I. — LE PROJET DE CROISADE. LES traités de Noyon et de Cambrai, conclus en 1516 et 1517, furent presque considérés comme une charte européenne, et il sembla qu'ils fussent destinés à assurer la paix dans la Chrétienté. Aussi, dès qu'ils eurent été signés, vit-on reparaître des projets de croisade. Sélim Ier, qui régna de 1512 à 1520, avait vaincu les Perses, conquis les pays de l'Euphrate, la Syrie, la Palestine et l'Égypte ; en même temps, les corsaires Aroudj et Kheir-ed-Din Barberousse s'étaient établis à Alger et placés sous sa suzeraineté. Ces événements étaient les plus graves qui se fussent accomplis depuis la prise de Constantinople : la conquête de l'Égypte barrait la route de l'Extrême-Orient, celle d'Alger livrait aux Ottomans l'ouest de l'Afrique ; leurs progrès vers le Danube les rapprochaient du centre de l'Europe. Ainsi le Croissant s'étendait et se repliait peu à peu. En Italie, Rome, Florence et surtout Venise furent partagées entre la préoccupation de leurs intérêts commerciaux et le sentiment des périls qu'elles couraient. En Allemagne, on ne cessa pas de parler de la guerre contre les Ottomans, mais ou bien l'Empereur CHAP. PREMIER Charles-Quint et l'Europe. s'en laissait détourner par sa politique personnelle, ou bien les Diètes se bornaient à des plaintes et à des promesses, qui n'allaient pas jusqu'à leur faire ouvrir la bourse. L'Espagne, presque seule, entama la lutte, mais plutôt contre ses anciens ennemis, les Maures d'Afrique, que contre les nouveaux adversaires de l'Europe, les Turcs. Malgré l'échec de l'expédition dirigée par Ximénès contre Alger en 1516, elle agit encore dans la Méditerranée en 1519 et en 1520. François Ier, à l'exemple de Louis XII, entretint des rapports avec les chevaliers de Rhodes[2]. En 1516, Prégent de Bidoulx, avec vingt-quatre vaisseaux franco-génois, attaqua Bizerte et pénétra dans le port de Tunis ; en 1518, il alla secourir Rhodes attaquée par les Turcs. Léon X avait été mêlé plus ou moins directement à ces entreprises. Après l'entrevue de Bologne, il se crut sûr de François Ier, qui semblait animé d'un zèle de prosélyte et qui écrivait : Dès l'eure que, moyennant la grâce de Dieu, fuce parvenu à la couronne de France et auparavant, ma vraye et naturelle inclinaison estoit, comme encore est, sans fiction ne dissimulation, d'employer ma force et jeunesse à faire la guerre pour l'onneur et révérence de Dieu, nostre Saulveur, contre les ennemys de sa foy. Aussi le Pape proclama, le 13 mars 1518, la Croisade générale[3], et proposa une trêve de cinq ans entre tous les États chrétiens. Maximilien, qui devait être généralissime des armées européennes, reçut le 1er août une armure bénite. « Tous les chrétiens, lui dit le Légat, en la lui remettant à la diète d'Augsbourg, ont les yeux fixés sur toi, tous espèrent que tu porteras la main à ton glaive, tous savent que tu le lèveras contre les ennemis du Seigneur. » Et il adjurait les Allemands de s'unir, pour défendre l'Allemagne en même temps que la Chrétienté. Après des négociations avec l'Angleterre et avec Charles d'Autriche, la Ligue sainte fut conclue, en 1519, ne lupus ille rapax, Turcus, quærens quem devoret, possit christianum gregem impetere[4]. Mais de toutes ces consultations de faire la guerre au Turc, dit Barrillon, n'est sorty aucun effect. Par qui il a tenu ? Nescio : Deus scit. Miser est Papa, Imperator, Rex, vel Princeps apud quem.... Verba reticentur[5]. C'est que les princes n'avaient de zèle qu'en apparence et que les peuples ne s'intéressaient pas à la Croisade. En effet, la diète d'Augsbourg se montra fort récalcitrante ; les États espagnols de Castille refusèrent les subsides demandés. On savait trop par expérience que tous ces desseins proclamés aboutissaient à des levées d'impôts, dont le produit n'était jamais appliqué à la destination annoncée. Du reste, la mort de Maximilien, en janvier 1519, et l'élection à l'Empire donnèrent bien d'autres soucis à l'Europe. François et Charles d'Autriche ne reprirent l'idée de Croisade que comme un moyen de faire valoir leur candidature. Néanmoins le mot resta dans l'air. Il reparaîtra pendant tout le XVIe siècle. II. — L'ÉLECTION A L'EMPIRE. MAXIMILIEN n'avait pas encore soixante ans en 1518, et cependant sa mort était escomptée autour de lui et par lui-même. Nous avons dit que, dès la fin de l'année 1516, arriva devers le Roy (François Ier), le comte Franciscus Sekinghen, du païs d'Allemagne, et estimé homme de crédit pour lever gens de guerre audict païs, lequel promit audict seigneur de ayder de tout son povoir que ledict seigneur seroit esleu empereur, la vaccation de l'empire advenant, et à ce faire se obligea solennellement. Moyennant ce, icellui Seigneur luy promist donner grosse pension par chascun an. L'Allemagne était, à ce moment, très troublée par le commencement de la révolte de Luther contre l'Église et par les haines excitées dans la petite noblesse et le peuple des campagnes contre les princes laïques et ecclésiastiques. C'était le temps des chevaliers à la fois bandits et redresseurs de torts : la guerre privée sévissait dans toute la région du Rhin. Gcetz de Berlichingen et Franz de Sickingen, soutenus par le duc de Wurtemberg et par l'électeur Palatin, avaient attaqué le landgrave de Hesse et la ville impériale de Worms, sans que Maximilien fût en état de les défendre. La lutte pour l'Empire s'engagea entre François et Charles bien avant la mort de Maximilien[6], et le roi de France montra d'abord