HISTOIRE DE LA GAULE

TOME III. — LA CONQUÊTE ROMAINE ET LES PREMIÈRES INVASIONS GERMANIQUES.

CHAPITRE XIV. — LES DERNIÈRES RÉSISTANCES[1].

 

 

I. — RESULTATS POUR CÉSAR DE LA GUERRE DE VERCINGÉTORIX.

Vercingétorix prisonnier, l’armée vaincue et dispersée, la ville sainte d’Alésia aux mains du vainqueur, le corps des nations gauloises avait de nouveau perdu son unité, son âme et sa vie. La brillante apparition d’une année s’était évanouie. Il ne restait plus devant César, comme le jour de son arrivée sur le Rhône, que des peuplades disjointes ou mutilées. Le proconsul pouvait espérer que la nouvelle conquête serait l’affaire de quelques mois.

A bien juger les choses, il gagna plus qu’il ne perdit dans les terribles fatigues que Vercingétorix lui imposa. Tôt ou tard il aurait fallu que le peuple romain luttât contre un soulèvement général de la Gaule. Une nation comme celle-là, avec un si long passé de gloire et des principes si intenses de vie et de pensée, ne meurt pas sans avoir une fois donné toute sa mesure dans l’effort de résistance. Ces énergies collectives qu’inspirent les souvenirs des héros, le prestige des cités saintes, la foi dans les dieux, l’espérance d’une patrie commune, ne disparaissent pas à la sourdine, devant les seules menaces d’un conquérant habile. Il arrive toujours qu’elles s’exaspèrent en un splendide élan, et c’est seulement après l’avoir brisé que l’ennemi peut se dire vainqueur. En réveillant les plus nobles passions de la Gaule, Vercingétorix offrit enfin à César l’occasion de les détruire et de montrer toute sa puissance.

Grâce à ce soulèvement, ce fut sous le nom et sous les auspices de Jules César que le peuple romain avait vaincu et soumis l’empire des Gaules, et la gloire de la conquête sérieuse et définitive s’attacha pour toujours aux fastes de son proconsulat. Il pouvait maintenant traiter la Gaule toute entière comme une province, puisqu’elle s’était battue contre lui et qu’elle s’était rendue[2] ; et il avait enfin le droit de prononcer ce mot de province et la formule triomphale qui l’accompagnait.

De ces huit mois de batailles et de sièges, son armée sortait plus compacte, plus aguerrie, plus étroitement groupée autour de son chef. Les derniers événements lui avaient permis de l’accroître : il possédait maintenant au moins onze légions[3], trois fois plus que le sénat ne lui en avait donné. Ses quatre troupes de vétérans semblaient immortelles[4] : la Xe légion n’avait point trop souffert : la VIIIe, la VIe, la IXe, réparaient leurs pertes et lui étaient presque comparables ; les plus jeunes s’étaient formées à une forte école[5]. Avec de tels soldats, César pourrait tenter la conquête du monde.

Il les avait tous à sa dévotion[6]. La guerre de l’année lui permit de les combler d’esclaves et de butin : à Orléans, à Bourges, à Alésia, presque tout, hommes et biens, fut abandonné à l’armée. Le proconsul, sur cette terre de révoltés, put maintenant lâcher la bride. Sanctuaires et temples furent mis à sac ; les monceaux d’or accumulés dans les enceintes sacrées appartinrent aux vainqueurs[7]. L’heure du grand pillage arrivait enfin[8]. Tous les soldats devenaient riches[9]. Les négociants italiens oubliaient les mésaventures de plusieurs d’entre eux en accumulant d’énormes bénéfices[10] : les officiers de César accroissaient leur monstrueuse fortune. Labienus passait à l’état de grand seigneur : il eut, en Gaule même, un train luxueux de maison, avec ses courriers et ses gardes du corps, et, comme son proconsul, il prendra des Germains à son service[11]. Si les pillages transalpins ne donnaient ni statues ni bibliothèques, ils gorgeaient d’or et d’argent, ils livraient des foules d’esclaves, sans parler des vastes domaines de rapport qu’on se taillait sur la terre des vaincus. A la différence des guerres d’Orient, celle de Gaule ne pouvait éveiller des pensées d’art et le goût des belles choses. Chez ces Barbares de l’Occident, les Romains ne songèrent qu’à assouvir de brutales convoitises, et, après ces huit années de pillages, ils revinrent en Italie l’esprit plus vulgaire encore, l’âme plus grossière, disposée aux pires violences. Les campagnes gauloises achevèrent de former César et son armée pour les ignominies des guerres civiles[12].

Enfin, loin de diminuer le prestige du proconsul, cette révolte de 52 accrut sa gloire aux yeux des Romains. Il sut dissimuler sans doute que c’était une révolte, et la présenter comme une guerre sur frais nouveaux. Puis, et cela était vrai, il avait remporté de telles victoires, et fait de tels prodiges de valeur, d’endurance et de réflexion sur les champs de bataille et autour des villes assiégées ! Le siège d’Alésia surtout, où il avait lutté six semaines contre la faim et contre toute la Gaule, avait la grandeur d’une aventure de héros : cela valait Numance, et Syracuse, et Carthage même. Il était permis de mettre César au-dessus de Marius et des deux Scipions, et Pompée, dans sa gloire trop rapide, ne montrait rien de pareil[13]. Ce n’étaient pas seulement la foule ignorante et les démagogues intéressés qui devaient l’acclamer : les connaisseurs en art militaire et les historiens de Rome pouvaient déclarer son génie égal à sa chance : le siège d’Avaricum, la bataille de Dijon, le blocus d’Alésia, étaient des œuvres parfaites et immortelles[14].

Aussi avait-il ressaisi Rome en même temps que la Gaule. Caton échoua au consulat[15], et, après la lecture du rapport de César, le sénat décida vingt jours de prières solennelles, comme après les plus belles conquêtes[16].

 

II. — SOUMISSION DE LA GAULE CENTRALE.

En attendant les conséquences plus vastes de la conquête, César tirait rapidement profit des dernières batailles.

Tous les prisonniers ne furent pas livrés comme esclaves à l’année romaine. Le proconsul laissa provisoirement la liberté aux Éduens et aux Arvernes, au nombre de 20 000, et il négocia, à leur propos, avec les chefs de leurs nations[17].

C’était une politique nouvelle qu’il inaugurait. Pour la première fois peut-être, il n’use pas des droits souverains de la victoire, et il traite les vaincus en otages et non en butin. L’avait-il promis en échange de la soumission de Vercingétorix ? eut-il peur de pousser les peuples et les chefs à des résistances désespérées, à imiter Ambiorix et les Eburons ? ou, enfin, avait-il conservé assez d’amis parmi les Arvernes et les Eduens[18] pour se croire tenu de ménageries deux peuples ? Toujours est-il qu’au lieu de détruire et de sévir, il épargna et voulut traiter[19].

Le résultat fut immédiat. D’Alésia, il entra sur le territoire éduen : la nation se rendit aussitôt[20]. A Bibracte même, il reçut des députés arvernes, et la cité de Vercingétorix se soumit à son tour[21] . Pour quelques-uns de ses chefs, le dernier roi n’avait été qu’un usurpateur[22] : César, sans nul doute, rétablit à Gergovie le régime antérieur, ce qu’on devait appeler la liberté.

L’automne était venu[23], le repos s’imposait aux soldats. Le proconsul, décidé cette bus à passer l’hiver en Gaule, renvoya à plus tard le reste de la conquête. Il établit à Bibracte son quartier général[24], et disloqua son armée. Cinq légions furent cantonnées près de lui, chez les Eduens[25], deux autres chez les Rèmes, toujours fidèles[26]. Il risqua les autres en pays ennemi : une chez les Bituriges, à la frontière des Eduens[27] ; une autre plus loin encore, chez les Rutènes[28] ; et deux autres enfin, avec les cavaliers et Labienus, en Franche-Comté, chez les Séquanes[29] (octobre).

Mais le mouvement de soumission ne fut pas aussi rapide qu’on put le croire. Il ne s’étendit que lentement autour des Eduens et des Arvernes. C’est ainsi que la plus grande nation voisine, les Bituriges, demeura en armes et que ses chefs tinrent toujours des colloques de guerre[30] : cependant, elle était cliente des Eduens, et elle avait perdu Avaricum. Ce qui pouvait donner fort à penser à César.

Le proconsul résolut de faire tout de suite un exemple[31]. Le 25 décembre[32], il partit de Bibracte, et, avec deux légions, entra dans le Berry[33]. Pendant cinq semaines[34], il traita le pays comme il avait fait autrefois la terre des Eburons. Tout ce qui était bon à prendre fut enlevé, tous les hommes qu’on rencontra furent emmenés. Pour que la chasse fût plus copieuse, les Romains avançaient sans allumer les incendies ordinaires[35]. Quelques fugitifs essayèrent de gagner les cités voisines : César envoya l’ordre de les repousser[36]. Les Bituriges se rendirent enfin[37]. Déjà, sous la menace de malheurs semblables, les nations d’à côté, Sénons, Pictons, Lémoviques ou Turons, avaient fait acte de sujétion[38]. A titre de récompense, les soldats reçurent chacun 200 sesterces, les centurions chacun 2000, et, le quarantième jour après son départ, le proconsul rentra dans Bibracte[39] (2 février[40]).

Labienus s’était installé sans peine chez les Séquanes, un autre légat, Caïus Caninius Rébilus, chez les Rutènes. Les nations de la Gaule centrale, sauf les Carnutes, étaient à jamais réduites, grâce au double procédé de César, la clémence en cas de soumission, une impitoyable rigueur contre les obstinés[41].

 

III. — PLAN DES NOUVEAUX CONJURÉS.

Mais la commotion de 52 avait été trop forte, Vercingétorix avait réveillé trop de colères et d’espérances, pour que la Gaule s’affaissât d’un coup et reprit aussitôt l’habitude de l’esclavage. Plus d’une moitié des cités refusa de suivre l’exemple des Éduens, et une dizaine de grands chefs décidèrent de continuer la lutte.

