I. — ADMINISTRATION MILITAIRE, MARITIME ET COLONIALE DE CHOISEUL. PENDANT que la monarchie se débattait contre de si grandes
difficultés, un bel effort était fait pour restaurer les forces de terre et
de mer et pour vivifier le domaine colonial de Le mérite en revient à Choiseul. Le principal ministre,
ayant à diriger la politique générale et Dès qu'on eut signé les préliminaires de la paix avec l'Angleterre, Choiseul, par l'ordonnance du 10 décembre 1769, commença de réformer l'armée. Il fallait bien faire des économies, mais il fallait aussi que les effectifs pussent être, à un moment donné, rapidement accrus, et l'armée mise en état d'entrer promptement en campagne. Il fut donc ordonné qu'en cas de guerre les levées seraient versées dans les corps existants, sans qu'il fût créé de nouveaux états-majors. En même temps, on réduisit le nombre des officiers. Au
début de la guerre il avait fallu les multiplier et accepter comme officiers
beaucoup de roturiers. En 1763, Choiseul licencia des régiments, et ordonna
aux colonels de chaque régiment de congédier des officiers ; es roturiers
furent sacrifiés les premiers. Il y eut parmi eux des résistances. Un sieur
Lantier, fils d'un riche négociant de Marseille, lieutenant au régiment de
l'Île-de-France, ayant été congédié par le colonel marquis de Grenolle, fit
intervenir auprès de Choiseul l'évêque d'Orléans et le maréchal de camp de Le plus réel privilège qui reste à la noblesse est l'état militaire ; il est fait pour elle ; lorsque des sujets, faits pour un autre état, occupent la place des gentilshommes, c'est une contravention à la règle établie par le souverain... Le militaire doit être composé de la partie la plus pure de la nation, des gens faits pour avoir des sentiments. Le sieur Lantier ne resta pas au régiment. Mais des officiers nobles de la noblesse provinciale furent aussi remerciés. Des colonels perdirent les fonds qu'ils avaient empruntés pour acheter un régiment et des capitaines et des lieutenants le prix de leurs charges. Beaucoup tombèrent dans la misère. On leur donnait en compensation des pensions illusoires souvent, à cause de l'irrégularité des paiements. Un capitaine de grenadiers écrit à Choiseul en 1763 : Pour me soutenir je fus obligé de vendre mon épée à monture d'argent, ainsi que ma montre.... Je demande à servir partout où le ministre voudra me faire la grâce de m'employer. Je ne désire rien que de travailler pour avoir du pain. Un chevalier du Muy, qui commande en Flandre, écrit au ministre au sujet d'un ancien capitaine : Cet officier n'a pas de quoi
acheter du pain qui fait sa seule nourriture.... Je viens de lui donner 50
écus pour passer une partie de l'hiver en lui disant que c'était une
gratification de Un lieutenant-colonel reçoit de l'évêque de Soissons, pour lui, sa femme et sa fille, trente livres de pain et douze livres de viande par semaine ; les deux femmes n'osent pas aller à la messe parce qu'elles sont sans vêtements. Les officiers qui demeurèrent en activité eurent souvent
bien de la peine, eu égard à la hausse de toutes choses, à s'équiper et à
vivre ; un lieutenant avait Le Gouvernement essaye de lui donner quelques
satisfactions. L'École militaire créée par le comte d'Argenson entretenait
gratuitement 500 fils de gentilshommes. Choiseul convertit le collège de Choiseul aurait voulu empêcher les colonels et las
capitaines d'exploiter les régiments et les compagnies comme des fermes, mais la vénalité
des grades rendait son projet en partie irréalisable. Les colonels vendaient
certains grades au plus offrant. Au début de la guerre de Sept Ans, on avait
créé un grand nombre de compagnies dans les régiments d'infanterie, et le
colonel du régiment de Piémont s'était acquis une célébrité à vendre les
compagnies et les lieutenances. Un correspondant du Secrétaire d'État de Les colonels sortaient pour la plupart de la noblesse de
Cour, et commençaient à commander des régiments à rage do vingt-trois ans,
souvent plus jeunes. Durant la guerre de Sept Ans, l'inexpérience des
colonels et le train luxueux qu'ils menaient avaient frappé tout le monde.