plus de décision que son rival. Il s'adressa tout de suite aux Électeurs[7]. Le 17 août 1517, Joachim de Brandebourg lui promettait de l'aider de tout son pouvoir ; le 27 septembre, l'archevêque de Mayence engageait sa voix ; l'électeur de Trèves et l'électeur palatin semblaient fort bien disposés ; le duc Antoine de Lorraine, Robert de la Marck, les ducs de Gueldre, de Brunswick-Lunebourg, de Holstein, Franz de Sickingen et un grand nombre de petits seigneurs rhénans étaient soldés par la France. Charles paraissait hésiter, bien qu'il eût, en août 1517, annoncé sa candidature à Maximilien, qui lui écrivait, le 18 mai 1518 : Et quant à ce que vous désirés vous promouvoir à roi des Romains, nous avons desja practiqué les princes ellecteurs que espérons que vous parviendrés à votre desir et intention ; il ajoutait cependant que les Français faisaient d'horribles practiques et insistait sur la nécessité de ne pas se borner à des promesses et de payer argent comptant, comme son compétiteur. A la diète d'Augsbourg, en août 1518, les électeurs de Mayence, de Cologne, de Brandebourg, de Bohème et le Palatin se déclarèrent pour Charles, à qui il en coûta 450.000 francs d'or, outre les dépenses déjà faites, qui s'élevaient à 75.000 écus d'or, mais une question de droit suspendit l'effet des mesures de Maximilien. Comme il n'avait pas reçu du Souverain Pontife la couronne impériale, il restait théoriquement roi des Romains et, par conséquent, l'élection même à ce titre n'était pas ouverte. Il négociait encore à ce sujet avec les Électeurs, lorsqu'il mourut presque subitement, le 12 janvier 1519. Aussitôt toutes les brigues recommencèrent et s'exaspérèrent. François Ier reprit l'espoir de ramener à lui les Électeurs qui l'avaient abandonné, se disant prêt à leur accorder tout ce qu'ils demanderaient. Il dépêcha en Lorraine Bonivet, le sire d'Orval, gouverneur de Champagne, et Charles Guillard, président au Parlement de Paris, en leur donnant pleins pouvoirs pour recevoir tous engagements et faire, dire, exécuter tout ce qui serait opportun et nécessaire. On pourvut aux dépenses en créant des offices, en empruntant, en aliénant une partie du domaine. Les Français y allèrent à main plaine. Vers le mois de mars, François Ier semblait avoir pour lui Joachim de Brandebourg, rassasié d'or et de promesses, l'archevêque de Mayence et l'électeur palatin, qui avait mis à haut prix son retour à la cause française. Joachim recevait une pension viagère de 40.000 thalers, et son fils une de 20.000 ; il devait épouser Renée de France, avec une dot de 200.000 thalers, et avoir le titre de lieutenant général du Roi en Allemagne ; l'archevêque de Mayence obtenait un don de 120.000 florins, une annuité de 10.000. Le Pape se disait favorable à la candidature française. Les Suisses et le roi d'Angleterre étaient considérés comme gagnés. Charles se trouvait dans une situation désavantageuse à cause de son éloignement ; mais il y gagnait peut-être de moins se compromettre. D'ailleurs, sa tante Marguerite d'Autriche, le comte de Nassau, le cardinal de Gürck, Maximilien de Berghes et une foule d'agents plus ou moins obscurs faisaient énergiquement et habilement ses affaires. Pourtant Marguerite, troublée par les premiers succès diplomatiques de François Ier et par les résistances qui se manifestaient chez certains princes, hésita un moment et songea même à proposer la candidature de Ferdinand, le frère cadet de Charles, si d'aventure lesdits électeurs se vouloient plutôt arrester à luy que à vous ou audit roy de France. Mais on vit bien que Charles jusqu'alors avait feint d'être incertain et qu'il ne l'était pas en réalité, car il protesta très vivement, tout en remerciant sa tante de ses bonnes intentions. Il déclara qu'il désirait autant que qui que ce soit le bien, honneur et avancement de son frère ; que néanmoins, considérant les poursuites et diligences qui avaient été faites en son nom, il entendoit poursuivre l'élection pour lui seul, sans y rien espargner, et y mettre le tout pour le tout. Cependant le roi de France et le roi d'Espagne sentaient qu'il fallait faire appel à l'opinion allemande, et ils répandirent des manifestes. François Ier annonçait aux Allemands les succès de sa flotte sur les Turcs dans les mers du Levant. Il faisait écrire à l'évêque de Brandebourg par Duprat : Comme le Roi est largement comblé des biens de l'esprit, du corps et de la fortune, en pleine jeunesse, en pleine vigueur, généreux et par suite cher aux soldats, capable de supporter les veilles, le froid, la faim, le seul enfin dont le nom puisse inspirer la crainte aux Turcs, si à tous ces dons s'ajoutait le titre éclatant de César, il faut considérer que la Grèce et tout ce qui a été perdu jadis de la Terre Sainte pourrait être rendu à la vraie foi et religion, pour le salut de tous les chrétiens... Quant au Roy catholique, fault considérer son jeune âge et que ses royaumes sont lointains de l'Empire, en sorte que ne luy viendroit à main d'avoir le soing et cure de l'un et des autres... et avec ce, les mœurs et façons de vivre d'Espaignols ne sont conformes, ains totallement contraires à celles des Allemans. Au contraire, la nation française, quasy en tout, se conforme en celle d'Allemagne, aussy en est-elle yssue et venue, c'est assavoir de Sicambres, comme les historiographes anciens récitent. Charles n'était pas en reste il rappelait que le roi
d'Aragon son aïeul avait combattu les Infidèles et déclarait que son intention vraie estoit de nourrir et mettre paix par
