HISTOIRE CRITIQUE DES RÈGNES DE CHILDERICH ET DE CHLODOVECH

LIVRE II. — FONDATION PAR CHLODOVECH DU ROYAUME FRANK EN GAULE.

CHAPITRE IX. — Pouvoir royal de Chlodovech et ses rapports avec le clergé.

 

 

Si nous essayons à la fin de nos recherchés de dire quelques mots sur la situation intérieure sous Chlodovech, nous n’avons point toutefois la prétention d’en fournir un tableau complet ; les lacunes de nos matériaux ne nous le permettent pas ; on ne pourrait la juger avec justesse qu’en suivant son développement pendant une plus longue période. Nous nous contenterons donc d’examiner d’un peu plus prés ce que put la royauté de Chlodovech et dans quels rapports il se trouva avec le clergé.

Pour ce qui est de la royauté de Chlodovech, il est important de reconnaître que ses traits principaux sont tout à fait germains, que, malgré la force des influences romaines dans les territoires nouvellement conquis, l’influence germanique est pourtant déterminante[1]. La royauté germaine a certainement pour trait caractéristique d’être liée à une race particulière, qui paraît exclusivement propre au commandement. Cette race se distingue de la masse du peuple par la noblesse et un caractère sacré qui consiste surtout à la faire descendre d’une origine divine. Nous trouvons une semblable famille, royale chez les Franks saliens. Leur privilège de commandement peut être considéré comme appartenant en commun à tous les membres de la famille : si une royauté dévient vacante, aussitôt les droits des membres de la race entrent en vigueur. Ainsi s’explique la réunion des petites souverainetés saliennes dans la main de Chlodovech, sans que le peuple l’ait élevé au pouvoir. Il ressort clairement vies expressions de notre auteur que les rois saliens avaient un droit égal à l’égard de Chlodovech ; il devait craindre que des rois parents n’aspirassent à son héritage[2]. Il n’est pas dit en propres termes que la race royale des Franks saliens se soit vantée d’une origine divine, mais il y a un passage de nos textes qui reste inexplicable sans cette supposition. Avitus loue le roi frank après sa conversion au christianisme, d’avoir renoncé à l’antique origine de sa généalogie pour se contenter de la simple noblesse. Ce que Chlodovech avait abandonné en passant au christianisme, c’était ses anciens Dieux et en même temps la gloire de sa généalogie qui remontait jusqu’à eux ; il lui reste la noblesse, qui distingue la race royale au-dessus des hommes libres.

Le signe de la race royale chez les Franks saliens est la longue chevelure : c’est une marque de perfection physique ; car nous savons que, d’après les anciennes idées germaines, une infirmité corporelle, même dans la vieillesse, excluait des droits à la royauté[3]. La longue chevelure des rois franks est souvent mentionnée dans nos sources. Grégoire fait remarquer avec insistance lors de la fondation de la première souveraineté salienne, qu’on avait élu des rois à longs cheveux[4]. Avitus se représentant en imagination le roi frank Chlodovech marchant au baptême, rappelle sa chevelure entretenue avec soin[5] ; l’auteur du Prologue de la loi salique n’a pas négligé non plus de célébrer Chlodovech en indiquant ce signe distinctif[6]. On peut donc considérer la longue chevelure comme le symbole du commandement chez les Franks saliens. Chlodovech l’enlève à Chararich et à son fils en même temps que le pouvoir ; lorsque le fils de Chararich menaça de laisser repousser ses cheveux coupés, cela suffit à le faire regarder par Chlodovech comme un prétendant à la souveraineté[7].

Dans cette race royale le fils succède naturellement au père. Quand Childerich fut mort, dit Grégoire[8], Chlodovech commanda en sa place. Il suffit que le vieux Sigibert meure, pour que le pouvoir revienne à son fils Chloderich[9] : quand Chlodovech est mort ses fils se partagent son royaume[10] ; c’est comme un héritage paternel, dont on dispose d’après le droit d’hérédité. Mais quoique l’hérédité de la royauté soit reconnue chez les Franks Saliens, et qu’il ne soit pas question d’une élection formelle d’un roi parmi les membres de la race destinée au pouvoir, pourtant l’on voit apparaître clairement dans nos sources l’idée que le roi est réellement roi par l’élection du peuple. C’est le droit du peuple de se choisir un roi, et ce droit reprend vigueur, dès qu’il n’y a : plus de prétendant légitime au pouvoir. C’est ainsi que Chlodovech reçoit par l’élection des mains du peuplé ripuaire son droit au commandement ; à la place de Childerich expulsé, la tradition rapporte que les Franks Saliens du royaume de Tournai choisirent à l’unanimité Ægidius pour roi[11]. On voit clairement dans nos sources que la royauté, conférée par l’élection du peuple, pouvait être perdue par un mauvais usage du pouvoir. D’après la tradition, Childerich fut chassé lorsqu’il commença à abuser des filles des Franks[12] ; lorsque Ragnachar a offensé ses fidèles par sa débauche et son avidité, ils se croient en droit de demander le secours de Chlodovech pour expulser leur roi[13].

