I. — LE REVIREMENT DE CATHERINE. AVANT même le Colloque de Poissy et les édits de tolérance, le connétable de Montmorency, le duc de Guise et le maréchal de Saint-André, inquiets des progrès de la Réforme et des complaisances de la Reine, s'étaient concertés pour faire front aux protestants et à la Cour qu'ils considéraient comme dupe ou complice (6 avril 1561). Leur dessein était assez clair, mais le Sommaire des choses accordées entre les Triumvirs leur prête les projets les plus fantastiques, comme d'exterminer tous les calvinistes français, d'abandonner Genève à la Savoie, la Navarre au roi d'Espagne (ce fut en août seulement qu'Antoine de Bourbon revint décidément au catholicisme), et enfin d'organiser une croisade contre les princes protestants d'Allemagne. Pour fournir les ressources nécessaires, les prélats catholiques se réduiraient à vivre de quelques milliers d'écus et les Pères du Concile de Trente autoriseraient l'enrôlement des prêtres et des moines. Ces belles inventions sortent d'une officine ennemie. Il est certain toutefois que les chefs du parti catholique se mirent en relations avec l'Espagne et Rome. Montmorency chargea M. de Rambouillet d'assurer le Pape de sa grande piété et dévotion envers Dieu et le Saint-Siège apostolique. Pie IV, dans sa réponse, se déclarait convaincu que l'autorité et la bonne volonté du Connétable prévaudraient sur l'intention perverse des ennemis de Dieu et du royaume (lettre du 23 juin 1561). Au même moment, le Pape exhortait Charles IX à n'épargner ni le fer ni le feu contre l'hérésie. L'Espagne détacha du protestantisme Antoine de Bourbon. La vague assurance de régler à son contentement l'éternel litige de la Navarre avait suffi à le gagner. L'ambassadeur espagnol lança ce néophyte contre les Châtillon. Jamais ceux-ci n'avaient paru plus puissants ; ils siégeaient tous trois au Conseil. Catherine fermait les yeux sur les agissements de l'Amiral, accusé de favoriser sous main la course contre la marine espagnole et de méditer la fondation d'une nouvelle France protestante en Amérique, sur des territoires que Philippe II considérait comme siens. C'était transporter à l'autre bout du monde la lutte des deux religions, menacer l'Espagne dans sa situation privilégiée de puissance coloniale. Une flottille était, dans le port du Havre, prête à partir ; Jean Ribaut, qui la commandait, avait embarqué des colons et des soldats. Chantonnay dénonça au Conseil ces pratiques de pirates ; Catherine défendit l'Amiral et se porta garante de sa conduite. L'ambassadeur revint à la charge. Il déclara à la Régente qu'il fallait opter entre Philippe II et les trois Châtillon et menaça de se retirer (février 1562). Outrée de ce langage, elle lui commanda de partir, mais, au fond, elle était lasse de la lutte et déjà désespérée des difficultés. Sa constance apparente ne servait qu'à masquer des défaites intimes dont les observateurs pénétrants avaient surpris le secret. Elle laissa s'éloigner Coligny, qui voyait ses embarras et se défiait de sa fermeté (22 février 1562) ; d'Andelot et le Cardinal ne tardèrent pas à quitter la Cour. Ses enfants cessèrent de prier en langue vulgaire ; elle défendit à ses dames d'honneur d'assister aux prêches. Mais en même temps elle était humiliée de sa faiblesse et, par dépit, elle relégua en province le maréchal de Saint-André et renvoya du Conseil privé le représentant le plus autorisé du parti catholique, le cardinal de Tournon. Les Guise cherchaient à gagner les princes luthériens d'Allemagne les plus rapprochés de la frontière, pour isoler les protestants français et leur ôter tout secours du dehors. C'était la même politique qui avait inspiré au cardinal de Lorraine l'idée de convoquer les théologiens de la Confession d'Augsbourg pour les opposer aux ministres de Genève. Le duc de Guise avait écrit en juillet 1561 au duc de Wurtemberg, luthérien fervent, pour le mettre en garde contre les gens qui ne font non plus cas de vostre confession et forme d'église que de celle du Pape ; et pour lui demander, sur les choses de la religion, un conseil que je scay ne pouvoir estre que droict et vertueux. Le duc de Wurtemberg, flatté des avances et des compliments, lui avait envoyé des exemplaires, en latin et en français, de la Confession d'Augsbourg. Guise s'était déclaré aussi satisfait des articles touchant l'Eucharistie qu'il l'était peu de la doctrine de Genève, qui est, disait-il, totalement opposée. Il se donnait pour un homme désireux de s'instruire, qui faitz tout ce qu'il est possible et que doibt ung prince homme de bien pour congnoistre Dieu..., et, sans dissimuler son attachement à l'Église romaine, il ne montrait aucune répugnance à écouter des docteurs de l'autre opinion. Le duc de Wurtemberg, dupe de cette comédie, consentit à une entrevue et même exprima le désir que le cardinal de Lorraine y assistât. Elle eut lieu à Saverne sur les terres de l'évêque de Strasbourg (15-18 février 1562). Le Cardinal se montra tel que le souhaitait le prince luthérien, éloigné de tout parti pris d'intransigeance et même favorable aux doctrines de la Confession d'Augsbourg. Les entretiens qu'ils eurent ensemble sur la justification, sur la messe, sur l'Eucharistie donnèrent au prince allemand l'espoir d'amener la France à une Réforme mitigée. Il n'était pas éloigné de croire que le Colloque de Poissy avait échoué par la faute des calvinistes. Si une conférence avait lieu entre gens savants, d'esprit conciliant, à laquelle seraient invités aucuns ministres de Germanie, il en sortirait de bons fruits ou tout au moins les Églises seroient mises en tel état comme elles sont de present en Allemagne, affin que ung chascun puisse auprès de l'aultre vivre en bonne paix et union... Dix jours après, le 1er mars, le duc de Guise, qui se rendait de Joinville à Paris, passait par Vassy avec son escorte de gentilshommes et de serviteurs. Il menait avec lui son frère, le cardinal de Guise, ses enfants et sa femme qui était grosse. C'était le dimanche ; il s'arrêta pour entendre la messe. L'église était à une portée d'arquebuse d'une grange, où les Réformés de la ville et des environs célébraient leur culte ; quoique Vassy fût ville close, ils y avaient établi un temple, contrairement à l'Édit de janvier. Leur