MADAME MÈRE (NAPOLEONIS MATER)

 

APPENDICE.

 

 

Le but de cet appendice est de citer, avec gratitude, les personnes qui ont bien voulu m'encourager dans mes recherches et me fournir des documents utiles à la publication de mon Essai historique sur Madame Mère.

C'est à elle, tout d'abord, c'est à Son Altesse en personne, ou à sa mémoire vénérée, qu'appartient le premier tribut de ma reconnaissance la plus respectueuse.

Madame, dans les derniers jours de sa longévité presque nonagénaire, avait dicté, en italien, son autobiographie abrégée à mademoiselle Rosa Mellini, sa dame d'honneur, qui m'en fit parvenir une copie, vers la fin de 1835, peu de temps avant la mort de Son Altesse Impériale. Cette dictée encore inédite, de quelques pages, mérite d'être conservée dans son ensemble, quoique incomplète, et malgré la relation de faits exposés déjà dans cet ouvrage. C'est presque une répétition utile à la place qu'elle occupe, à titre de document maternel. La dictée de ces souvenirs n'est, d'ailleurs, que le récit sommaire de certains événements de la vie de Madame, rappelés par elle avec une naïve et touchante simplicité.

Mademoiselle Rosa Mellini s'est conformée au titre de : Souvenirs de Madame Mère, dictés par elle-même, dans les derniers temps de sa vie.

La traduction en français de la dictée en italien, forme quelques feuillets, dont les termes doivent être reproduits, en tête de cet appendice :

 

SOUVENIRS DICTÉS PAR MADAME MÈRE.

 

Je me mariai, à l'âge de treize ans, avec Charles Bonaparte, qui était un bel homme, grand comme Murat.

A trente-deux ans, je restai veuve et Charles mourut à l'âge de trente-cinq ans, à Montpellier, victime de douleurs d'estomac, dont il se plaignait toujours, surtout après qu'il avait dîné.

Il avait été trois fois député en France, car ses rares qualités lui avaient attiré l'affection et l'estime de ses concitoyens.

En dix-neuf ans de mariage, je fus mère de treize enfants dont trois moururent en bas âge (et deux en naissant).

Charles était fils unique, comme moi, lorsque nous nous mariâmes ; il avait sa mère et trois oncles, savoir : l'archidiacre Lucien, Joseph et Napoléon.

Devenue mère de famille, je me consacrai entièrement à la bonne direction de celle-ci et je ne sortais de chez moi que pour aller à la messe. J'entends qu'une des obligations du vrai chrétien soit d'aller à l'église, tous les jours et indispensablement les jours de fête ; mais je crois pourtant que l'Église n'exige pas, dans les jours de travail, que les personnes qui se trouvent à la tête des affaires et surtout les mères de famille doivent perdre la plus grande partie du jour, hors de chez elles. Ce serait interrompre le cours régulier des affaires et se rendre coupable envers Dieu des graves inconvénients qui surviennent, bien souvent dans les familles, en l'absence du chef.

D'ailleurs ma présence était nécessaire pour mettre un frein à mes enfants, tant qu'ils furent petits.

Ma belle-mère et mon mari étaient si indulgents à leur égard, qu'au moindre cri, à la moindre réprimande, ils accouraient à leur aide, en leur faisant mille caresses. Pour moi, j'étais sévère ou indulgente, en temps voulu. Aussi étais-j e obéie et aimée de mes enfants, qui, même après avoir grandi, m'ont toujours témoigné, dans tous les temps, le même amour et le même respect.

Ma belle-mère était si bonne que, toutes les fois que je relevais de couches, elle se faisait une obligation d'entendre une messe de plus, de sorte qu'elle en arriva au point d'entendre neuf messes par jour !

De tous mes enfants, Napoléon, dès ses premières années, était le plus intrépide. Je me souviens que, pour donner un foyer à leur ardeur extraordinaire, j'avais, dû démeubler une grande chambre, où, dans les heures de récréation et de mauvais temps, il leur était permis de s'amuser, à leur gré.

Jérôme et les trois autres s'occupaient à sauter ou à dessiner des pantins sur le mur. Napoléon, à qui j'avais acheté un tambour et un sabre de bois, ne peignait que des soldats toujours rangés en ordre de bataille.

Dès ses premières années, if montra un goût particulier pour l'étude des nombres, au point que certaines sœurs ou béguines lui donnèrent le nom de mathématicien et le régalaient toujours de confitures. Un jour qu'il les rencontra sur la place Saint-François, il se mit à courir vers elles, en s'écriant : Celui qui veut savoir où est mon cœur, le trouvera au milieu du sein des sœurs. La sœur Orto, femme grasse, avec de mauvaises jambes, le réprimanda, mais, à la fin, elle dut céder et lui adoucir la bouche, pour le faire taire.

Devenu un peu plus grand, je le faisais accompagner à l'école des jésuites et je lui donnais un morceau de pain blanc pour son déjeuner. Un jour on vint me rapporter que M. Napoléon avait été rencontré, plus d'une fois, dans la rue, en mangeant du pain de munition, chose qui ne convenait pas à un enfant de sa condition. Je le réprimandai fortement et il me répondit que, tous les matins, il échangeait son morceau de pain contre celui d'un soldat, puisque devant, lui aussi, être soldat, il était convenable qu'il s'accoutumât à manger de ce pain, que d'ailleurs il préférait au pain blanc.

A huit ans, il prit tellement goût à l'étude et particulièrement à l'arithmétique, qu'il fallut lui construire une espèce de petite chambre, en planches, sur la terrasse de la maison, où il se retirait, tout le jour, afin de ne pas être troublé par ses frères. Le soir seulement, il sortait, un moment et marchait en distrait, dans les rues, sans avoir fait sa toilette et oubliant toujours de remonter ses bas tombants. D'où vient le dicton répété aujourd'hui même, quelquefois, à Ajaccio : Napoléon à la mi-chaussette, fait l'amour à Jacquelinette.

A ce même âge de huit ans (c'était un jour de fête, le 5 mai), notre fermier d'affaires étant venu en ville, avec deux jeunes et vigoureux chevaux, Napoléon attendit le moment du départ, monta lui-même sur l'un de ces deux chevaux et, nouvel Alexandre, galopait toujours en avant du fermier, qui tremblant de frayeur, l'exhortait à s'arrêter. Il arriva ainsi à destination et descendit de cheval, en riant beaucoup de la peur du fermier.

Avant de partir, il observa attentivement le mécanisme d'un moulin, alors en mouvement ; il alla reconnaître le volume d'eau qui le mettait en mouvement, demanda au fermier quelle était la quantité de blé moulue, pendant une heure, et prenant des notes sur tout, il ajouta, peu de temps après, que son moulin devait moudre, en un jour, une telle quantité de blé et, en une semaine, une telle autre quantité. Le fermier fut étonné de l'exactitude du calcul et, revenu en ville avec Napoléon, il me dit que si Dieu accordait longue vie au petit monsieur, il ne manquerait pas de devenir le premier homme du monde.

Tels sont, dit mademoiselle Mellini, les souvenirs dont Madame aimait à s'entretenir, dans les dernières années de sa vie. Elle parlait peu et toujours avec réserve, des temps passés de sa grandeur. Elle aimait à se rappeler l'amour et le respect que tous ses enfants lui avaient conservés. Elle parlait avec vénération de l'empereur et disait que son génie était l'ouvrage de la Providence et non celui de l'homme :

Je ne me suis jamais laissé faire illusion sur les grandeurs et les flatteries de la cour, disait-elle, et si mes fils avaient donné plus d'attention à mes paroles, ils se trouveraient mieux qu'ils ne sont actuellement.