Ce point est confirmé par le fait qu’au temps de Chlodovech nous voyons le peuple prendre une assez grande part aux affaires politiques. Il exerçait ce droit dans l’assemblée populaire. Dans les circonstances importantes Chlodovech est obligé d’avoir l’assentiment de cette assemblée. Quand il est décidé à passer au Christianisme, il n’est retenu que par la considération de l’attachement de son peuple aux anciens Dieux ; il le réunit en assemblée ; et ce n’est que lorsque la masse du peuple s’est déclarée prête à suivre le Dieu chrétien, qu’il fait le pas décisif[14]. De même pour la guerre wisigothique : lorsque tous ont approuvé sa proposition de soumettre le pays des Ariens, il va de l’avant[15]. On peut aussi citer ici comme point de comparaison, l’assemblée de tout le peuple ripuaire que Chlodovech convoque lorsqu’il brigue la royauté vacante[16]. Autant qu’on en peut juger par des cas isolés, le roi convoque l’assemblée ; il y expose sa demande devant le peuple réuni ; le peuple fait connaître son approbation par acclamation ; aucune délibération proprement dite n’a lieu. Il faut ajouter, ce qui du reste va de soi, que l’assemblée des Franks ripuaires se tient en armes.

Ce que nous savons de l’histoire de Chlodovech se rapporte surtout à l’activité guerrière qu’il déployait pour l’agrandissement de son empire : il passe avec audace d’entreprise en entreprise. Ainsi les fonctions royales de Chlodovech se montrent surtout à nous comme celles d’un chef d’armée. Pour entreprendre la campagne, le roi frank a besoin, il est vrai, de l’assentiment du peuple ; mais c’est lorsque la guerre est résolue qu’il convoque le peuple. Tous viennent comme soldats au Champ de Mars pour la revue[17] : le roi les congédie, s’il n’ a pas de guerre à entreprendre[18]. C’est comme chef d’armée également que le roi possède sur les hommes libres une puissance dont il ne jouirait pas sans cela. Il protége l’ordre et la paix qui doivent régner sans trouble dans l’armée, il en punit sévèrement toutes les violations. Il abat avec son épée un soldat qui, malgré ses ordres, a enlevé du foin à un pauvre homme[19] ; il frappe, au champ de Mars, d’un coup de hache sur la tête[20], pour le punir du mauvais état de ses armes, le guerrier qui avait osé repousser, lors du partage du butin à Soissons, la demande si naturelle que faisait Chlodovech. En somme, pendant la guerre, il se considère comme ayant le droit d’agir comme il l’entend, sans demander l’assentiment des hommes libres de sa race qui composent l’armée ; il prend des mesures, lorsque cela est nécessaire, pour la protection des propriétés, et des voyageurs pacifiques, même en pays ennemi[21] : lorsqu’il entre dans l’empire wisigothique, il impose à son armée l’observation d’une paix particulière pour certaines personnes, en particulier pour les ecclésiastiques, et pour certains territoires ; il ordonne à un corps de troupe frank de rester pour garder le pays wisigothique, lorsqu’il retourne lui-même dans son royaume[22]. Cependant ce pouvoir absolu du roi cesse en même temps que la guerre ; dans cette réunion du peuple frank à Soissons où a lieu le partage du butin après la défaite clé Syagrius, le roi se trouve réduit à une égalité complète vis-à-vis de ses compagnons ; les mêmes fatigues guerrières donnent droit à une part égale ; et le roi lui-même ne peut rien réclamer au delà du lot que la loi lui assigne[23].

Quant aux autres manifestations de la puissance royale, nous ne pouvons reconnaître que les traits les plus généraux d’après les rares renseignements que nous possédons. Le rapport des sujets au chef est exprimé par des mots qui indiquent une autorité souveraine imposée par la force[24] ; cette autorité se montre pour la première fois avec Chlodovech. Elle est représentée comme protectrice, ainsi qu’on le voit clairement par le discours de Chlodovech quand il acquiert le royaume ripuaire : Tournez-vous vers moi, dit-il, afin d’être sous ma protection[25]. C’est là l’ancienne idée germaine de la royauté : la puissance royale garantit la justice et la paix, et comme telle s’étend sur tout le peuple. Cependant la protection royale peut s’attacher spécialement à des personnes déterminées. Ainsi dans des additions faites à la loi salique probablement sous Chlodovech, le cas est prévu où un crime serait commis contre une femme placée par des raisons particulières sous la protection du roi[26] : un tel crime est puni d’une manière exceptionnellement sévère, parce qu’il atteint le roi en même temps. Les additions à la loi salique mentionnent comme officier royal ordinaire le comte[27], naturellement dans ses fonctions juridiques. Ce côté de son activité l’emporte à ce point qu’il est tout à fait représenté comme un juge. Le comté agit comme officier royal à la place du roi, et sa volonté peut avoir la même valeur qu’un ordre royal[28]. Nous ne savons rien des autres employés royaux au temps de Chlodovech : le duché d’Aurélien n’est pas authentique, la supposition que Rignomir avait une autorité spéciale repose sur une fausse interprétation du récit de Grégoire. Nous trouvons encore en quelques circonstances des envoyés de Chlodovech : c’est par des envoyés qu’il réclame d’Alarich, Syagrius fugitif ; c’est par des ambassades répétées qu’il obtient Chrotechilde ; il envoie des messagers au fils de Sigibert,

Voilà tout ce que nous pouvons dire sur la royauté de Chlodovech : il ne s’y trouve rien qui en soi puisse être considéré comme opposé aux mœurs germaines. Nous remarquons seulement une augmentation de l’autorité royale. Il a pu, l’exercer facilement même sur les races germaines qu’il a réunies à son royaume. C’est toujours une acquisition personnelle que fait Chlodovech : les territoires dont les anciens maîtres ont dû reculer devant lui, sont soumis à son autorité royale ; le royaume et les trésors tombent entre ses mains[29], le peuple reste sous sa domination, dans la même situation où il se trouvait avec le chef précédent ; il n’y a point diminution de sa liberté ; la population introduite dans le royaume frank conserve son ancien droit et son wergeld ; une partie des Alamans a seule peut-être été soumise à une condition moires favorable. Les nouvelles conquêtes ont augmenté le royaume de Chlodovech en puissance, en étendue[30] ; mais son autorité royale reste la même.

