I. — L’ORGANISATION DE LA RÉVOLTE. Au jour fixé, les Carnutes donnèrent le signal. Deux hardis compagnons, Gutuatr et Conconnetodumn[2], s’étaient décidés à tous les risques pour la cause de la liberté[3]. A la tête de quelques hommes, ils entrèrent le matin dans Orléans (Genabum)[4], où séjournaient le chef de l’intendance et quelques trafiquants italiens : ils les égorgèrent[5], et ce furent, au lever du soleil, les premières libations de sang ennemi faites aux dieux de la Gaule. — La nouvelle fut proclamée aussitôt, et, transmise par les crieurs échelonnés sur les routes, elle arriva en quelques heures aux extrémités du pays[6]. Les chefs conjurés préparèrent à la lutte les hommes de leurs nations. Vercingétorix reçut le signal le soir même[7], dans sa résidence de Gergovie[8] : il fit prendre les armes à ses clients[9]. Mais son oncle Gobannitio et les autres chefs refusèrent de suivre le mouvement, et ils le chassèrent de la ville[10]. — C’était un premier et grave contretemps, et c’était un mauvais présage pour les amis de la liberté : ils seraient donc toujours combattus dans leurs propres cités, et les partis ne désarmeraient point devant l’intérêt national. L’aristocratie des Arvernes demeure fidèle à Rome ; et voici que le chef désigné de la Gaule insurgée n’est plus qu’un fugitif dans sa propre nation. Mais quelques jours. et peut-être seulement quelques heures, suffirent au jeune chef pour se tirer d’embarras et pour sauver le complot. Descendu de Gergovie, il rassembla dans la campagne ses amis, ses clients, les vagabonds, les mécontents de tout ordre, il alla de domaine en domaine soulever les hommes et convaincre les chefs, et dès lors, à la tête d’une véritable armée, il remonta vers la cité et en chassa ses adversaires[11] (fin janvier ?[12]). Rentré en maître dans sa ville natale, il y fut proclamé roi par ses troupes victorieuses[13]. Du premier coup, il recevait ce titre dont l’ambition avait causé la mort de son père Celtill. La glorieuse royauté de Luern et de Bituit, disparue depuis l’approche des Romains, était rétablie chez les Arvernes. Une fois sûr de son peuple, Vercingétorix avertit les conjurés de l’œuvre faite, leur rappela la foi donnée, et les convoqua pour une assemblée nouvelle[14]. Elle eut lieu sans tarder, et les délégués des nations associées, mais les Armoricains et les Celtes seulement, se réunirent autour de Vercingétorix[15]. D’un consentement unanime, ils l’acceptèrent pour chef suprême[16]. Après la royauté de Bituit, l’Empire arverne se refaisait à son tour[17]. Dans cette crise qui déciderait de son avenir, la Gaule revenait aux vieilles formes de sa vie nationale ; et, de même qu’au siècle précédent, c’était le roi des Arvernes qui se présentait comme le champion de son nom contre le peuple romain. Ses premiers actes, rapides, nets, décisifs, montrèrent qu’il était digne de cette confiance, mais qu’il voulait commander en maître[18]. Des cités alliées, il exigea des otages, garantie le leur fidélité ; il fixa les contingents militaires à amener, la quantité d’armes à fabriquer ; il marqua les lieux et les jours de rendez-vous, et il n’admit aucune excuse[19]. La périlleuse entreprise ne pouvait réussir qu’à deux conditions : un plan d’ensemble et une obéissance absolue. Vercingétorix sut préparer ce plan et imposer cette obéissance. César avait enfin devant lui un général capable de méthode et de volonté. La guerre qui commençait ressemblerait à un duel entre deux chefs souverains. II. — ADVERSAIRES ET AUXILIAIRES DE VERCINGÉTORIX. A peine élu, le dictateur de la Gaule se trouva en face de nouveaux dangers. Chez les Belges, Comm l’Atrébate s’était montré moins adroit dans la révolte qu’au service de César. Ses allées et venues furent surprises par les agents ou les amis de Rome et dénoncées à Labienus. L’habile légat lui expédia le tribun Volusénus et quelques centurions, sous couleur d’un entretien amical. Comm arriva sans défiance, et, au moment où l’officier lui serrait la main, un centurion frappa le Gaulois de l’épée. Il ne réussit qu’à le blesser grièvement, et Comm fit le serment de ne plus rencontrer un Romain que pour le combattre[20]. Mais il lui fallait se guérir d’abord : cela prit des semaines ; et, grâce à Labienus, le soulèvement de la Belgique était retardé pour longtemps, et César délivré de la moitié du péril[21]. Au Centre et dans l’Ouest, la révolte ne s’étendait pas en dehors des conjurés de la première heure. Chez les Sénons et dans la vallée de la Seine, la présence de Labienus et des camps obligeait à beaucoup de prudence. Les nations insurgées n’offraient même pas une volonté unanime. Un parti, dans le Poitou, demeura fidèle aux Romains et tint la campagne contre les patriotes[22]. Parmi les Arvernes, quelques chefs refusèrent de s’incliner devant Vercingétorix : il n’était sans doute pour eux qu’un usurpateur, et l’un d’eux, Épasnact, ne renonça jamais à l’amitié de César[23]. Le jeune roi sentait autour de lui l’envie, la haine ou les complots[24]. A force de vivre dans les passions politiques et les intrigues des partis, les Gaulois oubliaient leur devoir de citoyens et leur dignité d’hommes. Vercingétorix, que ce fût volontiers ou à contrecœur, dut commander d’abord comme un chef de parti. Les débuts de sa vie militaire furent marqués par d’atroces rigueurs. Tous ceux qu’il trouvait en faute étaient aussitôt condamnés et punis : pour les moindres délits, il faisait crever les yeux ou couper les oreilles ; pour les plus graves, il infligeait la torture et le bûcher[25]. Les mutilés, renvoyés chez eux, montraient à toute la Gaule la trace sanglante de la puissance du chef ; et les suppliciés étaient adressés aux dieux immortels, en victimes inaugurales pour les combats qui se préparaient[26]. Une dictature de guerre commençait, énergique et violente. Si Vercingétorix avait ses adversaires, un groupe nombreux d’amis l’entouraient, audacieux et intelligents comme lui. Chefs aventureux, prêts aux courses les plus lointaines[27], jeunes ambitieux à la recherche d’un titre royal[28], rêveurs exaltés par les gloires du passé gaulois[29], vieux patriotes attachés à la liberté par les souvenirs de leur vie, la force de leurs sentiments ou de leur raison[30], des hommes bien différents aidèrent avec une égale fidélité le roi des Arvernes, en qui ils retrouvaient tous quelques-unes de leurs passions ou de leurs espérances. Parmi les anciens, il eut près de lui Camulogène l’Aulerque, vétéran des guerres d’autrefois, et qui, malgré son extrême vieillesse, voulut porter au secours de la liberté son expérience consommée des marches et des batailles, son ardeur pour les combats et son mépris de la mort[31]. De son pays d’Auvergne, Vercingétorix reçut son cousin Vercassivellaun, fort capable, lui aussi, de commander une grande armée[32], et un des membres de la plus haute noblesse, Critognat, défenseur clairvoyant et apôtre forcené de l’indépendance, très populaire et très écouté, à l’éloquence hardie, franche et brutale[33]. L’Anjou lui envoya Dumnac, chef médiocre, mais soldat et patriote obstiné[34] ; les Carnutes avaient en Gutuatr un incomparable risque-tout, acteur dans les nobles crimes[35]. Comme gens d’action, réservés pour les coups d’audace, l’Arverne trouva le Sénon Drappès et le Cadurque Lucter, souleveurs de peuples, conducteurs de bandes, irréfléchis à force de vouloir, et capables de sauver par une folie les causes désespérées[36]. Plus tard enfin, il pourra compter sur Comm l’Atrébate, actif et souple, bienvenu de tous[37], et, dans les Ardennes, l’indomptable Ambiorix ne tardera pas à reparaître[38]. Voilà pour les chefs. Quant aux soldats, Vercingétorix rompit avec la tradition des grandes armées gauloises. Elles n’avaient été jusqu’alors que de misérables cohues, livrées sans défense au javelot et à l’épée des légionnaires. Les seules troupes qui s’étaient rapprochées de la victoire, les Nerviens du jour de la Sambre, les Éburons d’Ambiorix, les Bretons de Cassivellaun, étaient bien moins de cent mille hommes. Ce qu’il fallait surtout pour vaincre les Romains, c’était de savoir les éviter, ou de les aborder de loin ou par surprise, comme l’avaient également montré les chars de Cassivellaun et les tireurs d’Ambiorix, et, à ces manœuvres de retraites rapides et d’escarmouches obsédantes, il n’y avait de propre que des hommes d’élite. Vercingétorix, qui aurait pu réunir des centaines de mille têtes, demanda tout au plus 80.000 fantassins[39], chiffre à peine double de celui des légionnaires. Mais il prit un souci particulier de la cavalerie, et il dut grouper le plus de chevaux possible, et en tout cas tes meilleurs[40]. C’était, sous la direction d’un chef réfléchi, la reprise de la lutte trois fois séculaire entre le cavalier gaulois et la lourde infanterie romaine. Mais déjà Labienus connaissait la révolte ; César allait l’apprendre. Vercingétorix rassembla ses troupes sans perdre un jour, et, la concentration opérée, les mit en campagne[41] (milieu de février ?[42]). III. — LE PREMIER PLAN DE VERCINGÉTORIX. Vercingétorix avait su préparer un plan d’ensemble, embrassant la Gaule entière, et comportant des opérations distinctes et diverses. Et cela ne ressemblait plus aux guerres des Helvètes, des Belges ou des Armoricains, qui se ramenaient toutes à la simplicité enfantine d’une marche et d’un combat. Les hommes disponibles furent divisés en trois groupes, de force inégale, et auxquels échurent des rôles très différents[43]. — Drappès le Sénon se chargea d’occuper Labienus. On devait, non pas le combattre, mais le bloquer, infester les routes, surprendre les convois, enlever les bestiaux, massacrer les fourrageurs. A cette besogne de brigandage, Drappès convia tous les êtres hors la loi qui pullulaient en Gaule, vagabonds, esclaves fugitifs, exilés et proscrits, et ces bandes, éparpillées dans la campagne, commencèrent sournoisement le siège de l’armée romaine[44]. — Pour retarder sa délivrance, c’est-à-dire le retour de César, il fallait attirer le proconsul le plus loin possible de ses camps de Gaule. Lucter reçut la mission de menacer la Province et Narbonne même[45], et cette audacieuse diversion, le dessein le plus hardi qu’un chef gaulois eût imaginé, entraînerait César à deux cents lieues de ses légions. — De son côté, Vercingétorix entreprendrait avec méthode la libération ou la conquête des nations centrales encore soumises à Rome : la première à occuper était celle des Bituriges, qui s’interposait entre les Arvernes et leurs alliés des pays sénon et carnute. Le chef devait marcher vers eux à la tête de ses principales forces[46]. — En même temps, pour faciliter la tâche de ses armes, il envoya des agents, des messages et des présents chez tous les peuples de la Gaule, et surtout, semble-t-il, chez les Éduens[47]. Tant que César pourrait compter sur ce peuple souverain, la Gaule demeurerait à moitié esclave. Mais parmi ses chefs, il se trouvait quelques patriotes[48] et de jeunes ambitieux[49]. Vercingétorix chercha à s’y créer un parti, qui lui assurerait même à prix d’or l’adhésion ou l’inertie de la cité. Peut-être souhaita-t-il mieux encore des gens de Bibracte : le chemin que César suivrait à son retour, de Lyon à Sens, traversait le pays des Éduens ; il suffisait de quelques hommes décidés pour lui fermer la route et le prendre dans un guet-apens[50]. Vercingétorix élargit donc le théâtre de la guerre. Il y fit entrer la Gaule du Midi elle-même ; il obligea César à craindre à la fois pour lui, pour ses légions, pour la Narbonnaise ; il lui imposa le choix entre deux décisions également funestes, l’abandon de son armée ou celui de sa province. Tout marcha d’abord à souhait pour les Gaulois. Labienus, à demi investi, ne sortit point de son camp. Vercingétorix descendit l’Allier, entra chez les Bituriges[51] : ils appelèrent à leur aide les Éduens leurs patrons ; les gens de Bibracte, sur le conseil des légats romains, leur envoyèrent des troupes de secours[52]. Mais, arrivés sur la Loire[53], qui marquait la frontière, les Éduens ne voulurent point quitter leur pays, soit par crainte réelle[54], soit déjà vendus aux Arvernes. Et les Bituriges, abandonnés par eux, se joignirent à Vercingétorix[55]. Il se trouvait maître désormais de la Gaule centrale, et pouvait donner la main aux Sénons, à Drappès et aux adversaires de Labienus[56]. Dans le midi, Lucter faisait fort bien. Les peuples des plateaux, des terrasses et des vallées, Rutènes du Rouergue, Gabales du Gévaudan, Nitiobroges de l’Agenais, l’accueillirent comme un libérateur, et leurs soldats vinrent grossir l’armée[57]. De Javols à Rodez et à Agen, un demi-cercle d’ennemis entoura la province romaine, et l’invasion se prépara[58]. Mais au moment où Lucter touchait à la frontière, il trouva César devant lui (vers le 25 février ?[59]). IV. — LES OPÉRATIONS DU RETOUR DE CÉSAR. A la nouvelle de la révolte, César avait quitté Ravenne, laissant là les affaires de Rome (milieu de février ?)[60]. Pompée se chargeait de rétablir l’ordre dans la cité[61], et il était d’un naturel trop généreux pour trahir son rival au moment du danger. Et après tout, quoi qu’on pût tramer contre lui, César savait qu’il ne lui arriverait rien de pire que la perte de l’armée des Gaules. En route, les conscrits de l’année le rejoignirent[62]. Quand il franchit les Alpes malgré les neiges, il était déjà à la tête d’une petite armée. Des ordres, qui couraient devant lui, devaient la grossir des levées de la Narbonnaise[63]. Arrivé dans la Province, il hésita un instant sur la décision à prendre. Il avoua plus tard qu’il n’osait pas traverser la Gaule pour rejoindre ses légions, et qu’il ne voulait pas davantage les rappeler dans le Midi : la trahison l’effrayait pour lui, les combats pour Labienus[64]. Les nouvelles de Lucter et de Narbonne le tirèrent d’embarras[65]. C’est là qu’il fallait aller d’abord. Et il imagina aussitôt l’opération la plus admirable de toute sa vie de général. Ses ennemis voulaient l’obliger à disperser ses efforts et son attention : il leur répondrait sur tous les points à la fois, et, par des prodiges de vitesse et de précision, il leur montrerait partout, à l’improviste et presque à la même heure, sa présence et sa résolution. — Il réunit à Vienne, dans la direction de Labienus, les cavaliers du contingent de la Province[66]. Il envoya dans le Vivarais, sur la route de l’Auvergne et de Vercingétorix, les deux tiers des fantassins qu’il avait à sa disposition[67]. Et lui-même partit au-devant de Lucter[68]. A Narbonne, il organisa la défense. Au centre du pays, des postes et une flottille gardèrent la colonie contre toute surprise[69]. Sur la frontière, des garnisons occupèrent les débouchés des routes qui remontaient la Garonne ou descendaient des Cévennes, depuis Toulouse jusqu’à Uzès[70]. Partout, César mit des hommes et releva les courages[71]. — Quand Lucter eut compris l’arrivée du proconsul et qu’il vit la Province se hérisser de défenses, il jugea dangereux de pousser plus loin, et il disparut du côté du nord[72] (vers le 2 février ?). Alors César quitta le Languedoc, rejoignit les troupes qui stationnaient dans le Vivarais et, par la vallée de l’Ardèche, commença l’ascension des Cévennes[73]. Personne ne l’attendait de ce côté : il n’eut à lutter que contre la nature. Au col du Pal[74], cette lutte fut terrible. Les soldats durent, à travers six pieds de neige, creuser leur chemin et celui de César[75]. Mais, le périlleux passage déblayé, on arriva dans les champs du Velay, on était chez l’ennemi, et le pillage commença[76]. — A cette nouvelle, les Arvernes supplièrent Vercingétorix de les emmener à la défense de leurs biens[77]. Le chef semble avoir d’abord refusé[78] : que le proconsul restât dans le bassin du Puy ou de Brioude, il n’y ferait que perdre son temps à des marches sans issue. Mais l’Arverne dut céder à la fin, ce que César avait prévu[79], et il fit faire à ses hommes volte-face vers le sud[80], renonçant à Labienus. Aussitôt, César quitta sa petite armée, qu’il confia à Brutus[81]. A marches forcées, il courut à Vienne[82], y prit ses cavaliers, et, nuit et jour, le Romain et son escorte galopèrent vers le nord[83]. S’il y avait des traîtres sur la route, les embûches n’étaient point prêtes[84] : on croyait le proconsul à Narbonne ou dans la montagne. Il traversa sans encombre les terres éduennes, arriva chez les Lingons ses alliés, prit la tête des deux légions qu’il y trouva[85], et rentra dans le camp de Labienus[86]. Les hommes de Drappès avaient disparu (vers le 10 mars ?[87]). Ainsi, en quelques jours, sans légions et sans combat, César remporta trois victoires : il sauva la Narbonnaise en faisant reculer Lucter, il sauva Labienus en attirant Vercingétorix, il se sauva lui-même en se dérobant à Lucter en retraite, à Vercingétorix en offensive et aux traîtres à l’affût. Il trompa également tous ses adversaires sur ses forces et sur ses marches ; il les amena à l’opinion qu’il voulait leur donner et à la décision qui lui était utile[88]. Il eût suffi de peu de chose, Lucter continuant sa route sur Narbonne et Vercingétorix la sienne sur Labienus, pour que César et son armée eussent à combattre séparés l’un de l’autre. Mais sa Fortune lui demeurait fidèle, et elle écarta les hasards du plan qu’il avait tracé[89]. V. — DE SENS A LA FRONTIÈRE BITURIGE[90]. César concentra à Sens ses dix légions[91]. Vercingétorix ramena tous ses hommes près du confluent de l’Allier et de la Loire[92], à la frontière commune des Arvernes, des Bituriges et des Éduens[93]. Les deux chefs, à la tête de toutes leurs forces, n’étaient plus qu’à cent milles de distance, quatre journées de marche. Le désir du Romain était d’attendre encore avant de commencer les opérations. On souffrait toujours de la mauvaise saison[94] ; la campagne allait se faire en pays ennemi, il fallait de longs convois de vivres, qui ne pourraient circuler sur les routes, défoncées par les pluies de l’hiver[95]. Puis, contre ces nouveaux ennemis, César désirait pour ses légions l’appui de nouveaux auxiliaires. Jusqu’ici, ce sont les Gaulois qui lui ont prêté la cavalerie nécessaire. Cette force, maintenant, lui manquera presque entière[96] et se retournera contre lui. Mais il y avait en Occident de meilleurs cavaliers que les Gaulois eux-mêmes, les Germains. Le proconsul en gardait déjà quelques-uns auprès de lui, les restes de ces Usipètes et Tenctères qu’il avait jadis massacrés. Il s’en procura d’autres, que lui fournirent ses alliés des bords du Rhin[97]. Et on le vit ainsi attirer à lui ces mercenaires germains qu’il avait si souvent rejetés au delà du fleuve. Il était venu pour délivrer la Gaule d’Arioviste et de ses congénères, et il pensait maintenant à. eux pour l’aider à la reconquérir. Les deux ennemis de l’indépendance celtique s’associaient dans une œuvre commune de destruction. Vercingétorix, de son côté, n’éprouvait aucune hâte de marcher à César. C’était à son corps défendant qu’il l’avait cherché en Auvergne ; et, quand il fut revenu en Berry sans l’avoir trouvé, il se garda bien de reprendre sa route vers le quartier général des Romains. L’histoire des dernières années, à laquelle il avait été mêlé au moins comme observateur ; lui montrait l’incurable faiblesse des Gaulois sur le champ de bataille, surtout en face de Labienus et de César. Autour de lui, assurément, il ne manquait pas de chefs qui voulaient le combat et s’énervaient loin de l’ennemi : d’autant que presque tous ses compagnons ne s’étaient point encore mesurés contre les légions. Mais Vercingétorix ne leur lâcha point la bride, et ses efforts tendirent de plus en plus à retarder l’instant du contact. Toutefois, sans provoquer César, il taillait de la besogne à ses propres soldats. Son intérêt, pour le moment, était de presser les Éduens, par la menace ou par la ruse. Le jour où il les aurait à lui, il tiendrait désormais toutes les routes de la Gaule et les lignes de retraite de l’armée romaine. Après son retour d’Auvergne, il entra sur leur territoire[98] et assiégea Gorgobina (La Guerche ?