Robert Ier et Raoul de Bourgogne rois de France (923-936)

 

Texte mis en page par Marc Szwajcer

 

 

CHAPITRE V - La lutte contre Herbert de Vermandois après la mort de Charles le Simple.

Boson venait à peine de se remettre avec Henri Ier que déjà il était mêlé à de nouvelles intrigues. L'abbesse de Chelles, Rohaut, tante de Charles le Simple et belle-mère d’Hugues le Grand, mourut le 22 mars 925[1]. C'était déjà à l'occasion de son abbaye, on s'en souvient, que Robert et Hugues s'étaient soulevés contre Haganon en 922. Boson, sans doute d'accord avec son frère Raoul, s'empara tout à coup de ce riche monastère tant convoité, avec toutes ses dépendances, pour faire pièce à Hugues. Il était assez naturel que Raoul pût donner un fief à son frère alors que Hugues le contraignait à en céder un à Herbert. Mais Hugues ne transigeait pas aussi facilement sur ses droits que sur ceux des autres: immédiatement il réclama la restitution de Chelles, et Herbert, son allié, en prit prétexte pour mettre la main sur la principale place forte de Boson, le château de Vitry en Perthois. Un armistice fut conclu jusqu'à la fin de mai, puis transformé en paix définitive sur l'intervention du roi de Germanie. L'entreprise de Boson aboutissait, en dernière analyse, à une nouvelle ingérence étrangère en France, défavorable au prestige de Raoul[2].

Hugues et Herbert, de retour d'une conférence avec le roi Henri, allèrent assiéger Montreuil, afin de soumettre le comte Héloin qui affectait des allures d'indépendance. Ils le contraignirent à livrer des otages. Mais bientôt leur union se trouva compromise par le passage d'Héloin au parti d’Hugues. Herbert s'en dédommagea en attirant dans son camp Heudoin, vassal d’Hugues[3].

Les Normands de la Loire étaient demeurés dans un calme relatif depuis 925. Au commencement de l'année 930, ils envahirent de nouveau l'Aquitaine, pillèrent la Saintonge, l'Angoumois, le Périgord, et pénétrèrent jusqu'en Limousin[4]. Raoul se porta au secours de sujets qui lui étaient fidèles depuis le début de son règne. Il atteignit les pillards au lieu dit Ad Destricios et les anéantit presque totalement[5]. La victoire eut un aussi grand retentissement que jadis celle de Louis III à Saucourt, et, comme il arrive souvent, ce succès en engendra un autre: une partie des Aquitains (les comtes d'Auvergne, de Toulouse et de Rouergue) qui avaient pu juger de l'efficacité de l'intervention royale, firent leur soumission. Cette bataille devint légendaire dans le pays. C'est à elle qu'on rattache les exploits du comte d'Angoulême Guillaume Taillefer[6], et Aimoin y fait allusion lorsqu'il félicite Raoul d'avoir rendu la paix au pays par son triomphe sur les Normands[7].

La défaite normande fut suivie du retour des moines dans leurs couvents. Ceux de Charroux revinrent d'Angoulême où ils avaient cherché refuge. Les reliques de saint Genoul furent rapportées à Estrées, celles de saint Benoît à Saint-Benoît-sur-Loire, qui avait échappé à Rögnvald[8].

Dans le nord, la mésintelligence entre Hugues et Herbert allait croissant. Ernaut de Douai, vassal d’Hugues, venait de passer au parti d'Herbert, et des hostilités accompagnées de dévastations en étaient résultées. Raoul quittant la Bourgogne où il était encore, le 23 mars, à Autun[9], s'interposa comme médiateur, réunit plusieurs plaids et parvint à conclure un arrangement. Son frère Boson y fut aussi compris. Herbert devait lui rendre Vitry[10]. On aperçoit ainsi la raison intéressée de l'intervention de Raoul en faveur d’Hugues. Herbert le sentait bien et pour s'en venger, il provoqua la défection d'Anseau, vassal de Boson, qui gardait Vitry, lui donnant Coucy comme prix de sa trahison. Les représailles ne se firent pas attendre. Boson, Gilbert et les Lorrains s'entendirent avec Hugues qui leur faisait des avances, et tandis que Raoul retournait en Bourgogne, les alliés ayant opéré leur jonction assiégeaient et prenaient Douai, dont Roger de Laon fut investi par Hugues. Quant à Ernaut, réfugié auprès d'Herbert, il fut dédommagé par la cession de Saint-Quentin. Boson parvint à rentrer dans Vitry. Il enleva même Mouzon par ruse à Herbert, mais celui-ci profita de la première absence de Boson, vers la Noël, pour passer la Meuse à l'improviste et pénétrer dans la place, dont les portes lui furent ouvertes par des amis: la garnison lorraine fut faite prisonnière[11].

Herbert faisait face à tout par des prodiges d'adresse et d'activité, mais sa situation était des plus mauvaises depuis sa rupture avec Hugues. Raoul, au contraire, gagnait tous les jours en autorité. En 930, sa souveraineté s'était étendue en Aquitaine; l'année suivante il affirma à nouveau sa suzeraineté sur l'importante partie du royaume de Provence occupée par lui depuis 928. S'étant rendu avec une escorte en Viennois, il reçut la soumission formelle de son neveu Charles-Constantin, devenu comte de Vienne, au mépris des droits consentis à Eudes de Vermandois[12]. C'était la preuve évidente de sa rupture définitive avec Herbert. De là il se rendit « en pèlerinage » à Saint-Martin de Tours, en réalité auprès d’Hugues, dont il se rapprochait de jour en jour davantage. Sa présence nous y est révélée en mars par un diplôme qu'il délivra le 24 de ce mois, en faveur des chanoines de Saint-Martin[13].

Bientôt après, il fut rappelé en Bourgogne par la nécessité de régler de petites difficultés d'ordre intérieur, presque domestique. La reine Emma, dont nous avons eu l'occasion de signaler à maintes reprises les hautes capacités, apportait parfois dans ses actes d'administration la hâte et l'acharnement irréfléchi qui déprécient le mérite de l'énergie.