Au contraire l’acquisition des territoires romains du nord de la Gaule n’est pas restée sans influence. Reconnu comme roi par les Romains, le chef frank a exercé sur eux les droits de l’empereur de Rome ; sa puissance en a reçu un accroissement matériel et du prestige, sans que pourtant l’essence de son autorité royale ait changé. Lorsque, après la défaite d’Alarich, les nouvelles conquêtes ajoutèrent au royaume frank les territoires romains du sud-ouest de la Gaule, Chlodovech redut des honneurs romains.

Chlodovech, nous raconte Grégoire[31], revenant vainqueur de la guerre wisigothique en l’année 508, reçoit une lettre missive de l’empereur romain d’Orient Anastase au sujet du consulat[32] ; il est revêtu de la tunique de pourpre et de la chlamyde dans la basilique de Saint-Martin, et met sur sa tête un diadème. Aussitôt montant à cheval il s’avance sur la route qui va de la porte de l’atrium de Saint-Martin à l’église de la ville en jetant libéralement au peuple de l’or et de l’argent, et de ce jour il fut appelé et Consul et Auguste[33]. On a cru pouvoir conclure de ce récit que le consulat avait été conféré à Chlodovech ; cependant lés fastes consulaires ne contiennent pas son nom. La supposition qu’en Italie, pays où les fastes consulaires ont été conservés, le nom de Chlodovech aurait été passé sous silence par malveillance et envie, n’explique pas cette contradiction, pas plus que l’hypothèse d’après laquelle Grégoire aurait commis une erreur et Chlodovech aurait reçu le Patriciat et non le Consulat[34]. On doit faire remarquer, à la décharge de Grégoire, qu’il ne dit pas que Chlodovech soit devenu Consul ; mais qu’une lettre fut envoyée de Byzance à Chlodovech au sujet du Consulat, et qu’il fut appelé à la fois Consul et Auguste. Nous pouvons arriver à bien comprendre ces mots un peu obscurs, grâce à un passage du prologue de la loi Salique, qui a été écrit vers la fin du VIe siècle ou au commencement du VIIe, mais avec une parfaite connaissance des faits, cela est certain[35]. Chlodovech y est appelé Proconsul, le titre est uni à son nom de roi comme titre régulier. Puisque le récit de Grégoire ne désigne pas explicitement Chlodovech comme consul, il nous est permis de réunir les deux renseignements et de conclure que le Proconsulat a été conféré à Chlodovech par l’empereur de Byzance. On peut se demander s’il a reçu ainsi une charge ou seulement un litre honorifique. Nous savons que plus tard encore, les empereurs nommaient des Proconsuls pour certaines provinces : ce pouvait être ici le même cas[36]. Mais si nous nous en tenons aux paroles de Grégoire, il ne s’agit ici que d’un honneur ; Chlodovech se montre au peuple de Tours avec la pourpre et le diadème, et il prend des surnoms honorifiques : l’explication la plus vraisemblable nous incline donc à croire que ce sont seulement les insignes de Consul ; les surnoms honorifiques de Proconsul, et d’Auguste qui ont été conférés par l’empereur romain d’Orient au roi des Franks vainqueur dans tant de combats[37].

Un lien de ce genre avec le roi du plus considérable des États germains, n’avait en réalité que peu d’impor4ance pour l’Empereur. Il pouvait ainsi exercer sur les pays de l’Occident une sorte de suprématie idéale, mais elle n’avait plus aucune efficacité réelle. Pour Chlodovech au contraire, la réception du titre de proconsul et des insignes consulaires n’était pas sans importance politique. Nous le constatons, par la comparaison avec d’autres États germains, fondés au Ve siècle sur le sol romain. C’est ainsi qu’en 472 Gundobad reçoit comme roi des Burgundions le patriciat des mains d’Olybrius[38] ; Odovakar, devenu roi des Germains en, Italie, s’a dresse à l’empereur romain d’Orient Zénon, pour avoir le patricial, et il l’obtient[39] ; le roi Ostrogoth Theoderich, envoyé contre Odovakar, arrivé en Italie, dépouille d’après le, conseil de Zénon son costume national, et revêt les insignes et les vêtements d’un roi, comme s’il régnait déjà sur les Ostrogoths et les Romains[40]. Chez Theoderich les insignes romains ne sont que le symbole d’une puissance qui s’étend aussi sur des Romains ; comme il a déjà reçu auparavant le Consulat, il n’a pas besoin qu’une nouvelle dignité romaine lui soit conférée. Nous donnons une signification analogue - au patriciat d’Odovakar et de Gundobad ; ils cherchent à revêtir d’un caractère létal la domination qu’ils exercent sur les Romains par le droit de la force. Ces analogies ne nous laissent aucun doute sur la signification politique de ce qui s’est passé à Tours ; c’est une nouvelle concession faite par Chlodovech aux Romains, au moment où il réunit à ses États des territoires romains récemment conquis. De même que naguère, après la chute du royaume de Syagrius, il s’est fait expressément reconnaître par les Romains, de même maintenant il revêt l’insigne d’une dignité romaine, et un titre romain. Les deux faits sont la conséquence l’un de l’autre : l’autorité du roi frank sur les Romains acquiert ainsi un caractère légal. Comme Chlodovech est devenu chrétien, le clergé prend part à cet événement en lui donnant la consécration supérieure d’une fête religieuse.

C’est dans les dernières années de Chlodovech, lorsque son autorité est établie également sur les territoires germains et sur les territoires romains, que se place ce que nous savons do ses actes législatifs. Nous avons des additions faites sous lui aux 65 titres de la loi salique[41] ; elles doivent se rapporter à l’époque qui a suivi 508 ou 509, car Chlodovech portait déjà le titre de proconsul, quand elles furent composées. Le concile convoqué par Chlodovech à Orléans en 511 n’est pas moins important pour la législation ; il est même possible qu’on y ait pris des résolutions sur des questions séculières[42].

