Résultats de la
bataille d'Ivry et situation des partis. — Procédures du Parlement contre les
nobles, déserteurs du champ de bataille. — Prédications séditieuses dans les
églises de Caen. — Un jacobin est arrêté et mis en prison ; on est forcé de
le relâcher par crainte d'une sédition. — Arrêt du Parlement contre les
ecclésiastiques. — Refus formel du curé de Saint-Jean de prêcher en faveur du
roi. — Harangues séditieuses à l'Université ; serment que la Cour exige des
professeurs. — Moyens employés par le Parlement pour empêcher les
prédications et les discours séditieux. — Guerre déclarée par le Parlement
aux nobles qui, retirés dans leurs châteaux, n'en sortaient que pour ravager
le pays.— Arrêt contre les pillards de Neuilly-l'Évêque ; prise du château,
sa démolition. — Prise du château de Faugueroon et de plusieurs autres dans
le Lieuvain. — Guerre entre les ligueurs et les royaux dans l'Avranchin ;
part active qu'y prend le Parlement ; lettre qu'il écrit à Canisy ; réponse
de Canisy. — Mort du ligueur de Vicques au siège de Pontorson.
MARS 1590 — AOÛT 1590.
Les
beaux résultats que le Parlement espérait de la victoire d'Ivry ne se
produisirent pas. La Ligue était trop enracinée dans le cœur des populations
pour céder ainsi au coup d'une bataille perdue. Peut-être, en profitant de
son triomphe pour accorder enfin ce qu'on lui demandait depuis si longtemps,
le roi de Navarre eût-il désarmé le plus grand nombre des catholiques ; mais,
ébloui par l'éclat d'un jour de gloire, il voulut commander en vainqueur.
Pante plus grave, il s'arrêta à Mantes, sans motifs, donnant à ses ennemis le
temps de se remettre. Mayenne, génie malheureux, mais tenace et persévérant,
combine aussitôt un nouveau plan de résistance. Il écrit à tous les chefs,
dans les provinces, de ne point perdre courage ; il recommande surtout à Mercœur,
chef de la Ligue en Bretagne, de s'unir à de Vicques, de l'aider à se
maintenir en Basse-Normandie où il tenait encore de très-solides positions[1]. Plus
vif avait été l'espoir du Parlement, plus sa déception fut amère. Elle se
manifesta par un redoublement de rigueurs contre les rebelles, surtout contre
ces royalistes indécis qui n'avaient pas fait leur devoir. En général, la
noblesse s'était bien comportée à Ivry, et Montpensier félicita tout
particulièrement les gentilshommes normands. Mais on savait aussi que
certaines compagnies, composées de hobereaux plus ardents au pillage qu'au
combat, avaient fui dès la première charge des ligueurs ; il en était même
qui n'avaient pas eu le courage de se mettre en ligne[2]. La Cour, indignée, demanda
leurs noms à La Vérune revenu à Caen. La Vérune refusa de les nommer. Aucun
ne fut poursuivi. C'est ainsi qu'après un éclair d'espérance, le Parlement se
retrouva sans force, enveloppé et comme perdu au milieu de la guerre civile
et des dissensions intérieures. Peu de
ligueurs avons-nous dit, furent découragés par la défaite d'Ivry ; leurs
prédicateurs mêmes semblèrent prendre une ardeur nouvelle. Ils travaillèrent si bien, dit d'Aubigné, que
peu de villes en sentirent l'estonnement, et les parlements lignés firent les
plus braves édits qu'ils purent à l'ignominie du roy. Ces prêcheurs étaient, en
effet, plus redoutables que des armées. Puissants, parce qu'ils agissaient
sur les masses, soutenant l'enthousiasme des uns, ébranlant la fidélité des
autres, ici prêchant l'Avent, là le Carême, pénétrant jusque dans les villes
royalistes, y bravant toutes les rigueurs, même la mort, ils se dressaient
partout devant le roi de Navarre. L'histoire ne connaît guère que ceux de
Paris[3] ; chaque province, chaque
ville, chaque paroisse avait les siens ; il en vint un grand nombre à Caen,
où déjà le clergé tout entier appartenait à la Ligue. A son
arrivée, la Cour avait trouvé une opposition sourde chez les ecclésiastiques.
Dès la fin de 1589, elle eut à soutenir une guerre véritable. Au premier
rang, combattaient deux curés, celui de Saint-Jean, le carme Jollain, et
celui de Saint-Pierre, le plus redoutable de tous, car il était en même temps
membre de l'Université, et pouvait y soulever contre le Parlement le peuple
toujours remuant des écoliers, On prêchait dans les écoles comme dans les
églises. Les prêtres d'une paroisse étaient-ils trop timides ? Jacobins,
Cordeliers montaient fièrement en chaire, et la foule les écoutait avidement.