Parmi ces cités, il y en avait deux qui n’avaient point pris part à la dernière guerre, et qui gardaient toutes leurs forces : c’étaient les deux plus grandes cités de la Belgique, les Trévires et les Bellovaques. Précisément, quelques-uns des plus énergiques d’entre les vaincus se réfugièrent chez elles, Sur l’Eduen chez les Trévires[42] et Comm chez les Bellovaques[43]. L’arrivée de ce dernier, ami fidèle de la nation[44], fut suivie d’une prise d’armes générale dans le Beauvaisis. D’accord avec lui, Correus, le chef le plus populaire, souleva la multitude, força la main aux anciens et déclara l’état de guerre[45]. Autour d’eux, d’Arras à Rouen, Calètes, Véliocasses, Atrébates, Ambiens, se montrèrent prêts à les rejoindre[46]. A l’est. Ambiorix avait reparu dans les Ardennes[47], et faisait le trait d’union entre les Bellovaques et les Trévires. La Belgique était à reconquérir toute entière.

Au nord-ouest, les Romains ne reçurent d’Armorique aucune preuve de soumission. Les Aulerques se déclarèrent d’accord avec Comm et Correus[48]. A côté d’eux, Dumnac ne désarmait pas chez les Andes[49] : et chez les Carnutes, Gutuatr refusait d’abandonner la guerre dont il avait donné le signal[50]. Du Rhin à la Luire, le long de l’Océan et dans l’intérieur des terres, une ligne continue d’ennemis s’opposait à César.

Elle gagnait peu à peu vers l’ouest et vers le sud. Drappès le Sénon et Lucter le Cadurque s’étaient réfugiés auprès de Dumnac, et lui apportèrent le précieux concours de leur audace[51]. Les Romains avaient quelques amis dans le Poitou : l’un d’eux, Duratius, tenait Poitiers[52]. Mais le reste du pays restait fidèle à la Gaule, et, au sud de la Vienne, le Quercy offrait aux défenseurs de la liberté ses admirables refuges, et Lucter était le maître dans sa forteresse d’Uxellodunum (puy d’Issolu ?), imprenable comme Gergovie[53].

Ces peuples, ces hommes et ces refuges n’étaient pas de médiocres dangers. César ne les abattra qu’à force de batailles et par la mort. Personne, parmi ces huit chefs, ne demandera merci. Tous ressemblaient à Ambiorix, avaient sa haine du peuple romain, son impérieux besoin de vivre libre. Aucun d’eux, à l’exception de Comm, n’eut cette peur de la solitude qui dispose à toutes les faiblesses : Comm aimait à commander ou à plaire à des hommes, à vivre chef de peuple ou compagnon entouré[54] ; les autres étaient devenus, comme Caton, des obstinés pour qui l’obéissance était le pire des malheurs[55]. Ceux que César ne fit point périr, finiront par mourir oubliés dans les bois ou les marécages qui furent leur dernier refuge : mais ils mourront en pleine liberté. Et, pour ne pas ressembler à la large ambition et au noble dévouement de Vercingétorix, leur farouche persévérance n’en fut pas moins une grande vertu. La Gaule connut toutes les manières d’aimer et de défendre la patrie.

Ce qui inquiétait surtout César, c’est que ces hommes continuaient à chercher des résolutions communes. Les pourparlers ne cessèrent pas de l’hiver[56]. On ne se bornerait pas à de petites guerres de partisans, mais on recommencerait la lutte générale, et sur un plan d’ensemble. Dans ce plan, ils s’inspirèrent à la fois des leçons de Vercingétorix et des souvenirs de sa défaite : plus de bataille, pas même de grandes armées ; les cités combattant à part ou en groupes de quelques-unes, mais toutes en même temps ; les Romains obligés à diviser leurs forces, comme aux semaines de Gergovie ; la lutte traînée en longueur, jamais suspendue[57], de manière à ce que la Gaule se trouvât encore en armes le jour, bientôt proche, où prendrait fin le proconsulat de César[58].

Ce furent de sages résolutions : mais elles venaient trop tard. La Gaule indépendante était réduite de moitié. Des nations qui restaient, presque toutes sortaient mutilées des dernières campagnes. Ceux qui les commandent sont des chefs improvisés plutôt que des rois ou des magistrats légitimes. Ce Drappès qui guerroie dans l’Ouest est un Sénon dont César a pour toujours soumis la cité. Comm l’Atrébate, qui dirige la ligue bellovaque, n’a sans doute plus son royaume chez les Morins. Derrière tous ces hommes, on ne sent pas la force d’une année nationale. Aucun d’eux ne pouvait s’imposer à tous, comme autrefois Vercingétorix. Il leur manqua même de savoir s’entendre : en dépit des résolutions prises, la révolte n’eut pas lieu partout le même jour, et César eut toujours assez d’hommes pour faire face à tous les ennemis d’un moment. Les Gaulois accompliront de belles prouesses, mais ils ne s’approcheront jamais de la victoire.

 

IV. — CAMPAGNES CONTRE LES CARNUTES ET LES BELGES.

Les Carnutes, comme les années précédentes, donnèrent le signal. César était à peine de retour à Bibracte, qu’ils assaillirent les terres des Bituriges[59]. Aucun autre peuple n’était prêt : ils se jetèrent follement sur les armes de l’ennemi.

En quelques jours, malgré les tempêtes de l’hiver, le proconsul mena deux légions[60] chez les Carnutes (février)[61]. Il y avait moins d’un an qu’il avait traversé leurs terres et brûlé Orléans : déjà le pays se relevait de ses ruines, les villages, les forteresses, et Orléans même s’étaient rebâtis, tout reprenait vie[62]. A l’arrivée de César[63], ce fut une fuite générale dans les forêts de la frontière[64]. Ces peuples de la Beauce et de la Sologne n’avaient pas de refuges assez forts pour lutter contre une armée. Les Romains s’installèrent au centre, à Orléans[65], et delà, procédèrent au pillage méthodique de la contrée. Quand ils eurent tout détruit dans la campagne, ils entrèrent dans la forêt : l’hiver, on y voyait loin devant soi, et l’arbre trahissait le fugitif. Les Carnutes, traqués dans leur asile habituel, furent pris ou égorgés en nombre, ou chassés vers les nations voisines[66]. Mais leur chef, Gutuatr, échappa encore.

Les Bellovaques ne se trouvèrent en armes qu’après l’exécution des Carnutes. César laissa ses deux légions se reposer[67], en prit quatre autres parmi les meilleures[68], et les conduisit en Belgique[69]. A tour de rôle, il donnait du travail à chacune de ses armées et à chacun de ses adversaires[70].

Les coalisés du Nord, bien dirigés par Correus le Bellovaque et Comm l’Atrébate, furent plus habiles que César ne l’avait cru. Ils étaient demeurés chez eux, au débouché de la route de l’Aisne, qui sortait du pays des Renies et que les Romains ne manqueraient pas de suivre ; et, solidement campés sur une large montagne qui borde la rivière et commande la vallée (le mont Saint-Marc à l’entrée de la forêt de Compiègne ?[71]), protégés par les bois et les marécages, ils attendaient sans trouble l’armée des ennemis[72].

César, ne pouvant les déloger[73], tenta de les attirer en bas, sur le chemin, en leur offrant la bataille : ils ne bougèrent pas[74]. Il campa alors en face d’eux, sur la hauteur la plus voisine (le mont Saint-Pierre ?[75]), et se tint en observation[76] : ils se bornèrent à faire sortir quelques hommes pour enlever les fourrageurs romains[77]. C’était une longue affaire qui s’annonçait.

Voyant cela, le proconsul appela chez les Bellovaques trois autres légions[78] ; il avait déjà avec lui les escadrons des Rèmes, des Lingons et d’autres cités, des cavaliers et des fantassins germains[79]. De son côté, Comm était allé chercher du secours au delà du Rhin : il en ramena un demi-millier de chevaux[80]. Le camp romain fut fortifie comme pour un long siège, pourvu de blindages, d’un double fossé, de tours réunies par des ponts[81]. A voir tous ces ouvrages et ces concentrations d’hommes, on crut que les jours d’Alésia revenaient[82].

Ce souvenir fit plus que toutes les manœuvres pour décider les Bellovaques à la retraite. A l’approche des trois nouvelles légions, ils craignirent d’être cernés, et se préparèrent à déguerpir[83]. César essaya de les surprendre dans le désordre du départ, et gravit en hâte un éperon de la montagne qui portait leur campement (mont Collet ?)[84]. Il allait les atteindre[85] : mais les Gaulois allumèrent subitement de grands feux sur le front des légions[86], et quand l’incendie se fut éteint, ils campaient en sûreté à plusieurs milles de là[87]. Tout le travail du camp était à recommencer pour César.

Il brusqua alors les choses, avant même l’arrivée de ses renforts. Les Bellovaques s’étant remis à s’embusquer sur la route de ses fourrageurs[88], il leur répondit par un contre-piège. Un jour, Correus se cacha avec 7.000 hommes dans la forêt qui bordait la plaine où les Romains allaient aux vivres (entre Compiègne et le passage de Choisy ?[89]). César l’apprit, envoya quand même ses hommes, avec ordre d’accepter le combat, et mit en mouvement, derrière eux, toutes ses troupes[90]. Ce fut Correus lui-même qui dirigea l’attaque, pensant n’avoir affaire qu’à une poignée de fourrageurs[91]. Comme les cavaliers de César tenaient bon, le Bellovaque fut entraîné à faire sortir tous les siens du fourré[92]. Ce fut alors que le gros des ennemis se présentèrent[93]. Les Gaulois s’enfuirent, Correus fut entouré de toutes parts, et on lui cria de se rendre. Il répondit en frappant autour de lui comme un forcené, et on dut le tuer sous une volée de javelots[94].

La chose était faite quand César arriva, et il n’eut plus qu’à regarder les cadavres[95]. Puis il se retourna contre le campement, où se trouvait l’armée des confédérés, privée de son général et de son élite[96]. Les autres chefs désirèrent se rendre[97], Comm excepté, lequel se hâta de fuir chez les Germains[98]. Des otages furent livrés[99], et la Belgique se soumit, à l’exception de ceux qui n’avaient point pris part à cette campagne, les Eburons des Ardennes, les Trévires de la Moselle, les Morins et les Ménapes des marécages.

César négligea ces derniers, peu redoutables et trop bien gardés par leurs palus. Il réserva les Trévires à Labienus[100], qui connaissait ce genre d’ennemi. Mais il se chargea des Eburons.

Le pays d’Ambiorix fut dévasté une nouvelle fois. Tout ce qui, depuis deux ans, était venu ou revenu à la vie sur cette malheureuse terre, bêtes, fermes, humains et moissons, tout fut livré à l’incendie et au massacre. Mais Ambiorix resta introuvable[101], et César dut lâcher sa poursuite, afin de s’occuper des affaires de l’Ouest[102] (mai ?[103]).