communauté, qui ne comptait pas encore un an d'existence, était nombreuse et ardente. Quelques mois auparavant, l'évêque de Chatons, Jérôme Bourgeois, venu pour l'admonester de vivre catholiquement, avait été pris à partie par le ministre et forcé de se retirer au milieu des huées et des cris : Au loup ! au renard ! La mère des Guise, Antoinette de Bourbon, qui résidait au château de Joinville, souffrait impatiemment l'hérésie si près d'elle, dans une ville qui faisait partie du douaire de Marie Stuart, sa petite-fille, mais ses sujets mêmes couraient au prêche à Vassy. Sagement, le duc de Guise avait résolu de ne pas séjourner dans la ville, voullans, dit-il, fuir les occasions que quelzques ungs des miens ne deussent agasser ne dire mots a ceulz de la dicte ville et qu'ilz n'entrassent ne les uns ne les autres en dispute de religion. Il comptait n'y rester que le temps d'ouïr la messe. Il venait d'entrer à l'église quand on l'avertit que les Réformés, au nombre d'environ cinq cents, étaient en train de célébrer leur prêche. Ces gens scandaleux, arrogans et fort téméraires étaient en grande partie ses sujets. Peut-être crut-il à une bravade. Il sortit pour aller leur remontrer l'insolence de leur conduite. Le jeune La Brosse et quelques gentilshommes prirent les devants et pénétrèrent les premiers dans la grange. On leur dit : Messieurs, s'il vous plaît, prenez place. Ils auraient répondu : Mort-Dieu ! il faut tout tuer. On les jeta dehors. Les fidèles, inquiets, barricadèrent la porte de la grange. Quelques-uns se postèrent au-dessus de l'entrée, sur un échafaud, où ils avaient fait provision de pierres et les lancèrent contre le Duc et ses compagnons qu'ils voyaient approcher. Il y eut des gentilshommes blessés et Guise lui-même reçut une contusion. Son escorte accourut à l'aide ; elle riposta aux coups de pierre par des coups d'arquebuse. La porte fut enfoncée ; les assaillants se ruèrent sur la foule. Les religionnaires qui essayèrent de s'enfuir par le toit furent arquebusés comme des pigeons ; ceux qui parvinrent à gagner la porte défilèrent entre deux haies de soldats et de laquais acharnés à frapper. Quand le duc de Guise arrêta le carnage, il y avait vingt-trois morts et plus de cent blessés. Guise n'eut ni un remords, ni un scrupule, ni un doute. De mes voisins et sujets m'ont voulu, écrivait-il à un de ses lieutenants, faire une braverie où ils m'ont blessé une douzaine de gentilshommes de quoy ils se sont trouvés marchands, voilà leurs belles Évangiles. Il s'éloigna emmenant des prisonniers qu'il se proposait de livrer aux magistrats comme perturbateurs et séditieux. Mais si sa conscience était en repos, il appréhendait l'effet que pouvait produire cette sanglante journée. Il ne voulait pas avoir l'air d'un chercheur de querelles. Aussi se montra-t-il prudent. Il évita Vitry où, sur le bruit du massacre, cinq ou six cents religionnaires avaient pris les armes ; il campa hors de Châlons sans vouloir-entrer dans cette ville où les réformés, quoique en minorité, étaient les maîtres. Mais c'était surtout l'opinion de l'Allemagne protestante qu'il redoutait. Il sentait que la tuerie de Vassy compromettait les résultats de l'entrevue de Saverne, et que, pour avoir cédé à un mouvement de colère, il perdait tout le bénéfice de sa diplomatie. Les princes allemands ne lui pardonneraient jamais cette violence qui suivait de si près tant de protestations de douceur, de conciliation et d'humanité. Il le savait bien, et sa lettre au duc de Wurtemberg pour l'informer de l'accident trahit l'ennui qu'il éprouvait. Mais cette impression fut rapidement dissipée par les applaudissements de son parti. Les catholiques célébrèrent le massacre comme une victoire. Le Connétable alla au-devant du vainqueur jusqu'à Nanteuil. Guise fit dans Paris une entrée triomphale, accompagné des triumvirs, escorté d'une troupe armée que l'ambassadeur anglais, Throckmorton, évalue à trois mille hommes (16 mars 1562). Le Prévôt des marchands, qui l'attendait à l'Hôtel de Guise, le complimenta au nom de la ville et lui offrit vingt mille hommes et deux millions d'or pour pacifier le royaume. Il répondit modestement que c'était l'affaire du roi de Navarre et de la Reine-mère, et qu'en sa qualité de sujet du Roi il mettait son honneur à leur obéir. Les protestants s'armèrent pour obtenir justice ou tirer vengeance de ces meurtres. Condé, que la défection du roi de Navarre faisait chef du parti, recrutait des soldats. Tous les jours arrivaient à Piloris des gentilshommes qui venaient se mettre à ses ordres. On pouvait craindre une bataille dans les rues mêmes de la ville. Catherine de Médicis ne désespérait pas de sortir de cette crise par un compromis. Elle nomma gouverneur de Paris le cardinal de Bourbon qui, en sa qualité de Bourbon et de catholique, pouvait être agréable aux deux partis. Ce médiateur, assisté des présidents du Parlement, décida que Guise et Condé quitteraient Paris (17 mars). Mais le Prévôt des marchands supplia le chef catholique de ne pas abandonner la ville. Guise et Condé restèrent. La Reine-mère était alors à Fontainebleau. Les craintes que lui inspiraient les triumvirs, peut-être aussi quelques sympathies désintéressées la poussaient vers les protestants et le prince de Condé. Du 16 au 26 mars, elle écrivit au Prince quatre lettres pour lui recommander la mère, les enfants et le royaume. ... Je n'oublyeray jamais ce que faictes pour moy et, si je meurs avant avoir le moyen de le pouvoir recongnoistre comme j'en ay la voulonté, j'en lairray une instruction à mes enffans. Condé laissa échapper cette occasion de mettre la légalité de son côté. Forcé de sortir de Paris, où il ne pouvait se maintenir contre une population fanatique, il aurait dû courir à Fontainebleau, enlever la Régente et le Roi. Peut-être espérait-il que Catherine, d'elle-même, viendrait se mettre sous sa protection et voulut-il éviter jusqu'à l'apparence d'une contrainte ; peut-être ne comprit-il pas que la possession du Roi valait moitié de France. Tandis qu'il s'arrêtait à Meaux, lei triumvirs, avec mille cavaliers, se rendirent à Fontainebleau le 27 mars et invitèrent la Reine-mère à rentrer à Paris. Catherine supplia le roi de Navarre de la laisser libre ; il hésitait, lorsque le duc