[99]), ville forte de leur frontière, près des rives de l’Allier : elle était gardée par cette tribu boïenne que César, après la défaite des Helvètes, avait donnée aux Éduens[100]. Le proconsul ne pouvait abandonner ses alliés. Il exhorta les Boïens à tenir bon, il demanda aux Éduens d’assurer le service des vivres ; et, laissant à Sens les bagages et deux légions, il partit pour dégager la place forte[101] (vers le 15 mars ?[102]). Mais, comme Vercingétorix, il ne voulut pas courir droit à l’ennemi[103]. La route directe, de Sens à l’Allier, était marquée par l’Yonne et la Nièvre ; elle n’offrait aucune difficulté, et se tenait en partie sur terre éduenne. Pourtant, César évita de la prendre. Peut-être craignait-il de laisser son quartier général exposé aux attaques des Carnutes ou des Sénons de l’ouest[104]. Peut-être, dans l’ignorance de son adversaire, cherchait-il à surprendre sa manière[105]. Il obliqua donc vers le couchant, en plein pays ennemi, par Montargis et Orléans, afin de dégager les abords de Sens, et de montrer aussi par quelques exemples la façon dont il entendait se venger. Ainsi, les deux chefs, chacun de son côté, essayaient de renforcer leur situation au centre de la Gaule : le Romain, en reprenant la ligne de la Loire ; le Celte, en cherchant les routes du levant. Le lendemain, César arrivait devant la place forte de Vellaunodunum, qui était aux Sénons (Montargis ?[106]), et il en prépara aussitôt le siège[107]. Comme elle se rendit le troisième jour, il ne put massacrer personne, mais il exigea un nombre d’otages inusité, six cents[108]. — Le jour même, il marchait en hâte[109] sur Orléans, qu’il atteignit le lendemain soir[110]. Orléans offrait plus d’intérêt pour lui. C’était un centre de terres à blé, le grand passage sur la Loire, la ville principale d’une puissante nation, le lieu du crime qui avait inauguré la guerre. Il campa la nuit devant la ville[111], attendant le matin pour commencer le siège. Mais les défenseurs n’osèrent pas courir le risque d’un assaut[112]. La rapidité de la marche de César avait fait qu’ils étaient en petit nombre[113] ; l’assiette de la ville n’était point très forte ; le pont de la Loire gênait la défense. Peu avant minuit, les habitants sortirent en silence, cherchant à s’échapper du côté du fleuve[114]. Les vedettes de César donnèrent l’éveil[115]. Il fit forcer les autres portes par les légions de garde[116], et à travers la ville parcourue en hâte, il les lança à la poursuite de la foule qui encombrait le pont et la levée de la rive gauche[117]. Peu s’en fallut que tout le monde ne fût pris. Orléans fut livré aux soldats, pillé et brûlé. Mais l’expiation était incomplète : le principal coupable, Gutuatr, échappa à César[118]. D’Orléans, le proconsul inclina vers le sud, dans la direction de Bourges et de Vercingétorix[119]. Celui-ci avait levé le siège de Gorgobina et s’avançait à la rencontre de César[120]. Les Romains, la Sologne traversée, entrèrent chez les Bituriges : la bourgade fortifiée de Noviodunum (Neuvy-sur-Barangeon ?[121]) gardait leur frontière[122]. César en commença le siège, les habitants se hâtèrent de se rendre[123]. Mais les centurions étaient à peine entrés dans la ville, que les Bituriges aperçurent dans le lointain les cavaliers de l’avant-garde gauloise[124]. Ils reprirent leurs armes, les centurions eurent juste le temps de passer les portes, qui se refermèrent derrière eux[125]. César s’était hâté de lancer sa cavalerie contre les Gaulois. Comme elle faiblissait, il envoya ses Germains à la rescousse. Les ennemis ne purent soutenir la charge, et, abandonnant de nombreux cadavres, se replièrent sur le gros de leur armée[126]. Il ne resta plus au proconsul qu’à recevoir de nouveau la sou–mission des assiégés, qui lui livrèrent d’eux-mêmes les auteurs de la récente échauffourée[127]. — L’affaire réglée, César et Vercingétorix se trouvèrent enfin face à face. VI. — LA NOUVELLE TACTIQUE GAULOISE[128]. La quinzaine qui venait de s’écouler avait rappelé ou révélé bien des choses à Vercingétorix[129]. Aucune de ces places fortes de coteau ou de plaine, Vellaunodunum, Orléans, Noviodunum, n’avait pu tenir plus de deux jours. Ce qui faisait la valeur d’une citadelle gauloise en face d’une armée romaine, c’était, non pas ses remparts et sa garnison, mais la force de sa situation[130]. Toutes ces résistances et toutes ces prises avaient eu pour résultat d’émietter les troupes gauloises et de fournir aux ennemis, outre le butin, des vivres en abondance[131]. Quant aux engagements en rase campagne, ils n’étaient possibles qu’avec une cavalerie supérieure, et voici que les Germains apparaissaient aux côtés de César. Le roi des Arvernes convoqua le conseil des chefs, et leur fit part de ses réflexions et de ses desseins[132]. — Il leur expliqua les causes des dernières défaites[133], et ce qu’il y avait de fâcheux dans la manière dont les Gaulois faisaient la guerre. Si l’on voulait vaincre, il fallait renoncer aux vieilles habitudes[134]. Et Vercingétorix préconisa une nouvelle tactique, inspirée, semble-t-il, de celles des Aquitains et de Cassivellaun. — Point de combat, point d’attaque franche des légions, ni en marche, ni dans leur camp, ni rangées en bataille[135]. Même sous l’abri d’une forteresse, on doit éviter leur contact[136] : à moins, toutefois, qu’il ne s’agisse de citadelles inexpugnables, comme celles qui dominent les flancs escarpés des montagnes[137]. Mais, tout en se dérobant à la lutte, qu’on demeure à l’affût de l’ennemi, qu’on ne perde aucune occasion de lui nuire. Ce qu’il faut surtout, c’est l’affamer : pour cela, brûler les greniers, les fermes, les villages, les villes elles-mêmes[138]. Alors, afin de nourrir hommes et bêtes, l’ennemi multipliera les pelotons de fourrageurs, les enverra en tout sens, très loin du camp. Ces petites troupes dispersées deviendront une proie facile pour les escadrons gaulois[139]. Et chaque jour verra emporter un morceau de l’armée romaine, jusqu’à l’heure où elle disparaîtra, faute d’hommes ou faute de vivres[140]. — Tout cela était fort juste ; et il semble bien, à la manière dont César rapporte la harangue de son rival, que Vercingétorix sut exprimer ces vérités en un beau langage. Le roi des Arvernes, comme l’élite des chefs gaulois de ce temps, fut, je crois, un bon orateur, capable de convaincre des hommes réfléchis et d’enlever une foule passionnée. Au lendemain de chacune de ses propres victoires, César relevait chez son adversaire une qualité de plus. L’avis du chef gaulois fut accepté d’emblée[141]. Alors[142] se posa la question d’Avaricum (Bourges), la cité la plus proche, que César allait attaquer. Ce n’était pas une très grande ville[143], et elle n’était pas imprenable. Mais elle passait pour la plus belle, presque, de toute la Gaule ; elle servait de forteresse centrale à la vieille nation des Bituriges ; ils l’aimaient comme leur parure et leur gloire[144] ; et, derrière ses marécages, elle pouvait résister longtemps[145]. Ses guerriers supplièrent qu’on l’épargnât. Vercingétorix résista[146]. Mais un général gaulois, en temps de guerre, devait compter avec les sentiments et les passions de ses hommes. Déjà, le chef avait cédé quelques semaines auparavant, dans l’affaire du retour en Auvergne. Cette fois encore, devant l’émotion de l’armée entière[147], il se résigna à ne point imposer sa volonté, et Avaricum fut conservé. Pour tout le reste, son plan s’exécuta le jour même[148] César se remit en marche dans la direction de Bourges[149]. L’armée gauloise s’écarta, évitant son contact, le laissant passer[150]. Il abordait, après la triste Sologne, les riches campagnes du Berry[151]. Et voici qu’aussitôt mille feux s’allument autour de lui, vingt villages s’écroulent sous les flammes, et partout où le légionnaire dirige ses regards, l’incendie éclaire l’horizon[152]. Mais le chef des Gaulois aurait dû prendre cette décision quinze jours plus tôt, avant la marche des légions : César avait pu, pendant ces quinze jours, s’approvisionner de blé en Gâtinais et en Beauce. Et quelques heures lui suffirent, sans péril et sans peine, pour amener devant Bourges son armée intacte et victorieuse[153] (vers le 23 mars ?[154]). VII. — LE SIÈGE DE BOURGES : LES OPÉRATIONS AUTOUR DES CAMPS. Ce siège qu’il n’avait pu empêcher, Vercingétorix le fit durer le plus possible, multipliant autour de César les embarras, les dangers et les fatigues. Il se garda bien de s’enfermer dans la ville, lui et son armée. Mais il envoya dans Bourges les hommes les plus entendus à la défense des murailles[155], lui-même, avec le gros de ses forces, s’installa à seize milles de la place (vers Morogues ?[156]), il demeura en relation permanente avec elle, et il put surveiller à la fois, presque heure par heure, les manœuvres de l’ennemi et la résistance de la forteresse[157]. César eut donc à se protéger contre deux adversaires, l’armée et la ville, obéissant à une seule volonté[158]. Vercingétorix était, autant que lui, l’arbitre des lieux et des heures[159]. Il avait choisi la place de son camp de manière à ce qu’il fût invulnérable : du côté de César, une ligne de marécages[160] : du côté extérieur, l’abri des forêts[161] ; en avant, près et loin, des vedettes et des éclaireurs[162]. Et cela ne rappelait plus les campements gaulois d’autrefois, où les tentes se dressaient au hasard des lieux, dans les plaines et les vallons les plus exposés[163]. De ce camp, chaque jour, Vercingétorix expédiait ses hommes à la destruction des moissons et à l’attaque des fourrageurs romains[164] : car, plus que jamais, le devoir était de se conformer au nouveau plan de guerre. Bien renseigné sur les allées et venues des détachements ennemis, les Gaulois les dépistaient d’ordinaire ; et c’étaient chaque fois, dans les lignes romaines, quelques soldats qui manquaient à l’appel[165]. Les vivres y devinrent de plus en plus rares : ce beau pays de Bourges, où César et ses troupes auraient pu rêver une vie plantureuse, se transformait en un désert couvert de décombres[166]. Au delà, les Boïens d’entre Allier et Loire étaient trop pauvres pour nourrir une armée de 40.000 hommes[167] ; et les Éduens, malgré les prières de César, hésitaient à lui envoyer des vivres[168]. Les cohortes s’aventurèrent de plus en plus loin, à la recherche des bestiaux et des fourrages qui avaient échappé à l’ennemi : mais les cavaliers de Vercingétorix savaient toujours les atteindre[169]. Les légions souffrirent alors toutes les misères d’une armée assiégée. Pendant plusieurs jours le pain manqua[170]. Les gens d’Avaricum, soutenus par Vercingétorix, résistaient toujours. César redouta pour les siens l’extrême disette, et la défaite par la famine[171] : jamais, depuis son entrée en Gaule, il n’avait subi plus d’angoisses et une pareille honte. C’était maintenant une guerre terrible qui se déroulait, sans trêve et sans merci des deux côtés, où les deux chefs, d’égale intelligence, recourraient aux mêmes méthodes. Le proconsul fut sur le point de s’avouer le plus faible[172] : il aimait profondément ses soldats, et, lorsqu’il les vit pâtir de la faim et quand même tenir bon contre tout, il fut saisi de pitié, et il leur offrit de lever le siège[173]. Mais ces hommes, formés depuis sept ans à une vie de résistance et d’attaque, ne savaient plus renoncer à une entreprise : il y avait chez eux à la fois l’entêtement de la bête qui obéit et la ténacité du sage qui fait son devoir. Ils refusèrent avec emportement, et la dignité du peuple romain, dit César, n’eut à souffrir d’aucune parole de désespoir[174]. Un incident, sur ces entrefaites, grandit encore le prestige de son adversaire. Vercingétorix, pour mieux secourir les assiégés en cas d’assaut, rapprocha son camp de la ville[175], tout en lui trouvant une position aussi forte (la colline entre Les Aix et pians ?[176]), et il tracassa César[177] de plus près. Il ne dédaignait pas de commander lui-même les cavaliers d’escarmouche et d’attendre les fourrageurs dans quelque embuscade[178]. Le proconsul apprit un jour que le Gaulois était parti pour vingt-quatre heures[179], et il espéra aussitôt surprendre l’armée, privée de son chef et de ses cavaliers[180]. Il partit au milieu de la nuit, et, sur le matin, arriva en vue du campement des Celtes[181]. Mais ceux-ci avaient été prévenus par leurs sentinelles[182], et on les aperçut en rang de bataille, bien groupés sur une hauteur, attendant derrière l’abri des marécages[183]. Romains et Gaulois n’étaient séparés que par une distance de cinquante pieds. Mais pour la franchir, il eût fallu à César chercher des gués et combattre en contrebas. C’eût été exposer les siens à de gros risques : il les ramena à leur camp, pleins de colère et de dépit[184]. Le retour de Vercingétorix provoqua, chez les Gaulois, une scène étrange, qui finit comme un triomphe. Quand il revint, ses soldats se vengèrent de la peur que César leur avait faite en l’accablant de reproches : son camp rapproché du camp romain, son départ à la tête de la cavalerie, ses troupes laissées sans ordre, et les légions survenant aussitôt, n’était-ce pas la preuve qu’il était d’accord avec son adversaire, qu’il voulait lui livrer la Gaule, et y devenir ensuite roi et tyran pour le compte du peuple romain[185] ? Et chez ces hommes, énervés par tant de surprises, à l’imagination rapide et à l’esprit crédule, le mot de trahison gronda autour du jeune chef[186]. Il ne se troubla point, et si la harangue que César résume est bien son œuvre[187], ce que je crois, il fut ce jour-là un incomparable ouvrier de la parole. — Tranquillement, l’un après l’autre, il réfuta d’abord les griefs et expliqua les motifs de ses actes. Puis, il arriva à la présence de César : si le proconsul était survenu, c’était vraiment une chance heureuse entre toutes, on avait pu voie de près les légions romaines, et les réduire aussitôt à la retraite par la simple fermeté de l’attitude. Et peu à peu, tout en justifiant son œuvre, Vercingétorix attaquait et flagellait ses Gaulois : quel besoin avaient-ils de vouloir toujours combattre ? faire œuvre d’épée, c’est souvent faiblesse et paresse : s’ils étaient pressés de brandir leurs armes, c’était par crainte de la faim et de la fatigue, et pour ne pas savoir dompter son âme[188]. Il parla ensuite de lui-même, de ses ambitions et de ses devoirs : il ne tenait pas à ce titre de chef, il se déclara prêt à le quitter, il ne l’avait point voulu pour sa gloire, mais pour le triomphe de la Gaule[189]. Et, sur ce mot, il acheva de dominer les siens par de grandioses espérances. Il leur présenta comme des légionnaires affamés de malheureux esclaves auxquels il avait fait la leçon[190] ; il fit le tableau des Romains mourant de faim dans leur camp, de l’armée de César obligée de fuir sans trouver d’asile, et de ses lamentables lambeaux tombant sur les routes de la Gaule révoltée[191]. — Et sa harangue se termina dans le fracas des armes et des acclamations de la multitude réunie à sa voix[192]. Depuis ce jour, il en resta le maître. VIII. — LE SIÈGE DE BOURGES : LES OPÉRATIONS DEVANT LA VILLE. Le siège de Bourges continuait, le plus long et le plus pénible de tous ceux que les Romains eussent encore formé contre une cité gauloise. Avaricum, sur les trois quarts de son pourtour, est entouré et bloqué par un réseau compliqué de ruisseaux et de rivières, qui courent à travers de larges marécages[193] On ne pouvait, sur ces points, ni l’attaquer ni l’investir[194], et César renonça à y mettre un seul poste. Ce qui précisément permit à Vercingétorix de demeurer en rapport facile et constant avec la ville assiégée[195]. — Du côté du sud-est, elle tient au pays par une sorte d’isthme, étroit, solide et continu[196]. C’est sur cette langue de terre, et là seulement, que César pouvait attaquer, et c’est près de là qu’il bâtit son camp[197]. Mais procéder par la brèche ou par l’escalade était impossible : les murailles s’élevaient à une trop grande hauteur[198], et, à leur pied extérieur, le terrain s’abaissait encore de quelques mètres, présentait une forte déclivité[199], pour ne se relever que plus loin vers la campagne, à l’endroit où campait César. — Il s’agissait donc, avant toute attaque, de combler ce ravin, et de bâtir à sa place, entre le camp et la ville[200], une chaussée d’opérations[201], haute, solide et plane, sur laquelle circuleraient sans peine les machines, les tours et les légions. C’était une œuvre difficile et longue, plus de 250.000 mètres cubes de matériaux à jeter dans le ravin et à entasser devant la muraille[202]. César mit ses hommes au travail, et, comme il en avait des milliers sous la main, la chaussée dut s’élever, s’avancer rapidement vers la ville, et avec elle les baraques et les tours[203] : les baraques, pour abriter les béliers et les sapeurs qui, à la base, menaceraient le mur ennemi[204] ; les tours, pour recevoir les machines et les hommes qui l’attaqueraient au sommet[205]. — Mais les défenseurs d’Avaricum ne furent ni surpris ni effrayés : Vercingétorix leur adressait de nombreux messages, indiquait ce qu’il y avait à faire[206] ; quand les tours se montrèrent plus menaçantes, il rapprocha s’en camp de celui de César[207], et il envoya à Bourges dix mille hommes de renfort, choisis dans les contingents de tous les peuples : car il ne fallait pas, disaient les Gaulois, que les seuls Bituriges eussent la gloire de vaincre César[208]. Et de fait, même en cette matière des sièges où les Romains étaient passés