HISTOIRE CRITIQUE DES RÈGNES DE CHILDERICH ET DE CHLODOVECH

LIVRE I. — CHILDERICH D’APRÈS LA LÉGENDE ET D’APRÈS L’HISTOIRE.

 

 

 

Grégoire de Tours, notre source capitale[1], nous présente Childerich comme le fils de Merovech. Ce dernier appartenait, s’il faut en croire certaines traditions, à la race de Chlojo ; en d’autres termes, il sortait de la famille, éminente par son rang et sa noblesse, dans laquelle les Franks Saliens choisirent leurs rois, après avoir franchi le Rhin[2].

Les informations que nous donnent, sur la vie et les actions de Childerich, Grégoire de Tours, les Gesta regum Francorum, ainsi que la chronique dite Historia epitomata, de Frédégaire[3] — c’est-à-dire les sources franques, — se divisent en deux grandes catégories d’un caractère parfaitement distinct : un récit développé sur les débuts du règne ; notices succinctes, et en apparence incohérentes, sur certains événements qui, venant après les autres dans l’ordre du récit, doivent nécessairement être regardés comme postérieurs. On trouvera entre ces deux catégories une autre différence encore, si l’on compare l’œuvre de Grégoire avec les sources postérieures. Tandis que celles-ci sont plus riches que celles-là en renseignements de la première espèce, au contraire, en ce qui concerne ceux de la seconde, elles ne nous apportent aucun fait nouveau, omettent certains détails, cru intervertissent l’ordre suivi par Grégoire.

Il importe au point de vue critique, de bien noter cette différence.

Commençons par la première catégorie de documents. Voici ce que raconte Grégoire[4] : Childerich était adonné à une luxure effrénée ; il régnait sur la nation des Franks et déshonorait leurs filles. Les Franks, indignés, le détrônèrent ; et comme il apprit qu’ils en voulaient même à sa vie, il se réfugia en Thuringe, laissant sur les lieux un homme dévoué qui pût par de douces paroles apaiser. les esprits furieux. Un moyen convenu devait lui faire savoir quand il pourrait revenir dans le pays, c’est-à-dire qu’ils divisèrent entre eux un son d’or ; Childerich en importa une moitié avec lui, son ami garda l’autre, et dit : Lorsque je t’enverrai cette moitié, et que les deux parties réunies reformeront la pièce entière, alors tu pourras sans crainte revenir dans ces lieux. Le roi partit aussitôt pour la Thuringe, et se cacha chez le roi Bisin et chez Basine sa femme. Après l’expulsion de Childerich, les Franks se choisirent unanimement pour roi cet Ægidius que la République, comme nous l’avons dit plus haut, avait envoyé dans les Gaules en qualité de chef de l’armée[5]. Ægidius était dans la huitième année de son règne, lorsque l’ami fidèle dont nous venons de parler, ayant en secret apaisé les Franks, envoya des messagers à Childerich avec la portion du soit d’or qu’il avait gardée. Celui-ci, certain par cet indice que les Franks le désiraient, revint de Thuringe sur leurs propres instances et fut rétabli dans son royaume. Pendant que ces princes régnaient simultanément[6], la reine Basine, dont il vient d’être fait mention, abandonna son mari et se rendit près du roi des Franks. Lorsque celui-ci lui demanda avec empressement par quel motif elle était venue le trouver de si loin[7], on prétend qu’elle répondit : Je connais ton mérite et ton grand courage ; voilà pourquoi je suis venue pour vivre avec toi ; car sache bien que si j’avais connu au-delà des mers un homme qui valût mieux que toi, j’aurais cherché de même à vivre avec lui. Childerich, plein de joie, l’épousa. Avant conçu, elle donna naissance à un fils, qui reçut le nom clé Chlodovech. Ce fut un grand homme et un éminent guerrier.

Passons à nos deux sources postérieures, les Gesta et l’Historia epitomata[8]. Leurs récits ont pour base celui de Grégoire. La marche générale du drame est la même ; ici encore, nous retrouvons ces quatre péripéties principales : détrônement et fuite de Childerich ; séjour qu’il fait à l’étranger tout en entretenant des intelligences dans son royaume ; retour ; mariage et naissance de Chlodovech.

Mais on trouve entre ces deux récits et celui de Grégoire clé si notables différences, soit dans le développement des détails, soit dans la conception clé l’ensemble, qu’il faut en les plaçant à côté du sien, reconnaître qu’ils sont pourtant indépendants. Un trait commun à ces deux récits, c’est leur prolixité ; ce caractère est plus prononcé dans l’Historia epitomata ; il l’est moins dans les Gesta. En général, ceux-ci suivent de très près encore la narration de Grégoire ; les différences de fond qui les séparent n’ont pas grande importance, et, en plus d’un endroit, la forme est textuellement la même. Néanmoins, dans la forme comme dans le fond, les Gesta présentent certains caractères propres et distinctifs : l’élément épique y apparaît dans les discours et les répliques, dans le choix calculé des épithètes[9] ; on sent une tendance à rendre individuel ce qui était général, à motiver ce qui n’était pas motivé, à rattacher les uns an autres des faits qui étaient mal liés chez Grégoire[10] ; enfin on ne peut nier ni sa tendance à juger les événements en moraliste[11], ni son aversion pour les Romains[12].

