HISTOIRE DE LA RÉGENCE PENDANT LA MINORITÉ DE LOUIS XV

TOME PREMIER

 

CHAPITRE IX. — Rivalité du Régent et de Philippe V (Septembre 1715-Juillet 1716).

 

 

Louis XIV procure la réconciliation du roi d’Espagne et du duc d’Orléans. — Philippe V se dispose à venir en France. — Nature de la rivalité persistante entre le roi d’Espagne et le duc d’Orléans. — Les renonciations de Philippe V. — Il tombe sous l’influence de la Reine. — Condescendance du Régent. — Attitude de Philippe V. — Asservissement et claustration de Philippe V et d’Elisabeth. — Ascendant d’Alberoni. — Il repousse les avances du Régent et négocie avec l’Angleterre. — Alberoni joué par les Anglais. — Colère de Philippe V. — Renvoi du cardinal del Judice. — Mission de Louville. — Son chiffre, ses instructions. — Il est renvoyé en France.

 

Louis XIV procure la réconciliation du roi d’Espagne et du duc d'Orléans

L’échec du cardinal del Judice et son renvoi en Espagne n’avaient pas détourné Philippe V d’obtenir la tutelle du Dauphin. L’existence du testament de Louis XIV et le mystère de ses dispositions entretenaient l’émotion populaire en France et y suggéraient de fantasques combinaisons dont l’écho parvenait soigneusement à Madrid[1]. Le correspondant du roi d’Espagne, Don Feliz Cornejo, l’entretenait dans ses illusions, lui faisait entrevoir la régence, l’influence du duc du Maine, la disgrâce et peut-être l’exil du duc d’Orléans, l’annulation des renonciations[2]. Un autre correspondant, l’abbé Mascara-Torriani mettait en garde contre ces illusions et répétait sans se lasser : « Une fois le Roi mort, on fera et on dira ce que voudra M. le duc d’Orléans[3] » ; allant jusqu’à craindre pour les adversaires du prince. Louis XIV avait vu plus haut et plus loin. Ses préventions, trop justifiées, contre son neveu n’avaient pu l’entraîner à désigner son petit-fils que les stipulations d’Utrecht écartaient de toute participation au pouvoir en France. On lui avait suggéré la nomination de Philippe V qui se déchargerait du pouvoir sur le duc du Maine ; ce choix pouvait replonger la France dans la guerre, il l’avait écarté. Cependant il devait craindre de la part du roi d’Espagne une déception d’autant plus cuisante qu’elle s’ajouterait à l’animosité régnant entre lui et le duc d’Orléans, et il s’était employé à les réconcilier. La disgrâce de la princesse des Ursins en fournit les moyens, tous les griefs pouvaient impunément tomber sur elle. Philippe V se prêta de bonne grâce aux vues de son aïeul « étant prêt, si cela vous fait plaisir, lui écrivait-il, à oublier tous les sujets de ressentiment que m’a donné le prince..., vous en connaissez comme moi toute l’étendue, puisque je vous en ai instruit à fond. Cependant quelques motifs que j’aie de me plaindre de lui, la religion, la proximité du sang et le désir de vous donner cette satisfaction me portent volontiers à cette réconciliation, et je ferai de mon côté avec joie les pas nécessaires pour y réussir[4]. » Le cardinal del Judice et l’abbé Alberoni s’employèrent au raccommodement des deux princes[5] qui s’écrivirent simultanément ; le roi avec froideur, le duc avec déférence. Le duc d’Orléans y joignit une lettre plus affectueuse pour la reine Elisabeth Farnèse et des remerciements chaleureux à l’adresse d’Alberoni[6].

 

Philippe V se dispose à venir en France

Il ne serait pas malaisé de conjecturer la mesure de sincérité apportée par les deux cousins dans ce rapprochement. Philippe. V s’y prêtait par déférence, mais ne renonçait ni à ses droits éventuels au trône ni à ses prétentions à la régence. On a rappelé déjà les instructions adressées au prince de Cellamare sur les intrigues à conduire avant la mort du Roi et les démarches à remplir aussitôt après cet événement. Cellamare emportait ces instructions dans le même portefeuille qui contenait la lettre de réconciliation adressée au duc d’Orléans, « mon adversaire », ainsi que Philippe continuait à le désigner[7]. Le duc d’Orléans manifestait une satisfaction extrême de la réconciliation, au point de rendre embarrassante la mission secrète de Cellamare, et son affectation de parfaite sécurité autorisait toutes les inquiétudes. Aussi, dès la première nouvelle de l’indisposition de Louis XIV, une assemblée secrète, réunie autour de Philippe V et d’Elisabeth Farnèse, décida que, laissant à la Reine l’administration des affaires, Philippe s’approcherait de la frontière de France, il serait plus à portée de prendre un parti[8].

 

Nature de la rivalité persistante entre le roi d’Espagne et le duc d’Orléans

La rivalité entre Philippe d’Orléans et Philippe V ne concernait pas seulement leurs droits éventuels à la couronne de France, persistante Dès l’année 1700, Monsieur, frère de Louis XIV, avait formulé des protestations contre le silence gardé par le testament de et le duc Charles II sur ses prétentions à la couronne d’Espagne. Philippe d’Orléans avait hérité de ces prétentions, les avait fait valoir et avait eu la satisfaction de les voir admettre par le conseil de Castille en une déclaration royale (29 octobre 1703)[9]. Au cours des dix années qui suivirent, l’entente s’était changée en haine ouverte, et on vient de dire comment une réconciliation y avait mis fin ; mais cette circonstance ne modifiait en rien une situation acquise. Sous le coup de désastres multipliés et de l’impossibilité de prolonger la lutte contre l’Europe, le roi d’Espagne avait été amené à subir la condition mise à la paix : il avait renoncé à tous les droits qu’il tenait de sa naissance sur la couronne de France, au bénéfice de la branche d’Orléans. L’acte officiel de renonciation portait que « si de fait ou sous quelque prétexte, nous voulions nous emparer du royaume de France..., faisant ou excitant une guerre offensive ou défensive... elle [devait être] tenue, jugée et déclarée pour illicite, injuste, mal entreprise, et pour violence, invasion et usurpation faite contre la raison et contre la conscience[10]. » Cette déclaration publique fut aggravée par serment. En retour, le duc d’Orléans avait renoncé à son droit éventuel sur la couronne d’Espagne et consenti « qu’au défaut de Philippe V et de ses descendants, la couronne d’Espagne passât à la maison du duc de Savoie[11]. »