de Guise parut, Antoine retrouva sa fermeté ; il menaça de coups de bâton ceux qui ne voulaient descendre le lit du roy par crainte de la reine. La Cour, prisonnière, reprit sous escorte le chemin de Paris ; la Régente pleurait de rage ; mais, disait Guise : Un bien qui vient d'amour ou de force ne laisse pas d'être toujours un bien. La Reine ne s'attarda pas aux regrets. C'était la faute des protestants si elle était prisonnière des catholiques ; elle se retourna vers les vainqueurs. Les lettres qu'elle avait écrites au prince de Condé étaient bien embarrassantes ; elle prétendit prouver à Philippe II, à ses ambassadeurs, au cardinal de Châtillon, à Condé lui-même qu'elles n'avaient pas le sens qu'elles paraissaient avoir. Fort de cette correspondance, Condé soutenait que la Reine et le Roi, prisonniers, n'étaient point libres de leurs actes. Catherine retourne sans rire l'argument contre ses alliés de la veille, lesquelz, il fault que je croye, retiennent contre son gré mon cousin le prince de Condé... pour donner plus d'autorité à leur faict. Elle et son fils sont bien libres, affirmait-elle ; si prisonniers il y a, ce sont lesdits princes et seigneurs (les triumvirs) desquels le Roy mondict fils et moy tenons les tueurs et les vyes si affectées au bien de ceste couronne que je les veoy prestz a les sacrifier pour la conservation d'icelle... (11 avril). Après de telles déclarations, les triumvirs ne pouvaient sans injure tenir Catherine à l'écart. Dans leur intérêt même comme dans celui de leur cause, il leur importait de gagner la mère du Roi, et pour cela, ils étaient obligés de lui rendre le pouvoir. Ce fut le profit de son revirement. Elle prit la direction du parti catholique. II. — FUREURS DES PARTIS. MANIFESTEMENT la guerre approchait. Au moment où les premiers coups frappés allaient engager l'avenir (et quel avenir !), les chefs du parti protestant hésitaient. D'Aubigné a dit, en une page célèbre, quelles supplications et quels reproches même l'Amirale de Coligny dut employer pour décider son mari à s'armer. Condé répugnait aussi à engager la lutte contre sa nation. Il cherchait à convaincre les princes et les peuples et à se convaincre lui-même de la justice de sa cause. Il exposait, dans sa Déclaration du 8 avril 4562, qu'il avait pris les armes pour délivrer le Roi et la Reine et faire respecter l'Édit de janvier et la paix religieuse que le duc de Guise avait foulés aux pieds. Le Parlement, à qui il fit porter ce manifeste, n'avait enregistré l'Édit de janvier que par force, et même des conseillers, par manière de protestation, envoyaient leurs fils au collège de Clermont que les Jésuites venaient d'ouvrir. Il répondit que le Roi et la Reine étaient libres, que les édits avaient toujours un caractère provisoire, qu'ils n'étaient pas faits pour innover en matière de religion, mais pour empêcher les troubles religieux : S'il y a eu désobéissance au dernier édit (Édit de janvier), comme il y en a eu au premier (Édit de juillet 1561), la conservation ou changement de lois lui appartient (au Roi), non aux subjects de leur autorité et par armes. Les Réformés étaient dûment avertis qu'il n'y avait d'autre recours contre les violences légales que la résignation et l'obéissance. Le manifeste de Condé trouvait plus de crédit à l'étranger. Les princes allemands à qui il avait écrit, le duc de Wurtemberg, l'Électeur palatin, le landgrave de Hesse et d'autres encore l'assurèrent de leurs sympathies. Les lettres de Catherine, que l'ancien évêque de Nevers, Jacques Spifame, devenu l'ambassadeur des huguenots, alla communiquer à la Diète de Francfort, prouvaient qu'elle avait fait appel au concours armé du Prince. Le moyen d'expliquer son brusque revirement, si ce n'est par une contrainte ? Catherine et son fils affirmaient, il est vrai, qu'ils étaient libres ; mais leurs protestations pouvaient être attribuées à une inspiration étrangère. Si le Roi était prisonnier, la prise d'armes de Condé devenait légitime, et les protestants d'Allemagne, alliés de la France, pouvaient, sans scrupules, secourir leurs coreligionnaires français. Le 2 avril 1562, les quelques centaines de gentilshommes réunis autour de Condé avaient enlevé Orléans, pour ainsi dire, au galop. Les Réformés prirent partout les armes. D'heureux coups de main leur donnèrent Angers, Tours, Blois, toute la région moyenne de la Loire. Dans la vallée du Rhône, un de leurs capitaines, le baron des Adrets, surprit dans Valence et laissa tuer le lieutenant de Guise, La Motte-Gondrin (27 avril). Trois jours après, ils entrèrent par surprise dans Lyon, la seconde ville du royaume. Ces échecs avaient rabattu l'audace des triumvirs ; de là leur condescendance envers Catherine, l'initiative qu'ils lui laissaient. Elle put sortir de Paris et s'installer à Monceaux (mai 1562), comme si la violence de Fontainebleau n'avait jamais eu lieu. Libre de ses actes, elle multiplia les négociations. Des envoyés circulèrent entre Paris et Orléans, gens de robe ou gens d'Église, politiques tolérants ou indifférents, dévoués à sa cause et à la cause de la paix, Arthus de Cossé, sieur de Gonnor, l'abbé de Saint-Jehan de Laon, le maréchal de Vieilleville, le sire de Villars, l'évêque de Valence, Monluc. Ils trouvèrent les protestants résolus à exiger le rétablissement de l'Édit de janvier et la retraite des triumvirs. Elle se flatta de réussir où tant d'autres avaient échoué. Confiante dans son habileté, sûre du charme de ses manières et de son esprit, elle voulut faire sur Condé l'épreuve de sa diplomatie. Les entrevues succédèrent aux négociations, mais elles n'eurent pas plus de succès (juin 1562). Alors Catherine imagina un dénouement qui n'était pas
banal. Monluc, son plus intime confident, était fort bien vu du prince de
Condé. Il se chargea de lui suggérer l'idée de faire
reluyre sa justification par toutes belles offres et beaux effets, afin qu'à
luy ny à la cause qu'il maintenoit on n'imputast la coulpe des misères
futures. Pour cela, à sa prochaine rencontre avec la Reine, il n'avait
qu'à lui offrir de sortir du royaume avec ses compagnons. Cette déclaration
fermerait la bouche à ses ennemis, et la paix serait plus facile à faire
quand ses intentions apparaîtraient si pures. Condé crut le conseil sincère.