Pour une raison inconnue, elle enleva le château d'Avallon au comte Gilbert, fils de Manassès, l'ennemi de son père Robert 1er[14]. Elle en fit autant à l'égard du monastère de Saint-Germain d'Auxerre auquel, sous un prétexte futile, elle prit la villa Quinciacum (en Nivernais) pour en gratifier quelqu'un de ses gens. La légende ajoute que saint Germain la punit de sa témérité en lui paralysant la langue, châtiment qui lui fut tout particulièrement pénible. Elle se rendit au monastère avec une escorte nombreuse et, suivant la chronique, obtint la guérison à la suite du don de deux agrafes[15].

Gilbert de Dijon s'allia au comte Richard, fils de Garnier de Sens, et opposa à Raoul une résistance si vive que celui-ci dut renoncer momentanément à la briser, d'autant plus que de nouvelles complications l'appelaient dans le nord[16].

Depuis la dernière expédition contre Herbert, Boson avait eu de nouvelles difficultés avec le duc Gilbert. Pour la seconde fois il y perdit son château de Durofostum, et Herbert en profita pour se rapprocher de Gilbert. Boson quittant alors la suzeraineté du roi Henri, beau-père de Gilbert, appela son frère Raoul, puis il se dédommagea en tournant ses armes contre son voisin, l'évêque de Chalons, Beuves, qui avait exercé des cruautés sur plusieurs de ses gens et se trouvait en relations suivies avec le comte de Vermandois. Chalons fut pris et incendié[17].

A la faveur de l'anarchie générale, le marquis de Flandre Arnoul s'empara de Mortagne, place forte avantageusement située, au préjudice des fils de Roger de Laon qui étaient parvenus à y rentrer. Raoul parut alors dans la France septentrionale, se déclarant ouvertement l'allié d’Hugues et l'ennemi d'Herbert. Il enleva à ce dernier sa forteresse de Denain et assiégea ensuite Arras. Herbert accourut avec des renforts lorrains commandés par le duc Gilbert en personne. Raoul et Hugues, d'une part, Herbert et Gilbert, de l'autre, étaient en présence, à la tête de forces considérables. Une grande bataille semblait imminente. Mais avec cet esprit à la fois politique, un peu indécis et humanitaire qui caractérisait les acteurs de ces guerres civiles, on entra en pourparlers pour éviter une effusion de sang inutile, on discuta et on s'entendit pour conclure un armistice jusqu'au 1er octobre[18]. Peut-être aussi Gilbert avait-il été retenu par le scrupule de combattre son ancien suzerain, au moment où il n'existait aucun trouble dans les relations entre celui-ci et Henri de Germanie, son nouveau maître.

A quelque temps de là, la garnison rémoise d'Herbert viola la trêve en allant attaquer et détruire la forteresse de Braisne sur la Vesle[19], que Hugues avait enlevée naguère à l'archevêque de Rouen, Gonthard. Raoul se décida alors à tenter un effort énergique contre la grande cité métropolitaine, véritable centre de la résistance du parti vermandois. Il essaya sans résultat d'entamer des négociations avec le clergé et les habitants de Reims, afin d'obtenir, par leur initiative, la nomination d'un véritable archevêque à la place du jeune expectant Hugues. Ses démarches échouèrent parce qu'Herbert avait réussi à s'attacher les Rémois par d'habiles largesses. Raoul n'hésita plus à se porter en avant, avec toute son armée jointe à celle d’Hugues, sur Laon et Reims[20].

A son approche se manifestèrent les défections. Artaud, moine de Saint-Rémy, alla trouver Hugues, et par son attitude nettement hostile à Herbert sut gagner ses bonnes grâces, dont il devait un peu plus tard apprécier toute la valeur[21].

Herbert, réduit aux abois, ne trouva d'autre moyen d'échapper à une capitulation désastreuse que de se réclamer de la suzeraineté germanique. Il retourna près du roi Henri, en Lorraine, et lui prêta de nouveau l'hommage. Mais Raoul le surveillait, sachant bien ce dont il était capable. Il se rendit jusqu'à Attigny, d'où il envoya Hugues en ambassade au roi Henri. Le roi de Germanie fut naturellement plus sensible à cette démarche de conciliation d'un rival puissant qu'à celle d'un seigneur discrédité et sans ressources[22]. Il n'était pas disposé à profiter des avances d'un allié douteux, pour tenter une intervention hasardeuse dans les querelles intestines d'un pays dont le souverain ne lui témoignait aucune hostilité. Henri et Raoul se considéraient tous les deux comme « rois des Francs » (reges Francorum) quoique dans leurs diplômes ils ne prissent chacun que le titre de rex[23]. Chacun avait été mis légitimement —selon la conception germanique — à la tête d'une fraction de l'ancien « empire franc » (regnum Francorum) divisé depuis la bataille de Fontenoy. La Lorraine, l'ancien royaume intermédiaire (media Francia) entre la France et la Germanie, n'avait pas réussi à préserver son individualité contre les ambitions des deux nations voisines, ses sœurs, et maintenant on la voyait passer de l'une à l'autre selon les caprices de la politique. Henri et Raoul avaient pu éprouver, l'un et l'autre, qu'ils devaient se borner à enregistrer la volonté de la majorité des grands vassaux lorrains, les interventions à main armée, pour peser sur leurs volontés, amenant le plus souvent des réactions en sens contraire. La Lorraine reconnaissait à ce moment la suzeraineté d'Henri: celui-ci sentait combien sa domination au delà du Rhin était précaire, et c'eût été pour lui se jeter dans une aventure dangereuse que d'ouvrir des hostilités injustifiées contre le roi des « Francs de l'ouest ». En 928 déjà, dans une circonstance analogue, il avait refusé à Herbert et à Hugues, alors réunis contre leur suzerain, de les aider effectivement: à plus forte raison devait-il agir de même vis-à-vis d'Herbert seul. On ne voit donc guère pourquoi certains auteurs ont trouvé étrange qu'Henri n'eût pas secouru Herbert devenu son « vassal », et se sont laissé entraîner à supposer une reconnaissance officielle, par le roi de France, de la suzeraineté saxonne en Lorraine, pour expliquer l'attitude amicale d'Henri à l'égard de Raoul dans ces conjonctures[24]. Les chroniqueurs allemands n'eussent pas manqué de rapporter une telle clause. Or, ils sont absolument muets et pour comprendre le cours des événements, il suffit d'observer que la mobilité d'esprit d'Herbert et le mauvais état de ses affaires n'étaient pas de nature à donner confiance à un allié même entreprenant. D'autre part, en fait, la simple abstention de toute intrigue en Lorraine pouvait être acceptée de la part de Raoul, comme une concession précieuse. Il y avait enfin un intérêt supérieur pour les deux rois à ne pas encourager les rébellions de leurs vassaux respectifs.

