L’HÉRITAGE DE DARIUS

 

CHAPITRE XII. — LA PAROPAMISADE. - SUITE DU VOYAGE DE FERRIER. D’HÉRAT À BALKH  ET DE BALKH À HÉRAT

Texte numérisé par Marc Szwajcer

 

 

Ferrier nous représente la Paropamisade comme une immense forteresse jetée au centre el au point culminant du grand plateau asiatique. Il voudrait y comprendre tout le pays montagneux enfermé dans le cercle que forment Hérat, Meïmana, Balkh, Bamian, Kélat Ghaldjéhi, Kandahar, Zemindavar et Sakhar. La Paropamisade, pour moi, se composerait surtout des vallées du Mourgh-Ab, de l’Heri-Roud, du Dehas, de l’Hirmend et de la vallée de Caboul. Je vois ainsi le Mourgh-Ab serpenter entre les montagnes du Turkestan (Tirbend-i-Turkestan) et les montagnes Blanches (Sefid-Koh), avant d’aller se perdre dans le pays de Merv ; l’Heri-Roud se diriger droit à l’ouest vers Hérat, contenu d’un côté par les montagnes Blanches, de l’autre par les montagnes Noires (Siah-Koh) ; le Debas descendre du sud au nord, du Koh-i-Baba vers Balkh ; l’Hirmend prendre naissance sous le parallèle de Caboul et couler au midi ; la rivière de Caboul tourner brusquement à l’est et aller, grossie du Logar, porter, à travers les gorges les plus abruptes, son puissant tribut à l’Indus. Ce réseau de fleuves m’aide à me figurer le labyrinthe de montagnes qui en déverse les eaux dans la région habitée par les Hézarèhs, dans les plaines de la Bactriane, dans le Kohistan, dans les districts de Peshaver et de Djellalabad.

Est-ce là un examen suffisant de la Paropamisade ? Ne nous importe-t-il pas d’apprendre comment cet éternel boulevard de rochers et de neiges s’est montré aussi impuissant que les Pyrénées et les Alpes à défendre le riche territoire qu’il avait en quelque sorte la mission de couvrir ? L’Afghanistan, qu’on croirait si bien protégé, est en réalité beaucoup plus ouvert à l’invasion que la Cerdagne ou la Lombardie. Les Huns blancs, Gengis-Khan, les Scythes de Ferghana conduits par l’empereur Baber, sont descendus comme une avalanche de ces sommets qu’Alexandre avait surmontés pour passer de l’Afghanistan dans la Bactriane. Ce n’est donc pas seulement du côté de la Perse que les portes de l’Inde sont ouvertes ; on peut les forcer aussi du côté du nord. Il n’est même pas nécessaire d’emprunter la vallée de Merv pour arriver par la vallée d’Hérat à Caboul ; il est peut-être plus simple et plus facile encore d’y venir directement de Samarkand, de Koundouz, de Bokhara ou de Balkh. Chose étrange et qui ne laisse pas d’éveiller dans l’esprit le sentiment, je dirai presque la sensation des fatalités historiques, ce ne sont pas les Russes, ce sont les Anglais qui ont pris soin d’explorer à nouveau ces chemins que leur intérêt leur conseillait, avant tout, de fermer. Il n’en restait plus qu’un seul à sonder ; notre compatriote M. Ferrier a comblé la lacune ; il a visité la contrée où se sont établis de préférence les descendants des premiers conquérants mongols. Si les Macédoniens, dit-il, eussent passé là en été, ils auraient évité les souffrances cruelles qu’ils endurèrent. Ils auraient trouvé des eaux vives dans toutes les directions et une chaleur tempérée par les courants d’air que rafraîchit le contact de cimes éternellement glacées.