Tout le monde m'appelait la mère la plus heureuse de l'univers, tandis que ma vie a été une continuité de chagrins et de martyres. A chaque courrier qui arrivait, je craignais toujours qu'il ne m'apportât la funeste nouvelle de la mort de l'empereur, sur le champ de bataille.

Lorsque nous étions à Porto-Ferrajo, l'empereur me parut, un soir, plus gai que de coutume ; il m'invita, ainsi que Pauline, à faire une partie d'écarté. Un moment après, il nous quitta et alla se renfermer dans son cabinet. Voyant qu'il ne revenait plus, j'allai chez lui, pour l'appeler et le chambellan me dit qu'il était descendu dans le jardin. Je me souviens que nous étions dans une des plus douces soirées du printemps ; la lune brillait au milieu des arbres, et l'empereur se promenait seul, à pas précipités, le long des allées du jardin. Tout à coup il s'arrêta et, appuyant sa tète contre un figuier : Et pourtant, il faudra bien que je le dise à ma mère ! s'écria-t-il. A ces mots, je m'avance et avec l'accent de la plus vive impatience : Eh bien, lui dis-je, qu'avez-vous donc, ce soir, car je vous vois beaucoup plus pensif qu'à l'ordinaire ? L'empereur, la main sur son front et, après un moment d'hésitation, me répond : Oui, il faut que je vous le dise, mais je vous défends de répéter à qui que ce soit, ce que je vais vous confier, pas même à Pauline. Il sourit, m'embrasse et reprend : Eh bien, je vous préviens que je pars, cette nuit. — Pour aller où ?A Paris. Mais, avant tout, je vous demande votre avis ?Ah ! permettez que je m'efforce d'oublier, pour un instant, que je suis votre mère. Je réfléchis et j'ajoutai : Le ciel ne permettra pas que vous mouriez, ni par le poison, ni dans un repos indigne de vous, mais l'épée à la main.

Ce seul trait, ajoute mademoiselle Mellini, suffirait pour faire connaître l'analogie qui existait entre le caractère de Napoléon et celui de sa mère, digne d'être comparée aux héroïnes de l'antiquité de Sparte et de Rome.

Madame termine la dictée de ses souvenirs par deux mots sur Marie Louise :

Marie-Louise, disait-elle, était insipide à voir de près, ou à entendre, lorsqu'elle parlait ; mais elle écrivait très bien. Il est inexact que l'empereur ait fait préparer pour elle, à Paris, un appartement identique à celui qu'elle occupait à Vienne. Ce fut Caroline qui alla au-devant d'elle et l'accompagna en France. L'empereur alla à sa rencontre et ce fut moi qui la reçus, pour la conduire à son appartement. — Le cardinal, mon frère, les unit en mariage.

Au baptême du petit Napoléon, l'empereur d'Autriche fut le parrain et je fus la marraine.

A notre dernier départ de Paris, Marie-Louise me dit : Je désire que vous veniez avec moi en Autriche. Je la remerciai et lui répondis que je ne me séparais jamais de mes enfants.

A la mort du petit Napoléon, elle m'écrivit une lettre de condoléance, mais je ne lui ai pas répondu (Il faut dire que le cardinal avait cru devoir répondre, à l'insu de Madame)[1].

Elle ajoute à sa dictée les paroles suivantes :

Ma vie finit avec la chute de l'empereur. A dater de ce moment, je renonçai à tout, pour toujours. Plus de visites dans aucune société ; plus de théâtre, qui avait été mon unique distraction, dans les moments de mélancolie. Mes enfants et mes neveux m'ont toujours priée d'aller au théâtre, je m'y suis toujours refusée, en regardant leur invitation comme une injure. Ils n'ont jamais pu comprendre, comme moi, la profondeur de l'humiliation dans laquelle ils sont tombés par la mort de l'empereur.

Cette dernière pensée d'amertume termine tristement l'autobiographie de Madame Mère.

Ses lettres (comme ses souvenirs) étaient dictées par elle, en italien, ordinairement, et quelquefois en français, mais seulement à la dernière période de sa longue existence. Elle avait toujours tenu à recevoir des nouvelles de ses enfants éloignés d'elle et à leur répondre avec ponctualité, pour maintenir les liens de famille et en transmettre la tradition à chacun des siens.

Un grand nombre des pièces de la correspondance de Madame Mère ont disparu, depuis longtemps ou ont été détruites, les unes pour leur peu d'importance, les autres pour un motif contraire. L'empereur Napoléon Ier en a détruit ou brûlé un grand nombre, bien avant que Madame eût été privée de la vue, et obligée de dicter la plupart de ses lettres, ou d'en préciser toujours le sens.

Elle voulait que la lecture lui en fût faite, avant d'y apposer sa signature et d'y ajouter parfois un mot d'affection ou de maternel souvenir.

Le nombre total des lettres qu'il m'a été permis de recueillir, dans de telles conditions, s'élève encore au chiffre assez considérable de 150 à peu près, en tant, bien entendu, que copies des lettres, parce que les autographes proprement dits de Letizia Bonaparte ou de Madame Bonaparte mère, sont fort rares et remontent soit aux premiers temps de son mariage, ou de son séjour en Corse, soit à l'époque de son veuvage, et ensuite sous la République, durant un long séjour en Provence.

 

S. Ém. le cardinal FESCH, frère puîné de Madame, ou plus jeune de quelques années, a bien voulu, dès le jour de notre visite à Rome, en 1834, me communiquer divers renseignements personnels sur sa vénérée sœur.

Demeurant auprès d'elle, au palais Rinuccini, il pouvait la voir tous les jours, lui tenir compagnie, le soir, avec quelques personnes, l'informer des nouvelles courantes et assurer sa correspondance comme secrétaire intime, pour les affaires de famille et les questions d'intérêt.

Les copies de la plupart des pièces forment un recueil, déposé aux archives de la Bibliothèque nationale[2].

 

L'ex-roi JOSEPH, comte de Survilliers, frère aîné de Napoléon, est cité dans le précédent ou dernier chapitre de ce livre ainsi que sa seconde fille, la princesse Charlotte-Napoléon, veuve du prince Louis-Napoléon[3].

La princesse CHARLOTTE BONAPARTE, petite-fille du roi Joseph, comtesse Primoli, à laquelle j'avais eu l'honneur d'écrire, par l'obligeante entremise de M. Duruy, a eu la bonté de me répondre la lettre suivante :

Rome, le 15 mai 1880.

Mon cher baron,

J'ai été très heureuse d'avoir de vos nouvelles par M. Duruy et je vous remercie de votre bonne lettre qui m'a fait le plus grand plaisir.

Je suis bien aise que vous vous décidiez à écrire sur Madame Mère. Cet ouvrage sera bien intéressant et je me fais fête, à l'avance, de le lire, car j'espère que vous m'en fournirez l'occasion.

Mon mari et mon fils tiennent à ne pas être oubliés auprès de vous, et ils se joignent à moi pour vous assurer de nos meilleurs sentiments.

Votre toute dévouée,

CHARLOTTE BONAPARTE PRIMOLI.

Le fils aîné de la princesse, le comte JOSEPH PRIMOLI, a bien voulu me communiquer une dizaine de lettres que j'ai pu copier, pour ainsi dire, sur place. J'avais l'honneur de me trouver alors à Saint-Gratien, chez S. A. I. Madame la princesse Mathilde.

Ces lettres sont presque toutes de Madame Mère et adressées à la reine Julie, que Madame aimait bien.

Le comte Joseph Primoli a eu enfin la gracieuseté de m'écrire, de Rome, le 26 octobre 1891, le billet suivant :

Mon cher baron,

Je viens de photographier, à votre intention, un très beau camée de Morelli, représentant Madame Mère, qui appartenait à mon arrière grand-père Lucien et qui passait pour être le portrait le plus ressemblant de la Niobé Corse, comme l'appelle le poète Carduci.