Alors, le bruit de leurs attaques retentissait jusqu'aux oreilles de
Groulart, qui cherchait un moyen de bâillonner ces dangereux orateurs. Un jour
on le prévient que, dans ce couvent même des Cordeliers, où le Parlement
tenait ses séances, il y avait plusieurs frères nouveaux venus, qui
semblaient être des missionnaires de la Ligue, à tel point qu'un de ces pestilents moines, prédicateurs de blasphème avait prêché dans l'église
paroissiale de Froide-Rue, fort
sédicieusement et scandaleusement et comme tâchant d'émouvoir le peuple à
prompte cruauté. Sur
ce rapport de Groulart, la Cour décide qu'on citera le cordelier, et que,
s'il est trouvé coupable de tels damnables
langages, on le
bannira de la ville et de la province, sous peine, s'il y reste, d'être
traité comme criminel de lèse-majesté. Comparaissent alors frère Gilles
Blouin et un de ses compagnons, tous les deux fort effrayés et niant les
faits qu'on leur impute. La Cour se contenta de les réprimander vivement,
avec cette menace que, si l'on acquérait la certitude de leurs sermons
séditieux, et qu'ils négligeassent de prier pour le roi, sa prospérité et son
retour aux commandements de Dieu, on les punirait de manière à donner exemple
aux autres. Au même
moment où le Parlement faisait cette menace, un autre moine, Eustache
Houlley, fougueux et entreprenant, arrivait de Bayeux, ville alors rebelle,
prêchait la Ligue et remuait la ville tout entière. A la défense de monter en
chaire, sous peine de la vie, il répond par une lettre
adressée à Groulart, lettre étrange et pleine de figures, dans laquelle il
parlait d'un couteau et d'un saint clou pris au tabernacle de l'autel, mêlant
à ces images des versets de l'Écriture où l'on ne pouvait méconnaître une
fanatique approbation de l'assassinat de Henri HI. Cette fois, on fait
arrêter Houlley. Amené devant la Cour, on lui demande pourquoi il est allé prêcher
à Bayeux, ville débordée. Il répond audacieusement que
La Vérune le lui avait permis ; il reconnaît, au reste, la lettre envoyée par
lui au premier président et plusieurs papiers. Peu satisfaite de ses explications,
la Cour ordonne qu'il sera détenu dans la prison d'Église, et mis au secret
jusqu'à plus ample informé. Mais ce
n'était pas une entreprise facile que d'arrêter un prédicateur soutenu par le
clergé, bien plus, par la faveur populaire. A peine en prison, Houlley se
répand en plaintes, se prétend malade, demande à être gardé dans une chambre
de son couvent. De leur côté, les gens de la Cour d'Église, irrités de cette
arrestation, agissent à la fois sur La Vérune et sur le peuple ; le cordelier
Blonin retrouve son audace, tonne contre les persécuteurs 'qui jettent en
prison les serviteurs de Dieu ; la foule s'assemble, grossit, murmure,
réclame le prisonnier ; le Parlement, contraint de céder, voulant sauver au
moins les apparences, fait visiter Houlley par un médecin, puis le renvoie à
son couvent, aux Capucins, où, disait-on, les ligueurs seuls étaient admis à
la messe. Houlley
cependant, quamvis in reatu, était si peu gardé dans sa
chambre, qu'il parcourait la ville tout le jour, animant encore
l'effervescence populaire. Les membres du clergé, non contents de leur
première victoire, après avoir délibéré dans l'église Saint-Pierre, vont de
nouveau trouver La Vérune, et lui demandent pour Houlley l'autorisation de
prêcher. On ne pouvait attaquer le Parlement d'une façon plus directe. Pour
détourner cette nouvelle humiliation, Groulart court aussitôt chez le
gouverneur, lui représente fortement quels périls vont surgir s'il favorise
les ecclésiastiques en telles damnables
entreprises. En
même temps on enjoint à Houlley de se rendre à la prison d'Église, s'il n'y
veut être amené de vive force. Houlley ne vint point. Il est à supposer qu'on
prit un moyen terme et qu'il put se retirer, car on ne le revit pas à Caen ;
on ne le retrouve que plus tard, exaltant l'ardeur des Rouennais et prêchant
à la tête d'un escadron de gens d'armes[4]. Houlley
parti, d'autres le remplacent, venant des pays occupés par de Vicques et
soupçonnés d'être ses émissaires. La Cour mande le vicaire des Cordeliers,
lui dit qu'on sait bien que les nouveaux venus arrivent de Bretagne, où il y en a eu de pendus, qu'il se hâte de leur donner une obédience et de
les faire sortir de Caen, sans quoi la Cour y
mettra la main à leur préjudice et scandale[5]. Le prieur des Jacobins reçoit
le même ordre, et l'on fait par toute la ville un cri public contre les
prédicateurs séditieux[6]. On avait tenté d'abord de
pallier le mal par le choix de gens dévoués ou du moins inoffensifs. On avait
