MADAME MÈRE (NAPOLEONIS MATER)

 

1807.

 

 

Nouvelles inquiétudes de la mère pour son fils, affrontant de nouveaux dangers, en Pologne et en Prusse. — Diverses lettres familiales n'en expriment rien. — Lettres : de l'empereur à Madame, sur toute autre chose que la guerre, en recommandant à sa mère les dîners de famille ; — de Joseph, roi de Naples à la reine Julie ; — de Madame Mère au cardinal, sur un double malheur de famille ; — de la princesse Élisa à Lucien, le suppliant de céder à l'empereur ; — de Madame, au nom de tous les siens. — Elle confie à M. Decazes le soin de réconcilier le roi et la reine de Hollande. — Traité de paix avec la Russie et la Prusse. — Fête du 15 août. — Jérôme épouse la princesse de Wurtemberg. — Fête de la Paix. — Œuvres de bienfaisance de Madame Mère. — Le curé de village Bonaparte. — Entrevue de Mantoue (Napoléon et Lucien). — Lettre de Madame, sans espoir de réconciliation entre ses deux fils.

 

Les complications de la guerre allaient entraîner l'armée française vers la Pologne et la Prusse, en préparant, pour Napoléon, de nouvelles victoires. Mais lui n'avait plus le loisir de songer autant à sa famille et de lui adresser de ses nouvelles.

Madame Mère, malgré sa foi dans l'étoile de son fils, conservait des craintes sur les dangers auxquels l'empereur se trouvait sans cesse exposé, tandis qu'elle semblait rassurée, en cachant ses inquiétudes. Pour y faire diversion, suivant sa coutume, elle entretenait sa correspondance familiale sur les sujets les plus étrangers aux événements extérieurs. Elle adresse ainsi à son frère le cardinal une série de lettres ne paraissant point écrites à une époque où les destinées de la France pouvaient dépendre du sort des batailles, sinon d'un coup de fusil.

L'apparente simplicité de ces lettres aurait permis de croire à une sorte d'oubli, sinon d'indifférence, cachant, en réalité, les préoccupations maternelles de cette femme forte, imposant silence à ses appréhensions, pour ne pas les propager parmi les siens. Elle savait d'ailleurs servir ainsi la politique de J'empereur, puisqu'elle n'était point appelée par lui-même à y intervenir.

Suivent quelques-unes des lettres à cet égard :

Madame Mère au cardinal Fesch[1].

Paris, le 31 janvier 1807.

Mon cher frère,

Vous me faites trop désirer vos nouvelles ; dix jours se sont écoulés sans que j'aie reçu aucune de vos lettres. Je dois penser, ou que vous êtes malade, ou que vous êtes en tournée, mais pour me tranquilliser, j'aime mieux m'arrêter à cette dernière supposition.

Je me suis décidée à faire dorer mon salon jaune du rez-de-chaussée et l'on a déjà la main à l'œuvre ; mais il me manque les quatre dessus de portes. Simon me dit que vous avez des tableaux de Benedetti del Castiglione qui iraient bien là. Si vous voulez me permettre d'en prendre trois, je vous indemniserai par d'autres tableaux des meilleurs que vous m'avez paru désirer.

Je trouve aussi bien de vous dire que j'ai la somme de vingt-trois mille cent trente-huit francs (23.138 fr.) à placer à 5 p. 100. Cette somme est un reste du prix de la terre de Pont, qui est en dépôt, jusqu'à la radiation de quelques inscriptions à l'hypothèque que le vendeur doit faire opérer et dont on a stipulé qu'il lui sera payé le 5 p. 100. La personne qui les a gardés jusqu'à présent vient de me les rendre. Si cette somme vous convient, vous n'avez qu'à m'en envoyer le reçu et je la remettrai à la personne que vous me désignerez. Je vous prie seulement de me donner une réponse décisive, sans retard, pour que je puisse les placer ailleurs, sans supporter la perte des intérêts, n'étant pas, en ce moment, en peine pour ce placement, au cas qu'il ne vous convienne point.

Adieu, mon cher frère ; je me porte toujours bien, vous prie de me faire connaitre votre décision sur les objets que je vous demande et vous embrasse avec toute l'affection que vous me connaissez.

Vostra affectma sorella.

P.-S. — Je viens de fermer ma lettre. Je reçois la vôtre du 26 qui m'assure de votre bonne santé.

Jérôme dont je reçois, en même temps, des lettres du 15 de Breslau, vous salue. Je verrai de faire faire les dessins nécessaires pour le meuble.

Cette première lettre finit là, sans un mot d'inquiétude apparente sur la terrible guerre, représentée par la bataille d'Eylau. Il fallait vraiment que Madame Mère eût une grande force de volonté pour dominer, à ce point, ses impressions maternelles.

Paris, le 27 mars 1807.