maîtres, formés par quatre siècles d’expériences et les leçons des poliorcètes grecs, même en ce genre de combats qui exige surtout de la présence d’esprit, .une attention soutenue et des connaissances techniques, les Gaulois d’Avaricum ne semblèrent point inférieurs à leurs adversaires. Tous les travaux et toutes les manœuvres de l’attaque furent gênés ou déjoués par la défense. Pour détourner les légionnaires de la construction de la chaussée, c’étaient des sorties jour et nuit ; pour arrêter ce redoutable boulevard de terre et de bois qui s’avançait lentement vers le pied de leur muraille, les assiégés s’efforcèrent tantôt de l’incendier[209], tantôt de le saper par des galeries souterraines, et les mineurs bituriges rendirent à cet égard de fort bons offices[210]. Quand il fut achevé malgré tout, que les soldats romains, arrivés enfin au contact des remparts, firent les premières tentatives pour les ruiner, arracher ou briser les pierres avec les faux ou les béliers[211], alors, chose inouïe, les Gaulois mirent en mouvement, non plus des hommes, mais des machines : du haut de la muraille, des câbles puissants, descendus et remontés à l’aide de treuils, vinrent à l’improviste saisir, tirer et enlever les engins des légionnaires[212] ; et ceux-ci reculaient en même temps sous les décharges de pierres, de poix bouillante, de pieux aiguisés au feu[213]. César dut mettre son principal espoir dans ses deux grandes tours[214], qui dominaient de leurs hommes et de leurs machines la terrasse du rempart ennemi. Mais les Gaulois eurent le courage d’exhausser leur enceinte, c’est-à-dire qu’ils dressèrent sur leur muraille même des tours rivales de celles de César, blindées de cuir, reliées entre elles par un plancher continu[215] : et cela forma un second rempart par-dessus le premier. Au fur et à mesure que les Romains élevaient leurs bâtisses, en face d’elles grandissaient celles de l’ennemi[216]. — Le proconsul s’émerveillait de ces choses. Après les Belges d’Ambiorix[217], c’étaient les Celtes de Vercingétorix qui se formaient à la science des hommes du Midi. Car cette race, disait César à ce propos, excellait dans l’art d’imiter, et savait profiter des leçons qu’on lui donnait[218]. En ce moment, c’était de Vercingétorix qu’elles venaient, et, du milieu des combats, le roi des Arvernes continuait l’éducation de son peuple. Ne pouvant rompre, saper ni escalader la muraille, César se résolut à surhausser son boulevard, de manière à mettre la chaussée à peu près de niveau avec le sommet du rempart gaulois[219] : ses hommes combattraient ainsi presque de plain-pied avec l’ennemi, et c’était en quelque sorte supprimer la forteresse qu’on ne pouvait détruire. A l’habileté imprévue de son adversaire, César répondit par un prodige de bâtisse, et son boulevard atteignit, sur 330 pieds de large[220], 80 pieds de hauteur, et au fur et à mesure qu’il s’exhaussait, les deux tours s’élevaient avec lui[221]. Le vingt-cinquième jour du siège, la gigantesque charpente était presque achevée, et dès lors la prise d’Avaricum serait certaine[222] Les Gaulois firent une suprême tentative. Une longue galerie fut creusée, par-dessous la muraille, vers les travaux des assiégeants ; et, une nuit, au moment même où les mineurs bituriges atteignaient le boulevard et y mettaient le feu, des groupes de combattants sortirent par les portes[223], et d’autres, du haut des remparts, déchargeaient leurs armes et leurs machines. Les bois des tours et de la chaussée furent attaqués à la fois par le flanc, sous terre et d’en haut. Et, comme les Celtes jouaient leur dernière chance, ils accomplirent, dit César, des miracles do ténacité et de courage. Ils se succédaient sans relâche aux points les plus exposés. Devant une porte, face à une tour romaine[224], un Gaulois ne cessait de jeter contre elle des balles de suif et de poix, que ses camarades lui passaient de main en main ; le trait d’une machine finit par l’abattre. Son voisin le plus proche le remplaça, et tomba de la même manière. Il en vint un autre, puis un quatrième : et pas une seule fois le poste ne fut déserté. — Le combat dura toute la nuit. Il fallut ramener près du camp les tours romaines, dont les blindages étaient consumés. On dut même opérer une tranchée dans le boulevard pour empêcher le feu de s’étendre. Mais sur le matin, César était vainqueur ; et les brèches se réparèrent aussitôt[225]. Les dernières heures arrivaient pour les assiégés. Vercingétorix voulut épargner à ses hommes une lutte inutile : il leur donna l’ordre de quitter la ville la nuit suivante, et de rallier son camp. Mais les clameurs des femmes donnèrent l’éveil à l’ennemi : les assiégés se résignèrent à la rencontre suprême et à la mort[226]. Le lendemain, César, sur la chaussée réparée, avança une des tours et l’approcha de la cité[227]. La plate-forme du boulevard touchait presque le haut du rempart. Il n’y avait plus qu’à procéder au combat. Le proconsul profita d’une tempête, qui survint ce jour-là, pour le préparer à l’insu de l’adversaire, sous les baraques et dans le camp[228]. Surpris par l’orage, les Gaulois se relâchaient de leur surveillance, et, ne voyant plus l’ennemi, ne l’attendaient pas[229]. Sur un signe de César, les légionnaires coururent à l’attaque, et, tour contre tour, boulevard contre muraille, les ouvrages opposés furent assaillis et occupés[230]. Les assiégés se replièrent dans la ville, et, formés en carré aux carrefours et dans la place publique[231], ils s’apprêtèrent à vendre chèrement leur vie. Devant cette attitude menaçante, les Romains se bornèrent à se répandre sur la muraille pour fermer d’abord toutes les issues ; et quand les Gaulois, comprenant la manœuvre, se décidèrent à fuir, les légionnaires gardaient les portes et les cavaliers du proconsul galopaient sur les routes[232]. Des 40.000 êtres humains qui s’étaient rassemblés dans Avaricum, 800 seulement s’échappèrent[233]. Tout le reste fut égorgé, soldats, femmes, enfants et vieillards[234] (vers le 20 avril ?[235]). IX. — LE LENDEMAIN DU SIÈGE ; PROGRÈS DE VERCINGÉTORIX. C’était, depuis l’ouverture de la campagne, la première franche défaite que César infligeait à Vercingétorix[236]. Le Gaulois avait perdu plusieurs milliers d’hommes, et parmi les meilleurs[237] : la nation des Bituriges lui échappait ; et il voyait détruire sous ses yeux une des villes les plus célèbres de la Gaule. Un nouveau malheur le menaçait, le désespoir de ses soldats. Les Romains disaient et répétaient des Gaulois que le moindre revers les abattait comme des femmes[238] ; Vercingétorix le savait aussi : et le lendemain de la défaite, avec les scènes prévues de larmes, de colère et de révolte, lui parut aussi dangereux que la défaite elle-même[239]. — Mais sa prudence et son courage lui épargnèrent tous les ennuis : et, ce jour-là, par la seule force de son caractère, il remporta sa plus belle victoire sur les hommes. Il ne lui vint pas à la pensée de commander la retraite : inviolable dans son camp[240], il garda devant César l’attitude d’un chef qui ne se sent point vaincu. Le soir de l’assaut, il posta sur la route ses familiers et les chefs des cités[241] ; et quand, dans la nuit, les fugitifs se présentèrent, ils furent recueillis en silence, et rendus aussitôt à leurs corps respectifs : point d’attroupement ni de tumulte, le camp demeura dans l’ordre et le calme[242]. — Au matin, le conseil fut convoqué. Vercingétorix s’y rendit tel qu’à l’ordinaire, et, la démarche tranquille et assurée, il passa devant les rangs de la multitude sans détourner la tête ni éviter les regards[243]. En face des chefs, il prit hardiment la parole, et, suivant son habitude, il expliqua d’abord les causes et la nature de la défaite. — Il l’avait bien prédite : les Gaulois étaient incapables de défendre des murailles contre les machines de Rome : si l’ennemi avait vaincu, c’était par plus de science[244]. Mais ses avantages ne dureraient pas[245]. Et Vercingétorix énuméra aussitôt ce qu’il y avait à faire, ce qu’il demandait aux uns, ce qu’il attendait des autres[246]. Peu à peu, oubliant le passé, tout entier aux projets de l’avenir, il s’exalta de nouveau dans l’espérance, et, la pensée à demi perdue vers de lointains mirages, il lança ses auditeurs à sa suite. Devant ces hommes vaincus et désolés[247], à quelques pas de César triomphant et d’Avaricum regorgeant de cadavres, il montra au loin la Gaule reprenant sa liberté, s’unissant en une commune patrie, victorieuse de l’univers entier[248]. — En peu d’instants, cet homme étrange était passé des plus sages propos aux chimères les plus folles. Peut-être ne voulut-il que parler aux Gaulois leur propre langage, et les contraindre à la raison par un excès d’espoir. Mais peut-être, lui aussi, était-il l’esclave de ses désirs et de ses illusions, et, tel que César, unissait-il à un ferme bon sens une imagination en délire. Il sortit de l’assemblée comme un vainqueur, approuvé et admiré de tous[249]. César, quand il apprit ces choses, envia presque son rival. Tous les chefs d’armées, dit-il, sentent leur pouvoir s’affaiblir devant la défaite : et les échecs de Vercingétorix accroissent chaque jour son influence et sa dignité[250]. Au lendemain du siège, l’armée gauloise se trouva donc plus docile et plus brave. Pour se mettre à l’abri des tentatives de César, elle consentit, sur la demande de son général, à fortifier son camp[251]. C’était, chez des Gaulois, l’abandon de toutes leurs traditions : ils travaillaient comme des hommes de peine, à creuser des fossés et à élever des remblais ; ils s’exerçaient à perdre leurs habitudes d’insouciance et de désœuvrement. Le jeune chef les pliait à sa volonté[252] En trois mois, il leur avait appris l’art de défendre une ville, de dresser des machines, de construire un camp, de refuser un combat, d’obéir et de vouloir. L’armée des Celtes devenait chaque jour plus digne de se mesurer avec la légion. Quelques décisions habiles améliorèrent ses moyens de combattre. Son infériorité tenait surtout à ce qu’elle manquait d’armes à longue portée, ce qui l’exposait sans cesse au javelot des légionnaires. Mais les archers ne faisaient point défaut en Gaule, pays de chasse et de bons tireurs. Vercingétorix en appela de toutes parts[253]. — Pour combler les vides faits par les derniers combats, les cités alliées lui envoyèrent, sur son invitation, un nouveau contingent[254]. Il ne voulut pas plus de monde qu’il n’en avait eu au début, du moins comme fantassins. — Mais il ne refusa pas des renforts de cavaliers : Teutomat, le roi des Nitiobroges, lui en amena un grand nombre, levés en partie chez les Aquitains[255]. Enfin Vercingétorix n’oubliait pas, en dehors des heures de harangue, que la moitié de la Gaule reconnaissait encore la loi du peuple romain : il choisissait dans son entourage les chefs qui avaient des relations ou un talent de parole, et il les adressait aux nations hésitantes, chargés de présents et de promesses[256]. On avait frappé de superbes statères d’or au nom de Vercingétorix, d’excellent aloi, de belle venue, de poids fort régulier[257] : je ne doute pas qu’ils ne servissent, plus encore que les discours des envoyés, à gagner des hommes, chefs et prolétaires, à la cause de la liberté. Partout, et surtout chez les Éduens[258], l’or et l’argent des Arvernes faisaient leur œuvre[259]. Quelques jours après sa victoire, César fut obligé de reconnaître qu’elle lui avait seulement donné les ruines d’Avaricum et les vivres abondants que la place renfermait. Il dut s’abstenir d’attaquer Vercingétorix, immobile dans son camp ; il ne put l’empêcher de recevoir ses renforts et d’expédier ses messagers. Épuisées par la fatigue et la famine, les huit légions de César réclamaient un long repos. Il les laissa dans Avaricum[260] ; et, pendant ces nombreux jours d’oisiveté, si son armée refaisait ses forces, celle de Vercingétorix accroissait les siennes (fin d’avril ?[261]). X. — EMBARRAS ET NOUVEAUX PLANS DE CÉSAR. A la fin, César se préparait à marcher contre le camp gaulois[262], lorsqu’un nouvel ennui détourna son attention. Les Éduens étaient à la veille d’une guerre civile. Aux dernières élections pour la magistrature suprême[263], deux partis d’égale force s’étaient constitués, chacun d’eux avait élu son candidat et refusait toute conciliation[264]. Il ne nous est point dit que les intrigues arvernes aient été la cause de cette division : mais c’est fort possible, et, en tout cas, à défaut de l’alliance des Éduens, les insurgés profiteraient de leur impuissance. Cela ne faisait point le compte du proconsul. Il avait à tout prix besoin du peuple de Bibracte. Sa cavalerie était une des plus fortes de la Gaule ; son influence était souveraine chez les Celtes et les Belges mêmes ; s’il laissait la cité à l’anarchie, Vercingétorix y prendrait pied aussitôt, en secourant un des partis[265]. A la demande des chefs éduens[266], César se rendit donc dans leur pays, à Decize, et il y convoqua le sénat et les intéressés[267]. Il fit une sérieuse enquête, et, comme un seul des concurrents avait été élu suivant les formes consacrées, il l’investit par décret de la magistrature souveraine[268]. La paix rétablie chez les Éduens, il réclama leurs services, et, au moins en apparence, ils déférèrent à ses désirs. Leur cavalerie se rassembla et rejoignit l’armée romaine. Dix mille fantassins devaient venir plus tard. En échange, César promit à la nation, pour le jour où la Gaule serait vaincue, de nouvelles récompenses[269]. Tout cela lui prit du temps. Il y avait déjà deux mois que César était parti de son camp d’hiver. De Sens à Orléans, à Bourges et à Decize, il n’avait fait que piétiner dans un cercle de soixante milles de rayon. Il lui faudrait à ce compte plusieurs années pour reprendre toute la Gaule. Nerveux comme il était, le proconsul n’eut pas la patience de continuer ainsi, et il résolut de jouer sur un double coup la partie décisive. De ses dix légions, il en confia quatre à Labienus, avec la mission de partir pour Lutèce et de reconquérir les peuples du Nord[270]. Lui-même en garda six, avec les contingents éduens, et il décida de frapper la révolte à son centre même, en marchant sur l’Auvergne et contre Gergovie. A défaut de Vercingétorix, il prendrait sa capitale, et peut-être l’un dans l’autre. Il quitta Decize, et s’apprêta à franchir l’Allier[271]. Le chef arverne comprit sa pensée. Il essaya d’abord de s’opposer à la marche de son adversaire en coupant les ponts de la rivière[272]. Le Romain remonta la rive droite, suivi, sur l’autre bord, par l’ennemi[273] A la fin, César, à l’insu des Gaulois, demeura d’une marche en arrière, rétablit un pont en toute hâte, et fit passer son armée[274] (à Moulins ?[275]). Mais par là même il donnait à l’Arverne une journée d’avance, celui-ci en profita pour prendre les devants, et quand, cinq jours après, César arriva en vue de Gergovie, Vercingétorix l’attendait sur la montagne[276]. Toute la guerre se concentra alors sur deux points. Les destinées de la contrée allaient se régler, en deux rencontres, près des villes que la nature lui donnait pour capitales : Paris, le carrefour des routes du Nord ; Gergovie, la plus haute citadelle du plateau Central ; et, ce qui mettait dans le débat une solennité suprême, César et Vercingétorix se disputaient la souveraineté de la Gaule dans les lieux mêmes où s’étaient faites, au temps de Bituit, son unité et sa grandeur (milieu de mai ?[277]). XI. — LA CAMPAGNE DE LABIENUS AUTOUR DE PARIS[278]. La campagne de Labienus fut un modèle de hardiesse et de bonheur. Il partit de Sens avec ses quatre légions et quelque cavalerie[279], et il descendit la rive gauche de l’Yonne et de la Seine[280]. Son objectif était Lutèce[281]. De là, il menacerait les insurgés d’entre Seine et Loire, Carnutes, Aulerques et Armoricains ; de là, il contiendrait ceux de la Belgique, Bellovaques et Trévires, Comm et Ambiorix. La situation de Paris en faisait le centre naturel des opérations contre les peuples du Nord. Dès la sortie de Sens, Labienus se trouva en pays hostile. Personne n’obéissait plus à César au nord de la Seine. Dans l’île de Melun[282], dans celle de Lutèce, des places fortes ennemies assuraient la jonction entre les Celtes et les Belges[283]. Des troupes nombreuses de combattants arrivaient de l’Ouest pour s’opposer à la marche du légat[284]. Si la blessure de Comm et l’orgueil militaire des Bellovaques retardaient la prise d’armes de la Belgique, elle avait en fait reconquis l’indépendance. Les belles constructions romaines des journées de gloire, la redoute sur le Rhin, la flotte de Boulogne, n’étaient plus que d’inutiles objets, et sans doute déjà des ruines abandonnées. Labienus avait à refaire toute l’œuvre des cinq années précédentes. — Pour aller plus vite, il évita Melun, et arriva devant l’Essonne, où commençait le territoire des Parisiens[285]. L’armée des confédérés s’était donné pour chef l’Aulerque Camulogène ; et ce vieux routier, solide, avisé, décidé, commandant à de fort braves soldats, n’était point un adversaire à dédaigner[286]. Il avait pris position derrière les marais de l’Essonne, qui coupaient la route de la rive gauche, et il y attendait Labienus[287]. Malgré ce double obstacle, le Romain voulut passer quand même. Il essaya, à l’aide de fascines, de bois et de terre, de bâtir un chemin ferme sur le marécage[288]. Puis, l’entreprise paraissant trop longue, il décampa dans la nuit, revint à la hauteur de Melun, fit main basse sur cinquante bateaux[289], les chargea d’hommes, enleva la bourgade, rétablit les passages, transporta son armée sur la rive droite, et de nouveau revint vers Lutèce[290]. Camulogène déguerpit à son tour, et se porta par la rive gauche à la rencontre de son ennemi. Tous les deux se retrouvèrent en face l’un de l’autre à la hauteur de Paris[291]. Le Gaulois avait fait brûler la ville, détruire les ponts[292] : pour le Romain, ce ne fut plus un marécage à franchir, mais un grand fleuve[293]. Ce qui aggrava le péril de Labienus, c’est que, sur ses flancs, les Bellovaques prirent les armes[294], et que, de Gergovie et de César, lui arrivèrent de mauvaises nouvelles, et peut-être l’ordre de revenir[295]. Il fallait donc regagner Sens. Le légat jugea la chose impossible par la rive droite, sous la menace des Belges[296], et il se résolut à mettre le fleuve entre eux et lui, au risque d’une bataille avec Camulogène. Mais il importait au moins d’éviter que la rencontre eût lieu pendant le passage de la Seine. Labienus recourut aux moyens classiques pour le cacher à son adversaire. Une nuit, laissant dans son camp cinq cohortes[297], il en expédia cinq autres en amont, le long de la berge, accompagnées de bagages, escortées de barques qui remontaient le fleuve, et tout ce monde, soldats et matelots, faisant grand tapage[298] Pendant ce temps, la flottille venue de Melun descendait sans bruit et s’arrêtait à quatre milles en aval[299] (au Point-du-Jour ?