 

V. — CAMPAGNES DE L’OUEST.

Il avait laissé, pour surveiller L’Ouest, Caninius et deux légions[104]. Cela suffit pendant quelque temps. Car les trois chefs alliés, Dumnac, Lucter et Drappès, n’eurent d’abord que de médiocres visées. Ils se bornaient à assiéger Poitiers[105], que tenait un chef ami des Romains, Duratius[106]. Quand le légat s’approcha d’eux[107], ils quittèrent le siège pour attaquer son camp[108] ; et, comme le camp résistait, ils revinrent à la ville sans réussir davantage à la prendre[109]. L’armée des Celtes perdit ainsi beaucoup de jours et beaucoup d’hommes[110] : c’était, semble-t-il, une armée à l’ancienne façon gauloise, manquant de tenue et de consistance, et mal commandée par Dumnac, son général en chef[111].

César eut le temps d’expédier des renforts. Après la défaite des Bellovaques, il envoya dans l’Ouest[112] Fabius avec deux légions et demie[113]. Le légat ne se pressa pas, visitant les cités l’une après l’autre, les ramenant au devoir, prenant leurs otages[114]. Il passa enfin la Loire[115], et se rapprocha de Poitiers et de Caninius[116]. Dumnac prit peur, abandonna le siège, courut vers la Loire pour n’être point coupé de son pays et de ses alliés d’Armorique[117]. Alors, sans se donner le temps de rejoindre son collègue, Fabius se détourna à la poursuite des Gaulois, et les atteignit aux abords du fleuve, qu’ils s’apprêtaient à franchir sur un pont[118] (à Saumur ?[119]).

Les Celtes, comme à l’ordinaire, étaient encombrés de bagages[120]. Ils résistèrent assez bien aux cavaliers[121], mais la vue des légions suffit pour les mettre en fuite[122]. L’arrière-garde fut détruite un jour[123], et le reste de l’armée le lendemain. On leur tua 12.000 hommes, et on prit un très gros butin[124]. Mais les trois chefs échappèrent, Drappès et Lucter regagnèrent le sud[125], et Dumnac son pays d’Anjou[126]. Fabius s’occupa de ce dernier, laissant les deux autres à Caninius.

Dumnac, au nord de la Loire, songeait encore à réorganiser la résistance[127]. Fabius ne lui en laissa pas le temps. Il repassa le fleuve[128], et se montra de nouveau aux cités riveraines. L’une après l’autre, devant les légions menaçantes, les peuplades se soumirent. Les Carnutes eux mêmes envoyèrent les otages qu’ils avaient refusés à César pendant le dernier hiver[129] ; les Andes abandonnèrent Dumnac, qui s’enfuit plus loin[130] ; et les Armoricains à leur tour, cédant à l’exemple des Carnutes, firent acte de sujétion[131]. Mais si Dumnac avait été mauvais général,, il fut patriote irréconciliable ; de retraite en retraite, toujours caché et toujours errant, il gagna les régions les plus lointaines, et resta libre dans sa solitude à la fin des terres gauloises[132] (juin ?).

Drappès et Lucter, sans armée, n’ayant autour d’eux que deux à trois mille fugitifs[133], montrèrent plus de hardiesse que devant Poitiers. Livrés à eux-mêmes, pouvant donner carrière à leur nature entreprenante, stimulés encore par la défaite, ils révèrent l’acte le plus audacieux de cette campagne. Subitement, on apprit qu’ils étaient partis pour envahir la Province. De la Loire à la Garonne (de Saumur à Toulouse ?), par les routes connues de la montagne, les deux audacieux compagnons conduisirent leur bande au pillage des terres romaines[134].

Mais Caninius, inquiet, courut après eux avec ses deux légions[135]. Les Gaulois craignirent d’être pris entre elles et les cohortes de la Province[136], et comme, sur leur route, ils rencontrèrent Uxellodunum (le puy d’Issolu ?)[137], la ville forte cliente de Lucter, ils s’y arrêtèrent pour la suprême résistance.

C’était une terrible forteresse, plus redoutable qu’Alésia, presque aussi puissante que Gergovie elle-même. Qu’on se figure, entre trois vallons, une masse montagneuse qui surgit en promontoire, présentant sur ses flancs hérissés un chaos de ravins, de failles profondes, de rochers énormes[138], portant à plus de cent mètres au-dessus de la plaine[139] un plateau irrégulier, bombé et contourné, et, sur le rebord de ce plateau, les murailles continues d’une longue citadelle. Même sans défenseurs[140], Uxellodunum semblait défier l’escalade. La terrasse d’approche eût été une folie[141]. On ne pouvait songer qu’à un blocus, mais à la condition d’avoir beaucoup d’hommes, presque autant que devant Alésia.

Caninius fit contre mauvaise fortune bon cœur, et il commença le blocus avec la vaillance disciplinée d’un légat de César. Trois camps furent bâtis sur les hauteurs voisines[142], et de chaque camp on se mit à creuser des fusses et à tracer des lignes.

Mais Lucter avait été assiégé dans Alésia. Il savait ce que signifiaient les lignes romaines, et quelles misères de famine et de désespoir suivaient leur achèvement[143]. Drappès et lui refusèrent de se laisser investir, et confiant la garde de la ville à quelques hommes[144], ils battirent la campagne autour de Caninius, réunissant des convois de vivres[145], et assaillant les redoutes et les escouades de l’ennemi[146]. Le légat dut interrompre les travaux du blocus[147].

Les deux compagnons tentèrent alors de faire entrer les vivres dans la forteresse. Ils campèrent à quelques milles du puy[148], Drappès resta pour garder le camp, et Lucter partit pendant la nuit pour conduire le convoi[149]. Mais Caninius était sur ses gardes : il assaillit d’abord les paysans du convoi, puis les soldats, et Lucter dut s’enfuir et se cacher[150]. Drappès n’eut pas le temps d’apprendre la défaite de son allié[151] : le Romain expédia contre lui ses cavaliers et les fantassins germains, les plus rapides des hommes, et il suivit avec une légion. L’ennemi fut surpris et battu sans peine, et Drappès fait prisonnier (à Puybrun ?)[152].

Lucter en fuite, Drappès captif, la garnison d’Uxellodunum réduite à deux mille hommes[153] et privée de tout chef, et cela presque sans la blessure d’un seul Romain[154], Caninius avait remporté une fort belle victoire, comparable à celle de Fabius sur Dumnac. A eux deux, en trois journées, les légats avaient terminé la guerre de l’Ouest (juillet ?[155]).

 

VI. — LA RÉSISTANCE D’UXELLODUNUM.

Mais il arriva ce fait presque invraisemblable, que les gens d’Uxellodunum, paysans, citadins et soldats, refusèrent de se rendre, et agirent comme s’ils avaient encore avec eux Drappès et Lucter. Il fallut que Caninius se remit aux lignes du blocus, que Fabius prit sa part des opérations, et qu’ils en référassent enfin à leur proconsul[156].

César s’était déjà décidé à venir. Du Rhin jusqu’à la Dordogne, il parcourut la moitié de la Gaule[157]. Partout, il complétait l’œuvre de ses légats, excitant de nouvelles terreurs, imposant de nouveaux otages, domptant ou calmant les esprits[158]. Ce fut chez les Carnutes que son passage provoqua la scène la plus émouvante. Trois fois déjà traversés et abîmés par les légions, les malheureux s’épouvantèrent à l’approche de César comme à celle d’un bourreau. Mais le proconsul les rassura cette fois, et déclara qu’il ne voulait plus qu’une seule victime, Gutuatr. Le Gaulois se cachait, ne se liant même plus aux siens. On le chercha de toutes parts, on finit par le trouver, et on l’amena au camp. César ordonna son exécution à la romaine, verges et bâche, et il permit à tous les soldats de frapper, pour que chacun d’eux pût avoir du sang de l’homme qui avait donné le signal de la guerre. Et ce fut, sur le corps du Gaulois, un tel acharnement, qu’il n’était plus qu’un cadavre quand la hache du licteur acheva le supplice[159].

Il restait à faire un autre exemple, et à punir les derniers des obstinés, comme on venait de châtier le premier des révoltés.

Devant Uxellodunum, César vit tout de suite la mesure à prendre. Ses légats avaient procédé avec soin et méthode, en se conformant aux règles ordinaires des sièges. Le cas de celui-ci était exceptionnel : il n’y avait dans la forteresse qu’un petit nombre de combattants, mais protégés contre toute attaque par l’escarpement de la montagne et abondamment pourvus de vivres. Il n’était pas difficile de les bloquer, ce que faisaient maintenant les légions[160] : mais les assiégés tiendraient encore des mois entiers, et pouvaient presque attendre la fin du proconsulat de César. Le seul moyen de les réduire était de les priver d’eau. Sur ce haut plateau, les fontaines manquaient, comme à l’ordinaire ; elles ne jaillissaient que sur les flancs et dans les vallons, les Gaulois étaient obligés de sortir des remparts pour renouveler leurs provisions. César décida d’assiéger les sources, à défaut des habitants.

La première était un ruisseau (la Tourmente ?) qui longeait le bas de la montagne[161]. On posta sur les chemins de descente des archers, des frondeurs, et même quelques machines, et l’ennemi dut renoncer à arriver jusque-là[162].

Mais il lui restait une très belle fontaine, qui sourdait au pied même des remparts (la source de Loulié ?)[163]. En face de cette source, dans le bas du vallon[164], César fit construire une énorme terrasse de bois, qui, peu à peu, s’éleva, s’avança, toucha le flanc de la montagne, comme si elle devait se hausser jusqu’aux murailles. Quand elle atteignit soixante pieds, une tour de dix étages vint la surmonter[165]. En vain, les Cadurques essayèrent contre elle tous les moyens d’attaque : ils firent des sorties, ils jetèrent des tonneaux remplis de matières inflammables. Mais l’ouvrage s’acheva et résista[166]. Alors, on fut maître des abords de la source[167].

La soif fit sentir ses premiers maux chez les assiégés[168]. Ils ne songèrent pas à céder. Beaucoup d’entre eux moururent : les autres continuèrent la résistance[169]. Tant qu’ils voyaient, en bas de leurs remparts, sourdre les eaux divines et bienfaisantes, on eût dit qu’ils espéraient en elles et qu’ils pensaient les reconquérir. La fontaine était le génie de la cité, elle ne l’abandonnait pas.