Le récit de l’Historia epitomota n’offre pas des particularités aussi caractéristiques. Entre ce récit et celui de Grégoire, les différences de faits sont plus nombreuses ; quant aux détails que Grégoire s’était contenté d’indiquer, ils sont développés ici d’une manière plus régulière et plus réfléchie que dans les Gesta : aussi l’exposition prend-elle un aspect plus complet et mieux composé. Ce qu’il faut noter, c’est l’art vraiment remarquable avec lequel les événements, dans l’Historia epitomata, sont rattachés à leurs causes. Dans les discours et les répliques, l’élément épique atteint son complet développement. Un épisode d’une grande beauté, et d’un effet saisissant, c’est la vision de Childerich. Fondateur d’une dynastie nouvelle, il voit d’avance, pendant la chaste veillée de sa nuit de noces, les tragiques destinées de sa race ; il la voit, après un éclat éphémère, tomber toujours, toujours plus bas.

Il est à remarquer que l’auteur burgunde de l’Historia epitomata tourne ses regards vers le lointain Orient, vers Constantinople : naturellement, il ne connaît que d’une façon très imparfaite les rapports de ces contrées avec l’Occident[13].

On se posera maintenant la question suivante : l’histoire doit-elle s’emparer de ces deux récits, et s’en servir comme de précieux matériaux pour compléter la narration plus simple de Grégoire[14] ? La réponse ne peut être que négative. Les deux documents étendent et développent le récit antérieur, plutôt qu’ils ne le complètent ; les faits qu’ils y ajoutent n’offrent aucun des caractères propres à la vérité historique[15]. Aussi ne pouvons-nous voir dans leurs deux relations que de poétiques amplifications du thème fourni par Grégoire. Sans doute ces auteurs ont pu donner à leurs récits la forme qu’ils ont aujourd’hui ; mais il est évident, d’après le caractère même de ces deux morceaux, que nos chroniqueurs ont suivi en général la tradition populaire, telle qu’elle avait cours de leur temps, et que, par conséquent, ils se sont inspirés d’elle quand ils ont développé le texte de Grégoire, ou quand ils ont cru devoir s’en écarter.

Ainsi, on ne peut se servir de ces deux récits pour contrôler celui de Grégoire, et ce dernier doit être jugé d’après lui-même. Une question qui se pose naturellement est celle-ci : faut-il attribuer à ce récit un caractère strictement historique[16] ? Il y a, pour répondre négativement, deux sortes de raisons, les unes tirées de la forme et les autres du fond de la narration. En ce qui touche les raisons de fait, personne ne contestera que la relation de Grégoire ne renferme de grandes invraisemblances. Dans tous les cas, il y a quelque chose d’étrange à voir les Franks choisir pour roi le Romain Ægidius. Ce choix est contraire à toutes les habitudes germaniques et n’a pas encore été expliqué d’une manière satisfaisante[17]. D’où vient que les Franks n’ont pas mieux aimé prendre, dans la famille royale, un autre souverain ? Savaient-ils que Childerich reviendrait si tôt ? Le retour même de Childerich, après que les Franks sont apaisés, ne s’explique pas facilement[18] ; l’arrivée de Basine, combinée avec le séjour de Childerich en Thuringe, ne ressemble pas davantage à un événement historique.

Assurément on pourra nous objecter que ce sont là des cloutes purement subjectifs ; ces doutes ne prouvent pas, dira-t-on, que la source où Grégoire a puisé les éléments de son récit ne doit pas être regardée comme une source historique. Mais nous reconnaissons dans la forme du récit les indices d’une origine légendaire. Nous y retrouvons, en effet, les particularités caractéristiques que nous avons déjà signalées dans les relations postérieures, écrites sous l’influence de la tradition populaire : ampleur toute épique de l’exposition, détails, discours développés. Et ces particularités doivent nous paraître d’autant plus frappantes, qu’elles appartiennent en propre à notre premier groupe de renseignements concernant Childerich ; le second groupe n’en offre aucune trace. D’une part, manque absolu de précision, mais tendance à insister longuement sur les circonstances personnelles, ainsi qu’aime à le faire la légende de l’autre, récit des faits saillants en traits rapides et précis, sans développement d’aucune espèce[19]. Il est donc hors de doute que Grégoire, lui aussi, a tiré sa narration de quelque ancien chant, qui de son temps circulait de bouche en bouche[20]. La forme latine donnée à ce poème n’a pu lui faire perdre sa physionomie propre. Il se termine par la mention de la naissance de Chlodovech, et par une allusion à sa future renommée[21]. Nous pouvons donc, sans crainte de nous tromper, voir dans le récit de Grégoire un chant populaire sur la naissance de Chlodovech conservé chez les Franks par la tradition orale. Ce chant, Grégoire l’a adopté sans le juger : il prenait ses matériaux où il les trouvait. De plus, il y a une chose qu’on ne peut révoquer en doute : c’est que la religion et la mythologie des anciens Germains ont dû influer sur la formation d’une poème tel que celui-ci, que le récit de Grégoire, emprunté à des traditions populaires contemporaines, ne devra être admis par l’historien comme véridique, soit dans son ensemble, soit dans ses détails, qu’après avoir été examiné et jugé d’après les règles de critique de la mythologie comparée.