S'étant assuré de la neutralité du roi Henri, Raoul se concerta avec le duc de France, auprès duquel nous le voyons le 21 mars 931, à Tours, confirmant les possessions de Saint-Martin[25]. A la suite de cet entretien, il marcha sur Reims, accompagné d’Hugues, de Boson et d'un grand nombre de comtes et d'évêques[26]. Le quartier général des troupes royales était à Cormicy: les hommes d'armes pillaient le pays environnant, et leurs lignes de campement s'étendaient jusqu'à Bouffignereux, près de Laon[27].

Les évêques qui entouraient le roi insistèrent pour mettre fin à cette interminable vacance du siège de Reims. Raoul s'y prêta d'autant plus volontiers qu'il y voyait subordonné l'intérêt de sa politique, et il envoya un message aux Rémois pour les y inviter.

Les membres du clergé et les notables de Reims venus au camp procédèrent à l'élection, après s'être assurés du consentement des assiégés, qui ne fut pas obtenu sans difficulté. Le protégé d’Hugues, le moine fugitif de Saint-Remy, Artaud, fut élu. Ce choix d'un humble ecclésiastique s'opposait à celui du seigneur féodal imposé par Herbert: on pouvait être assuré que le nouvel archevêque ne subirait aucune influence dictée par des intérêts de famille. L'élection, approuvée par le pape, était canonique autant que le permettaient les circonstances. Les dissensions entre les habitants et le découragement de la garnison, livrée à ses seules ressources, décidèrent, au bout de trois semaines, de la reddition de Reims. Le nouvel archevêque fit son entrée dans la cité, où il fut consacré solennellement en présence de dix-huit évêques[28].

On procéda ensuite au jugement d'un partisan d'Herbert, Beuves, évêque de Chalons, qui était tombé entre les mains du roi (peut-être au cours d'une sortie): il fut condamné à la destitution. Hugues se chargea de le tenir sous bonne garde, et un religieux appelé Milon le remplaça sur son siège. Le fils d'Herbert fut déclaré déchu de tout droit sur l'archevêché de Reims.

Raoul et ses alliés ne se tinrent pas pour satisfaits de leur rentrée dans la grande cité métropolitaine du nord. Ils se portèrent sur Laon, où s'était enfermé le comte de Vermandois. Se voyant dans l'impossibilité de résister, Herbert sollicita et obtint libre passage pour se retirer; mais à l'exemple de ce qu'avait fait naguère le roi, il laissa sa femme dans la forteresse récemment édifiée par ses soins. Celle-ci, après une belle défense, fut obligée de capituler[29]. La royauté rentrée en possession de ses deux boulevards du nord, Reims et Laon, était assurée par là même d'une nouvelle période de domination effective et incontestée.

Après cet important succès, Raoul se rendit au palais de Compiègne, et le 7 octobre, il y délivra, à la prière de son précieux auxiliaire Hugues, « marquis du royaume », le « très cher abbé », dans la chapelle royale de Saint Corneille, un diplôme renouvelant les privilèges concédés à l'abbaye de Marmoutier par Charlemagne, Louis le Pieux, Charles le Chauve et Eudes[30]. Il alla ensuite passer l'hiver en Bourgogne, à surveiller les divisions intestines de l'Aquitaine et à guerroyer contre ses vassaux révoltés Gilbert et Richard. Il enleva à ces derniers plusieurs places fortes et les contraignit finalement à se soumettre[31]. Le 28 décembre, étant à Auxerre, il concéda à son fidèle Allard, à la femme et au neveu de celui-ci, Plectrude et Geilon, sur la requête d'Anseïs, évêque de Troyes, et du comte de Nevers, Geoffroy, l'abbaye de Saint-Paul en Sénonais avec des dépendances en Gâtinais[32]. C'est alors pour la première fois qu'Anseïs de Troyes paraît comme archichancelier, à la place d'Abbon de Soissons devenu suspect à cause de ses complaisances pour le fils d'Herbert II, Hugues, qu'il avait protégé à Reims[33]. Bientôt l'affaire de l'évêché de Noyon rappela le roi dans le nord. Au décès de l'évêque Airard, l'abbé de Corbie, Gaubert, avait d'abord été choisi; mais un clerc ambitieux combattit cette élection, et avec l'appui du comte d'Arras, Alleaume, qu'il introduisit traîtreusement dans la cité, il s'appropria la dignité épiscopale[34].

Quelques hommes d'armes chassés brutalement de Noyon incitèrent les habitants des faubourgs a expulser le nouveau prélat. Ils pénétrèrent en ville, les uns en escaladant une fenêtre de la cathédrale, les autres en mettant le feu à la porte. Le comte Alleaume, cherchant un refuge dans la basilique, y fut massacré au pied même de l'autel. Gaubert fut alors consacré par Artaud[35].