toute la Chrétienté et de dresser totallement toute sa force et puisante à la
diffusion, conservation et extension de la foy. Au reste, ajoutait-il,
s'il n'estoit de la vraye rasse et origine de la
nation germanique, il n'aspirerait pas à l'Empire, mais les Électeurs connaissent assez que le vray estoc (origine) et premier
fleuron de sa noblesse vient de la Maison d'Austrice, dont à present il est
vray successeur et héritier. Qu'il soit nommé, et la liberté de la
nation germanique, tant en spirituel que temporel,
ne sera seulement conservée, mais augmentée. D'autre part, on prêchait
(en chaire) que, si le roy de France estoit empereur, il vouldroit tenir
les Allemans en telle subjection comme il faisoit les François et les tailler
à son plaisir. Ces dernières allégations avaient d'autant plus de chances d'être acceptées que François Ier ne se montra pas toujours très habile ; peut-être déclarait-il trop à tout venant qu'il était décidé à agir par argent et par force, s'il ne pouvait arriver par amour. La jeunesse présomptueuse qui l'entourait méprisait les Allemands, qu'elle ne connaissait guère que par les Électeurs, si faciles à acheter, semblait-il ; Bonivet, qui représentait le Roi en Allemagne, manquait de souplesse et de clairvoyance ; il ne s'entendait pas complètement avec Duprat et le président Guillard, qui voulaient user de persuasion auprès des Princes. Il est vrai que Duprat, lorsqu'il essayait de les convaincre, se bornait à une phraséologie vide et à une argumentation de mots. Il leur disait, en cherchant à établir que François Ise pouvait être choisi comme Empereur, quoiqu'il ne fût pas Allemand : Premièrement, d'après notre droit, il est de règle que ceux qui sont appelés à commander doivent être choisis non d'après des circonstances de lieu, mais d'après la noblesse de leur mérite. Or, de quelque nation qu'il soit, tout prince qui observe la justice est agréable à Dieu et désigné pour les plus hautes dignités... Donc, le roi de France, étant orné d'un faisceau de vertus, est éligible bien que non allemand... Et comme l'Empire procède de Dieu — toute puissance vient en effet de Dieu — peu importe de quel pays est celui qu'on élira comme empereur, pourvu qu'il soit vertueux... Car Dieu ne fait pas acception des personnes. Mais le Conseil royal était fort partagé. Les gens d'expérience, Madame elle-même, n'étaient pas très partisans de la candidature du Roi ; même réussissant, ils ne la considéraient pas comme utile aux vrais intérêts de la France. Beaucoup disaient que le seul point essentiel était d'empêcher Charles d'être élu, ce à quoi on aviserait mieux en présentant et en soutenant un Allemand, quel qu'il fût. En réalité, il y eut chez François Ier entraînement de jeunesse, ambition de prince fier de ses premiers succès, crainte aussi de voir arriver à ce comble de grandeur le souverain, en qui il ne pouvait se résigner à reconnaître même un égal. Jusqu'au bout, ni lui ni Charles ne surent à quoi s'en tenir sur les vraies dispositions des Électeurs. Le duc de Saxe et le représentant de Louis de Bohême encore mineur n'avaient pas cessé de se réserver ; le margrave de Brandebourg, l'archevêque de Mayence, le comte Palatin avaient été successivement gagnés, perdus, regagnés, puis reperdus. Aussi les agents de Charles rougissaient de la bassesse de ces princes, mais, ajoutaient-ils, puisqu'on y est, il faut passer oultre et non regarder à leur honte. De fait, les princes furent entraînés par l'opinion publique. L'état de l'Allemagne s'était encore aggravé pendant les premiers mois de l'année 1519 ; en février, le duc Ulrich de Wurtemberg ayant pris et pillé la ville libre de Reutlingen et se préparant à envahir la Bavière, les seigneurs du Haut Danube et du Haut Rhin avaient resserré la Ligue dite de Souabe et entrepris de se défendre eux-mêmes, en attirant à leur service Franz de Sickingen. François Ier, à qui l'on en voulait beaucoup de l'appui qu'il prêtait à Ulrich de Wurtemberg, fut abandonné par la plupart des princes rhénans, puis même par le Pape et par les cantons suisses. Au dernier moment, quand il était trop tard, il songea à soutenir la candidature de l'Électeur de Brandebourg ; quelques Allemands mirent en avant le roi d'Angleterre[8] et surtout l'Électeur de Saxe, qui refusa. La Diète électorale était convoquée pour le mois de juin ; autour de la ville de Francfort, où elle devait se réunir, Sickingen campa avec 24.000 hommes de la Ligue Souabe ; d'autres princes s'établirent à quelques lieues de la ville ; Bonivet, qui avait fait venir 800 chevaux vers la frontière rhénane, se rendit, en habit dissimulé et sous un faux nom, à Rudesheim, dans le voisinage de Francfort, pour essayer de maintenir dans leur devoir les Électeurs qui avaient pris des engagements envers le roi de France. Mais ils en avaient pris aussi de l'autre côté et, acculés à la nécessité de trahir leur parole, ils allèrent à celui pour qui se décidait l'Allemagne ; le 28 juin, Charles fut proclamé roi des Romains. La nouvelle de l'élection parvint à la cour de France, le 3 juillet, et pour prendre un peu de récréation et mettre en oubly mélancolye, le Roy se retira à Fontainebleau, où il séjourna quelque temps, prenant son desduyt à la chasse. Il déclara, parait-il, que, somme toute, son échec valait mieux pour lui et pour son royaume ; il aurait dû se le dire plus tôt. III. — LE PERSONNAGE ET LE RÔLE DE CHARLES-QUINT. A partir de l'élection