Veuillez agréer, etc.

JOSEPH PRIMOLI.

 

Le troisième fils de Madame Mère, LUCIEN BONAPARTE, prince de Canino, après avoir rassemblé de nombreux documents pour ses Mémoires, n'en a publié lui-même que le premier volume, en 1836[4].

Il avait adressé à mon père ce volume que je conserve soigneusement, celui-là seul offrant, à la lecture, l'opinion personnelle et entière de l'auteur, sur les faits historiques relatés par lui.

C'est avec Lucien Bonaparte que la correspondance de Madame Mère a été la plus active, la plus sympathique et la plus prolongée. Plusieurs de ces lettres ont été insérées dans les Mémoires de Lucien, et d'autres conservées par divers membres de sa famille ; mais beaucoup ont été détruites pour des motifs d'intérêt privé.

Après Lucien, c'est à son fils, le prince LOUIS-LUCIEN BONAPARTE (et maintenant à sa mémoire), que je dois des remerciements, car j'avais l'honneur de le connaître, depuis bien des années. Il avait consacré sa vie à des travaux de science, d'histoire et surtout de linguistique, en fixant à Londres sa résidence habituelle.

Le prince avait revu autrefois sa vénérée grand'mère à Rome et il m'a parlé d'elle, en encourageant mon projet d'écrire son histoire. Il a eu la bonté de m'envoyer d'utiles documents et diverses lettres, copiées par lui-même.

Parmi ces lettres se trouvait la plus mémorable de toutes, adressée par Madame Mère à M. Sapey, en date du 26 avril 1834. C'est à cette occasion, que, vers la fin de 1883, je recevais du prince Louis-Lucien, la suivante :

Londres, le 28 novembre 1883.

Mon cher baron,

Je regrette infiniment de ne me trouver en possession que de trois simples signatures de Madame Mère. Vous savez, sans doute, qu'elle n'écrivait que fort rarement et toujours en italien.

J'ai beaucoup connu ma grand'mère et je me souviens de bien des choses assez curieuses qu'elle me disait, au sujet de l'empereur et de mon père qui était, à coup sûr, son préféré. Elle ne s'en cachait pas-et elle lui donnait raison, en tout.

Ce n'est que de vive voix que nous pourrions causer d'elle. Je suis le seul membre de ma famille qui l'ait connue et j'ai causé souvent avec elle, lorsque j'avais plus de vingt ans...

... Elle était un vrai génie de femme, et j'en conserverai toujours le meilleur souvenir.

Votre affectionné,

L.-L. BONAPARTE.

Dans une autre lettre de Londres (19 novembre 1883), le prince Louis-Lucien Bonaparte me parlant des Mémoires de son père[5], en désapprouve le commentateur avec une extrême sévérité. Je n'ai point à reproduire ce jugement critique, puisqu'il ne s'applique pas à MADAME MÈRE, mais aux Mémoires de son fils.

Le prince ajoute pour Madame, dans sa lettre, qui n'a pas moins de quatre pages serrées :

Quant à la grande héroïne de ma famille, dont vous vous occupez, si vous pouvez me donner six semaines, je vous promets de vous envoyer :

1° La copie d'une lettre dictée en italien, de Madame à mon père, datée de Paris, le 14 octobre 1808 et signée par elle ;

2° La copie d'une lettre en français, je ne dirai pas dictée par elle, en cette langue, qu'elle ne connaissait pas assez, mais exprimant bien ses pensées ; elle est adressée à mon père et datée de Porto-Ferrajo, le 23 novembre 1814 ;

3° La copie d'une lettre du plus haut intérêt, dictée en français par Madame Mère et signée, non par elle, à vrai dire, mais ainsi :

Per Madama,

ROSA MELLINI.

(Madame était devenue aveugle.)

C'est la lettre adressée à M. Sapey, le 26 avril 1834. Le prince ajoute à sa longue lettre du 19 novembre :

Je vous envoie la copie ci-incluse de ladite lettre qui est exactement, quoique très peu calligraphiquement copiée par moi. Dieu veuille que vous puissiez la déchiffrer !

Pardonnez la mauvaise écriture de cette lettre, car le poignet de la main droite me fait un peu mal.

Croyez-moi toujours votre affectionné,

L.-L. BONAPARTE.

Le prince de Canino avait laissé, en mourant, un portefeuille volumineux de papiers, parmi lesquels se trouvaient des lettres dictées par la mère des Bonaparte.

L'empereur Napoléon III, mis en possession de ce portefeuille, s'était proposé de brûler une grande partie des papiers qu'il contenait, lorsque survint la fatale guerre de 1870, suivie de la révolution du 4 Septembre. On découvrit les papiers du prince Lucien, qui les destinait à un choix, pour publier lui-même la suite de ses Mémoires, comme il en avait publié le premier volume. C'est ainsi que beaucoup de lettres, notamment de Madame Mère, ont sans doute disparu.

Lettre du prince Louis-Lucien Bonaparte.

Londres, le 6 décembre 1883.

Mon cher baron, Si j'ai un peu tardé à vous remercier de vos très intéressants volumes, c'est que je tenais, en même temps, à m'acquitter avec vous de ma promesse.

Recevez donc mes meilleurs remerciements, et agréez les copies de deux lettres de notre très chère et à jamais illustre Letizia Bonaparte.

Croyez-moi toujours,

L.-L. BONAPARTE.

Le prince m'écrit de Londres, le 10 décembre 1883 :

Mon cher baron,

Je ne manquerai pas de vous informer de tout ce que je pourrai apprendre de nouveau, concernant Madame Mère ; mais je suis la seule personne de ma famille, pour ainsi dire, qui vive encore, de celles qui l'ont connue. Je ne puis donc que me fier à ma mémoire.

Votre affectionné, L.-L. BONAPARTE.

Le quatrième des fils de S. A. le prince de Canino, le prince PIERRE BONAPARTE, retiré à Versailles, vers la fin de sa vie, et depuis longtemps malade, me fit appeler un jour, en 1880, lorsque je me rendais à la Chambre, comme député. Il me parla de Madame Mère, à propos de mes recherches historiques, dont certaines dates étaient difficiles à vérifier.

J'eus l'honneur de voir plus tard, après son veuvage, Madame la princesse Pierre Bonaparte, qui voulut bien me donner le volume des Souvenirs de son mari[6], en y rattachant quelques faits relatifs à leur vénérée grand'mère.

La princesse m'a fait l'honneur de m'écrire :

Dieppe, 29 juillet 1885, rue de l'Hôtel-de-Ville, 27.

Monsieur le baron, J'ai si souvent entendu parler de vous par mes enfants, que j'avais le plus vif désir de vous connaître personnellement ; pensez si j'ai regretté de n'être pas à la maison, lorsque vous êtes venu, etc.

J'ai quelques lettres de Madame Mère ; je me ferai un plaisir de vous les communiquer ; elles pourront peut-être trouver place dans l'ouvrage que vous préparez sur la mère de Napoléon.

Veuillez croire, etc.

Princesse PIERRE-NAPOLÉON BONAPARTE.

La première visite que j'ai pu faire en octobre 1885, à Son Altesse, récemment fixée à Paris, m'a permis de l'entendre parler de Madame Mère, d'après des souvenirs précis de sa famille et particulièrement de Lucien.

Le prince Roland Bonaparte, fils du prince Pierre, m'a donné la copie entière d'une lettre adressée par Madame Mère à son fils Lucien, en date de Porto-Ferrajo, le 19 septembre 1814.