L’histoire de la fuite et du retour de Childerich rappelle en plusieurs points, et de fort près, une série de légendes dont la tradition populaire a perpétué le souvenir dans toutes les parties de l’Allemagne, et que l’on s’accorde à regarder comme les formes diverses d’un mythe de Wuotan, mythe qui, dans des temps comparativement peu éloignés de nous, a été souvent rattaché à de grands personnages historiques, rois, princes, ou héros célèbres[22]. Il y a sans doute, dans les récits auxquels nous faisons allusion, une circonstance caractéristique du mythe de Wuotan qui ne se retrouve pas dans l’histoire clé Childerich : le héros ou le roi qui, d’après ces traditions, se rend en Orient, est marié, et sa femme le trompe durant son absence. Mais Childerich, lui aussi, lorsqu’il est expulsé par les Franks, se dirige vers l’Orient, c’est-à-dire vers la Thuringe[23] ; et, pendant son absence, un autre règne à sa place[24]. Il reste éloigné pendant huit années ; puis, il revient dans sa patrie, à l’instigation d’un ami. La pièce d’or partagée joue au fond, dans cette histoire,  le même rôle que l’anneau divisé dans les traditions dont nous avons parlé. Quant au mariage de Childerich avec Basine, mariage dont il est question dans la seconde partie du poème, on peut hésiter à le rapprocher de l’incident du héros qui retrouve sa compagne, après avoir été séparé d’elle. Ce, mariage, en effet, a son, importance propre, en dehors du chant sur la naissance de Chlodovech ; et ce qui le prouve, c’est que l’Historia epitomata y rattache la vision dont nous avons parlé plus haut. Un mythe de Wuotan est-il venu, ici encore, s’implanter sur le terrain de l’histoire ? C’est ce que nous n’avons pas à rechercher en ce moment. Il nous suffira d’avoir montré que si, en nous plaçant au point de vue historique, nous avons dû signaler comme invraisemblables et inadmissibles certaines circonstances du récit de Grégoire, ces mêmes circonstances se trouvent pleinement justifiées et s’expliquent tout naturellement quand on se place au point de vue de la légende.

Notre première catégorie d’informations concernant Childerich ne saurait donc être prise en sérieuse considération par l’historien, même à ne l’envisager que dans son ensemble, comme l’ont fait quelques critiques, d’ailleurs circonspects. L’expulsion et le retour de Childerich, la royauté donnée à Ægidius, aucun de ces événements ne rentre dans le domaine de l’histoire positive. Les relations de Childerich avec le roi des Thuringiens, Bisin, personnage qui d’ailleurs parait avoir réellement existé[25], restent elles-mêmes enveloppées d’une certaine obscurité ; nous serions aussi fort embarrassés de dire de quelle manière Basine est devenue la femme de Childerich et la mère de Chlodovech. Il nous parait, en effet, indubitable, que la Basine dont pairle le poème a bien réellement donné le jour à Chlodovech : comment supposer qu’un faux nom ait pu se répandre, quand le véritable était connu ? Comment admettre surtout que celui de la mère de Chlodovech puisse être tombé dans l’oubli dès le temps de Grégoire ?

Nous arrivons maintenant à la seconde partie de nos renseignements sur Childerich[26]. II est manifeste que Grégoire suit ici des sources romaines. Rien de plus conforme au style des annales latines de son temps que sa manière brève et précise d’exposer les faits. C’est textuellement, à ce qu’il semble, qu’il emprunte ses informations à des sources de ce genre[27] ; par malheur, il omet l’indication des années[28]. Toutefois il n’entasse pas les événements au hasard ; on peut, au contraire, distinguer dans son récit trois portions principales, parfaitement reconnaissables à ce qu’il n’y a entre elles ni particule conjonctive ni liaison d’aucune espèce[29]. Nous étudierons séparément chacune de ces trois sections.

La première portion se divise en événements antérieurs et événements postérieurs à la mort d’Ægidius, qui arriva en 464[30]. Grégoire mentionne d’abord un combat livré par Childerich auprès d’Orléans. Deux annalistes latins qui ont raconté, chacun de leur côté, les événements accomplis pendant l’année 463, nous renseignent sur ce combat d’une façon plus précise[31]. Ils nous parlent en effet d’une expédition dirigée par les Wisigoths contre Egidius, expédition dans laquelle le chef wisigothique, Friederich, frère du roi Theoderich, perdit à la fois la bataille et la vie. D’après l’un de ces auteurs, le choc des deux armées eut lieu dans la province armoricaine ; l’autre indique Orléans comme l’endroit précis de la province où se livra le combat. On ne peut guère supposer que Grégoire ait eu en vue un autre événement[32]. Nous ignorons sans doute si c’est comme ennemi ou comme ami des Romains que Childerich parut sous les murs d’Orléans[33] ; toutefois la dernière supposition est la plus probable[34]. Nous admettrons donc que Childerich combattit victorieusement les Wisigoths sous les murs d’Orléans, en qualité d’allié d’Ægidius.