 

Les renonciations de Philippe V

On a vu comment Philippe V, dès avant la mort de Louis XIV, tenait pour vaine et de nul effet sa renonciation. Cependant cette renonciation avait été l’œuvre de sa volonté libre, acceptée par qui de droit, insérée dans un traité, confirmée par un serment. Pendant cette délicate négociation, Louis XIV s’était interdit toute parole ou menace qui put influencer son petit-fils ; celui-ci avait, de lui-même, multiplié les liens qui fortifiaient son engagement. Enfin, par-dessus tout, il avait juré et rendu valide ce qui eut pu être discuté sans l’intervention de ce serment. Tout ce que Philippe invoqua depuis pour se dégager de la promesse faite et jurée ne saurait être admis par le droit ni par la conscience. La renonciation avait été formulée dans des conditions de liberté suffisante, elle fut revêtue des formes légales nécessaires et suffisantes en France à l’époque où elle fut accomplie. Conforme aux exigences du droit public en France et en Espagne, elle l’était de même aux fondements du droit public européen établi par un traité de paix consacrant la prohibition du cumul des deux couronnes. Quoiqu’il pût penser ou dire pour complaire à l’ambition de l’épouse à laquelle il obéissait servilement, Philippe V était exclu pour lui-même et pour ses descendants de tout droit au trône de France, dès lors toute tentative pour s’en emparer était illégitime et toute guerre pour s’y établir était usurpatrice.

 

Il tombe sous l’influence de la Reine

La loyauté profonde de Philippe V, sa fidèle tendresse pour la France, ses scrupules religieux l’eussent peut-être tenu en garde et détourné d’une politique à laquelle il est impossible d’épargner le nom de parjure, s’il n’avait été toujours asservi. Après la mort de sa première femme, Marie-Louise de Savoie, il avait subi sans résistance le despotisme de la princesse des Ursins qui l’avait remarié. A vrai dire un autre personnage, l’abbé Alberoni, avait mené l’intrigue et fait agréer une princesse italienne, Elisabeth Farnèse, de qui il attendait tout. C’était, disait-il, « une bonne lombarde, sans fiel, tout cœur, d’un naturel doux et maniable. » qui s’emparerait vite de l’esprit du roi et s’en rendrait maîtresse absolue[12]. Car tel était le but de ce mariage, qu’on nommerait plus justement le complot « d’une cabale d’italiens qui se proposaient depuis longtemps d’occuper les premiers emplois de la monarchie[13]. » Les traités d’Utrecht et de Rastadt avaient fermé l’Italie à Philippe V ; ce mariage la lui rouvrait par l’espérance des successions de Parme et de Toscane qu’Elisabeth apportait en dot. La cabale ne comptait pour rien dans les traités, les renonciations ; elle voulait faire servir l’Espagne à la grandeur de l’Italie et la grasse et luisante parmesane, empâtée de fromage et de saucisson, flairant l’ail, aimant le vin, ferait de son mari ce qu’il lui plairait d’en faire. « Dieu veuille, écrivait Alberoni, qu’elle s’applique à gouverner ! Ce n’est pas la besogne qui lui manquera. J’ai toujours dit que l’Espagne, bien gouvernée, peut faire figure dans le monde[14]. » « Dieu veuille que la Reine s’applique aux affaires[15]. » Pour son coup d’essai, la jeune Reine se débarrassa de la princesse des Ursins, la fit arrêter, mettre en carrosse et conduire à la frontière (23 décembre 1714). De ce jour, Elisabeth Farnèse et son compatriote Alberoni gouvernèrent l’Espagne ; d’abord avec modération et sous le couvert du cardinal del Judice rétabli dans ses fonctions de premier ministre, mais pour peu de temps. Alberoni était satisfait et fier de son élève. « Elle est fort pénétrante et très sagace pour ne pas dire plus... Sous peu, elle sera premier ministre[16]. »

 

et d’Alberoni

Mieux encore, elle fut le Roi. Deux mois à peine après le mariage, les premiers symptômes de grossesse obligèrent lu Reine au repos, qu’elle occupa à ouvrir les dépêches des ministres. De ce jour, le cardinal ne les vit plus[17]. Alberoni multipliait ses soins, gavait la Parmesane de toutes les friandises italiotes : saucissons, fromages, truffes, compotes, et des vins et des comédiens et des farces. L’abbé était entré en tiers dans le ménage royal et la Reine lui proposait, en badinant, de lui servir de sage-femme[18] ! Il jouissait d’une faveur inusitée, l’entrée secrète qui l'introduisait partout où se trouvait la princesse à laquelle il était devenu indispensable, car ce n’était que par l’intermédiaire de ce conseiller qu’elle pouvait gouverner un pays qu’elle ignorait. Dès le mois de mai 1715, les envoyés d’Angleterre, de Hollande et même l’ambassadeur de France, duc de Saint-Aignan, délaissent le cardinal del Judice et s’adressent à l’abbé, confident et mentor de la Reine. La mort de Louis XIV devint le signal et la cause d’un progrès décisif dans la fortune et le crédit d’Alberoni. « Le monsieur, écrivait l’envoyé d’Angleterre à Madrid, est ici le maître absolu. Il a un ascendant illimité sur la Reine et par là sur le Roi qui n’aime pas les affaires et se laisse mener par sa femme. Je dois ajouter que je ne vois ici aucun parti qui puisse lui résister[19]. »