Mais César, sous l’abri de sa terrasse, faisait creuser des canaux souterrains jusqu’à la nappe d’eau où se formait la source. Il l’atteignit, la capta et la détourna[170]. La fontaine tarit aussitôt, et les assiégés, se voyant désertés par leurs dieux, se livrèrent à César[171].

Le jour était venu de faire un dernier exemple. On coupa les mains à tous les Cadurques qui avaient tenu des armes. Et ces corps, mutilés et vivants, seront, de la rancune romaine, des témoins tout autrement visibles et durables que le cadavre de Gutuatr[172]. La vengeance de César fut, cette fois, entière et permanente (août ?[173]).

 

VII. — LA SOUMISSION DE COMM.

L’un après l’autre, les derniers peuples rebelles se soumirent. — Labienus avait fait contre les Trévires une vigoureuse campagne : malgré l’appui qu’ils reçurent des Germains, il les battit dans un grand combat de cavalerie, leurs chefs tombèrent au pouvoir du légat, et parmi eux Sur l’Éduen, le seul qui fût resté en armes de toute la nation de Bibracte[174]. — César apprit cette nouvelle étant encore sur la Dordogne[175]. Tranquille désormais du coté du Rhin, il se rendit dans l’Aquitaine, où il n’était jamais venu, et que les Romains avaient négligée depuis la campagne de Crassus. Aucune des tribus ne lui résista, et, de la Garonne aux Pyrénées, toutes lui envoyèrent des députés et des otages (août-septembre ?)[176].

Les derniers chefs disparurent à leur tour. Drappès le Sénon, sachant le sort qui lui était réservé, se laissa mourir de faim[177]. Lucter le Cadurque cirait de retraite en retraite : mais L’Arverne Epasnact, fidèle ami de Rome, finit par s’emparer de lui et le livra au proconsul[178] : Lucter rejoignit Vercingétorix en prison, et, après avoir été le plus constant de ses frères d’armes, il fut sans doute égorgé à côté de lui, le soir du triomphe de leur vainqueur[179]. Ambiorix se cachait dans les Ardennes, Dumnac en Armorique. Il ne restait plus, tenant la campagne, que Comm l’Atrébate.

Celui-là ne désespérait pas. A la tête de quelques cavaliers, il battait les routes de la Belgique, interceptait les convois de vivres, causait mille ennuis aux officiers de César[180]. On lança contre lui Volusénus, le même officier qui, en 52, l’avait attiré dans un piège, et que le Gaulois détestait par-dessus tous les Romains. Cela rendit Comm plus acharné encore. Il parvint à isoler son ennemi, à le rencontrer face à face, à le blesser grièvement d’un coup de lance[181]. Mais alors sa colère tomba, et, se sentant vengé, lassé de ses courses vagabondes, il négocia avec Marc-Antoine, qui représentait César en Belgique. Il ne demandait qu’une chose, c’est de ne pas être obligé à rencontrer un Romain : on la lui accorda. Il l’avait juré, et il trouva moyen de faire la paix sans violer son serment (vers novembre 51)[182].

A peine réconcilié avec César, il le regretta. Il jugea vite, je pense, qu’il lui serait impossible de vivre en Gaule sans trouver des Romains à chaque pas. Et, comme on le laissait libre, il en profita, un beau jour, pour s’évader de la terre conquise : avec quelques hommes, il s’embarqua pour la Bretagne (début de 50 ?). César, qui était de retour en Belgique, courut à sa poursuite. Le Gaulois échappa par une dernière ruse[183], il trouva des amis de l’autre côté du détroit, des hommes de sa nation l’y rejoignirent, et il parvint à fonder un royaume breton des Atrébates, qui devait durer près d’un siècle[184]. Ce ne fut ni le plus digne ni le plus brave des chefs de l’indépendance, mais il fut le plus habile, et il réussit seul à sauver à la fois sa liberté et sa puissance.

 

 

 



[1] La source principale est maintenant la continuation des Commentaires de César (livre VIII, par Aulus Hirtius, qui semble bien avoir été en Gaule dès cette année 51 (cf. proœmium, 8), qui y était en 50 (Cicéron, Ad. Att., VII, 4, 2). Il est impossible de dire à quel corps d’armée il a été attaché, on peut supposer qu’il a accompagné César. Comme source, en bien et en mal. Hirtius ressemble à César, avec, en plus, force longueurs ; il semble s’être préoccupé de l’imiter, et je doute qu’il n’ait pas écrit sous son inspiration (cf. Strack, Aulus Hirtius, 1909, extrait des Bonner Jahrbücher, CXVIII). — Il est curieux de remarquer qu’après avoir multiplié au début les détails précis sur les numéros des légions et les jours de campagnes, il supprime brusquement une indication de ce genre (à partir du chap. 25), peut-être parce qu’il n’a pu, dès cet endroit, revoir son livre. — Comme ces campagnes de 51 ont été sans doute négligées par les autres écrivains, ils ne nous fournissent presque rien sur elle : Orose, qui est le plus détaillé (VI, 1, 12-30), se borne à copier ou paraphraser Hirtius.

[2] Cf. Strabon, IV, 4, 2.

[3] Outre les dix ou onze d’Alésia, 22 cohortes, donc la valeur de 12 ou 13.

[4] Singularis enim virtutis veterrimas legiones, VIII, 8, 2.

[5] Cf. VIII, 8, 2.

[6] Plutarque, César, 16.

[7] Suétone, César, 54, 2 : In Gallia fana templaque deum expilavit, urbes diruit sæpius ob prædam quam ob delictum.

[8] Cf. Plutarque, César, 29.

[9] Plutarque, César, 29 : Suétone, César, 26 ; César, De b. c., III, 59, 2.

[10] Cf. Suétone, 27 ; Appien (Civilia, II, 134) parle de terres données par César à ses compagnons chez les Celtes et chez les Bretons (cf. César, De b. c., III, 59, 2).

[11] Cicéron, Ad Quintum, III, 8, 1 et 2 : Bellum Africum, 19, 3 : 29, 1. — Sur les richesses de Labienus, de Chambort, Diss. sur Titus Labienus (Mém. de l’Ac. des Inscr., XIII, 1740), p. 62 et suiv.

[12] Cf. Plutarque, Pompée, 51.

[13] Plutarque, César, 27 : le même, 15.

[14] Quantas audere vix hominis, perficere pæne nullius nisi dei fuerit ; Velleius, II, 47.

[15] Plutarque, Caton, 49 et 50.

[16] César, VII, 90, 8. — Soit que l’échec de Caton au consulat de 51 et la présence au pouvoir de quelques-uns des amis de César aient pour lui diminué les périls à Rome, suit qu’il se soit vu plus fort en Gaule et dans son armée, il se préoccupe moins des affaires romaines dans l’hiver de 52-51 et même en 51. Sa pensée principale parait être de renforcer ses amitiés dans les Gaules, des deux côtés des Alpes. — C’est pendant cet hiver de 52-51, et, je crois, tout de suite après la campagne, en octobre-décembre 52, qu’il écrivit ses Commentaires de la Guerre des Gaules, d’un trait, facile et celeriter (Hirtius, VIII, pr., 6). Je ne m’expliquerai pas autrement qu’il les ait arrêtés aux hivernages et réjouissances en l’automne de 52 : et il est visible, à la manière modérée et bienveillante dont il traite et Pompée et tous les Gaulois (sauf Ambiorix), qu’il veut se les concilier également avant la fin de son proconsulat. D’autres arguments, Kraner, p. 29.

[17] VII, 89, 5 ; 90, 3. Je ne suis pas sûr qu’il ait livré Alésia aux flammes, comme le dit Florus, I, 45 [III, 10], 23.

[18] Cf. VII, 4. 2 ; VIII, 44. 3 ; VII, 63, 8-9.

[19] Viderent clementia Cæsaris reditum patere in ejus amicitiam, VIII, 3, 5.

[20] VII, 90, 1.

[21] VII, 90, 2.

[22] VII, 4, 2.

[23] Peu de temps après la fin du siège ; cf. VIII, 1, 1 ; VII, 90, 3.

[24] VII, 90, 8.

[25] A Bibracte, il semble avoir gardé la Xe (qui, chose étrange, ne sera jamais nommée dans la campagne de 51) et la XII e (cf. VIII. 24, 2 : 2, 1) : à Chalon, Quintus Cicéron, et à Mâcon, P. Sulpicius, avec la XIVe et la VIe (VII, 90, 7 : VIII, 4, 3) ; chez les Ambivareti, tribu éduenne du côté biturige (vers Dompierre-sur-Bèbre sur la route de Bibracte à Vichy et Gergovie ?), G. Antistius Réginus et la XIe (VII, 90, 6 ; VIII, 2, 1).

[26] G. Fabius et L. Minucius Basilus avec la VIIIe (?) et la IXe (?) (VII, 90, 5 ; VIII, 6, 3 ; 8, 2). A Reims ou à Mouzon ?

[27] T. Sextius avec la XIIIe (VII, 90, 6 ; VIII, 2, 1). Par conséquent à l’ouest et pas très loin de L’Aubois, qui marque la frontière : à Sancoins ? Nérondes ? Baugy ? en tout cas sur une route de Bibracte à Bourges.

[28] C. Caninius Rébilus (VII, 90, 6) avec la Ire (?). A Bodez ? — Grœbe (ap. Drumann, III, p. 704-5), qui identifie la VIe et la Ire, donne la Xe à Bébilus : il me paraîtrait étrange que, de toutes les légions, ce fût la Xe qui ait été envoyée dans les quartiers d’hiver les plus pénibles.

[29] Avec M. Sempronius Rutilus comme lieutenant (VII, 90, 6), la VIIe (VIII, 8, 2 ; cf. 6, 3) et la XVe (VII, 24, 3). A Besançon ?

[30] VIII, 2. 2.

[31] VIII, 2, 1.

[32] Pridie kal. januarias (VIII, 2, 1) : le 23 décembre, calendrier rectifié (système Le Verrier) : le 3 décembre, d’après l’autre système.

[33] Marc-Antoine le remplace au quartier général ; César va rejoindre la XIIIe vers l’Aubois et fait venir la XIe de la Bèbre (VIII, 2, I). Route de Bibracte à Bourges par Nevers ou par Decize ?

[34] Cf. VIII, 4, 1.

[35] VIII, 2, 2 ; 3, 1-2.

[36] VIII, 3, 3-5.

[37] VIII, 3, 5.