M. Ferrier désirait offrir ses services au Maharadjah du Pendjab ; il partit d’Hérat avec l’intention de gagner Caboul et Peshaver par un long détour, par Balkh, Khoulm et Bamian. Les guerres intestines qui désolaient à cette époque la montagne l’obligèrent à renoncer, après mille épreuves, à son projet : il revint à Hérat, en traversant le pays des Hézarèhs. Toute la partie occidentale du massif montagneux de la Paropamisade lui devint ainsi familière ; nul mieux que lui n’eût été en mesure d’y conduire une armée. Grâce à ses renseignements, il me semble que nous pourrions presque y circuler nous-mêmes, sans courir le risque de nous égarer.

De Balkh à Hérat, en passant par Khoulm et Ser-Peul, ce serait un voyage de seize jours seulement, si nous étions, comme le vaillant capitaine de chasseurs d’Afrique, ou comme les hétaires de l’Agéma, de taille à fournir des étapes de 60, de 70, de 80 kilomètres : employons un grand mois à faire ce long trajet de 936 kilomètres, nous n’aurons pas encore perdu nos journées. On pourrait, il est vrai, gagner la ville et le défilé de Bamian sans passer par Khoulm. Cette route, nous dit Ferrier, est assurément la plus courte pour arriver à Caboul ; mais il est presque impossible à un étranger de s’y aventurer. C’est pour cela qu’on préfère toujours la route de Khoulm, quoique plus longue. D’accord sur ce point avec les officiers du génie anglais, Ferrier affirme que de Khoulm à Bamian, aussi bien que de Bamian à Khoulm, il n’est pas difficile de transporter de l’artillerie. Nadir-Schah, écrit-il, quand il revint de l’Inde et voulut marcher à la conquête de Bokhara, fit passer sa grosse artillerie par ces défilés. Ferrier n’ajoute pas que ce fut un tour de force. Recrutez sur les lieux deux cents Hézarèhs, attelez ces montagnards au pied sûr à une de vos pièces, postez en arrière un gros éléphant pour qu’il oppose son front comme un buttoir au canon qui ferait mine de vouloir reculer : voilà de quelle façon vous verrez peut-être vos efforts couronnés d’un aussi heureux succès que ceux de Nadir-Schah ; mais aurez-vous le droit, après une si laborieuse réussite, de déclarer la route de Bamian à Khoulm une route praticable pour l’artillerie ?

Entre Balkh et Khoulm, on compte 60 kilomètres environ. Jusqu’à Mazar, bourg de deux cents maisons, situé à 12 kilomètres de Balkh, on foule généralement un sol cultivé ; de Mazar à Khoulm, on ne rencontre plus qu’une plaine aride, coupée de distance en distance par des collines argileuses. Bien que la population de Khoulm soit dispersée dans quatre ou cinq villages et n’excède pas 12.000 ou 15.000 âmes, le petit État de Khoulm-Koundouz, dont Khoulm est la capitale, État limité à l’ouest par Balkh, à l’est par le Badakshan, n’en exerce pas moins au dehors une prépondérance qui n’est point inférieure à celle de Caboul, d’Hé rat ou de Bokhara. Ferrier attribue à la principauté de Khoulm-Koundouz 700.000 habitants. La rivière qui passe à Khoulm, se dirigeant vers l’Oxus, où elle n’arrivera pas, car les sables et les cultures l’auront absorbée en route, vient de la grande chaîne que les envahisseurs du Nord auraient à franchir. Elle nous a tracé le chemin ; remontons-en le cours, nous gagnerons ainsi Heïbak, gros village uzbek situé à 60 kilomètres de Khoulm. C’est le point le plus reculé qu’aient atteint les troupes anglaises, dans les opérations dirigées contre Dost Mohammed, pendant la première guerre de l’Afghanistan. L’aridité de la plaine a fait place à une végétation vraiment luxuriante ; nous gravissons déjà le versant septentrional de la montagne. A trois quarts d’heure de Khoulm, le plateau s’est interrompu brusquement, et c’est par une passe étroite, par une passe ouverte entre deux murailles presque à pic, que nous pénétrons dans la vallée d’Heïbak. Un défilé plus ténébreux, plus encaissé encore, formé par deux rangées de rochers dont l’élévation atteint en certains points plusieurs centaines de mètres, nous introduira sur le territoire de Korram, chemin diabolique, dit Ferrier, chemin rempli de pierres roulées, d’eau et de broussailles.