A la première occasion, il affirma que ses amis et lui quitteraient le pays,
s'il le fallait pour assurer la paix publique. Sa
dernière parole ne fust pas si tost achevée que la Reine le prit incontinent
au mot, et l'autorisa à vivre hors de France jusqu'à la majorité du
Roi. Mais il fallait à Catherine une bonne dose d'illusion pour compter sur
une pareille promesse. L'Amiral, afin de dégager le chef du parti, s'avisa de
consulter l'armée protestante. Les soldats répondirent tout d'une voix que la terre de France les avoit engendrez et leur
serviroit de sépulture[2]. Quand M. de
Fresne (Robertet), secrétaire des
commandements, vint trouver le Prince pour arrêter par écrit les conditions
de son départ, il se convainquit qu'il falloit autre
chose que du papier pour le mettre dehors. Tandis que les politiques cherchaient un compromis, les partis faisaient rage. A Sens, la scène de Vassy se renouvela. A l'appel d'un jacobin, Begueti, qui sonna le premier comme la trompette, les catholiques de la ville et des environs, réunis pour un pèlerinage, coururent au temple et le démolirent (12 avril). Les protestants furent traînés dans les rues, frappés, égorgés, jetés à la rivière. Il se trouva, dit Claude Haton, plusieurs prebstres et moynes, nommément de l'abbaye de Saint Jehan, morts et traisnez en la rivière d'Yonne qui furent trouvez et tenuz huguenotz. Maistre Mathieu de Charlemaison, doyen de l'église dudit Sens, et grand vicaire de l'archevesque, eschappa de ladite sédition, à cause de son absence, car audit Sens estoit estimé comme huguenot, et si à la chaulde eust été trouvé, il feust allé évitailler les poissons de la rivière d'Yonne comme les aultres. Le massacre fut grand[3]... Les cadavres descendirent, au courant de l'eau, de l'Yonne dans la Seine, et de là s'en allèrent vers Paris où de temps à autre ces noyés passaient sous les ponts. Le Parlement ouvrit une enquête, mais il ne trouva point de coupable. Il n'y avait plus de justice. A Tours, en juillet, nouveau massacre. Deux cents huguenots furent menés à la Loire, et là assommés ou noyés. Des capitaines et des gouverneurs de provinces excitaient la populace au meurtre et y employaient leurs soldats. Dans le Maine, la compagnie du sieur de Champagne commit d'horribles cruautés. A Moulins, Montaré, nommé gouverneur, donnoit force pratique au bourreau qu'il appeloit son compère, lequel il chérissoit jusque à le faire manger à sa table. Monluc tuait de sang-froid après la bataille, mais préférait la pendaison pour l'exemple, un pendu étonnant plus que cent tués. Un Bourbon, le duc de Montpensier, rétablit l'unité religieuse à Angers en supprimant les dissidents. Il fit pendre, décapiter, rouer les hommes, rebaptiser les enfants et traîner les femmes à la messe par force au son du tambourin. Le Parlement mit les protestants hors la loi. Le 13 juillet 1562, un arrêt permit à tous manants et habitants de toutes les villes, villages, bourgs et bourgades et plat pays de s'armer et de courir sus aux saccageurs d'églises et d'images, aux gens qui se réunissaient pour faire conventicules et assemblées illicites sans que pour ce, les dits manans et habitans pussent estre déférés, poursuivis ou inquiétés par justice. Cet arrêt fut publié toutes les fêtes et dimanches... par les paroisses. Par ainsi en moins de rien, dit l'Histoire ecclésiastique, voilà les brigands et voleurs, les vagabons et desbauchés, pelerins de toutes sortes, gueux et mendians en armes, montés en moins de rien comme gentilshommes ; voilà les simples païsans qui n'avoient jamais veu desgainer espée, laissans leur labour, et les artisans leurs boutiques, tout en un instant devenir tigres et lions, voire jusques à ce poinct que les femmes mesmes comme enragées et hors du sens marchoient en guerre avec les hommes[4]. Il n'est possible d'escrire les cruautés plus que barbares et inhumaines qui furent commises en beaucoup d'endroits, surtout dans l'Anjou et le Maine. La populace, cette grande levriere, donnait avec un entrain furieux la chasse aux huguenots. Le duc de Guise lui-même s'émeut des excès de la commune et detesta ces eslevations. Les protestants tuèrent des prêtres et des moines, mais ces crimes, d'ailleurs peu nombreux, firent moins d'impression que le pillage et le sac des églises. La pompe des cérémonies catholiques, la décoration des autels, les Christs sanglants et couronnés d'épines, les saints représentés en leurs épreuves et en leur triomphe, tous ces spectacles, tous ces enchantements de l'imagination et des yeux, paraissaient aux disciples de Calvin un reste de paganisme, une idolâtrie. Le jour de leur entrée à Bourges, les arquebusiers de Montgomery criblèrent de coups le portail de Saint-Étienne, où se développe la scène du Jugement dernier (27 mai). Dans toutes les villes dont ils s'emparèrent, ces iconoclastes couraient aux églises. Les crucifix furent brisés, les statues jetées à bas, les autels dépouillés. Les ornements sacrés s'étalèrent, en des mascarades sacrilèges, sur le dos des soldats ; et plus d'un reître se tailla un pourpoint dans les chasubles brodées d'or et de soie. Les châsses, les ciboires, les calices furent fondus, mis en lingot et monnayés, les cloches transformées en canons. A Angers, à Tours, à Blois, à Poitiers, à Bourges, à Lyon, à Orléans, partout où les protestants furent les maîtres, les églises restèrent vides avec leurs murs et leurs autels nus, sans prêtres, sans images et sans culte[5]. Ils s'attaquèrent même aux sépultures. A Craon, ils brisèrent l'urne où étaient déposées les entrailles d'Anne de la Trémouille et les répandirent sur le pavé. Au Mans, ils arrachèrent du cercueil le cadavre d'un cardinal de Luxembourg. Ils brûlèrent à Orléans le cœur de François II, à Cléry les restes de Louis XI ; à Bourges, ils profanèrent la tombe de Jeanne de France, la femme répudiée de Louis XII. Ils se vengeaient sur les morts des misères de l'heure présente. Les ancêtres du roi de Navarre payèrent pour lui. Sous les yeux mêmes de Jeanne d'Albret, à Vendôme, les tombeaux des Bourbons furent brisés. On imagine quel scandale soulevèrent ces exécutions sauvages, qui ne respectaient ni la foi, ni les souvenirs du passé, ni le repos des morts. III. — GUERRE EN FRANCE ET SECOURS D'ANGLETERRE. LA Reine-mère avait demandé des secours au duc de Savoie, au Pape et à Philippe II. Elle enrôlait en Allemagne des reîtres et des lansquenets, et 6.000 Suisses dans les cantons catholiques. Le duc de Guise encadrait dans les vieilles bandes françaises les nouvelles recrues et en formait vingt-sept enseignes de gens à pied. Le commandement appartenait de droit au lieutenant général, Antoine de Bourbon, qui avait sous ses ordres le Connétable, le maréchal de Saint-André et le duc de Guise. L'armée protestante était inférieure en nombre, mais supérieure en qualité. Sa cavalerie ne comptait guère que des volontaires nobles. La plupart des vieux soldats congédiés sous François II, ceux à qui les triumvirs demandaient témoignage de leurs curés et vicaires d'être bons catholiques avaient passé aux huguenots. Le Midi envoyait 5.200 fantassins, Gascons, Béarnais, Languedociens. Les lieutenants du prince de Condé, Soubise, François de Hangest, sieur de Genlis et son