à l'Empire, la lutte entre François Ier et Charles-Quint, c'est-à-dire entre les maisons de France et d'Autriche, était inévitable ; elle commença presque aussitôt et dura même après la mort de François et l'abdication de Charles, sous les règnes de leurs fils Henri II et Philippe II, jusqu'au traité du Cateau-Cambrésis, signé en 1359. C'est entre 1520 et 1530 qu'elle fut le plus acharnée et qu'elle sembla devoir être décisive. Charles-Quint différait en tout de François Ier[9]. Il avait la taille moyenne, bien prise, et les membres robustes ; mais son visage était sans beauté aucune et gâté par la proéminence de la mâchoire inférieure, dont les dents faisaient saillie sur la mâchoire supérieure. Il ne négligeait ni ne dédaignait les exercices du corps : il était excellent cavalier, habile jouteur, et certes il eût été en état de soutenir le combat contre François Ier, si le défi qu'il lui adressa en 1528 avait été suivi de duel. De complexion amoureuse, il eut quelques aventures galantes ; il était gros mangeur. Mais il n'était pas asservi aux plaisirs matériels. Il mettait son idéal dans l'activité de son intelligence et surtout dans le développement de sa personnalité morale. En tout il tenait à se posséder, à se dominer. Quand il reçut la nouvelle inattendue, inespérée, de la victoire éclatante remportée à Pavie, après un instant d'étonnement, à peine d'émoi, il entra dans son oratoire, y resta seul pour rendre grâces à Dieu de la victoire qu'il venait d'obtenir et s'y tint plus d'une demi-heure. Il lui plaisait évidemment de se montrer et peut-être de se sentir supérieur aux événements, si grands qu'ils fussent. Il gardait le même sang-froid, la même hauteur d'attitude dans les revers. Il avait naturellement l'âme religieuse : il ne se bornait pas à des pratiques de sincère dévotion, entendant une messe tous les jours, communiant fréquemment ; il méditait volontiers sur les mystères du dogme ou sur le problème de la vie future ; il aimait à se mettre en contact avec Dieu, à s'abîmer en lui ; il était mystique. Au reste, il avait une propension naturelle à la mélancolie et même à la tristesse. De très bonne heure, en plein triomphe, au milieu des joies de son mariage avec sa jeune femme Isabelle, qu'il aimait passionnément, il se repliait et se plaisait à la solitude. Cette propension s'accrut de bonne heure par l'effet de souffrances physiques : la goutte, les douleurs d'estomac. En réalité, il n'eut guère de jeunesse ; avant la maladie, les soucis du pouvoir et de l'ambition avaient évidemment comprimé l'expansion naturelle du tempérament chez cet homme qui, à dix-neuf ans à peine, aspirait à l'Empire et l'obtenait, qui sentait peser sur lui le monde et se crut un moment appelé à le conduire. Est-ce la gravité des intérêts dont il avait la charge qui le rendit indifférent à l'égard des individus ? Sans être méchant ni cruel, il ne fut pas bon. Il n'eut pas de sympathie pour les hommes, jamais d'heureux mouvements, jamais d'entraînements de générosité. Lorsque François Ier fut son prisonnier, il lui appliqua toute la logique de la situation, au grand étonnement du roi de France qui, avec sa naïveté d'enfant gâté, s'étonnait de ne pas se voir traité en ami, puisqu'il lui plaisait de l'être. Quand deux des fils de France eurent été livrés en otage après le traité de Madrid, l'Empereur, à aucun moment, ne parut touché du sort de ces enfants, dont l'un avait neuf ans, l'autre à peine quatre : il les soumit à toutes les lois de la guerre et de la politique. A l'égard de sa mère Juana, il montra une dureté impitoyable, que n'excuse pas la raison d'État. D'autre part, comme son esprit était modéré, si son âme était sèche, il ne se laissa jamais aller aux cruautés qui ont déshonoré le règne de son fils. Dans les Pays-Bas, devenus en partie protestants, il y eut des supplices, mais il y en avait aussi en France et ailleurs. Quant aux autodafés en Espagne, ils étaient tellement passés dans les mœurs qu'on ne pouvait songer à les supprimer. Toutes ses qualités ou tous ses défauts, Charles-Quint les appliqua à la politique, qui remplit toute la part qu'il ne donna pas au soin de sa vie morale intime. Il la traita sérieusement, puisqu'il était naturellement sérieux, et il ne voulut jamais rien abandonner au hasard. Avant d'entreprendre les choses, il se les représentait, jusqu'à établir par écrit, prétend-on, le pour et le contre des décisions à prendre. Il cherchait des avis, mais c'était toujours lui qui décidait. Il n'y a sy grand ne sy saige en son royaume, écrit un de ses agents, qui luy fasse changer son opinion, se il ne luy semble que la rayson luy doibve faire changer. J'ai cogneu beaucoup de divers princes en divers âges. Mais je n'en ai cogneu nul qui meist plus de peine à entendre ses affaires et qui disposast du sien (de ses affaires) plus absolument que luy. Ses vues étaient larges et précises, ses desseins à longue portée, ses prévisions pénétrantes. Il apportait des lenteurs dans l'exécution, mais la mauvaise fortune ne le surprenait ni le déconcertait, parce que d'avance il lui avait fait sa part. Pourtant son esprit, très ferme et très arrêté dans ses combinaisons, était plus hésitant dans l'action et, chose curieuse, excepté pour qui a pénétré son caractère, il ne manqua à sa fortune que lorsqu'il eut des succès exceptionnels ; sans doute parce que sa raison s'était refusée à les prévoir aussi grands. Le fait qui donna aux événements leur direction fut surtout la