La princesse JEANNE BONAPARTE, marquise DE VILLENEUVE, sœur du prince Roland, m'a gracieusement envoyé la copie de trois lettres autographes de Madame Charles Bonaparte, en date des 21, 22 juillet 1795, et 29 janvier 1804.

Le prince N. CHARLES BONAPARTE, petit-fils de Lucien, a bien voulu m'écrire deux fois de sa villa Quiete, province de Macerata des États-Romains, en m'envoyant six lettres de Madame Mère. Les deux premières en italien, sont de 1806 et les quatre suivantes, en français, datent de 1810.

Voici la lettre d'envoi du 29 août 1888 :

Monsieur le baron,

Je vous adresse, par le même courrier, quelques lettres de Madame Mère que j'ai pu me procurer.

J'ai d'autres lettres de la mère de l'empereur Napoléon Ier ; mais je n'ai pas cru devoir les faire copier, pour vous les adresser, étant toutes très intimes et ne traitant, en grande partie, que d'affaires de famille. Je me réserve, si vous le désirez, monsieur le baron, de vous montrer ces lettres, à l'époque de mon premier voyage en France.

Je suis, etc.

Votre très dévoué, N. CHARLES BONAPARTE.

La comtesse FAINA (Lucienne VALENTINI), de Pérouse, petite-fille de la princesse Alexandrine Bonaparte, a eu la bonté de m'écrire, de la villa Faina, en 1888 :

Monsieur le baron,

Je m'empresse de vous annoncer que je viens de vous expédier, par ce même courrier, neuf lettres de Madame Mère. J'ai été les chercher en ville, parmi les papiers de famille dont j'ai hérité de ma grand'mère, la princesse Alexandrine Bonaparte.

Malheureusement, les plus intéressants ne sont pas entre mes mains, car ils furent envoyés à l'empereur, pendant ma minorité, selon son désir. Je suis bien aise cependant de vous offrir le peu que je possède de Madame Mère et que vous pouvez me renvoyer tout à votre loisir.

Je vous prie de me rappeler au bon souvenir de M. Adelon, à qui je suis redevable de votre aimable lettre.

Veuillez agréer, etc.

LUCIENNE VALENTINI FAINA.

Je copiai aussitôt les neuf lettres que la comtesse avait bien voulu me confier et après les lui avoir rendues, sans délai, je recevais les remerciements les plus gracieux de sa part et de celle de son mari. Les neuf lettres de Madame Mère sont reproduites à leur date, par ordre chronologique.

La marquise DE ROCCAGIOVINE, petite-fille de Lucien et tante du jeune Roccagiovine, — habitant Mandela, provincia di Roma, a pris la peine de m'écrire une lettre des plus gracieuses, en réponse à ma demande de documents sur Madame Mère.

 

Madame la princesse NAPOLEONE Bacciochi, fille de la princesse Élisa, grande-duchesse de Toscane et petite-fille de Madame Mère, l'avait bien connue à Rome, en conservant pour elle une respectueuse admiration. Elle la considérait comme une matrone imposante, d'une figure sévère, d'une attitude digne et silencieuse, tout entière entraînée alors, par ses tristes pensées, vers l'horizon de Sainte-Hélène.

La princesse, que j'ai eu l'honneur de voir à Paris, possédait sur la famille impériale et sur Madame Mère de précieux souvenirs, dont elle eut la bonté de me parler, en présence de mon vieil ami de collège le marquis de Piré, son chevalier d'honneur, et de madame la marquise de Piré, sa dame de compagnie.

 

La comtesse LETIZIA RASPONI, fille de la princesse Louise Murat, veuve Rasponi, me répond avec obligeance, de Ravenne, le 12 novembre 1884 :

... Les lettres de Madame Mère que possède la famille sont relatives à des affaires privées. Une seule est à l'adresse de Mgr Flompesch et la copie m'en est envoyée.

Suivent quelques indications connues sur Madame Mère et inutiles à reproduire.

La comtesse Caroline PEPOLI TATTINI, petite-fille de la reine Caroline, répond d'une manière fort obligeante à ma demande sur Madame Mère. Elle m'offre de quitter sa campagne, pour aller en ville, chercher les renseignements dont j'aurais besoin.

Sa lettre est datée de la villa Letizia, près Bologne, 1er août 1888.

Une seconde lettre de Bologne, 24 novembre 1888, m'envoie la copie d'une lettre de Madame Mère à la reine Caroline, au sujet d'une maladie de son fils, le prince Achille Murat, que j'avais eu l'honneur de connaître en 1831, à Bruxelles.

 

L'ex-roi JÉROME, comte DE MONTFORT, a daigné, pendant le second empire, me donner, sur Madame Mère, quelques indications utiles à mes recherches. Il était, à cette époque, gouverneur des Invalides.

S. A. I. Madame la princesse MATHILDE qui m'honore, depuis longtemps, de sa bienveillance, avait eu la bonté de m'écrire, de Saint-Gratien, le 8 août 1884 :

Mon cher baron,

J'ai parlé à mon frère de votre intéressante publication sur Madame Mère. Il m'a dit avoir bien peu de choses sur elle et me charge de vous prier de mettre par écrit ce qui pourrait vous intéresser. Il part lundi pour Prangins où il a tous ses papiers et c'est de là qu'il pourra vous rapporter ce qu'il a.

Recevez, cher baron, l'expression de tout mon sincère attachement.

MATHILDE.

S. A. I. le prince NAPOLÉON a eu aussi la bonté de m'adresser, en 1885, une copie textuelle de la lettre de Madame, avec le billet suivant :

Paris, 15 mars 1885.

Mon cher baron,

Préoccupé de votre travail sur Madame Mère, je vous envoie une lettre intéressante et qui pourra vous être utile, si vous ne l'avez déjà. Elle est tirée des Mémoires du roi Joseph. Je la crois authentique. Sa naïveté et l'élévation de vue est bien dans le caractère de ma grand'mère et conforme à tout ce que je sais d'elle.

Recevez, mon cher baron, l'assurance de mes sentiments d'amitié.

Votre affectionné,

NAPOLÉON.

Je me fis un devoir de répondre sans délai au prince Napoléon.

Paris, 16 mars 1885.

Monseigneur, Je m'empresse de remercier Votre Altesse Impériale du bienveillant souvenir dont elle m'honore, à propos de mes Recherches historiques sur Madame Mère.

L'admirable lettre adressée par Madame au digne ami de votre famille, M. Sapey, m'avait été déjà communiquée par le prince Louis-Lucien Bonaparte, avec cette annotation : 3° La copie d'une lettre du plus haut intérêt, dictée en français par Madame Mère et signée, non par elle, à vrai dire, mais ainsi :

Per S. A. Madama.

ROSA MELLINI.

Mademoiselle Mellini, ajoutait le prince Lucien, était la dame d'honneur de ma grand'mère, qui avait en elle la plus grande confiance, de sorte que cette lettre était incontestablement de Madame Mère, comme deux précédentes (que j'avais reçues du prince Lucien).

La lettre adressée à M. Sapey est datée de Rome, 26 avril 1834.

La même année, Monseigneur, j'accompagnais mon père à Rome et nous avions l'insigne honneur d'y être retenus longuement, dans notre visite à Son Altesse votre illustre et vénérée grand'mère.

Je prie Votre Altesse Impériale d'agréer, etc.

Baron LARREY.

Je reçus du prince une dernière lettre :

Prangins, le 3 octobre 1887.

Mon cher baron Larrey, J'ai fait de nouvelles recherches dans mes papiers ; rien sur ma grand'mère.