Les Uzbeks et les Afghans sont en guerre perpétuelle : Korram, situé à 30 kilomètres d’Heïbak, appartient encore à l’émir de Khoulm-Koundouz ; en poussant plus loin, Ferrier s’exposait à tomber au milieu des avant-postes ennemis ; ses guides le décidèrent à chercher un autre chemin. Nous devons à ce contretemps les notions les plus complètes qui nous aient été transmises sur le pays habité par les Hézarèhs.

D’où sont venus les Afghans ? De la Perse ou de l’Inde ? Faudrait-il reconnaître dans ces Asiatiques, comme le soutenaient naguère quelques érudits, les descendants des tribus dispersées d’Israël ? Une grande obscurité règne sur leur origine ; ce que la conformation de leurs traits suffit à nous apprendre, c’est qu’ils n’ont jamais appartenu à la même race que les Hézarèhs. Les habitants des vallées du Sefid-Koh et du Siah-Koh sont des Mongols ; leur physionomie dénonce à la première vue leur berceau. Tamerlan paraît être le dernier souverain qui les ait asservis ; la mort du conquérant leur rendit la liberté, et depuis cette époque ils ont gardé leur indépendance. Les Afghans, au rapport de M. Ferrier, lorsqu’ils veulent se rendre de Caboul à Hérat ou d’Hérat à Caboul, sont forcés de décrire un circuit considérable, pour faire un trajet qui serait relativement très court si le pays des Hézarèhs leur était ouvert. Ils passent habituellement par Balkh ou par Kandahar, et il faut plus d’un mois aux caravanes pour franchir cette distance. La route directe les conduirait de Caboul à Hérat en quinze jours. Arrêté dans sa marche, sur le chemin de Balkh à Caboul, Ferrier va faire ce que n’osent pas entreprendre les Afghans. Suivons-le d’abord à l’ouest, dans sa course rétrograde de Korram à Kartchou, à Dehas, à Ser-Peul, puis au sud de Ser-Peul à Boudhi, à Div-Hissar, à Singlak, à Chéhéreh, à Kouhistani-Baba ; inclinons ensuite notre route au sud-ouest vers Deria-Déré et Zerni ; remontons enfin de Zerni au nord-ouest pour atteindre Hérat par Abiveran, Norbend et Parsi. Je ne m’occupe pas des Hézarèhs, de leurs mœurs, de leurs inclinations politiques ; je n’étudie que leur territoire. En quittant Korram, je rencontre Ferrier et ses guides engagés de nuit entre des rochers qui surplombent leurs têtes. La clarté des étoiles n’arrive plus jusqu’à eux ; la route se rétrécit tellement qu’il leur faut cheminer les uns derrière les autres. Aux premières lueurs du jour, ils ont atteint les plus hauts sommets de la chaîne. Eu plein mois de juillet, ces cimes élevées sont encore couvertes en maint endroit de grands amas de neige. Le froid y est aussi intense qu’en janvier dans les pays de plaines. La descente est rude, mais le sol uni et sans obstacle. De Korram à Kartchou, l’étape a été de 30 kilomètres ; il en faudra parcourir 48 pour se rendre de Kartchou à Dehas. On marche heureusement en plaine ; tout au plus aurons-nous, en approchant des bords du Dehas, à franchir une suite de collines brisées qui vont se rattacher à la chaîne de montagnes que longe la rivière. Au pied de ces collines s’étendent les plus grasses prairies qu’on puisse imaginer ; l’herbe y arrive jusqu’au ventre des chevaux. Le Dehas va porter la fertilité jusqu’à Balkh ; Ferrier le traverse à gué, chemine une heure et demie encore à travers des prairies, puis commence à gravir une chaîne de montagnes de moyenne hauteur. Le sentier est pierreux et côtoie plus d’un précipice ; au sommet, la route s’aplanit et devient facile. Une plaine légèrement ondulée se déploie au pied de l’autre versant et conduit à Ser-Peul, ville ou plutôt campement de 15.0009 peut-être même de 18.000 âmes. Les voyageurs descendent de cheval brisés de fatigue ; ils viennent d’accomplir une étape de 60 kilomètres.