[38] Hirtius ne les nomme pas, et dit seulement finitimas civitates (3, 3-5) : mais il faut exclure Carnutes toujours rebelles, Éduens et Arvernes déjà soumis. César, qui a menacé ces peuples voisins de très près (3, 4), a dû traverser tout le pays biturige jusqu’aux frontières : de Nevers à Bourges et à Poitiers ? (fideles amicos, peut-être les gens de Poitiers, VIII, 20, 1).

[39] VIII, 4, 1. Les légions regagnèrent leurs précédents quartiers.

[40] Die XXXX, 4, 1.

[41] Dubitantes terrore... clementia reditum patere, VIII, 3, 4 et 5.

[42] VIII, 45, 2 : Surum Æduum, qui et virtulis et generis summam nobililatem habebat.

[43] VIII, 6, 2.

[44] VII, 75, 5.

[45] VIII, 7, 4 ; 21, 4 ; 22, 1.

[46] VIII, 6. 2 ; 7, 1 ; 22, 1.

[47] VIII, 24, 4.

[48] VIII, 7, 4. Dion (XL, 42, 1) ne parle que de Comm pour chef de la ligue.

[49] 26, 2.

[50] 38, 3 ; cf. 4, 2.

[51] Cf. 30, 1.

[52] 20, 1.

[53] Quod in clientela fuerat ejus, 32, 2.

[54] Cela résulte de toute sa vie.

[55] Pertinacissime, VIII, 22, 1 ; pertinaciam, 39, 2.

[56] VIII, 1, 1.

[57] Neque ulla multitudine in unum locum coacta resisti posse Romanis, nec, si diversa bella complures eodem tempore intulissent civitates, satis auxilii aut spatii aut copiarum habiturum exercitum populi Romani ad omnia persequenda, VIII, 1, 2.

[58] Mars 50 ? Cette préoccupation, chez les Gaulois, de la fin des pouvoirs de César (VIII, 39, 2 et 3) semblerait indiquer qu’ils espéraient que ses actes seraient désavoués, et la Gaule abandonnée : Cum omnibus Gallis notum esse sciret reliquam esse unam æstatem suas provinciæ, quam si sustinere potuissent, nullum ultra periculum vererentur : il s’agit de l’æstas en cours (cf. Hirschfeld, Beitrage, IV, p. 83 : contra, Holzapfel, id., V. p. 113-4, et Hirschfeld lui-même, p. 237.

[59] VIII, 4, 2.

[60] Les VIe et XIVe, qu’il rappelle de la Saune (VIII, 1, 3).

[61] Dix-huit jours après son retour (VIII, 4, 3), soit le 19 février.

[62] VIII, 5, 1-2.

[63] Route de Bibracte à Orléans, par Decize, Nevers et la Loire ? les vici oppidaque (5, 1), sur cette route, entre Gien et Orléans, entre la forêt et la Loire ?

[64] VIII, 5, 1 et 4 : la fuite eut lieu dans la forêt d’Orléans, qui borde la zone habitée de la rive droite (n. précédente) ?

[65] VIII, 5, 2.

[66] VIII, 5,3-4 : chez les Andes ou les Armoricains ? chez les Aulerques et Belges ? On a dû les pourchasser dans la forêt d’Orléans ?

[67] A Génabum, Orléans, sous les ordres de Trébonius, les VIe et XIVe (VIII, 6, I).

[68] Les VIIIe et IXe furent envoyées (par Reims ?) sans doute sur l’Aisne, en tout cas dans le pays de Soissons (6. 3) ; la XIe rejoignit sans doute César à Orléans (6, 3) : la VIIe, partie de Besançon, put gagner Soissons par la route suivie en 57.

[69] Route d’Orléans à Soissons par Melun et Meaux ?

[70] Cf. VIII, 6. 1.

[71] L’emplacement du camp gaulois doit être cherché : 1° chez les Bellovaques (7, 1) ; 2° à portée du Soissonnais (6. 2) ; 3° non loin d’une rivière importante (18, 1) ; 4° dans une région très boisée (7, 4 ; 12, 1 ; 18, 1) ; 5° à la lisière de cette région (7, 4). Il faut songer, sans trop hésiter, à la vallée de l’Aisne et à la forêt de Compiègne : car je crois que la limite entre Suessions et Bellovaques coupait l’Aisne vers Ressons-le-Long et longeait ensuite la lisière sud est de la foret, et je crois qu’il faut étendre jusqu’à Ressons-le-Long, près de l’Aisne, le pays Rosontinsis (Grégoire de Tours, H. Fr., IX. 20), le rattacher aux Bellovaques, et lire sans doute (Vita s. Amandi, 6 févr., I, p. 863) in pago Belvacensi locum, cui vocabulum est Rossonto, secus A[x]onnam fluvium (cf., dans un sens en partie analogue : de Valois, N. G., p. 180 ;  Jacobs, Géogr. de Grégoire de Tours, 1858, p. 126-7 : Dubuc, De Suessionum civitate, 1902, p. 110 ; contra, Longnon, Géogr., p. 510). — Cela posé, nulle part, dans la forêt, on ne trouve un emplacement qui réponde aussi exactement que le mont Saint-Marc aux données d’Hirtius. En ce qui concerne l’aspect : 1° une colline élevée et isolée (7, 4 ; 9, 1 ; 11, 1), 2° boisée (7, 4), 3° bordée d’un marais avec gués et passages (7, 4 ; 10, 2 ; 11, 1 ; 13, 1 ; 14, 4), 4° flanquée d’un éperon montagneux rattaché à elle (14, 4), 5° mais cet éperon, séparé d’elle par une vallée peu large (14, 1 et 5). En ce qui concerne la situation : 1° à l’entrée de la forêt, 2° vis-à-vis d’une autre colline, dont la séparent les marais et une vallée plus profonde que large (9, 2), 3° dominant la route du Soissonnais, 4° dans un pays assez peu habité (7, 7 ; 10, 3 et 4), 5° mais à 3 ou 4 kil. d’une plaine assez large et fertile. — Cet emplacement, comme celui du camp de César au mont Saint-Pierre-en-Chastre, parait avoir été signalé d’abord par de Saulcy (Campagnes, p. 402), accepté souvent depuis (Creuly, Carte, p. 99 ; Napoléon III. p. 368 ; Rice Holmes, p. 804 et suiv.). Contra, [Mazière], Les Campagnes de Jules César dans les Gaules, Compiègne, 1802, et Vauvillé, Mémoires de la Soc. des Antiquaires de 1908, LXVIII = VII, VIII, 1909. — Au confluent de l’Oise et de l’Aronde, le camp de César au mont Ganelon : Rose, Le Théâtre de la dernière guerre, Beauvais, 1800 (extrait du Guetteur du Beauvoisis). — A l’entrée de la même forêt de Compiègne, sur les hauteurs au sud-est de Pierrefonds : von Gœler, p. 339. — Du même coté, vers Champlieu : de Bailliencourt, Comité arch. de Noyon, 1856-60 (1862), p. 130 et s. — Dans la forêt de Laigue au parc d’Offemont : Peigné-Delacourt, Campagne, p. 4 (extrait des Mém. de la Soc. acad. de l’Oise, V, I, 1862). — Sur la colline de Clermont (il semble qu’on y ait pense au XVIIIe s., et l’emplacement n’est pas impossible, à la condition de mettre César à Clermont et les Gaulois au bois des Côtes) : le même Peigné-Delacourt, Étude nouvelle, etc., dans le Comité arch. de Senlis, 1869-71 (1872), suivi par Plessier, Notes sur la deuxième campagne, etc.. 1898. Clermont (Oise). — Au camp de Gouvieux : Vatin, César au camp de Gouvieux, Senlis, 1865 ; Litonnois, Comité arch. de Senlis, 1865 (1866). — Dans les environs de Noyon : Sarrette, Comité arch. de Noyon, II, 1867, p. 202 et suiv. — Le mont César et ses abords, opinion primitive (avec variantes) : L’Oisel, Mémoire... de Beauvais, 1617, p. 7 ; Cambry, Descr. du dép. de l’Oise, I, 1803, p. 194 et suiv. ; Dévie, Études sur les IIe et VIIIe livres, etc., Arras, 1865, p. 59 et suiv. — Aux abords de Liercourt, près de la Somme : d’Allonville, Camps romains, p. 83 et suiv. — Les mémoires de de Grattier [Comité arch. de Noyon, II, 1807. III, 1868. IV, 1872, p. 109 et 202) sont surtout critiques.

[72] Le camp bellovaque doit être cherché surtout à l’est du mont Saint-Marc (cf. VIII, 14, 5). Mais ils étaient assez nombreux (plus de cent mille, cf. VIII, 7, 4, à II, 4, 5) pour occuper toute la montagne. D’autant plus qu’il y avait avec eux des bagages et des non-combattants (14, 1), qui paraissent relégués sur le côté ouest, boisé, de la montagne in ulteriores silvas. 7, 4).

[73] Du pays de Soissons, César traverse (7, 1) la frontière des Bellovaques à la hauteur de Ressons-le-Long (?) : il campe là (7, 1), et envoie ses cavaliers aux informations in omnes partes (il y a, à Ressons, trois routes, l’une, vers Noyon, l’autre, vers Senlis, la troisième, vers Compiègne et Beauvais).

[74] 8, 4 ; 9, 1 et 2 ; marche de Ressons au mont Saint-Pierre par Croutoy, Cuise et la vieille route (cf. Napoléon III, pl. 30), qui passe entre le mont Collet et l’étang de la Bouillie ? C’est à leur descente vers l’étang que l’ennemi découvrit les légions repente (9, 1), et c’est de là, vers l’étang, que César aperçoit multitudinem hostium (9, 2), rangée sur le rebord du plateau [sur l’éperon qui domine le ru de Berne, voir à l’écriteau du beau panorama du Touring-Club] (9, 1). De l’étang, en gardant toujours le nord de la ligne des marais, il a dû longer le pied du mont Collet, puis traverser la ligne des marais au delà de l’étang de l’Étau, pour monter a Saint-Pierre.

[75] Les fouilles ont fait, dit-on, découvrir le camp de César (Napoléon III, pl. 30 et p. 370) : 25 hectares pour 4 légions. — On a de nos jours reconnu à Saint-Pierre les vestiges plus certains d’un oppidum gaulois (Vauvillé). Mais je ne crois pas qu’on doive en tirer une conclusion contre un campement de César. — Je comprends du reste que, disparaissant sous ses hautes futaies, le mont Saint-Pierre ne rappelle guère un emplacement de camp romain et fasse plutôt songer à un oppidum diminutif du Beuvray. Mais César a dû, évidemment, commencer par déboiser les flancs, au moins du côté nord, en admettant qu’ils fussent alors couverts d’arbres.