 

Condescendance du Régent

La mort de Louis XIV donna à une multitude de froissements l'occasion de se manifester. Cependant le Régent, qui n’ignorait pas tout des instructions du prince de Cellamare et des dispositions de Philippe V, satisfait du triomphe remporté le 2 septembre au Parlement, ne négligea rien pour entretenir de bons rapports entre les deux Couronnes. Écrivant, au nom du jeune Roi au duc de Saint-Aignan, il protestait « qu’il n’oublierait rien pour entretenir l’intelligence si nécessaire au bonheur mutuel[20] » des Français et des Espagnols. Un mois plus tard, le Régent écrivait de sa main à Alberoni que son maître « connaîtrait certainement en toutes occasions sa passion extrême de conserver et d’affermir pour jamais l’union qui devait régner entre les deux couronnes[21] ». Le maréchal d’Huxelles, succédant à Torcy aux Affaires Etrangères eut l’ordre de ne rien négliger de ce qui pouvait entretenir une étroite amitié ; au mois de novembre 1715, la France offrit au roi d’Espagne, dont la flotte avait été dispersée et en partie détruite, deux vaisseaux chargés de ramener une partie des épaves[22]. Peu après, le Régent montrait une extrême condescendance afin d’obtenir le règlement général des difficultés survenues entre les négociants français et les négociants indigènes dans presque toutes les villes de la Péninsule[23] ; un mois plus tard, toujours pour l’avantage de l’Espagne, il promulguait cette Déclaration qui défend le commerce et la navigation de la mer du Sud, sous peine de confiscation des vaisseaux et de mort des capitaines ou commandants de vaisseaux[24].

Ces prévenances, qui pouvaient paraître excessives, se justifiaient par la conviction dont le Régent était pénétré. « Il jugea qu’entre les principales obligations qu’il contractait en recevant le dépôt de l’autorité royale, la plus essentielle pour les peuples du royaume était qu’il suivît ponctuellement les vues du feu Roi pour l’affermissement de la paix, et S.A.R. ressentit encore plus vivement la nécessité d’y travailler efficacement lorsqu’elle eut reconnu elle-même le véritable état des finances et jusqu’à quel point elles se trouvaient épuisées par les efforts violents que la France avait faits pour soutenir la dernière guerre[25]. »

 

Attitude de Philippe V

La conduite de Philippe V était très différente. A son dessein de se rapprocher de la frontière de France et de la franchir pour revendiquer, les armes à la main, des droits qu’il ne possédait plus, la mort rapide de l’aïeul et la débile volonté du petit-fils n’avaient pas même procuré un commencement d’exécution. La décision du Parlement avait mis en déroute les légitimés et la mutinerie de la maison de Condé n’aboutit pas même à une protestation. Le prince de Cellamare se tint coi et Philippe V présida pacifiquement aux couches de sa femme. Cette résignation s’expliquait suffisamment par l’inutilité ou le péril d’une tentative quelconque ; « dans l’état présent des choses, il était fort heureux qu’aucune mention de Philippe V n’eût été faite dans le testament de Louis XIV ; il eût été impraticable de confier la régence à un prince absent ; le duc d’Orléans était le maître absolu de la France et il l’eut été de toutes façons[26] ». Philippe V se résigna et imposa silence au Conseil de Castille qui lui présentait une protestation contre le testament de Louis XIV[27], il adressa même au Régent quelques assurances banales de bonne volonté, promit de travailler à tout ce qui pourrait être avantageux à Louis XV, « l’Espagne et la France devant être désormais plus unies que jamais par toutes sortes de raisons[28] ».

Philippe V était de ces hommes qui, oubliant très vite le mal qu’ils ont fait, s’étonnent que ceux qui en ont souffert s’en souviennent. Après avoir poursuivi de sa haine le duc d’Orléans à qui il eut volontiers souhaité l’échafaud, il semblait surpris que le Régent lui retirât les régiments dont il gardait le commandement. Surtout il accueillait, il provoquait tout ce qui atteignait l’honneur, la réputation, la dignité de son oncle. Les débuts de la Régence, l’attitude cynique et débraillée du duc d’Orléans et de son entourage prêtaient à un dénigrement sans mesure. Tandis que Cellamare[29] et Montéleon[30] relevaient tout ce qui se pouvait dire sur les Conseils, l’abbé Mascara se voilait la face au récit des turpitudes dont son imagination faisait en partie les frais[31], don Cornejo tenait le rôle de Basile et parlait de poisons[32], pendant que le cardinal del Judice découvrait l’avenir tragique, tel que pouvait l’imaginer un grand inquisiteur[33].

Après beaucoup de clabauderies, force fut de reconnaître que toute chance de révolution en France était illusoire ; alors le roi d’Espagne cessa de se contraindre et adopta des procédés qu’il eut été facile d’envenimer. Non content de relever sur la frontière de France les fortifications négligées depuis 1701[34], Philippe V s’attacha à causer tout le préjudice possible aux négociants français établis en Espagne et commença par retirer leurs exemptions et privilèges dans le royaume de Valence et à Barcelone. Le duc de Saint-Aignan présenta des observations auxquelles Philippe V répondit que toutes les plaintes ne changeraient rien à sa résolution. Alberoni rejeta la responsabilité sur del Judice et le Régent entra dans la voie des concessions. Il prescrivit à notre ambassadeur de ne soutenir que des réclamations bien fondées, de réviser la juridiction de nos consuls et de sacrifier leurs usurpations, de distinguer entre négociants établis et négociants de passage ; enfin il exigea que tout ce qui serait retire aux Français le fut aux autres Etrangers, et que tout ce qui serait accordé aux Etrangers le fut aux Français[35]. Ces concessions ne servirent de rien, Philippe V cherchait bien moins a nuire à ses compatriotes qu’à plaire à des étrangers résolus à abattre le commerce français qu’il leur sacrifiait sans hésiter[36].