[300]), où elle était rejointe par Labienus et par le gros de l’armée, marchant dans un profond silence[301]. La traversée commença aussitôt ; une tempête, qui se leva au petit jour, couvrit la rumeur du passage[302]. Mais Camulogène ne fut dupe qu’à demi. Il avait disposé des sentinelles le long du fleuve ; et, si les Romains en égorgèrent quelques-unes, il en resta assez pour donner l’alarme[303]. Le chef comprit que le fracas d’amont n’était qu’une feinte : il laissa seulement quelques hommes pour surveiller les cohortes du camp et du haut fleuve, et il se porta avec son armée à la rencontre des Romains[304]. Au soleil levant, les légions, à peine débarquées, aperçurent l’ennemi[305] (dans la plaine de Grenelle ?[306]). Le temps de dire quelques mots aux soldats, et Labienus donna le signal du combat. A droite, la VIII légion, qui avait été mêlée à toutes les batailles de la guerre gauloise, mit en fuite l’ennemi au premier choc ; à gauche, la XIIe, qui était plus jeune, et qui avait Camulogène en tête, ne réussit qu’à renverser les premiers rangs à coups de javelots ; les autres ne bronchèrent pas. Il fallut attendre le secours de la VIIe, qui prit les Gaulois à revers. Aucun, cependant, ne lâcha pied, et tous, Camulogène avec eux, se firent tuer jusqu’au dernier[307]. Il y eut encore à détruire les détachements que le chef avait gardés derrière lui, et qui s’étaient retranchés sur une hauteur (Montparnasse ?)[308] ; mais on laissa ceux qui s’enfuirent gagner les bois et les collines des environs[309], et on se hâta de revenir à Sens[310]. — Cette victoire, qui aurait pu rendre à César la Gaule du nord, n’avait fait que donner à son légat le chemin du retour. Les fautes et les malheurs du proconsul annulèrent les résultats dé la campagne de Labienus. XII. — LE SIÈGE DE GERGOVIE : FAUTES ET MÉCOMPTES DE CÉSAR[311]. La première faute de César fut de n’emmener avec lui qu’un peu plus de la moitié de ses troupes[312]. De ses dix légions, le mois précédent, il en avait gardé huit pour la guerre de Berry ; et, bien que ce fût pays facile, elle s’était prolongée au milieu d’ennuis de tout genre. Et maintenant, il se privait de deux légions de plus, des vétérans de la VIIe, de son meilleur officier, alors qu’il s’engageait, en Auvergne, dans la plus audacieuse de ses campagnes. Tout ce qu’il avait devant lui était danger nouveau : un pays inconnu, couvert de montagnes, de forêts et de citadelles ; un chef ennemi toujours plus fort, plus confiant, plus maître de ses hommes ; Vercingétorix manœuvrant sur le sol qui lui était familier, excité et inspiré par la présence de ses dieux, de ses ancêtres et de sa demeure ; et, pour soutenir les efforts des résistances humaines, la forteresse imprenable de Gergovie. Il fallait vraiment que César n’eût envoyé personne en reconnaissance, et qu’il ignorât singulièrement les lieux et les choses de la Gaule centrale. Devant Bourges, il avait eu besoin d’un mois et de huit légions : et Bourges ne présentait que deux mille mètres de muraille, elle s’élève peu au-dessus de la plaine, et les Romains purent mettre leur chaussée d’attaque presque de plain-pied avec le chemin de ronde. — La muraille de Gergovie se développait sur près d’une lieue de pourtour ; le plateau qui la porte se dresse à 744 mètres d’altitude, de 300 mètres plus haut que les vallons qui l’entourent[313]. Pour atteindre le rebord de ce plateau, il faut, au nord, au sud et à l’est, soit escalader des parois basaltiques rudes et glissantes, soit gravir les gradins escarpés et pierreux de terrasses successives[314] Au couchant seulement, un chemin de montagne conduit à la plate-forme de la ville ; mais, avant de l’atteindre, il s’engage sur un col étroit, obstrué de bois, bordé de deux ravins profonds (col des Goules)[315]. Contre cette masse énorme et confuse, les anciens procédés de siège n’étaient possibles qu’au prix de grands sacrifices. L’escalade ? elle exigerait des milliers d’hommes, échelonnés en plusieurs rangs contre un côté du rempart, se poussant et se soutenant sans faiblir sur mille mètres d’assaut[316]. La chaussée d’approche ? je doute qu’on pût la bâtir, en toute sûreté, sur le col périlleux de l’ouest[317]. Le blocus ? les lignes devraient tantôt suivre des fonds de vallons, tantôt monter et descendre des croupes rocheuses, cela sur un développement de cinq lieues. Et, pour combattre ou construire, César ne disposait que de six légions et de quelques cavaliers, 30.000 hommes, la moitié du chiffre nécessaire[318]. Vercingétorix dut se rendre compte de ses avantages. Contrairement à sa tactique d’Avaricum, il n’hésita pas à concentrer son armée sous les murailles de Gergovie[319]. Mais il se garda de l’enfermer dans l’enceinte. Il multiplia, en dehors de la ville, les ouvrages et les postes avancés, de façon à reculer et à étendre le plus possible les lignes que bâtirait l’ennemi. Pour se garer de l’assaut, il disposa ses camps en avant du rempart, sur-les terrasses qui s’étageaient en contrebas du plateau[320] ; et, au-devant de ces camps et de ces terrasses, sur le flanc même de la montagne de Gergovie, il éleva une épaisse muraille faite de larges blocs, haute de six pieds, qui doublait la place forte par une forteresse extérieure[321]. Contre un plan de blocus, il fit occuper les collines et les roches qui flanquaient, du côté des vallons, la montagne maîtresse, et notamment La Roche-Blanche, qui, au sud, lui sert comme d’avant-garde[322]. Et, afin de n’être point surpris du côté du col, il semble qu’il y ait maintenu plusieurs postes de garde[323]. Avant même de songer au siège, il fallait que César déblayât les abords de la ville. Quand le général romain aperçut, de la plaine, la montagne et la forteresse hérissées de rochers, de bois, de murailles, de camps et de soldats, son premier mouvement fut de désespoir[324]. Et, ne se sachant quel parti prendre, il se contenta d’installer son camp le moins mal possible : il le bâtit au pied de la montagne[325], le long de la grande route par laquelle il était venu, sur un des mamelons (au nord d’Orcet) qui terminent la plaine et commandent les ruisseaux d’en bas[326]. A peine arrivé, les déconvenues commencèrent pour César. Il sentit que l’ennemi ne le redoutait plus. La première journée, les cavaliers gaulois vinrent escarmoucher avec les siens ; ils descendirent ensuite presque chaque jour, soutenus par des troupes d’archers, et ils n’hésitaient pas, sous l’abri des tireurs, à provoquer et à combattre les Romains. C’était Vercingétorix qui l’ordonnait, pour habituer ses hommes au courage et au sang–froid, et le proconsul, au lieu du champ de bataille qu’il espérait, ne faisait que fournir à son rival un champ d’exercices[327]. Vercingétorix, sur le sol natal de Gergovie, disposait de ses compagnons et de ses soldats, et presque de son rival même, avec une maîtrise souveraine. Chaque matin, il convoquait les chefs des cités et leur fixait la tâche du jour[328]. Plus de ces assemblées tumultueuses où s’énervait la force du commandement : un conseil d’officiers choisis, qui transmettaient les ordres et venaient au rapport[329]. L’armée gauloise se formait à la discipline. César prit enfin une résolution. Le service des vivres était assuré par la route de l’Allier et de la Loire, dont il demeurait maître. Il avait fait de Nevers sa grande place de ravitaillement ; on y avait transporté le gros des bagages, le trésor, les magasins, les otages, les parcs à chevaux[330]. De là, les convois lui arrivaient régulièrement, et les dix mille fantassins éduens se préparaient à le rejoindre[331]. On touchait à peine à l’été : le proconsul crut qu’il aurait le temps d’enfermer la place. Il résolut donc de commencer les lignes de blocus[332]. La première chose à faire était d’occuper La Roche-Blanche, qui assurait aux Gaulois la possession du vallon principal, celui de l’Auzon, et l’usage de ses eaux[333]. César l’enleva par surprise au cours d’une nuit[334], et il y bâtit un petit camp, qu’il réunit à l’autre par deux fossés de six pieds de profondeur[335]. Il laissa quatre légions dans l’ancien, en plaça deux dans le nouveau, et, par les profondes tranchées qui les rejoignaient, les soldats purent communiquer à l’insu ou à l’abri de l’ennemi. — Il y avait, entre les deux camps, le long du vallon, un peu moins d’une lieue. Ce n’était même pas le quart de la ligne de fossés et de redoutes que César devrait construire pour investir toute la montagne[336]. Or, au moment où il commençait cette œuvre colossale, les Éduens, travaillés sans relâche par les émissaires de Vercingétorix, se décidaient à la révolte. Un complot fut tramé entre le magistrat même et le chef de l’infanterie qui partait pour rejoindre César[337]. Quand celle-ci fut arrivée à quelque trente milles de Gergovie[338] (vers Serbannes ?[339]), on lui fit croire que le proconsul avait massacré les cavaliers éduens de son entourage, et on la décida à de sanglantes représailles. Les Romains qui l’accompagnaient furent égorgés sur-le-champ, et, par tout le pays éduen, coururent des messages de guerre[340]. Au lieu du renfort nécessaire, c’était un nouvel ennemi qui arrivait aux Romains : ils seraient bientôt bloqués et affamés dans leurs camps. César fut alors merveilleux de sang-froid, de décision, de courage et de promptitude. Il apprit la nouvelle vers minuit[341]. Au matin, il quittait le camp avec quatre légions et les cavaliers éduens, et marchait vers l’armée rebelle[342]. Il la rencontra à vingt-cinq milles du camp[343] (à Randan ?[344]), et aussitôt, défendant de combattre, il fit avancer les Éduens de son escorte. Les fantassins révoltés virent qu’on les avait trompés, et jetèrent bas les armes[345]. César accorda trois heures de repos à ses hommes, et, dans la nuit même, ils rentraient au camp[346]. En vingt-quatre heures, ils avaient parcouru cinquante milles. Devant Gergovie, un nouveau mécompte attendait César. Si courte qu’eût été son absence, les Gaulois en avaient profité pour assaillir les camps avec leurs hommes de trait. Fabius, qui commandait, ne put les repousser qu’à coups de machines[347]. Le retour de César empêcha seul une seconde attaque[348]. Les mauvaises nouvelles revinrent derrière lui. A l’annonce de la révolte de leurs troupes, les Éduens s’étaient levés partout, courant sus aux marchands italiens, aux officiers romains qui rejoignaient l’armée, trahissant leurs hôtes, massacrant les uns, réduisant les autres en servitude[349]. Il est vrai que. la révolte ayant échoué, les chefs se hâtèrent de désavouer les coupables, et d’envoyer au proconsul d’humbles messages d’excuse et d’amitié[350]. Mais en même temps, comme ils se sentaient trop compromis pour échapper à sa colère, ils préparèrent enfin une trahison plus complète et le soulèvement général de la nation et de ses alliés[351]. César ne fut point la dupe des Éduens. Il comprit que dans quelques jours, ils lui fermeraient la route de Nevers et le sépareraient de Labienus[352]. Jusqu’ici, le siège de Gergovie n’avait apporté aucun résultat. Il devenait sage d’y renoncer, et de songer à la retraite avant qu’elle ne parût une fuite[353]. Quand il aurait rejoint son légat[354], avec ses dix légions réunies il redeviendrait le maître. XIII. — CÉSAR REPOUSSÉ DE GERGOVIE. Mais à cet homme, amoureux de la victoire jusqu’à la folie, il en coûtait d’abandonner cette proie superbe de Gergovie, et de retirer ses légions impuissantes sous les yeux de Vercingétorix indompté. Décidé au départ, César le différait quand même, attendant de sa fortune une chance inespérée[355], un de ces hasards qui, disait-il[356], changent tout à la guerre. Son rival, pendant ce temps, ne laissait rien à l’aventure, et agissait comme si César devait poursuivre les travaux du siège. Afin d’arrêter la ligne qui menaçait d’investir Gergovie, il fit construire de nouveaux ouvrages sur les collines avoisinantes et aux approches du col[357]. Aux tranchées de clôture il répondit par des redoutes avancées qui leur barraient le chemin[358]. Mais pour travailler à ces défenses, il avait dû dégarnir les camps qui flanquaient les murailles de la ville et ces murailles elles-mêmes[359]. César s’en aperçut un jour[360]. C’était là l’occasion de bien faire qu’il cherchait depuis si longtemps[361] : l’escalade fut décidée, et, avant de se résoudre à la banale sagesse des décisions raisonnables, il risqua un dernier coup d’audace. L’escalade ne pouvait être tentée, avec quelque chance de succès, qu’en partant de La Roche-Blanche, où se trouvait le petit camp de César. De ce point, la distance est moins grande, la pente est moins raide, et des sentiers obliques diminuent la fatigue de la montée[362]. Trois légions[363], destinées à l’assaut, y furent massées à l’insu de l’ennemi[364]. Pour détourner son attention, César expédia ouvertement une légion et d’autres hommes sur sa gauche, le long de l’Auzon, dans le prolongement de ses lignes, comme s’il voulait attaquer les hauteurs du col et les ouvrages que les Gaulois étaient en train de construire[365]. Pour opérer une diversion au moment de l’attaque, il donna l’ordre aux cavaliers éduens de manœuvrer à sa droite, sur le flanc de la montagne[366] Enfin, pour soutenir ses hommes en cas de retraite, il décida de se tenir en arrière avec sa Xe légion[367], et d’en réserver une autre encore, la XIIIe, dans le petit camp de La Roche-Blanche[368]. Tout marcha d’abord à souhait. Les Gaulois crurent que César menaçait leurs nouvelles défenses, et ils portèrent toutes leurs forces sur le col et les hauteurs attenantes, à l’extrême gauche des Romains[369]. Mais alors le front de la ville qui faisait face aux légions se trouva dégarni de défenseurs. Il n’y avait là que quelques hommes, qui se disposaient à la méridienne[370]. Car ce fut précisément vers midi[371] que César donna le signal à ses trois légions. Au pas de course, quelques milliers de soldats descendirent de La Roche-Blanche, traversèrent la combe qui la séparait du mont de Gergovie, et gravirent les pentes opposées[372]. Au premier rang se trouvait la VIIIe, une des plus vaillantes de toutes, et en tête ses centurions, irrésistibles entraîneurs de leurs hommes[373]. En quelques minutes, les légionnaires avaient sauté la muraille qui bordait la terrasse, pénétré dans les camps, et si vite, que le roi des Nitiobroges, éveillé de sa sieste, eut à peine le temps de s’enfuir à demi nu, sur un cheval blessé[374]. Les camps pillés et traversés, les centurions apparurent au pied du rempart de Gergovie[375] Sur le rebord de La Roche-Blanche, de l’autre côté du vallon, le proconsul regardait la scène[376]. Il déclara plus tard que sa seule intention avait été la prise des camps gaulois, et qu’il avait, au départ, donné des ordres en conséquence[377]. Je n’en suis pas convaincu : le pillage de quelques tentes ne valait pas tant de manœuvres, de tels périls, et une si grosse perte de temps. En tout cas, lorsque le proconsul vit ses trois légions éparpillées sur le flanc de la montagne, sans ordre, sans soutien, disloquées par les ravins et les croupes, à la merci des Gaulois qui allaient revenir, il eut peur pour elles, et il fit sonner la retraite[378]. La Xe, qui était descendue dans le vallon, s’y arrêta, et César avec elle[379]. Mais les trois autres n’entendirent rien[380] ou ne voulurent rien entendre[381]. Soldats et centurions touchaient enfin aux remparts et aux portes de Gergovie : l’ennemi n’était pas encore là ; la muraille, sur ce point, dépassait à peine la hauteur de trois hommes. A l’exemple de leur général, et au besoin malgré lui, les légions tentèrent la fortune[382]. Les centurions de la VIIIe se répartirent la besogne. L’un d’eux se fit hisser par trois de ses hommes sur le rempart, et ensuite les tira après lui[383]. Un autre entreprit de briser la porte[384]. Par toute la ville courait et grondait la clameur des prises d’assaut[385]. On fuyait dans le lointain vers les issues opposées. Les femmes, sur la muraille, cheveux épars, seins nus, mains ouvertes, hurlaient et suppliaient, et déjà quelques-unes se livraient aux soldats pour éviter la mort[386]. César, un instant, put croire à la victoire. Mais, brusquement, les Gaulois entrèrent en scène. Revenus à bride abattue, les cavaliers se montrèrent d’abord, et prirent leur place de combat sur le rempart ; d’autres arrivèrent à leur tour, à chaque instant plus nombreux ; et ce fut bientôt une multitude d’hommes qui remplit la muraille, déborda au dehors, couvrit les premières descentes et assaillit de toutes parts centurions et légionnaires[387]. Ceux-ci durent combattre un contre dix, et partout en mauvaise posture[388]. La crainte revint à César : il monta avec sa Xe légion jusqu’à mi-hauteur du plateau (sur la croupe avant le village actuel ?