Mon très cher frère,

J'ai reçu votre lettre du 11 de ce mois. Vous m'avez laissé ignorer un événement que l'on me dit vous être arrivé, en voiture, et où vous avez failli périr. J'en suis inquiète, de crainte que le saisissement que vous devez avoir éprouvé, n'ait eu de mauvaises suites, et vous prie de me rassurer, en me donnant promptement de vos nouvelles. Ma santé est bonne. Tous les autres de la famille, ici, à Paris, se portent également bien. Rien de nouveau de l'armée.

Je vous embrasse de tout l'attachement que vous me connaissez.

Vostra affectma sorella.

Cette lettre et les quatre suivantes, d'une authenticité garantie, sont écrites ou dictées dans le style de l'intimité familiale et offrent quelques détails intéressants[2].

Paris, le 9 avril 1807.

Mon très cher frère,

J'ai reçu vos lettres du 31 du mois passé et du 1er du courant. Celle qui m'annonce la fausseté de la nouvelle de votre prétendu accident, a été très consolante pour moi. Je reconnais tout votre attachement dans le conseil que l'autre contient d'aller aux eaux ; mais j'ai de fortes raisons que vous ne pourrez qu'approuver, lorsque je vous les ferai connaître, pour ne pas y aller, dans le courant de cette saison.

Ma santé continue à être bonne. Tous ceux de la famille à Paris, se portent aussi bien. Hier, j'ai reçu une lettre de Jérôme, datée de Breslau. L'empereur vient de le nommer général de division, en lui conservant toujours son grade d'amiral, et cela le comble de contentement et de joie.

Adieu, mon cher frère, je vous embrasse bien affectueusement et de cœur.

Vostra affectma sorella.

P.-S. — Je pense que Paulette vous a déjà prévenu que l'empereur ne trouve pas bien qu'elle aille prendre les eaux en Provence.

 

Paris, 14 avril 1807[3].

Mon très cher frère,

Je reçois votre lettre du 10, par laquelle vous me faites le détail des attaques de fièvre que vous avez souffertes, la semaine dernière. Je remercie le Seigneur que cela se soit dissipé, aussi promptement que vous le dites, et en même temps, de l'avoir ignoré absolument, car cela ne pouvait pas manquer de me donner de cruelles inquiétudes.

J'espère que vous ne penserez pas à reprendre votre tournée, à moins que vous ne soyez assuré de votre parfait rétablissement.

Quant à moi, je continue à me bien porter. Tous ceux de la famille, ici à Paris, jouissent aussi d'une bonne santé. Les médecins ont conseillé à Paulette d'aller à la campagne et elle est partie, hier, pour Saint-Leu. Nous n'avons pas de nouvelles de l'armée, depuis ma dernière lettre.

Je vous embrasse avec tout l'attachement et l'affection que vous me connaissez.

Vostra affectma sorella.

 

Napoléon à sa mère.

Finskenstein, 18 avril 1807.

Madame,

J'approuve fort que vous alliez à votre campagne ; mais, tant que vous serez à Paris, il est convenable que vous dîniez, tous les dimanches, chez l'impératrice, où est le dîner de famille. Ma famille est une famille politique. Moi absent, l'impératrice en est toujours le chef. D'ailleurs, c'est un honneur que je fais aux membres de ma famille. Cela n'empêche pas que me trouvant à Paris, toutes les fois que mes occupations me le permettent, je n'aille dîner chez vous.

Votre affectionné fils,

NAPOLÉON.

Cette lettre sur la famille, montre Napoléon en activité de commandement, vis-à-vis des siens, sans en excepter sa mère, comme à la tête de ses armées.

Dans une lettre de Sainte-Lucie, près Naples, datée du 26 avril 1807[4], et adressée à la reine Julie, le roi Joseph calme ses inquiétudes d'épouse et celles de Madame Mère, sur sa situation et son gouvernement de Naples. Il les trouve prospères et en expose quelques faits intéressants. Puis il ajoute :

Lis ceci, ma bonne Julie, à maman et à Caroline, puisqu'elles ont de l'inquiétude, et dis-leur que, si elles me connaissaient mieux, elles seraient plus tranquilles. Dis-leur que l'on ne change pas à mon âge ; rappelle à maman qu'à toutes les époques de ma vie, citoyen obscur, magistrat, j'ai toujours sacrifié avec plaisir mon temps à mes devoirs, etc.

Je vous embrasse tendrement toutes les trois.

JOSEPH.

Le 5 mai, le fils aîné du roi Louis, de Hollande, le prince Napoléon-Louis mourait du croup, cette maladie tant redoutable pour les enfants. La reine Hortense faillit succomber à son désespoir maternel. Madame Mère en fut fort affligée, sauf la pensée consolante qu'un tel malheur rapprocherait peut-être, par l'excès de la douleur, les époux séparés par la fatalité de leur mariage.

La lettre suivante, du 8 mai, montre, comme tant d'autres, la tendresse de la mère pour les siens et, ce jour-là, les préférences de son cœur, pour la belle et bonne Paulette, devenue gravement malade.