Jusqu’à Ser-Peul, Ferrier n’a pas abandonné la pensée d’arriver par le pays des Hézarèhs à Caboul. Le chef de Ser-Peul, allié de l’émir de Khoulm-Koundouz, s’applique à dissuader notre compatriote d’un projet que les ombrages des Afghans rendraient, suivant lui, extrêmement périlleux ; il offre en retour ses bons offices et sa protection à l’étranger, pour lequel il s’est senti pris d’une sympathie soudaine, si, docile à ses bons avis, cet étranger consent à se rendre d’abord de Ser-Peul à Kandahar. Le moyen de résister aux conseils d’un homme qui vous tient dans sa main et qui n’aurait qu’à la serrer un peu pour vous étouffer ! Voilà comment l’adjudant général Ferrier, toujours repoussé des chemins qui devaient le conduire au Pendjab, fut conduit, malgré ses répugnances, à descendre de nouveau vers le sud, à travers les chaînes du Sefid-Koh et du Siah-Koh, jusqu’à Zerni, l’ancienne capitale du pays de Gour.

Suivons donc l’opiniâtre pèlerin de Ser-Peul à Boudhi, à Div-Hissar, à Singlak, à Kouhistani-Baba, puis enfin à Deria-Déré et à Zerni. Les chevaux hézarèhs franchiront cette distance de 408 kilomètres — à peu près la distance de Paris à Mâcon — en six jours. Il faut venir dans l’Asie orientale pour apprendre à ne plus s’étonner des marches si rapides d’Alexandre. Et ne croyons pas que le chemin parcouru soit facile ! En partant de Ser-Peul, on rencontre d’abord une vallée encaissée) au fond de laquelle la chaleur se concentre comme dans une fournaise. Après six heures de marche, la vallée rétrécie n’est plus qu’un défilé étroit que dominent de chaque côté des escarpements inaccessibles. A la fin de la septième heure, on arrive à Boudhi, village fortifié, aujourd’hui presque en ruine, qui fut jadis bâti, à 60 kilomètres environ de Ser-Peul, sur un terrain conique pour commander, du côté du nord, la principale entrée de la Paropamisade.

Au sortir de Boudhi, Ferrier s’engage daQ3 une gorge profonde ; il en débouche après une heure de marche et se retrouve au pied d’un vaste contrefort. Pendant quatre heures, il gravit la montagne au milieu de blocs roulés les uns sur les autres. Souvent ces rocs épars obstruent à l’improviste la voie étroite qui serpente, brisée par mille accidents de terrain, sur le flanc des hauteurs. Un détachement de quelques hommes, dit Ferrier, arrêterait là longtemps une armée d’invasion. La route, à la descente, est plus affreuse encore ; à diverses reprises, les voyageurs sont obligés de mettre pied à terre. Il leur fallut deux heures pour arriver, par cette pente ardue et périlleuse, au niveau de la plaine. Une série de vallées successives les conduisit ensuite dans un vaste bassin dont la circonférence, tracée de tous côtés par de hautes montagnes, n’a pas moins de 216 kilomètres. Voilà enfin la troupe infatigable campée au pied du plateau de Div-Hissar (la forteresse du Géant). Elle a fait dans la rude journée, malgré les difficultés incroyables d’un terrain scabreux, une de ces longues étapes de 60 kilomètres que nous enregistrerions peut-être, si nous en rencontrions la mention dans Arrien ou dans Strabon, mais que nous enregistrerions, je le gage, sans y ajouter une foi bien complète. Le lendemain 13 juillet, le même prodige se renouvelle : Ferrier ne fait qu’un bond de Div-Hissar à Singlak. Il va ainsi, coupant l’immense vallée en travers, delà montagne à la plaine et de la plaine au sommet des monts. Tant qu’il continuera de se diriger vers le sud, il ne cessera de trouver sous ses pas cette surface raboteuse qu’ont produite les grands soulèvements des âges antérieurs. Le 14 juillet, ce n’est plus, comme les autres jours, 60 kilomètres qu’il demande à ses chevaux ; il en exige 66, pour gagner, avant que la nuit le surprenne, Kouhistani-Baba. Dans les deux étapes suivantes, il finira par franchir d’une seule traite 78 et 84 kilomètres. Gagnant toujours du terrain en hauteur, ne quittant une crête que pour en escalader une plus élevée encore, il atteint d’abord la région des neiges, puis, après une dernière heure de marche, le point culminant vers lequel il tendait. La chaîne du Sefid-Koh, dont il a conquis l’une après l’autre les cimes, s’étend de l’ouest à l’est, bien au delà du point où la vue peut porter. A plus de 180 kilomètres dans le lointain, le pic de Tchalap-Dalâne semble toucher le ciel de son front tout blanchi par les neiges éternelles. L’énorme pyramide se dresse au centre du massif connu sous le nom de Koh-i-Baba : M. Ferrier le cite ajuste titre comme un des sommets les plus élevés du globe.