Étant Secrétaire d'État de Par l'ordonnance du 10 décembre 1762, Choiseul décida qu'aucun régiment ne porterait plus le nom de son colonel ; que tous recevraient des noms permanents, des noms de provinces. Il donna part dans l'administration des régiments aux majors et aux capitaines-trésoriers, nommés les uns et es autres par le Roi. Dans chaque régiment l'argent de la solde et de la masse fut remis au trésorier et versé en sa présence dans une caisse à trois serrures ; le colonel, le major et le trésorier ayant chacun leur clef, la caisse ne s'ouvrait que si les trois personnages ou leurs représentants étaient présents. Pour tous fonds déposés ou pris dans la caisse, on établissait chaque mois trois états : l'un était envoyé au Secrétaire d'État ; le major en prenait un autre ; le trésorier conservait le troisième. La coopération du colonel, du major et du trésorier fut le premier essai des conseils d'administration des régiments. A l'égard des capitaines, l'ordonnance du 10 décembre 1762 disposa : Les capitaines de tous les régiments de l'infanterie française seront à l'avenir déchargés du soin de faire les recrues, l'intention du Roi étant de leur faire fournir toutes celles dont ils auront besoin.... Sa Majesté fera pareillement fournir à l'avenir l'armement... Les capitaines, qui perdaient les bénéfices sur les levées
ou l'entretien de leurs hommes, furent indemnisés par l'augmentation de leurs
appointements, qui étaient d'abord de Choiseul exigea des officiers qu'ils fussent instruits. Il
fit enseigner aux jeunes gentilshommes de l'école de Il établit dans l'armée une discipline régulière. Le
colonel dut résider auprès de son régiment, et fut placé sous la surveillance
d'un officier général qui, tous les six mois, rendait compte au Secrétaire
d'État de la tenue, de l'instruction et de la
conduite militaire du régiment. Le major dut remplir toute sa
fonction, qui consistait dans la police, la
discipline, la tenue et les exercices ; il devait aussi, sous peine
d'être cassé, informer le Secrétaire d'État de Les autres réformes eurent surtout le soldat pour objet. Choiseul confia le recrutement à des sergents recruteurs, et paya directement le prix des engagements. Par l'ordonnance du 1er février 1763 et par celle de mai 1766, il fut interdit d'admettre des volontaires au-dessous de seize ans en temps de paix, au-dessous de dix-huit en temps de guerre et d'admettre personne au delà de cinquante ans. Le soldat sera nourri, équipé, armé par le Roi ; les fonds seront versés à chaque régiment qui en rendra compte. C'était supprimer les entrepreneurs de fournitures et remplacer l'entreprise par la régie. Il fut ordonné aux capitaines de s'assurer que les soldats étaient bien nourris, sous peine de répression sévère pour toute négligence à ce sujet. L'état des uniformes des régiments fut fixé, et défense faite aux colonels d'y introduire ou laisser introduire aucun changement. La fabrication des armes, l'approvisionnement des magasins, l'organisation de la remonte, l'organisation des ambulances furent réglés. Pour assurer l'instruction technique de l'armée, un certain nombre de régiments devaient être conduits tous les ans au camp de Compiègne, dont on voulait faire quelque chose d'analogue aux camps d'instruction de Frédéric II. Une ordonnance du 1er mai 1768 réglementa le service des places. La législation militaire entra dans les plus petits détails ; elle détermina jusqu'à la manière dont les soldats devaient arranger leurs cheveux ; il fut défendu aux cavaliers de les tresser en queues démesurées et de se mettre à 7 ou 8 à coiffer un camarade. La réforme de l'artillerie fut un des principaux soins de Choiseul. Ici le grand collaborateur était Gribeauval. Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval, né en 1715, entré comme volontaire dans le régiment de Royal-Artillerie en 1732, capitaine du corps des mineurs en 1752, envoyé en mission en Prusse par le comte d'Argenson à l'effet d'étudier l'artillerie légère des Prussiens, lieutenant-colonel en 1757, passa au service de l'impératrice Marie-Thérèse avec l'agrément de Louis XV, coopéra en 1758 à la prise de Glatz en Silésie, et défendit si bien Schweidnitz contre Frédéric, en 1762, que celui-ci n'y serait pas entré sans une explosion de magasins à poudre qui mit la place hors d'état de soutenir un assaut. La paix faite, Choiseul rappela Gribeauval, le fit maréchal de camp, inspecteur général d'artillerie. Gribeauval proposa alors de renouveler tout le matériel des canons. En France régnait le système Vallière, qui devait son nom à Jean-Florent de Vallière, officier d'artillerie d'assez grande notoriété au temps de Louis XIV[2], directeur général de l'artillerie en 1720. Vallière avait établi l'uniformité des calibres, et, par l'ordonnance de 1732, réglé l'organisation du corps de l'artillerie, de ses écoles et de ses exercices. Son fils, le marquis de Vallière, directeur général de l'artillerie et du génie depuis 1747, était persuadé qu'il n'y avait rien à changer à l'œuvre de son père. Le système remontait cependant à une époque où les canons