 

Asservissement et claustration de Philippe V et d'Elisabeth

Au nombre de ces conseillers mystérieux, Alberoni tenait le premier rang. Dès le mois d’octobre on l’avait vu s’enfermer avec le Roi et la Reine pour lire les dépêches chiffrées des ambassadeurs. « Alberoni avait persuadé à la Reine d’Espagne de tenir le Roi, son mari, enfermé comme avait fait la princesse des Ursins. C’était le moyen certain de gouverner un prince que le tempérament et la conscience attachaient également à son épouse, qui par là le conduisait toujours où elle voulait, et le meilleur expédient, dès qu’il s’y abandonnait lui-même, pour n’être pas contredite, et que le Roi ne sût rien de quoi que ce fût que par elle et par Alberoni, qui était la même chose. Tous les officiers du Roi, grands, médiocres et petits, furent donc écartés, les entrées et les fonctions auprès du Roi ôtées. Il ne vit plus que trois gentilshommes de sa chambre, toujours les mêmes, et encore des moments de services, à son lever, et peu à son coucher, et quatre ou cinq valets, dont deux étaient Français. Le roi d’Espagne se laissa enfermer dans cette prison effective et fort étroite, gardé sans cesse à vue de la Reine, en tous les instants du jour et de la nuit. Par là elle-même était geôlière et prisonnière ; étant sans cesse avec le Roi, personne ne pouvait approcher d’elle, parce qu’on ne le pouvait sans approcher du Roi en même temps. Ainsi Alberoni les tint tous deux enfermés, avec la clef de leur prison dans sa poche[37]. » Le roi et la reine d’Espagne s’éveillaient tous les jours à huit heures, déjeunaient ensemble. Le Roi s’habillait et revenait ensuite chez la Reine y passer au moins un, quart, d’heure pendant que cette princesse était encore au lit. Il entrait après dans son cabinet, y tenait son conseil et lorsqu’il finissait avant onze heures et demie, il retournait chez la Reine. Alors elle se levait et pendant qu’elle s’habillait le Roi employait cet intervalle de temps à donner ses ordres. La Reine étant habillée, leurs Majestés Catholiques allaient ensemble à la messe. Après l’avoir entendue, elles dînaient ensemble, passaient une heure de l’après-dînée en conversation particulière. Cette conversation était suivie de l’oraison qu’elles faisaient encore ensemble jusqu’à l’heure de la chasse où le Roi et la Reine allaient aussi ensemble. Au retour, le roi d’Espagne faisait appeler quelqu’un de ses ministres, et, pendant qu’il travaillait avec lui, la Reine écrivait ou bien travaillait en tapisserie. Ils passaient ainsi la journée jusqu’à neuf heures et demie du soir. Alors on leur servait à souper. Le repas finissait à dix heures. Alberoni entrait et son audience durait ordinairement jusqu’à onze heures et un quart que Leurs Majestés se couchaient[38].

 

Ascendant d’Alberoni

La puissance d’Alberoni ne serait affermie que par la disgrâce de del Judice. Au mois de novembre, les deux rivaux tentèrent la partie suprême qui n’aboutit pas. Lé cardinal recruta les Espagnols mécontents et les Italiens faméliques venus à la suite d’Elisabeth Farnèse, et les lança contre l’abbé. Depuis le nonce du pape, Aldovrandi, jusqu’à la nourrice de la Reine, Laura Piscatori, le cardinal mettait en œuvre tout ce qu’il trouvait à sa portée et il n’aboutissait qu’à être témoin delà faveur croissante du prestolet, à qui, au mois de janvier 1716, Philippe V donna un appartement voisin de celui de la Reine pour y tenir plus commodément des conférences avec les secrétaires des finances, de la guerre et de la marine. Le duc de Parme avait peine à contenir sa joie et ne lésinait plus trop sur les moyens réclamés par son habile mais onéreux représentant.

 

Il repousse les avances du Régent

Celui-ci avait eu l'adresse de se donner pour plus espagnol qu’eux-mêmes aux plus intransigeants des Espagnols. A peine conservait-il à l’égard de l’ambassadeur de France le respect convenable ; il écoutait avec impatience les observations du gouvernement français sur l’inconcevable réduction des forces militaires et le renvoi des officiers entrés au service de l’Espagne[39].

« Le Roi, répondait-il, n’avait besoin des conseils de personne et pouvait fort bien se-passer de ceux de la France, il conseillait à l’ambassadeur à se tenir en repos ; on ne voyait point que le roi d’Espagne allât s’inquiéter des résolutions que l’on pouvait prendre dans les Conseils du gouvernement français ; il était étonnant qu’on ne voulût pas lui laisser la même liberté qu’il laissait aux autres[40] ». Néanmoins Saint-Aignan ne renonçait pas à gagner l’abbé et le Régent partageait cette illusion[41]. Ils s’abusaient d’étrange façon.

