il est des circonstances où il ne faut pas que les considérations particulières et éloignées traversent des objets capitaux et présents ; et c’est aussi l’unique raison qui ait fait désirer à Son Altesse Royale que le roi d’Espagne se portât à entrer dans des facilités sur les points qu’il aurait été convenable de combattre dans d’autres circonstances...

« S. A. R. a remarqué dans le compte que vous rendez de ce qui s’est passé dans vos conférences que, quelque résistance que vous ayez trouvée de la part de M. Stanhope à consentir que les articles qui ne regardent absolument que les intérêts de l’Espagne et de l’Angleterre réciproquement, fussent compris dans les actes que vous devez signer et qu’ils en fissent partie, vous avez insisté sur cette forme comme indispensablement nécessaire. Elle a toujours cru au contraire que vous ne deviez entrer dans cette matière que pour être instruit de la convention particulière qui serait faite à cette occasion, et autant que vous jugeriez de concert avec le ministre d’Espagne que votre présence contribuerait à contenir M. Stanhope et à modérer ses instances... Si le traité n’était pas signé, ou si, étant signé, les originaux étaient encore à Madrid, S. A. R. est persuadée que le roi d’Espagne, ni M. Stanhope ne refuseraient pas de faire séparer dans un acte qui ne serait signé que des ministres d’Espagne et d’Angleterre les conditions qui n’ont aucune relation à la France, telles que celles du rétablissement de l’Assiento, de la permission pour le vaisseau annuel et des traités de 1715 et 1716 entre les couronnes d’Espagne et d’Angleterre, en sorte que comme ces conventions et ces traités ont été faits sans l’intervention de la France dans leur origine, il ne parût pas que S. M. y entrât dans une circonstance où rien dans l’affaire, ni les intéressés ne l'invitent à le faire et lorsque en effet ce sont pour la plupart des stipulations qui donnent aux Anglais des privilèges et des avantages exclusifs, contraires aux intérêts des sujets du Roi, et dont S. A. R. aurait été bien éloignée de désirer le rétablissement et la confirmation, si des raisons beaucoup plus intéressantes pour la France et pour l’Espagne ne l’avaient engagée à vous prescrire de ne pas vous y opposer. »

 

Responsabilités de Dubois

Ces privilèges exclusifs accordés aux Anglais et « contraires aux intérêts des sujets du Roi », Maulévrier ne pouvait ni les accorder ni les refuser, sa règle de conduite lui était venue de Paris sous forme d’un traité tout rédigé, dont le texte, conservé aux Archives des Affaires Étrangères avait été vu et dénoncé par Lémontey[29]. Au reste, Dubois n’avait jamais compté pour rien l’honneur et l’intérêt de la France ; c’était le prix ordinaire des marchés qu’il passait. Si la certitude de sa vénalité attend encore le témoignage d’une pension de cinquante mille écus qui lui aurait été servie par l’Angleterre, la preuve incontestable de sa culpabilité est écrite en toutes lettres dans chacun de ces traités qu’il a signé de son nom : destruction du port de Mardyck, abandon du franc-salé, cession de Pensacola, sacrifice du commerce français. G était là une méthode à laquelle Maulévrier n’avait ni à répliquer ni à se soustraire. A Madrid, en 1721, comme a La Haye, en 1717, la négociation ne visait qu’à consacrer les droits dynastiques du Régent et ce qu’un diplomate retors avait su dissimuler à la Haye un diplomate naïf l’avait laissé apercevoir à Madrid, d’où cette gronderie de Dubois : « Il s’en faut bien qu’il convienne à M. le Régent de se faire honneur de ce succès ; il faut que vous gardiez un profond silence sur ce sujet, afin que l’incertitude du fait et le temps fassent tomber, s’il est possible, cet événement dans l’oubli[30]. »

 