[76] 9, 2 ; 10, 1. L’expression, valle intermissa, magis in altitudinem depressa quam late patente (9, 2), me parait désigner la vallée entre Saint-Marc et Saint-Pierre, vue surtout du nord de cette dernière colline.

[77] 10, 2-4. Ils vont fourrager raris disjectisque ex ædificiis (Vieux-Moulin, Vivier-Frère-Robert, Trosly, Breuil ?).

[78] Les XIIIe, VIe, XIVe (11, 1, cf. 6, 1 et 4, 3).

[79] 11, 2 ; 10, 2 ; 12, 3-6 ; 13. 2.

[80] 10, 4 ; 7, 5.

[81] 9, 3-4 : vallum haut de 12 pieds, pourvu d’un blindage (loricula) d’osier ; deux fossés de quinze pieds [à eux deux ?], à parois verticales (fossa duplex derectis lateribus) [les fouilles ont fait retrouver, non pas des fossés à parois verticales, mais à fond de cuve, pl. 30 : je ne suis pas sûr, ainsi que le pense aussi Vauvillé, p. 167, qu’il s’agisse de ceux de César] ; des tours extérieures sur les portes ; sur le vallum, des tours à trois étages, réunies par un pont ou plancher continu, pourvu d’un parapet d’osier blindé (loricula) : ce qui faisait, vallum et pont, deux lignes de combat superposées (duplici propugnatorum ordine).

[82] Similem obsessionem Alesiæ, VIII. IL I. Comme incidents : une défaite des fourrageurs rémois de César tombés dans une embuscade silvestribus locis (12, 1) [autour des pâturages de Trosly ?] : une victoire des Germains de César entre les deux camps, ad vada transitusque paludis (13, 1) [sur les sentiers qui traversent le ru de Berne ?], après ces deux combats de cavalerie, Dion mentionne un troisième combat d’infanterie (XL, 42, 1).

[83] VIII, 14, 1-2. Par un des sentiers de l’ouest du mont Saint-Marc ?

[84] 14, 3-4 : Id jugum [mont Collet], quod trans paludem [le marais et l’étang de l’Étau, qui prolongent au nord-ouest l’étang de la Rouillie] pæne ad hostium castra pertineret [voyez le seuil à l’est du mont Saint-Marc], mediocri valle a castris eorum, intercisum [le ravin nord entre le mont Collet et le mont Saint-Marc] animum adverteret, pontibus palude constrata [sur la ligne des marais, entre l’étang de l’Étau et l’étang de la Rouillie, à droite ou à l’est de l’endroit où César a passé cette ligne au début], legiones traducit celeriterque [par le chemin qui monte au carrefour du mont Collet] in summam planitiem jugi pervertit [au milieu du mont Collet, qui en est la partie la plus large et la plus aplanie], quæ declivi fastigio duobus ab lateribus muniebatar [les pentes du nord vers Trosly-Breuil, du sud vers les étangs].

[85] 14, 5 : Ibi [au milieu, n. précédente] legionibus instructis, ad ultimum jugum pervenit [sur le seuil entre le mont Saint-Marc et le mont Collet, plutôt qu’à l’éperon nord de ce dernier ?], aciemque eo loco constituit, unde tormento missa tela m hostium cuneos conjici possent. Ce qui explique la mention de machines dans ce passage, c’est que César fit construire ensuite (13, 1-2) un camp fortifié pour deux légions [au milieu du mont Collet, devant le seuil, hon emplacement de petit camp], et que, cela fait, il prépara (13, 3) l’attaque [par le seuil].

[86] VIII, 13, 3. Hirtius explique l’abondance de branchages, etc., par le fait que les Gaulois in acie sedere [sedentes edere ? cf. Strabon, IV, 4, 3] ; en réalité, le mont Saint-Marc devait être, comme il l’est encore, en grande partie boisé. — Dion Cassius (XL, 42, 2-3) parle d’une fuite des Gaulois à travers la forêt, de l’incendie de celle forêt, éteint par les Romains, qui parvinrent jusqu’aux fugitifs et les massacrèrent : là s’arrête son récit.

[87] 15, 6 ; 16, 3. Ils campèrent (16, 3) loco munitissimo, au delà d’une rivière (20, 1) : cela correspond bien au mont Ganelon, au delà du confluent de l’Aisne et de l’Oise. De fait, cet emplacement a été proposé de très bonne heure (von Gœler, p. 348) et accepte par la plupart. — Toutefois, l’indication de la distance, dix milles, donnée avec une certaine insistance (16, 3 ; 20, 1), me fait hésiter, car le mont Ganelon est a moitié moins du premier camp, et il domine la plaine de l’embuscade (objection bien vue par Mazière, p. 61), alors que le second camp gaulois est dit à huit milles de cette plaine (20, 1). De plus, il se prête, mieux encore que le muni Saint-Marc, à cet investissement que les Bellovaques redoutaient tellement (VIII, 14, 1). En outre, au mont Ganelon, qui est à l’extrémité de leur territoire, les Bellovaques ne couvraient pas la route de leur pays. — On peut proposer, à dix milles du mont Saint-Marc, sur la roule de Beauvais, la masse des hauteurs, plus confuses, moins isolées, de Jonquières, Armancourt, Le Meux, Bivecourt, le long de l’Oise, flumen impeditum 20, 1. Mais cela ne vaut certes pas, comme refuge, le mont Ganelon.

[88] 16, 4 : on devait aller au fourrage sur la route de Compiègne, le long de l’Aisne, rive gauche.

[89] Le lieu de l’embuscade est campus, large d’un mille, bordé d’une rivière d’accès difficile et de forêts (18, 1), riche en blé et fourrage (17, 1), à huit milles du nouveau camp barbare (20, 1) ; c’est sans doute la plaine de Choisy, entre l’Aisne continuée par l’Oise et la forêt de Compiègne. Les Romains arrivent le long de la rivière, et les Gaulois sortent peu à peu de la forêt. Apres la bataille, ils sont rejetés, soit dans la forêt, soit dans l’Aisne (19, 7), pris ainsi à leur propre piège (19, 6 ; 18, 1). — On a aussi proposé, pour conserver la distance avec le mont Ganelon : Trosly-Breuil (von Gœler, p. 349), Rethondes (Creuly, p. 99). Mais, outre que le pays avait dû être déjà épuise par César, les Bellovaques se seraient-ils exposés m près des lignes ennemies ?

[90] 17, 2-3 ; 18, 2 : sur la route, le long de l’Aisne ?

[91] 18, 3-4 ; 19, 1-2 : les cavaliers des Romains, engagés d’abord, eurent soin de combattre dispersés, pour espacer l’ennemi.

[92] 19, 1-2.

[93] D’abord l’infanterie légère, qui occupe les intervalles laissés libres par les cavaliers (19, 2-3), puis les légions (19, 4 et suiv.).

[94] 19, 6-8.

[95] Cf. prœlii vestigiis ingressus, 20, 1.

[96] 20, 1.

[97] 20, 2.

[98] 21, 1 ; 23, 2.

[99] VIII, 21 et 22 ; 23, 2.

[100] 25, 1 et 2.

[101] 24, 4.

[102] César avait sans doute alors autour de lui sept légions, les VIIe, VIIIe, IXe, XIe, les VIe, XIIIe, XIVe : la XVe était encore à Besançon avec Labienus (24, 3) ; la XIIe et la Xe (?) à Bibracte avec Marc-Antoine (24, 2) ; la Ire dans l’Ouest avec Caninius. Il y eut alors une nouvelle répartition, à la suite de laquelle l’histoire de chaque légion se perd : le quartier général de Bibracte fut disloqué. Marc-Antoine rappelé en Belgique avec la XIIe (24, 2), la Xe, sans doute, envoyée à Caninius, qui a maintenant deux légions (24, 2) ; le camp de Besançon fut aussi supprimé, Labienus rappelé en Belgique, et la XVe envoyée en Cisalpine (24, 3). — Des huit légions groupées alors en Belgique, César en donne deux à Labienus contre les Trévires (25, 1), deux et demie à Fabius contre les Armoricains (24, 2), et en garde donc trois et demie (cf. 38, 1 et 30, 4).

[103] A partir de ce moment les indications chronologiques deviennent très vagues : la campagne de Belgique a du commencer avant la lin des hivernages ou d’avril (cf. 6, 4), et s’achever à l’entrée de la belle saison (cf. 24).

[104] VIII, 24, 2.

[105] Les mss. hésitent entre Limonum et Lemonum (VIII, 26, 1, 2 et 4). Aucun doute sur l’identification, bien qu’au Moyen Ace on ait songé à Lusignan, et après la Renaissance à Limoges.

[106] VIII, 26, 1 et 2.

[107] Route de Rodez à Poitiers par Aurillac. Tulle et Limoges, à travers le pays des Arvernes et des Lémoviques, car il a du éviter les Cadurques encore insoumis ? Il n’osa pas d’abord attaquer, et se fortifia loco manito (20, 2) : peut-être à Nouaillé (Fallue, An., p. 334, pense à Bonneuil : c’est trop loin).

[108] VIII, 26, 3.

[109] VIII, 26, 4.

[110] VIII, 26, 4.

[111] Cf. 29.

[112] VIII, 24, 2 (in diversissimam partent, l’Armorique et l’Ouest).

[113] VIII, 24, 2.

[114] 27, 1 : il dut passer, non par les Garantes (cf. 31, 1), non par les Andes (cf. 31, 5), mais par les Turons : les plures civitates qu’il soumet sont à chercher sur la route de Beauvais à Tours par Rouen (Véliocasses), Évreux (Aulerques Éburoviques), Le Mans (Aulerques Cénomans) : ces peuples avaient combattu avec Correus.

[115] A Tours ? n. précédente.

[116] 27, 1.

[117] 27, 2 : route de Poitiers à Saumur ?

[118] VIII, 27, 3-4. Fabius devait suivre la route de Tours à Poitiers par Sainte-Maure ? il l’abandonne là pour rejoindre Saumur par la vallée de la Vienne ?