Je désire vivement que votre livre paraisse. C'est une lacune à combler dans l'histoire de ma famille ; personne ne peut le faire mieux que vous. Ne tardez pas ; le présent seul nous appartient, l'avenir est à Dieu.

Je vous renouvelle, mon cher baron, l'expression de tous mes sentiments d'amitié.

Votre affectionné,

NAPOLÉON.

Le prince n'est plus, mais son judicieux conseil m'a décidé à ne pas ajourner davantage la publication de mes Recherches historiques sur Madame Mère.

 

Le général ARRIGHI, duc DE PADOUE, cousin de Madame Mère, qui avait été grièvement blessé, dès le début de sa carrière militaire, au siège de Saint-Jean-d'Acre[7], avait reçu, à temps, les soins de mon père.

Le duc de Padoue fils, ancien ministre et député, sous le second empire, m'avait fait admirer chez lui un beau portrait de la signora Letizia, paraissant peint à l'époque du consulat et attribué à Greuze. Ce portrait fut fort apprécié à une exposition de l'École des beaux-arts, et le duc de Padoue eut la gracieuseté de le faire photographier à mon intention.

Il m'écrivit, ensuite, à ce sujet, la lettre suivante, datée du 26 mars 1884 :

Monsieur le baron et cher ancien collègue,

Vous me demandez quelques indications sur le beau portrait de Madame Mère que vous avez vu chez moi. Il a été donné par l'empereur Napoléon, à l'ile d'Elbe, en 1815, à mon grand-oncle l'abbé Arrighi, de Casanova, chanoine de Pise, de Florence et d'Ajaccio, vicaire général à l'île d'Elbe en 1814, mort en 1835. C'est par lui que ce portrait, légué à un de ses parents, est devenu ma propriété. Il ne porte pas le nom du peintre. M. Goupil, qui l'a vu, l'attribue à Greuze, etc. Le costume est celui des femmes de la Corse, à la fin du siècle dernier.

Je ne peux pas vous donner de renseignements plus précis.

Agréez, etc.

A. DE PADOUE.

A propos des lettres, la suivante, du 22 mars 1884, m'avait été adressée d'abord par le duc de Padoue :

Cher ancien collègue,

Je vous envoie les copies de trois lettres de Madame Mère, en date de 1833, 1834, 1835. Les autres, à ma connaissance, sont de 1804 et adressées à mon grand-père, qui était, à cette époque, préfet du Liamone, à Ajaccio. Ces lettres ont trait à des affaires de famille ; elles sont en italien, pour la plupart, et me semblent sans intérêt pour les futurs lecteurs de votre travail historique.

Veuillez agréer, etc.

A. DE PADOUE.

 

Le ministre des affaires étrangères, auquel j'avais demandé l'autorisation de consulter les archives du ministère, m'accordait cette faveur, par la dépêche suivante, en date du 16 avril 1888 :

Monsieur le baron Larrey,

J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre du 18 mars dernier, par laquelle vous demandez à consulter, au Dépôt des affaires étrangères, les documents relatifs à Madame Letizia, mère de Napoléon Ier. La commission des Archives diplomatiques à laquelle j'ai transmis votre demande a émis un avis favorable que j'ai approuvé. Vous pourrez donc, dès que vous le jugerez convenable, vous adresser au chef de la division des archives, qui fera mettre à votre disposition les documents dont vous désirez avoir communication.

Recevez, etc.

Le Ministre des affaires étrangères.

 

La duchesse D'ABRANTÈS, que j'avais occasion de voir dans ma jeunesse, vers l'époque de la publication de ses Mémoires, m'a confirmé, de vive voix, quelques-uns des faits écrits par elle, sur Madame Mère. Elle n'en parlait point sans une profonde admiration.

Madame AMET D'ABRANTÈS, sa fille, ayant à publier une notice nécrologique sur Madame, peu de temps après son décès, m'avait demandé, à ce sujet, des renseignements que je ne possédais pas encore.

 

Monseigneur ACH. ANGER, évêque d'Antioche, retiré en Italie, a eu la bonté de faire, à mon intention, des recherches sur Madame Mère, dont il me dit, par une lettre dictée du 15 avril 1888 :

Cette femme, à divers titres, est un grand homme et l'évêque vous encourage à écrire son histoire...

 

Le chevalier D'ARNETH, conseiller intime de S. M. I. et R. l'empereur d'Autriche, auquel j'avais eu l'honneur de demander, par une lettre du 26 août 1883, si, dans les archives de la cour de Vienne, on ne trouverait pas de lettres d'une correspondance de Madame Mère, avec son petit-fils le duc de Reichstadt, me répondait, le 23 septembre, qu'il n'y en a aucune trace.

Mais, ajoute M. d'Arneth, nos cahiers de Rome contiennent des copies de cinq lettres (de 1808, 1810, 1811 et 1813) deux de Madame Letizia à son fils Louis, comte de Saint-Leu et trois de Louis à sa mère. Quoique je ne sache vous rien dire de positif sur la manière dont les copies de ces lettres sont venues en possession du gouvernement d'Autriche, j'ai des raisons de les croire authentiques. Si vous désirez la copie de ces lettres, monsieur le baron, je vous prie de me l'écrire, à Vienne où je vais retourner, et j'aurai l'honneur de faire faire ces copies pour vous, sans aucun délai.

Veuillez agréer, etc.

A. D'ARNETH.

Cette lettre est suivie de deux autres et de l'envoi des copies gracieusement offertes.

 

M. L. AZZOLINI, de Rome, possédant une collection d'autographes, a eu l'obligeance de m'envoyer deux lettres de Madame Mère, adressées les 9 et 14 avril 1807, à son frère le cardinal.

La lettre d'envoi, écrite en italien et datée du 9 mai 1885, me témoigne le désir de me communiquer d'autres lettres de l'illustre donna.

 

M. BAMBERG, consul général d'Allemagne à Gênes, a bien voulu m'offrir une copie fac-similé du passeport de Madame Mère, à son départ d'Orléans pour l'Italie[8].

La lettre dit :

On y a scrupuleusement conservé l'orthographe, le nom de l'adjoint étant, dans sa seconde partie, un peu illisible, je l'ai fait rendre, tant bien que mal, en fac-similé. Le signalement de Madame Letizia est certainement d'un grand intérêt. Étant convaincu d'avance de l'importance de votre ouvrage, etc.

 

Le docteur ÉMILE BÉGIN, savant modeste d'un grand mérite, attaché, sous l'empire, à la Bibliothèque du Louvre, incendiée en 1871, fut nommé ensuite au double emploi de conservateur adjoint et de médecin à la Bibliothèque nationale. Il se trouvait là en position de rechercher de précieux documents pour ses divers ouvrages[9]. Il m'a procuré, de la sorte, des lettres, dont la recherche directe m'eût été difficile, faute d'un loisir nécessaire.

Ma correspondance avec M. Bégin étant devenue fort active, mon honorable confrère me permit de citer quelques mots de l'une de ses lettres, datée du 3 juin 1881, sur mon projet de publier l'Histoire de Madame Mère.

Bien cher maître (m'écrivait le docteur Émile Bégin), je vous remercie d'avoir pris la peine de m'aviser. Il y a des noms qui portent bonheur, parce qu'ils sont saints ; Madame Letizia en est un. Puissiez-vous bientôt consacrer sa sanctification par un excellent livre, etc.

 

Madame la comtesse BIADELLI, fille du comte de Casabianca et M. son fils ont connaissance des documents précieux qu'avait eu la bonté de m'offrir l'éminent ministre du second empire.

Je dois à l'obligeance de sa famille la copie d'une lettre de Madame Mère à la princesse Napoléone Bacciochi.