jeté les yeux sur un certain M'. Bagot, jacobin de Laval, que l'on dit prescher saintement ; on avait dit aux
vicaires-généraux de Bayeux, le siège vacant, d'envoyer de bons prédicateurs,
sans quoi l'on s'en prendrait à eux. L'official est également cité, et la
Cour lui ordonne de faire prier pour le roi et les princes du sang,
d'empêcher surtout les conventicules des ecclésiastiques. Les conventicules étaient
l'épouvantail de ce temps-là, et l'on répandait sur eux des bruits dont
l'absurdité même démontre la fausseté. On affirmait qu'ils se tenaient dans
l'église Saint-Pierre, qu'on y machinait d'épouvantables complots, qu'on y
profanait les choses saintes. On enjoint donc à l'official qu'il ait à
surveiller les ecclésiastiques, parce qu'il
n'y a privilége quelconque par lequel ils se puissent exempter de punition
exemplaire. Le
pauvre homme répondit, comme tous les autres, qu'il y fait ce qu'il peut et qu'il
n'y peut rien[7]. Au
milieu de tous ces embarras, Groulart était le plus souvent cloué dans son
lit par la goutte ; mais telle était la force de son courage que, malgré ses
souffrances, il n'en dirigeait pas moins le Parlement par ses conseils, et
continuait de donner à tout une infatigable attention. Caen se remplissait de
gens bannis par les gouverneurs royalistes de Falaise, d'Argentan, d'Alençon
: Groulart l'apprend et prévient la Cour que la ville est menacée d'une
trahison. Sous le coup de ces alarmes, on redouble de rigueurs contre les
ecclésiastiques, qu'on savait toujours prêts à favoriser ces entreprises. Les
curés, les chefs des ordres religieux sont de nouveau vivement incrépés ; on leur commande de prier Dieu pour Henri IV, notre souverain et légitime prince : la plupart d'entre eux se
retirent en murmurant ; le curé de Saint-Pierre cherche des excuses ; deux
capucins déclarent hautement qu'ils ne peuvent obéir, saulves leurs consciences. Le curé de Saint-Jean, frère Jean Jollain,
continue de prêcher contre le roi. On le fait venir, on lui dit qu'il doibt savoir le commandement de Dieu d'obéir aux
roys qu'il a donnez à son peuple, encore qu'ilz ne fussent telz qu'ilz
doivent, ce qu'il ne peut prétendre du roy Henri IV... qui est roy le plus doux, plus gracieux, consommé en
toutes vertus, lequel a promis maintenir l'Église catholique, apostolique et
romaine, et tous les ecclésiastiques en leurs privilèges comme chascun voit
qu'il fait. Les
conseillers jugeaient trop sainement les choses pour croire qu'en ce temps-là
et avec de tels hommes ce système de gouvernement fût possible ; mais pris
entre leurs convictions religieuses et leur dévouement au roi, ils cachaient
leurs craintes et affectaient la confiance. Pour le curé de Saint-Jean, que
les mêmes difficultés n'arrêtaient pas, il répondit, sans hésiter, qu'il ne
pouvait prêcher pour un roi qu'il ne croyait pas légitime. Le Parlement
rendit aussitôt un arrêt de privation de bénéfice contre ledit Jollain et de
bannis-sentent hors de Normandie, comme se
monstrant adhérant et participant à la conspiration générale faite par luy et
les autres moynes contre le roy, son royaume et repos public[8]. Le
Parlement s'effrayait tellement de la puissance de ces moines qu'il eût voulu
les atteindre dans toutes leurs chaires. On s'informait de leur conduite dans
toute la province, et les rapports abondaient, exagérant encore le mal. Si
peu qu'un sermon sentît la Ligue, on accusait le prédicateur d'avoir prêché
l'assassinat du roi et de' ses partisans[9]. Les chefs d'armée eux-mêmes
avaient l'ordre de ne pas les épargner. Henri IV écrivait à Canisy, alors
dans le Cotentin, à la tête d'une compagnie de chevau-légers, de veiller à ce que les prédicateurs n'eussent à prescher que la
parole de Dieu. C'était
la formule consacrée[10]. Le Parlement écrivait au
gouverneur d'Évreux pour lui reprocher de n'avoir pas agi assez sévèrement
contre un prédicateur de la Ligue : En tels
crimes et si exécrables, l'on doit commencer par l'exécution de mort[11]. Il ne parait pas cependant
qu'il y ait eu beaucoup de condamnations capitales. On n'y allait pas avec
tant de douceur au Parlement de Tours, où plus d'un prédicateur fut pendu ;
mais, en Normandie, il fallait user de ménagements avec eux, à Caen surtout,
où de telles exécutions auraient déchainé des tempêtes. Un jour qu'on menait
au supplice le chanoine Coupigny, La Vérune l'arracha des mains des
bourreaux. S'il y en eut de frappés, c'est qu'ils étaient presque toujours
coupables d'autres crimes que de leurs sermons. Ce
n'était pas seulement le clergé qui fût redoutable : partout où retentissait
une parole, elle attaquait hautement ou par allusion une royauté protestante.