étaient surtout employés dans l'attaque et la défense des places. Or, les guerres récentes avaient prouvé que l'artillerie pouvait faire gagner des batailles ; les Français lui devaient d'avoir vaincu à Fontenoy et à Raucoux. Mais, pour traîner des canons partout où donnent les troupes, il fallait les alléger. Gribeauval fit comprendre que l'artillerie devait varier ses engins en raison des besoins de la guerre et qu'il fallait créer un matériel distinct pour chacun des services de campagne, de siège, de place, ou de côte. Pour alléger les pièces il les raccourcit, remplaça les essieux en bois par des essieux en fer ; pour les rendre plus rapidement mobiles, il augmenta la hauteur des roues de leurs avant-trains. Son système, adopté en 1765, devait être en usage jusqu'en 1825. Sa réforme rencontra des adversaires : Vallière fils, les
écrivains militaires Saint-Auban et Dupuget, les académiciens de Tressan et
Buffon qui soutenaient que raccourcir les pièces, c'était en diminuer la
portée, la justesse, la solidité. Mais l'expérience donna raison à
Gribeauval. Lors de la conquête de Au XVIIe siècle, les fonderies des ports de Toulon, Rochefort et Brest, celles de Strasbourg, de Douai et de l'Arsenal de Paris étaient les seules dont le Roi eût l'entière propriété ; partout ailleurs il se contentait d'exercer une certaine surveillance par ses agents. Au XVIIIe siècle, et surtout à partir du ministère Choiseul, l'État acquit un assez grand nombre de manufactures particulières, en créa de nouvelles, y introduisit les procédés de fabrication les plus perfectionnés, et forma un remarquable personnel d'ouvriers. Les manufactures de Saint-Étienne, Charleville, Maubeuge, Klingenthal devinrent établissements du Roi ; et de même les fonderies de canons de Ruelle, Indret, Montcenis, Saint-Germain, Lyon et Perpignan, les fabriques d'ancres et de poudres de Cosne et du Ripault. Choiseul entra au ministère de Dans un Mémoire
présenté au Roi en 1765, Choiseul a donné l'état de (A
Brest), le peu qui restait dans les magasins était à l'encan ; l'on
n'avait pas de quoi ni radouber, ni équiper les bâtiments qui avaient échappé
au combat de M. de Contiens. Le port de Toulon n'était pas mieux que celui de
Brest depuis le combat de M. de Le Roi ne possédait plus que 44
vaisseaux de ligne tant bons que mauvais et 10 frégates. Choiseul
demanda aux États du Languedoc d'aider le Roi dans la reconstitution des
forces navales. Les États décidèrent d'offrir un vaisseau et votèrent
l'argent nécessaire ; les États de Bourgogne, de Flandre, d'Artois, le
Parlement de Bordeaux, le corps de ville et les six corps de métiers de
Paris, la chambre de commerce de Marseille, les fermiers généraux, les
receveurs généraux, les régisseurs des postes, les chevaliers de l'ordre du
Saint-Esprit suivirent cet exemple, votèrent des fonds ou se cotisèrent ; le
Clergé de France vota un million ; de simples particuliers envoyaient leurs
offrandes. Le tout fit, au dire de Choiseul, 14 millions, qui donnèrent
quinze vaisseaux de ligne parmi lesquels le Languedoc,
La construction de ces vaisseaux ramena la vie dans les chantiers des arsenaux. Les crédits mis à la disposition de Choiseul, d'abord réduits de 20 à 16 millions, furent relevés peu à peu jusqu'à 26 millions et demi, chiffre de 1770. Choiseul aurait voulu que Aux trois arsenaux de Brest, Rochefort, Toulon, Choiseul ajouta
un arsenal à Marseille en 1762, et Choiseul-Praslin un arsenal à Lorient en
1770, quand Choiseul reprit l'idée de Colbert sur l'armée coloniale et remplaça les Compagnies franches qui, depuis Seignelay, faisaient sur la flotte le service de la mousqueterie, par des bataillons d'infanterie de l'armée de terre qui furent affectés en même temps aux colonies. Il espérait établir ainsi, disait-il, l'union des deux armées de terre et de mer ; mais les fantassins ne se prêtèrent pas au service des vaisseaux et souvent désertèrent. C'étaient d'ailleurs presque tous de mauvais soldats, dont les régiments s'étaient volontiers débarrassés. Il était tellement nécessaire d'avoir une force permanente pour défendre les colonies et réduire au minimum l'emploi des troupes royales que Choiseul organisa des milices coloniales[3]. Mais les colons abhorraient les milices ; les plantations souffraient du service qu'elles imposaient ; les chambres d'agriculture des colonies protestèrent contre l'institution, et une espèce de révolte éclata à Saint-Domingue. Le personnel des officiers et agents de Les officiers de marine demandaient que leur expérience
fût mise à profit pour la préparation des forces navales. Choiseul leur donna
satisfaction au détriment des bureaux. Tandis que Colbert les avait exclus du
détail des arsenaux, il leur ouvrit les
arsenaux. L'artillerie de marine, jusque-là sous l'autorité de l'intendant de
marine, passa sous celle de l'officier général commandant le port. Les
capitaines de vaisseau qui, lorsqu'ils étaient dans les ports, dépendaient
auparavant de l'intendant, devinrent les subordonnés directs du commandant. L'intendant
n'eut plus de pouvoir qu'en ce qui concernait la plume.