possession du titre impérial par Charles-Quint. Il prit très au sérieux sa fonction d'Empereur et voulut en remplir tous les devoirs, en même temps qu'en faire valoir tous les droits. Il se considérait comme le représentant et le chef moral de l'Europe et, de très bonne foi, pensait qu'il lui appartenait, mieux encore, qu'il lui incombait d'y faire régner la paix. Le mot de paix européenne reviendra sans cesse dans ses dépêches, comme dans ses lettres intimes. Or l'Europe, pour lui, c'était essentiellement la Chrétienté, qu'il croyait avoir mission de défendre contre les Infidèles du dehors, les Turcs, et contre les Infidèles du dedans, les hérétiques. A la plénitude de cette mission il y avait une condition : le couronnement par le Pape[10], qui seul ajoutait au titre et au pouvoir de fait la consécration mystique du droit et élevait le souverain au-dessus de tous les autres princes. Il acquérait ainsi sur l'Europe une hégémonie qui, tout en laissant aux souverains leur indépendance, en faisait ses subordonnés dans les affaires générales de la Chrétienté. Cette idée apparaît très nettement dans les projets de croisade, où il réclamait toujours le rôle de chef et de généralissime, comme une prérogative attachée naturellement à son titre. Mais l'Empereur était plus particulièrement le chef de la nation germanique ; en cette qualité, il devait y faire régner l'ordre dans les consciences comme dans le gouvernement, et aussi reconstituer l'intégrité de l'Empire, en reconquérant les pays qui, depuis le moyen-âge, en avaient été démembrés, œuvre qui était à ses yeux une œuvre de réparation, non pas de spoliation ; il ne prenait point, il reprenait. Voilà en quel sens on peut dire qu'il prétendit à la monarchie universelle[11]. Il ne pensa pas à se substituer aux rois dans l'exercice de leurs souverainetés particulières, mais il se crut leur supérieur en sa qualité de représentant temporel de toute la Chrétienté. Il se considéra comme ayant reçu le dépôt de ses intérêts ; c'était, il est vrai une prétention très grande et déjà surannée depuis longtemps. Et il y ajoutait les droits qu'il tenait, disait-il, de ses ancêtres espagnols, autrichiens ou flamands ! Or Charles, qui finit par devenir très espagnol, fut d'abord très autrichien et surtout très flamand. Petit-fils de Maximilien et de Marie de Bourgogne, il se sentait par préférence l'héritier de ses ancêtres bourguignons, Charles le Téméraire, Philippe le Bon, même Jean sans Peur. Aussi la question bourguignonne dominera sa politique jusqu'en 1529, où il ne renoncera que contraint et forcé à en poursuivre la solution. Elle était pour lui une affaire de famille et d'honneur ; dans les négociations préparatoires du traité de Madrid, il réclamera l'exécution des clauses du traité d'Arras de 1435, qui imposaient à Charles VII l'érection d'un couvent et la célébration de messes en souvenir de Jean sans Peur et en expiation de l'attentat de Montereau. Cette conception apparut si nettement à tout le monde que les Français eux-mêmes, parlant de leurs adversaires, disaient les Bourguignons, au lieu de dire les Espagnols, les Flamands ou les Impériaux. Or, la question de Bourgogne embrassait les différends relatifs non seulement à la Bourgogne et à ses dépendances, mais aussi à la Franche-Comté, aux villes de la Somme, à la Flandre, à l'Artois. Par là Charles-Quint était nécessairement l'ennemi de la France. Enfin, comme prince espagnol, Charles-Quint revendiquait le royaume de Naples, jadis possédé par la maison d'Aragon, et il était entraîné à intervenir dans toutes les affaires italiennes. Ici encore il se heurtait à la France. Le titre d'Empereur le servait en ses différents projets, car certaines provinces françaises avaient jadis fait partie de l'Empire, au temps du célèbre royaume d'Arles, qui n'avait complètement disparu qu'au XIVe siècle, et Charles, toujours attaché aux traditions en même temps qu'habile à s'en servir, reprendra, au moins comme théorie historique, les prétentions impériales sur le royaume d'Arles. D'autre part, en Italie, le Milanais, Mantoue, le Montferrat étaient des fiefs impériaux soumis à l'investiture de l'Empereur. Les guerres d'Italie avaient précisément fait revivre ce droit ; Louis XII avait été obligé de demander l'investiture du Milanais à Maximilien. Ainsi le titre impérial augmentait la puissance de Charles, mais en même temps l'ampleur de sa puissance territoriale ajoutait à ce titre une singulière force. Cette puissance, il est vrai, n'était pas si considérable qu'elle paraissait. En 1520, Charles possédait en Europe les Pays-Bas (depuis 1506), l'Espagne, les royaumes de Naples et de Sicile (depuis 1516), l'Autriche, la Styrie, la Carinthie, le Tyrol (depuis 1519) ; il avait l'Empire. Mais, dès 1521, les besoins de sa politique l'amenèrent à abandonner à son frère Ferdinand les domaines autrichiens, et, des États qui lui restèrent, il faut presque défalquer Naples et la Sicile, dont la conquête fut souvent remise en question, et qu'il ne gardait qu'à force d'argent et d'hommes. L'Espagne, qui devint le fondement solide de sa grandeur et qui sera la patrie d'élection de ses descendants, était forte, mais en retard sur le reste de l'Europe. Le pays était partout peu ou mal cultivé ; en dehors de quelques grandes villes, Barcelone, Saragosse, Tolède, Valence, Grenade, Séville[12], les antres étaient mornes, peu habitées ; les Espagnols ne s'adonnaient guère aux travaux industriels ni aux études