Entre Div-Hissar et Singlak, Ferrier a traversé les sources du Mourgh-Ab ; la nouvelle vallée dans laquelle il s’apprête à descendre se prolonge d’un côté jusqu’aux sources du Dehas, — la rivière de Balkh, — de l’autre jusqu’à Hérat. Comprise entre le Sefid-Koh et le Siah-Koh, cette vallée rassemble les divers cours d’eau qui finissent par se concentrer dans un seul lit, le lit de l’Anus, devenu pour les Orientaux l’Heri-Roud. Deux heures après avoir traversé l’Heri-Roud, Ferrier commence l’ascension du Siah-Koh. La rampe est longue, la montée n’a rien de bien pénible ; sur l’autre versant, au contraire, il faut s’attendre à rencontrer plus d’un passage aussi difficile que périlleux. La descente aboutit au campement de Kouhistani-Baba, plateau élevé que les Hézarèhs viennent, en certaines saisons, couvrir de leurs tentes. De cette station à Deria-Déré, de Deria-Déré à Zerni, sur un espace de 162 kilomètres, quel est le trait saillant du pays ? Ce ne sont pas les montagnes, bien que les montagnes, masses énormes de granit, abondent, qui pourraient nous donner une idée de la physionomie générale que revêt cette portion du territoire habité par les Hézarèhs ; ce seraient bien plutôt les steppes et les prairies. Nous sommes dans la terre promise des pasteurs. Là vivaient, longtemps avant le douzième siècle de notre ère, les belliqueux bergers qui s’emparèrent en 1158 de Ghizni sur les descendants dégénérés du fameux conquérant de la Perse et du Guzerate, de Mahmoud le Ghaznévide. La dynastie des Gourides conserva jusqu’en l’année 1213 le pouvoir ; elle ne le céda qu’au puissant khan du Kharesm.

Encore quelques pas, et notre courageux compatriote atteignait la vallée de l’Hirmend. Le fleuve franchi, rien ne lui devenait plus facile que de gagner Kandahar par la route habituelle des caravanes ; mais il était écrit que l’adjudant général, dont les services eussent été très probablement accueillis avec le plus vif empressement à Lahore, n’arriverait même pas, quoi qu’il fît et osât, à Caboul. Le serdar de Zerni, de son autorité privée, fît ramener, sous bonne et sûre escorte, le protégé du chef indépendant de Ser-Peul à Hérat. Entraîné par la troupe qui l’accompagnait dans une course folle et vraiment faite pour donner le vertige, Ferrier accomplit ce trajet de 246 kilomètres en quatre jours. Les distances, on le voit, ne comptent pas plus pour les Afghans que pour les Hézarèhs.