Le capitaine du port demeura bien sous ses ordres, mais il fut tenu de rendre
compte au commandant, jour par jour, de Eilat des vaisseaux. Les intendants
et tout le corps de la plume se plaignirent ; pour les consoler on leur fit
porter l'uniforme et on leur donna le titre d'officiers
d'administration de Les questions maritimes et navales furent sérieusement
étudiées au temps de Choiseul. Le vicomte Bigot de Morogues, commissaire général
de l'artillerie, publia en 1763, en le dédiant au Secrétaire d'État, un
ouvrage sur Choiseul essaya d'organiser l'empire colonial de L'État substitué aux compagnies[4] va se charger du commerce des nègres, du ravitaillement des colonies et de la peuplade. Choiseul remit en vigueur les ordonnances qui permettaient aux artisans coloniaux de passer maîtres après dix ans de travail, aux juifs et aux protestants de pratiquer leur culte. Suivant l'usage. il lit embarquer pour les colonies des jeunes gens de famille, dont on voulait se débarrasser, des gens sans aveu et des vagabonds[5]. D'excellentes mesures économiques furent prises. Les colonies eurent des chambres de commerce et d'agriculture ; les ports furent agrandis et fortifiés ; Sainte-Lucie et Saint-Nicolas devinrent des ports francs. Dans l'administration des colonies, comme dans celle de la
marine et de la guerre, la pensée dominante de Choiseul fut de préparer la
guerre contre les Anglais ; il espérait trouver une occasion dans le conflit
prévu entre l'Angleterre et ses colonies d'Amérique. Il expédiait des agents
secrets sur les côtes d'Afrique et d'Amérique, aux Indes, dans Si Votre Majesté avait la guerre avec les Anglais, il serait instant au moment qu'on l'envisagerait de faire passer en Amérique vingt-quatre bataillons qui trouveraient dans les Ses ce qui leur serait nécessaire, resteraient pendant toute la guerre en Amérique. et seraient alimentés tant en vivres qu'en munitions par les escadres de Votre Majesté. C'est d'après ce plan que nous préparons les possessions de Votre Majesté dans cette partie du monde. Choiseul aurait voulu aussi qu'unie à Vous devez insister chaque fois que vous en trouverez l'occasion sur la nécessité indispensable qu'il y a pour l'Espagne de travailler à augmenter u puissance maritime et coloniale. II. — LES AFFAIRES DE BRETAGNE[6]. CE ministre occupé de si grands soins l'était pour le moins autant de petites choses et d'intrigues diverses. C'est là qu'il devait trouver sa perte. Il commença de compromettre son crédit dans les affaires de Bretagne, si singulières, et où l'on retrouve tant de preuves du désordre général et de la faiblesse du gouvernement royal. En 1753, d'Aiguillon avait été nommé Commandant de Bretagne. Le duc de Penthièvre, gouverneur et lieutenant général de la province, était toujours absent de son gouvernement ; le commandement — qui n'était pas une charge et ne s'exerçait que par commission — était donc la fonction importante de la province. Emmanuel-Armand Vignerot du Plessis de Richelieu, duc d'Aiguillon, était fils d'Armand-Louis, comte d'Agenais, duc d'Aiguillon, et d'Anne-Charlotte de Crussol d'Uzès. Arrière-petit-neveu d'une dame de Combalet, nièce du cardinal de Richelieu, neveu du maréchal de Richelieu, apparenté à Maurepas, il était aussi neveu du Secrétaire d'État de Saint-Florentin, par sa femme, fille du comte de Mélo, tué à Dantzig en 1734. Il était élégant, de manières nobles, avec de la grâce ; d'esprit ordinaire, mais réfléchi et laborieux ; de caractère ferme ; de grand orgueil, ambitieux de se pousser au premier rang. Estimé du Dauphin, il passait pour le successeur probable de Choiseul, ce qui déplaisait au ministre et l'inquiétait. Si difficile que fût sa tâche, d'Aiguillon réussit d'abord
on ne peut mieux. Il se créa un parti dans la noblesse bretonne. Aidé de
l'intendant Le Bret, il lit l'assiette et la répartition du vingtième avec
une modération et des ménagements dont on lui sut gré ; il multiplia les
grandes voies de communication, les grands chemins,
comme on disait, améliora et adoucit notablement le système des corvées,
s'intéressa à l'assainissement de quelques grandes villes. Pendant la guerre
de Sept Ans, en 1758, à Saint-Cast, il sauva la province d'une invasion
anglaise. Il défendait, à l'occasion, les privilèges de D Aiguillon eut la mauvaise fortune de se brouiller avec
le Procureur général au Parlement de Rennes, Survinrent alors, en avril 1763, les mesures fiscales de
Bertin, puis Louis XV fit mander à Versailles les principaux meneurs,