Ceci nous amène à examiner la condition du clergé catholique dans le royaume de Chlodovech[43]. L’Église s’était maintenue pendant que la bourgeoisie disparaissait dans la chute de l’empire romain d’Occident. Lés habitants des villes surtout s’étaient étroitement rattachés à l’évêque ; ils avaient trouvé en lui un défenseur, un avocat auprès des tyrans domestiques et auprès des barbares envahisseurs. Les évêques étaient ainsi devenus dans les villes gauloises les chefs de la population, et ils prétendaient diriger et commander. En outre, les évêques, comme le clergé en général, jouissaient d’une haute considération, due en partie à leurs fonctions ecclésiastiques, en partie à leur caractère de représentants de la civilisation dans un temps de barbarie. Nous voyons surtout le clergé employer ses efforts à adoucir le sort terrible des prisonniers de guerre en les rachetant, en intercédant pour eux. L’église devient un, asile pour les fugitifs ; celui qui s’y réfugie, se trouve sous la protection divine, il est mis à l’abri de la colère passionnée de celui qui le poursuit[44] ; le soin des pauvres et des malades est un des privilèges de l’évêque[45].

Le clergé catholique avait donc déjà une grande importance quand il fut englobé dans l’empire frank. Mais cette importance s’accroît encore quand Chlodovech et son peuple furent à leur tour admis dans le sein de l’église. Chlodovech montre envers le clergé le dévouement de la, reconnaissance. On dit que par égard pour sainte Geneviève, il se montra souvent clément envers les captifs et même fit grâce à des criminels[46] ; lorsqu’il revint victorieux de la campagne contre les Alamans, il prit avec lui à Reims, saint Vaast, pour se faire instruire par lui dans la science du salut[47]. Une source ancienne loue Chlodovech d’avoir construit beaucoup de nouvelles églises, d’en avoir restauré et rendu au culte d’autres qui étaient abandonnées, d’avoir fondé des monastères. L’évêque Mélanius de Rennes l’aurait aidé dans cette œuvre[48]. Nous savons avec certitude que Chlodovech éleva à Paris l’église des SS. Apôtres[49], et commença dans la même ville la construction de l’église Sainte-Geneviève[50]. L’illustre sanctuaire de Saint-Martin de Tours reçut de lui de riches offrandes lorsqu’il revint victorieux de la guerre wisigothique[51]. C’est ainsi que la piété du croyant s’unissait chez Chlodovech à la violence que nous avons vu éclater dans d’autres occasions. Il demande, certainement sans hypocrisie, aux évêques de son royaume de prier pour lui[52] ; en retour d’une donation faite à deux saints religieux, il attend d’eux qu’ils imploreront la grâce divine pour lui, sa femme et ses fils[53]. Des prêtres remarquables par l’intelligence et la culture entrent dans l’intimité personnelle de Chlodovech, en première ligne Remi de Reims, puis Vaast, élevé au siège épiscopal d’Arras[54] ; d’autres plus éloignés, tels qu’Avitus de Vienne et le pape Anastase furent unis à Chlodovech par des liens d’amitié. Il est hors de doute que ces prêtres ont pu dans certains cas influer sur les décisions du roi : nous voyons précisément Mélanius de Rennes, dont il a été question plus haut, cité comme conseiller de Chlodovech, il est vrai dans les choses ecclésiastiques[55]. Il est aussi à remarquer que l’on voit déjà la souscription d’un évêque servir à confirmer un diplôme émanant du roi[56].

Le clergé catholique ne s’est pas montré ingrat envers Chlodovech. Nous voyons que les clercs rendent de leur côté au roi des Franks les respects qui lui sont dus : les évêques de son royaume le nomment leur roi et Seigneur[57], l’évêque de Rome lui donne le titre de Serenitas qui appartenait à l’empereur[58]. L’Église est prête à glorifier le roi des Franks en toute occasion : elle exalte l’importance de l’envoi des insignes consulaires en y joignant une fête religieuse ; lorsque Chlodovech s’est montré clément pour Verdun assiégé, c’est le clergé de la ville qui lui prépare une réception solennelle[59] : ce n’était point en s’opposant au roi des Franks, mais en étant uni à lui et par cette union même que le clergé pouvait avoir de l’influence.

Pourtant dans sa propre sphère, le clergé conserve, même vis-à-vis du roi, une grande indépendance et des droits fortement constitués. Le clergé catholique avait déjà acquis une forte organisation hiérarchique lorsqu’il passa sous la domination de Chlodovech. Ln particulier la puissance épiscopale, la juridiction ecclésiastique étaient établies sur des bases solides et légales. Toutes les églises nouvellement construites ou à construire dans la suite devaient, était-il dit, être soumises à l’évêque dans le diocèse duquel elles se trouvaient[60]. Les abbés sont soumis à l’évêque dans le diocèse duquel ils se trouvent ; s’ils se rendent coupables d’une faute, l’évêque les punit ; une fois par an, sur une invitation de l’évêque, ils doivent se réunir dans un lieu désigné[61]. Les moines à leur tour sont soumis à leur abbé[62]. C’est l’évêque qui fixe les peines dont sont frappées les fautes ecclésiastiques ; les abbés, les prêtres, tous les ecclésiastiques doivent obtenir son approbation pour pouvoir recevoir des donations du roi ou de ses fils[63]. On ne sait pas au juste à quelle juridiction étaient soumis les évêques ; il semble que pour les affaires ecclésiastiques ils étaient soumis à l’assemblée des autres évêques de la province[64].