[119] On ne peut guère hésiter qu’entre Saumur et Les Ponts-de-Cé, vu que Dumnac, parti de Poitiers, doit chercher à gagner son pays d’Anjou et l’Armorique. J’accepte Saumur, comme plus prés de Poitiers et de Tours, et qui est d’ailleurs un lieu d’habitat gaulois et un lieu de passage très ancien (Port, Dict. ... de Maine-et-Loire, III, 1878, p. 486). — Saumur, chez Napoléon III, p. 379 : Les Ponts-de-Cé, chez d’autres (Godard-Faultrier, L’Anjou et ses monuments, I, Angers, 1839, p. 41 et suiv. ; Lachèse, Déf. de Dumnacus, Angers, 1864, extrait des Mém. de la Soc. imp., 1863). On a même proposé au-dessous de Chalonnes (Bodin, Rech. hist. sur Angers, 2e éd., II. 1846, p. 13-14).

[120] 27, 5 ; 29, 2 et 4.

[121] VIII, 28 ; 29, 1.

[122] VIII, 29, 2-3.

[123] VIII, 27, 5.

[124] VIII, 29, 3-4. Fabius a pu camper (27, 4 et 5) à Montsoreau ou à Candes, et de la diriger les opérations contre les Gaulois, embarrassés (27, 5) dans le vallon de Saumur, entre la Loire et le Thouet, et attaqués alors par les hauteurs (idoneis locis, 28, 2) des moulins, qui bordent le fleuve dans la direction de Montsoreau ?

[125] 30, 1.

[126] Cf. 31, 5.

[127] Cf. 31, 2.

[128] Il dut remonter le fleuve, sur la rive gauche ou sur la rive droite, jusqu’à Orléans (in Carnutes, 31, 1), de là revenir contre les Andes et l’Armorique ? (31, 4 et 5).

[129] 31, 1-4.

[130] 31, 5.

[131] VIII, 31, 4. Fabius a dû suivre la route d’Orléans, Angers, Nantes ?

[132] Errans latitansque, solus extremas Galliæ regiones petere, 31, 5 : dans le Finistère ?

[133] 30, 1 (2.000, d’après les mss. β ; 2.500 ou 5.000, d’après α).

[134] VIII, 30, 1 ; 32, 1 : Provinciam petere : par Limoges et son gué, Brive et son pont, le puy d’Issolu et de là vers le Midi ? — A cette fuite se rattache peut-être le trésor de Compreignac, enfoui vers cette date (Blanchet, n° 268).

[135] 30, 2.

[136] 32, 1.

[137] Uxellodunum étant sur une montagne isolée, et dans le pays des Cadurques, ancien Quercy ou département du Lot de 1789 à 1808, et les montagnes isolées étant assez rares dans le Quercy, pays de plateaux ci de terrasses, le choix de l’emplacement se borne à quelques localités, entre lesquelles le conflit dure, je crois, depuis le Moyen Age. — I. Luzech a pour lui : 1° il est bien dans une boucle de rivière, comme semblent l’indiquer deux textes d’Hirtius ; 2° l’isthme qui le réunit à la terre ferme a bien la largeur, 300 pieds, indiquée par un de ces deux textes. Il a contre lui : 1° il est en dehors de la route de Toulouse, suivie par Lucter ; 2° il est vraiment bien peu étendu (je parle de la hauteur formant citadelle), tout au plus 8 hectares, et la plate-forme elle-même n’a que 40 mètres sur 10 ; 3° il eût été facile de le bloquer et de le fermer dès le premier jour ; 4° je ne vois pas le chemin du convoi ; 5° ni la source ; 6° il est trop peu élevé, 177 m., le bas à 103 ; 7° je ne vois pas les rochers à pic entourant omnes partes. Voyez en particulier les articles de Gallotti contre Luzech, dans la Revue d’Aquitaine, X, Condom, 1866, p. 5 et suiv., p. 177 et suiv. — II. Capdenac a pour lui : 1° il est sur la route de Toulouse ; 2° c’est bien un oppidum de boucle, surtout si on songe a Vic. Contre lui : 1° il eut été facile de le bloquer dès le premier jour ; 2° il eût été très facile de s’en emparer par un agger bâti, à la hauteur des murs, sur la croupe d’accès (comme à Namur) ; 3° le chiffre du texte controversé d’Hirtius ne peut s’appliquer au seuil d’accès. — III. Le puy d’Issolu, près Vayrac, a pour lui : 1° le nom, si du moins Exeledunum dans les chartes (cf. plus loin) est une survivance et non pas une adaptation du Moyen Age ; 2° la découverte des galeries ; 3° de retranchements gaulois sur le plateau (voir Castagne, Mém., p. 14 et suiv., p. 61 et suiv.) : 4° l’exacte correspondance de son aspect, roches, etc., à la description d’Hirtius : 5° l’exacte correspondance du pays au récit d’Hirtius, en ce qui concerne les sentiers du convoi et la bataille contre Drappès, 6° et la source ; 7° de même, en ce qui concerne les travaux d’investissement ; 8° sa situation sur la route de Toulouse. Il a contre lui les deux passages d’Hirtius sur le circuitus fluminis. — On l’a proposé dès le Moyen Age (que les chartes soient fausses ou non : Justel, Hist. généal. de la Maison de Turenne, 1645, Preuves, p. 16 ; Baluze, Historiæ Tutelensis libri, 1717, c. 331-2). Depuis : Joseph Scaliger, éd. de César, 1628 ; Labbe, Pharus, p. 188 ; de Vayrac, Mercure de France, août 1725, p. 1699 et suiv. : d’Anville, Notice, p. 728 ; Bial, Uxellodunum, 1859 (extrait des Mém. de la Soc. d’Émul. du dép. du Doubs, IIIe s., III) ; Bertrandy, Première lettre, Cahors, 1865, Deuxième, id., Troisième, 1866 ; de Larouverade, Études sur le Bas-Limousin, 2e fasc., 1861, Tulle, p. 73 et suiv. ; Tamizey de Larroque, De la question, etc., Revue d’Aquitaine, IX, 1805 ; Périe, Hist. ... du Quercy, I. 1861, p. 63, et Lettre sur Uxellodunum, Cahors, 1863 : Cessac, entre autres : 1° Ét. hist. Uxellodunum, Aperçus critiques, 1862 ; 2° Notes complémentaires sur Uxellodunum, 1862 : 3° Un dernier mot, etc., 1863 ; 4° Ét. hist., etc., Observations, 1863 : Castagne, Mémoire sur les ouvrages de fortification, etc., Tours. 1875 (Congrès arch. de Toulouse), et ailleurs : Napoléon III, p. 386 et suiv. : Rice Holmes, p. 493 et suiv. ; Viré : 1° Lot, 1907, p. 41, 85 et 187 : 2° Inventaire, etc.. Le Mans, 1908 (Soc. préhist. de France, V), p. 14-15. — Capdenac, dès la fin du Moyen Age (Champollion-Figeac, p. 110 et suiv., charte fausse d’ailleurs), au XVIe siècle (de Vigenere, p. 659), et depuis : Dupleix, p. 214 ; de Caylus, Recueil, V, 1762, p. 277 et suiv. ; Champollion-Figeac, Nouvelles recherches sur... Uxellodunum, 1820 ; Delpon, Essai, etc.. dans l’Annuaire... du dép. du Lot pour 1832, Cahors, p. 117 et suiv. ; Morin, Recherches sur Uxellodunum, Figeac, 1805 ; Guirondet, Mém. de la Soc. ... de l’Aveyron, IX, 1859-67, p. 427 et suiv., X, 1868-73. p. 61 et suiv. ; Lunet, Mém. sur Ux., [Rodez, 1865] (extravagant). — Luzech : Augier, Mercure de France, juillet 1725, p. 1541 et suiv. ; Lasage de Mostolac, Mercure de France, févr. 1726, p. 307 et suiv. : Nadal, Uxellodunum, Cahors, 1803 : Mathieu, Rapport, etc. Clermont-Ferrand, 1866 (extrait des Mém. de l’Acad. n. s., VIII = XXXIX) : Creuly et Jacobs, Examen... des lieux proposés, 1860 (extrait de la Revue des Soc. sav., II, III, 1860, I) : von Gœler, p. 358 et suiv. — Autres hypothèses, impossibles : dans le Quercy : Cahors (Sanson, Remarques, § 210) : Mursens (Cuquel, Uxellodunum à Mursceint, Cahors, 1865) : Puy-l’Evêque ; et même en dehors du Querey : Uzerche (Combet, Revue des Sociétés, IIe s., VIII, 1862, II, p. 81, et ailleurs) : Ussel (H. de B.. Ussel-Uxellodunum, [1863 ?], Ussel ; Sarrette, Bull. mon., XXXI, 1865. p. 133 et s., et ailleurs).

[138] Omnes oppidi partes præruptissimis saxis esse munitas, 33, 1 : sauf au sud-ouest, du côté de Léguilliat.

[139] Le point culminant est à 317 m., la plaine à 121.

[140] Quo defendente nullo, tamen armatis ascendere esset difficile, 33, 1 : l’accès n’est possible qu’aux sentiers de Loulié (ouest, face à la Tourmente), des Tourneries (nord), de la ferme de Roujou ou Gouxou (nord-est), et de Lacabrole (ibid., est, vers Vayrac). — Outre les 2500 hommes qu’ils amenèrent, il y avait là oppidani (33, 1), dont le nombre a pu être plus considérable que ne le dit Hirtius, et qui d’ailleurs avaient magna impedimenta, quantité de bestiaux et de chariots. Le pays environnant, en particulier sur les bords de la Dordogne, est riche et peuplé. La superficie du plateau est de 62 hectares.

[141] On ne pouvait l’établir que sur le seuil, du côté du pech Demont [Dumont ? Domont ? d’Aumont ?], et il y a là une énorme différence de niveau, de près de cent mètres, jusqu’au sommet du plateau. Hirtius, VIII, 41, 5 : (Adæquare mœnibus) nullis operibus effici poterat.

[142] Trina excelsissimo loco castra fecit ; 33, 1 : il y a précisément trois hauteurs autour d’Issolu, toutes trois à bien plus de cent mètres au-dessus de la plaine : le pech Demont, qui arrive à 253, du côté du seuil ; et, de l’autre côté de la Tourmente : au sud-ouest, la montagne du Buisson, au-dessus de Saint-Denis, à 255 ; au nord-ouest, celle de Parriche, à 299 (où je crois qu’on plaça le quartier général) ! — Les fouilles ont fait, dit-on, reconnaître des vestiges des camps (Napoléon III. p. 388).

[143] Miserrima Alesiæ memoria solliciti ; 34, 1.

[144] 34, 1-2 : deux mille.