À la nouvelle de ces luttes, Raoul craignant de nouvelles complications, avait regagné le nord. Herbert venait d'enlever Ham au frère d'Héloin de Montreuil, Ébrard, qu'il avait fait prisonnier. Raoul commença par se concerter avec Hugues. D'accord avec lui, il rendit à Beuves de Chalons son évêché, puis, mécontent de l'attitude d'Herbert à Noyon et Ham, il se jeta à l'improviste sur l'abbaye de Saint Médard de Soissons et en prit possession. Le comte de Vermandois sentait à tel point son impuissance qu'il ne fit rien pour essayer d'y pénétrer, une fois Raoul parti[36]. Les préoccupations royales étaient depuis quelque temps dirigées d'un tout autre côté par suite de l'entrée en scène inattendue des seigneurs méridionaux. Trois d'entre eux, parmi les plus considérables, de ceux qui s'étaient toujours tenus à l'écart de Raoul du vivant de Charles le Simple, favorablement impressionnés par la prise de Reims sur le geôlier de l'infortuné souverain, se décidèrent à prêter l'hommage: ce sont le comte de Toulouse, Raimond-Pons III, son oncle le comte de Rouergue, Ermengaud, et enfin le seigneur gascon Loup Aznar[37]. Certains historiens ont cru nécessaire de supposer une expédition de Raoul en Aquitaine, pour expliquer ce revirement si complet, surprenant au premier abord par sa spontanéité[38]. En réalité, la prépondérance politique, que Raoul avait réussi à gagner par son inlassable activité depuis la mort de Charles, suffit à donner la clef de ce brusque changement dans l'attitude des grands vassaux du midi. Ceux-ci devaient, en effet, commencer à redouter de voir se tourner contre eux les armes royales, victorieuses d'Herbert de Vermandois.

A partir de cet acte solennel de soumission, les documents publics et privés de l'Aquitaine et du Languedoc furent datés des années du règne de Raoul, comptées depuis la mort de Charles le Simple. On revenait ainsi implicitement sur le calcul d'un prétendu interrègne qu'on avait fait pendant trois années: c'était la reconnaissance formelle de l'irrégularité du procédé. Seule la Marche d'Espagne, où les comtes avaient usurpé tous les droits régaliens, échappa à la suzeraineté de Raoul; mais elle était située si loin, au delà des Pyrénées, qu'on ne pouvait guère être tenté d'y faire une expédition pour s'assurer une domination illusoire[39].

Il semble que Raimond de Toulouse ait reçu à l'occasion de sa soumission la dignité de duc d'Aquitaine, dont on le voit revêtu par la suite. On ne saurait dire cependant pourquoi cette dignité ne resta pas attachée au comté de Poitiers, car Èbles de Poitiers, fils du duc d'Aquitaine Renoul II, avait toujours été fidèle à Raoul. Il est à supposer que ce changement fut nécessité par des circonstances d'ordre politique, et peut-être même est-ce sur cette base que la soumission de l'Aquitaine avait été négociée[40].

En juin 932, Raoul était en Lyonnais, à Anse, où le 19 de ce mois, il confirmait, à la requête de Dalmace, les possessions de l'abbaye de Montolieu sises dans le pays de Carcassonne, en Narbonnais et en Razès, preuve manifeste de sa domination incontestée dans ces régions[41]. Le 21 juin et le 1er juillet, à la demande de la reine Emma et de son frère Hugues, il fit diverses libéralités au monastère de Cluny, auquel il concéda même le droit de battre monnaie[42]. Plusieurs chartes lyonnaises datées de son règne, en cette même année, prouvent qu'il peut avoir été reconnu dans ce pays avant le traité conclu entre Rodolphe II et Hugues d'Italie[43].

Pendant l'éloignement du roi, Hugues avait poursuivi les hostilités contre Herbert. Avec le secours de plusieurs évêques, il avait assiégé Amiens, occupé par les gens de ce dernier, et il réussit à se faire livrer des otages; puis il marcha droit sur la capitale du Vermandois, Saint-Quentin, et s'en empara au bout de deux mois de siège. Ces succès déterminèrent le duc de Lorraine, Gilbert, à répondre aux ouvertures d’Hugues qui lui demandait son aide pour assiéger Péronne. Malheureusement tous les assauts des Lorrains furent repoussés avec pertes, et Gilbert découragé prit le parti de se retirer. Hugues sut lui faire accepter avant son départ une entrevue avec Raoul[44].

Le roi avait coopéré à l'attaque infructueuse de Péronne. Il revint encore en Vermandois, vers la fin de l'année, accompagné d’Hugues, pour assiéger Ham, et il força les habitants à livrer des otages. D'autre part le marquis de Flandre, Arnoul, venait de mettre la main sur Arras, en profitant du désarroi causé par la mort du comte Alleaume, à Noyon[45]. Il ne restait plus à Herbert comme derniers réduits que Péronne et Château-Thierry. On prit les mesures nécessaires afin d'empêcher toute tentative de sa part pour rentrer à Laon, à la suite du décès de l'évêque Gosbert (932): Engrand, doyen de Saint Médard de Soissons, qui dépendait à présent du roi, fut élu immédiatement[46].

La situation du comte de Vermandois était si précaire qu'il essaya de nouveau, comme en 931, d'obtenir l'appui d'Henri de Germanie; mais il n'eut pas plus de succès qu'auparavant, ce souverain étant aux prises avec des difficultés intérieures et engagé dans une guerre contre les Hongrois.

Au milieu de ces circonstances adverses, Herbert eut du moins la satisfaction de voir son ancien partisan, l'évêque de Chalons, Beuves, rétabli sur son siège par la faveur d’Hugues, qu'il avait su se concilier pendant sa captivité. Artaud réunit même un synode pour excommunier son remplaçant éphémère, Milon, qui menaçait de troubler la paix du diocèse[47].

L'archevêque de Reims reçut à quelque temps de là, au début de l'année 933, la récompense de cet acte de haute impartialité. Les députés qu'il avait envoyés auprès du pape Jean XI, Gison et Amaury, revinrent de Rome, lui rapportant le pallium, l'insigne réservé aux seuls archevêques[48]. Cette reconnaissance formelle par le Saint-Siège lui était infiniment précieuse, car l'intronisation d’Hugues de Vermandois avait obtenu jadis l'assentiment du pape Jean X, et au point de vue du droit canon, seule une décision pontificale pouvait en réformer une autre.