[389]) ; derrière lui, la XIIIe la remplaça dans le vallon[390]. Les Romains, autour du rempart et sur les terrasses, combattaient sans perdre pied. S’ils tenaient bon quelques minutes encore et que César pût les soutenir, la retraite serait honorable[391]. Mais à ce moment même, les cavaliers éduens parurent à la droite des légionnaires[392] : dans l’émoi de la bataille, ceux-ci crurent à des adversaires, et le courage leur manqua[393]. Une dernière poussée des Gaulois eut raison des plus intrépides. Ceux des Romains qui avaient escaladé la muraille furent tués et jetés en bas ; ceux qui tenaient les portes furent égorgés à leur tour[394]. Plus rien n’arrêta les Gaulois dans leur descente victorieuse : devant eux, les ennemis dégringolaient les flancs de la montagne, laissant des cadavres dans tous les ravins[395]. César avait rapproché encore la Xe légion. Arrivés à la fin des plus rudes pentes, les fugitifs la rencontrèrent (vers le village), et les Gaulois durent ralentir la poursuite[396]. Plus bas, la XIIIe s’avançait à son tour, gravissant les premières montées[397]. Les quatre autres se replièrent sur elle, et l’armée put enfin gagner la plaine, s’y mettre en ligne, offrir la bataille[398]. Mais Vercingétorix la refusa, et, d’un ordre, ramena ses soldats dans Gergovie[399]. Cette dernière manœuvre ôtait au Romain l’espoir d’une revanche et complétait le triomphe de son rival. Même à cette heure unique où, pour la première fois, l’Arverne et ses hommes avaient mis en déroute César et les légions, les Gaulois eurent assez de fermeté d’âme pour ne point compromettre leurs avantages par un excès de confiance. Et ce qui, pour Vercingétorix, fit de la journée de Gergovie une victoire absolue et parfaite, ce ne fut pas seulement le résultat matériel de la bataille, le chiffre des centurions et des soldats tués à César, la fuite visible des cohortes, mais ce fut encore qu’il mérita cette victoire par la prudence de ses actes et par la discipline de ses troupes. Et ces deux qualités supérieures d’un chef et d’une armée, que le proconsul et les légions de Rome avaient oubliées ce jour-là[400], se révélèrent enfin dans la Gaule révoltée (début de juin ?). XIV. — CÉSAR S’APPRÊTE À QUITTER LA GAULE. César ne put ni réparer ni venger sa défaite. Chacune des journées qui suivirent aggrava sa situation. Il avait perdu devant Gergovie sept cents soldats, près d’un douzième de l’effectif engagé, et, ce qui était le pire, quarante-six centurions, un sur quatre[401]. Le lendemain, il convoqua l’armée pour calmer les inquiétudes et pallier le malheur : il expliqua tout par la témérité et la désobéissance des assaillants et par le désavantage de la position ; le mérite des ennemis n’était pour rien dans cette victoire de hasard[402]. Et, afin de le prouver, il leur offrit une seconde fois la bataille[403]. Vercingétorix se borna à faire descendre quelques cavaliers et à les laisser fuir. Mais le lendemain, le Romain ayant recommencé la manœuvre, le Gaulois n’envoya personne[404]. Il était évident qu’il ne sortirait plus de ses lignes. Il fallut donc enfin que César ordonnât le départ. Le jour même, il quittait ses camps, et reprenait la route du nord[405]. Vercingétorix ne bougea pas[406]. Il était résolu à ne point provoquer les légions en retraite, craignant sans doute un de ces combats désespérés qui rendent parfois la victoire à une armée aux abois. Mais il multiplia autour d’elle les ennuis et les périls : déjà, ses cavaliers avaient pris les devants sur la route de César, et ils tentaient un dernier effort pour soulever les Éduens[407]. Le Romain fit diligence, gagna en trois jours l’Allier et le pont de Moulins[408]. Il avait hâte de passer ensuite la Loire et d’arriver à Nevers, pour y rejoindre ses bagages, ses chevaux, son trésor et le camp des otages. Mais l’ennemi l’y devança, grâce à une nouvelle faute du proconsul. Les deux chefs de son escorte éduenne, Viridomar et Éporédorix, étaient de jeunes ambitieux, habiles, rusés, retors, qui, jusque-là, avaient rendu quelques servies à César[409]. Quand ils virent que les choses tournaient mal pour lui, ils n’eurent plus que le désir de le lâcher, et d’exploiter pour leur compte la révolte éduenne. Le proconsul espérait encore l’éviter à force de concessions : et, les deux traîtres s’étant offerts pour l’empêcher, il leur donna congé, bien qu’il se défiât d’eux[410]. Cela lui coûta Nevers. Viridomar et Éporédorix coururent, devant lui, à Nevers, égorgèrent les soldats et les marchands de la garnison romaine, se partagèrent l’argent et les chevaux, enlevèrent et détruisirent les vivres, et expédièrent les otages à Bibracte[411]. C’était pour le Romain un nouveau désastre, plus fâcheux que le premier. Il perdait les moyens de recommencer aussitôt la campagne, trésor, bagages, remonte et magasins. Et, ce qui était plus grave encore, toute la Gaule, délivrée enfin de la crainte d’exposer ses otages aux vengeances de César, pouvait songer sans remords à sa liberté. Avec les gages de son obéissance disparaissait le lien qui l’unissait à Rome. Les deux Éduens essayèrent aussi de barrer la route aux Romains. Les ponts de la Loire furent coupés, des postes disposés sur la rive droite[412]. Grossi par la fonte des neiges, le fleuve paraissait infranchissable[413]. Il y eut alors, semble-t-il, un frisson de terreur dans l’armée de César : on parla de rétrograder vers le sud, et de gagner par les Cévennes la Province elle-même. Et le bruit de cette honteuse retraite parvint jusqu’à Labienus[414]. Mais c’eût été abandonner un légat et quatre légions, et un tel acte de désertion eût fait vouer César à une éternelle infamie. Son devoir était de rejoindre Labienus à tout prix, et de sauver Sens, où il avait ses dernières réserves[415]. Une marche rapide et hardie le débarrassa des Éduens, adversaire médiocre entre tous. Il arriva sur la Loire bien plus tôt qu’ils ne l’y attendaient[416] ; un gué lui permit de faire traverser ses hommes, de l’eau jusqu’aux épaules ; les Barbares s’enfuirent à la simple vue de l’ennemi, et César trouva la route libre[417]. Labienus, en ce moment même, revenait à Sens, et en repartait à la rencontre de son proconsul[418]. Quelque temps se passa encore[419], et les deux chefs purent enfin se rejoindre (vers Auxerre ?[420]), et les dix légions se rassembler sous les ordres de César. A sept ans (le distance, le général romain se retrouvait dans le pays d’où il était parti pour la conquête de l’Occident, et il s’y retrouvait dans une situation semblable, l’espérance en moins. Tout ce qu’il avait fait n’était plus qu’un rêve inutile : la Germanie, la Bretagne, la Belgique, effaçaient les traces de ses camps et le résultat de ses victoires. De la Gaule qui lui avait toute obéi, il ne conservait que deux alliés, les Lingons et les Mmes, à peine assez d’amis pour qu’il pût donner à ses légions quelques semaines de repos et de vivres[421]. Et en cette saison même où tous les vaincus reprenaient les armes, ses partisans de Rome lui échappaient également. Pompée s’associait comme consul un adversaire de César, Scipion (1er août)[422], et Caton posait sa candidature au consulat (le l’année suivante[423]. Mais il restait encore à César du temps et des forces pour réparer ses défaites. Ses pouvoirs n’expiraient pas avant l’année 50. Jusque-là, il garderait ses trois provinces et ses dix légions, sa Xe toujours intacte, et des officiers comme Labienus. Avec de tels hommes, un chef tel que lui, en moins de deux ans, pouvait peut-être dompter la Gaule. Son devoir était en tout cas de l’essayer. Il avait imposé cette conquête à sa patrie : il fallait, jusqu’à la fin de son proconsulat, qu’il s’y consacrât corps et âme. Cependant, je ne suis point sûr que sa résolution fût alors de reprendre cette tâche de conquête[424] S’il l’avait voulu, il serait resté à Sens, à Langres ou à Reims, au milieu ou à portée de ses alliés, à l’affût des divisions qui renaîtraient dans la Gaule. Mais il redouta, s’il restait si loin de ses provinces, d’être séparé d’elles, de l’Italie et de Rome, de manquer de vivres et de renforts[425], de livrer la Narbonnaise aux entreprises de Vercingétorix[426], et, ce qui sans doute l’épouvantait le plus, d’abandonner le peuple romain au consulat de Caton[427]. Et il résolut, dès que son armée aurait pris un repos suffisant[428], de regagner la vallée du Rhône et de repasser la frontière. Sa province une fois en sûreté, les routes de l’Italie ouvertes à ses messagers, il verrait quels ennemis il voudrait combattre. Une chose l’inquiétait surtout pour la retraite qu’il préparait : c’était le manque de cavalerie. La remonte avait été défi cite à Nevers ; les escadrons éduens étaient passés aux révoltés ; il ne lui restait plus que les chevaux de l’état-major, de l’intendance et des rengagés[429]. Et l’innombrable cavalerie ennemie allait battre la campagne autour des légions[430]. Pour parer au mal, le proconsul envoya louer des cavaliers chez les Germains des bords du Rhin[431]. Il en vint un bon nombre, mais, comme leurs bêtes étaient médiocres, on leur donna les montures des Romains. Avec les cavaliers, il arriva, aussi de Germanie une troupe de cette infanterie légère qui combattait au milieu des chevaux[432], et qui était redoutable aux meilleurs escadrons. Les légions s’étaient refaites chez les Lingons. Elles levèrent enfin le camp, et prirent, vers la vallée de la Saône, le chemin du retour[433] (fin juillet ?). César, dans quelques jours, aurait quitté la Gaule, protégé par son escorte de Germains. L’œuvre qu’il avait cru bâtir s’était écroulée de toutes parts. XV. — VERCINGÉTORIX, CHEF DE TOUTE LA GAULE. Vercingétorix, pendant ce temps, complétait la sienne. Les Éduens, après l’affaire de Gergovie, avaient dénoncé publiquement l’alliance romaine, et envoyé au roi des Arvernes de solennels messages d’amitié[434]. Mais ce peuple, qui depuis soixante ans se disait ami et frère du peuple romain, qui avait livré à César les Celtes et les Belges en échange d’une hégémonie précaire, cette nation hypocrite et tarée n’entra dans la cause de l’indépendance qu’avec la pensée de satisfaire encore son éternel égoïsme. A peine tirée de la servitude, elle parla en libératrice. Elle expédia des ambassades aux cités et les invita à la lutte commune, sans doute sous sa direction[435]. Quand les otages de la Gaule arrivèrent à Bibracte, au lieu de leur rendre la liberté, elle les garda pour elle, et en égorgea même quelques-uns à titre d’exemple : ce qui leva les dernières hésitations[436] Sous prétexte d’insurrection, les Éduens cherchaient à accroître leur empire. Ils osèrent même le dire aux Arvernes et à Vercingétorix, et ils lui demandèrent de venir à Bibracte pour s’entendre avec eux[437]. Il y consentit, il se rendit au mont Beuvray[438] ; et un long colloque commença[439]. — Pendant qu’on perdait du temps, César laissait reposer ses troupes et appelait des Germains. A Bibracte, Éporédorix et Viridomar, les tristes vainqueurs de Nevers, et les autres chefs éduens, brouillons, vaniteux, encombrants et incapables, réclamèrent le commandement. Vercingétorix, cette fois, refusa[440]. — C’était la Gaule entière qui avait seule qualité pour désigner son maître. L’Arverne n’était que le chef des conjurés de la première heure, les Éduens n’étaient que les révoltés de la dernière. Entre eux et lui, l’assemblée de tous les peuples déciderait. On la convoqua à Bibracte[441]. Ce fut une assemblée solennelle, la première que la Gaule tenait sans maître depuis l’arrivée de César. Les Belges y vinrent comme les Celtes. Trois peuples seulement n’y furent point représentés : les Rèmes et les Lingons, fidèles à Rome, les Trévires, qui guerroyaient à la frontière contre les Germains[442]. Les cinquante autres nations envoyèrent toutes leurs députés. Une multitude de chefs et d’hommes monta vers Bibracte, arrivés des points les plus éloignés[443]. Six mois auparavant, sous la tristesse d’un rude hiver, quelques hommes décidés avaient conjuré dans le secret la délivrance de la Gaule ; et maintenant, au soleil de l’été, sur le sol découvert de sa plus grande ville, la Gaule entière réglait librement ses nouvelles destinées. Ce résultat était l’œuvre d’un seul homme. C’est Vercingétorix qui rendit à la Gaule une armée, ses nations et la victoire. Lentement, mais sans un faux pas et sans une heure perdue, la réflexion sûre, la volonté prête, s’imposant aux faibles par la peur, aux chefs par la raison, aux foules par l’éloquence, à tous par sa bravoure franche et tranquille, orateur souple et fougueux, diplomate patient, esprit d’ordre et de méthode, corrigeant la défaite par l’espérance et la victoire par la sagesse, cet homme extraordinaire enseigna aux guerriers de la Gaule, en quelques mois, les facultés et les pratiques les plus contraires à leur nature. Il leur donna la discipline, la maîtrise de soi, le courage du travail manuel, la résignation à une guerre obscure de manœuvres et de fatigues ; il les disposa pour la victoire avant de leur permettre de la chercher. En même temps, pour le jour oïl il l’obtiendrait dans les combats, il se prépara les concours qui devaient la rendre utile à toute la Gaule. C’est pourquoi sa victoire de Gergovie fut la conclusion nécessaire d’un semestre d’efforts, et entraîna la conséquence inévitable de l’universelle liberté. Cette œuvre de six mois s’était développée, logique et continue, dans une magnifique ordonnance. Mais Vercingétorix fut autre chose qu’un habile conducteur d’hommes. Il n’ignora aucune des nobles passions qui agitaient les Gaulois. Si différent qu’il parût de tous ses concitoyens, il leur ressembla parfois étrangement. On retrouve chez lui leur imagination ardente et impétueuse, leur amour de la parole et de la gloire, leurs songes d’ambitions et de conquêtes. Mais, si du moins la lecture de César ne nous égare pas, il mit tous ses dons et toutes ses fantaisies au service de l’idéal supérieur d’une grande patrie gauloise. Il aima vraiment cette patrie ; il la revit en pensée, libre, unie et puissante, comme au temps d’Ambigat le héros biturige, de Luern et de Bituit les rois arvernes, et de son père Celtill[444]. Et même, qu’il ait été inspiré par les leçons des druides ou par les hymnes des bardes, il rêva parfois pour cette patrie ce que les poètes racontaient, de victorieuses chevauchées vers les horizons lointains[445]. Sa naissance, son œuvre, ses rêves, tout faisait de lui le champion providentiel de la Gaule ressuscitée. Lorsque les Gaulois furent réunis sur le mont Beuvray, les suffrages de tous allèrent à lui. On avait laissé à la multitude entière le droit de choisir le chef suprême[446] : le nom de Vercingétorix sortit d’une acclamation unanime[447]. A la faveur de la lutte contre Rome, la Gaule avait reconquis l’unité sous les auspices du roi des Arvernes. Peut-être n’eut-elle jamais un chef plus digne de la commander. C’était un homme superbe, de taille élevée, au regard audacieux et brave[448]. Quand il se montrait, à l’improviste, au galop de son cheval, resplendissant sous la lueur des armes, la merveilleuse apparition frappait de surprise et de terreur[449]. Au prestige du pouvoir, à l’éclat de sa gloire, il unissait le mérite de son âme et le charme de la jeunesse. Ce serait pécher contre eux-mêmes si les dieux refusaient à cet homme la victoire et la vie. |
[1] Ribauld de La Chapelle, Hist. de Verc., écrit en 1752, ouvr. posthume, p. p. Peigue, Clermont-Ferrand, 1831 ; M. A. Girard, Hist. de Verc., Clermont, 1863 ; Henri Martin, Vercingétorix, 1864 (conférence) ; Mathieu, Vercingétorix et son époque, 1870, Clermont-Ferrand ; Monnier, Vercingétorix, 2e éd., 1875 : Albert Réville, Vercingétorix et la Gaule au temps de la conquête romaine, dans la Revue des Deux Mondes des 15 août et 1er sept. 1877 ; Frœhlich, Vercingetorix als Staatsmann und Feldherr, dans le Programm der Kantonsschule de Zurich, 1876 ; Borson, La Nation gauloise et Vercingétorix, Clermont-Ferrand, 1880 (conférence ; extrait des Mém. de l’Acad., LII = XXI, 1879) ; Scheffer, Les Campagnes de Vercingétorix, Paris, Ghio, s. d. (populaire) ; Corréard, Vercingétorix, 3e éd., 1885 ; Jullian, Vercingétorix, 1901.
[2] Les mss. ont (VII 3, 1) Cotuato et Conconnetodumno ; en revanche (VIII, 38, 3), Gutruatrum, Gutuatrum, Guttruatum, Guttruatrum. Je crois bien que l’orthographe était Gutuater, et il serait possible que ce fût un titre de prêtrise.
[3] Desperatis hominibus, VII, 3, 1.
[4] Les mss. ont Genebim, Genabim, Genabin (VII, 3, 1), Genabum (VII, 11, 4 et 6 ; 14, 1), Genabi et Genavi (17, 7), Cenabo (plus souvent) et Genabo (VIII, 5, 2 ; 6, 2). — On a soutenu qu’il y avait deux Génabum, l’un, Cenabum (celui du signal), Orléans, l’autre, Genabum (celui de la campagne, p. 436-7), Gien (Desjardins, II, p. 477 et suiv.). Il suffit de lire César pour s’apercevoir qu’il s’agit d’une seule et même ville, oppidum principal des Carnutes, celle que mentionnent aussi Ptolémée, 11, 8, 10, l’Itinéraire Antonin, p. 367, W., la Table de Peutinger. — Que ce soit Orléans, cela résulte, à peu près certainement, des faits suivants : 1° c’est le centre du service des vivres romain (VII, 3, 1) ; 2° une inscription romaine (C. I. L., XIII, 3067) y mentionne un cuR. CENAB. ; 3° le fait qu’Orléans a été une des deux métropoles des Carnutes, comme le Génabum des textes romains et, semble-t-il, de César même (c’est le seul oppidum carnute qu’il nomme, et il en paraît bien le plus important). — Pour Orléans : les auteurs du Moyen Age (Aimoin, H. Fr., pr., 4, Migne, P. L., CXXXIX, c. 633 ; Hugues de Fleury, Migne, P. L., CXLIII, c. 836 ; etc.) ; Sanson, § 87 ; Toussaints Duplessis, Mercure de France, août 1733, p, 1713 et suiv., etc. ; Lancelot, Mém. de l’Ac. des Inscr., VIII, 1733, p. 450 ; d’Anville [et non l’abbé Belley, comme on le croit d’ordinaire depuis la fin du XVIIIe siècle], Diss. sur Genabum (Eclaircissements, 1741, p. 167 el suiv.) ; von Gœler, 2° éd., p. 232 ; Creuly, Carte, p. 68 et suiv. ; Vergnaud-Romanési, Première Lettre sur Genabum, Orléans, [1865], Deuxième, [1865], Troisième, 1866 ; Pelletier, Marchand, Collin, Bimbenet, dans les Mém. de la Soc. arch. de l’Orl., IX, 1866, et ailleurs ; Boucher de Molandon, id., XI, 1868, p. 257 et suiv., et Mém. lus en Sorbonne en 1867, Arch., p. 37 et suiv. ; Challe, Bull. de la Soc. des Sciences hist. et nat. de l’Yonne, a. 1866, XX, p. 122 et suiv. ; etc. ; en dernier lieu, Rice Holmes, p. 402 et suiv. — Que ce ne soit pas Gien, c’est ce que prouvent suffisamment : 1° le nom ancien de Gien, Giemus ; 2° le fait que Gien était dans le diocèse d’Auxerre. — Pour Gien, auquel, je crois, on a également pensé dès le Moyen Age : de Vigenere, p. 641 ; Ortelius, dans sa carte ; Le Tors, Mercure de France, juin 1737, I, p. 1066 et suiv. ; Lebeuf, Recueil de divers écrits, II, 1738, p. 213 ; Napoléon III, p. 281 et suiv. ; Petit, Diss. sur Genabum-Gien, Vellaunodunum-Triguères, Orléans, 1863 ; Bréan, Itinéraire de l’expédition de César, Orléans, 1865 ; Stoffel, Arioviste, p. 149 ; Baud, Les deux Genabum, Gien, 1903 ; etc. — On a aussi pensé à Jargeau, à Beaugency, à Châteauneuf.
[5] C. Fufiam Citam, honestum equitem Romanum, qui rei frumentariæ præerat,... cives Romanos, qui negotiandi causa ibi constiterant ; VII, 3, 1. Dion (XL, 33, 1) parle de massacres dans les villes et les campagnes, et il est possible qu’il y en eut un peu partout, cf. VIII, 30, 1.
[6] VII, 3, 3.
[7] Avant 8 heures, VII, 3, 3.
[8] Cela semble résulter de VII, 4, 2.
[9] VII, 4, 1.
[10] VII, 4, 2.
[11] VII, 4, 3-4 : ex civitate dans le sens de ex oppido ?
[12] Après le 30 décembre, et même, pour donner aux nouvelles le temps d’arriver aux Gaulois (cf. VII, 1, 2), après le 15 janvier, mais avant la fin de la période des grands froids.
[13] Rex a suis appellatur, 4, 5.
[14] VII, 4, 5 et 6.
[15] VII, 4, 5 et 6.
[16] Omnium consensu ad eum defertur imperium, VII, 4, 6 ; Plutarque, César, 25.
[17] Cf. t. II, ch. XV.
[18] Summæ diligentiæ summam imperii severitatem addit, VII, 4, 9.
[19] VII, 4, 7-10.
[20] Hirtius, VIII, 23, 3-6 : il s’agit de C. Volusénus Quadratus, que nous retrouvons souvent dans les entreprises périlleuses, et qui paraît avoir été un des plus jeunes et des plus audacieux officiers de César.
[21] Tout cela manque dans les Commentaires de César.
[22] A leur tête, Duratius, qui perpetuo in amicitia manserat Romanorum, cum pars quædam civitatis ejus defecisset, VIII, 26, 1. Et c’est sans doute lui dont on retrouve le nom sur les monnaies, DVRAT IVLIOS (Blanchet, p. 117) : il est possible qu’il ait reçu le droit de cité de César à cause de ses services en campagne.