libérales, qu'ils laissaient aux étrangers. Ils étaient avant tout soldats, et c'est eux qui allaient bientôt remplir les armées de Charles. Ils apportaient dans la guerre, le courage, la ruse, une survivance de l'esprit punique, a-t-on pu dire, une passion froide et sanguinaire, une avidité calculatrice ; le soldat espagnol avait cette originalité de piller et de ne pas dépenser son butin. Mais les avantages qui pouvaient résulter pour Charles de la force latente de l'Espagne et des mœurs guerrières des Espagnols étaient singulièrement affaiblis par l'esprit de particularisme et de liberté qui régnait en Castille et plus encore en Aragon. Ce ne fut qu'assez tard qu'il y eut parfait accord entre Charles et son peuple, La Flandre, très riche, très prospère encore au début du XVIe siècle, fut dévouée à l'Empereur, tant qu'il prit chez elle ses ministres, mais elle ouvrit peu sa bourse. Puis, à mesure qu'il se fit espagnol, les Flamands se retirèrent de lui et la mésintelligence alla jusqu'à la révolte, en 1539. D'ailleurs, aux Pays-Bas comme en Espagne, il y avait des libertés avec lesquelles il fallait compter. L'Allemagne aussi avait des libertés, libertés des princes, libertés des villes, et tenait à les garder. L'Empereur ne cessa pas d'y rencontrer des oppositions, qui se compliquèrent du problème du protestantisme. Son frère Ferdinand lui resta très attaché et très fidèle ; mais il ne pouvait le servir qu'en négociant avec les Princes et avec la Diète, et ce ne fut qu'à force de ménagements que tous les deux conservèrent quelque autorité ou quelque influence dans l'Empire. Ce souverain de tant d'États fut un souverain pauvre. Que les frais de l'élection à l'Empire, évalués à un million de ducats, aient épuisé son trésor en 1519 et 1520, au point qu'il ne put même payer les dépenses courantes de sa maison et fut obligé de se faire coureur d'emprunts auprès d'Henri VIII, de Venise ou des banquiers romains, cela s'expliquerait par l'effort financier exceptionnel qu'il avait fallu faire. Mais l'argent lui manqua toujours : il n'en tirait guère de Naples, il arriva même que la défense du royaume coûta plus que ses revenus ; la Castille ne donnait que 400.000 ducats nets par an. Quant aux possessions des Indes, il ne faut pas oublier qu'en 1519, l'Empereur ne possédait presque rien en dehors des Antilles et ne tirait des mines d'or et d'argent de l'archipel que 100.000 ducats environ. Le Mexique commença à être conquis en 1519-1520 : en 1520, les envoyés de Cortez apportèrent des présents, dont la magnificence étonna les contemporains : un soleil d'or, une lune d'argent. En 1522, nouvel envoi, mais deux des vaisseaux sur lesquels les lingots étaient chargés furent pris par les Français' ; les finances espagnoles furent ainsi plus d'une fois à la merci d'un corsaire ou d'une tempête. Le Pérou, ce grand réservoir de métaux précieux, ne fut vraiment envahi par Pizarre qu'à partir de 1534, et pendant longtemps la possession en profita plutôt aux aventuriers espagnols qu'au gouvernement. Aussi, durant tout le règne, les entreprises furent perpétuellement entravées, la situation compromise, les succès rendus vains par la pénurie financière. Après l'éclatante victoire de Pavie, Charles n'avait pas W.000 ou 30.000 ducats pour payer ses soldats, et c'est à de pareilles sommes que tint plus d'une fois le sort de l'Europe. François Ier discernait assez bien le faible de son adversaire : Je ne crains pas l'Empereur, écrivait-il en 1523, car il n'a pas d'argent, et la lettre suivante, adressée en 1520 à son ambassadeur à Rome, est le jugement même de l'histoire sur la puissance de Charles-Quint : Et si ne fault craindre ce que dictes qu'il y a mieulx de quoy que ses encastres empereurs, car aultant que ses pays sont dispersés en divers lieux et Loing les uns des autres, et de l'obéissance et qualité que chacun sçait, il sera assez empesché de les guider et conserver, sans chercher autre chose ; et parce qu'il e beaucoup de biens, tout son soing et cure devroit estre d'avoir paix. Et d'aultre part, vous prévoyez assez que, si les princes de la chrestienté cognoissoient qu'il se voulsist eslargir et les gourmander l'un après l'aultre, ne le souffriroient jamais, ains pour éviter chacun au danger que lu), pourroit advenir, se uniroient ensemble pour le faire retourner en sa maison. Et avec ce, les seigneurs d'Allemaigne, qui vivent en la liberté que vous sçavez, ne le voudroient trop grand pour ne les assubjectir. On l'a dit très justement : La force de Charles a toujours été exactement égale à sa faiblesse. En face de ces forces dispersées, la France du XVIe siècle était fortement concentrée. L'autorité royale a pu susciter par ses excès des mécontentements, même parfois des mouvements de révolte, elle n'a jamais été vraiment atteinte ni même menacée. Pour les ressources pécuniaires, François Ier en eut de très abondantes à sa disposition ; ses embarras vinrent de ce qu'il les gaspilla souvent[13]. Après Pavie même, alors que Charles pouvait à peine payer ses soldats victorieux, la Régente en France soldait régulièrement les gens d'armes revenus d'Italie. Nous verrons que, jusqu'en 1525, l'Empereur eut plus d'alliés que François Ier. Le roi d'Angleterre lui fut d'abord favorable et, même quand il l'abandonna, il ne le combattit guère que diplomatiquement ; les princes italiens hésitèrent davantage, car ils redoutaient également les deux adversaires : avant 1525, ils se tournèrent plutôt vers Charles, puis, de 