Madame Mère écrit au cardinal[5] :

Paris, le 8 mai 1807.

Mon très cher frère,

Paulette part aujourd'hui, comme je vous l'avais déjà annoncé, dans ma dernière lettre. Je compte qu'elle vous trouvera déjà à Lyon. Son départ m'a contristée. Lavoir s'éloigner de toute sa famille, dans un état habituel de souffrance, me déchire l'âme. Je ne vois dans la suite qu'une seule personne qui mérite ma confiance, c'est M. de Montbreton. Je lui ai recommandé de me donner de ses nouvelles avec la plus grande exactitude et de ne me laisser rien ignorer de tout ce qui se passe, car, je vous le répète, je ne suis pas du tout tranquille sur sa position, sous plusieurs rapports. Je vous prie de lui recommander, vous aussi, la même chose, et de lui faire voir ma lettre, si vous le jugez à propos. C'est un bien honnête homme, en qui l'on peut reposer sa confiance.

J'ai, mon cher frère, à vous entretenir, dans ce moment, d'un autre objet, qui m'afflige vivement. M. Cambacérès sort de chez moi. Il est venu m'annoncer la mort du petit Napoléon à La Haye. Depuis quelques jours, nous avions appris qu'il était malade, mais par les journaux seulement. Le père, qui avait envoyé des courriers ici, n'en parlait pas. Avant lui, M. Corvisart vint nous dire qu'il partait pour l'aller voir, et ce matin arrive la nouvelle de sa mort. Vous jugez de ma consternation, non seulement pour l'enfant, mais pour le père et pour les suites que cet événement peut produire sur sa santé. Je crains bien que tout cola n'influe aussi sur la mienne.

Adieu, mon cher frère, tous les autres de la famille, qui se trouvaient à Paris, se portent bien. Donnez-moi de vos nouvelles et de celles de Paulette, et croyez toujours à ma tendre et inviolable affection.

Vostra sorella.

Lorsqu'au milieu de ses grandes guerres, ou après ses victoires, Napoléon se préoccupait de politique intérieure, il se renseignait bien sur ce qu'il voulait connaître.

Il n'aurait pu s'adresser mieux qu'à sa mère, sur l'éducation morale des jeunes filles, au point de vue maternel. Mais, eu égard à l'éducation scolaire, il écrivit à M. de Fontanes, grand maître de l'Université, en lui adressant de Finkenstein, le 15 mai 1807[6], une note dictée par lui sur l'établissement d'Écouen. C'était, sous ce titre fort simple, un code sommaire d'instruction des jeunes filles destinées au mariage. Napoléon voulait leur faire épouser des hommes ayant bien servi la France, soit dans l'armée soit dans l'administration. Elles devaient être élevées, selon lui, dans des sentiments de piété solide et vraie. Je veux, disait l'empereur, faire de ces jeunes filles des femmes utiles, étant certain, par là, de faire d'elles des femmes agréables.

Madame Mère s'étonnait, avec admiration, du génie universel de son fils, capable à la fois d'entreprendre des conquêtes guerrières, de s'élever aux plus hautes conceptions sociales et de dominer toutes les difficultés d'exécution, en trouvant, de plus, le temps d'accomplir des projets d'ordre secondaire.

Elle écrit au cardinal sans lui parler du projet de l'empereur :

Paris, le 31 mai 1807[7].

Mon très cher frère, J'ai reçu vos lettres des 25 et 27 de ce mois. Les nouvelles que vous me donnez sur l'état de Paulette m'ont tranquillisée.

J'étais fort inquiète, surtout depuis que j'avais reçu sa lettre de Châlon, où elle me mandait qu'elle était fort souffrante. Je ne doute pas que vous l'aurez recommandée fortement aux soins du médecin et de son écuyer, en qui j'ai toute confiance.

Caroline et M. Corvisart, qui sont revenus de Hollande, m'ont donné des nouvelles tranquillisantes sur l'état de Louis. Il est bien, autant qu'il peut l'être ; mais, dans ce moment, les circonstances politiques le tiennent dans un mouvement et une agitation perpétuels, qui ne lui laissent pas le temps de penser à sa santé.

La reine est au château de Laeken, avec l'impératrice. Sa mère tâche de l'amener à Paris, mais elle a de la peine à la décider et nous ne savons pas ici quand elles arriveront. Julie et ses enfants se portent bien.

Ma santé continue à être bonne. Je vous ai dit, dans une de mes précédentes lettres, que j'avais des raisons pour ne pas entreprendre d'aller aux eaux, ni aucune autre part, pendant cette année.

Je vous embrasse de tout mon cœur,

Vostra affectma sorella.

P.-S. — L'archichancelier m'a envoyé des exemplaires de la Bataille d'Eylau. Si vous en désirez un, je peux vous l'envoyer[8].