Nous avons déjà parlé des discussions politiques qui avaient envahi les cours
de l'Université et remplacé les doctes leçons. Des discussions on y passait
aux injures, des injures aux combats ; le Parlement dut s'en mêler[12]. Il craignait avec raison cette
fougueuse jeunesse, chez laquelle de prudents calculs n'arrêtaient pas
l'ardeur. Cette dangereuse étincelle pouvait, au premier souffle, enflammer
la ville. Régents, docteurs, suppôts furent cités à la Cour, et l'on dressa
le formulaire d'un serment qu'ils durent prêter. Fidélité au roi, réprobation
de la Ligue, dénonciation même de ses partisans, promesse de maintenir leurs
élèves en bonne discipline, de les élever dans la crainte de Dieu et dans les
principes de la religion catholique, tels étaient les points principaux. Mais
il en est un sur lequel on insiste, et qui révèle quelque offense des
étudiants envers la Cour : Vous les nourrirez, disait la formule, en l'obéissance du roy et de ses officiers, en la main
desquelz il a déposé l'authorité publique, leur enseignerez que la puissance
du magistrat est de Dieu, et que qui résiste à son ordonnance, s'oppose à la
puissance de Dieu[13]. Graves maximes, qui montrent
de quelle autorité ces hommes se croyaient investis, et nous expliquent leur
raide et fière attitude. Toutefois,
peu rassuré par les promesses des ecclésiastiques et le serment des
professeurs, le Parlement eut recours à un dernier moyen. On répartit les
conseillers deux par deux dans toutes les églises de la ville, afin d'y
surveiller les sermons et d'y faire prier pour le roi[14]. De même pour les cours de
l'Université, les réceptions de docteurs, les séances solennelles ; sous
couleur d'augmenter l'éclat de la fête, Groulart, de Lisores, Le Bretel y
viennent imposer la modération[15]. La présence de ces magistrats,
au visage grave et sévère, tempérait l'ardeur des mécontents, et arrêtait sur
les lèvres frémissantes les paroles emportées. C'est ainsi qu'ils parvinrent
à contenir ces rudes adversaires et à les réduire au silence. Sans doute plus
d'un prédicateur brava encore la présence des conseillers ; mais ce ne sont
plus là que les derniers éclats d'un tonnerre qui s'éloigne. A peine
fut-il moins en péril de ce côté, que le Parlement se tourna vers d'autres
ennemis qu'il n'avait pas moins à cœur d'abattre, vers ces nobles qui, à la
tête de petites bandes, battaient et ruinaient le plat pays. Le Parlement
voyait dallé ces partisans moins des ligueurs que des voleurs, qui
profitaient des troubles pour exercer leurs brigandages et ramener la France
à ces temps misérables où, de chaque donjon, de chaque repaire fortifié, on
s'élançait impunément au pillage du paysan et du voyageur[16]. La Cour avait raison pour la
plupart d'entre eux, surtout si elle eût enveloppé les royalistes dans la
même condamnation. Déjà commençait cette guerre aux châteaux, ce grand
nivellement du monde féodal, 'qu'achèvera le bras persévérant de Richelieu.
Il semble, d'ailleurs, que les deux partis, royaliste et ligueur,
conspiraient pour compléter cette destruction ; des deux côtés, ce sont les
mêmes défenses de fortifier les demeures privées, le même ordre aux armées de
les raser jusqu'au sol. Si l'on eût exécuté ces édits, le siècle suivant
n'eût pas trouvé un seul château debout sur toute la terre de France. En
Normandie, il n'y en avait guère qui ne fussent alors transformés en
forteresses. Chaque seigneur armait ses cuirassiers, ses arquebusiers à
cheval, et, sous la couleur blanche ou verte, exerçait ses vengeances
particulières et désolait la contrée. Ce n'était pas la guerre ; c'était pis
encore. Une armée passe comme un torrent, trouve une armée ; le combat
s'engage, le sang coule à flots ; mais, la bataille terminée, les troupes
s'éloignent et le pays respire. Avec ces courses de partisans, on n'avait ni trêve
ni relâche ; on ne les attendait pas, et ils vous surprenaient ; on les
poursuivait, et déjà ils étaient à l'abri dans leurs fortes murailles.
C'étaient ces ravages qui excitaient la colère du Parlement ; c'étaient ces
pillards et ces voleurs qu'il voulait écraser sous les ruines de leurs
donjons. Il en
était un surtout contre lequel la Cour était depuis longtemps irritée, de
Longaunay de Dampierre, qui tenait le château de Neuilly, forte position sur
les bords de la Vire. Les récits du temps rapportent plusieurs de ses
sinistres exploits, et longtemps leur souvenir s'est conservé avec une vague
terreur au sein des campagnes. A l'improviste, il embarquait sa bande, et,
comme au temps de l'invasion des pirates du Nord, il s'abattait sur un
château ennemi, faisait éclater la porte à coups de pétard, s'emparait des
habitants, les emmenait à Neuilly, d'où ils ne sortaient plus qu'en payant
d'énormes rançons. C'est ainsi qu'il venait de prendre le château de la
Haule, et de tirer de Jean Duchemin, seigneur du lieu, une somme de trois
mille écus[17]. Ce dernier exploit acheva
d'exaspérer les royalistes, et Thorigny, qui commandait en Cotentin, résolut
de mettre fin à ces brigandages. Mais, comme l'argent lui manquait, il envoya