de Montreuil, de Je n'ai pu voir sans peine que, dans une occasion où j'ai donné à mon Parlement les plus grandes marques de confiance, et où le ne devais attendre que des témoignages de son zèle et de sa reconnaissance, il ait ajouté par un arrêté compris, contre la règle ordinaire, dans son arrêt d'enregistrement de ma Déclaration du 21 novembre dernier, des objets qui y étaient totalement étrangers et qui ne tendent qu'à jeter des nuages sur une administration dont je suis aussi content que la province, ou même à élever des difficultés qui pourraient exciter des divisions entre mes sujets s'ils m'étaient moins attachés. Retournez dire à mon Parlement que je veux que cette affaire n'ait aucune suite. Après que la députation se fut retirée, Louis XV retint Les députés retournèrent à Rennes plus irrités qu'intimidés. Le Parlement fit de nouvelles remontrances ; et de nouveau une députation fut appelée à Versailles. Mais cette fois, le Roi fut moins ferme à l'égard des magistrats ; il ne leur dit rien pour défendre l'administration du duc d'Aiguillon. Aux approches de la tenue d'États de 1764-1765, le nouveau
Contrôleur général, L'Averdy, ordonna la levée en Bretagne de deux sous pour
livre des droits des fermes, sans vouloir, comme le lui conseillait
d'Aiguillon, attendre le consentement de l'assemblée. Il alléguait que la
levée des droits des fermes générales ne regardait pas les États, et qu'il
pouvait faire percevoir des sous pour livre additionnels à ces droits, si Des lettres anonymes injurieuses et menaçantes pour le Roi
lui-même furent adressées au Secrétaire d'État Saint-Florentin[8]. Quelqu'un crut y
reconnaître l'écriture de Il avait des relations avec un gentilhomme du nom de
Kerguézec, chef de l'opposition bretonne et implacable ennemi du Commandant.
On accusait aussi En même temps furent conduits dans diverses prisons
d'autres magistrats suspects qui, peu après, furent réunis au château de
Saint-Malo avec Le duc d'Aiguillon n'avait été pour rien dans
l'arrestation de Cependant le nouveau Parlement se constitua ; on l'appela
par dérision le bailliage d'Aiguillon. Saisi
du procès de Ce qui s'est passé dans mon Parlement de Rennes, dit-il, ne regarde pas mes autres Parlements. J'en ai usé à l'égard de celte cour comme il importait à mon autorité, et je ne dois de compte à personne. En ma personne seule réside la puissance souveraine ; de moi seul mes cours tiennent leur existence et 'Pur autorité ; à moi seul appartient le pouvoir législatif, sans dépendance et sans partage... ; l'ordre public tout entier émane de moi, et les droits et les intérêts de la nation, dont on ose faire un corps séparé du monarque, sont nécessairement unis dans mes mains, et ne reposent qu'en mes mains. Le lendemain, 4 mars, il écrivait au Parlement de Rouen : J'ai lu vos remontrances ; ne m'en adressez jamais de semblables ; l'agitation que vous supposez... parmi mes peuples... n'est que chez vous. Le serment que j'ai fait, non à la nation, comme vous osez le dire, mais à Dieu seul, m'oblige de faire rentrer dans le devoir ceux qui sen écartent. Mais peu après il consentait à rappeler de Bretagne, sur
sa demande, le duc d'Aiguillon, et, le 15 juillet, il rétablissait l'ancien
Parlement de Bretagne. En novembre 1766, il évoqua le procès à son Conseil.
Aussitôt le Parlement de Paris protesta contre l'usage de cette juridiction
d'exception. Le Roi eut peur d'un conflit ; il éteignit par lettres patentes
du 21 décembre toute la procédure. En même temps, il assignait aux accusés,
de son autorité propre, des lieux d'exil. Mais les partis politiques et
religieux continuèrent do célébrer A Rennes, les Parlementaires réinstallés se mirent à
persécuter les juges, les avocats et les procureurs qui n'avaient pas, comme
eux, suspendu le service, les officiers des juridictions inférieures qui
avaient continué de rendre la justice, l'ingénieur Dorotte qui avait porté
témoignage en faveur du Commandant, lors de la discussion sur les grands
chemins. Divers libelles réclamèrent la mise en accusation de d'Aiguillon, et
le Parlement de Rennes ouvrit une enquête sur la manière dont l'édit contre
les Jésuites avait été exécuté par lui ; des commissaires entendirent des
témoins qui, gens de palais pour la plupart, chargèrent le Commandant, ou
tout au moins son subordonné, le subdélégué Audouard. D'Aiguillon fut, accusé
non seulement d'abus d'autorité, mais encore d'avoir suborné des témoins
contre Le Commandant lui-même réclamant des juges, il fut décidé au Conseil, le 24 mars 1770, qu'il serait jugé par le Parlement de Paris. Comme il était duc et pair, il relevait, en effet, de cette Cour où siégeaient les pairs de France quand un des leurs était en cause. Mais le Parlement de Paris avait déjà, à mainte reprise, dans ses remontrances, manifesté sur l'Affaire de Bretagne son opinion violemment hostile au Commandant de la province. Le procès s'ouvrit à Versailles le 4 avril. On prononça la
nullité des procédures de Rennes et on recommença l'information. Des témoins
se contentèrent de citer des ouï-dire ; d'autres contredirent à Paris leurs
dépositions de Rennes. Certains témoignages, en termes identiques, semblèrent