Une lettre du roi de Hollande au cardinal Fesch, datée du château de Loo, le 4 juin 1807, le prévient que s'il n'écrit pas plus souvent à sa mère, Madame Letizia, c'est parce qu'elle ne lit pas elle-même ses lettres[9].

La nouvelle de la bataille, devenue la victoire de Friedland, du 14 juin, ne parvint à Madame Mère que pour renouveler et calmer ses inquiétudes sur les dangers auxquels l'empereur était exposé !

Louis Bonaparte, proclamé roi de Hollande, le 5 juin, par l'empereur, semblait être le roi malgré lui, marié à la reine de Hollande, appelée la reine royaliste. Le mariage était réel, mais l'union n'était pas durable, et Madame Mère s'en affligeait.

La mort inopinée de leur fils aîné, succombant au croup, réunit de nouveau les deux époux, par l'excès de la douleur. On a même prétendu que cet événement, si malheureux pour les espérances de dynastie, avait suggéré à l'empereur la première pensée du divorce. S. A. I. Madame Mère le croyait aussi. La reine Hortense fut envoyée aux Pyrénées où la rejoignit son époux, mais ils se séparèrent de nouveau.

La mère du souverain voyait avec peine ce dépit conjugal, dit un livre publié sous le second, empire[10], et elle imagina, pendant le séjour de l'empereur à Fontainebleau, de faire publier dans le Journal de l'Empire, organe semi-officiel, une nouvelle prématurée parue en ces termes, le 17 octobre 1807 : On assure que la reine de Hollande retournera bientôt dans ses États.

De là grand émoi entre la reine Hortense et le ministre de la police. D'où la reine fut obligée de faire insérer, dans le même journal, que tout voyage qui était interdit par ses médecins.

Madame Mère, fort attristée de la désunion persistante de son fils le roi Louis et de la reine Hortense, chargea, le secrétaire de ses commandements, le duc Decazes, de se rendre à Arenenberg et de faire auprès de sa belle-fille une tentative de réconciliation avec son mari. Cette mission délicate ne pouvait être confiée à un meilleur délégué. M. Decazes plaida la cause des deux époux, auprès de chacun d'eux, avec les arguments maternels de la persuasion et, après des difficultés, il finit par obtenir l'adhésion de la reine Hortense à un rapprochement avec le roi de Hollande[11].

Déjà si éprouvée par la situation de Lucien, tout opposé aux instances politiques de Napoléon à son égard, leur mère s'en affligeait de plus en plus.

La sœur aînée de Lucien, la princesse Élisa, lui écrit, le 20 juin, une lettre instante, en invoquant, auprès de lui, à la fois les intérêts généraux du pays et les intérêts privés de la famille.

... Maman, dit Élisa à son frère, et nous tous, nous serions heureux de ne faire qu'une seule famille politique. Cher Lucien, fais-le pour nous qui t'aimons, pour le peuple que notre frère te donnera à gouverner et dont tu feras le bonheur.

Ta sœur et amie,

ÉLISA.

Cette lettre fut suivie de plusieurs autres des membres de la famille et de Madame elle-même, pour persuader à Lucien de se rallier à l'empereur, attendu à Paris, après une paix glorieuse.

Ce traité de paix conclu à Tilsitt, avec la Russie et la Prusse, semblait assurer à la France un repos durable, après les glorieuses victoires d'Austerlitz, d'Iéna et de Friedland. Napoléon venait se reposer de sa gloire au milieu des siens, après avoir échappé aux périls de la grande guerre.

La bataille d'Eylau en avait été la journée la plus terrible et celle dont les bulletins avaient le plus inquiété sa femme et sa mère, jusqu'au moment où le canon des Invalides annonça son retour triomphal. Ce traité glorieux fut proclamé à Paris, le 24 juillet, au soir et aux flambeaux, par le héraut d'armes, avec un grand éclat national.

L'empereur victorieux, dit un historien royaliste[12], de retour à Paris, est l'objet des plus fortes adulations. Tous les corps de l'État se prosternent à ses pieds. — Suit l'énumération des louanges et les noms des louangeurs, inutiles à rappeler.

La fête du 15 août fut, cette année, l'une des plus brillantes et des plus populaires de tout l'empire. Napoléon, après y avoir assisté, tête découverte, sur le grand balcon des Tuileries, entre l'impératrice et S. A. I. Madame Mère, voulut y assister ensuite incognito. Il prit un déguisement bourgeois, avec son fidèle Duroc, grand maréchal du palais et vint se mêler à la foule acclamant sa gloire.

Madame se rappelait, lui avoir entendu raconter que, ce jour là, il avait embrassé, un jeune garçon, criant à tue-tête : Vive l'empereur ! auprès de ses parents enthousiasmés. Napoléon s'était entretenu avec eux, sans se laisser reconnaître, et leur avait envoyé le lendemain, de sa part, un souvenir qui les avait exaltés de joie.

Cette journée solennelle du 15 août a été bien racontée par la comtesse Hélène Potocka, auparavant princesse de Ligne ; elle dépeint noblement Madame Mère, à côté de l'impératrice Joséphine[13].