frère Jean, sieur d'Yvoy, La Rochefoucauld, le prince de Porcien et surtout les deux Châtillon, d'Andelot et Coligny, étaient des hommes qui avaient fait leurs preuves. A mesure que les soldats arrivaient à Orléans, Condé et Coligny les répartissaient en compagnies, et les astreignaient à la plus exacte discipline. Les ministres travaillaient avec les chefs à établir l'ordre, la piété, les bonnes mœurs. Au camp de Vossoudun, sous Orléans, les chants des psaumes et les prêches alternaient avec les exercices. Point de ribaudes, de blasphèmes ni de jeu. Ce camp de puritains était mieux réglé qu'un couvent de moines. Il est vrai que ce régime d'austérité ne dura pas deux mois. La prise de Beaugency [sur la Loire] (juillet) fut, aux débuts mêmes de la guerre, l'épreuve de cette discipline. Les huguenots firent une trouée dans le mur d'enceinte. Les Provençaux, les premiers entrés, exercèrent, dit La Noue, plus de cruauté et de pillerie sur ceux de la religion habitans d'icelle (ville)... que contre les soldats catholiques qui la défendoient ; mesmement il y eut des forcemens de femmes. Cest exemple servit de planche aux Gascons, qui montrèrent quelque temps après qu'ils ne vouloient pas estre surmontez à jouer des mains. Mais le régiment de M. d'Yvoy qui estoit tout de François s'escrima encore mieux que les deux autres comme s'il y eust eu prix proposé à celuy qui pis feroit. L'armée catholique, pour ne pas rester en arrière, prit et saccagea Blois (4 juillet) ; les habitants de l'une et l'autre religion furent indifféremment pillés. L'occupation de Blois et l'établissement des catholiques sur la Loire jetèrent le découragement dans Orléans. La guerre commençait à peine que déjà le parti protestant donnait des signes de lassitude. Ses chefs avaient pensé en finir par une négociation ou une bataille. Condamnés à la défensive, ils ne songeaient plus qu'à retourner chez eux pour protéger leurs maisons et leurs familles contre les populations et les troupes royales. Condé, pour éviter le mauvais effet des défections, donna congé à la plupart des grands seigneurs et les envoya en mission dans leurs provinces. Pendant qu'à Orléans on négociait, la Provence, le Dauphiné, la Guyenne, le Languedoc, la Normandie étaient en feu. Le terrible chef huguenot des Adrets s'empara de toutes les villes du Dauphiné, à l'exception de Briançon et d'Embrun. Il égorgeait ou arquebusait les garnisons qui résistaient. A Montbrison, en Forez, il fit précipiter dix-huit prisonniers du haut d'une tour (juillet 1562). Dans le Comtat-Venaissin, territoire pontifical, Orange était la place d'armes des Réformés. Fabrice Serbelloni, qui commandait pour le pape à Avignon, avait réclamé l'aide du Roi pour réduire les rebelles. Avec les troupes que lui amena le marquis de Carces, il avait pris Orange et tout massacré (6 mai). Le baron des Adrets survint, battit le comte de Suze à Valréas (25 juillet) et envahit le Comtat. Avignon fut menacé. Les huguenots passèrent la Durance et s'avancèrent jusqu'à Saint-Rémy. Les grandes villes du Bas-Languedoc, Montpellier, Nîmes, Béziers, avaient pris parti pour la Réforme. Le vicomte de Joyeuse, qui commandait dans cette province pour le Connétable, investit Montpellier. Les catholiques provençaux, avec leurs auxiliaires espagnols et italiens, accoururent à l'aide de l'assiégeant, mais ils furent surpris et jetés dans le Rhône à Saint-Gilles (27 septembre). Cette victoire obligea Joyeuse à reculer jusqu'à Pézenas et consolida la situation du parti protestant dans la province. Dans le Haut-Languedoc et en Guyenne, au premier bruit de la prise d'armes de Condé, Montauban, Lectoure, Castres, Agen s'étaient déclarées pour lui, mais Toulouse resta aux catholiques après une bataille furieuse de quatre jours dans les rues, autour de l'Hôtel de Ville et des trois collèges où les protestants s'étaient retranchés (12-16 mai 1562). A Bordeaux, les religionnaires manquèrent le Château-Trompette qui commandait la ville (25 juin) ; Monluc prit d'effroi Nérac, Castel-Jaloux, et, renforcé par un millier d'Espagnols que Philippe II envoyait à Charles IX, il fit capituler Lectoure (2 octobre). Duras, chef des Réformés de Guyenne, s'éloignait pour gagner Orléans. Il le surprit à Verg (près de Périgueux), lui tua 1.400 hommes et lui prit son artillerie (9 octobre 1562). Un des lieutenants de Condé, La Rochefoucauld, qui assiégeait Saint-Jean-d'Angély, recueillit les fuyards et, avec 6.000 à 7000 hommes, se dirigea vers Orléans où Condé appelait les Réformés de France et les auxiliaires que d'Andelot était allé chercher en Allemagne. Les opérations des triumvirs visaient Orléans, la capitale de la Réforme, mais, avant de l'attaquer, ils voulaient l'isoler. Ils entreprirent d'en occuper les approches, pendant que leurs lieutenants barreraient la route aux secours de la France et de l'étranger. Ils passèrent la Loire et se portèrent sur Bourges, qui assurait les communications d'Orléans avec le Midi. Jean de Hangest, sieur d'Yvoy, consentit à une entrevue avec la Reine-mère et se laissa dicter une capitulation honorable pour ses troupes, mais désastreuse pour son parti (31 août). Cependant Tavannes, lieutenant général du roi en Bourgogne, avait délogé de Chaton le capitaine huguenot Monbrun, qui venait d'y entrer avec ses bandes dauphinoises et provençales (31 mai) ; plus tard, il surprit Mâcon, refoula sur Lyon 6.000 Suisses protestants et occupa toute la vallée de la Saône. A l'autre bout du royaume, Saint-André avait pris Poitiers (1er août). L'armée royale, maîtresse de Bourges et protégée sur ses deux ailes, semblait n'avoir plus qu'à marcher sur Orléans, mais les événements de Normandie rompirent ce dessein. Les protestants avaient, aussitôt après leur prise d'armes, député à la reine d'Angleterre, Élisabeth, invoquant la communauté de religion et l'intérêt du Christ, la requérant avecques toute humilité et pitoyable lamentation à grosses larmes de prendre en main la défense des Églises. Élisabeth ne vit dans les troubles de France que l'occasion de conclure un marché avantageux. Obligée, à son avènement, de ratifier le traité de Cateau-Cambrésis qui avait cédé Calais à la France pour huit ans, elle s'était juré de recouvrer cette ville le plus tôt possible. Les ambassadeurs de Condé, La Haye et Jean de Ferrières, vidame de Chartres, subirent les conditions qu'elle leur dicta en son château de Hampton-Court (20 sept. 1562). Elle donnerait 100.000 couronnes et Condé lui livrerait le Havre ; des 6.000 hommes de secours qu'elle enverrait en France, la moitié resterait en garnison dans cette place. Le Havre était un gage qu'elle rendrait à Condé dès qu'il lui remettrait Calais. Il avait été convenu à Cateau-Cambrésis (1559), que Calais ne ferait retour à l'Angleterre qu'après huit ans d'occupation française ; mais Condé ne pourrait se prévaloir de cette clause et devrait, en échange du Havre, restituer Calais sans attendre le terme fixé par le traité. Condé et Coligny ratifièrent sans réserves cette convention. Plus tard, ils prétendirent qu'ils avaient ignoré ou mal interprété la clause relative à Calais ; ils avaient seulement garanti, dirent-ils, le retour de cette ville à l'Angleterre dans les délais marqués au traité