Il est un autre événement que Grégoire rapporte comme s’étant accompli en même temps que le précédent : c’est l’arrivée, devant Angers, d’une bande de Saxons commandée par Adovakrius[35]. Etait-elle venue par la voie de mer ou par celle de terre ? Nous l’ignorons[36]. Angers se trouve à l’embouchure d’un affluent de la Loire. Jusqu’à cette hauteur, le fleuve était certainement assez profond pour les petits navires des Saxons. L’apparition de ces derniers dans ces contrées semblerait donc concorder avec le rôle de hardis coureurs de mers qu’ils jouent en général à cette époque. Mais de ce que leur arrivée a coïncidé avec l’expédition des Visigoths, on ne saurait induire que les cieux bandes se fussent concertées pour une action commune[37] ; nous ne savons pas davantage si Ricimer, ennemi d’Ægidius, avait poussé contre celui-ci le chef des Saxons[38].

Avant de mentionner la mort d’Ægidius, Grégoire nous apprend qu’une grande épidémie ravagea le pays. Ægidius ne fut pas emporté par cette maladie : il succomba à d’insidieuses embûches, ou au poison[39], laissant un fils nommé Syagrius, que nous trouverons plus tard en possession de Soissons. Cette mort ne resta pas sans influence sur l’état des choses en Gaule : les Romains durent céder là où, du vivant d’Ægidius, ils avaient réussi à se maintenir. C’est ainsi qu’on voit Angers et d’autres villes livrer des otages au chef saxon Adovakrius, quand Ægidius a disparu de la scène. Il faut, à n’en pas douter, rattacher ce dernier fait aux précédents ; nous voyons qu’ici le chef des Saxons atteint son but ; il ne quitte pas le pays.

La seconde portion du récit de Grégoire nous montre les Wisigoths et les Saxons persévérant dans les mêmes entreprises et les mêmes efforts. Les Wisigoths cherchent à s’avancer du côté du Nord et à faire de la Loire la limite de leur empire ; les Saxons, à ce qu’il semble, veulent s’établir solidement à Angers ; les uns et les autres ont en face d’eux les Romains, aidés par les Franks. Les Wisigoths parviennent à chasser les Bretons du pays de Bourges ; beaucoup de ces derniers sont tués à Déols[40], où les deux armées en vinrent aux mains. Nous savons par une autre source quo ces Bretons, venus de l’Armorique, à ce qu’il semble, avaient été établis auprès de Bourges par Anthemius, au nombre de 12.000 hommes, avec leur roi Riothimus, à titre de colons chargés de défendre la ville romaine ; cette même source nous apprend qu’Eurich lui-même les combattit victorieusement[41]. Grégoire raconte ensuite que le comte Paulus, avec des Romains et des Franks, attaqua les Wisigoths, et leur enleva du butin. Childerich n’est pas nommé à propos de ces entreprises : s’il y prit part, nous l’ignorons[42]. Ce qui suit est difficile à comprendre ; le texte dit : Adovakrius étant venu à Angers, Childerich arriva le jour suivant, et prit la ville après que le comte Paulus eût été tué. Ce jour même la maison commune fut détruite par un grand incendie[43]. Nous avons affaire ici à une nouvelle tentative des Saxons contre Angers. En admettant que la campagne de Paulus contre les Wisigoths et l’expédition d’Adovakrius n’aient pas été séparées par un trop grand intervalle de temps[44], on peut expliquer de la manière suivante l’enchaînement de tous les faits : Adovakrius, voyant les Romains engagés avec toutes leurs forces contre les Wisigoths[45], marche sur Angers, avec l’intention évidente de s’emparer de la ville par un coup de main. Mais Childerich parait le lendemain ; les Romains se présentent à leur tour sous les ordres de Paulus ; une bataille a lieu ; le comte Paulus est tué dans sa lutte avec les Saxons ; Childerich, vainqueur d’Adovakrius, reste maître de la ville. De là une guerre entre les Romains et les Saxons ; les Saxons prennent la fuite, poursuivis par les Romains ; beaucoup d’entre eux succombent ; leurs îles, qu’on ne sait trop où placer[46], sont conquises et dévastées par les Franks avec un grand carnage. Ici comme plus haut, Childerich n’est pas nommé. Cette même année, au mois de septembre, il y eut un tremblement de terre.

Enfin, dans la troisième portion du récit, Grégoire nous apprend qu’Adovakrius, ayant fait alliance avec Childerich, assujettit les Alamans, qui venaient de parcourir une partie de l’Italie. Ce dernier fait n’a aucune connexion avec ceux qui précèdent[47] ; cependant nous n’avons pas le droit de le révoquer en doute, sous prétexte que nous sommes incapables de l’expliquer. Toujours est-il que les Saxons paraissent avoir eu sous Adovakrius une forte position en Gaule.