Pour les affaires séculières au contraire il semble que les ecclésiastiques étaient soumis au pouvoir civil ; on prévoit même le cas où un évêque pourrait être accusé de vol[65] ; si un diacre ou un prêtre commet un assassinat il doit être dépouillé de sa charge et excommunié[66]. Il est probable qu’il devait être alors poursuivi par la justice ordinaire, car il est impossible que ce fût là le seul châtiment de son crime.

Il est très important pour la question des rapports du clergé avec Chlodovech, de savoir s’il avait ou non part à la nomination aux charges ecclésiastiques. Il est certain que Chlodovech avait une action directe sur la nomination aux charges inférieures de l’Église. Nous avons vu qu’il fit ordonner Chararich et son fils. Cela est tout à fait conforme à l’ordonnance rendue au concile d’Orléans : sans l’ordre du roi ou la volonté du comte, aucun laïque ne pourra être admis dans les ordres ; sont seuls exceptés de cette disposition ceux dont le père, le grand-père ou l’aïeul ont été clercs ; ceux-ci sont soumis à l’autorité épiscopale[67]. Nous voyons ici entre les mains du roi un droit de confirmation bien établi ; il est certain qu’il a pu de cette manière exercer une influence sur la collation des hautes charges de l’église. Pour ce qui concerne les évêchés, nous pouvons en juger par les exemples que nous possédons de nominations à des sièges vacants du temps de Chlodovech. L’antique coutume d’après laquelle l’évêque est élu par la communauté des fidèles, est encore en usage au temps de Chlodovech. Lorsqu’il séjourne à Verdun au commencement de son règne, l’évêque Firmin vient de mourir. Chlodovech demande au prêtre Euspicius de diriger la cité comme évêque, Mais Euspicius décline humblement l’honneur qui lui est fait. Chlodovech ne peut le décider à se laisser nommer évêque[68]. Ces derniers mots sont importants : au choix de Chlodovech devait s’ajouter une élection formelle. Il s’agit dans une autre occasion de pourvoir au siège d’Auxerre qui comme Verdun appartenait au royaume de Chlodovech. Le roi frank veut choisir un évêque parmi les sujets du roi des Burgundions Gundobad. Celui-ci, bien qu’à contre cœur, est obligé de consentir à cette demande ou à ce choix. Eptadius est nommé à l’unanimité par les prêtres du diocèse, par la noblesse, par la population de la ville et des campagnes. Tous sont d’avis qu’Eptadius est de tous le plus diane d’être évêque[69] : Il est probable que cette élection avait lieu dans une seule assemblée, puisque la communauté entière y prend part. Quoi qu’il en soit nous voyons que dans les deux cas, Chlodovech présente le candidat à l’épiscopat à la réunion des électeurs, et que l’élection vient en second lieu. Sans doute c’est l’élection qui a la valeur décisive : la communauté peut sans doute choisir par elle-même un évêque, sans présentation royale[70]. Mais pour la fondation d’un nouvel évêché, il n’est pas question de la participation des fidèles, il faut d’abord que la communauté se soit formée. L’évêque métropolitain la remplace. C’est ainsi que Remi de Reims élève Vaast à l’évêché d’Arras ; il lui avait été, il est vrai, recommandé par Chlodovech ; mais non pas, à ce qu’il semble, pour en faire un évêque[71]. Nous pouvons donc admettre que le roi n’avait aucun droit régulier de prendre part à la nomination des évêques : mais ce droit commence à se constituer sous Chlodovech. De la part prise en fait par le roi à la nomination des évêques par la présentation d’un candidat pouvait découler aisément un droit d’élection, et c’est ce qui arriva en effet. Les rois ont aussi plus tard réclamé le droit de confirmer les évêques[72] ; Chlodovech paraît avoir conféré de semblables confirmations. Ainsi, bien que le clergé jouit dans sa sphère d’une grande indépendance, il restait place cependant pour l’influence royale.

On peut s’en rendre compte par le synode d’Orléans, tenu en 511, dans la dernière année du règne de. Chlodovech. La vie ancienne de saint Mélanius parle de ce concile. Nous y apprenons que Chlodovech convoqua à Orléans un synode[73] de 32 évêques de son royaume et que le but de la réunion était le maintien de la doctrine de l’église et la fixation de la discipline. L’auteur de cette Vie de saint possédait un procès-verbal complet des discussions, ainsi qu’un préambule spécial[74]. L’un et l’autre de ces documents est perdu. Mais nous avons conservé les décisions du concile[75]. Elles furent envoyées à Chlodovech le 10 juillet 511 signées par les 32 évêques. La première souscription est celle de Cyprien, métropolitain de Bordeaux[76] ; le nom de Remi de Reims n’y figure pas[77]. Nous ne pouvons pas donner ici un aperçu de tout ce que contiennent les décisions si importantes de ce concile : ce qui nous importe seulement, c’est de connaître dans quelle situation se trouvait le roi par rapport à cette assemblée. On peut s’en faire une idée très nette d’après la lettre des évêques réunis et le court préambule, qui précédent les décisions même du concile. Les voici :

A leur Seigneur, fils de l’Église catholique, le, roi Chlodovech couronné de gloire, tous les évêques que vous avez réunis en Concile.

Puisqu’une foi digne d’éloges vous a inspiré une sollicitude assez vive des intérêts de la religion catholique pour convoquer une assemblée d’évêques qui s’occupe des affaires ecclésiastiques et décide des affaires les plus pressantes, nous vous répondons par des décisions légales[78], conformément au conseil que vous nous avez demandé et aux propositions que vous nous avez faites ; afin que si nos résolutions sont jugées satisfaisantes par votre sagesse, l’approbation d’un si puissant roi et Seigneur confirme et rende obligatoires par son autorité suprême les sentences de tant d’évêques.