un de ses officiers demander à la Cour quatre ou cinq mille écus pour faire
conduire l'artillerie devant ce repaire de Neuilly. Le
Parlement répondit par une lettre très-flatteuse, signée : Vos frères et bons
amis, et sur-le-champ se mit en devoir de réunir la somme demandée. Ce
n'était pas chose facile. La Vérune et les autres officiers de la Ville,
sollicités à cet égard, répondent qu'ils y aviseront : toutefois semble qu'ils n'y ont aucune dévotion. Même résultat dans une
assemblée du bailliage. Les trésoriers de France répliquent que, loin d'avoir
des fonds a envoyer, ils ne sont même pas payés de leurs gages. On multiplie
les arrêts : ordre est donné aux habitants de Saint-Lô, à ceux de Carentan,
de contribuer pour leur part, au receveur de l'abbé de Saint-Thaurin à
Périers, à celui de la baronnie de la Haye-du-Puits, de fournir les deniers
conservés dans leurs mains. Mais tout cela ne donnait pas l'argent
nécessaire, et la Compagnie, malgré son zèle, n'avait pu réunir que trois
cents écus, quand, le 29 mai, Montpensier arriva avec sa petite armée. A son
entrée, une députation du Parlement lui présenta l'arrêt rendu contre Dampierre
; puis Groulart, prenant le duc en particulier, lui remontra combien le
château de Neuilly était dommageable au roi et à son pauvre peuple ; que ce
serait faire un bon service à tous que de l'abattre et raser, parce qu'en temps de paix ou de guerre, il ne sert que
pour loger des brigands ou voleurs qui saccagent et ruinent le pauvre peuple[18]. Les vives et pressantes
raisons de Groulart décidèrent Montpensier, qui aussitôt marcha sur Neuilly,
accompagné de La Vérune et de Renty, et qui fut rejoint sous les murs de la
place par Thorigny. Avec
ces forces si imposantes, soutenues d'une nombreuse artillerie, il était
facile de réduire le château et de s'emparer de ses défenseurs. Mais cet
exemple fait bien voir le caractère particulier de ces guerres et nous en
explique la longueur. Dampierre, que le Parlement avait mis hors la loi, fut
reçu par Montpensier à composition ; lui et les siens eurent la vie sauve ;
il leur fut permis de se retirer où ils voudraient, de refuser même le
serment de fidélité au roi, à la seule condition de sortir de Normandie ;
bien plus, on paya à Dampierre trois mille écus d'indemnité. Quant aux
nombreux pillages commis par lui et les siens, la capitulation en traitait
dans un article dont la rédaction est un prodige d'habileté. Les ravages et
les vols y sont dits faits de guerre ; nul ne pourra demander de restitution[19]. Pour plus de sûreté encore, La
Vérune, Renty, Beaumont se portèrent garants de l'exécution du traité, et, de
fait, à l'ombre de cette protection, on vit, quelques jours après, Dampierre,
suivi de nombreux estafiers, se promener fièrement dans les rues de Caen, aux
yeux des conseillers indignés. Suivant un vieux proverbe, encore populaire de
nos jours : les loups ne se mangent pas entre
eux. C'est ainsi
qu'en toute occasion, on voit les chefs[20] des deux partis se mettre
d'accord pour échapper à la justice du Parlement. Mais, une fois Dampierre
indemnisé, quand Montpensier n'eut plus devant lui qu'une propriété des
chanoines de Bayeux, gens peu aimés et qui sentaient la Ligue, il la fit
ruiner de fond en comble, ce qui est une
signalée perte pour l'évesché et l'église de Bayeux, d'autant que, de tout
temps, pour sa forteresse inexpugnable, c'estoit l'asile et refuge des
ecclésiastiques, joyaux, ornements et titres d'icelles, comme en ladite année
des ravages, 1562, plusieurs y conservèrent leurs vies[21]. De Longaunay fut également
cause de la ruine de l'église d'Isigny, qui avait conté beaucoup au chapitre
de Bayeux. Montpensier
se hâta de revenir sur ses pas et de courir au pays d'Auge, où Tavannes
tenait toutes les garnisons royalistes assiégées et ne parlait pas moins que
de marcher sur Caen[22]. Le Parlement, bien qu'au fond
très-peu satisfait, complimenta le duc à son passage. II se présenta même
alors un petit incident qui montre bien que, dans tous les temps et dans
toutes les conditions, les hommes sont sujets aux mêmes faiblesses. Montpensier
s'en allait au pays d'Auge, disposé à sévir contre les ligueurs et surtout
contre un certain Beschard, de Pont-l'Évêque, procureur du roi passé à la
Ligue, et dont il voulait faire démolir la maison. Le président de Lisores,
un de ces hommes inflexibles qui demandaient qu'on rasât les châteaux, s'en
vint prier le duc d'épargner cette maison, parce qu'il avait des hypothèques
sur elle. Montpensier, depuis longtemps de mauvaise humeur contre le
Parlement, répondit qu'il ne voudrait point porter préjudice à M. de Lisores,
mais que Beschard avait assez de fortune ailleurs pour garantir ses créances.
Il maltraitait plus rudement encore le conseiller Cabard, avec lequel il
avait eu des difficultés à l'occasion de la prébende de Loches et de la
dignité de chantre de Bayeux ; enfin il quitta la ville pour gagner Sainte-Barbe-en-Auge,
rendez-vous qu'il avait assigné à la noblesse et aux différentes compagnies.