1525 à 1529, vers François ; après, ils retournèrent, plus ou moins volontairement, à l'alliance impériale. La lutte se décida en grande partie par l'intervention non pas d'alliés, mais d'auxiliaires, d'abord indirects, de la France : les réformés d'Allemagne, qui entravaient à chaque instant les combinaisons de l'Empereur, et les Ottomans, qui l'attaquaient ou le menaçaient par l'Est et par le Sud. Après 1530, les uns et les autres entrèrent en relations plus étroites et plus intimes avec la France. Il est certain que, dès le premier jour, les différents États sentirent qu'ils étaient directement intéressés dans la lutte entre les deux princes. C'est par là que les guerres de François Ier et de Charles-Quint enferment vraiment l'histoire de l'Europe pendant la première moitié du XVIe siècle. Cela ne veut pas dire quo ces deux souverains sont les seules personnalités dignes d'attention ou qu'il n'y eut à cette époque de grands événements qu'en France ou en Espagne ; il s'en faut du tout au tout. Cela veut dire seulement que la rivalité entre le Roi et l'Empereur mit aux prises France, Espagne, Italie, Allemagne, Angleterre, Turquie, et surtout qu'elle fut le cadre où se débattirent les destinées de l'Italie, celles du catholicisme, et celles de la Chrétienté en face des Ottomans. C'étaient là autant de choses nouvelles, auxquelles ne correspondait aucune théorie. Les anciennes doctrines de la suprématie des Papes ou des Empereurs étaient usées, et personne, sauf Charles-Quint, ne les prenait au sérieux ; on ne songeait encore ni au droit des nationalités ni à la liberté des consciences. On devait y arriver insensiblement ; on eut peu à peu le sentiment des changements qui se produisaient. Bien que les prétentions rivales se soient à plusieurs reprises fondées sur des droits héréditaires, les mariages princiers n'eurent plus l'importance qu'ils avaient eue dans la diplomatie, à la fin du XVe siècle ou dans les toutes premières années du XVIe, car la plupart des nations étaient déjà trop fortement constituées pour être à la merci d'une union matrimoniale. L'idée apparut aussi qu'une certaine proportion de forces était nécessaire entre ces nations. Pourtant la politique de l'équilibre européen, qui paraît avoir été un moyen inventé à cette époque, ne profita, comme il arrive toujours, qu'aux peuples forts, et le XVIe siècle vit sombrer l'indépendance de trois pays ; l'Italie, la Hongrie et la Bohème. Il est incontestable que la puissance, les théories et l'ambition de Charles étaient redoutables pour la France, et François Ier est à louer de les avoir combattues. Il s'agit seulement de savoir s'il a employé les meilleurs moyens pour réussir ; s'il a bien compris son vrai rôle, qui était de défendre l'indépendance des autres en même temps que la sienne, puisque la puissance, les théories et l'ambition de Charles étaient redoutables aussi pour l'Europe ; s'il a vu que les intérêts de la France étaient au nord et à l'est du royaume, bien plus qu'en Italie. |
[1] BIBLIOGRAPHIE. La bibliographie relative à la politique extérieure de François Ier est énorme, puisque tous les États de l'Europe ont été mêlés à sa lutte contre Charles-Quint. Nous n'indiquons ci-dessous que les principales sources et les ouvrages essentiels. On peut consulter sur la question bibliographique : V. L. Bourrilly, Le Règne de François Ier, état des travaux et questions à traiter (Ray. d'hist. mod. et contemp., t. IV, 1902-1903, et tirage à part). Hauser, Histoire de France au XVIe siècle, 1492-1610 (Revue de synthèse historique, 1902). Brière et Caron, Répertoire méthodique de l'histoire moderne et contemporaine de la France, 4 vol., 1900-1903 (pour la production des années 1896-1901). Jacqueton, La politique extérieure de Louise de Savoie (voir ci-dessous) ; on y trouve une bibliogr. critique, utile pour l'histoire d'une grande partie du règne de François (p. III-XXIII).
SOURCES POUR L'ENSEMBLE DU LIVRE VII. Du Mont, Corps universel diplomatique, t. IV, 1726. T. Rymer, Fœdera, conventiones, litera, inter reges Angliæ et quosuis alios imperatores, reges..., t. XIII, XIV, XV, 1728. Catalogue des actes de François Ier (nombreux actes, pour la politique extérieure). Relations des ambassadeurs vénitiens sur les affaires de France, recueillies et traduites par M. Tommaseo, t. I (1528-1561), 1838, et mieux : Alberi, Le Relazioni degli ambasciatori veneti al Senato, durante il secolo decimo sesto, t. I, II, 1839. Lenz, Correspondent des Kaisers Karl V, 3 vol., 1844-1846. Papiers d'État du cardinal de Granvelle, publiés sous la direction de M. Ch. Weiss, t. I, II et III, 1841-1842 (Collect. des doc. inéd.). Canestrini et A. Desjardins, Négociations de la France avec la Toscane, t. II et III, 1861-1865. (Collect. des doc. inéd.). Négociations de la France dans le Levant, publiées par E. Charrière, t. I, 1848 (Collect. des doc. inéd.). Relations politiques de la France et de l'Espagne avec l'Écosse au XVIe siècle, publiées par A. Teulet, t. X, 1862. J. S. Brewer, J. Gairdner and R. H. Brodie, Letters and Papers foreign and domestic of the reign of Henri VIII, t. I-XVIII, 1862-19111. Marino Sanuto, I Diarii, t. XXVII-LVIII (1510-1532), publiés de 1890 à 1902. Œuvres complètes de Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, éditées par L. Lalanne pour la Soc. de l'Hist. de France, 11 vol., 1864-1882 (pour les personnages du temps). Mémoires de Guillaume et Martin du Bellay (Collect. Michaud et Poujoulat, t. V).