Saint-Aignan put bientôt s’en convaincre. Étant aller visiter Alberoni à Aranjuez, l’abbé répondit au salut de l’ambassadeur que « si c’était des compliments qu’il venait lui faire, il le remerciait de sa visite, n’ayant pas de temps à perdre à ces inutilités ». Commencée sur ce ton la conversation se haussa bientôt à un diapason plus élevé. L’ambassadeur sachant à quelle espèce d’homme il s’adressait lui ouvrit des perspectives séduisantes. « Je ne lui laissai rien ignorer, dit-il, de tout ce qu’il se pouvait proposer d’utile et de flatteur de vos bontés et de votre reconnaissance. Tout autre aurait été ébloui ou embarrassé du champ que j’ouvrais à ses désirs, mais pour lui il reçut mes offres avec Je sang-froid d’un homme dont l’imagination est accoutumée aux plus grands objets et qui croit voir des routes plus courtes et plus sûres pour réussir dans tous ses desseins. — Vous venez me tendre des pièges, cria l’abbé, je ne veux plus vous voir ! Je ne me soucie ni de vous ni de vos offres ! — Je vous permets, répliqua l’ambassadeur, d’avoir de moi, comme particulier, tous les sentiments qu’il vous plaira, mais je vous prie de vous souvenir qu’en qualité d’ambassadeur de S.M.T.C. je ne puis pas avoir la même indulgence, et je crois que vous êtes le seul homme qui pût se résoudre à marquer de l’emportement dans une occasion pareille[42]. »

 

Et négocie avec l’Angleterre

Inspiré par ses attaches avec le duc de Parme, son souverain, Alberoni ne visait qu’à faire servir l’Espagne au succès de ses combinaisons italiennes. Dès le mois de septembre 1715, il avait orienté la politique du cabinet de Madrid vers une direction nouvelle. Il ne fallait rien moins que le crédit d’un tel homme sur l’esprit de Philippe V pour amener celui-ci à l’idée d’un accord avec la Hollande et l’Angleterre, puissances protestantes. Par l’entremise du baron de Ripperda, ministre hollandais, Alberoni s’était approché de l’envoyé anglais, Dodington, d’autant mieux disposé à son égard qu’il le savait « maître absolu ».

Les négociations furent menées rapidement, en quelques semaines, et, le 14 décembre 1716, Philippe V signa un traité de commerce qui accordait à l’Angleterre plus de privilèges en Amérique que la France n’en avait jamais obtenu[43]. Ripperda exultait de ce traité « comme de la ruine du commerce de France[44] », et Alberoni en triomphait ayant dû, à la lettre, l’imposer au roi d’Espagne[45]. Mais ce résultat ne suffisait pas à Dodington ; aux avantages commerciaux il voulait ajouter un triomphe politique.

Comme tout le personnel diplomatique qui étudiait le trio Philippe-Élisabeth-Alberoni, l’envoyé anglais savait que le plus sûr moyen de conquérir la Reine était de flatter son orgueil maternel. Épousée trop tard pour que les fils du premier lit pussent la considérer et l’aimer ainsi qu’une mère, Elisabeth Farnèse savait qu’elle aurait peu de bienfaits à attendre personnellement du prince des Asturies devenu roi d’Espagne ; elle comptait assurer l’avenir en obtenant pour son fils aîné un établissement souverain où elle trouverait un jour une retraite sûre et honorée[46]. Dodington n’avait pas manqué de laisser entendre qu’en échange de la garantie de l’Espagne à la succession hanovrienne, l’Angleterre assurerait aux princes issus d’Élisabeth les duchés de Parme et de Toscane. En réalité, la dynastie hanovrienne avait peu à attendre de l’attitude de l’Espagne, mais Dodington poursuivait un autre but : « Ce serait pour moi, écrivait-il, une grande satisfaction de voir S.M. brouiller la France et l’Espagne plus qu’une guerre de quinze ans n’aurait pu faire[47] ».

 

Alberoni joué par les Anglais

Stanhope et les Hollandais ne négligeaient rien pour amener cette brouille[48] ; Montéleon, ambassadeur d’Espagne à Londres travaillait à « former une union étroite entre sa Cour et celle d’Angleterre[49] » et comptait en augmenter sa considération personnelle et sa fortune[50] ; Alberoni recevait des sommes considérables, du ministre d’Angleterre[51] et faisait agir la Reine au gré de son intérêt. « Sans elle, écrivait Dodington à son ministre, j’en ai la conviction la plus intime, nous n’aurions avancé en rien ici ; lorsqu’elle cessera de défendre nos intérêts, nous pourrons prendre congé de l’Espagne. Je la crois à présent tout à fait dévouée à nos intérêts et ennemie jurée des Français[52]. » On voit par ces indices, tous concordants, à quel parti-pris se heurtait la politique du Régent et quelles excellentes raisons il avait de n’accorder presque aucune créance aux paroles de Philippe V et de son conseiller qui prescrivait à Montéleon de resserrer de plus en plus l’union avec l’Angleterre[53] à l’instant même où celle-ci se jouait de lui.

 

Colère de Philippe V

Vers le milieu du mois de juin on apprit en Espagne que l’empereur d’Allemagne et le roi d’Angleterre venaient de signer le traité de Westminster (25 mai = 5 juin 1716) « pour se garantir réciproquement leurs territoires[54]. A cette nouvelle, Philippe apostropha Alberoni : « Eh bien, voilà vos Anglais et vos Hollandais dont vous vantiez tant l’amitié et l’assistance ! Que pouvez-vous dire maintenant pour les défendre, en les voyant entrer dans de nouvelles alliances avec nos plus grands ennemis, après que je leur ai accordé par vos conseils toutes les demandes, après avoir adopté toutes leurs mesures ? » Alberoni mit en doute la nouvelle et, à la supposer vraie, se rabattit sur ce que l’Angleterre n’avait pas conclu avec l’Espagne un traité d’alliance. « Je ne l’aurais jamais cru, interrompit Philippe. Qu’ils fassent ce qu’ils voudront, je prendrai des mesures ; cela est de toute nécessité, car je ne peux pas me fier à ces deux nations. Cependant je continuerai d’être dans des dispositions amicales jusqu’à ce que je sois convaincu qu’il n’y a plus de remède. » Puis s’approchant plus près d’Alberoni, il ajouta avec animosité : « Sur votre parole, j’ai abandonné mes anciens amis. A quelle extrémité je me trouve réduit ! Je ne puis compter sur un seul ami ! Vous m’avez très bien conseillé[55] ! » Alberoni, qui venait de sentir le souffle de la disgrâce, eut grand peur, courut chez Dodington, criant très haut : « Pour vous, le Roi mon maître a rompu ses conventions avec la France, il s’est séparé à jamais de la maison de Bourbon ».