Tels sont les renseignements que nous fournit Grégoire concernant Childerich. De la première moitié de ces renseignements, nous n’avons pu tirer aucune conclusion historique certaine ; au contraire, les informations de la seconde catégorie, quoique sans lien entre elles, ont un prix inestimable. Voici ce qu’elles nous apprennent sur Childerich : dans le courant de l’année 463, uni à Ægidius, il défait les Wisigoths ; allié à un général romain, Paulus, il repousse un chef saxon qui menaçait Angers ; Paulus mort, il occupe la ville au nom des Romains. Enfin il entreprend, conjointement avec le chef saxon, une campagne contre les Alamans. En outre, nous retrouvons les Franks combattant contre les Wisigoths, côte à côte avec des Romains, sous les ordres du général que nous avons nommé, Paulus ; nous les voyons, séparés de leurs alliés, ravager les îles saxonnes, quand les Romains ont déjà vaincu des Saxons, les mêmes à coup sûr, que ceux avec lesquels Childerich s’était mesuré devant Angers. Dans ces deux derniers cas, Childerich n’est pas cité comme ayant pris part aux événements.

Ainsi, dans les pays situés au nord, de la Loire, Childerich tend à la puissance romaine expirante une main secourable[48], et la protège contre les agressions des Germains ; seul en Gaule, il nous apparaît comme l’allié des Romains. Aussi ne devons-nous pas nous étonner si nous voyons ce chef païen traiter la religion catholique en ami plutôt qu’en ennemi. Une vie de saint[49] vante le respect dont il se plut à entourer une vierge consacrée à Dieu, Geneviève. Un jour, craignant que la sainte fille ne lui arrachât la grâce de certains captifs dont il avait résolu la mort, il sortit de Paris, s’il faut en croire cette source, ordonnant qu’on fermât derrière lui les portes de la cité. Mais Geneviève est informée des intentions du roi ; pour sauver la vie des prisonniers, elle part sans. perdre un instant. La porte de la ville s’ouvre devant elle, elle parvient jusqu’à Childerich et se fait écouter. Cette histoire montre assez la bonne entente qui régnait entre le roi des Franks et l’Eglise catholique ; mais il est un autre fait plus significatif encore[50]. La terrible renommée du nom frank s’étant répandue autour de Langres, la population toute entière se mit à désirer avec ardeur la domination des Franks. Qu’il s’agisse ici des Franks Saliens de Childerich, c’est ce qui ne fait aucun cloute. Voilà donc des Gallo-romains catholiques, sujets d’un roi Burgunde[51] sectateur de l’arianisme, dont les regards et les espérances se tournent vers la peuplade germaine qui avait secouru les Romains, assaillis de toutes parts.

Bref, nous voyons ici un roi germain entretenant des rapports amicaux avec les Romains des Gaules. Qu’une telle alliance ait exercé sur la situation politique de Childerich une influence décisive, on ne saurait en douter ; seulement, il faut se garder d’attacher à ce fait une trop grande importance. On a prétendu[52] que la puissance de ce prince avait eu pour fondement, non pas la qualité de roi du peuple salien, mais sa liaison avec Ægidius. A l’origine, Childerich n’aurait été que l’Ancien d’une insignifiante tribu germanique ; plus tard, il serait entré au service des Romains, et il aurait réussi, comme général romain, à tenir en respect ses propres compatriotes, affluant de tous côtés. Il aurait obtenu ainsi, non pas précisément un territoire complet et cohérent, ou une concession à titre d’hôte de l’Empire, mais du moins un poste dans les pays situés au nord de la Loire[53], soumis à la suprématie romaine.

Ce, que nous savons de Childerich ne justifie pas cette conjecture. S’il combat les Wisigoths et les Saxons, c’est comme allié des chefs romains au nord de la Loire, et nullement comme fonctionnaire de l’Empire, chargé de défendre une grande circonscription territoriale. Après la mort de Paulus, il s’empare d’Angers dans l’intérêt des Romains ; nous ignorons s’il en conserva longtemps la possession. Dans la vie de saint que nous avons citée plus haut, nous trouvons sans cloute Childerich à Paris, où l’avait probablement amené une des expéditions qu’il faisait dans ces contrées ; nous voyons aussi qu’il fait fermer les portes de la ville. Mais on, ne saurait conclure de là que le roi frank ait été investi dans ce pays de durables fonctions officielles. Enfin, l’on né comprend pas comment les vœux des habitants de Langres en faveur de la domination des Franks à la place de celle des Burgundions ariens, pourraient démontrer que Childerich avait depuis longtemps, dans les districts voisins, montré son aptitude au gouvernement[54].