de Cateau-Cambrésis et n'avaient jamais pensé qu'Élisabeth garderait le Havre tant que Calais ne lui serait pas rendu. Il est possible, quoique invraisemblable, que ces deux hommes de guerre, au milieu des préoccupations de la lutte, aient accepté les conditions de l'accord sans trop y regarder. Coligny et Condé se déclaraient malheureux et infâmes, s'ils avaient eu la pensée d'amoindrir le royaume, mais ils se reconnaissaient le droit de faire appel à l'étranger. Les catholiques les accusaient de trahison ; eux ne se sentaient pas si coupables. Les Guise avaient, au début de la guerre, demandé des secours à Philippe II ; pourquoi les protestants n'auraient-ils pas appelé à l'aide les Allemands et les Anglais, alliés de nos rois[6] ? Mais un parti n'a pas les mêmes droits que le gouvernement établi. Celui-ci peut, contre argent ou sous promesse de réciprocité, emprunter des soldats aux autres États ; une minorité en révolte est obligée, pour se procurer les secours du dehors, de donner des gages, de livrer des villes. Coligny et Condé s'étaient imaginé que l'Angleterre et l'Allemagne les assisteraient pour l'amour du Christ. Mais si les lansquenets et les reîtres se contentaient d'une solde, Élisabeth fournissait des hommes et de l'argent, non, comme le disait son manifeste, pour la conservation du sang des chrétiens, mais pour le grand profit de l'Angleterre. Les protestants se défendaient aussi d'être des rebelles ; ils s'armaient, disaient-ils, contre les mauvais conseillers du Roi, dans l'intérêt du Roi même, pour le délivrer. Cette fiction du Roi prisonnier ou mal entouré était une pauvre défaite. En réalité, ils n'avaient d'autre excuse que l'intérêt religieux. Ils auraient dû déclarer que la cause de Dieu passait avant les devoirs et les grandeurs de ce monde. Mais cette explication de leur conduite n'aurait pas donné une idée exacte de leurs sentiments : chrétiens ardents et sujets fidèles, ils restaient tiraillés entre des tendances contradictoires. Ils auraient voulu servir Dieu sans manquer au Roi et au royaume. Ils s'efforçaient de prouver qu'ils se révoltaient sans être des rebelles, et qu'ils livraient le Havre à Élisabeth sans cesser d'être bons Français. Le patriotisme exclusif et jaloux des nationalités modernes est une passion qui s'est développée aux dépens de plusieurs autres. Au XVIe siècle, la religion créait comme une patrie plus large que la patrie terrestre ; des hommes de race et de nationalité différentes s'y sentaient frères par la foi. Quoi d'étonnant qu'ils aient quelquefois perdu de vue la ligne de démarcation des frontières ! Les catholiques, qui accusaient les huguenots, ne se firent pas scrupule d'appeler les Espagnols contre le très catholique Henri III et contre Henri IV, quand ils crurent la religion menacée. A la nouvelle des négociations avec l'Angleterre, les triumvirs décidèrent de reprendre Rouen aux protestants avant le débarquement des Anglais (septembre 1562). Rouen avait pour gouverneur Montgomery. Le fort Sainte-Catherine, bâti sur la falaise qui domine la ville, était la clef de la position. Les catholiques l'enlevèrent, le 6 octobre, après un furieux assaut. De là ils plongeaient dans la place, et la voyaient et par courtine et par le cul et par la teste. Aussi était-il malaisé de se tenir sur le rempart, je ne dirai pas pour combattre, mais sur le ventre pour se cacher. Le duc de Guise et Antoine de Bourbon descendaient dans les tranchées. Catherine elle-même bravait les canonnades et arquebusades et ne s'en soucioit autant que rien. Aux remontrances du Connétable et du duc de Guise, elle répliquait en riant et demandait pourquoy elle s'y épargneroit non plus qu'eux. Le 15 octobre, Antoine de Bourbon fit dresser sa table à quelques mètres de l'enceinte, derrière une muraille que le tir de l'ennemi battait. Il dépassa la ligne d'abri et se montra à découvert. Il reçut aussitôt une arquebusade au-dessus de l'épaule,.... plongeant le coup de haut en bas. Le duc de Guise fut atteint au bras d'un éclat de pierre. Le Connétable prit le commandement. Catherine, pour soustraire au pillage une ville si riche et si belle, voulait amener les assiégés à composition ; elle leur fit promettre la vie sauve, la liberté de conscience et une amnistie générale. Le Conseil de ville rejeta ces propositions. Les mines creusées sous les remparts avaient élargi les brèches. Le 26, les troupes donnèrent l'assaut ; les gentilshommes, les gens d'armes, les compagnies de gens de pied, les Allemands du Rhin-grave, parvinrent, avec des pertes énormes, à franchir l'enceinte. Le duc de Guise supplia les soldats d'épargner la ville de Rouen. Mais, à peine engagés dans les rues, ils coururent à leurs exploits ordinaires, meurtre, vol, viol et pillage. Ces horreurs durèrent trois jours. Presque tous les capitaines protestants étaient morts ; Montgomery sauta dans une galère et descendit la Seine. A l'estacade de Caudebec, la chiourme, à qui la liberté avait été promise, lança le navire d'un élan furieux, rompit la chitine et s'ouvrit le chemin de la haute mer. Les médecins qui soignaient Antoine de Bourbon n'avaient pu extraire la balle. Il voulut faire son entrée dans cette place qui lui coûtait la vie. La litière, sur les épaules des soldats, franchit la brèche et promena le mourant à travers la ville. Il se fit ensuite porter en bateau jusqu'aux Andelys. C'est là qu'il mourut, converti, dit-on, dernier changement, aux doctrines de la Confession d'Augsbourg (17 novembre). Cependant les huguenots d'Orléans, renforcés de 3 300 reîtres et de 4.000 lansquenets que d'Andelot avait amenés des frontières de la Lorraine, étaient en état d'entrer en campagne. L'idée vint à leurs chefs de marcher sur Paris et d'y prévenir l'armée royale, mais ils s'attardèrent à prendre Étampes, la Ferté-Alais, Dourdan, Montlhéry et à tirailler contre les murs de Corbeil ; ils donnèrent au duc de Guise le temps d'arriver. Ils tournèrent alors vers la Normandie, pour aller au-devant des secours d'Angleterre. Leur marche était embarrassée par la multitude des chariots chargés du butin des reîtres. Le Connétable les gagna de vitesse, et leur barra la route en avant de Dreux. Il avait 14.000 hommes de pied, 22 canons, 2.000 chevaux ; Condé ne pouvait lui opposer que 8.000 fantassins, mais il allait se battre en plaine et il avait 5.000 cavaliers. Montmorency mit à l'aile droite les vieilles bandes françaises et 2.000 Espagnols qui venaient de le joindre ; au centre, le gros bataillon des 6.000 Suisses ; à gauche, des gens de pied français et bretons ; des corps de cavalerie remplissaient les intervalles entre les masses d'infanterie. Lui-même, avec les compagnies d'ordonnance, se posta entre les Suisses et les gens de pied. Le maréchal de Saint-André commandait l'aile droite. Quant au duc de Guise, il avait décliné tout commandement ; il se tenait avec ses gentilshommes près des vieilles bandes françaises. Condé avait porté en avant toute sa cavalerie ; l'infanterie et quelques cornettes de reîtres formaient sa réserve. Il n'y eut pas d'escarmouches ; après quelques coups de canon, Condé, avec les lances françaises, se jeta sur les Suisses qu'il enfonça ; les reîtres, qui le suivirent, entrèrent par les