... L'impératrice, gracieuse et bien mise, ayant la représentation voulue pour sa place, était dans la travée ; mais celle que j'ai regardée, c'était la mère de l'empereur. La voilà, la plus heureuse de toutes les femmes ; voilà celle à qui aucun revers, aucune puissance ne peut enlever la gloire d'avoir fait naître l'homme le plus extraordinaire que la suite des siècles ait produit. Qu'elle doit être fière ! un peuple immense courbé devant son fils, les voûtes retentissant d'acclamations ! C'est le plus beau rôle de femme qu'il y ait au monde. Elle est belle, paraît encore assez jeune, et on ne dira pas : Quoi ! c'est sa mère !

La princesse de Wurtemberg écrit au roi son père, combien elle est touchée de l'accueil qu'elle reçoit à la cour impériale de France[14]. Sa lettre, datée du palais des Tuileries, le 22 août 1807, le lendemain de son arrivée à Paris, donne les détails de cette réception, pour son prochain mariage avec le prince Jérôme.

... L'empereur, dit-elle, m'a tendrement embrassée, puis il m'a fait traverser tous les appartements et m'a menée dans le salon de l'impératrice, où elle était avec Madame, mère de l'empereur, la reine de Naples, la grande-duchesse de Berg et la princesse Stéphanie. Madame et l'impératrice m'ont comblée de bontés.

C'était le jour précis de la signature du contrat de mariage de la princesse de Wurtemberg avec le prince Jérôme. Elle voyait, pour la première fois, Madame Mère et la comparait, plus tard, à l'impératrice mère de Russie, inspirant autour d'elle le plus grand respect.

Ainsi se transformait au contentement maternel, l'union illégale prématurée du plus jeune des frères de l'empereur, avec une demoiselle américaine. Il s'unissait avec une princesse royale qui devait plus tard, dans les temps malheureux, illustrer cette haute alliance par son dévouement conjugal. Le mariage civil de Jérôme Napoléon et de la princesse Catherine de Wurtemberg se fit au palais des Tuileries, devant l'empereur, l'impératrice et Madame Mère. Le mariage religieux déploya une grande pompe. Plusieurs fêtes, des plus brillantes, furent offertes aux jeunes époux. La plus splendide eut lieu, le 29 août, à l'Élysée, chez le grand-duc de Berg. L'empereur, l'impératrice, Madame Mère, les reines de Naples et de Hollande, la princesse héréditaire de Bade y assistaient[15].

Madame de Rémusat raconte le luxe de la cour impériale au mariage[16]. On célébra des fêtes magnifiques au palais de Fontainebleau ; chaque membre de la famille impériale, chaque grand personnage invité dût s'y rendre, avec une partie de sa maison, loger dans tel appartement spécial, avoir sa table et son service. Madame y alla (un peu contre son gré), dans cette condition de luxe et d'étiquette ; mais elle ne recevait que ses intimes.

Il faut ajouter qu'aux fêtes de Fontainebleau, comme dans celles où Madame Mère consentait à figurer, elle se maintenait partout, avec la dignité de son nom, de son âge et de son caractère, selon ses goûts enfin, sans chercher jamais à briller par l'éclat de sa parure, cependant toujours digne de son rang et de sa fortune.

Son Altesse Impériale s'entendait mieux aux œuvres de bienfaisance qu'aux fêtes de la cour. Thibaudeau rapporte[17] qu'un chapitre général des sœurs de la charité et autres consacrées aux pauvres, avait été convoqué à Paris (le 30 septembre 1807), pour faire connaître ses vues sur les moyens les plus propres à étendre cette institution. Elle devait pourvoir à tous les établissements de ce genre. L'assemblée des sœurs fut ouverte sous la présidence de Madame Mère, assistée du grand aumônier et de l'abbé Boulogne, faisant fonctions de secrétaire. L'intention de l'empereur (et Madame Mère partageait son avis) était de réunir et de fondre, en une seule congrégation, ces diverses corporations qui avaient le même but et à peu près la même règle. Elles y résistèrent...

L'empereur, ajoute Thibaudeau, éluda, pour le moment, de s'expliquer sur ses prétentions. Je suis disposé, écrivit-il à Madame Mère, à leur faire de nouvelles et plus grandes faveurs, toutes les fois que les différents chefs des maisons seconderont, de tous leurs efforts et de tout leur zèle, le vœu de mon cœur, pour le soulagement des pauvres, en se dévouant avec cette charité que notre sainte religion peut seule inspirer, au service des hôpitaux et des malheureux[18].

Vers la même époque, le couvent des Dames de la Croix, dit Bausset[19], fut donné aux sœurs hospitalières de Saint- Vincent de Paul, pour en faire le chef-lieu de leur institution. — Madame, mère de l'empereur, sous la protection de laquelle étaient tous les établissements de charité, en avait fait la demande.