Car par la volonté de Dieu, et sur la convocation du très glorieux roi Chlodovech[79], un Concile du haut clergé s’est assemblé dans la cité d’Orléans ; après avoir discuté en commun, ils ont résolu de corroborer par un document écrit ce qu’ils ont décidé de vive voix.

Ce que nous venons de transcrire fait connaître clairement quelle était la situation de Chlodovech au milieu des évêques de son royaume. Au nom de sa toute-puissance royale il a convoqué l’assemblée, parce qu’il a besoin de leur concours pour régler les affaires ecclésiastiques. Il a fait diverses propositions à l’assemblée qui après les avoir discutées, a pris des résolutions ; mais pour qu’elles entrent en vigueur ; il faut encore qu’il leur accorde une confirmation spéciale. Le fait que le roi revendique le droit de convoquer les assemblées ecclésiastiques, de confirmer leurs décisions, est d’une grande importance. Ces réunions ont eu dans la suite une grande importance pour l’empire frank : non seulement on y a discuté et résolu les questions purement ecclésiastiques, mais des affaires politiques y ont trouvé leur solution.

La situation respective du clergé et de la royauté au temps de Chlodovech est donc bien cligne d’attention. Le clergé conserve son organisation particulière, sa juridiction dans les choses ecclésiastiques ; par ses Conciles il prend part aux affaires de l’État ; il peut se montrer d’autant plus libre à l’égard de la royauté, que la plus haute fonction ecclésial tique n’est pas due simplement à la volonté royale ; la royauté de son côté, acquiert de l’influence sur la collation des charges ecclésiastiques, et prétend au droit de réunir et de diriger les Conciles.

Ce qui n’est pas moins important pour la situation du clergé, ce sont les riches donations qu’il reçoit des particuliers comme des rois. Il acquiert ainsi lés moyens de suffire largement à ses devoirs envers les pauvres et les malades ; ainsi qu’aux besoins du culte. De telles donations n’étaient pas rares déjà au temps de Chlodovech, comme le prouve une décision du Concile d’Orléans qui a pour but de les restreindre[80]. Les donations faites par les rois ont une bien plus grande valeur encore quand elles consistent en terres auxquelles sont attachés certains droits. Nous avons conservé le diplôme d’une donation de ce genre[81]. Le roi donne Micy au vieux prêtre Euspicius et à son disciple Maximin, afin qu’ils puissent s’y livrer en paix à une vie pieuse. Micy leur est concédé avec des formules solennelles ; des revenus du trésor royal et tous le pays entre la Loire et le Loiret y sont ajoutés. Cette propriété sera libre de tout impôt foncier ou autre en deçà et au delà des deux rivières ; le roi y ajoute le revenu des bois de chênes et des pâturages, le droit d’établir des moulins sur les cours d’eau. C’est à de telles donations que fait évidemment allusion un canon du Concile d’Orléans qui parle de terres que le roi a concédées à des églises en y ajoutant des immunités pour la terre ou pour les clercs[82]. Notre diplôme ne se sert pas des mêmes expressions ; mais nous savons, d’après les termes usités plus tard, que les droits attribués par notre document étaient compris sous le nom d’immunités. Ces droits avaient tout d’abord une importance financière ; leur collation consistait à libérer un territoire de certaines redevances ou à lui accorder des droits financiers appartenant au roi. Ces deux privilèges sont réunis dans notre diplôme. On ne concède pas encore le droit de juridiction, qui est aussi considéré comme affaire de finances. Plus tard de semblables concessions furent aussi faites a des laïques, mais nous n’en connaissons pas du temps de Chlodovech. En diminuant les droits essentiels de la royauté au profit des individus, elles ont amené l’affaiblissement des Mérovingiens, et l’établissement d’une puissante aristocratie. Les clercs et surtout les évêques y prennent une place importante. L’origine de cet état de choses remonte au temps de Chlodovech ; c’est ici qu’il faut chercher le commencement des institutions postérieures du royaume frank, dont le développement successif n’est pas toujours facile à déterminer.

 

 

 



[1] Nous nous appuyons ici presque uniquement sur Grégoire ; mais il a recueilli des récits anciens dont on peut déduire d’une manière générale le vrai caractère des choses. [Il sera bon de corriger ce qu’il y a d’excessif dans ce point de vue par ce que dit M. Fustel de Coulanges dans ses Institutions de l’ancienne France, l. IV, ch. I. N. du T.]

[2] Grégoire, II, 42.

[3] Grégoire, II, 40. Lorsque Chlodovech encourage le fils de Sigibert à déposer son père, les mots ecce pater tuus senuit, et pede debili claudicat, semblent confirmer cette explication.

[4] Grégoire, II, 9.

[5] Voyez Waitz, Vfg., II, 104 et les citations faites par Giesebrecht, Trad. de Grégoire, I, 69, n. 1.

[6] Voyez plus bas note 35.

[7] Grégoire, II, 40.

[8] Grégoire, II, 27.

[9] Grégoire, II 40. Si ille... moreretur... recto tibi regnum illius redderetur ; et plus tard Chloderich : — pater meus mortuus est, et ego thesauros cum regno ejus penes me habeo.

[10] Grégoire, III, 1 : Defuncto igitur Chlodovecho rege, quatuor filii ejus... regnum accipiunt et inter se æqua lance dividunt.

[11] Grégoire, II, 12.

[12] Grégoire, II, 12.

[13] Grégoire, II, 42.

[14] Grégoire, II, 37.

[15] Grégoire, II, 37.

[16] Grégoire, II, 40.