 

Renvoi du cardinal del Judice

A la suite d’un tel déboire, Alberoni, se sentant vulnérable, comprit que s’il ne se hâtait de renverser le cardinal c’était lui-même qui succomberait. Il prit les devants et, dès le mois de juillet prépara l’attaque du premier-ministre nominal. « Pouvons-nous, disait-il à Philippe V, tandis que l’empereur se dispose à de vastes desseins, rester ainsi totalement inactifs, laisser le royaume dans la décadence, sans troupes, sans marine, sans finances, sans commerce, sans crédit, les peuples accablés de contributions, la noblesse réduite à la mendicité, au désespoir. » S’il ne s’agissait, pour réparer tant de maux que de disgracier un serviteur, le Roi était prêt ; volontiers il lui eut infligé un traitement honteux, accablant, cruel, le dernier supplice. Les princes s’imaginent volontiers que, faits à l’image de Dieu, ils peuvent comme lui se montrer impitoyables sans cesser d’être justes. Alberoni n’y consentit pas, sachant l’embarras que lui donnerait dans un pays superstitieux, « un saint Pierre-Martyr ou un saint Thomas de Cantorbéry[56] ». Le 13 juillet, le secrétaire Grimaldo remit au cardinal un billet du Roi, lui faisant connaître que la charge de gouverneur du prince des Asturies était incompatible avec celle de Grand Inquisiteur. Sans plus attendre, le duc de Popoli était installé auprès du prince héritier ; le cardinal remit ses deux charges et quitta le pays, se rendant à Rome.

 

Mission de Louville

A Paris, la nouvelle du traité de Westminster n’avait pas moins ému le Régent que Philippe V à Madrid[57]. Le duc d’Orléans avait lieu d’être inquiet de la tournure que prenaient les événements. Avant de se détourner définitivement de l’Espagne, il résolut de tenter un dernier effort ; mais il n’en voulut pas confier l’essai à la diplomatie officielle. Un ami commun pouvait servir d’intermédiaire secret entre Philippe d’Orléans et son neveu, c’était le marquis de Louville. Hardi, courageux, entreprenant et dévoré de l’ambition de jouer un rôle, Louville avait été quelque temps le conseiller et le guidé du duc d’Anjou arrivant régner sur l’Espagne ; il ne se consolait pas d’avoir été supplanté, annule, évincé par la première Reine et, finalement, rappelé en France par Louis XIV.

 

Son chiffre

Il s’y morfondait, les yeux sans cesse tournés vers l’Espagne qu’il gouvernait, réformait, administrait en imagination, rédigeant des mémoires, prodiguant des conseils dont on n’avait que faire. Cette obstination triompha finalement lorsque le Régent choisit Louville pour une mission secrète auprès de Philippe V. Toutes les prévenances n’avaient servi de rien, les concessions avaient été accueillies avec indifférence presque avec humeur, cet insuccès pouvait tenir au manque d’habileté de l’ambassadeur à qui nombre de lettres reprochent sa raideur[58] ; un ancien favori devait mieux réussir et Louville partit pour Madrid. Le Conseil des Affaires Etrangères avait désapprouvé la mission, blâmé l’agent[59], contesté l’opportunité de la démarche ; le Régent avait passé outre. Saint-Simon en fait retomber la responsabilité sur le duc de Noailles désireux de « tout faire » ; l’abbé d’Estrées n’y fut certainement pas Etranger et le baron de Longepierre, secrétaire de Noailles, rédigea les instructions données à Louville et fut dépositaire du chiffre[60]. Suivant une méthode qui plaira au Régent ce chiffre est souvent gaillard et plus souvent mal propre ; par exemple s’il s’agit de dire « que les Jésuites font le diable en Espagne contre S.A.R », Louville écrira : « J’ai des hémorroïdes qui me font enrager ». Le reste est du même goût et on ne peut tout citer[61].

 

Ses instructions

La véritable, mission de Louville consistait à découvrir si Philippe V voulait revenir en France ? En outre il lui fallait savoir ce qu’en pensaient la Reine, et les Italiens, et les Jésuites ? ce que la Reine éprouvait pour le Régent ? et si l’ancien favori se sentait en mesure de tenter une réconciliation sincère et non plus verbale comme celle intervenue pour donner satisfaction au feu Roi. Louville devait aussi exploiter le dissentiment entre de del Judice et Alberoni, prendre parti pour ce dernier, flatter son ressentiment contre le cardinal dont il obtiendrait l’exil, le pousser ensuite à rompre avec la clique italienne et, lorsqu’il n’aurait plus d’appui que sur des Espagnols, déterminer ceux-ci à le chasser et à le remplacer par un indigène. S’il ne réussissait pas sur tous les points de ce programme, Louville devait du moins obtenir le rappel du prince de Cellamare « dont les manèges à la Cour de France, soutenus d’une profonde habileté et d’une grande expérience dans les affaires, ainsi que de toute l’industrie d’un très habile Italien, fomentaient presque ouvertement les intrigues des personnes suspectes et mal affectionnées qui, prévoyant un avenir que Dieu voulut à jamais détourner, sans aucun respect ni pour les traités, ni pour les volontés du feu Roi, faisaient tous leurs efforts par leurs pratiques et leurs assemblées illicites, pour former un parti qui, au cas de la mort du Roi, replongerait la France et l’Espagne dans de nouveaux malheurs, en rendant incertain à l’égard des deux royaumes ce qui ne devait plus l’être, et en allumant et nourrissant en France une guerre civile qui serait la destruction du Royaume[62] ».