brèches et firent avec leurs pistolets un grand carnage. Coligny attaqua le corps du Connétable ; les gens de pied s'enfuirent. Montmorency soutint le choc avec sa cavalerie, mais il fut blessé et fait prisonnier. Cependant les Suisses, quoique brisés de tant de charges, n'avaient pas reculé. Les lansquenets protestants s'avancèrent pour les achever. Mais les montagnards détestaient ces mercenaires, leurs rivaux de profession et leurs concurrents sur le grand marché d'hommes ; ils marchèrent au-devant d'eux trente ou quarante pas avec des rugissemens, les yeux flamboyans de furie, le visage couvert de sang et de poussière. Les Allemands s'enfuirent. Tous les corps de l'armée protestante, à leur tour, tâtèrent ces hérissons ; enfin, après deux charges de reîtres et de gendarmes, les Suisses, ayant perdu presque tous leurs capitaines, se décidèrent à battre en retraite. Les protestants crièrent victoire, mais Coligny montrant du doigt l'aile droite des royaux qui n'avait pas encore donné : Bientôt, dit-il, nous verrons cette nuée fondre sur nous. Guise avait assisté sans bouger à la défaite du Connétable et des Suisses ; quand il jugea le moment venu, il mena les enseignes espagnoles contre l'infanterie protestante et la mit en déroute. Les reîtres de Condé, attaqués par Saint-André et Damville, un des fils du Connétable, tournèrent bride et entraînèrent la cavalerie française. Condé, blessé à la main, fut fait prisonnier par Damville. Les protestants fuyaient de tous côtés. A quatre heures tout paraissait terminé lorsqu'une troupe d'écharpes blanches reparut sur la droite de l'armée victorieuse. C'étaient 1.000 reîtres et 300 gendarmes que Coligny avait ralliés derrière un bois. La cavalerie catholique est enfoncée ; Saint-André pris et tué. Guise n'avait plus autour de lui 100 combattants valides, mais il avait gardé comme réserve les bandes françaises. Ce bataillon hérissé de piques arrive au pas de course ; Coligny le charge avec fureur, mais ne peut l'entamer. Il se retire enfin, sans être longtemps poursuivi par le vainqueur épuisé (19 décembre 1562). IV. — LA MORT DE GUISE ET LA PAIX. LA capture du Connétable et du prince de Condé laissait à la tête des partis Coligny et Guise. Coligny, le héros de la mauvaise fortune, rafraîchit ses troupes au delà de la Loire, laissa d'Andelot à Orléans et reprit la route de la Normandie. Avant de le poursuivre, Guise voulut occuper la ligne de la Loire. Il passa le fleuve à Beaugency et investit Orléans par la rive gauche (5 février). Le faubourg du Portereau qu'il avait devant lui était mal retranché ; le pont, dont il couvrait les approches, était fermé à l'entrée par deux grosses tours et barré au milieu par les fortifications des îles, mais ces défenses étaient en mauvais état. A la première attaque, Guise emporta le faubourg et quelques jours après les Tournelles. Il n'avait plus que l'obstacle des fies à franchir. La veille du jour qu'il avait fixé pour l'assaut, il revenait à son logis de Saint-Mesmin, suivi d'un seul gentilhomme. La route longeait un taillis ; de là partit un coup de feu. Guise s'affaissa sur son cheval ; il avait reçu trois balles de pistolet sous l'épaule droite, au défaut de la cuirasse. Six jours après, il mourut en pardonnant à son meurtrier (24 février 1563). Le coupable fut arrêté le lendemain du crime. Il avait galopé toute la nuit, et il était revenu à l'endroit où il avait frappé. C'était un gentilhomme saintongeois, Poltrot de Méré, huguenot sectaire, qui avait voulu, comme Judith, sauver Béthulie et frapper Holopherne. Mis à la torture avant d'être exécuté, il dénonça comme les inspirateurs du crime Soubise, Bèze et Coligny, puis il se rétracta pour les accuser encore. Au vrai, il n'avait de complices que les haines sauvages qu'entretenaient les passions religieuses. Ses coreligionnaires blâmèrent, dit d'Aubigné, l'acte et louèrent l'intention. Coligny se justifia avec sa rondeur et sa franchise habituelles. Il n'avait pas commandé le meurtre ; mais il avait appris avec joie la fin de cet ennemi de l'Évangile. Dieu, en ses desseins impénétrables, s'était servi d'un instrument vil et méprisable pour accomplir sa justice et manifester son amour pour son Église. Nous ne saurions nier, écrivait-il, les miracles évidents de Dieu ; dangereux sophisme qui permet de désavouer le criminel et de triompher du crime. Les Guise crurent toujours à la culpabilité de l'Amiral. Le fils de la victime attendit l'occasion de venger le sang par le sang. La mort de Guise débarrassait Catherine d'un tuteur incommode. Elle n'aimait pas la guerre qui la reléguait au second plan. L'armée royale était affaiblie par la perte de son chef ; Orléans pouvait tenir longtemps encore. Coligny, en Normandie, assiégeait et prenait des villes. En Languedoc, le parti protestant était organisé. Un des principaux barons, Antoine de Crussol, que. Catherine avait chargé de traiter avec les huguenots, accepta le titre qu'ils lui offrirent de chef et conservateur du pays, sous l'autorité du Roi, jusques à sa majorité. Les Églises du Dauphiné le choisirent aussi pour protecteur. Il se trouva ainsi pourvu d'un commandement qui s'étendait à une grande partie du Midi. Son frère, le sieur de Beaudiné, qui lui avait été adjoint comme lieutenant général, était le commandant en chef des protestants. Crussol nomma un autre de ses frères, Jacques d'Acier, gouverneur de Nîmes. Il affectait dans ses lettres à Catherine de déclarer qu'il n'agissait que pour le service du Roi et de la Reine-mère, pour la conservation de ce pays sous votre obéissance, rétablissement de la justice, tranquillité et repos de vos sujets. Mais on pouvait craindre qu'il ne fût tenté de jouer un plus grand rôle. Il envoya le baron d'Ambres ravitailler Montauban, que l'armée royale assiégeait pour la seconde fois. Il enleva la place de Pont-Saint-Esprit au lieutenant du baron des Adrets. Celui-ci s'était rendu odieux même à son propre parti ; Soubise, gouverneur de Lyon pour les Réformés, ne l'aimait pas, et Coligny le qualifiait de beste furieuse. De dépit il accueillit les avances qui lui furent faites par le duc de Nemours, gouverneur du roi en Lyonnais, et négocia sa défection. Mais ses lieutenants, Montbrun et Mouvans, lui mirent la main sur le collet (5 janvier 1563). Crussol le fit conduire à Nîmes et l'y tint en prison. Dans le Gévaudan, où les catholiques avaient eu d'abord quelques succès, les affaires des protestants se relevaient. Ils étaient tout-puissants dans le Bas-Languedoc. Ils bridaient Toulouse par Castres et Montauban ; ils tenaient Mmes, Montpellier, Uzès, Viviers et Mende. Ainsi se constituait une sorte d'État protestant dont Crussol était le chef avec le cardinal de Châtillon pour principal conseiller. Il était temps de faire la paix, mais les dispositions de Catherine à l'égard des protestants avaient changé. La mort de Saint-André, d'Antoine de Bourbon et de Guise, la mésaventure du Connétable à Dreux, lui laissaient la pleine direction du parti catholique ; elle n'avait plus besoin de recourir aux Réformés comme à un contrepoids. De plus, elle avait éprouvé la force, les ressources et la popularité de l'Église catholique ; c'était une leçon qu'elle n'oublierait plus. Elle n'avait