[17] Grégoire, II, 27. jussit (rex) omnem cum armorum apparatu advenire phalangam, ostensuram in Campo Martio suorum armorum nitorem. Verum ubi cunctos circuire deliberat....

[18] Cf. ibid., les mots quo mortuo reliquos abscedere jubet.

[19] Grégoire, II, 37.

[20] Grégoire, II, 27. Ce coup de hache sur la tête (erschlagen mit der crhobenen Streitaxt) a presque le caractère d’un acte juridique. C’est ainsi que sont mis à mort Chloderich (II, 40), Ragnachar et Richar (II, 42) ; de même il est dit au sujet de Chararich et son fils : at ille jussit cos pariter capite plecti. — Lex Salica, L, 4 : capitali sententia feriatur.

[21] Grégoire, II 37 : pro reverentia beati Martini dedit edictum, ut nullus de regione illa (Tours) aliud quam herbarum alimenta, aquamque præsumeret... satisque fuit exercitui, nihil ulterius ab hac regione præsumere... Contestatus est autem omni exercitui, ut nec ibi quidem (autour de Poitiers) aut in via aliquem exspoliarent, aut res cujusquam diriperent.

[22] Gesta, ch. 17.

[23] Grégoire, II, 27.

[24] Ditio, dominium : voir note 29.

[25] Grégoire, II, 40 : Convertimini ad me, ut sub mea sitis defensione.

[26] Pardessus, Loi Salique, p. 333, capita extravagantia, XI, 7. Cf. Waitz, das alte Recht, p. 206.

[27] Pardessus, op. cit., VII, IX.

[28] Conciliorum Galliæ Collectio, I, 337. Conc. Aurel., a. 511. c. 4 aucun laïque ne peut entrer dans les ordres — nisi aut cum regis jussionne, aut cum judicis voluntate.

[29] Grégoire, II, 27 : (Thoringos) suis ditionibus subjugavit ; 30 : Alamanni Chlodovechi ditionibus se subdunt ; 37 : (Theudericus) urbes illas... patris sui ditionibus subjugavit ; Ecolismam suo dominio subjugavit (Chlodovechus) ; 40 : regnumque Sigiberti acceptum cum thesauris,... ipsos quoque suæ ditioni adscivit ; 42 : quibus mortuis omne regnum eorum et thesauros adquisivit. Comparez à cela la réponse des Franks, p. 27 : omnia, gloriose rex, quæ cernimus tua sunt ; sed et nos ipsi tuo sumus dominio subjugati. [Ces paroles ne sont pas vraisemblables dans des bouches germaines, et sont sans doute une invention malheureuse du gallo-romain Grégoire. N. du Trad.]

[30] Ep. Remigii, Bouquet IV, 51 c : populorum caput estis, et regimen sustinetis.

[31] Grégoire, II, 38. Il rapporte ces faits d’après la tradition conservée à Tours. Les Gesta c. 17 laissent de côté quelques détails, l’Historia epitomata se tait sur ce sujet.

[32] .....Codicillos de consulatu.

[33] .....tanquam consul aut Augustus est vocitatus.

[34] Dubos tient pour la première de ces hypothèses, Valois pour la seconde. Voyez Sybel, dans les Jahrbücher des Vereins von Alterthumsfreunden im Rheinlande, IV, p. 75, 81.

[35] Pardessus, op. cit., p. 345 : At ubi Deo favente rege Francorum Chlodoveus torrens et pulcher et primus recepit catholicam baptismi et quod minus in pactum habebatur idoneo, per proconsolis rebis Chlodovechi et Hildeberti et Chlotharii fuit lucidius emenda tum. Voyez Waitz, Das alte Recht, p. 36 et ss., et Sybel, loc. cit. — Les mots torrens et pulcher semblent se rapporter à la longue chevelure qui distinguait la face royale (torrens), et à la perfection physique de Chlodovech (pulcher).

[36] Voyez les exemples dans Sybel, loc. cit.

[37] Ruinart (Bouquet, II, p. 722 et ss.) et Dubos, V, 1 ont cru reconnaître dans une figure du portail de Saint-Germain-des-Prés à Paris un Chlodovech revêtu des insignes consulaires. Il est impossible de rien affirmer à cet égard.

[38] Cuspiniani Anonaym., ad a. 472 (Roncallius,126) : eo anno Gundobaldus patricius factus est ab Olybrio imperatore. Cf. Gaupp, Die german. Ansiedlungen, p. 287. Sigismund, fils de Gundobad, reçut d’Anastase les mêmes honneurs. [Gundobad n’était pas roi quand il reçut le patriciat. Gundeuch son père ne mourut qu’en 483. Voyez Binding, Das Burgundisch-romanische Kœnigreich, N. du Trad.]

[39] Malchi fragm. Corpus Byz. Bonn., I, 235. 236.

[40] Jordanès, De rebus Geticis, c. 57 : tertioque ut diximus anno ingressus in Italiam (Theodoricus) Zenonisque imperatoris consulto privatum habitum suæque gentis vestitum reponens, insigne regii amictus quasi jam Gothorum Romanorumque regnator adsumit.

[41] Voyez plus haut note 35 et Schæffner, op. cit., I, 121. Waitz, Das alte Recht, 75 et ss. Ces additions sont éditées par Pardessus, op. cit., p. 329 parmi les capita extravagantia I.

[42] Voyez plus bas.

[43] Voyez pour l’ensemble Roth, Von dem Einfluss der Geistlichkeit unter den Meroringern (lu le jour de la Saint-Louis à l’Académie bavaroise des sciences 1830).

[44] Concilium Aurelianense, op. cit., canons I, II, III.

[45] Ibid., canon XVI.