Vers 933 Rodolphe II, roi de Bourgogne, obtint d’Hugues d’Italie l'abandon de ses droits à la souveraineté sur la Provence, et constitua ainsi le « royaume d'Arles »[49]. Raoul qui prétendait à la suzeraineté sur Vienne, l'ancienne capitale des rois de Provence, Boson et Louis, craignit de se trouver évincé par Rodolphe à la suite de cet accord passé en dehors de lui. Il descendit avec une armée la vallée du Rhône et se fit recevoir comme suzerain dans la cité, où commandait Charles-Constantin[50]. D'autre part son frère Boson, époux de Berthe, nièce d’Hugues, en possession des comtés d'Arles et d'Avignon, dominait en Provence depuis que son beau-père était parti chercher fortune en Toscane[51]. Vers cette époque Raoul put s'intituler avec raison, dans ses diplômes, rex Francorum, Aquitanorum et Burgundionum[52]. Le roi de Germanie, Henri Ier, occupé à combattre les Hongrois qu'il finit par écraser cette année même sur les bords de l'Unstrutt (le 15 mars) n'avait pas pu intervenir.

Revenu dans le nord, Raoul obtint enfin la soumission de la Normandie: le jeune « marquis » Guillaume, fils de Rollon, n'étant plus retenu par ses obligations à l'égard de Charles le Simple, se décida à lui prêter hommage. Il reçut en récompense une partie du littoral contigu à la Bretagne, probablement l'Avranchin et le Cotentin[53]. Depuis plusieurs années, déjà, la lutte la plus vive était engagée entre Normands et Bretons. Un soulèvement général, suivi d'un massacre des Normands de Félécan, avait eu lieu en 931[54]. Pris entre les deux colonies scandinaves de la Seine et de la Loire, les Bretons avaient à combattre sans cesse, sur leurs frontières, des envahisseurs obstinés et intrépides, conduits par des chefs comme Ingon, qui paraît avoir succédé à Rögnvald, ou Guillaume Longue Épée. Ce dernier réussit à avoir le dessus dans les combats livrés aux confins de la Bretagne, mais il ne put jamais étendre sa suzeraineté sur la péninsule elle-même où un peu plus tard le comte Alain Barbe-Torte, aidé par des secours anglo-saxons, parvint à former une unité féodale solidement constituée[55]. Guillaume avait néanmoins intérêt à faire confirmer les droits concédés sur ce pays par Charles le Simple à son père et à faire reconnaître la légitimité de ses dernières conquêtes. Ces raisons se présentent naturellement à l'esprit, quand on cherche à comprendre la cause du changement si considérable et si gros de conséquences qui se produisit dans l'attitude de Guillaume.

Encouragé par ce magnifique succès qui affermissait son pouvoir souverain, Raoul reprit la lutte contre le Vermandois avec une nouvelle ardeur. Accompagné de la reine Emma et d'une armée puissante, composée en partie de milices ecclésiastiques, il alla camper devant Château-Thierry. Les archevêques de Tours et de Reims, Téotolon et Artaud, qui étaient avec lui, profitèrent de la présence de plusieurs de leurs suffragants et de quelques évêques bourguignons pour réunir un synode, où Heudegier fut consacré évêque de Beauvais. Le siège dura six semaines, et la place ne fut prise que grâce à la trahison de son chef Walon, qui consentit à prêter l'hommage à la reine Emma à condition de garder son poste[56].

Ham qui s'était rendu au roi l'année précédente, était retourné au parti d'Herbert. Le fils de ce dernier, Eudes, l'occupa et s'en servit comme base pour aller piller les environs de Soissons et de Noyon. L'abbesse de Notre-Dame de Soissons fut obligée de solliciter la générosité royale, pour trouver un abri aux chanoines de Saint-Pierre dont les habitations et le cloître avaient été détruits par l'incendie[57].

Une tentative hardie d'Herbert sur Saint-Quentin put réussir, mais ce ne fut qu'un succès passager. Les habitants de la ville avaient une certaine répugnance à combattre pour Hugues, leur nouveau maître: ils facilitèrent l'assaut au comte de Vermandois qui y rentra dès le troisième jour du siège. La faible garnison laissée par Hugues obtint de se retirer, en promettant une neutralité absolue pendant la suite des hostilités. Herbert s'éloigna, confiant la garde de la ville, dont il s'exagérait l'attachement, à un très petit nombre des siens. Hugues accourut presque aussitôt, s'empara pour la seconde fois de Saint-Quentin et punit sévèrement la tiédeur des habitants: plusieurs furent mutilés et un clerc noble appelé Treduin, qu'Herbert avait récemment amené, fut pendu[58].

En quittant Saint-Quentin, Hugues, accompagné de l'archevêque Artaud, obtint la reddition de la forteresse de Roye, en Vermandois[59].

Herbert, devant la supériorité numérique de ses ennemis, fit preuve d'une opiniâtreté et d'une activité véritablement prodigieuses. Il parvint à rentrer en possession de Château-Thierry, en gagnant à sa cause quelques-uns de ses anciens partisans préposés par Walon à la garde de la place; mais il se borna à y mettre une garnison, ne voulant pas s'y enfermer lui-même afin de garder toute sa liberté pour agir[60].

A cette nouvelle, Hugues accourut assiéger la ville, malgré la mauvaise saison. Raoul, de retour en France depuis peu[61], vint le rejoindre au début de l'année 934. Ce second siège de Château-Thierry fut encore plus difficile que le premier. Enfin, au bout de quatre mois[62]. Walon le vassal de la reine, qui était avec les assiégeants, trouva moyen, grâce à sa parfaite connaissance des lieux, d'escalader pendant la nuit les murs du faubourg inférieur, au bord de la Marne. La forteresse située sur la hauteur continua néanmoins à résister. De nouveaux assauts réitérés décidèrent enfin les vaillants défenseurs à entamer des pourparlers: ils obtinrent de rester en possession du château moyennant la remise d'otages.

Le comte de Vermandois affecta de n'attacher aucun prix aux garanties données par ses gens. Raoul et Hugues se décidèrent alors à revenir, dès qu'ils le purent, continuer le siège de la citadelle de Château-Thierry. L'intervention du roi de Germanie vint fort à propos apporter le règlement au moins provisoire de cette question. Les victoires d'Henri sur les Hongrois, les Slaves et les Danois lui permettaient de répondre maintenant aux avances jadis faites en vain par Herbert.