 

Le docteur G... BIAGI, conservateur de la bibliothèque de Florence, m'a signalé le poète italien G. CARDUCCI, auteur de Strophes sur Letizia, la Niobé corse, etc.[10]

 

M. A. BLANCHE, ancien secrétaire général de la Seine, informé que je m'occupais d'une histoire de Madame Mère, a eu la gracieuseté de m'envoyer la copie de trois lettres d'elle, provenant de sa collection.

 

M. BOUISSIN D'ANCELY, autrefois conseiller général de l'Hérault, possédant un recueil d'autographes précieux, avait offert à l'un de nos amis communs (Victor Meignan), de mettre à ma disposition deux lettres de Madame Letizia Bonaparte.

Je m'empressai de le remercier, en décembre 1884, et il me fit voir ces deux lettres dans un magnifique album en maroquin rouge. Elles sont adressées par la signora Letizia à madame Clary, de Marseille, belle-mère de Joseph Bonaparte. Ces deux lettres sont en français.

La première est du 5 frimaire an VI (25 novembre 1797). La seconde, écrite aussi entièrement par Madame Letizia, est datée du 29 germinal an VI (18 avril 1798). Elle est relative aux emplettes d'un mobilier. Les deux autographes sont reconnus authentiques.

Je me disposais à copier sur place ces deux lettres autographes, lorsque M. Bouissin les détacha spontanément l'une et l'autre de son riche album et me pria de les accepter, de sa part, en mémoire de Madame Mère. J'en fus profondément touché.

Heureux les chercheurs de documents historiques, lorsqu'ils rencontrent des donateurs aussi généreux que M. Bouissin d'Ancely !

 

Madame la comtesse PAULINE DE BRADY, dont le mari avait été attaché à la maison militaire de l'empereur, ayant eu connaissance de mes recherches sur Madame Mère, a eu la bonté de m'envoyer la copie autographiée sur grand format de deux lettres originales signées LETIZIA BONAPARTE. Elles sont adressées de Marseille, en 1795, à Madame Isoard, à Aix.

Une seconde copie de ces deux lettres m'a été donnée, depuis, avec une troisième, par la princesse Jeanne Bonaparte, marquise de Villeneuve. Semblable copie de ces trois lettrés m'a été aussi obligeamment transmise par M. le marquis d'Isoard de Vauvenargues.

 

Madame la baronne DE BRESSIEUX, née DU COLOMBIER, aurait été, dans sa jeunesse, recherchée en mariage, à Valence, par le lieutenant d'artillerie Bonaparte, s'il n'avait dû s'éloigner. Elle fut nommée, plus tard, dame de compagnie de Madame Mère et se lia d'amitié avec la comtesse de La Valette, mère de la baronne de Forget. C'est là que, dans ma jeunesse, j'ai eu l'honneur de voir souvent madame de Bressieux et de l'entendre parler de la mère vénérée de l'Empereur.

 

Le professeur BUONAMINI, de l'Université de Pise, sut par son collègue le doyen de la Faculté de médecine, que je faisais des recherches historiques sur Madame Mère. Il m'écrivait, le 2 août 1887 :

... Je me suis chargé de vous donner connaissance des quelques renseignements que je possède sur le magnifique sujet d'étude que vous traitez en ce moment, etc.

Ces renseignements sont ceux des biographies à peu près sommaires que j'avais consultées autrefois.

 

M. Louis CAMPI, receveur des finances à Corte, a pu, d'après la demande du docteur Costa, son ami, m'adresser deux articles insérés dans l'Union républicaine corse, sur la maison Bonaparte d'Ajaccio.

En publiant cette notice, en 1873, M. Campi m'offre d'autres documents, et termine sa lettre par ces mots d'une extrême obligeance :

Permettez-moi de vous féliciter d'avoir entrepris une si noble tâche.

L'homme du siècle a transmis à la postérité les vertus de votre illustre père ; vous voulez à votre tour, présenter sous son vrai jour, la femme forte, la Cornélie moderne que Champollion a appelée Mater Regum. (Suivent des compliments.)

 

Le comte DE CASABIANCA, ancien ministre et sénateur du second empire, a eu la bonté de rédiger, à mon intention, des documents inédits sur la signora Letizia Ramolino et son mariage avec Charles Bonaparte. C'est une intéressante notice, formant un manuscrit d'une vingtaine de pages, intitulé : Biographie de Madame Mère. Le comte de Casabianca, en me donnant ce précieux manuscrit, en a conservé une copie pour sa famille.

Il a bien voulu encore me donner en 1872, une note détaillée sur l'Héritage de la maison Bonaparte d'Ajaccio et, à cet égard, sur l'intervention de Madame Mère auprès de l'empereur. Le comte de Casabianca m'a enfin communiqué d'autres faits dont je garde à sa mémoire un souvenir très reconnaissant.

 

MM. CHARAVAY, fort connus par leurs ventes d'autographes, m'ont fourni quelques lettres que je me serais procurées difficilement, sans leurs catalogues. Je les remercie des facilités qu'ils m'ont offertes pour la copie de quelques-unes de ces lettres.

 

Le baron FEUILLET DE CONCHES, du ministère des affaires étrangères, a pris la peine de copier pour moi, de sa belle écriture, trois lettres de Madame Mère et une de la princesse Élisa, extraites de sa grande collection.

 

Le docteur COSTA, d'Ajaccio, originaire de Bastelica, l'un de mes anciens élèves de l'École de médecine militaire du Val-de-Grâce, m'a fourni des documents utiles sur Madame, en commençant par une copie de la Dictée de ses Souvenirs. Il a fait ensuite des recherches sur la constatation des dates et sur d'autres sujets.

 

M. COSTA D'ORNANO écrivait de Cognoreli, le 18 septembre 1885, à propos des dates, au comte Ramolino :

Mon cher parent,

L'honorable baron Larrey m'a écrit, à la date du 27 mai dernier, pour me demander les actes de naissance, de baptême et de mariage de Madame Letizia...

En présence du mauvais vouloir du maire actuel, il ne reste plus qu'à vous dire ceci : Par tradition, l'on sait que Madame Mère s'est mariée à l'âge de quinze ans. Or son mariage ayant eu lieu en 1764, il en résulterait que la naissance remonterait à 1749.

Ce document est précis. Un autre, plus détaillé, a trait au mariage et démontre les difficultés inouïes de la découverte des dates biographiques. (Voir SABADINI.)

 

Le comte D'AURE, en rapportant l'acte de courageux sang-froid du général Bonaparte au milieu des pestiférés de Jaffa[11], savait sans doute, comme aurait pu le savoir Madame Mère, que le grand peintre Gros, avant de finir son chef-d'œuvre, en avait esquissé la scène véridique. L'illustre artiste a pu regretter de n'avoir pas retracé cette scène mémorable avec la plus rigoureuse vérité, afin d'honorer davantage la mémoire du fils de Madame Bonaparte. Il a du moins esquissé celte scène telle qu'elle s'était passée, sous les yeux de d'Aure, de Desgenettes et d'autres témoins irrécusables.

Cette esquisse a été achetée par moi à la vente des œuvres du grand peintre, ami de mon père ; elle a été vue par des artistes connaisseurs, tels que David d'Angers, Muller, Gustave Doré, Charles Blanc qui la signale, en parlant de Gros, dans son bel ouvrage sur la peinture[12].

 

DAVID D'ANGERS, l'illustre statuaire et le vrai patriote, m'avait demandé anciennement de lui lire ma notice inédite sur Madame Mère. Il avait beaucoup d'admiration pour elle et comprenait que Canova eût fait sa statue, Bartolini son buste, Morelli son camée napoléonien, etc.