Il n'y trouva que peu de monde. Les nobles consentaient encore à combattre
dans leur pays, à proximité de leurs domaines ; mais, s'il en fallait
franchir les bornes, leurs compagnies se débandaient aussitôt. Ne pouvant
entreprendre d'opérations sérieuses, Montpensier fit encore de ce côté la
guerre aux partisans. Ceux du château de Fauguernon[23], sommés par deux fois d'en
sortir, refusent obstinément. Montpensier se présente en personne ; même
refus. Quelques volées de canon les décident à se rendre, et, comme on ne
trouva dans le château que des gens de peu, sans influence et sans nom, le
duc en fit pendre ou étrangler dix, pour
servir d'exemple à tous ceulx qui voudroient estre par après si téméraires
que d'attendre le canon de Sa Majesté. Quelques jours plus tard, quatre autres
prisonniers subirent le même sort sur une des places publiques de Lisieux ;
puis on imposa des corvées aux paysans du voisinage pour démolir les
fortifications de Fauguernon. Corvées pour bâtir, corvées pour détruire,
c'était toujours le lot du paysan[24] (12 juin). Le
Parlement rendit encore d'autres arrêts contre Tavannes, Vicques, dit de
L'Isle-Manière, Pierrecourt de Longchamp qui tenait le château de Courtonne[25]. De son côté, le gouverneur de
Dieppe, Aymar de Chattes, rasait tous les châteaux qu'il pouvait surprendre.
Les ligueurs imitaient les royalistes ; c'était une guerre sans fin. Les
gens, chassés d'une place, se jetaient dans une autre et recommençaient leurs
courses. C'est ainsi qu'on voit les bandes sorties de Neuilly se réunir sous
les murs de Carentan, et y braver la Cour qui, malgré la capitulation,
voulait les faire amener à Caen, morts ou vifs[26]. La Cour elle-même ne pouvait
suivre tous ses desseins, au milieu de mille préoccupations et des événements
qui chaque jour détournaient son attention. La
guerre ne cessait pas dans le sud-ouest de la Normandie, guerre non plus de
simples partisans, mais de compagnies organisées, aux couleurs bien connues
et commandées par des chefs énergiques. A la tête des ligueurs était de
Vicques, non moins infatigable qu'intrépide, sans cesse en campagne, le
harnais sur le dos. Le Parlement le connaissait bien, et ce hardi capitaine
était sa plus grande terreur. A chaque page des registres, on trouve des
mesures ou des arrêts contre lui ; mesures déjouées, arrêts inutiles. Ses
adversaires toutefois étaient dignes de lui ; les huguenots de Charnay, de
Lorge, Corboson La Coudraye rivalisaient avec lui d'audace et d'activité ;
mais au premier rang étaient Thorigny et ce brave Canisy qui, ayant eu une
partie du menton emportée dans une rencontre, répondait à ceux qui le
plaignaient : Qu'importe, puisqu'il m'en
reste assez pour crier Vive le Roi ! Qu'on imagine ce que devait être la guerre faite
par de tels hommes et dans un pays dont ils sentaient toute l'importance
stratégique. C'était là, en effet, le point de jonction des ligueurs de
Bretagne et de ceux de Normandie ; c'est par Avranches qu'ils communiquaient
et se donnaient la main. Aussi on s'en disputait la possession avec
acharnement : on n'y voit que surprises de bourgs, attaques subites de corps
isolés, enlèvements de bagages. Le Mont-St : Michel est pris et repris
plusieurs fois. Cent-trente huguenots du régiment de Draqueville tombent à
l'improviste sur Villedieu, entrent dans l'église, la pillent, brisent
crucifix et statues. Soudain, d'assiégeants devenus assiégés, ils y sont
surpris, enfermés, égorgés[27]. Là, de Vioques bat Canisy, lui
tue soixante hommes, prend ses bagages[28]. Ailleurs, les royalistes
enlèvent Pontorson[29]. Les paysans, lassés d'être les
témoins inactifs d'une guerre dont ils étaient toujours les victimes,
finissaient par s'y mêler et devenaient redoutables. Les débris de
l'insurrection des Gauthiers se reformaient par bandes ; dans le bailliage
d'Alençon, à Essay, les Lipans désolaient le pays[30]. Chaque jour était témoin d'un
combat ; mais le succès n'était jamais qu'éphémère, et les vaincus de la
veille se trouvaient souvent vainqueurs le lendemain. Le
Parlement suivait d'un œil inquiet tous les mouvements des partis, et
s'efforçait de relier entre elles les compagnies royalistes dispersées. Quand
Saint-Quentin surprit Pontorson, ce fut le Parlement qui écrivit en toute
hâte au comte de Thorigny de courir à son secours[31]. Il s'efforçait encore de
grossir les forces du roi[32], épuisait ses dernières
ressources pour leur envoyer quelque argent[33], défendait ses chefs contre les
diffamations de leurs ennemis[34], et, comme à leurs victoires,
prenait part à leurs revers. On possède une très-belle lettre du Parlement à
Canisy, qui venait d'être battu devant Avranches, par suite de la défection
de ligueurs mal ralliés : Monsieur,
nous avons entendu ce qui s'est passé, dont nous recevons le deplaisir que
doivent personnages affectionnés au service du roy et bien de ce pays. C'est
pourquoy nous avons depesché cet homme pour vous tesmoigner que, parmi ce
malheur, nous louons Dieu de ce qu'il vous a reservé, pour l'esperance que