[46] Vita Genocefæ, Bouquet, III, p. 370.

[47] Vita Vedasti, Bouquet, III, p. 312.

[48] Vita Melanii, Bouquet, III, p. 395.

[49] Grégoire, II, 43.

[50] V. Genocefæ, Bouquet, III, 370, avec une description remarquable de l’église.

[51] Grégoire, II, 37.

[52] Bouquet, II, p. 54. Fin de la lettre de Chlodovech : Orate pro me, domini sancti apostolica sede dignissimi papæ.

[53] Pardessus, Diplomata, I, 57 : Tibi, venerabilis senex Euspicii, tuoque Maximino, ut possitis et hi qui vobis in sancto proposito succedent, pro nostra dilectæque conjugis et filiorum sospitate divinam misericordiam precibus vestris impetrare, Miciacum concedimus.

[54] V. Vedasti, loc. cit. : erat enim gratus penes aulam regiam.

[55] V. Melanii, loc. cit.

[56] Pardessus, Dipl., I, 57 : Eusebius episcopus confirmavi.

[57] Concilium Aurel. Lettre des évêques, op. cit., p. 835.

[58] Ep. Anastasii, Bouquet IV, p. 50. Dans les lettres de S. Remi (ibid., p. 51) il faut prendre naturellement serenitatis consilia dans le sens propre du mot.

[59] V. Maximini, Bouquet, III, p. 395. E.

[60] Concil. Aurel., canon XVII ; c’est ainsi que Micy fut évidemment recommandé à l’évêque Eusèbe d’Orléans, et c’est pour cette raison qu’il signa le diplôme.

[61] Canon XIX.

[62] Ibid. Cf. canon XXII.

[63] Canon VII.

[64] On peut le conclure du canon V : ... quod si aliquis sacerdotum ad hanc curam minus sollicitus ac devotus exstiterit, publice a comprovincialibus episcopis confundatur.

[65] Canon VI.

[66] Canon IX.

[67] Canon IV. On parle ici des ordinationes clericorum. Clerici indique les rangs inférieurs du clergé, en opposition à Sacerdos, l’évêque.

[68] Vita Maximini, Bouquet, III, 393 : ... (Chlodoveus) sanctum Euspicium..., ut urbi... episcopali dignitate et honore præesset, admonuit et admonendo petivit. At vero sanctus ille... oblatum honorem vel potius onus sacerdotis humiliter recusavit... Cumque rex hoc ab eo obtinere non potuisset, ut pontifex scilicet drearetur, jussit, ut sibi comes fieret.

[69] Vita Eptadii, Bouquet, III, 380 : ... a rege Gundobaldo... Chlodoveus suppliciter exoravit, ut... Eptadium civitatis suæ Autissiodorensis præstaret antistitem ordinandum. Çui petitioni vel electioni prædicti regis ita restitit voluntas offensa, tamquam sibi maximas vires deposceret possidendas. Tamen... ut petebat, negare non potuit. Qui recepta promissione auctoritatis statim eligitur consensu universitatis cleri ac populorum, nam clericorum chorus cunetaque nobilitas et plebs urbana vel rustica in unam venere sententiam Eptadium dignissimum esse episcopum. — De même saint Sacerdos devient évêque de Limoges (Vita Sacerdotis, Bouquet, III, 382), electione cleri et favore populi, Francorum rege, seniore ejusdem provinciæ, etiam collodante. Toutefois cette source a peu d’autorité.

[70] Il est douteux qu’on puisse citer ici l’ordination de l’évêque Licinius de Tours (Grégoire, II, 39). Il semble qu’il ait été intronisé avant que Chlodovech ait commencé la guerre wisigothique.

[71] Vita Vedasti, Bouquet ni, 372 : Cumque jam celeberrima fama in præfata urbe Remorum esset (Vedastus)... fuit tandem (Remigius) consilii, ut Atrebatum urbis eum pontificem faceret... Suscepto itaque pontificalis cathedræ onere, ad urbem Atrebatum venit. Cf. la fondation de l’évêché de Laon, Vita Remegii, Bouquet, III, 375 A.

[72] Voyez Edictum Chlotarii, Pardessus, Diplom., I, p. 175.

[73] Les expressions concilium et synodus sont employées indifféremment l’un pour l’autre.

[74] Acta SS. Boll. VI Jan. Le fragment de Bouquet, III, 395, est trop court.

[75] La meilleure édition dans la Conciliorum Galliæ collectio, I, p. 833, et ss. Voyez aussi Mansi.

[76] Cyprianus in Christi nomine episcopus ecclesiæ Burdegalensis metropolis canonum statuta nostrorum subscripsi, sub die VI° idus Julias. Felice V. C. consule.

[77] D’après la Vita Remigii, Bouquet, III, 378 D., Chlodovech réunit le concile avant la guerre wisigothique, sur l’avis de S. Remi.

[78] Je traduis ainsi definitiones.

[79] Les mots ex evocatione gloriosissimi regis Chlodovechi manquent il est vrai dans le plus ancien manuscrit ; mais cela ne change rien au fond des choses : il est certain d’après la lettre et la Vita Melanii que Chlodovech a convoqué le concile.

[80] Vita Vedasti, Bouquet, III, p. 312.

[81] Pardessus, Dipl., I, 57. Le diplôme est certainement authentique. Il est en forme de lettre ; la rédaction solennelle des diplômes postérieurs n’est évidemment pas encore en usage. Vita Maximini, dans Bouquet, III, p. 394.

[82] Canon V : de oblationibus vel agris, quos dominus noster rex ecclesiis suo munere conferre dignatus est, vel adhuc non habentibus Deo inspirante contulerit, ipsorum agrorum vel clericorum immunitate concessa.