D’après une autre opinion, plus ancienne en date que la précédente, Childerich, après la mort d’Ægidius, aurait exercé la charge de magister militum, charge dont, en tous cas, le fils d’Ægidius n’avait pas hérité. Nos sources ne confirment pas plus cette seconde hypothèse que la première. Une pareille opinion n’a pu prendre naissance que parce qu’on se figurait que Chlodovech, fils de Childerich, avait été lui-même magister militum ; or c’est là une erreur[55]. Si donc nous voyons Childerich dans une partie de la Gaule qui, de son temps, autant que nous pouvons en juger, était encore romaine, cela ne prouve pas que sa puissance ait été fondée sur celle de Rome. Pour tout esprit non prévenu, la puissance de Childerich repose au contraire suc sa qualité de petit souverain local[56]. Assurément son royaume n’embrassait pas une aussi vaste étendue que le poste dont on pourrait le doter, en le soumettant à la suprématie romaine ; il ressort même de l’histoire de Chlodovech qu’il y avait dans les pays occupés par les Franks Saliens, plusieurs souverainetés locales. La résidence de Childerich était Tournai ; nous le savons puisque son tombeau a été découvert dans cette ville[57]. C’est là, dans ces contrées devenues avec le temps la seconde patrie de sa race, qu’il exerça le pouvoir royal[58] ; car nos informations sur son expulsion et sur sa fuite ne rentrant pas dans le domaine de l’histoire positive, il serait impossible d’établir que, de son temps, la royauté a été remplacée par le gouvernement de l’assemblée populaire[59]. C’est dans son petit royaume local que Childerich trouve son véritable point d’appui pour toutes ses entreprises ; il peut même y rallier des Franks, appartenant à des régions qui ne lui sont pas directement soumises. A leur tête, on le voit se mêler aux luttes et aux mouvements qui ébranlaient alors la Gaule. Il ne tient aux généraux romains que par un lien relativement peu étroit, celui de confédéré. Quant à la suzeraineté romaine, qui nominalement existe encore, ce n’est plus en réalité qu’un mot assez insignifiant.

Ainsi, à sa qualité de petit souverain frank, Childerich sut réunir celle d’allié du lieutenant romain dans le nord de la Gaule ; et, au moment du danger, il prêta aux Romains un utile secours. Cette alliance dut lui révéler clairement la profonde faiblesse de l’Empire, surtout quand Ægidius fut mort. C’est de là que partira Chlodovech ; c’est sur ces bases qu’après la mort de son père Childerich (481)[60], il fondera l’édifice de sa fortune.

 

 

 



[1] Grégoire de Tours, Historia Francorum, II, 9.

[2] De prima et ut ita dicam nobiliori suorum familia, dit Grégoire, II, 9.

[3] Voir Bouquet, Rerum Gall. et Francic. scriptores, II. Roricon. Aimoin, et les Chroniques de Saint-Denis n’entrent évidemment pas en ligne de compte. (Bouquet, op. cit., III.)

[4] Grégoire, II, 12. J’ai suivi presque constamment Lœbell, Gregor von Tours und seine Zeit, p. 53-1. (Note de l’auteur.) Nous suivons ici et ailleurs la traduction de MM. Guadet et Taranne, en y faisant quelques légers changements. (N. du T.)

[5] C’est bien ainsi qu’il faut traduire Magister militum.

[6] His ergo regnantibus simul, Basina, relicto viro suo ad Childericum venit. Lœbell, p. 512, voit avec raison dans les regnantes Childerich et Bisin, et non pas Childerich et Ægidius, comme l’a cru Giesebrecht dans sa traduction de Greg., I, p. 73, n° 5. (N. de l’A.) — MM. Guadet et Taranne ainsi que M. Bordier, sont tombés ici, dans la même erreur que M. Giesebrecht. (N. du T).

[7] De tanta regione. Lœbell traduit d’un si grand royaume. (N. de l’A.)

[8] Voir le sommaire dans l’Appendice I.

[9] C’est ainsi que Childerich est appelé utilis atquo strenuus, par opposition à Ægidius, qualifié de crudelis, iratus atque superbus.

[10] Quand nous voyons Childerich devenir, en Thuringe, l’amant adultère de Basine, nous comprenons comment celle-ci a pu abandonner son mari pour suivre le roi des Franks. C’est encore afin d’expliquer l’enchaînement des faits que l’auteur met en relief les efforts de Wiomad pour apaiser les Franks, et qu’il raconte le détrônement d’Ægidius : deux choses qui rendent possible le retour de Childerich.

[11] Tenentes consilium non bonum, nimisquo, inutile atque absurdum ; — sine consilio hoc fecistis, non bene sed male hoc egistis ; — autant de jugements portés sur l’expulsion de Childerich.

[12] Voyez la note 10 ; et ces paroles de Wiomad : Non reminiscimini nec recordatis qualiter ejecerunt Romani gentem vestrarn de terra eorum ?

[13] Voir l’appendice.

[14] L’opinion émise par Fauriel, (Hist. de la Gaule méridionale, I, 273), opinion d’après laquelle Grégoire n’aurait fait que résumer des récits plus étendus, ne repose sur aucun fondement.

[15] Pétigny, Études sur l’époque mérovingienne, II, 69, et ss. ; 95, et ss. ; a beaucoup puisé dans ces sources postérieures.

[16] Grégoire emploie lui-même le mot fertur. Il conserve donc l’indépendance de son jugement vis-à-vis de sa source.