Il envoya à son secours Gilbert de Lorraine et Éberhard de Franconie, avec plusieurs évêques lorrains; et ceux-ci réussirent négocier en faveur de leur protégé, un armistice jusqu'au 1er octobre. Mais Raoul ne consentit que moyennant l'abandon de Château-Thierry, à laisser Herbert jouir paisiblement de la possession de Péronne et de Ham pendant la trêve[63].

Cependant, d'une façon très inattendue, Herbert fut en partie dédommagé de ses revers par l'acquisition d'un puissant allié. Le comte ou marquis de Flandre, Arnoul, se décida enfin à épouser Adèle de Vermandois, à laquelle il avait été fiancé antérieurement[64]. Herbert avait déjà apprécié la puissance d'Arnoul lorsque celui-ci avait occupé Arras, en 932. Depuis lors, le même comte était devenu maître de Boulogne et Thérouanne et abbé de Saint Bertin à la mort de son frère Allou. L'alliance d'un tel voisin, si longtemps hostile, était tout à fait inespérée.

Pendant l'armistice, Herbert se hâta d'approvisionner Péronne, et il se vengea en même temps de ses vassaux, partisans d’Hugues, en confisquant leurs récoltes. Gilbert, de son côté, s'était préparé à aider de nouveau le comte de Vermandois. La trêve expirée, les Lorrains entrèrent en France, avec l'intention d'enlever Saint-Quentin; Hugues conjura le danger en envoyant des députés à Gilbert, afin de négocier un nouvel armistice. On tomba d'accord pour prolonger la paix jusqu'au 1er mai 935[65].

Vers la fin de l'année, Raoul perdit un précieux auxiliaire en la personne de sa femme, la reine Emma[66]. Quelque blâme que la légende monacale ait pu émettre sur le caractère violent et usurpateur de certains de ses actes, conformes du reste aux mœurs de l'époque, la vaillance et l'activité de cette princesse n'en méritent pas moins l'admiration. Elle avait pris personnellement part aux pénibles luttes soutenues par son mari contre les grands vassaux, et son influence politique méritée nous est encore révélée par les diplômes royaux où on la voit souvent intervenir.

Au printemps de 935, Raoul fit une courte démonstration contre un parti d'Aquitains qui avait pris Viriliacum[67] à Geoffroi de Nevers, son fidèle vassal. Ayant chassé les usurpateurs, il regagna le nord et profita de ses bons rapports avec Geoffroi pour le charger d'une mission délicate auprès du roi de Germanie, Henri Ier. Il s'agissait de négocier les bases d'un accord et de préparer une entrevue[68].

Pendant le séjour du roi à Laon, vers Pâques, une rixe sanglante, heureusement sans conséquences, éclata entre ses gens et ceux de l'évêque. De là, Raoul se transporta à Soissons, où il réunit les grands vassaux (primates regni) en un plaid: une ambassade d'Henri Ier vint l'y trouver. La rencontre des deux souverains fut fixée au mois de juin, et elle eut lieu, en effet, vers le 8, sur les bords de la Chiers[69], aux confins de la Lorraine. Outre les suites nombreuses des deux princes, on vit encore paraître, à la conférence, le roi de Bourgogne Rodolphe II, sans qu'on sache au juste la cause de sa venue; peut-être était-ce en vue de régler la question du Viennois. Herbert de Vermandois se présenta devant Raoul, et, selon l'arrangement intervenu, fit sa soumission. Le roi lui rendit solennellement plusieurs des domaines occupés par Hugues, et il réconcilia les deux adversaires. Henri obtint aussi, de son côté, la soumission de Boson, auquel il rendit à peu prés la totalité de ses domaines Lorrains[70]. Ainsi Raoul avait négocié une paix définitive avec Herbert moyennant quelques concessions, dont Hugues faisait les frais, et il avait assuré la restitution à son frère Boson de ses domaines perdus. Sauf cette dernière clause, onéreuse théoriquement puisqu'elle pouvait engager la question de suzeraineté de la Lorraine, l'arrangement était fort avantageux pour Raoul.

A peine l'eut-il conclu qu'il fut rappelé en Bourgogne par une invasion hongroise. Les barbares pillèrent et brûlèrent divers monastères, notamment celui de Bèze, et à l'approche du roi, gagnèrent en hâte le midi, puis l'Italie[71]. Raoul profita du moins de sa venue pour assiéger Dijon, dont le comte Boson s'était naguère emparé et que ses gens occupaient encore[72].

 

 

 



[1] Obituaires de Saint-Germain-des-Prés, de Saint-Denis et d'Argenteuil, dans Obituaires de la province de Sens, éd. A. Molinier (Recueil des historiens de France, in-4), t. I, p. XX, 254,312 et 345.

[2] Flodoard, Ann., a. 929.

[3] Flodoard, ibid.

[4] Flodoard, Ann., a. 930; Adrevald, De miraculis S. Benedicti, I, C. XXXIII-IV, éd. de Certain, pp. 70-75.

[5] Adémar de Chabannes, III, 20 (éd. Chavanon, p. 139); Richer, I, 57; Chron. Vezeliac., a. 929 (Rec. des historiens de France, IX, 89). Marvaud (Hist. des vicomtes de Limoges, 1873, I, p. 67) a identifié le lieu dit « Ad Destricios » cité par Adémar avec Estresse, près Beaulieu, dép. de la Corrèze, arr. de Brive.

[6] Adémar, III, 28 (éd. Chavanon, p. 149): « Willelmus ...Sector ferri, qui hoc cognomen indeptus est quia, commisso praelio cum Normannis et neutro cadenti, postera die pacti causa cum rege eorum Storm solito conflictu deluctans, ense corto durissimo per media pectoris secuit simul cum torace una modo percussione ... » Cf. J. Depoin, Les comtes héréditaires d'Angoulême de Vougrin Ier à Audoin II (extr. du Bulletin de la soc. archéol. et hist. de la Charente, année 1904), p. 14.