Signature de Dubois

Le blâme de Dubois arriva trop tard pour réparer le mal. Dès le 7 juin, tandis qu’il rédigeait sa dépêche, le roi d’Espagne brûlait d’impatience de publier le traité. Grimaldo avertit Robin qu’il ferait bien de haranguer leurs Majestés. Robin s’exécuta et Philippe Y lui répondit : « Ce que vous venez de me dire m’est agréable. Vous savez que votre conduite me l’a aussi été dès le temps de votre arrivée dans ce pays. Je vous sais gré de vos soins, et je les estime. Vous me ferez plaisir de les continuer et de voir toujours le colonel Stanhope pour contribuer de votre part à conclure la Triple-Alliance qui, je crois, sera avantageuse aux trois couronnes. A l’égard de celle que j’ai avec la France, elle est pour l’éternité ; c’est avec ma famille[31]. » Et il demanda qu’on procédât sans retard aux signatures. Le 13, dans la soirée, Maulévrier, Stanhope et Grimaldo s’enfermèrent mystérieusement au Palais du Roi et signèrent les articles du traité du 27 mars révisés et traduits dans les trois langues, Stanhope et Grimaldo signèrent seuls le traité particulier entre l’Espagne et l’Angleterre ; mais Maulévrier signa avec eux l’article séparé stipulant qu’il aurait la même force que s’il était inséré dans le traité lui- même. Enfin Maulévrier et Grimaldo signèrent seuls une déclaration secrète portant que le traité du 27 mars et ses articles séparés subsistaient dans toute leur force et vertu et auraient leur pleine et entière exécution sans aucune dérogation ni innovation nonobstant et sans préjudice du traité du 13 juin[32]. Quand furent échangées les dernières signatures, il était minuit.

 

Désespoir de Maulévrier

Maulévrier rentra chez lui, triomphant. Sur son bureau, le courrier Bannières avait déposé les dépêches de Dubois, celle du 7 juin qui contenait un blâme formel et l’ordre de réparer l’erreur commise. Maulévrier, à cette lecture, fut atterré. A la pointe du jour, il courut chez Stanhope et le supplia de ne point insérer dans la Triple-Alliance les articles séparés relatifs au commerce de l’Angleterre. Stanhope, étant Anglais, comprenait avec lenteur mais, finalement, comprenait. Il avait donc fini par comprendre l’avantage qu’il y avait pour l’Angleterre à voir la France garantir les concessions du roi d’Espagne, en conséquence il refusa absolument d’annuler l’article séparé et, n’obtenant rien, Maulévrier dut se résoudre, le 16 juin, à faire l’aveu de sa confusion, il n’y découvrait d’autre compensation sinon que « l’article de la Triple-Alliance qui confirmait la Convention particulière de l’Angleterre et de l’Espagne ne devait figurer que dans les clauses secrètes du Traité. On pourrait encore le cacher au public[33]. » Le jour même, il offrit sa démission et demanda son congé[34].

Le Régent le prit au mot, mais se garda de le désavouer. « Je fais travailler aux ratifications, lui écrivit Dubois, pour vous les envoyer sans retardement, afin de consommer absolument une affaire que S. A. R. croit toujours non seulement convenable, mais quelle regarde comme très importante pour prévenir l’effet des mouvements que la Cour de Vienne continue à se donner pour engager de nouveau celle d’Angleterre dans ses intérêts, et cette considération l’a emporté dans l’esprit de S. A. R. sur la peine qu’Elle a eue de voir que vous n’ayez pas compris les ordres qu’elle vous a fait donner le 7 de mai de n’entrer que par de simples offices dans la négociation des points qui ne regardent que les intérêts de l’Espagne et de l’Angleterre respectivement. Elle a été surprise et je l’ai été aussi que vous ayez fait les plus grands efforts pour y faire intervenir le Roi, quoiqu’Elle vous eût fait expliquer jusqu’à quel point elle voulait y entrer. Mais c’est une affaire finie et, si cet accident peut avoir des inconvénients, la chose est si bonne et avantageuse dans le tout qu’il faut se consoler de ce qui manque à sa perfection[35]. »

Ratifications

Le 9 juillet, Maulévrier et le colonel Stanhope signèrent un nouvel article séparé qu’ils datèrent du même jour que le traité d’alliance. Il portait qu’on prendrait de concert la première occasion convenable pour inviter les États-Généraux des Provinces- Unies à entrer dans cette alliance pour maintenir et conserver la paix et la tranquillité de l’Europe. Le roi d’Espagne refusa de signer cet article. Nouveau déboire pour Maulévrier qui jura qu’on ne l’y reprendrait plus. « Je ne crois pas que de ma vie je puisse me démêler du métier de la négociation que je n’ai jamais fait. M. Robin et moi, sommes dans une tristesse qui nous ôte toute liberté d’esprit[36]. » On lui donna un successeur, mais quand il fut question de partir, Philippe V prit un ton si menaçant qu’on n’osa insister[37].