[17] Fauriel (I, 275) pense qu’Ægidius, à force d’intrigues, réussit à se faire nommer roi ; d’après Lœbell (p. 538) les Franks privés de roi s’attachèrent à Ægidius après le départ de Childerich ; et le premier, devenu chef des Franks, parut presque leur souverain. Mais cette manière d’interpréter les textes ne laisse pas que de soulever quelques doutes. (N. de l’A.) Ajoutons à cela qu’Ægidius fut élevé au poste de maître de la milice par Majorien (457-461), qu’il mourut en 464, que de 461 à 463 il fut constamment occupé au midi de la Gaule et que par conséquent, Childerich ayant d’ailleurs commencé à régner en 457, il est impossible de comprendre à quelle époque devraient être placés les huit années de règne d’Ægidius sur les Franks ni comment Childerich serait devenu plus tard l’allié d’Ægidius. Voyez plus bas (N. du T.)

[18] Fauriel (I, 280) a combiné le retour de Childerich avec l’expédition des Franks Ripuaires contre Trêves, mais sans aucune espèce de fondement ; Lœbell se contente de dire que la situation était devenue intenable. — Les sources postérieures font combattre Childerich avec Ægidius, ou supposent que ce dernier fut renversé par les Franks.

[19] Lœbell, p. 538.

[20] Waitz, Deutsche Verfussunsgeschichte, II, 47, n. 3 (Nous avons rectifié les renvois à Waitz, d’après la 2e édition) ; — Giesebrecht, op. cit., p. 74, n. 1 ; — c’était déjà l’opinion de Luden (II, 446) que Grégoire avait suivi des légendes et des contes.

[21] Hic (Chlodovechus) fuit magnus et pugnator egregius. Sauf de légères différences, cette conclusion est répétée sous la même forme dans tous les récits postérieurs, notamment dans ceux de l’Hist. epit. et des Gesta.

[22] Müller, Die Fahrt in den Osten, (dans : Niedersæchsische Sagen und Mœrchen, par Schambach et Müller, p. 389, et ss.)

[23] Si le poème fait allusion aux Thuringiens établis sur la rive occidentale du Rhin, Childerich, en quittant Tournai, s’enfuit dans la direction du N.-E. — Comparez Waitz, Das alte Recht der salischen Franken, p. 40, et ss. — On voit qu’en faisant séjourner Childerich à Constantinople, au fond de l’Orient, l’Hist. epit. reste tout à fait dans l’esprit de la légende.

[24] Que cet autre soit Ægidius, c’est ce qui ne surprendra personne, puisque les Franks de Childerich étaient alors assujettis à la domination romaine. C’est à, quoi ce passage de notre poème fait précisément allusion. Comparez Giesebrecht, op. cit., I, 73, n° 4.

[25] La Vie de Sainte Radegunde (Acta SS. Ord. S. Bened. sæc., I, p.319 ; — Bouquet, III, p. 56.) fait mention d’un roi nommé Basinus, grand-père de Radegunde, qui elle-même épousa Chlothachar, fils de Chlodovech. Beatissima igitur Radegundis, natione barbara, de regione Thoringa, avo rege Bassino, patruo Hermenfrido, patre rege Berethario. — L’Edictum Rotharis regis (Neigebauer : Edicta regum Langobardorum, p. 2, c. 5) indique aussi un roi de ce nom : Wacho habuit uxores tres, una Ratecunda, filia Pisen regis Thoringorum.

[26] Grégoire, II, 18, 19. — L’auteur de l’Hist. epit. a gravement mutilé Grégoire. Les Gesta ne reproduisent pas le texte de Grégoire d’une manière plus exacte.

[27] Lœbell, p. 544, adopte l’opinion de Dubos, opinion en vertu de laquelle Grégoire de Tours n’aurait fait que nous donner ici une série de sommaires ; mais il n’est pas nécessaire de recourir à cette supposition. Voir aussi Giesebrecht, pour l’interprétation de Grégoire. (op. cit., I, 77.)

[28] Il s’en est conservé pourtant quelque chose, c. 19 : Eo anno mense nono.

[29] Les trois sections commencent ainsi : Igitur Childericus..... Britanni de Biturica..... Adovacrius cum Childerico.....

[30] V. Idace, ap. Roncalli, Vetustiora Latinorum Chronica, II, p. 49. Ægidius moritur alii dicunt insidiis, alii veneno deceptus.

[31] Idace, ap. Roncalli, II, p. 47. Adversus Ægidium Comitem utriusque militiæ, virum ut fama commendat Deo bonis operibus, complacentem, in Armoricana provincia Fretericus frater Theuderici regis insurgens, cum his cum quibus fuerat superatus occiditur.

Marius, éd. W. Arndt. Basilio et Bibiano. (463). His coss. pugna facta est inter Egidio et Gothos inter Legere et Legerecino juxta Aurilianis ibique interfectus est Fridiricus rex Gothorum.

[Le texte du faux Sulpice Sévère, emprunté aux Annales d'Arles confirme entièrement les conclusions de Junghans et prouve que les Franks ont combattu avec les Romains contre les Wisigoths près d'Orléans : Fredericus frater Theuderici regis pugnans eum Francis occiditur juxta Ligerim.