[23] Epasnactus, VIII, 44, 3 ; à lui appartiennent, croit-on, les monnaies EPAD. Tous ces détails manquent chez César, qui simplifie l’histoire de la révolte pour arriver plus vite au récit de ses batailles.
[24] VII, 4, 9-10.
[25] VII, 4, 9-10.
[26] Le caractère religieux de ces supplices d’avant la campagne me parait résulter de VI, 16, 2 : Qui in prœliis periculisque versantur... pro victimis homines immolant.
[27] VIII, 30 et 32 ; VII, 5, 1.
[28] Cf. II, 1, 4.
[29] VII, 77, 2 et suiv. ; cf. VII, 29, 6 ; 1, 8.
[30] VII, 77, 2 et suiv. ; VII, 57, 3 ; cf. II, 1, 3 ; III, 8, 4 ; VII, 4, 4.
[31] VII, 57, 3 ; 62, 5-8.
[32] VII, 76, 3 ; 83, 6 ; 85, 4 et suiv. On lui attribue les monnaies VERGA (Cabinet des Médailles, n° 3936-47).
[33] VII, 77, 2 et suiv.
[34] VIII, 26, 2 ; 31, 5.
[35] VII, 3, 1 ; VIII, 38, 3 (principem sceleris illius et concitatorem belli).
[36] VIII, 30 et 32 ; VII, 5, 1. Il est fort possible que les pièces au nom de Λυχτηριος appartiennent à Lucter (Cabinet, n° 4367-9). — Richaud, Luctérius, Cahors, 1866 (insignifiant).
[37] Le travail de Stocchi, Commio Atrebate (dans Due Studî, Florence, 1887, p. 107 et suiv.) est très rapide.
[38] VIII, 24, 4.
[39] C’est l’effectif qu’il eut devant Alésia (VII, 71, 3 ; 77, 8), et il ne demande jamais de fantassins après la levée de l’hiver (64, 2). Sans doute il aura perdu beaucoup d’hommes (28, 5), mais il aura aussi reçu des renforts (31, 4).
[40] Imprimis equitatui studet, 4, 8.
[41] VII, 4, 7 ; 5, 1.
[42] Je suppose une quinzaine de jours pour ces préparatifs.
[43] César n’en nomme que deux (5, 1) ; Plutarque (César, 26) dit είς πολλά.
[44] Détail omis par César et conservé par Hirtius, VIII, 30, 1 : Drappetem Senonem, qui, ut primum defecerat Gallia, collectis undique perditis hominibus, servis ad libertatem vocatis, exsulibus omnium civitatum ascilis, receptis latronibus, impedimenta et commeatus Romanorum interceperat.
[45] VII, 5, 1 ; 7, 1 et 2.
[46] VII, 5, 1.
[47] Cf. VII, 29, 6 ; 5, 6 ; 6, 4.
[48] Notamment Surus, qui et virtutis et generis summam nobilitatem habebat (Hirtius, 45, 2), que César ne nomme pas.
[49] VII, 39, 2.
[50] Cf. VII, 6, 4. C’est peut-être une allusion à cela que le πρός τόν Άραρα de Plutarque, César, 26.
[51] Il n’est pas dit par César qu’il ait suivi l’Allier, mais cela me parait résulter du fait qu’il semble ne pas s’être éloigné des rivières (cf. 5, 5) et qu’il assiégera ensuite Gorgobina. Il prend donc par la rive gauche la route de Gergovie à Souvigny ou au pont de Moulins, puis à Bourbon, Sancoins, La Guerche ou Bourges ; VII, 5, 1 et 2. — Le territoire biturige commence un peu avant Souvigny.
[52] VII, 5, 2-3.
[53] Qui sépare sur ce point, dit César (5, 4), Bituriges et Éduens. Les Éduens ont donc pris la route du Beuvray à Nevers. La Loire, du reste, ne faisait pas exactement la limite entre les deux cités, les Éduens possédant encore une bande sur la rive gauche : à moins que César ne parle de la Loire qu’entre La Charité et Briare, et que sur cette ligne la rive droite (qui appartient au pays d’Auxerre), ne fût alors aux Éduens.
[54] Ils craignirent, dirent-ils (5, 5), d’être pris (à La Guerche ?) entre les Bituriges una ex parte (route de Bourges à La Guerche), et les Arvernes altera route de Gergovie à Sancoins).
[55] VII, 5, 4-7.
[56] Route de Bourges à Sens par Gien.
[57] 5, 1 ; 7, 1 : César le fait aller d’abord chez les Rutènes, puis chez les Nitiobroges et les Gabales : on attendrait plutôt Gabales (de Gergovie à Javols), Rutènes (à Rodez), Nitiobroges (à Agen) ; cependant il n’est pas impossible qu’il ait été d’abord chez les Rutènes, puis chez les Nitiobroges, et qu’il soit revenu ensuite chez les Gabales pour menacer directement Narbonne par la route de l’Ergue et de l’Hérault (cf. n. suivante). — Résumé assez grossier de ces campagnes chez Dion, XL, 33, 1.
[58] 7, 2 : le Narbonum versus semble indiquer qu’il est venu du nord par la route de la montagne (cf. n. précédente).
[59] Je suppose une dizaine de jours pour sa campagne.
[60] VII, 6, 1. En supposant la révolte fin janvier, César a dû l’apprendre vers le 10 février et partir aussitôt. On place souvent son retour beaucoup plus tard, en interprétant César (VII, 6, 1, virtute Cn. Pompei) comme s’il partit après la nomination de Pompée comme consul, le 27 février. C’est une erreur. En réalité, César fait allusion, non pas à cette nomination, mais aux pouvoirs conférés à Pompée vers le 9 janvier.
[61] VII, 1, 1 ; 6, 1.
[62] VII, 7, 5 ; cf. 1, 1.
[63] Cf. 7, 5 ; 9, 1 et 4.
[64] VII, 6, 3.
[65] VII, 7, 3.
[66] VII, 9, 4, cf. 1.
[67] VII, 7, 5.
[68] VII, 7, 3. Il me parait évident que les ordres indiqués plus haut ont été donnés avant l’arrivée à Narbonne.
[69] Præsidia... circula Narbonem (7,4) ; la flottille, mentionnée par Lucain, I, 403.
[70] Præsilia in Rutenis provincialibus [Albigeois, cf. Lucain, I, 402], Volcis Arecomicis [d’Uzès à Béziers], Tolosatibus [à Toulouse] ; 7, 4.
[71] 7, 4.
[72] 8, 1.
[73] VII, 8, 1-2.
[74] Je ne crois pas qu’on puisse douter de son passage par le col du Pal : c’est le plus facile entre Vivarais et Velay, et ç’a été de tout temps le plus fréquenté. — Dans un sens analogue, Sauzet, Mém. sur le passage de César, dans le Congrès scientifique, 1855, Le Puy, XXII, II, 1856, p. 307 et suiv. On a pensé, à tort, aux cols du Gévaudan ou du Forez (cf. Congrès, I, p. 745-6).
[75] Mons... durissimo tempore anni [fin février, où il y a encore de fortes tombées de neige sur ce col], altissima nive iter impediebat, tamen discussa nive sex in altitudinem pedum, etc. [il s’agit, je crois, des accumulations de neige sur certains points de la route, appelées dans le pays coungèro, cf. Mistral, s. v.] ; VII, 8, 2 ; cf. 3 ; Florus, I, 45, 22 ; Plutarque, César, 26.
[76] VII, 8, 3 et 4 ; 9, 2 : la campagne du Puy.
[77] VII, 8, 4.
[78] D’après les mots obsecrant (8, 4) et permotus (8, 5).
[79] VII, 9, 1.
[80] VII, 8, 5 ; 9, 1 ; Dion, XL, 33, 2 ; Plutarque, 26. Route de Sancoins à Gergovie et vers Le Puy.
[81] VII, 9, 1 et 2 ; Dion, XL, 33, 2, qui ajoute avec raison qu’il avait trop peu d’hommes pour combattre. Il déclara qu’il reviendrait dans trois jours, le temps d’aller chercher les renforts à Vienne (9, 1). Brutus fut rappelé ensuite au quartier général : les troupes restèrent en partie, je crois, dans le Midi (cf. VII, 65, 1).
[82] VII, 9, 3. Du Puy à Vienne par la vallée du Gier ? c’est la route directe. Il ne dut pas mettre plus d’un jour et demi (cf. n. précédente).
[83] VII, 9, 4 ; Orose, VI, 11, 2. De Vienne à Dijon, 220 kilomètres, de Dijon à Langres, 80, de Langres à Sens, 150 : au total 450 kilomètres ; moins, si l’on raccourcit par Dijon, Beneuvre, Châtillon, Vertault. César dut mettre trois à quatre jours.
[84] VII, 9, 4.
[85] VII, 9, 4. A Dijon ou à Langres ?
[86] VII, 9, 5. C’est du pays de Langres qu’il expédia l’ordre de revenir aux légions qui étaient campées chez les Rèmes : je ne crois pas que reliquas désigne celles de Sens. C’est à Sens, sans aucun doute, qu’a eu lieu la concentration (10, 4).
[87] Je suppose dix jours pour l’ensemble de la campagne, de Narbonne à Vienne, puis quatre jours pour la marche de César, de Vienne à Sens.
[88] Cf. hæc... usu ventura opinione præceperat, 9, 1.
[89] Cf. Florus, I, 45, 22 ; Plutarque, César, 26.
[90] Pour cette campagne, outre les mémoires sur les lieux à identifier : [Lempereur], Dissertations hist., 1706, p. 59 et suiv. ; [d’Anville], Eclaircissements, 1741, p. 193 et suiv. ; Barrau, Diss. sur Provins, p. 36 et suiv. ; de Monvel, Étude sur les expéditions de César chez les Carnutes, 1863 (Mém. de la Soc. d’Agric., etc., d’Orléans, VII) ; Bréan, Itinéraire de l’expédition de César, 1865, Orléans ; Salomon, Agendicum, Vellaunodunum et Genabum, dans le Bull. de la Soc. des Sc. hist. et nat. de l’Yonne, a. 1866, XX, p. 99 et suiv. ; de La Saussaye, Mémoires lus à la Sorbonne en 1866, Archéologie, p. 107 et suiv. ; etc.
[91] Aux dix de l’hivernage 53-52 s’en ajoute alors peut-être une onzième, qu’il a laissée peut-être dans le Midi, ou sur sa route, à Dijon par exemple, pour le service des étapes, car il n’en a que dix au printemps (34, 2).
[92] VII, 9, 6. Il dut reprendre pour la troisième fois la route de Gergovie à Sancoins et La Guerche.
[93] Vers Moulins ?
[94] Reliquam partem hiemis (10, 1).
[95] VII, 10, 1.
[96] Je crois, sans pouvoir l’affirmer, que les Gaulois auxiliaires n’entendaient pas servir avant l’équinoxe (cf. IV, 6, 5).
[97] Il en fit venir six cents ab initio (de la campagne), 13, 1. Je suppose les Ubiens, cf. 65, 4.
[98] Pour la route. C’est à ce moment que Dion (XL, 34, 1) place l’occupation d’Avaricum par Vercingétorix.
[99] Les mss. α ont Gorgobinam, les mss. β ont Gortonam (VII, 9, 6). S’il faut accepter Cortona, tout doute serait levé sur l’emplacement de la ville : il s’agirait de Sancerre, jadis Gordona, Cortonum. Mais, comme 1° Sancerre était de l’ancien diocèse de Bourges, 2° que les Éduens n’auraient jamais confié aux Boïens fugitifs )a possession d’une place si forte, on peut croire que Cortona a été introduit là par un copiste érudit du temps carolingien, auteur du prototype des mss. β. Ce qui me fait croire à La Guerche, c’est, non pas le nom (Guircia au Moyen Age), mais parce que : 1° les Boïens doivent être cherchés à la frontière ouest des Éduens, entre eux et les Bituriges (VII, 9, 6 ; 10, 3 ; 12, 1), 2° mais au sud de la ligne Briare-La Charité, où la Loire sépare Sénons (ou Éduens) et Bituriges, 3° dans un pays pas très riche (VII, 17, 3) : cela permet de leur attribuer le pays entre Allier et Loire, et par suite la bande de terrain (jusque vers l’Aubois) que les Éduens possèdent au delà des rivières, à gauche ; 4° que ce soit sur cette bande que se trouve Gorgobina, cela résulte du fait que Vercingétorix n’a pas eu, semble-t-il, à passer de fleuve (9, 6 et 12, 1) : or La Guerche est le lieu le plus important de cette bande, un petit chef-lieu de cultures et de routes, ancien habitat gaulois et romain (Buhot de Kersers, Statistique, IV, p. 257 et suiv.). L’oppidum a pu être placé sur le mamelon de l’église plutôt que sur l’aire plane et basse du bourg actuel. — Le lieu a été proposé par von Gœler, cf. 2° éd., p. 237. — Entre Loire et Allier (hypothèses plausibles) : Saint-Parize-le-Châtel (Crosnier, Bull. de la Soc. Nivernaise, IIe s., VIII, 1880, p. 94 et suiv. ; Napoléon III, p. 280) ; Saint-Pierre-le-Moutier (Crosnier, Bull. de la Soc. Nivernaise, II, 1855, p. 95 ; cf. Dict. arch., I, p. 453-4) ; Moulins ou ses environs, ce qui n’est pas impossible (hypothèse primitive : Marlianus ; d’Anville, Ecl., p. 208 et suiv., avec réserves ; Bréan, p. 87 et suiv. ; Clairefond, Bull. de la Soc. d’Émulation de l’Allier, VII, 1859, p. 284 et suiv. [bien fait] ; etc.) ; Thiel (de Coiffler Demoret, Hist. du Bourbonnais, 2e éd., I, 1824, p. 48 et suiv.) ; Chantenay. — On a aussi proposé : Bourbon-Lancy (Lebeuf, II, p. 201) ; Bourbon-l’Archambault (de Frasnay, Mercure de France, août 1737, p. 1713) ; Sancerre (Creuly, Carte, p. 78 ; Chazaud, Bull. de la Soc. d’Émul. de l’Allier, VIII, 1861, p. 87 et suiv. ; Soyer, Mém. de la Soc. des Antiquaires du Centre, 1904, XXVIII, 1905, p. 13 et suiv.) ; Jargeau (de Monvel, p. 39) ; Montluçon (Brugière de La Motte, Bull. de la Soc. d’Ém. de l’Allier, IX, 1864, p. 425 et suiv.) ; Néris ; Saint-Amand ; Souvigny ; Entrains ; Vertault ; Arzembouy dans la Nièvre (qui a déterminé d’assez ridicules travaux : Vincent, Recherches sur l’origine des Boïes, 1843 ; Pierquin de Gembloux, Hist. et Ant. de Gergovia, Bourges, 1843 ; etc.) ; Saint-Révérien dans la Nièvre (Mém. de la Soc. Éduenne, 1844, p. 329 et suiv. ; Boniard, Nouv. Mém. sur la ville gauloise, etc., Nevers, 1843, etc.) ; et d’autres lieux plus invraisemblables encore : Boën dans la Loire ; Toulx-Sainte-Croix dans la Creuse, et même dans le Beaujolais.
[100] 9, 6.
[101] VII, 10.
[102] Il part avant la fin de l’hiver, et dès qu’il apprend le siège de Gorgobina (10, 1).
[103] César semble dire qu’il partit droit vers les Boïens (10, 3 et 4). La route directe est par Sens, Entrains et le confluent de la Loire et de l’Allier. Il est certain qu’il ne la prit pas, mais marcha droit et vite vers Génabum (11, 4). Il voulut donc délivrer Gorgobina, mais en attirant l’ennemi sur d’autres points. Quelle que soit la solution que l’on accepte pour les emplacements de ces lieux, il faut supposer un détour de César (comme le dit déjà d’Anville, Ecl., p. 214). Et, au reste, César avoue lui-même qu’il n’est pas pressé outre mesure (cf. n. suivante).
[104] Ne quem post se hostem relinqueret, 11, 1. Au surplus, une expédition en Beauce était capitale pour ravitailler l’armée, ce dont César se préoccupait fort en ce moment (10, 3 ; 11, 1).
[105] Il est possible aussi qu’il ait voulu éviter aux Éduens le passage de son armée.
[106] Montargis (je songe à la colline du château) est sur la route directe de Sens à Orléans, suivie par César ; il est à mi-chemin de ces deux villes, à 50 kil. de Sens, à 60 kil. d’Orléans, et César arriva à Vellaunodunum le second jour après avoir quitté Sens (11, 1), à Orléans le second jour après avoir quitté Vellaunodunum ; Montargis est d’ailleurs un poste stratégique important, dans un pays à blé (cf. 11, 1). Proposé au moins dès le XVIIIe siècle, défendu par Le Roy (Bull. monumental, XXX, 1864, p. 344-5), il est accepté par Creuly (Carte, p. 72). — Dans la même direction, on a proposé : Beaune en Gâtinais (Maillart, Mercure de France, août 1737, p. 1762 ; d’Anville, Eclaircissements, p. 219 et suiv.) ; près de Sceaux (Jollois, Mém. sur les antiquités du dép. du Loiret, 1836, p. 22 et suiv. ; Cosson, Mém. de la Soc. arch. de l’Orl., II, 1853, p. 478 et suiv.) ; Chenevières (Walckenær, I, p. 410) ; Ladon (von Gœler, 2e éd., p. 239) ; Château-Landon (de Vigenere, p. 640 ; Sanson, § 202 ; Maillart, Mercure de France, juillet 1736, p. 1520 et suiv., etc. : toutes hypothèses possibles, surtout la dernière. — Les partisans de Gien pour Génabum ont proposé Triguères, plus au sud (de Monvel, p. 43 ; Salomon, p. 118 et suiv. ; Napoléon III, p. 283 ; Bréan, p. 15). On a aussi songé à Châteaurenard dans cette direction. — Ils ont aussi proposé (en admettant que César partit droit vers l’Allier) : Toucy (Stoffel, Guerre d’Ariov., p. 14), Auxerre ou Vallan près d’Auxerre (Lebeuf, Recueil, II, p. 181, après d’autres). — On a même proposé Avallon (Le Tors, Mercure de France, décembre 1737, p. 2833 et suiv., etc.) ; Vézelay, Véron dans l’Yonne, Meung (au Moyen Age), etc.
[107] VII, 11, 1 ; de l’expression circumvallavit, il semble résulter qu’il songea au blocus et non à l’assaut ou à la terrasse, ce qui suppose une place assez forte, mais petite (voir la colline du château).
[108] VII, 11, 2.
[109] VII, 11, 3 : il laisse Trébonius devant Vellaunodunum pour veiller aux actes de la reddition.
[110] VII, 11, 3 et 5.
[111] VII, 11, 5. Sur une colline à l’est, près de la Loire ?
[112] Il semble bien qu’il ait songé, non au blocus, mais à l’assaut, ce qui s’explique par l’assiette d’Orléans, bâti en plaine.
[113] VII, 11, 4.
[114] VII, 11, 7 ; cf. 6, où les mss. β ont contingebat, les mss. α continebat, qui doit être pris dans le même sens.
[115] VII, 11, 6 et 8.
[116] Ibidem.
[117] VII, 11, 8 : itinerum angustiæ s’explique parce que le pont devait être continué, sur l’autre rive, par une levée pour le passage des bas-fonds.
[118] Oppidum diripit atque incendit, prædam militibus donat ; 11, 7.
[119] VII, 11, 9.
[120] VII, 12, 1.