Le jour où furent échangées les ratifications, Stanhope présenta au roi d’Espagne une lettre de Georges Ier datée du 1er (= 12) juin et ainsi conçue :

« Monsieur mon frère, j’ai appris avec une extrême «satisfaction, par le rapport de mon ambassadeur à votre Cour, que V. M. est enfin résolue de lever les obstacles qui pour quelques temps ont retardé l’entier accomplissement de notre union. Puisque par la confiance que V. M. me témoigne, je puis regarder les traités qui ont été en question entre nous comme rétablis, et qu’en conformité les pièces nécessaires au commerce de mes sujets auront été extradées, je ne balance plus à assurer V. M. de ma promptitude à la satisfaire par rapport à sa demande touchant la restitution de Gibraltar, lui promettant de me servir des premières occasions favorables pour régler cet article du consentement de mon Parlement ; et pour donner à V. M. une preuve ultérieure de mon affection, j’ai ordonné à mon ambassadeur aussitôt que sera terminée la négociation dont il a été chargé, de proposer à V. M. de nouvelles liaisons de concert et conjointement avec la France, convenables dans les conjectures présentes non seulement à affermir notre union, mais à assurer le repos de l’Europe. V. M. peut être persuadée que, de ma part, j’ajouterai toutes les complaisances possibles et que je me promets d’Elle pour l’avantage commun de nos royaumes. »

La conclusion de ce traité déplaçait l’équilibre de l’Occident. L'Espagne reprenait une importance dont elle semblait à jamais déchue, elle semblait marcher de pair avec la France et l’Angleterre qu’elle séparait de l’Autriche, brusquement isolée. Ce retour de fortune lui permettait d’entrevoir une révision plus ou moins prochaine des conditions que lui avait imposées la Quadruple-Alliance ; cependant elle donnait beaucoup, se laissait tout promettre et ne recevait rien. La France sacrifiait son commerce. Seule, l’Angleterre recevait de toutes mains et, ce qu’elle ne recevait pas, elle le prendrait.

 

Paix du Nord

A la paix de l’Occident répondit la paix du Nord. Après avoir réconcilié la Suède avec le Hanovre, la Prusse, la Pologne et le Danemark, la Russie restait hostile et prête aux violences. Lord Townshend obtint du Parlement d’Angleterre un subside de soixante-douze mille livres sterling pouf la Suède dont le souverain, Frédéric Ier*désirait la paix, le Tsar Pierre y consentait, mais il repoussait la médiation de l’Angleterre et n’acceptait que celle de la France. M. de Campredon, ministre de France à Stockholm, se transporta à Saint-Pétersbourg et obtint la réunion d’un congrès à Nystadt, port de Finlande. Une première fois, la flotte avait promené la ruine et l’épouvante sur la côte suédoise ; à l’été de 1721, elle se livra aux mêmes atrocités afin de rendre les victimes plus accommodantes. Le résultat fut obtenu et le 30 août (= 10 septembre) 1721, la paix de Nystadt livra au Tsar la Livonie, l’Estonie, l’Ingrie, la Carélie et Viborg. La Suède ne sauva que la Finlande ; la Russie prenait rang définitif parmi les grandes puissances occidentales. Il ne fut pas fait mention dans le traité de la médiation de la France et l’Angleterre ne recueillit qu’une mention peu obligeante. Entre la Russie et l’Angleterre la situation demeura tendue.

Dubois était disposé à conclure une alliance entre la France, la Moscovie et la Suède, avec l’arrière-pensée d’y admettre la Prusse et le Danemark. Il s’en ouvrit à lord Carteret, ce projet n’eut aucune suite. Dubois, dont l’imagination travaillait sans repos, conçut la pensée d’un traité de commerce avec le Tsar ; cette simple idée suffit à émouvoir les Anglais, Schaub questionna et n’obtint que des démentis, le ministre lui affirma que les gens expérimentés étaient d’opinion que la France n’avait rien à gagner de ce côté. En effet, le comte de Rottembourg, à qui un long séjour à Berlin avait appris à connaître ces pays, soutenait que lès Moscovites ne recevaient rien des manufactures de France et voulaient être payés de leurs exportations argent comptant.