Pour les citations de Marius nous avons substitué au texte de Roncalli, le texte plus correct donné par M. Arndt. Leipzig 1878.]

[32] Dubos (Histoire critique de l’établissement de la monarchie française, t. III, p. 8), est le premier qui ait attiré l’attention sur ce point ; Lœbell, p. 545, est d’accord avec lui.

[33] Les Gesta font de Childerich un ennemi des Romains, c. 8. (N. de l’A.)

L’opinion des Gesta a pour elle la tradition populaire qui faisait d’Ægidius et de Childerich deux ennemis. Mais l’alliance des Franks et des Romains sous la conduite du comte Paul (c. 18), est une présomption très forte en faveur de l’opinion de M. Junghans. (N. du T.)

[34] Lœbell, loc. cit.

[35] L’Hist. epit. l’appelle rex ; les Gesta le nomment dux ; Grégoire ne lui donne aucun titre.

[36] Les Gesta suivent la seconde hypothèse.

[37] Voir Dubos, loc. cit.

[38] Lœbell, p. 545.

[39] Voir ci-dessus, note 33. (N. de l’A.) Il est pourtant à remarquer qu’on a souvent attribué au poison les morts foudroyantes des temps d’épidémie. (N. du T.)

[40] M. Junghans imprime Dôle, ce qui est une erreur. Il s’agit ici de Déols (Indre, arrondissement de Châteauroux.) (N. du T.)

[41] Jordanès, de rebus Geticis, c. 45.

[42] Lœbell suppose que Childerich y prit part, il paraît déduire ceci de l’apparition commune, devant Angers des Romains commandés pas Paulus et des Franks commandés par Childerich.

[43] Voir, pour l’interprétation de ce passage, Lœbell, p. 547. Pétigny, II, 236, s’accorde avec celui-ci. (N. de l’A.) M. Bordier traduit : la maison épiscopale. Je crois en effet qu’il s’agît de l’Église et de ses dépendances. (N. du T.)

[44] La particule vero est évidemment favorable à cette interprétation.

[45] Lœbell fait d’Adovakrius l’allié des Wisigoths.

[46] Lœbell, p. 548, pense que ce sont les Veneticæ insulæ, situées sur la côte méridionale de la Bretagne. On pourrait aussi les prendre pour les îles qui se trouvent à l’embouchure de la Loire. (N. de l’A.) Les îles de la Loire probablement, ce qui confirme dans l’hypothèse que les Saxons sont venus par mer. (N. du T.)

[47] Luden, II, 599, voit naturellement dans notre Adovakrius cet Odovakar, qui mit fin à l’existence de l’empire romain ; Dubos, III, 16, se perd en imaginations gratuites.

[48] Remarquez que les Burgundions tinrent une conduite analogue, dans le Midi en faveur des Romains et contre les Wisigoths, qui aspiraient à commander à la Gaule entière. Voyez Binding : Das Burgundisch-romanische Kœnigreich, I, 78, 80. M. Junghans se trompe, quand il attribue ce rôle à Childerich seul. (N. du T.)

[49] Vita Gonocefae, Bouquet, III, 370.

[50] Grégoire, II, 23.

[51] On est étonné de ce vœu chez les sujets des Burgundions qui ne paraissent pas avoir jamais été persécutés pour leur foi ni avoir été très avides de la domination des Franks. On le comprend mieux chez les sujets des rois Wisigoths ariens et persécuteurs. V. au ch. 36, la même phrase beaucoup mieux placée. Au eh. 23, la phrase citée par Junghans n’appartient qu’à la seconde rédaction de Grégoire (Voir : Études critiques sur les sources de l’histoire Mérovingienne dans la Bibliothèque de l’Ecole des Hautes Études, p. 46 et ss.) et a été ajoutée probablement après coup à l’imitation de celle du chap. 36 qui se comprend beaucoup mieux. (N. du T.)

[52] Sybel, Entstchung des deutschen Kœnigthums, p. 179-184.

[53] Leo, Vorlesungen über deutsche Geschichte, I, 313 et suiv., pense que de ce poste dépendaient tous les pays situés entre la Loire et la Seine, et bornés à l’Est par la frontière burgunde.

[54] Comparez Sybel, p. 182.

[55] Voir Waitz, op. cit., II, 51, n. 3.

[56] Gaukœnigthum : souveraineté de District. (N. du T.)

[57] Chifflet, Anastasis Childerici regis. [Voyez aussi l'abbé Cochet : le tombeau de Childéric Ier, roi des francs, restitué à l'aide de l'archéologie, Paris 1859, in-8°.]

[58] Toutes les sources le nomment Rex. L’épithète d’ancien, que lui donne Sybel, s’accorde assez mal avec ce titre.

[59] Lœbell, p. 549, conclut cela du chap. 12 de Grégoire.

[60] Gesta, c. 9. Eo tempore mortuus est Childericus rex Francorum regnavitque annos XXIV ; — d’après ce passage, le règne de Childerich aurait commencé en 457. Ce renseignement manque dans Grégoire.