des leçons apprises. Il y eut une déposition sensationnelle du conseiller Cornulier de Lucinière ; il prétendit savoir que d'Aiguillon était allé à
Saint-Malo une nuit de janvier 1766, pour s'aboucher avec Lenoir et Calonne,
membres de la commission chargée de juger D'Aiguillon ne cessa jamais de demander que son procès suivit son cours ; il voulait porter plainte en subornation de témoins ; il n'est donc pas vrai qu'il ait voulu se dérober. Mais le Roi signa, le 27 juin 1770, des lettres patentes où les procédures étaient déclarées nulles et le silence imposé à tous sur l'affaire. C'était, après la permission donnée à d'Aiguillon de se démettre de son gouvernement, une nouvelle reculade du Roi. L'apaisement ne s'ensuivit pas. Le Parlement rendit, le 2 juillet, l'arrêt suivant : A la lecture de cet arrêt, Condorcet écrivit : J'avoue que la haine parlementaire est aussi cruelle que le despotisme ministériel. III. — CHUTE DE CHOISEUL[9]. AU moment où le conflit devenait le plus aigu entre la
royauté et les Parlements, Choiseul dominait encore l'État ; il agissait sur
l'opinion par les salons et es gens de lettres. Mais il était près de sa
chute. Sa conduite avait été trouble dans l'affaire de Bretagne. 11 avait par
dessous main soutenu Choiseul avait d'ailleurs, dans le ministère même, des ennemis dangereux : Maupeou et Terray. René-Nicolas de Maupeou était devenu Chancelier après la
retraite de son père, en 1768. Il avait alors cinquante-quatre ans. C'était
un petit homme poli, complimenteur, à langue dorée,
mais autoritaire et dur, grand travailleur, hardi et constant dans ses
desseins, intrigant, très ambitieux, et à qui peut-être son ambition inspira
l'idée de s'opposer à Choiseul, en se faisant l'adversaire de la
magistrature, dont il réprouvait, d'ailleurs, l'opposition à En 1770, Terray composa un mémoire sur la réorganisation
militaire de 1763, où il prétendit établir que l'armée, sans être meilleure
qu'autrefois, coûtait plus ; il le remit à Choiseul. Il soutint devant le Roi
que ses calculs étaient exacts, et que si S. M. voulait de l'argent, on ne
pouvait désormais en trouver qu'en retranchant les dépenses inutiles dans les
départements de Enfin la nouvelle favorite, Mme du Barry, parait avoir
aidé les ennemis de Choiseul à se débarrasser de lui. C'était la fille
naturelle d'une certaine Anne Bécu, dite Quantigny, qui avait épousé à Paris
un garde-magasin de la ferme générale. Élevée au couvent des dames de
Sainte-Aure, puis demoiselle de magasin chez Labille, un marchand de modes
rue Neuve-des-Petits-Champs, où elle était connue sous le nom de Mlle l'Ange
ou de Jeanne Vaubernier, amie de Mlle Labille qui fut un peintre distingué,
mise en relations par elle avec des peintres, des sculpteurs, des
collectionneurs, elle avait connu dans ce monde tin gentilhomme gascon
enrichi dans les fournitures de l'armée et de la flotte, Jean du Barry.
Devenue sa maîtresse, elle avait tenu salon chez lui, rue de Parmi ces artistes, ces lettrés et ces viveurs, elle
s'était affinée. Jean du Barry, qui avait déjà tenté de donner pour maîtresse
à Louis XV la fille d'un porteur d'eau de Strasbourg, et plusieurs autres, l'avait aussi préparée à cet avenir. A
Versailles, au printemps de 1768, elle se trouva sur le passage du Roi, qui
s'éprit d'elle. Après la mort de Mme du Barry avait des yeux bleus, demi-clos, encadrés de sourcils bruns, une bouche délicieuse, des traits d'une finesse extrême, des cheveux blond cendré, bouclés et soyeux comme ceux d'un enfant. Elle avait pris les manières du monde et n'était pas sotte. Très gaie, ses éclats de voix et de rire, et ses espiègleries, amusaient le Roi toujours ennuyé. Bonne fille, elle ne s'intéressait pas à la politique et n'avait ni haines ni rancunes. Sans doute Choiseul, qui n'était pas scrupuleux, et,
ancien protégé de Mme de Pompadour, n'avait pas le droit de l'être, se serait
accommodé du caprice du Roi ; mais les femmes de son parti lui imposèrent
l'intransigeance. Les Choiseul firent à la maîtresse une guerre de chansons
et de vaudevilles, applaudissaient à Choiseul espéra trouver une aide puissante contre Mme du
Barry. Dès le temps de son ambassade à Vienne, en 1757, il avait commencé de
négocier le mariage du Dauphin avec l'archiduchesse d'Autriche,
Marie-Antoinette, qui n'était alors qu'une enfant ; il avait repris le projet
en 1765 ; le mariage fut conclu en 1770. Persuadé que l'alliance autrichienne