Louville devait faire un secret de sa mission au duc de Saint-Aignan, solliciter la Toison d’Or pour Louis XV et pour le jeune fils du Régent, observer beaucoup, parler peu et, dans les cas embarrassants, consulter et attendre. Le favori disgracié, improvisé diplomate, ne se trouva pas même au niveau de l’intrigue qu’on lui confiait. Arrivé à Madrid le 24 juillet 1716, onze jours après la disgrâce du cardinal, il n’en fut pas troublé. Cette date coïncidait avec la fête de saint Jacques et il ne manqua pas de se comparer à l’apôtre qui avait chassé les Maures d’Espagne, comme lui en chasserait les Italiens[63]. Il en était là lorsque le 25 juillet, à trois heures de l’après-midi, le secrétaire d’État Grimaldo lui fit tenir cet ordre : « Monsieur, le Roi mon maître ayant su que vous êtes arrivé en cette Cour, sans que S.M. en ait été nullement informée, et se souvenant que lorsque vous en sortîtes pour passer à Paris, ce fut par un ordre exprès de sa part, en sorte que vous ne pouviez ni ne deviez y revenir sans sa permission, S.M. me, commande expressément de vous le marquer, et de vous ordonner en son nom qu’aussitôt que vous aurez reçu ce papier vous sortiez de Madrid et retourniez en France sans venir au Palais ni paraître en la présence de Sa Majesté. Je vous l’écris par son ordre[64] ».

Louville feignit d’être malade, et se mit toute une après-midi au bain. Alberoni vint l’y trouver pour le plaindre et le faire causer ; s’il ne put se refuser à recevoir la lettre du Régent qui lui était destinée et à entendre les protestations véhémentes de Louville, il ne se laissa pas entamer. Lui « à qui tout François était suspect[65] » était décidé à n’en rien croire ; il avait persuadé à la Reine de ne pas permettre le moindre séjour et confirmé l’ordre de départ immédiat qui ne fut retardé que par une crise de colique néphrétique du malheureux Louville dont les médecins espagnols s’écartaient avec terreur[66]. Le Régent consentit à le rappeler et Philippe V l’en remercia[67], désormais, et pendant plusieurs années, Elisabeth Farnèse et Jules Alberoni allaient, sans contradiction, gouverner l’Espagne.

 

 

 



[1] Arch. de Simancas, Estado, liasses 4309 et 4314 ; Cornejo à Grimaldo, 28 mars et 20 mai 1712, 16 janvier, 26 juin 1713.

[2] Arch. de Simancas, Estado, l. 4318 : Cornejo à Grimaldo, 3 et 17 septembre 1714 ; ibid., l. 4321 : le même au même, 2 septembre 1715.

[3] Arch. d'Alcala, Estado, l. 3975 : Mascara à Grimaldo, 25 juin, 23 et 27août 1715.

[4] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 244, fol. 367 : Philippe V à Louis XIV, 29 avril 1715.

[5] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 241, fol. 9 : Saint-Aignan à Torcy, 1er juin 1715 ; ibid., t. 224, fol. 341 : Torcy à Saint-Aignan, 15 avril 1715.

[6] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 240 et t. 245 : lettres relatives à la réconciliation du duc d’Orléans et du roi d’Espagne, publiées dans A. Baudrillart, Philippe V et la Cour de France, in-8°, Paris, 1890, t. I, p. 692-695.

[7] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 245, fol. 45-69 : Instruction secrète du prince de Cellamare du 19 mai 1715.

[8] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 243, fol. 81 : Saint-Aignan à Torcy, 12 août 1715.

[9] Arch. nat., K. 1684 : Déclaration faite par Philippe V interprétant le testament de Charles II et les lois en faveur de la postérité d’Anne d’Autriche.

[10] J. Dumont, Corps universel diplomatique du droit des gens, in-fol. La Haye, 1726-1731, t. VIII, p. 304.

[11] J. Dumont, op. cit., t. VIII, p. 314.

[12] Arch. de Naples, Farnesiana, 54 : Alberoni au duc de Parme, 30 juillet 1714.

[13] De Courcy, L'Espagne après la paix d’Utrecht, in-8°, Paris, 1891, p. 372.

[14] Arch. de Naples, Farnesiana, 54 : Alberoni au duc de Parme, 21 octobre 1714 ; Alberoni à Rocca, 1er octobre 1714, dans E. Bourgeois, Lettres intimes du cardinal Alberoni au comte Rocca, ministre du duc de Parme, d’après le manuscrit du collège S. Lazaro, in-8°, Paris, 1892, p. 341.

[15] Alberoni à Rocca, 29 octobre et 19 novembre 1714, op. cit., p. 343-346.

[16] Alberoni à Rocca, 3 janvier, il février, 16 mai 1715, op. cit., p. 365 à 375.

[17] Alberoni à Rocca, 21 janvier, il février, 18 mars, 6 mai 1715.

[18] Alberoni à Rocca, 3 février 1715, op. cit., p. 365.

[19] W. Coxe, L'Espagne sous les rois de la maison de Bourbon, trad. Muriel, in-8°, Paris 1827, t. II, p. 262.

[20] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 242, fol. 113 : Louis XV à Saint-Aignan, 4 septembre 1715.

[21] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 242, fol. 201 : Le Régent à Alberoni, 4 octobre 1715.

[22] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 243, fol. 130 : Le Régent à Philippe V, 27 novembre 1716 ; Saint-Simon, Mémoires, t. VIII, p. 315 ; Dangeau, Journal, t. XVI, p. 233, 234.

[23] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 243, fol. 109 : Saint-Aignan au Régent, 15 décembre 1715.

[24] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 243, fol. 139 : Saint-Aignan au maréchal d’Huxelles, 2 décembre 1715 ; Isambert, Recueil général des anciennes lois françaises, 1830, t. XXI, p. 78, n. 37. Déclaration du 29 janvier 1716.

[25] Arch. Aff. Etrang., Espagne, Mémoires et documents, t. 140, fol. 52, mémoire de Le Dran.