Napoléon, empereur des Français, etc., à M. Portalis[20].

Palais de Fontainebleau, 30 septembre 1807.

Sur le compte qui nous a été rendu des avantages qui résultent pour nos peuples, de l'institution des sœurs de la charité et autres établissements consacrés au service des malades et des pauvres, Reconnaissant avec satisfaction que ces utiles et pieuse associations ont répondu à notre attente et aux encouragements que nous leur avons accordés, jusqu'à ce jour, et désirant en étendre le bienfait à toutes les parties de notre empire et nous assurer les moyens les plus propres à parvenir à ce but... (les préliminaires du décret ne figurent pas dans la Correspondance. Le décret seul s'y trouve.)

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

ARTICLE 1er. — Il sera tenu un chapitre général des établissements des sœurs de charité et autres consacrés au service des pauvres.

ART. 2. — Le chapitre se tiendra à Paris, dans le palais de Madame, qui présidera le dit chapitre, assistée de notre grand aumônier. L'abbé Boulogne, notre aumônier, fera fonctions de secrétaire.

ART. 3. — Chaque établissement enverra à ce chapitre un député ayant une connaissance particulière de la situation, des besoins et du nombre de chaque maison.

ART. 4. — Le chapitre sera invité à faire connaître ses vues sur les moyens les plus propres à étendre ces institutions, de manière à ce qu'elles fournissent à la totalité des établissements consacrés aux malades et aux pauvres.

NAPOLÉON.

Après les fêtes du mariage célébrées à Fontainebleau, les fêtes de la paix et les revues d'honneur se multiplièrent à Paris. Au Champ-de-Mars et à l'École militaire, au Carrousel et aux Tuileries, toutes les places des balcons et des fenêtres étaient occupées par les dames de la cour, en superbes toilettes.

Au premier rang se trouvait placée, auprès de l'impératrice, S. A. I. Madame Mère, assistant, avec dignité, à la glorification de son fils empereur et roi.

La vieille garde s'avançait la première, en bataillons serrés, inspirant à la foule enthousiaste un frémissement de sympathique admiration, exprimé par le cri retentissant au loin de : Vive l'empereur !

A l'une de ces revues de la paix conquise, après la campagne de Prusse, les drapeaux de plusieurs régiments n'offraient plus que des lambeaux flottants, déchirés par les balles et noircis par la poudre. En présence du plus mutilé de ces nobles débris, incliné vers lui, l'empereur se découvre et adresse avec émotion, ces mémorables paroles à son brillant état-major : Saluez, messieurs, c'est la gloire de la France qui passe devant vous ! Ce fut pour toute l'assistance une des émotions les plus profondes — dont Madame Mère garda longtemps la mémoire.

La renommée de Napoléon et son nom même restaient pourtant tout à fait ignorés de l'un des siens. Un ancêtre caché de la famille Bonaparte, qu'il ne connaissait point lui-même, le vieil abbé Hiéronyme Buonaparte, autrefois humble curé d'un village de la Toscane, s'y était pour ainsi dire, enseveli de son vivant, afin de terminer là, en paix, son obscure longévité. Parvenu, enfin, à l'âge le plus avancé, il ne savait absolument rien de la gloire et de l'existence du grand homme dont il portait le nom. Mais il avait conservé le vague souvenir d'une jeune et charmante signorita, d'Ajaccio, appelée Maria Letizia. Ce nom suffit pour la suite de l'historiette qui s'y rapporte :

Trois êtres se partageaient, en 1807, les affections du vieux curé : C'était d'abord un grand garçon, nommé Thomasso, orphelin recueilli par charité ; c'était ensuite une honnête jeune fille, du nom de Mattea, destinée en mariage à Thomasso ; c'était enfin une poule familière, bonne couveuse, dite Bianca, dont prenait soin Mattea, en s'occupant du ménage. Thomasso, dans l'attente de ses épousailles, servait la messe, sonnait les cloches, entretenait le jardin et faisait le gros ouvrage de la maison.

Tout allait tranquillement, au gré du bon curé lorsque l'empereur, dans son voyage en Italie, vers le bout de l'an, céda aux instances de Madame Mère, se fit bien renseigner sur la situation du vieil abbé Hiéronyme Bonaparte et lui envoya un de ses aides de camp, le général comte de N., pour offrir à son vieil oncle une position meilleure que celle de curé de village.

Le général, escorté par des dragons du vice-roi d'Italie, arriva chez le curé, lui apprit, à la fois, la haute destinée de son petit-neveu et ses intentions très affectueuses à son égard. Le vieux curé, plus inquiet que touché d'une telle faveur, demanda quelques instants de réflexion. Cette réflexion, suivant la chronique, lui aurait porté malheur, s'il eût été vrai ou simplement vraisemblable que, pendant ce temps-là, l'un des dragons de l'escorte eût enlevé Mattea et se fût enfui avec elle ; que Thomasso, dans son désespoir, se fût engagé à la place de celui-là, et qu'un autre enfin se fût emparé, par un meurtre, de la bonne poule Bianca, pour l'ajouter à la ration des vivres de cette fatale journée.