[121] Noviodunum doit être cherché sur la vieille route romaine d’Orléans à Bourges, et vers l’endroit où cette route pénètre chez les Bituriges, c’est-à-dire vers la Sauldre ; il semble, de plus, que, l’oppidum se prêtant à une attaque rapide, sans blocus, par assaut ou terrasse (12, 2), il ne faille pas le chercher sur quelque hauteur : ce qui, selon moi, justifie le choix de Neuvy, qui est à peu près en plaine : le nom serait venu de Noviacum substitué il Noviodunum ; le pays a livré à Villatte, à 3 kil. de là, des antiquités célèbres (appartenant du reste à une époque beaucoup plus ancienne), il y a là des eaux et des sources, et Neuvy est un centre de routes, de cultures et de domaines, au passage naturel de la rivière. J’hésite à placer l’oppidum ailleurs qu’au village (par exemple au Grand ou au Petit Villatte). — Dans le même sens : de Vigenere, p. 642 ; Sanson, § 137 ; de Valois, Notitia, p. 385 ; de La Saussaye, p. 124 et suiv. ; Rice Holmes, p. 471-3 ; etc. — Dans la même région, on a proposé : Nouais-le-Fuzelier (après bien d’autres : Lancelot, Mém. de l’Ac. des Inscr., VI, 1729, p. 642 ; von Gœler, p. 240 ; etc.), mais Nouan était, semble-t-il, chez les Carnutes ; Pierrefitte (Saint-Hypolite, Rech., p. 8 ; Raynal, Hist. du Berry, I, 1845, p. 53), même objection (?) ; Neung-sur-Beuvron (Soyer, Mém. de la Soc. des Ant. du Centre, 1904, XXVIII, 1905, p. 1 et suiv.), même objection ; Vierzon ; Nohan-le-Goût (d’Anville, Eclairc., p. 236 et suiv.), mais ces deux sont trop près de Bourges. — Pour les partisans de Gien, Noviodunum est Sancerre (Lebeuf, II, p. 216 ; Napoléon III, p. 284 ; Bréan, p. 79 et suiv.), impossible à tous les points de vue. — Autres : Neuvy-en-Sullias (de Monvel, p. 66) ; vers Châtillon-sur-Loire (Creuly, Carte, p. 79) ; Dun-le-Roi ; Châteauneuf ; Nérondes ; Nevers ; etc.
[122] Oppidum Biturigum, positum in via, 12, 2.
[123] 12, 2 et 3. César a campé sur le mamelon qui borde la rivière au sud-ouest du village ?
[124] 12, 4. Descendant par le chemin de La Garenne ? Vercingétorix campait sans doute sur les croupes en avant de Mitterand ?
[125] 12, 5-6.
[126] 13, 1-2. Combat des deux côtés de la rivière ?
[127] 13, 2.
[128] Pour la campagne de Berry, Thaumas de La Thaumassière, Hist. de Berry, réimpr., I, p. 45 et suiv. ; de Saint-Hypolite : 1° Recherches sur quelques points historiques relatifs au siège de Bourges, Bourges, 1812 (extr. des Mém. joints aux travaux topogr. de la nouvelle carte de France ; paru aussi dans Le Spectateur militaire, XXXII, 1841-2) ; 2° Mém. de la Soc. des Ant. de l’Ouest, 1841 (1840), p. 110 et suiv. ; Raynal, Hist. du Berry, I, Bourges, 1845, p. 51 et suiv. ; de Rouvre, Revue du Berry, 1864, p. 77 et suiv. ; Boyer, César chez les Bituriges, C. r. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1863-4, XI, p. 339 et suiv. — Il faut rappeler, à titre de curiosité, qu’on a placé Avaricum à Sancerre (au Moyen Age), à Vierzon (voyez la colère, contre cette hypothèse, de Catherinot, Le Vray Avaric, 1683, réimpr. de 1874, Bourges), et ailleurs : et c’est un exemple de plus de cette folie topographique (furor, dit de La Thaumassière, I, p. 45), qui a sévi presque de tout temps sur les textes de César.
[129] Tot continuis incommodis acceptis, 14, 1.
[130] Cf. 14, 9.
[131] Cf. 14, 9.
[132] VII, 14, 1 : suos, les chefs et familiers seulement, opposé à vulgi de 13, 6.
[133] VII, 14, 9.
[134] Longe alla ratione, 14, 2.
[135] Cela n’est point dit nettement à ce propos, mais résulte de VII, 20, 5 et s.
[136] VII, 14, 9.
[137] VII, 14, 9.
[138] On brûlera vicos, les villages, ædificia, les fermes, oppida, les villes fortes, 14, 5 et 9. Il y a dans le texte (14, 5) une grosse difficulté : Incendi oportere hoc spatio aboia [sic mss.] quoqueversus [var. quoquo] : aboia a été interprété : 1° a Boia, depuis le pays des Boïens, Vercingétorix ne voulant pas détruire chez ces derniers ; 2° obvia ; 3° ab via, qui me paraît préférable ; etc.
[139] 14, 2, 3, 4, 7 et 8.
[140] Cf. 14, 8.
[141] Omnium consensu, 15, 1.
[142] César semble dire qu’elle fut posée dans un autre conseil, après l’incendie des bourgades (15, 3). Je ne peux l’admettre : on était trop près de Bourges (au plus 30 kil.) pour ne pas avoir pensé d’abord à cette ville. C’est là, comme parfois chez César, un fait de dissociation chronologique, intercalant le récit de l’exécution des mesures au milieu de celui de la délibération.
[143] L’étendue en était limitée par les marais et le seuil : il y a là, au maximum, une quarantaine d’hectares, et peut-être la ville gauloise en avait moins (30 hectares, Buhot de Kersers, St., II, p. 5) ; la ville romaine du Bas Empire, bâtie dans les mêmes conditions, avait environ 33 hectares, 2100 mètres de tour (cf. Saint-Hypolite, Ant. de l’Ouest, 1841, p. 110).
[144] 15, 4.
[145] 15, 5.
[146] 15, 4 et 6.
[147] Misericordia vulgi, 15, 6.
[148] VII, 15, 6, 1 et 2. César dit (15, 1) uno die : on était trop près de Bourges pour que ce ne fût pas le jour même de la délibération.
[149] 13, 3 ; 16, 1.
[150] Étant donné que César, à Noviodunum, a Vercingétorix devant lui (obviam, 12, 1), et qu’après Noviodunum Vercingétorix Cæsarem subsequitur (16, 1), il faut admettre ce mouvement de côté du chef gaulois. Reste à savoir s’il s’est écarté vers l’ouest, du côté de Vierzon, ou vers l’est, du côté de Sancerre ; je préfère ce côté à cause de la situation probable de son camp près de Bourges. Et je le suppose s’écartant à l’est, à la hauteur de Mitterand.
[151] Agri fertilissima regione, 13, 3.
[152] Amplius XX urbes Biturigum incenduntur, 15, 1 : il ne peut s’agir que de vici, les villages entre la Sauldre, le Cher et l’Yèvre. César ajoute (15, 1) : Hoc idem fit in reliquis civitatibus : cela ne peut désigner que les Carnutes et les Sénons, les cités sur les derrières de César.
[153] Cf. 13, 3.
[154] Les opérations entre Sens et Bourges n’ont certainement pas duré plus de dix jours.
[155] VII, 15, 6.
[156] Que le camp de Vercingétorix soit au nord, et non au sud de Bourges, cela résulte des faits suivants : 1° César mentionne ce camp après avoir dit que Vercingétorix le suivait, venant du nord (16, 1) ; 2° Vercingétorix demeure en rapports avec Bourges (16, 2), chose impossible s’il avait été au sud, séparé de la ville par le camp de César ; 3° César, en revanche, demeure en rapports avec Boïens et Éduens (17, 2 et 3), dont Vercingétorix eût pu le couper s’il avait campé au sud. Que ce camp gaulois soit, non pas vers Vierzon et le nord-ouest, mais vers Sancerre et le nord-est, c’est ce que me semblent indiquer (sans certitude) les faits suivants : 1° César paraît coupé de Sens, c’est-à-dire du nord-est, puisqu’il ne se fait pas ravitailler par là (17, 2 et 3) : c’est donc que l’ennemi s’est rendu maître de cette route, et c’est ce qu’il devait faire, s’il voulait affamer les Romains ; 2° les communications de Vercingétorix avec Bourges, si faciles, s’expliquent bien mieux par le nord-est (routes de Sancerre et de Montargis, faubourg Saint-Privé), où la ligne des marais est beaucoup moins large et continue, que par le nord-ouest (route de Vierzon, faubourgs Saint-Sulpice et Taillegrain), le long de l’Yèvre, où le chemin est souvent inondé. Au surplus, puisque Vercingétorix voulait ne pas s’éloigner de Bourges, dominer les champs de culture dont avait besoin César, et ne rien risquer, il ne pouvait s’établir ailleurs que dans ce massif entre Bourges et Sancerre, la seule partie un peu difficile du pays. — L’emplacement indiqué ici a été proposé par Creuly (Carte, p. 79). On peut aussi songer aux hauteurs voisines d’Ivoy-le-Pré, sur la route de Montargis, encadrées par les marais ou terrains bas du Vernon et de la Petite Sauldre. — A Alléant près Baugy (Saint-Hypolite, Rech., p. 11 ; Raynal, I, p. 55). A Maubranche (de La Thaumassière, I, p. 46). — Au nord-ouest, à Vierzon (von Gœler, p. 245). — Au sud, près de Dun-le-Roi (Napoléon III, p. 287).
[157] In singula diei tempora, 16, 2 et 3.
[158] Quid fieri vellet imperabat (Vercingétorix), 16, 2.
[159] Cf. les deux notes précédentes.
[160] Paludibus, 16, 1 : les vallées marécageuses qui se réunissent à Morogues ?
[161] Silvis, 16, 1 : les coteaux boisés d’Humbligny ?
[162] 16, 2 ; sur la route, par Les Aix et la voie romaine de Bourges à Sancerre et Auxerre, appelée chemin de Jacques Cœur ? cf., sur cette route, Vallois, Mém. de la Soc. des Ant. du Centre, 1892-3, XIX, p. 59 et suiv., et Mater, Congrès arch., Bourges, 1898 (p. en 1900), p. 177 et suiv.
[163] VIII, 36, 3.
[164] 16, 3.
[165] 16, 3.
[166] 17, 3 ; Dion, XL, 34, 2.
[167] 17, 2 et 3.
[168] 17, 2 et 3. Dion (XL, 34, 2) parle du pillage de convois envoyés par les alliés de César.
[169] 16, 3. Je doute qu’elles se soient aventurées vers l’ouest, le long du Cher : tout ce pays avait dû être dévasté par ordre (cf. 17, 3). Les longinquiores vici qui fournissent du bétail à César (17, 3), sont sans doute à chercher dans le sud, vers l’Auron et le Cher.
[170] VII, 17, 3 ; Dion, XL, 34, 2.
[171] 17, 3.
[172] Se dimissurum oppugnationem, 17, 4 et 6.
[173] 17, 4 et 6.
[174] 17, 3-8 : Nulla vox est ab iis audita populi Romani majestate et superioribus victoriis indigna.
[175] 20, 1 et 3 ; 18, 1 : il se rapprocha, dit César, parce que le fourrage était épuisé : il me semble que cela eût dû motiver son éloignement. Je crois probable que ce rapprochement de Bourges s’explique aussi par les opérations du siège. D’ailleurs, on peut voir de bons pâturages des deux côtés du ruisseau de l’Ouatier.
[176] L’endroit que je propose me parait répondre aux conditions requises : 1° il est sur la même route que le précédent camp, et plus près de Bourges (18, 1) ; 2° il n’est pas à plus de six heures du camp romain devant Bourges (18, 2), qui est à 20 kil. de là ; 3° il y a, en arrière, au bois des Margaux, artiores silvas (18, 3) ; 4° c’est bien un locus editus et apertus, collis leniter ex infimo acclivis (18, 3 ; 19, 1) : voyez tout autour de la chapelle et du moulin à vent, en descendant vers le ruisseau de l’Ouatier ; 5° il est bordé, en avant, d’un marais large de 50 pieds, palus difficilis atque impedita, etc.. (19, 1 et 2), que l’on traversait soit sur des ponts soit par des gués (cf. 19, 2) : voyez le ruisseau de l’Ouatier et le ruisseau de Rians, (lui bordent cette hauteur, les terrains submergés par eux, les fossés et canaux qui les accompagnent, les ponts et passages des moulins qui les bordent. Ajoutez que Rians est un carrefour important, d’où une route descend tiers le sud, Brécy, Farges et Avord : ce qui permettait de maîtriser mieux les lieux à fourrages. — De ce même côté, Maubranche ou l’ancien camp de Chou (Saint-Hypolite, Rech., p. 11 ; Raynal, I, p. 55 ; Bulot de Kersers, I, p. 248-9 ; etc.) n’est pas impossible. — A l’est, Baugy (Creuly, p. 79). — Au sud-est, Chenevière (Napoléon III, p. 290). — Au sud, face à Saint-Just (van Kampen, pl. 9). — A l’ouest, vers Mehun (von Gœler, p. 247).
[177] 18, 1.
[178] 18, 1.
[179] Rapprochez 18, 1 et 20, 1.
[180] 18, 1 : Vercingétorix alla s’embusquer contre un gros détachement de fourrageurs, peut-être vers le sud, Farges et Avord.
[181] 18, 1-2 ; par la route de Jacques Cœur, après avoir passé l’Yèvre en amont de Bourges ?
[182] Échelonnées sur la route de Jacques Cœur (cf. n. précédente), par laquelle le camp gaulois communiquait avec Bourges.
[183] 18, 3 ; 19, 1-3 : Omnia vada ejus paludis ac sallus.
[184] 19, 3-6.
[185] VII, 20, 1-2.
[186] Proditionis insimulatus, 20, 1.
[187] VII, 20, 2 et suiv.
[188] Propter animi mollitiem..., quod diutius laborem ferre non possent, 20, 5.
[189] 20, 7.
[190] 20, 9-11 : il n’avait pas eu à. la leur faire beaucoup, puisque César avoue lui-même plus haut la misère des légions.
[191] 20, 9-12.
[192] VII, 21, 1. — Sur cet épisode, cf. P. Menge, Neue Jahrbücher für das kl. Alt., XV, 1905, p. 520 et suiv.
[193] Prope ex omnibus partibus [nord-est, nord, nord-ouest, ouest, sud-ouest] flumine [l’Yévrette, la Voiselle, le Mouton, le Langis, le Colin et l’Yèvre au nord, l’Auron à l’ouest] et palude [faubourg Saint-Privé, d’où partent les routes de Sancerre et de Montargis ; faubourgs Saint-Sulpice et Taillegrain, route de Vierzon ; faubourg d’Auron, routes du Centre] circumdata ; VII, 15, 5 ; de même, 17, 1. Dion (XL, 34, 1) parle d’un fleuve rapide : cela parait écrit en l’air.
[194] Circumvallare loci natura prohibebat, 17, 1.
[195] La ville resta en effet absolument libre du côté du camp de Vercingétorix (10, 2-3 ; 21, 2-3 ; 26, 1-2 ; 28, 5-6) ; cette facilité des rapports entre les assiégés et le chef s’explique : 1° parce que César devait avoir juste assez de cavalerie pour couvrir son camp ; 2° parce que les marais de l’Yèvre et de l’Yèvrette l’empêchaient de surveiller Vercingétorix, palus perpetua intercedebat (26, 2). Les rapports de Vercingétorix avec Bourges se sont faits par la route de Sancerre (chemin de Jacques Cœur) et le faubourg Saint-Privé ; et sans aucun doute la butte d’Archelet, qui s’élève sur cette route au delà des marais, face à Bourges, a été précieuse pour assurer les communications entre le chef et la ville.
[196] Unum [au faubourg du Château, sur les routes de Nevers et Moulins] habeat et perangustum [aujourd’hui, largeur de 200 mètres au seuil et de plus de 500 mètres à la base à l’esplanade Marceau ; beaucoup moins sans doute autrefois] aditum ; VII, 15, 5 ; de même, 17, 1.
[197] 17, 1 ; c’est au faubourg du Château, à 300 mètres des murailles (celles-ci, marquées par le mur extérieur de la caserne Condé, devant l’esplanade Marceau), que je place le commencement du camp, soit vers la rue Félix Pyat. — Napoléon (p. 288) le place trop loin, à 700 m., soit vers le boulevard de l’Arsenal. — Le niveau le plus élevé du sol à Bourges est de 160 m. (Napoléon III ; 155 m. d’après les données actuelles), comme à l’emplacement du camp.
[198] La terrasse eut 80 pieds, c’est-à-dire la hauteur de la dépression (n. suivante) et, en plus, celle de la muraille, 30 à 40 pieds.
[199] Le seuil, à l’esplanade, étant formé de terrains rapportés, il est difficile d’évaluer à cet endroit le niveau du sol primitif. La carte de Napoléon III le place à 5 mètres, il faut aller beaucoup plus bas, à 40 ou 50 pieds au point le plus profond.
[200] Soit sur une longueur de 300 mètres, mais la dépression à combler ne devait pas atteindre 100 mètres de long.
[201] Aggerem apparare, 17, 1 ; 22, 2 et 4 ; 24, 1, 2, 4 et 5 ; 25, 4.
[202] On a fort discuté pour savoir si cette terrasse comblait tout l’espace entre la ville et le camp, ou si elle se composait seulement de deux chaussées-viaducs portant les tours, ou encore, outre ces deux chaussées, d’un boulevard cavalier longeant la muraille (Napoléon III, pl. 20). J’incline fort à croire que, devant Bourges, la terrasse fut continue, à la fois cavalier et viaduc. — L’esplanade Marceau représente assez bien l’agger.
[203] Au fur et à mesure que la chaussée s’avançait, on avançait les tours sur elle, et en même temps, on travaillait à les exhausser : c’est cette double manœuvre que César groupe en une seule proposition, turrium altitudinem, quantum has cotidianus agger expresserat, 22, 4.
[204] Vineas agere, 17, 1 ; 27, 2.
[205] Turres constituere, 17, 1 ; muro terres appropinquassent, 18, 1.
[206] 16. 2.
[207] Les deux faits, qui se suivent (18, 1), se déterminent sans doute.
[208] VII, 2,1, 2-3.
[209] 22, 4.
[210] 22, 2.
[211] 22, 2.
[212] 22, 2. De même, les Grecs à Marseille.
[213] 22, 4 : cela vise les sapeurs qui se tenaient dans les galeries d’approche à ciel ouvert, apertos cuniculos. — La discussion sur ce passage, résumée par Rice Holmes, p. 595-7.
[214] Cela résulte de 17, 1 ; 18, 1.
[215] A réunir 22, 4, et 22, 3. Ce système de tours réunies par des ponts continus était imité des Gréco-romains.
[216] Nostrarum turrium altitudinem... adæquabant, 22, 4-5.
[217] Cf. p. 385 et suiv.
[218] Summæ genus sollertiæ atque ad omnia imitanda et efficienda quæ ab quoque traduntur aptissirna ; VII, 22, 1.
[219] Il est certain, vu la hauteur de la chaussée, vu que les soldats n’eurent pas de peine à escalader le rempart, que la chaussée fut élevée de manière à être de niveau, ou presque, avec le chemin du rempart. J’ai peine à croire que César en ait eu d’abord l’intention. Il semble, au contraire, d’après l’ordre des faits dans son récit, qu’il songea d’abord à l’attaque directe du rempart par la sape et par le bélier, puisque, ces procédés ayant échoué (VII, 22 : ce qui explique sa digression sur la force des citadelles gauloises, 23), il se décida à surhausser la terrasse et à l’avancer, de manière à se coller à la muraille ennemie, cum is murum hostium pæne contingeret, 24, 4.