[26] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 248, fol. 17 : Cellamare à del Judice, 2 septembre 1715 ; Arch. de Simancas, Estado, l. 4320 : Cellamare à Grimaldo, 2 et 3 septembre 1715 ; Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 248, fol. 60 : Cellamare à Montéleon, 10 septembre 1715.

[27] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 240, fol. 81 : Saint-Aignan à d'Huxelles, 3 novembre 1715 ; ibid., t. 243, fol. 39 : Saint-Aignan au Roi, 11 novembre 1715.

[28] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 246, fol. 16 : Philippe V au duc d’Orléans, 16 septembre 1716.

[29] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 248, fol. 116 : Cellamare à Montéleon, 20 septembre 1715.

[30] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 248, fol. 155 : Montéleon à Cellamare, 30 septembre 1715.

[31] Arch. d’Alcala, t. 3975 : Journal de Mascara.

[32] Arch. de Simancas, Estado, l. 4305 ; Cornejo à Grimaldo.

[33] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 242, fol. 190 : Saint-Aignan au Roi, 30 septembre 1715.

[34] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 242, fol. 238 : Saint-Aignan au Régent, 13 octobre 1715.

[35] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 250, fol. 47 : Projet de décret à demander au roi d’Espagne pour assurer aux Français les avantages accordés aux Anglais par le traité de commerce signé à Madrid le 14 décembre 1715 ; Ibid., t. 243, fol. 199 : Saint-Aignan au Régent, 15 décembre 1715.

[36] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 231, fol. 98 : Saint-Aignan au maréchal d'Huxelles, 17 juin 1716.

[37] Saint-Simon, Mémoires (1906), t. VIII, p. 366.

[38] Mémoires de Torcy, t. II, p. 181, cités par Baudrillart, op. cit., t. II, p. 416.

[39] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 249, fol. 39 : Saint-Aignan au Roi, 28 janvier 1716 ; Mémoires de Torcy, t. I, p. 171-173, 220-222.

[40] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 249, fol. 127 : Saint-Aignan au Roi, 3 février 1716.

[41] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 243, fol. 199 : Saint-Aignan au Régent, 15 décembre 1715.

[42] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 250, fol. 182 : Saint-Aignan au Roi, 3 mai 1716.

[43] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 242, fol. 238 et 270 : Saint-Aignan au Régent, 13 octobre 1715 ; Saint-Aignan au Roi, 26 octobre 1715.

[44] Mémoires de Torcy, t. I, p. 150 ; Saint-Simon, Mémoires, t. VIII, p. 364-366.

[45] Dodington à Stanhope, 12 décembre 1716, dans W. Coxe, L’Espagne sous les rois de la maison de Bourbon, 1827, t. II, p. 263-265.

[46] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 299, fol. 62 : Instructions de M. de Maulévrier ; A. Baudrillart, op. cit., t. II, p. 238, note 2.

[47] Dodington à Stanhope, 9 février 1716, dans W. Coxe, op. cit., t. II, p. 271.

[48] Mémoires de Torcy, t. I, p. 156-157, 197, 240.

[49] Mémoires de Torcy, t. I, p.25 ; Saint-Simon, Mémoires, t. VIII, p. 364.

[50] Saint-Simon, Mémoires, t. VIII, p. 364.

[51] Arch. des Aff. Etrang., Espagne, t. 250, fol. 34 : Saint-Aignan au Roi, 16 mars 1716.

[52] Dodington à Stanhope, dans W. Coxe, op. cit., t. II, p. 281.

[53] Mémoires de Torcy, t. I, p. 286, 436, 439.

[54] Dumont, Corps diplomatique, t. VIII, p. 477.

[55] Dodington à Stanhope, 27 avril, 4 mai, 18 juillet 1716, dans W. Coxe, op. cit., t. II, p. 271-281 ; Mémoires de Torcy, t. I, p. 562.

[56] Arch. Nap., Farnesiana, fasc. 58 : Alberoni au duc de Parme, du Pardo, 6 juillet 1716.

[57] O. Weber, Die Quadrupel Allianz vom Jahre 1718, in-8°, Wien 1887, p. 15-19.

[58] A. Baudrillart, Philippe V et la Cour de France, in-8°, Paris 1890, t. II, p. 221, note 1.

[59] Louville, Mémoires Secrets sur l’Établissement de la maison Bourbon en Espagne, in-8°, Paris 1818 ; voir Baudrillart, op. cit., t. II, p. 228-235.

[60] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 251, fol. 164 ; voir Baudrillart, op. cit., t. II, p. 577-579.

[61] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 251, fol. 145 à 166 : Instruction secrète du marquis de Louville, envoyé en Espagne par S. A. R., le 4 juin 1716.

[62] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 251, fol. 145, suivantes.

[63] Lettre de Louville, Madrid, 30 juillet 1716, dans P. E. Lémontey, Histoire de la Régence, t. I, p. 124.

[64] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 254, fol. 279 : Ordre envoyé par le marquis de Grimaldo au marquis de Louville, le 25 juillet 1716.

[65] Mémoires de Torcy, t. I, p. 692 ; Saint-Simon, Additions au Journal de Dangeau, t. XVI, p. 416-418.

[66] Mémoires de Torcy, t. I, p. 687 ; Lémontey, op. cit., t. I, p. 125.

[67] Arch. Aff. Etrang., Espagne, t. 252, fol. 201 : Philippe V au Régent, 24 août 1716 ; Louville à d'Huxelles, 29 juillet ; Louville à Noailles, 29 juillet ; Saint-Aignan à d'Huxelles, 31 juillet ; d'Huxelles à Saint-Aignan, 7 août ; Louville au Régent, 10 août ; Saint-Aignan au Régent, 10 août ; Louville au Régent, 18 août 1716 ; Torcy, Mémoires, t. I, p. 629 suivantes.