Quoi qu'il en fût du sort de ses plus chères affections, le pauvre curé se trouva véritablement malheureux des offres de l'empereur et les refusa, en définitive, pour s'isoler tout à fait dans son chagrin. Les chroniqueurs prétendent qu'il répondit, avec des larmes dans la voix, à l'aide de camp de l'empereur : Monsieur le général, je remercie Sa Majesté, mon neveu, en restant curé de ce petit village, où j'ai vécu très heureux si longtemps. Dites, s'il vous plait, à la signora Letizia que je me souviens d'elle et de ses qualités de jeune fille. Dites-lui, comme à son fils l'empereur et à ses autres enfants, que je les bénis tous, dans ma pensée. Lorsque Madame Mère eut connaissance de l'aventure et de la résistance du vieux curé, elle en fut très attendrie et lui fit parvenir des secours qu'il ne pouvait refuser, de la part de la signorina Letizia.

Le 12 décembre avait lieu l'entrevue de Mantoue, appelée ainsi par Lucien, dans un chapitre de ses Mémoires posthumes[21]. Ce chapitre expose la soumission faite par lui aux instances de sa famille et en particulier de Madame Mère, pour quitter son exil volontaire à Rome et se rendre, près de Milan, à Mantoue. C'était là le lieu fixé par Napoléon, pour l'entrevue des deux frères. Il s'agissait d'établir la situation de Lucien, et sa résistance aux volontés de l'empereur, préoccupé de ses projets de divorce avec Joséphine. Napoléon supposait peut-être que son frère consentirait à prendre les devants, pour son propre compte, en se séparant de son épouse légale, madame Jouberthon.

L'entrevue ne pouvait aboutir à un tel résultat et elle fit reconnaître, une fois de plus, l'autorité morale de Madame Mère sur tous les siens, sans exception, quels que fussent leurs dissentiments. Ainsi, dès les premiers mots échangés entre Napoléon et Lucien, l'embarras se manifeste, de part et d'autre. L'empereur commence, enfin en ces termes : — Eh bien ! qu'est-ce que vous avez à me dire ? Sire, j'attends ce que Votre Majesté voudra bien me communiquer elle-même. Vous avez eu la bonté de témoigner le désir de me voir ; d'après tout ce que notre mère m'écrit, ainsi que Joseph, j'ose compter sur le retour des bonnes grâces de Votre Majesté. — Et vous pouvez d'autant plus y compter, que cela dépend entièrement de vous.

... La discussion engagée ensuite, avec vivacité, de part et d'autre, Napoléon reconnaissait avoir été trop loin, sur la question essentielle du mariage de Lucien et au sujet de sa femme, en ajoutant : Je vous le répète, je suis persuadé qu'elle est calomniée auprès de moi. Plusieurs personnes ont osé m'en dire du bien, entre autres maman, qui l'aime, m'a-t-elle dit, parce qu'elle vous rend heureux et qu'elle est bonne mère. — Ah ! Sire, c'est bien vrai.

... La discussion continue, Napoléon insiste sur la nécessité, pour lui et sa politique, du divorce de Lucien, qui s'y refuse irrévocablement et finit par se retirer, malgré les instances de son impérial frère pour le retenir à Mantoue. Le témoignage de Madame Mère ne pouvait plus être invoqué, après cette longue, pénible et dernière entrevue.

Mais à défaut de sa présence, chaque fois que le souvenir de Son Altesse Impériale était invoqué, dans la famille, soit sous le nom officiel de Madame Mère, soit sous le simple nom de Madame ou simplement sous le nom familial de maman, ce nom conserva toujours pour tous ses enfants et pour chacun d'eux, sans exception, le prestige de l'autorité maternelle et de la soumission filiale.

L'entrevue de Mantoue en fournit encore la preuve. La discussion, inégale entre les deux frères, portait sur le sort des filles à marier, dans la famille Bonaparte : Napoléon reconnaissait que les deux filles de Joseph, Zénaïde et Charlotte, étaient trop jeunes encore, pour y songer. Mais ne me dites-vous pas, demanda-t-il à Lucien, que votre aînée à quatorze ans ? Eh bien, c'est l'âge. Ne seriez-vous pas disposé à l'envoyer chez maman ? (déjà mariée à cet âge-là, pouvait-il ajouter.) — Lucien, quoique étonné de la demande, s'empressa d'y adhérer. — C'est bien, c'est bien, lui répondit l'empereur, assez brusquement, en tel cas donné, je vous la ferai demander par maman.

Il adresse, en même temps, la lettre suivante à Joseph :

Napoléon à Joseph[22].

Milan, 17 décembre 1807.