était utile à Elle fut tout de suite admirée. Elle n'était pas régulièrement belle ; elle avait le front un peu trop bombé, les yeux un peu trop saillants, la lèvre épaisse des Habsbourg ; mais sa jeunesse — elle avait quinze ans, — la fraîcheur et la transparence de son teint, sa chevelure blonde, sa démarche élégante et souple, sa bonne humeur et sa vivacité faisaient d'elle un être charmant. Elle prit d'abord en amitié Choiseul, en aversion Mme du Barry. Elle était reconnaissante au ministre qui avait fait sa fortune, et le croyait un homme supérieur. Elle le vit souvent chez Mesdames tantes, qui l'avaient détesté, mais le recevaient à présent en raison de la haine commune contre Mme du Barry. Choiseul espérait en outre tirer parti pour sa popularité
de deux heureux événements qui se produisirent pendant son ministère : la
réunion de Le roi Stanislas mourut en février 1766. Il avait laissé
introduire dans son duché l'administration française, dont le principal
personnage fut l'intendant Ce fut la politique étrangère de Choiseul qui causa sa perte. Il continua la politique de l'alliance de famille. Les
rois d'Espagne et de Naples et le duc de Parme ayant expulsé les Jésuites de
leurs états, il projeta une démarche des quatre Cours à Rome, pour obtenir la
suppression de l'Ordre. Le pape ayant prononcé la déchéance du plus faible
des alliés, le duc de Parme, Choiseul riposta en occupant Avignon, pendant
que les Espagnols occupaient Bénévent. En Orient, il intervint pour sauver Les conflits entre l'Angleterre et Choiseul suivait avec attention les querelles coloniales,
très fréquentes aussi entre Anglais et Espagnols. Celle qui éclata à propos
des fies Malouines, appelées Falkland par les Anglais, s'annonça très grave.
Cet archipel avait été reconnu en 1763 par Bougainville, qui y avait installé
quelques familles acadiennes. Le roi d'Espagne Charles III l'ayant revendiqué
comme dépendance de l'Amérique espagnole, Ce que je vois de plus certain dans la réponse de M. de Grimaldi à mes communications, c'est que l'Espagne meurt de peur de tous les incidents qui peuvent amener la guerre. Or, le même jour, une lettre de Grimaldi à Fuentes, ambassadeur d'Espagne en France, prouvait que l'Espagne n'était pas si peureuse et, le 27 août, d'Ossun annonçait à Choiseul que les Espagnols se préparaient à la guerre, et il donnait le détail de leurs armements. Mais à ce moment, en France, la querelle du Gouvernement et des Parlements était à l'état aigu. Obtenir du Parlement de Paris qu'il consentit à enregistrer les édits fiscaux que la guerre rendrait nécessaires parut à Choiseul chose impossible, et ce fut alors à lui de temporiser. Il recommanda à Madrid de traîner les choses en longueur, même de céder. C'était trop tard. L'amour-propre espagnol s'exaltait ; d'Ossun écrivit, le 3 octobre, que Grimaldi ne donnerait jamais au roi le conseil de céder, par la crainte de se faire lapider par les Espagnols. Charles III était si décidé à la résistance que, le 4 décembre, Choiseul, dans une dépêche à d'Ossun, convenait qu'il ne restait que fort peu d'espérance de maintenir la paix. Le 29 novembre, il avait parlé au Conseil des préparatifs
de guerre faits en Espagne et en Angleterre. Louis XV l'avait interrompu et
renvoyé la délibération à une autre séance. Le 6 décembre. Terray déclara au
Conseil que le trésor était vide et J'ordonne à mon cousin, le duc
de Choiseul, de remettre la démission de sa charge de Secrétaire d'État et de
Surintendant des Postes entre les mains du duc de Quand Choiseul quitta Versailles, on vit la foule courir à son hôtel, rue Grange-Batelière. Quand il partit pour Chanteloup, le beau monde l'acclama des fenêtres ; le peuple suivit son carrosse jusqu'à la barrière d'Enfer. On vendait son portrait dans les rues. Les courtisans allèrent le visiter dans sa retraite. Dédaigneusement le Roi répondit à ceux qui lui demandaient la permission d'aller à Chanteloup : Faites comme vous voudrez. Ni Bernis à Soissons, ni d'Argenson aux Ormes, ni Machault à Arnouville, ni Maurepas à Bourges, n'avaient provoqué de telles démonstrations. C'est qu'aucun d'eux n'avait poussé dans tout le royaume, comme Choiseul, les ramifications d'un parti, ni prodigué tant de grâces. Aucun non plus n'était en état de déployer comme lui un luxe royal : chasse à courre et à pied, concerts et représentations théâtrales, tournois poétiques, réceptions grandioses, personnel domestique de quatre cents individus. Le Roi-Choiseul reçut à sa Cour les Boufflers, les Beauffremont, les Gontaut, les Lauzun, les Besenval, les Beauvau, les Du Châtelet, les Castellane, Mmes de Luxembourg, d'Enville et de Coigny, Mmes de Fleury, de Brionne et de Simiane. Pour perpétuer la fidélité de ses amis, il construisit une pagode à sept étages, et il fit graver leurs noms sur le marbre. Au reste Choiseul fut, de beaucoup, le plus brillant
ministre du règne. Il n'a pas droit au titre de grand homme d'État, n'ayant
pas eu de vues profondes, ni de système suivi. Sa guerre contre l'Angleterre,
s'il avait réussi à l'engager, aurait été une terrible aventure. Mais il fut
très intelligent, très actif, il eut une haute idée de la dignité nationale.