Il combattait aussi par l’énormité des frais le rêve de Dubois, legs du Système, de créer un commerce de caravane avec l’Inde et la Perse par la Russie. Dans un Mémoire sur ces questions, Rottembourg faisait observer que les pelleteries du Canada étaient moins chères que les fourrures de Russie, que les cuirs de Russie pouvaient êtres tirés de Dantzig, que les soieries de la Perse couleraient des sommes immenses, que les vins et eaux-de-vie ne se vendraient pas mieux que par le passé.

Le prince Kourakin vint à Paris, vit Dubois quatre fois pendant la nuit et repartit sans obtenir pour Son Maître l’aveu du titre d’Empereur. Pierre Ier se le fit offrir par ses sujets.

 

 

 



[1] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t.301, fol. 83 : Mornay à Dubois, 29 mars 1721.

[2] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 301, fol. 187 : Mornay à Dubois, 13 avril 1721.

[3] Dubois à Maulévrier, 13 mars 1721, dans G. de Sévelinges, Mémoires secrets de Dubois, t. II, p. 33.

[4] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 301, fol. 153 : Le Régent à Philippe V, 22 avril 1721.

[5] P.-E. Lémontey, Histoire de la Régence, in-8°, Paris, 1832, t. I, p. note 1.

[6] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 301, fol. 56 : Dubois à Maulévrier, 1er avril 1721.

[7] Dubois à Maulévrier, 22 mars 1721, dans C. de Sévelinges, op. cit., t. II, p. 53.

[8] Saint-Simon, Mémoires, édit. Chéruel, 1858, t. XVIII, p. 127.

[9] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 336, fol. 61 : Destouches à Dubois, 26 avril 1721.

[10] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 301, fol. 39, 67 : Dubois à Maulévrier, 26 mars 1721 ; Dubois à Mornay, 1er avril 1721.

[11] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 336, fol. 17-61 : Dubois à Destouches, 12 avril 1721 : Destouches à Dubois, 22 avril 1721.

[12] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 336, fol. 61 : Destouches à Dubois, 22 avril 1721.

[13] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 336, fol. 24 : Dubois à Destouches, 12 avril 1721.

[14] Arch. des Aff. Etrang., 301, fol. 165 : Dubois à Maulévrier, et Mémoire du Régent.

[15] Arch. des Aff. Êtrang., Angleterre, t. 336, fol. 21 : Dubois à Destouches, 12 avril 1721.

[16] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 336, fol. 61 : Destouches à Dubois, 72 avril 1721.

[17] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 301, fol. 132 : Maulévrier à Dubois, 7 avril 1721.

[18] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 301, fol. 216 : Dubois à Maulévrier, 7 mai 1721.

[19] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 336, fol. 118 : Dubois à Destouches, 10 mai 1721.

[20] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 301 fol. 231 : Projet pour un nouveau traité.

[21] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 301, fol. 254 : Dubois à Maulévrier, 14 mai 1721.

[22] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 336, fol. 150 : Destouches à Dubois, 14 mai 1721.

[23] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 336, fol. 163, 181-188 : Dubois à Destouches, 19 mai et 25 mai 1721.

[24] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 336, fol. 203 : Destouches à Dubois, 25 mai 1721.

[25] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 336, fol. 235 : Destouches à Dubois, 5 juin 1721.

[26] W. Coxe, Memoirs of Walpole, t. I, p. 309.

[27] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 302, fol. 41 : Maulévrier à Dubois, 10 mai 1721.

[28] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 302, fol. 109 : Dubois à Maulévrier, 7 juin 1721.

[29] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 301, fol. 231 : Lémontey, op. cit., t. I, p. 425, note 2 ; E. Bourgeois, op. cit., p. 280, note.

[30] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 303, fol. Lémontey, op. cit., t. I, p. 425.

[31] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 302, fol. 146 : Robin à Dubois, 9 juin 1721.

[32] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 302, fol. 156, suiv., fol. 180 : Maulévrier à Dubois, 16 juin 1721.

[33] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 302, fol. 156, suiv., Maulévrier à Dubois, 16 juin 1721.

[34] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 302, fol. 186 : Maulévrier à Dubois, 16 juin 1721.

[35] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 302, fol. 175 : Dubois à Maulévrier, 24 juin 1721.

[36] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 303, fol. 14 : Maulévrier à Dubois, 10 juillet 1721.

[37] Lémontey, op. cit., t. I, p. 424.