[7] Aimoin, De miraculis S. Benedicti, lib. II, c. III et V (éd. de Certain, p.100). En fait, il n'est plus question, à partir de ce moment, que d'une simple incursion de pillards en Berry (voyez plus loin, p. 75)

[8] Adémar, III, 23, éd. Chavanon, p. 144; Translatio S.Genulfi (Acta SS. ord. S. Benedicti, saec. IV. 2, p. 230). Le monastère de Saint-Benoît eut beaucoup de mal à reprendre sa prospérité antérieure. La discorde se mit chez les moines, et pour mettre fin à cet état de choses lamentable, il fallut que le comte Elisiard, à la mort de l'abbé Lambert, appelât à sa direction le célèbre réformateur Eudes de Cluny. Cf. E. Sackur, Die Cluniacenser, p. 88-89

[9] Il y donnait un diplôme confirmatif de tous les biens du monastère de Saint Andoche. Recueil des historiens de France, IX, 573 (à l'année 928); Thiroux, Hist. des comtes d'Autun, p. 121 (à l'année 927); L. Lex Documents originaux antérieurs à l'an mil des archives de Saône-et-Loire, (Mém. de la Soc. d'hist. et d'archéol. De Chalons sur Saône, t. VII, 4e partie, 1888, p. 266), n° XIV (au 1eravril 928, d'après une copie). Nous rétablissons ici la date de 930 en supposant une erreur d'indiction et en admettant l'année du règne (VII) comme correcte.

[10] Vitry en Perthois ou le Brûlé, dép. de la Marne, arr. de Vitry le François.

[11] Flodoard, Ann., a. 930 et 931; Hist. eccl. Rem., IV, 23.

[12] Flodoard, Ann., a. 931. Cf. A. Steyert, Hist. de Lyon, t. II (1897), p. 192-194. Voyez plus haut, p. 54-55.

[13] Flodoard, Ann., a. 931; Recueil des historiens de France, IX, 573; Mabille, La pancarte noire de Saint-Martin de Tours, no VI (136).

[14] Flodoard, ibid. Sur le différend entre Manassès et Robert, voyez plus haut, p. 1.

[15] Appendix Miracul. S. Germani Autissiod. (Bibl. hist. de l'Yonne, II, p. 197-198).

[16] Flodoard, Ann., a, 931.

[17] Flodoard, Ann., a. 931.

[18] Flodoard, ibid.

[19] Aisne, arr. de Soissons.

[20] Flodoard, ibid.; Hist. eccl. Rem., IV, 24; Richer, 1, 59.

[21] Flodoard, Anna., a. 931; Hist. eccl. Rem., IV, 24, 35; Richer, I, 61.

[22] Flodoard, ibid.

[23] Charles le Simple s'était intitulé rex Francorum, après l'acquisition de la Lorraine (largiore hereditate indepta), comme s'il avait été alors réellement à la tête de tout l'ancien regnum Francorum

[24] Kalckstein, p. 185; Lippert, p. 76-77; cf. Waitz, Heinrich I, 2e éd., p. 141-142. Henri Ier revint encore en Lorraine à la fin de cette année. Il était à Yvoix (Ardennes) le 24 octobre 931, avec le comte Gilbert, observant sans doute les événements de France (MGH, Dipl. reg. et imp. Germ., I, p. 65, n° 30).

[25] Mabille, La pancarte noire de Saint-Martin de Tours, n° VI (136); Recueil des historiens de France, IX, p. 573.

[26] Flodoard, Ann., a. 931; Hist. eccl. Rem., IV, 24 et35; Richer, I, 59-61.

[27] Flodoard, Hist. eccl. Rem., I, 20, in fine.

[28] Flodoard, Ann., a. 934; Hist. eccl. Rem., IV, 24 et 35; Richer, I, 61.

[29] Flodoard, ibid.; Richer, I, 62. On a identifié, sans preuve, la forteresse construite à Laon par Herbert avec le Château Gaillot, actuellement détruit. Cf. Le règne de Louis IV d'Outre-Mer, p. 32, n. 6.

[30] A. Giry, Un diplôme royal interpolé pour l'abbaye de Marmoutier (Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1898, p. 197).

[31] Flodoard, Ann., a. 932.

[32] Recueil des historiens de France, IX, 579; Quantin, Cartul. général de l'Yonne, I, 137, n° LXXI.

[33] On peut même se demander si cet « Herbert », dont il avait fait son « notaire » et puis un « chancelier royal » (Recueil des historiens de France, IX, pp. 570, 571 et 573) n'est pas à identifier avec le propre fils d'Herbert II.

[34] Flodoard, ibid.; Richer, I, 63.

[35] Flodoard, Ann., a. 932; Richer, loc. cit.

[36] Flodoard, loc. cit.

[37] Flodoard, Ann., a. 932; Bicher (I, 64) place l'entrevue sur les bords de la Loire. Cf. Le règne de Louis d'Outre-Mer, p. 219; J. de Jaurgain, La Vasconie (Pau, 1898, in-8), pp. 195 et suiv.; Lot, Hugues Capet, p. 204, n° 2; A. Richard, Hist. des comtes de Poitou, I, p. 68-69. D'après A. Degert, (Le pouvoir royal en Gascogne sous les derniers Carolingiens et les premiers Capétiens, dans Revue des Questions historiques, t. LXXII, année 1902, p. 427).Aznar aurait été un seigneur de Comminges. On peut hésiter pour la date de cette entrevue entre les années 931 et 932; (voyez Les Annales de Flodoard, éd. Lauer, p. 53, n. 9). Nous penchons cependant pour admettre la seconde de ces dates, à cause de la place des Annales où se trouvent rapportés les détails de l'entrevue. --Flodoard a recueilli une anecdote plaisante: le seigneur gascon Loup Aznar avait, paraît-il, raconté aux Bourguignons que son cheval était âgé de plus de cent ans. On ne crut pas cependant le Gascon sur parole, ainsi qu'il ressort du ton même des Annales. Aznar montait probablement l'un de ces petits chevaux tarbes, de race arabe, très efflanqués, l'ancêtre de Rossinante.

[38] Kalckstein, p. 186; Hist. de Languedoc, nouv. éd., III, p. 110 et suiv.