nous avons en vostre vertu, qui saura bien se venger de ce trait. Ce qui nous
faict évertuer, de notre costé, de sorte que vous en aurez toute l'assistance
que vous pourrez desirer, que, nonobstant les considerations de quelques-uns,
nous procederons par telles contraintes que chacun connoistra à quoy il est
obligé au bien du pays ; et en eussions desja fait sortir les effects,
n'estoit que, pour plus. grand pouvoir, nous attendrons le retour de Monsieur
de Mathan, mais la necessité nous fera mettre la main à l'œuvre, nous
asseurans que Sa Majesté l'aura pour agréable. Monsieur, les gens tenant le
'Parlement du Roy en Normandie, vos bons amis[35]. La
réponse de Canisy n'est pas moins belle dans sa brève simplicité. On devine à
ses phrases, incomplètes parfois, presque toujours expressives, qu'elle est
écrite par un homme de guerre, sur le champ de bataille : Messieurs,
avec beaucoup de contentement j'ay reçu de vos nouvelles ; mon pouvoir, les
efforts de ma vie seront toujours tesmoins du debvoir que j'apporteroy au service
du Roy, bien et repos du pays ; et, si le malheur n'eust traversé le dessein,
et le manquement du debvoir qui se debvoit esperer de tant de gens, j'espere
que le mal, qui en est réussy, eust été autant de bien, d'honneur et de
gloire. Je fais mon pouvoir par mes amis pour les convier à un second effort
; lever des gens de pied ; demander un peu d'assistance et, s'il vous
plaisoit leur en departir, effectuant en cette occasion ce qu'il vous
plaisoit leur promettre au premier, j'espererois que un chascun prendroit
courage et bientost se remettroit en estat de bien faire ; car ils manquent
plus de moyens et d'armes que de volonté et d'hommes. J'ay ici sur les bras
ce qu'il y en a de blessés et beaucoup de prisonniers que je racheteroy, pour
m'estre si assurez et de longtemps si affectionnez que je ne les laisseroy
pour tout le moyen, faute de commodité, miserables entre les mains des
ennemis. Ces considerations sont cause que je vous suplie tres-humblement ne
vous attendre du tout sur moy, et vous contenter de ce que peut faire un tres
fidele serviteur pour le service de son roy ; et, pour vous en particulier,
faites estat tres-assenré que je suis, Messieurs, vostre tres-obeissant et
plus fidele pourvous faire service. CANISY. — De Saint-Lô, ce 11e d'aoust 1590[36]. Peu de jours après, la- cause royale se relevait de cet échec devant les murs de Pontorson. Cette ville, d'abord ligueuse, puis livrée aux royalistes par les nombreux protestants qu'elle renfermait, coupait les communications entre Avranches et les villes bretonnes de l'Union ; de Vicques, impatient de reconquérir la place, pria Mercœur, qui commandait en Bretagne, de se joindre à lui pour la reprendre. Pontorson fut attaqué à la fin d'août 1590. C'était une opération importante, dont le succès eût livré la Basse-Normandie aux ligueurs, et qui fit craindre au Parlement d'être assiégé à son tour. Il écrivit, en toute hâte, au prince de Dombes et au gouverneur d'Angers de courir au secours de Pontorson ; à Caen, il fit boucher les portes inutiles, doubler la garde des autres, surtout aux portes de Bayeux et de Saint-Julien[37]. Pontorson cependant se défendait avec vigueur ; mais les assiégés allaient succomber sous l'effort des ennemis, dont les rangs se grossissaient tous les jours, quand la mort de de Vicques découragea les Normands qui se retirèrent, abandonnant Mercœur, contraint alors de lever le siège. De Vicques avait été tué par trahison, combattant, dit un annaliste contemporain, pour la cause de l'Église de Dieu [38]. En effet, ce que nous savons du caractère de l'héroïque capitaine et de son désintéressement nous permet de croire à la sincérité des convictions qui lui avaient mis les armes à la main, croyance chère à l'esprit et qui réconcilie avec les hommes de ce temps-là. On aime, après avoir rencontré tant de consciences vénales, tant de gens indécis comme La Vérune, tous ces brigands qui mettaient à profit les troubles pour exercer en grand leurs pillages, comme ceux de Neuilly, de Courtonne et tant d'autres, on aime à trouver de nobles caractères, le courage civil de Groulart, la bravoure de Canisy, de Thorigny, de de Vicques, leur dévouement inébranlable. C'est là ce qui relève cette époque, d'ailleurs si misérable ; on sent qu'un pays ne peut être perdu, même par des guerres civiles, quand il possède de tels hommes, et que, la paix revenue, la réunion accomplie, ce pays, par un commun effort, redeviendra plus grand, plus fortuné, plus glorieux que jamais. A travers les épais brouillards de la Ligue perce déjà, par ces vifs et éclatants rayons, l'aurore du beau règne de Henri IV. |
[1]
Lettre de Mayenne, 10 mai 1590. Bibl. imp., ms. ancien fonds, n° 9035.
[2]
Lettre à Mercœur. Bibl. imp., ms. Colbert, f° 33. Dépêche secrète dont on ne
peut suspecter la bonne foi.
[3]
Ch. Labitte, De la diémocratie chez les prédicateurs de la Ligue.
[4]
Reg. secr., 12, 15, 24 février, 5 mars 1590. — Floquet, Histoire du
privilége de Saint-Romain, t. Ier, p. 883.