Mon frère,

J'ai vu Lucien à Mantoue ; j'ai causé avec lui pendant plusieurs heures. Il vous aura sans doute mandé la disposition dans laquelle il est parti. Ses pensées et sa langue sont si loin de la mienne, que j'ai eu peine à saisir ce qu'il voulait ; il me semble qu'il m'a dit vouloir envoyer sa fille aînée à Paris, près de sa grand'mère. S'il est toujours dans ces dispositions, je désire en être, sur-le-champ, instruit ; et il faut que cette jeune personne soit, dans le courant de janvier, à Paris, soit que Lucien l'accompagne, soit qu'il charge une gouvernante de la conduire à Madame. Lucien m'a paru être combattu par différents sentiments, et n'avoir pas assez de force pour prendre un parti, etc.

NAPOLÉON.

Lettre de Madame Letizia Bonaparte à son fils Lucien (traduite de l'italien) :

Paris, 28 décembre 1807.

Mon cher fils,

Le 11 de ce mois, Joseph m'a écrit, de Bologne, qu'il a trouvé l'empereur dans les meilleures dispositions envers toi et que tu étais parti pour aller le trouver. Cette nouvelle m'a causé beaucoup de plaisir et de contentement, comme tu peux bien le comprendre. Depuis ce temps, j'ai été et je suis encore dans la plus grande anxiété d'apprendre le résultat de votre conférence, mais le silence que tu gardes sur une affaire aussi importante, et dont dépend, comme tu le sais, tout mon bonheur, commence à détruire en moi toute la bonne espérance que j'avais conçue, car je suis persuadée que tu n'aurais pas tardé, un seul instant, à me faire savoir si une réconciliation parfaite s'en était suivie. Pourtant la rumeur publique paraît favorable et annonçait ta réconciliation avec l'empereur. Cette circonstance, quelque faible qu'elle soit, soutient encore mon espoir et je croirai, jusqu'à la fin, que tu veux me procurer une douce surprise, et je ne croirai le contraire que de ta propre bouche ou de celle de l'empereur. Certainement que ce serait pour moi un coup mortel après une douce illusion. — Je me trouve presque remise de mon indisposition dont je t'ai parlé. La bonne nouvelle que j'attends me rendra à ma parfaite santé. Je l'attends avec impatience et je t'embrasse tendrement avec toute la famille.

Je suis ta mère affectionnée,

LETIZIA BONAPARTE.

Paraissant étrangère à la politique, Madame Mère n'y appliquait sa pensée que pour secourir les malheureux, sans distinction départi. Lorsqu'elle n'avait pas assez d'argent pour subvenir à tous les besoins, malgré les secours dus à son œuvre, Son Altesse Impériale se croyait souvent obligée d'intervenir, en prenant sur son revenu personnel le complément nécessaire des dépenses officielles de sa charge. Elle agissait avec tant de discrétion que le public, ignorant sa bienfaisance, la taxait d'avarice.

L'empereur lui-même s'y était trompé, en reprochant parfois à sa mère un défaut qui cachait une de ses vertus. Il lui écrivait cependant un jour, à l'occasion d'un acte du plus généreux désintéressement de sa part :

Je ne puis, Madame, que vous témoigner ma satisfaction du zèle que vous montrez et des nouveaux soins que vous nous donnez. Ils ne peuvent rien ajouter aux sentiments de vénération et à l'amour filial que je vous porte.

NAPOLÉON.

 

 

 



[1] Registre de correspondance du cardinal Fesch.

[2] Copies de lettres adressées de Rome par M. Azzoliui.

[3] Lettre de la collection de M. Morisson (de Londres), transmise de la part de M. Thibaudeau. Voir l'Appendice.

[4] Mémoires du roi Joseph, t. III, p. 347.

[5] Lettre communiquée par M. Charavay (Étienne).

[6] Correspondance de Napoléon Ier, 1864, t. XV, p. 280.

[7] Catalogue de vente, Eugène Charavay.

[8] Bataille d'Eylau, etc. Relation en français et en allemand, broch. in-4°, avec 5 planches, 1807.

[9] Extrait de la collection Armand Drapp.

[10] Le Tour de la Vallée, par Lefeuve, 1856.

[11] Communication du général Princeteau, neveu du duc Decazes.

[12] Histoire de France, par Montgaillard, 2e éd., 1827, t. VI.

[13] Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, par L. Perey, 1880.

[14] Correspondance de Catherine de Wurtemberg, 2 vol. Stuttgart.

[15] Mémoires du roi Jérôme, t. III.

[16] Mémoires de madame de Rémusat, t. III.

[17] Le consulat et l'empire, par Thibaudeau, 1835, t. IV.

[18] Décret du 3 octobre, lettre du 4 octobre 1807.

[19] Mémoires anecdotiques sur l'intérieur du palais, t. IV, 1828.

[20] Correspondance de Napoléon Ier, t. XVI, p. 67.

[21] Lucien Bonaparte et ses Mémoires, 2e édit., 1832, t. III.

[22] Correspondance de Napoléon Ier, t. XVI, p. 234.