[145] 34, 2-3 ; 35, 1 : dans le riche pays que borde la Dordogne de Vayrac à Puybrun ?

[146] 34, 3 : du côté de Vayrac ou à l’est ? côté beaucoup moins facile à garder que celui de la Tourmente à l’ouest.

[147] 34. 4 : le blocus ne put sans doute s’étendre qu’à l’ouest, le long de la Tourmente, et au nord, jusqu’au pech Demont : tout le côté Vayrac et Dordogne demeura ouvert (cf. n. précédente).

[148] 35, 1 : 36, 1 : le camp était sur un terrain plat, ad ripas fluminis demissa (36, 3), bordé de collines (4) : sur la Dordogne, en amont et près de Puybrun, du côté du pont (un peu trop près pour la distance indiquée par Hirtius, 10 à 12 milles ?). — On le place d’ordinaire à Saint-Sozy, en aval, vers l’ouest Cessac, Un dernier mot, p. 12) : mais la route, pour amener les convois à Uxellodunum, eût été bien difficile, et je me demande si les camps et les lignes du blocus ne la barraient. — Le blé fut tiré (34, 3) ex finibus Cadurcorum, dont le territoire, je crois, finit, à l’est, sur la Dordogne au pont de Puybrun.

[149] 35, 1-2 : arrivé en vue de l’oppidum, il laissa des postes pour garder le gros du convoi [au pied de la montagne, sur le chemin de Vayrac. vers Lacabrole ?] puis, il s’engagea avec la tête silvestribus angustisque itineribus, 35. 3 [le sentier qui serpente, à travers bois, de la ferme de Roujou et du chemin du col vers le nord-est du plateau du coté du Temple ? ou, plutôt (car ce chemin est trop près de l’ennemi, campé au pech Demont), par le sentier étroit et boisé qui monte de Lacabrole à l’est du plateau, autrement dit le pas Rouge ?].

[150] 35, 4-5 : les sentinelles romaines [au pech Demont ?] entendirent le bruit, et les soldats descendirent pour assaillir le convoi [par les sentiers qui vont à la ferme de Roujou et de là à Lacabrole, autrement dit par le chemin actuel du col à Vayrac ?] et arriver ainsi sur les postes des Gaulois.

[151] 36, 2 ; cf. 35, 4-5 : on put barrer le chemin aux fugitifs à Vayrac ? — On place d’ordinaire l’épisode au nord, dans les sentiers de Mareval (Cessac, Dernier mot, p. 43). Mais il me semble que ce coin était bloqué par les lignes romaines.

[152] VIII, 36 : l’ennemi étant campé sur le terrain bas, près du pont de Puybrun, les Germains l’attaquent de face, par la route actuelle, et les légionnaires sur sa droite, par les collines ? — A ces opérations se rattache peut-être l’enfouissement du trésor de Cuzance (Blanchet, n° 143).

[153] 34, 1-2 : mais il y avait en plus les oppidani.

[154] 37, 1.

[155] Au moment, semble-t-il, de la moisson (cf. 34, 3 et 35, 1).

[156] 37, 1 et 2 ; 39, 1.

[157] Du pays de Beauvais à Orléans par Paris ? Il laissa, vers Beauvais, une légion et demie à Marc-Antoine, en amena deux (38, 1 ; 39, 4).

[158] 38, 2.

[159] VIII, 38, 3-5.

[160] Les lignes d’investissement étaient achevées, oppidum operibus classum, 40, 1.

[161] 40, 2 : Flumen [se dit chez César de toute espèce de cours d’eau] infimam vallem diridebat, quæ [se rapporte à vallis, ce qui est important à noter] totum pæne montem cingebat : Hirtius pense à la dépression qui entoure sur les trois quarts le puy, dépression formée par les vallées de la Sourdoire, de la Dordogne, de la Tourmente et du ruisseau de Fonfrège ; mais ce texte ferait plutôt songer à une seule rivière formant vallée autour d’une montagne, c’est-à-dire à un oppidum isolé dans une boucle de rivière, comme Luzech ou Vic de Gapdenac. — César pensa un instant à détourner la rivière, mais in infimis sic radicibus montis ferebatur, ut nullam in partem depressis fossis derivari posset (40, 3), ce qui est exact pour la Tourmente.

[162] 40, 4 : Erat autem oppidanis difficilis et præruptus eo descensus [la descente vers la Tourmente est surtout possible par le chemin de Loulié], ut, prohibentibus nostris [si ce chemin est barré], sine vulneribus ac periculo vitæ neque adire flumen [par ce chemin] neque arduo se recipere possent ascensu [en escaladant par ailleurs les rochers qui descendent vers la rivière] : 40, 5 : Qua difficultate eorum cognita, Cæsar, sagittariis funditoribusque dispositis [sur les bords de la rivière], tormentis etiam quibusdam locis contra facillimos descensus collocatis [à Loulié, sur le bord ultérieur, face au chemin de descente], aqua fluminis prohibebat oppidanos.

[163] 41, 1 : Quorum omnis postea multitudo aquatorum in unum locum conveniebat, sub ipsius oppidi murum, ubi magnus fons aquæ prorumpebat : la source de Loulié, très abondante, sourd au pied même du plateau, a gauche ou au sud de l’endroit où le chemin de Loulié commence à descendre ; cf. Bial, p. 22 et suiv., et pl. 3. Ici se place le texte le plus embarrassant du récit : Prorumpebat ab ea parte quæ fere pedum trecentorum intervallo fluminis circuitu vacabat, ce qui semble dire que la source jaillissait à l’endroit, large de 300 pieds, où la rivière n’entourait pas l’oppidum, et ce texte, comme un autre (40, 2), fait encore songer à un oppidum enfermé, sauf un isthme de 300 pieds, par une boucle fluviale. Pour adapter ce texte à Issolu, il faut (en supposant que les souvenirs d’Hirtius ne l’aient point trompé) donner a vocabat le sens de distabat, interpréter circuitu fluminis comme flumine circumdante, et lire ou DCCCC au lieu de CCC pieds ou passuum au lieu de pedum, la distance de la fontaine à la Tourmente étant de 300 mètres à vol d’oiseau, davantage en suivant les sentiers. — Van Kampen (pl. 15) remplace fluminis par rupium.

[164] E regione ejus (fontis), 41, 2. Sur le terrain en pente, aujourd’hui cultivé, qui fait face à la source, au sud de Loulié et du ruisselet qui descend de la source vers la Tourmente ? cf. Napoléon III, pl. 32 et p. 390 (découverte des vestiges de la terrasse incendiée ? cf. deuxième note ci-après).

[165] 41, 2 et 5 : Orose, VI. II. 25. Soixante pieds. 1S mètres, pour l’agger, autant au moins pour la tour, au total 3G mètres : la source jaillissant à 158 m. (?), la terrasse étant bâtie à partir du niveau de 122 m. (?. cf. Napoléon III, pl. 32), César pouvait donc superare fontis fastigium (41, 5).

[166] 41, 2 et 3 ; 42, 1-2 : il y eut : 1° avant l’achèvement de l’agger, des combats où l’ennemi accourt loco superiore (41, 3 : du haut du chemin qui va vers Loulié ?) ; 2° après l’achèvement, un embrasement des travaux romains à l’aide de matériaux roulés par-dessus les rochers (42, 1-2 : roulés du haut du sentier qui, de ce coté [cf. II, 1], longe le bas des rochers et surplombe les pentes ?) : 3° un combat pendant ce temps excelso loco (42, 4 : au même endroit du chemin qui va vers Loulié ?) : 4° une tentative d’escalade simulée de César (43, 1 : par les chemins de Loulié, de Léguilliat et des Tourneries seulement, je crois, et non pas ex omnibus oppidi partibus ?).

[167] Ex ea [la tour] cum tela tormentis jacerentur ad fontis aditum, 41, 6.

[168] 41, 6.

[169] 41, 6 ; 43, 1.

[170] 41, 4 ; 43, 4. — Les fouilles de Cessac (Napoléon III, p. 388-390 et pl. 32) on permis de retrouver les paieries de captation, où coulent aujourd’hui encore, dans leur partie supérieure, les eaux de la source. Mais il semble que ces galeries aient déjà été reconnues dès la fin du XVIe siècle (de Vigenere, éd. de 1584, p. 659) et revues au XVIIIe (de Vayrac, Mercure, août 1725, p. 1714).

[171] Quo facto perennis exaruit fons tantamque attulit oppidanis salatis desperationem, ut id non hominum consilio, sed deorum voluntate factum putarent, etc. ; 13, 3.

[172] Quo testatior esset pœna improborum, etc. : 44, 1.

[173] Avant la fin de l’été, 46, 1.

[174] VIII, 45 : aucune indication de temps ou de lieu ; peut-être août (cf. 46, 1).

[175] 16, 1.

[176] 46, 1-2. C’est à ce passage de César en Aquitaine, plutôt qu’à la campagne de Crassus, que je rapporterai l’épisode raconte par Florus (I, 15 [III, 10], 6) : Aquitani in speluncis se recipiebant : jussit includi. Dans le Béarn ?

[177] 14, 2.

[178] 44, 3.

[179] Cf. t. IV, chap. I.

[180] 47, 2. Il opérait autour d’Arras, où Marc-Antoine fut envoyé de chez les Bellovaques pour le campement d’hiver (47, 2 ; cf. 40, 4).

[181] VIII, 48, 1-7.

[182] VIII, 48, 8-9 ; Dion, XL, 43, 1-2 (parle de Labienus au lieu de Marc-Antoine). Après le commencement de l’hivernage et avant la fin de l’année. — Si les monnaies attribuées aux Atrébates et qui portent Commios (Comios) associé à Carmanos ou à Carsicios sont de ce même Comm, il faut les placer entre 55 et 50 (cf. Cabinet, n° 8680 et suiv. ; Blanchet, p. 345).

[183] Frontin, II, 13, 11 : Comm s’embarqua à marée liasse, mais par un bon vent, et, quoique les navires fussent encore à sec, il fit déployer les voiles : César, qui le poursuivait, voyant les voiles gonflées, le crut loin et s’arrêta. La scène peut se passer à Boulogne avant la fin des hivernages.

[184] Cf. t. IV ; Evans, The Coins of the ancient Britons, 1864-90, p. 151 et suiv., 199 et suiv. ; Rhys, Celtic Britain, 3e éd., 1904, p. 23 et suiv. ; Rice Holmes, Anc. Brit., p. 361 et suiv.