Lui, David, ne l'ayant qu'entrevue à Rome, a bien voulu, d'après ma demande, reproduire la noble tête de Madame, sur l'une des médailles de son incomparable collection. Il l'a figurée de face, d'après le plus beau de ses portraits, peint par Gérard.

 

Le duc DECAZES, ancien ministre et député, fils de l'éminent secrétaire des commandements de Madame Mère, m'a confié plusieurs lettres autographes et pièces inédites d'un intérêt réel. Je me suis empressé d'en prendre copie et de les restituer à mon éminent collègue de la Chambre. Ces documents se rapportent à la période de 1805 à 1808. Le plus important est une longue lettre de Madame à l'empereur, en date du 9 mai 1806. Elle semble avoir été rédigée, d'après les indications précises de Son Altesse, par M. le duc Decazes lui-même.

 

M. FAUGÈRE, ancien directeur au ministère des affaires étrangères, a pris le soin de rechercher pour moi des documents que je n'aurais pu obtenir, sans son influente intervention.

 

Le professeur HERVÉ FAYE, doyen de la section d'astronomie à l'Académie des sciences, a pu me fournir des renseignements exacts sur des phénomènes planétaires signalés vers la naissance et vers la mort de Napoléon. La comète de 1769 et celle de 1821 offraient autrefois aux chercheurs de présages deux légendes populaires oubliées aujourd'hui. On y a joint une petite planète découverte en 1856 et à laquelle on donna le prénom de LETIZIA, en mémoire de Madame Mère.

 

Le docteur FRATINI (d'Ajaccio), l'un de mes anciens camarades du corps de santé militaire, s'était chargé de me transmettre une copie des Souvenirs dictés à Rome par Madame à mademoiselle Rosa Mellini, sa dame d'honneur et de compagnie.

 

JEAN GIGOUX, peintre d'histoire, possesseur d'une rare collection de tableaux de maîtres, m'a fait la surprise amicale de m'écrire le récit intéressant d'une visite tentée par lui auprès de Madame Mère. Elle venait de mourir et se trouvait déjà placée sur son lit de parade, où sa beauté semblait renaître, sans que l'habile artiste et ses compagnons de voyage eussent même appris la nouvelle de sa mort.

 

Le professeur GRYNFELD, de la Faculté de médecine de Montpellier, a pris la peine, avec l'un de ses honorables collègues, de compulser, pour moi, les registres de la municipalité, constatant le décès de Charles Bonaparte en 1785. Ces messieurs n'ont trouvé, ni là, ni ailleurs, aucun renseignement relatif à une lésion cancéreuse transmissible aux enfants de Madame Mère.

 

M. ANTOINE GUILLOIS, auteur d'une histoire originale, bien conçue et bien suivie de Napoléon[13], a réservé, dans cet ouvrage, quelques citations et remarques liées dignement à la mémoire de Madame Mère. Il m'a témoigné le plus obligeant intérêt pour la publication de mes recherches historiques.

 

M. HARISSE, avocat et savant publiciste, m'a fourni d'utiles indications sur des autographes et des conseils pratiques pour la publication de mon manuscrit, avec tous les développements qu'il comporte, dussent-ils remplir deux volumes, comme je le présumais.

 

Madame A. HOLLAENDER, a pris la peine, avec une obligeance parfaite, d'extraire ou de copier, pour moi, dans les principales bibliothèques de Paris et de Londres des documents divers sur Madame Letizia.

 

Le baron IMBERT DE SAINT-AMAND, bien connu par ses nombreux et intéressants livres sur les Femmes des Tuileries, et, entre autres, sur les impératrices Joséphine et Marie-Louise, en apprenant que j'occupais les loisirs de ma retraite à écrire l'Histoire de Madame Mère, m'y a encouragé, d'après son expérience.

 

Le marquis D'ISOARD DE VAUVENARGUES, issu de la famille Isoard, d'Aix-en-Provence, n'ayant pas oublié les relations des siens avec Madame Veuve Bonaparte mère, à l'époque des mauvais jours, m'a fait parvenir trois lettres d'elle.

 

M. HENRY JOUIN, secrétaire de l'École des beaux-arts et savant critique de la statuaire, a recherché, d'après ma demande, quelques particularités sur la statue de Madame Mère par Canova, sur son buste par Bartolini et sur sa médaille par David d'Angers.

 

Madame la baronne JOSÉPHINE KNORR, de Vienne, a eu la gracieuseté de faire à mon intention des recherches sur la correspondance supposée de Madame Mère avec la cour d'Autriche ou l'ex-impératrice Marie-Louise, lors de l'exil, de la maladie et de la mort du duc de Reichstadt ; il n'y a pas trace de cette correspondance.

 

Mais on a obtenu, par l'entremise de M. le chevalier d'Arneth, la copie d'une correspondance de Madame Mère avec son fils Louis, ex-roi de Hollande.

La baronne J. Knorr a enfin pris la peine de traduire à mon adresse, divers passages de livres allemands dans lesquels Madame est citée avec éloge.

 

Le docteur LEROY-DUPRÉ, qui a publié plusieurs biographies de savants illustres, et même un volume sur mon père[14], s'est montré plein d'obligeance pour mes recherches sur un certain portrait en pied de Madame Mère peint par Robert Lefèvre. Je n'en dis rien, avec intention.

 

M. DE LESCURE, auteur d'ouvrages fort appréciés, a écrit une notice très bien faite sur Marie Letizia Ramolino, dans un beau livre intitulé les Mères illustres[15]. Il m'en a adressé un exemplaire, avec une lettre si encourageante pour mon Essai historique, que je n'oserais même reproduire un extrait de sa lettre.

 

M. GIOVANNI LIVI, directeur des Archives de Brescia, m'a envoyé une intéressante publication sur Napoléon à l'île d'Elbe. Il y parle de Madame Mère et plus encore, dans une relation de voyage de Madame à Sienne, où elle était accompagnée par son frère le cardinal, avant de se rendre à Rome[16].

 

Le docteur CHARLES MARCHAL (de Calvi), l'un de mes anciens collègues, partageant mon admiration pour sa glorieuse compatriote, est l'auteur d'une belle pièce de vers sur la Signora Letizia. Il m'en a fait hommage, en me laissant ce double souvenir de son mérite médical et de son talent poétique.

 

Le comte MARCHAND, ce fidèle et inséparable serviteur de Napoléon, pendant toute la durée de ses six années d'exil à Sainte-Hélène, m'a raconté des traits touchants et de précieux souvenirs, attestant la vénération du fils pour la mère, qu'il ne devait plus revoir.

 

Le chanoine MATTEO-MATTEI, de San Miniato (en Toscane), m'a offert un livre publié en italien sur la Généalogie de la famille Bonaparte[17], avec les portraits, en regard de Carlo Bonaparte et de Letizia Ramolino.

L'auteur, dans une lettre du 14 août 1887, me parle avec admiration du père et de la mère de Napoléon Ier. Mais il ajoute avec regret : Dans notre ville de San Miniato, où la famille ancienne des Bonaparte habita longtemps, il n'existe plus personne capable de fournir des renseignements, ou ayant conservé des documents sur cette famille.

 

M. ALFRED MAURY, de l'Institut, directeur général des Archives nationales, avait bien voulu, sur ma demande, faire rechercher les documents relatifs à Madame Letizia.

Nous ne possédons, m'écrivait-il le 23 juillet 1884, qu'un très petit nombre de pièces, dont la plupart concernent la composition et la comptabilité de la maison de cette princesse. Elles ne me paraissent pas intéresser beaucoup le sujet qui vous occupe.

 

Mademoiselle ROSA MELLINI, attachée depuis l'île d'Elbe à Madame Mère, était devenue, à Rome, sa vraie dame de compagnie ou sa dame d'honneur et, à la fois, son secrétaire intime, ainsi que la confidente de ses pensées.