Il comprit la nécessité de reconstituer les forces militaires et maritimes de
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[1] SOURCES. Besenval (t. I), Moufle d'Angerville (t. III et IV), Talleyrand (t. V), déjà citée ; Mémoires de Choiseul, p. p. F. Calmettes, Paris, 1904. Encyclopédie méthodique, partie : Art militaire, Paris, 1784, 4 vol. Briquet, Code militaire ou compilation des ordonnances des rois de France concernant les gens de guerre, Paris, 1761. 8 vol. Guyot, Répertoire universel et raisonné de jurisprudence, Paris, 1794. 17 vol. Infanterie, Régiments provinciaux, années 1762 à 1780 (Recueil d'ordonnances), s. l. n. d. Gribeauval, Table des constructions des principaux attraits de l'artillerie, de 1764 à 1789, Paris, 1792.
OUVRAGES
A CONSULTER. Boutaric, Chabaud-Arnault (Histoire des Flottes
militaires), Favé (t. IV), Jobez (t. V), Lacour-Gayet, Mention, Tuetey (Les
officiers), Pajol (t. V et VII), Suzanne, d'Haussonville (Hist. de la
réunion de
[2] Né en 1667, mort en 1739.
[3] Celles qui avaient été équipées pendant la guerre de Sept Ans, turent licenciées en 1763, mais rétablies par une ordonnance du 20 mars 1764.
[4] Il ne resta qu'une compagnie privilégiée, celle de Barbarie, qui avait le monopole du commerce sur la côte septentrionale d'Afrique.
[5]
Un essai de colonisation en Guyane, en 1764, finit par un désastre. Environ
9.000 blancs, tirés en majorité de l'Acadie, furent débarqués à
[6]
SOURCES.
Correspondance Fontette et Talleyrand (t. V), déjà citée. Rapports... sur les correspondances des agents diplomatiques étrangers
en France avant
OUVRAGES
A CONSULTER. Croussaz-Cretet, Cruppi, Flammermont, Jobez (t. VI),
Rocquain, déjà cités. Bonneville de Marsangy, Le Comte de Vergennes, son ambassade en Suède (1771-1774), Paris,
1898. Carné (de), Les Etats de Bretagne,
Paris, 1868, 2 vol. Floquet, Histoire du
Parlement de Normandie, Rouen, 1840-43, 7 vol., t. VI. Goncourt (Ed. et J.
de), La du Barry, Paris, 1878. Vatel,
Histoire de Mme du Barry, Paris,
1882-1883, 3 vol. Saint-André (Claude), Mme
du Barry, d'après les documents authentiques, Paris, 1908. Marion,
[7] Notamment en 1675, contre l'impôt du timbre, et en 1719, contre une taxe sur les boissons.
[8] Voici le texte des billets anonymes : Dis à ton maître, disait l'un, que malgré lui nous chasserons les douze J. F., et toi aussi. L'autre était ainsi conçu et orthographié : Tu es J. F. autant que les douze J. F. magistras qui ont échapé à la déroute générale. Reporte cecy à Louis pour qu'il connaisse donc nos affaire, et puis écris en son nom, mais sans son su, belle épîtres aux douze J. F. magistra.
[9]
SOURCES. Rapports des agents diplomatiques étrangers,
Besenval (t. I), des Cars (t. I), du Deffand, Dufort de Cheverny (t. I),
Georgel (t. I), du Hausset (Mémoires
secrets), Moufle d'Angerville (t. IV), Remontrances
du Parlement de Paris (t. III), Senac de Meilhan, déjà cités. Augeard, Mémoires secrets (1760-1800), Paris,
1866. Journal de Hardy (B. N., mss. fr.),
Lettres de Marie-Antoinette, p. p. de
OUVRAGES
A CONSULTER. De Broglie (Le secret
du Roi), de Carné (Les Etats de
Bretagne), Flammermont (Maupeou),
de Goncourt (La du Barry), Jobez (t.
V), Marion (
Du Bled,
[10] Voir A. Le Giny, Théodore de Neuhoff, roi de Corse, Monaco, 1907.