[39] Hist. de Languedoc, loc. cit.

[40] Lot, Fidèles ou vassaux? p. 55.

[41] Hist. de Languedoc, nouv. éd., V, n° 56, Anse est dans le Rhône, arr. de Villefranche.

[42] Recueil des chartes de Cluny, I, nos 396 à 398; bulle de Jean XI faisait allusion à un diplôme perdu de Raoul Jaffé-Löwenfeld, Regesta pontif. roman., n° 3584.

[43] Recueil des chartes de Cluny, I, nos 239, 255, 258,411, 442. Cf. Poupardin, Le royaume de Provence, p. 235.

[44] Flodoard, Ann., a. 932; E. Lemaire, Essai sur l'hist. de la ville de Saint-Quentin (Mém. de la Soc. acad. De Saint-Quentin, 4e série, t. VIII, 1886-7) P. 280-281.

[45] Ann. Elnon. min.; Chron. Tornac., a. 932 (MGH, Scr., V, 19, et XV, 2, 1296). Cf. Vanderkindere, Formation territoriale des principautés belges au moyen âge, 2e éd., I, 325.

[46] Flodoard, loc. cit.

[47] Flodoard, Ann., a. 933.

[48] Flodoard, Ann., a. 933. Jaffé-Löwenfeld, Regesta pontif. roman., n° 3591.

[49] Liudprand, Antapodosis, III, 48 (éd. Dümmler, p.76), Poupardin, Le royaume de Provence, p. 230 et suiv.; Le royaume de Bourgogne, p. 39-60.

[50] Flodoard, Ann. 933. Recueil des chartes de Cluny, I, n° 437, 439. Cf. G. de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle, p. 131.

[51] Liudprand, Antapodosis, III, 47, loc. cit.; Hist. de Languedoc, nouv. éd., V, no XCII; Poupardin, Le royaume de Bourgogne, p. 69.

[52] Recueil des historiens de France, IX, 578 et 580. Le titre de rex Aquitanorum est attribué à Raoul dans plusieurs actes de Brioude postérieurs à 926 (Cf. Bruel, Essai sur la chronologie du cartulaire de Brioude, dans Bibl. de l'École des chartes, année1866, pp. 479-480).

[53] Flodoard, Ann., a. 933. Cf. Dudon de Saint-Quentin, éd. Lair, préface, p. 71; Longnon, Atlas hist., texte, p. 86; Dümmler, Zur Kritik Dudos von S. Quentin (Forschungen zur Deutschen Geschichte, VI, 375); A. de La Borderie, Hist. de Bretagne, II, p.378; F. Lot, Fidèles ou vassaux?, p. 184, n. 3.

[54] Flodoard, Ann., a. 931; Chron. de Nantes, éd. Merlet, introd., pp. XLIII-XLIV; Dudon de Saint-Quentin, éd. Lair, préface, p.71.).

[55] Flodoard, Ann., a. 933 et 936; Chron. de Nantes, éd. Merlet, c. XXIX-XXX, pp. 82-83-89; A. de La Borderie, Hist. De Bretagne, II, 409-410.

[56] Flodoard, Ann., a. 933.)

[57] Diplôme de Raoul du 5 mars 934 (Recueil des historiens de France, IX, 579, d'après Mabillon, De re diplomatica, p. 566)

[58] Flodoard, Ann., a. 933; E. Lemaire, Essai sur l'hist. de Saint-Quentin, loc. cit., p. 280-281.

[59] Flodoard, ibid.

[60] Flodoard, Ann., a. 933.

[61] Il était à Attigny le 13 décembre 933. Mabillon, Ann. Bened., III, 404; Recueil des historiens de France, IX, 578.)

[62] Raoul était à Château-Thierry le 3 mars. Mabillon, De re diplomatica, n°133, p. 566; Recueil des historiens de France, IX, 579 (diplôme en faveur des chanoines de Saint-Pierre de Soissons).

[63] Flodoard, Ann., a. 934.

[64] Flodoard, Ann., a. 934; Ann. Elnon. min. (MGH, Scr., V, 19); Witger, Geneal. comit. Flandriae (ibid., IX, 303-304); lettre d'Aethelwerd (ibid., X, 439).

[65] Flodoard, Ann., a. 934.

[66] Flodoard, Ann., a. 934, in fine.

[67] Sur les difficultés d'identification de cette localité, voy. Les Annales de Flodoard, éd. Lauer, p. 60, n. 6.

[68] Flodoard, Ann., a. 935.

[69] Flodoard, ibid.; Widukind, I, 39; diplôme d'Henri l'Oiseleur, du 8 juin 934 (MGH, Diplom., I, 73, n° 40); Stumpf, n° 44-47; Waitz, Heinrich I, p. 470.

[70] Flodoard, Ann., a. 935.

[71] Flodoard, ibid.; Ann. Floriacenses, a. 936; Ann. Mettenses, a. 934 (MGH, Scr., II, 225, III, 133); Chron.Vezetiae.; Chron. Dolense (Rec. des histor. de France, IX, 90); Ann. Besuenses, a. 933 (MGH Scr., II, 246). Cf. Waitz, op. cit., p.134. Le Chron. Dolense place à cette date de 935 une invasion hongroise en Berry, au cours de laquelle Ebbon de Déols périt. Nous avons expliqué ailleurs (Le règne de Louis d'Outre-Mer, p. 24, II.1) les raisons pour lesquelles nous considérons ce témoignage comme peu digne de foi et croyons devoir reporter l'épisode de la mort d'Ebbon en l'année 937, où la présence des Hongrois en Berry est attestée par Flodoard. Le système inverse, qui consiste à accorder plus de valeur au Chron. Dolense qu'à Flodoard, a été suivi par Raynal (Hist. du Berry, t. I, p. 336) et par M.E. Chénon dans Un monastère breton à Châteauroux (extr. du I. XVII des Mém. de la Société archéol. d'Ille-et-Vilaine), p. 7.)

[72] Flodoard, ibid. Peut-être faut-il distinguer de Boson, frère du roi, ce comte homonyme qui s'empare de Dijon, bien que Flodoard ne précise pas.