Je dois à la bonté de mademoiselle Mellini la première copie de la dictée des Souvenirs de Madame, une mèche de ses cheveux et le camée fait après sa mort.

 

Le colonel en retraite, baron DE MÉNEVAL, fils de l'ancien secrétaire de Napoléon Ier, pouvait avoir des documents inédits sur Madame Mère. Nos bonnes relations d'autrefois me permettaient de le lui demander. Mais il me répondit, le 30 juillet 1883 :

Je ne possède sur Madame Mère aucun document utile au travail dont vous vous occupez, en ce moment. Cette princesse a joué un rôle si effacé, sous le règne du grand empereur, que vous aurez de la peine à trouver, dans les mémoires du temps, des circonstances où l'on ait parlé d'elle.

Cette réponse exprime l'opinion générale.

 

Le célèbre peintre, CHARLES-LOUIS MULLER, de l'Académie des beaux-arts, auquel j'avais eu l'occasion de communiquer quelques pages de mon manuscrit sur Madame Mère, a consacré à sa mémoire l'une de ses œuvres les plus belles et les plus touchantes[18].

 

Le docteur Prosper DE PIETRA-SANTA, dont le nom se rattachait à la famille de Madame Letizia, par son origine maternelle, a pu obtenir, sur ma demande, auprès de ses parents ou amis de la Corse, divers renseignements utiles dont je le remercie encore.

L'avocat Dominique de Pietra-Santa, père du docteur, avait prononcé un discours remarquable sur la tombe d'André Ramolino, parent de Madame.

 

M. FRANCESCHINI PIETRI, secrétaire de Sa Majesté l'impératrice Eugénie, m'adressait de Farnborough-Hill, le 25 juillet 1884, la lettre suivante :

J'ai recherché dans les papiers de famille de l'empereur, les lettres de Madame Mère et je vous envoie, de la part de Sa Majesté l'impératrice, neuf lettres qui paraissent intéressantes : cinq sont adressées à la princesse Élisa et quatre au prince Lucien Bonaparte. Ce sont les seules que nous ayons retrouvées.

 

Le docteur SIRUS PIRONDI, professeur honoraire de chirurgie à l'École de Marseille et associé national de l'Académie de médecine, m'a communiqué de lointains souvenirs du séjour de Madame Letizia Bonaparte, en Provence. Il a bien voulu me donner, plus tard, un ravissant petit buste en marbre de la Signora, dans sa jeunesse maternelle.

 

Le docteur JEAN-DOMINIQUE RAMOLINO, médecin de Madame à Rome, et allié par le nom à sa famille, se rappelait avoir vu, autrefois, son parent bien connu, André Ramolino, cousin germain de Madame Mère, qui gardait de lui le meilleur souvenir.

 

Le colonel de gendarmerie en retraite, comte RAMOLINO DE COLL'ALTO, m'a offert une copie en italien des Souvenirs dictés par Madame à Rome, divers documents utiles sur elle et la généalogie de sa famille. Je lui ai conseillé de faire lui-même une publication spéciale de cette généalogie, qui offrirait, de sa part, plus d'intérêt.

 

Madame la marquise DES RÉAULX m'a fait l'honneur de m'écrire, en février 1891, à propos de la publication de mon manuscrit. Je m'empressai d'aller voir madame des Réaulx, petite-fille de la comtesse DE FLEURIEU, qui avait été l'une des dames de compagnie de Madame, en conservant pour elle la plus profonde admiration.

 

M. A. ROSSI, juge au tribunal d'Ajaccio, est le fils de Jean-Jérôme Rossi, petit-neveu de celui qui fut chargé des affaires de Madame, de 1804 à 1822. Il m'a fourni, avec obligeance, quelques renseignements relatifs à mes recherches sur les dates primitives.

 

M. SABADINI (J.-C.), notaire à Ajaccio, m'a exprimé (dans une lettre du 22 octobre 1885) tous ses regrets de ne pouvoir me procurer aujourd'hui les dates certaines d'autrefois, d'après les actes relatifs à la signora Letizia. Il avait fait, à ma demande, des recherches empressées sur ces questions préliminaires, si difficiles à résoudre.

 

Madame la marquise DE SAINTE-CROIX, veuve d'un préfet du premier empire, était liée avec la famille du baron de Méneval, qui m'a procuré l'honneur de la voir.

 

Elle avait eu occasion de saluer Madame presque journellement, à Rome, dans l'hiver de 1829 à 1830, mais cette respectable dame, avancée en âge, n'avait dans le présent que de vagues réminiscences du passé.

 

M. GUZMAN SERPH, député, mon ancien collègue à la Chambre, m'a communiqué, avec une extrême obligeance, l'extrait du rapport de sa mission officielle pour l'exhumation des restes de Madame en Italie et leur translation en Corse[19].

 

M. DAVID SILVAGNI, rédacteur de la Nuova Antologia et connu en Italie par d'autres publications, a eu l'attention de m'envoyer la double notice qu'il a insérée dans son recueil sur Madame Letizia et Pauline Borghèse.

 

M. THIBAUDEAU, petit-neveu de l'historien du Consulat et de l'Empire, placé à Londres auprès de M. Morrisson, pour le seconder dans les recherches de sa précieuse collection d'autographes, a eu l'obligeance de m'indiquer d'utiles documents.

 

M. JACQUES VICO, ancien préfet de la Corse, parent du docteur de Pietra-Santa, secondant ses recherches à Ajaccio, sur les dates relatives à l'histoire de Madame Mère, a pu, ainsi, m'être utile et je dois lui en adresser encore mes remerciements.

 

A cette liste déjà longue de noms cités après celui de Madame Mère, il me sera permis d'ajouter le souvenir de Béranger. Son nom célèbre n'est pas seulement celui du plus populaire des chansonniers français, il est aussi le synonyme d'un grand poète national, qui s'est inspiré d'une épopée à la mémoire de Madame Mère[20].

La première strophe de cette ode héroïque sera le dernier hommage de ces deux volumes de prose offerts à la mémoire de Madame Mère.

La noble dame, en son palais de Rome,

Aime à filer, car bien jeune, autrefois,

Elle filait, en allaitant cet homme

Qui, depuis, l'entoura de reines et de rois.

 

 

 



[1] Voir l'année 1832, lettre du 6 août.

[2] Registre de la correspondance du cardinal Fesch.

[3] Voir après 1836.

[4] Mémoires de Lucien Bonaparte, prince de Canino, t. I, 1836.

[5] Lucien Bonaparte et ses mémoires (1775-1840), par Th. Yung, 3 vol., 1882-1883.

[6] Souvenirs, traditions, etc., du prince Pierre N. Bonaparte, 1876.

[7] Voir 1799. Campagnes d'Égypte et de Syrie.

[8] Voir la copie du passeport à la date indiquée, du 9 avril 1814.

[9] Entre autres : une Histoire de Napoléon, 5 vol., 18...

[10] Revue du monde littéraire, 10 juillet 1833.

[11] Bourrienne et ses erreurs, 1830, t. Ier, p. 44.

[12] Histoire des peintres, par Charles Blanc, 1865, t.III, A.-J. Gros.

[13] Napoléon, l'homme, le politique, l'orateur, 2 vol. 1889.

[14] Larrey, chirurgien en chef de la grande armée, 1860.

[15] Les Mères illustres, 1882.

[16] Madama Letizia a Siena. Rome, septembre 1888.

[17] Storia genealogica della famiglia Bonaparte, Firenze, 1847.

[18] Madame Mère en 1822, voir l'Essai historique.

[19] Voir la période : Après 1836.

[20] Dernières chansons de Déranger, 1867.