[5]
Le vicaire des Cordeliers, interrogé sur les sermons de Blouin, a dit qu'ils (lui et les autres religieux) ont par plusieurs fois incrépé ledit Blouin pour ses fautes
et vices, et que les religieux s'en estoient aigrement attaquez à luy, à raison
de quoy il s'est jetté sur l'un d'eux qu'il a accablé et blessé par le visage.
Reg. secr., 2 mai 1590.
[6]
Reg. secr., 26 février, 25, 28 avr. 1590.
[7]
Reg. secr., 19 fév., 5 mars 1590.
[8]
Reg. secr., 12, 26 mai 1590.
[9]
A la rentrée du conseiller Piperay, réfugié à Bernay, on lui dit qu'un billet
prévient qu'à Bernay, ce carême, un cordelier prêcha qu'il fallait tuer le roi
et ses partisans, comme on avait fait à Henri III. Piperay nie le fait ; il n'y
eut pas tels propos, mais d'autres dont il se scandalisa. — Reg. secr.,
18 mai 1590. M. Floquet donne, par mégarde, comme un fait avéré l'allégation
démentie par Piperay.
[10]
Reg. secr.. 31 juillet 1591.
[11]
Toustain de Billy, Hist. man. des év. de Coutances, f° 1510.
[12]
Reg. secr., 17 février 1590.
[13]
Ce serment, qui se trouve en tête du registre commençant en 1589, n'y fut
certainement mis qu'en février 1590.
[14]
Reg. secr., 24 mai 1590.
[15]
Ce fait très-curieux nous est révélé par un manuscrit de la bibliothèque de
Caen, Matrologiunt Medicinœ Facultatis eadomensis, f° 424 v°, 125.
[16]
Il n'est pas dans la pensée de l'auteur de ce mémoire de caractériser par ces
paroles toute la féodalité. A vrai dire même, elles ne s'appliquent qu'à ces
temps malheureux où la féodalité n'existait plus que de nom, au XIVe siècle,
aux temps désastreux de la guerre de Cent-Ans.
[17]
Toustain de Billy, Mémoires ms. sur le Cotentin, f° 186.
[18]
Reg. sec., 30 mai 1590. — Il est curieux de rapprocher de ces paroles
une remontrance des ligueurs à Mayenne ; on le prie de (Art. XII) : faire raser les chasteaux et maisons fortes des
gentilshommes et autres du parti contraire, lesquels ne servent que de
retraites aux voleurs et receptacles de leurs larcins, que d'empêcher la
liberté du commerce, et qui causent une grande dépense à y entretenir des
garnisons nécessaires et à les reprendre quand nous les perdons. Mém.
de la Ligue, t. III, p. 538. — V. encore Démolition du château de
Blainville, d'après un arrêt du Parlement ligueur de Rouen ; Reg. de
l'Hôtel-de-Ville de Rouen, 20 mars 1591 ; Reg. sec. du Parl. ligueur,
22 mars 1591.
[19]
Archives de l'Empire, K. 404.
[20]
Reg. sec., 10 juin 1590.
[21]
La Chronologie des évoques de Bayeux, manuscrit de la bibl. de Caen, f°
102.
[22]
Reg. sec., 28 mai 1590.
[23]
Fauguernon, arrondissement de Lisieux.
[24]
Arch. de l'Emp., K. 105-2.
[25]
Reg. sec., 16, 23 juin 1590.
[26]
Reg. sec., 13 juin 1590.
[27]
Ann. relig. de l'Avranchin, p. 279, d'après un ms. du temps. Reg.
sec. du Parl., 6 juillet 1590.
[28]
Annal. civ. et mil. de l'Avranchin, p. 380.
[29]
Reg. sec., 28 avril 1590. Ann. relig. de l'Avranchin, p. 279.
[30]
Mém. hist. sur Alençon et ses seigneurs, t. II, p. 388.
[31]
Reg. secr., 28 avril, 18 mai 1590.
[32]
Reg. secr., 23 juillet 1590.
[33]
Reg. secr., 28 août 1590.
[34]
Le 19 juillet 1590, on trouva sur les murs de Caen ce placard : A Thorigny. Petit traistrot de comte de Thorigny, vous faite
à présent bien l'empesché pour ne vouloir secourir le Pontorson, alles y faire
lever le siège que, par nuire menée, le traistre volleur de Vicques a assiégé ;
vostre belle composition lui a remis les armes en ses mains. S’il en arrive
faute, songez que deviendra vostre teste ; vous avez gaîté Canisy et le pays
aussy. s Le Parlement promit 500 écus à qui révélerait le diffamateur ; mais
Thorigny demanda qu'on suspendit les poursuites, disant : s qu'il espérait
taire paroistre au roy, par bons et signalez services, combien il luy est
affectionné et fidelle serviteur, de manière que homme vivant ne lui sçauroit
imputer chose qui luy pust souiller son honneur. Reg. secr., 17,
20 juillet 1590.
[35]
Reg. secr., 9 août 1590.
[36]
Reg. secr., 13 août 1590.
[37]
Reg. secr., 14 sept. 1590. Archives de la ville de Caen, Reg. 29,
f° 184.
[38]
Histoire de Bretagne, t. II, p. 393-394. Histoire du
Mont-Saint-Michel et de l'ancien diocèse d'Avranches, t. Il, p. 231.