OUVRAGES. Himly, Histoire de la formation territoriale des États de l'Europe centrale, 2 vol., 2e édit., 1894. Gaillard, Histoire de François Ier, 2e édit., 1769, 8 vol. Michelet, t. VII de l'Histoire de France. Paulin Paris, Études sur François Ier, roi de France, sur sa vie et sur son règne, 2 vol., 1885. F. Decrue, Anne de Montmorency, grand-maître et connétable de France, 1885. Baumgarten, Geschichte Karls V, 3 vol., 1885-1892. F.-B. von Bucholtz, Geschichte der Regierung Ferdinand des Ersten, 9 vol., 1831-1838 (exposé et documents). J. Janssen, Geschichte des deutschen Volkes nit dem Ausyang des Mittelalters, t. II et III (17e et 18° édit., 1897-1899) ; traduct. française par E. Paris sur la 14e édit., 1889-1892. G. de Leva, Storia documentata di Carlo V in correlazione all' Italia, t. I-IV, 1863-0381. Rott, Histoire de la représentation de la France auprès des cantons suisses, t. I, 1900 (exposé et inventaire de documents).
SOURCES POUR LES CHAP. I, II ET III. Négociations diplomatiques entre la France et l'Autriche durant les trente premières années du XVIe siècle, publiées par Le Glay (Collect. des doc. inéd.), t. II, 1845. A Champollion-Figeac, Captivité du roi François Ier, 1847 (Collect. des doc. inéd.). Journal d'un bourgeois de Paris sous le règne de François Ier (1515-1536), édité par L. Lalanne pour la Soc. de l'Hist. de France, 1854. Cronique du roy Françoys, premier de ce nom, éditée par G. Guiffrey, 1860. Journal de Jean Barrillon, secrétaire du chancelier Duprat, 1515-1521 (publié par P. de Vaissière pour la Soc. de l'Hist. de France), t. II, 1899. Histoire du gentil seigneur de Bayart par le Loyal Serviteur, (publiée par J. Roman pour la Soc. de l'Hist. de France, 1878). Ph. Van den Berghe, Correspondance de Marguerite d'Autriche sur les affaires des Pays-Bas, de 1606 à 1518, 2 vol., 1845-1847. Guichardin, Storia d'Italia (1490-1534).
OUVRAGES. Mignet, Rivalité de François Ier et de Charles-Quint, 2 vol., 1875. Jacqueton, La politique extérieure de Louise de Savoie, 1515-1536, 1892 (Bibl. de l'École des Hautes Études, t. LXXXVIII). J. S. Brewer et J. Gairdner, The reign of Henri VIII, from his accession to the death of Wolsey, 2 vol., 1884. Perrons, Histoire de Florence depuis la domination des Médicis jusqu'à la chute de la République, t. III, 1892. De Hammer, Histoire de l'empire ottoman depuis son origine jusqu'à nos jours (traduct. française de J.-J. Hellert), t. V, 15204541, 1836. Sayous, Histoire des Hongrois, 2e édition, 1900 (Résumé).
[2] De la Roncière, François Ier et la défense de Rhodes, Biblioth. de l'École des Chartes, t. LXII, 1901.
[3] Au congrès de Cambrai, il avait été question de s'unir contre les Turcs, mais, en réalité, la conqueste de la Grèce à comuns despens et celle de la Terre Sainte ne figuraient aux instructions diplomatiques que pour dissimuler d'autres projets.
[4] Pour empêcher le Turc, ce loup rapace, cherchant quelqu'un à dévorer, de se jeter sur le troupeau chrétien.
[5] Je ne sais : Dieu le sait. Malheureux est le Pape, l'Empereur, le Roi ou le Prince auprès de qui... On se tait.
[6] Il ne s'agissait encore que du titre de roi des Romains, puisque Maximilien vivait.
[7] Les sept Électeurs étaient les archevêques de Trèves, de Cologne, de Mayence, le duc de Saxe, le roi de Bohème, le margrave de Brandebourg, le Palatin.
[8] Richard Pace, ambassadeur de Henri VIII, remit aux Électeurs une lettre de son maître, le 11 mai 1519.
[9] Voir au volume précédent notre étude sur le personnage et le caractère de François Ier.
[10] C'est pourquoi il attacha tant de prix à être couronné en 1530.
[11] Voltaire a dit quelque chose de cela : L'idée de le monarchie universelle qu'on attribue à Charles-Quint est donc aussi fausse que celle qu'on imputa depuis à Louis XIV. — Il joua toujours le premier rôle sur le théâtre de l'Europe, mais il fut toujours bien loin de la monarchie universelle.
[12] Madrid ne prend d'importance qu'a la fin du règne.
[13] Voir sur tous ces points le volume précédent, qui donne le tableau des ressources de la France et des conceptions gouvernementales de François Ier.