plus envie de recommencer les expériences du Colloque de Poissy et des prêches de Saint-Germain. Elle jugeait nécessaire de tolérer les protestants et impossible de leur octroyer le droit commun. Il s'agissait maintenant de les amener à traiter au meilleur marché possible. Elle s'appliqua à gagner le prince de Condé qu'elle savait las de sa captivité. Du camp catholique où il était prisonnier, Louis de Bourbon engagea les négociations avec le Connétable, prisonnier des protestants, et chargé de représenter le parti catholique. Quelque envie qu'il eût de recouvrer sa liberté, le dernier des triumvirs ne pouvait admettre le régime de liberté religieuse contre lequel Saint-André, Guise et lui s'étaient armés. Quand Condé demanda la remise en vigueur de l'Édit de janvier, il refusa. Condé se laissa aller à débattre les clauses d'un nouvel édit qui forcément devaient être moins avantageuses. Aussi l'opposition fut vive, quand il vint à Orléans soumettre à ses coreligionnaires les articles du traité. Les ministres, au nombre de soixante-douze, réclamèrent l'Édit de janvier. Mais la plupart des gentilshommes, las de la guerre qui les ruinait, approuvèrent des concessions dont la bourgeoisie et le peuple devaient faire presque tous les frais. L'Édit d'Amboise garantissait à tous les Réformés la liberté de conscience. Il accordait la liberté du culte en leurs maisons aux barons, chastelains , haults justiciers et seigneurs tenant pleins fiefs de haubert ; avecque leur famille et subjects, et aux autres gentilshommes ayant fief aussi en leurs maisons, mais avec leur famille seulement. Les nobles, qui ne relevaient pas immédiatement du Roi, ne pourraient pratiquer la religion es villes, bourgs et villages des seigneurs haults justiciers qu'avec permission et congé des dits seigneurs haults justiciers. La population urbaine aurait le libre exercice du culte seulement dans une ville par bailliage, sénéchaussée ou gouvernement tenant lieu de bailliage, et encore n'était-elle autorisée à construire des temples que dans les faubourgs. Par exception, les villes où le culte réformé avait été célébré jusqu'au 7 mars continueraient à jouir du libre exercice et dans leur enceinte sans que ceulx de ladicte religion puissent s'ayder, prendre, ne retenir aucun temple ne église des gens ecclésiastiques. La pratique du culte était interdite à Paris et dans le ressort de la vicomté et prévôté de Paris. L'Édit de pacification d'Amboise n'octroyait donc pas les mêmes droits à tous les Réformés. Les concessions, proportionnées à la qualité des personnes, allaient s'affaiblissant de l'aristocratie aux dernières classes du Tiers État ; la population des campagnes n'en jouissait que par répercussion. On comprend que Coligny reprochât à Condé d'avoir fait sa part à Dieu, une petite part, et d'avoir ruiné plus d'Églises par ce trait de plume que toutes les forces catholiques réunies n'en eussent pu abattre en dix ans. Calvin traitait le Prince de misérable qui avait trahi Dieu en sa vanité. La Réforme cantonnée et, pour ainsi dire, parquée n'eut plus qu'un rayonnement restreint ; ses centres de propagande étaient, isolément, trop faibles pour agir sur la masse catholique. D'ailleurs les chefs avaient séparé leur cause de la cause commune. Ils ne s'étaient pas obstinés à assurer à tous les fidèles le libre et plein exercice du culte qu'ils avaient obtenu pour eux. Là est la grande faute de Condé. Il aurait dû, dépouillant les préjugés de caste, accepter ou refuser pour tous. Se réserver la jouissance de tous les droits religieux, continuer à occuper les grandes charges et les premières dignités de l'État et permettre qu'une grande partie des habitants des villes et des campagnes fût privée du libre exercice du culte, c'était étaler dans l'unité de foi l'inégalité des conditions sociales et montrer une singulière indifférence pour les, humbles et les petits. Le protestantisme parut s'incarner dans une classe, il passa pour la religion de la noblesse ; les conversions devinrent moins nombreuses ; la force d'expansion s'épuisa. Pour n'avoir pas oublié qu'il était prince et gentilhomme, Condé compromit l'avenir de son Église et de son parti. |
[1] SOURCES : Lettres de Catherine de Médicis, I. Mémoires de Condé, II-IV, 1743. Mémoires-journaux du duc de Guise. Correspondance de François de Lorraine avec Christophe, duc de Wurtemberg, Bulletin de la Société de l'hist. du protestantisme français, XXIV, 1875. Baguenault de Puchesse, Auvray et B. de Lacombe, Documents sur les guerres de religion dans l'Orléanais, 1560-1565, 1902. J. Stevenson, Calendar of State papers, Foreign series, of the reign of Elizabeth, V. Du Mont, Corps diplomatique, V, 1re partie. Baum et Cunitz, Histoire ecclésiastique, I-III. Archives curieuses de Cimber et Danjon, IV et V. Journal de 1561, Revue rétrospective, V. Les Mémoires de Messire Michel de Castelnau, seigneur de Mauvissière, éd. Le Laboureur, 1731, I et II. Commentaires et lettres de Blaise de Monluc, maréchal de France, éd. de Ruble, Soc. H. F., 1864-1872, II-IV. Mémoires de Claude Haton, curé de Provins, publ. par Bourquelot, I, 1857, Coll. Doc. inéd. La Noue, Discours politiques et militaires, 1587. Lalanne, Œuvres complètes de Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, S. H. F., IV. Mémoires de Gaspard de Saulx-Tavannes, Michaud et Poujoulat, 1re série, VIII. Loys de Perussiis, Discours des Guerres de la Comté de Venayscin et de la Prouvence, Pièces fugitives pour servir à l'hist. de France, publ. par le marquis d'Aubais, 1759, I. Brun-Durand, Mémoires d'Achille Gamon, avocat d'Annonay en Vivarais, 1552-1586, Valence, 1888. Belcarii Peguillionis, Rerum gallicarum Commentarii, 1625. [La Popelinière], Histoire de France, I, 1581. D'Aubigné, Histoire universelle, II. De Thou, Histoire universelle depuis 1543 jusqu'en 1607, traduite de l'édition latine de Londres, 1734, IV.
OUVRAGES A CONSULTER : Lavisse, Le massacre fait à Vassy, dans les Grandes Scènes historiques du XVIe siècle, 1886. De la Ferrière, Le XVIe siècle el les Valois, d'après les Documents inédits du British Museum el du Record office, 1879. De Ruble, Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret, IV. Le même, Assassinat de François de Lorraine, duc de Guise, 1897. Bouillé, Histoire des ducs de Guise. Forneron, Les ducs de Guise et leur époque, I et II, 1877. D'Aumale, Histoire des princes de Condé, I. Delaborde, Gaspard de Coligny, II. Lingard, Histoire d'Angleterre (trad. de Wailly), 1844, IV. Froude, History of England (1879), VI-VII. Decrue, Anne, duc de Montmorency. Bernard de Lacombe, Catherine de Médicis entre Guise et Condé, 1899. Pingaud, Les Saulx-Tavannes, 1876. [Comte de Bastard], Vie de Jean de Ferrières, Vidame de Chartres, Auxerre, 1885. D. Vaissète, Histoire du Languedoc, éd. nouvelle, XI et XII, Toulouse, 189.
[2]
La Noue, Discours politiques et militaires, XXVI, chap. IV.
[3] Claude Haton, I, p. 193.
[4] Histoire ecclésiastique, II, p. 685.
[5] Claude de Sainctes, Discours sur le saccagement des églises... en 1562, Archives curieuses, IV.
[6] Sur les sentiments qu'inspiraient à la nation catholique les relations des huguenots avec l'étranger, voir Perdrizet, Ronsard et la Réforme, 1902, p. 90 et suiv.