[220] Peut-être la largeur de la courtine comprise entre les deux portes, puisque ces deux portes ne furent pas bloquées. — C’est à peu près la largeur actuelle du front de la ville devant l’esplanade Marceau, y compris la largeur des deux rues Séraucourt et Moyenne, rues dont les extrémités, sur ce point, me paraissent représenter les deux portes gauloises dont parle César.
[221] 24, 1 et 2 ; 22, 4.
[222] 24, 1 et 2 ; cf. 26, 1.
[223] Duabus portis, 24, 3 : les deux portes s’ouvraient sans doute aux angles sud-est et sud-ouest ; en face de chacune d’elles, aux angles correspondants de la chaussée romaine, une tour (cf. 24, 4 ; 25, 2).
[224] 25, 2 : Ante portam... e regione turris.
[225] Tout cela, d’après les § 24 et 25.
[226] VII, 26.
[227] VII, 27, 1.
[228] Infra [et non inter] castra vineasque, 27, 2 : le texte est corrompu : en dernier lieu, Rice Holmes, p. 732-3. Dion, XL, 34, 3.
[229] 27, 1-2 ; Dion, XL, 34, 3 ; Polyen, VIII, 23, 8.
[230] 27, 2 et 3 : Subito ex omnibus partibus evolaverunt murumque celeriter compleverunt : l’escalade n’a donc présenté aucune difficulté. Dion (XL, 34, 4) dit que les Romains commencèrent par prendre une tour ; Polyen, VIII, 23, 8.
[231] In foro ac locis patentioribus cuncatim, 28, 1.
[232] 28, 2-3 : cette fois, César pouvait utiliser ses cavaliers.
[233] 28, 5.
[234] Non ætate confectis, non mulieribus, non infantibus pepercerunt, 28, 4 ; Dion, XL, 34, 4.
[235] Le siège a duré 27 jours (24, 1, cf. 27, 1), au moment des froids, pluies et bourrasques (24, 1 ; 27, 1) : cela nous ramène à la période de 20 mars-20 avril, ce qui correspond à la chronologie antérieure. Cf. Dion, XL, 34, 3.
[236] Cf. VII, 30, 1.
[237] Rapprocher 28, 5 et 21, 2.
[238] César, III, 19, 6.
[239] Veritus ne qua in castris ex eorum (les fugitifs) concursu et misericordia vulgi seditio oreretur, 28, 6.
[240] Cf. VII, 32, 2.
[241] Procul in via dispositis familiaribus suis principibusque civitatum, 28, 6.
[242] 28, 6.
[243] Ipse animo non defecerat... neque se in occultum abdiderat et conspectum multitudinis fugerat, 30, 1 ; 29, 1.
[244] 29, 1-4.
[245] 29, 5.
[246] 29, 5-7.
[247] Cf. 29, 1.
[248] Unum consilium totius Galliæ effecturum, cujus consensui ne orbis quidem terrarum possit obsistere ; 29, 6.
[249] 30, 1-4.
[250] Itaque, ut reliquorum imperatorum res adversæ auctoritatem minuunt, sic hujus ex contrario dignitas incommodo accepto in dies augebatur ; 30, 3. C’est le plus bel éloge qu’on ait fait de Vercingétorix, et il vient de César.
[251] 29, 7, et 30, 4. — Le camp d’entre Rians et Les Aix se prête fort bien à une fortification à la romaine le long des ruisseaux, et je me demande si certains fossés ne sont pas les vestiges de ceux des Gaulois.
[252] Et sic sunt animo consternati [la pensée de César doit être convaincus ou domptés, ou encore transformés] homines insueti laboris ut omnia, quæ imperarentur, sibi patienda existimarent ; 30, 4.
[253] Surtout, je crois, de chez les Butènes, proches alliés des Arvernes (César, De b. c., I, 51, 1) : Sagitlarios omnes, quorum erat permagnus in Gallia numerus, conquiri et ad se mitti jubet ; 31, 4.
[254] 31, 4 : cela dut ramener son effectif à 80.000.
[255] Teutomatus [var. Teutomotus], Olloviconis [var. Alloviconis] filius, rex Nitiobrogum... cum magno numero equitum suorum et quos ex Aquitania conduxerat ; 31, 5.
[256] 31, 1 et 2.
[257] On en possède un certain nombre, où l’on peut aisément reconnaître deux espèces, toutes deux pareilles au revers (cheval au galop, amphore, et, en plus, tantôt le signe ou symbole ~, tantôt le croissant) ; au droit : l’une, à la tête casquée (Vercingétorix plutôt que Minerve ?), et avec la légende VERCINGETORIXIS (deux exemplaires connus, collection Changarnier à Beaune, et au Cabinet des Médailles, n° 3775) ; l’autre, à m. légende VERCINGETORIXS, à la tête nue (Apollon plutôt que Vercingétorix ?), plus commune (Cab. des Méd., n° 3772-4, 3776-80). — Cf. Jullian, Vercingétorix, p. 353 et suiv. ; Capitan, Revue hebdomadaire, 18 janvier 1902, p. 303 et suiv. ; Babelon, Verc., 1902, p. 33 et suiv. (Rev. num.) ; Blanchet, p. 144.
[258] Cf. 37, 1.
[259] 32, 1 ; cf. 29, 6 et 20, 12.
[260] 32, 1.
[261] Il semble, d’après le prope hieme confecta (32, 2), que nous ne sommes qu’aux approches de l’équinoxe (ce qui donnerait fortement raison au système chronologique du plus grand écart, qui avance de trois semaines tous ces évènements) ; mais hiems, chez César, a le sens de la mauvaise saison, qui ne finit qu’en avril (III, 27, 2 ; IV, 20, 1 ; 36, 2), par opposition à æstas, tempus ad gerendum bellum (VII, 32, 2).
[262] Ad hostem proficisci constituisset, 32, 2.
[263] La date légale (tempus, 33, 3) des élections a pu être l’équinoxe ou un jour de la première lune après (le 16 avril, ce qui correspondrait mieux au récit de César).
[264] VII, 32, 2 et suiv.
[265] VII, 33, 1.
[266] Il dut y avoir des résistances à cette démarche (37, 5).
[267] 33, 1-2. Il semble qu’il ait songé à les convoquer dans son camp, mais la loi éduenne interdisait la sortie du vergobret (33, 2).
[268] 33, 3-4 ; 34, 1. Il y avait deux prétendants. L’un, Cotas, frère du vergobret sortant Valetiacus, avait été élu, contrairement à la loi qui interdisait la présence de deux frères dans les charges publiques, et il n’avait pas été élu au moment et au lieu consacrés par la tradition ; en revanche, c’étaient les magistrats de la cité qui, conformément à la loi, avaient présidé à l’élection. L’autre, Convictolitavis, avait été élu dans les conditions de temps et de lieu requises ; et, à défaut des magistrats, les prêtres avaient dirigé le vote, ce qui était conforme à la coutume. César n’hésita donc pas à sanctionner ce dernier vote.
[269] 34, 1.
[270] 34, 2. Il est probable qu’après l’équinoxe il y eut des rassemblements du côté de Paris, et c’est peut-être ce à quoi fait allusion Vercingétorix (20, 12 ; 29, 6).
[271] 34, 2 : il semble résulter de secundum Elaver qu’il voulut passer l’Allier le plus tôt, ce qui était naturel ; il est possible qu’il ait marché de Decize sur Moulins ; mais, comme il n’est pas invraisemblable qu’il ait concentré son armée à Nevers, et organisé là ses services (55, 1-2). il a pu se rendre de Decize à Nevers et de là reprendre la direction de l’Allier, et le suivre ensuite de la hauteur de Saint-Pierre-le-Moutier jusqu’à Moulins.
[272] 34, 3 ; Dion, XL, 35, 1 : les ponts coupés sont peut-être à la hauteur de Saint-Pierre et à Moulins. Si Vercingétorix était campé à Rians, rien ne lui fut plus facile, par Brécy, Avord, Blet et Sancoins, que d’attendre César devant ces ponts. Remarquez que dès lors Bourges a dû être réoccupé par les Gaulois. L’armée romaine détruit et ne garde pas. Elle n’a pas même pu, chose étonnante, conserver les ponts et assurer les passages.
[273] 34, 3 ; 35, 1.
[274] 35, 2-5. Il s’arrêta et se cacha avec deux légions dans les bois, à la hauteur du pont coupé ; il envoya en avant le reste, quatre légions, en enlevant à ces légions quelques cohortes (captis), de manière à faire figurer à ces cohortes deux légions (les 40 cohortes des quatre légions formant ainsi six groupes, avec six états-majors), l’armée marchant en longue file (Dion, XL, 35, 2). Vercingétorix, de l’autre rive, crut toute l’armée en marche, et la suivit. Pendant ce temps, César rebâtissait le pont sur les pilotis laissés en place et, cela fait, rappelait ses légions et le traversait. — J’ai interprété César en acceptant la leçon des mss., captis ; on a proposé carptis, partitis, demptis, apertis, laxatis, aplatis, distractis, sectis, interceptis, sic apertis, detractis, dimidiatis, et on a discuté à l’infini sur ce texte, dont le sens général, d’ailleurs, n’est pas douteux.
[275] Le pont du passage doit être cherché à plus de quatre jours de marche de Gergovie (36, 1), en amont d’autres ponts (34, 3), avec un bois sur la rive droite (35, 2), un bon emplacement de camp sur la rive gauche (35, 5), une route sur la rive gauche permettant de voir la route de la rive droite (cf. 35, 3). Il semble que ces conditions se rencontrent mieux à Moulins (100 kil. de Gergovie) qu’aux autres endroits proposés : César a pu camper à Moulins avant le passage, dissimuler ses deux légions dans le vallon (alors boisé ?) entre Moulins et Yzeure, et, après le passage, camper, en face de Moulins, sur la colline du château de Vallière. — Moulins : Sanson, § 157 ; de Coiffier Demoret, Hist. du Bourbonnais, 2e éd., I, 1824, p. 34-35 ; Creuly, Carte, p. 80. — Varennes (trop près, 75 kil., de Gergovie) : après d’autres, von Gœler, p. 264 ; Napoléon III, p. 301 ; Rice Holmes, p. 737. — A fortiori trop près, Maringues ou Pont-du-Château : Pasumot (réimpr., p. 103).
[276] VII, 35, 6 ; 36, 1. L’opération de César me parait donc constituer à moitié un échec pour lui.
[277] Je suppose quinze jours à trois semaines pour toutes les affaires depuis le départ de Bourges ; la bonne saison parait bien commencée au moment du passage de l’Allier (35, 1).
[278] Outre les livres généraux : Lebeuf, Recueil de divers écrits, II, 1738, p. 142 et suiv. ; N. L. P[issot], Siéges soutenus par la ville de Paris, 1815, p. 7 et suiv. ; Barrau, Diss. sur Provins, p. 51 et suiv. ; Dulaure, Hist.... de Paris, 6e éd., I, 1837, p. 60 et suiv. ; Quicherat, Mélanges, I, p. 207 et suiv. (écrit en 1852 et 1858) ; de Saulcy, Campagnes, 1862, p. 3 et suiv. (écrit en 1857 et 1859) ; Lenormant, Revue archéologique, 1861, II, p. 265 et suiv. (écrit en 1858) ; Monnier, 2e éd., p. 145 et suiv. ; Sarrette, Quelques pages, p. 1 et suiv. ; Carra de Vaux, Expédition de Labienus (extrait de L’Investigateur, sept.-oct. 1876) ; Henry Houssaye, Le premier siège de Paris, 1876 ; Sieglerschmidt, Rev. arch., 1905, II, p. 257 et suiv. (traduit, avec quelques changements, du Militär-Wochenblatt) ; Blanchet, Rev. arch., 1906, I, p. 173 et suiv.
[279] Il a avec lui les VIIe, XIIe (62, 4 et 6), et peut-être la XIVe (la XIe suppose Grœbe ap. Drumann, III, p. 705) et la XVe ; pour les cavaliers, 34, 2. Il laisse à Sens le gros des bagages, gardé par les cohortes de la levée de l’année (57, 1). Mais ces bagages ne sont pas ceux de toute l’armée, le quartier général ayant été transféré à Nevers (55, 2).
[280] VII, 57, 1 ; 58, 1, qui nous le montre sur la rive gauche.
[281] 34, 2 ; 57, 1.
[282] Les mss. (58, 2 ; 58, 6 ; 60, 1 ; 61, 5) hésitent entre Meliosedum, Metlosedum, Meliosedem, Meliosedum, d’un côté, et de l’autre, Mellodunum, Melledunum, Melodunum, Meclod[u]num, Metclod[u]num. Il est probable que la localité s’est appelée d’abord Metlosedum.
[283] 57, 1 ; 58, 2-5. A Melun, les ponts avaient été coupés (58, 5).
[284] 57, 2. Il est du reste évident, bien que César ne parle des rassemblements qu’après l’arrivée de Labienus, qu’ils sont antérieurs à cette marche.
[285] C’est là, par le travers de Corbeil, que je place perpetuam paludem (57, 4). En. effet : 1° ce marais ne peut pas être à plus de 4 ou 5 heures de Melun, puisque Labienus, parti entre minuit et 2 heures, semble avoir pu gagner Melun avant la fin de la nuit (58, 2 et 4) ; 2° celui de l’Orge est trop près de Paris, dont les Gaulois avaient intérêt à éloigner les adversaires ; 3° il me paraît un obstacle moins important ; 4° il est naturel que les confédérés aient voulu empêcher l’entrée sur le territoire parisien ; 5° pourquoi aurait-on attendu aux marais de l’Orge, quand ceux de l’Essonne se prêtent d’abord à la défense ? — Pour l’Essonne : von Gœler, 2e éd., p. 292 ; Creuly, Carte, p. 81 ; Napoléon III, p. 322 ; Rice Holmes, p. 759. — Pour l’Orge : Quicherat, p. 216. — Pour la Bièvre : Pissot, p. 10 ; de Saulcy, p. 12 ; Houssaye, p. 27. — Toulouze (Rev. arch., 1891, II, p. 163 et suiv.) supposerait une bataille navale sur la Seine près de Corbeil : cela me parait bien difficile.
[286] 57, 3 et 4 ; 62, 4-7.
[287] 57, 4. Sur la colline au nord d’Essonnes ?
[288] 58, 1. A la hauteur de l’église d’Essonnes ?
[289] 58, 2-3.
[290] 58, 4-5. César ne parle que de la réfection d’un pont, sans doute celui de la rive droite.
[291] 58, 5-6.
[292] 58, 6 : un sur chaque bras de la Seine.
[293] 59, 5. — Où Labienus établit-il son camp ? Il semble bien que ce soit le long du fleuve (58, 6 ; 60, 1-4). J’ai peine à croire que ce ne soit pas sur un terrain sec et un peu élevé, et je doute qu’il ait laissé l’île entre lui et Camulogène. Qu’il ne faille cependant pas s’éloigner de l’île pour chercher l’emplacement, cela me paraît résulter du texte (58, 6) : (Galli) ad ripas [mss. α ; in ripa, β] Sequanæ e regione Luteciæ contra Labieni castra considunt. J’incline donc pour Saint-Germain-l’Auxerrois et ses abords, Camulogène campant en face, du côté de Saint-Germain-des-Prés. C’est là que campèrent les Normands en 885 (Abbon, De b. P., I, 174 et suiv.). — L’Hôtel de Ville (Houssaye, p. 41). — Romainville (Dufour, Bull. de la Soc. de l’Hist. de Paris, VIII, 1881, p. 153-7 ; Duruy, ibidem, p. 163). — Créteil (Quicherat, p. 225). — Une ancienne opinion (cf. éd. de Clarke, 1712, planche), reprise parfois de nos jours, faisait arriver Labienus par la rive gauche.
[294] 59, 2 et 5.
[295] César semble dire que Labienus apprit le départ de César de Gergovie (59, 1). Si cela est vrai, il faudrait 10 que Labienus soit parti de Sens longtemps après le commencement de la campagne d’Auvergne ; 2° que l’arrivée des nouvelles, la bataille, le retour à Sens, la marche de là vers César, n’aient pas pris plus de six à sept jours ; 3° et que César en ait mis autant de Gergovie à la jonction avec Labienus. Cela, évidemment, n’est pas impossible. Je crois cependant, ce qui donne plus de marge à la campagne de Labienus, que ces mauvaises nouvelles se rapportent à la première défection des Éduens.
[296] Il est possible aussi que la route de la rive droite fût maintenant coupée ; 59, 5.
[297] 60, 2 ; 61, 5.
[298] 60, 3 et 4 ; 61, 3 et 5. — On a supposé que Metlosedum désignait ici (61, 5) Meudon ; cf. Sanson, § 124 ; Valois, p. 337 ; de Saulcy, p. 28 ; Sieglerschmidt, p. 265 ; etc. Mais : 1° Meudon n’est pas adverso flumine (60, 3) ; 2° ce serait un exemple unique de petite localité nommée par César dans le cours de ses campagnes. — On a également supposé, pour la localité de ce passage [écrite souvent Iosedum] : Corbeil (Marlianus, Ortelius, etc.) ; Juvisy (au Moyen Age, ms. 23083, f° 77 a ; Lebeuf, II, p. 176) ; Ivry (Dulaure, p. 62) ; Milly ; etc.
[299] 60, 1 ; cf. 4.
[300] A 6 kil. du camp romain (cf. note précédente). Je suppose que la traversée s’est faite surtout au passage, qui fut plus tard habituel, du Point-du-Jour au bac de Javel, à la hauteur du viaduc (voyez surtout la carte de Roussel, 1731, qui permet plus que toute autre de se rendre compte des opérations). — Le Point-du-Jour, chez Napoléon III (p. 323). Le moulin de Javel, Pissot, p. 11. Auteuil, van Kampen, pl. 11. La pointe aval de l’île Séguin, de Saulcy, p. 33. Au pont de Grenelle, Houssaye, p. 52. Issy, Dulaure, I, p. 62, et von Gœler, 2e éd., p. 294. Issy ou Vaugirard, Lebeuf, II, p. 165. — Le système, fort ingénieux, de Sieglerschmidt fait franchir par Labienus la Seine à Neuilly et livrer la bataille à Courbevoie ou Puteaux : mais cela suppose les Gaulois presque au milieu des bois et loin des routes et passages habituels de la Seine, c’est-à-dire de Paris. — Le système de Quicherat, qui place la bataille à Vitry et Ivry (p. 226 et suiv.), est impossible.
[301] 60, 4 ; 61, 1.
[302] 61, 1 et 2.
[303] 61, 1 et 3.
[304] 61, 4 et 5 ; 62, 1. Par la rue et la route de Sèvres ?
[305] 62, 1.
[306] De Saulcy, p. 33 ; von Kampen, pl. 11 ; Houssaye, p. 67. Sans doute le dos appuyé aux hauteurs de Vaugirard.
[307] 62, 2-7.
[308] Ils sont d’abord partis par le même chemin que Camulogène, et pour le secourir (par la rue de Sèvres ?), puis, s’apercevant de la déroute, se sont rejetés sur une colline (je vois d’abord Montparnasse) ; VII, 62, 8. La colline de Vaugirard : Napoléon III, p. 327, et Houssaye, p. 67 ; Montrouge : de Saulcy, p. 34. Au reste, tout cela forme le même système de collines.
[309] VII, 62, 9. Les collines et les bois de Clamart et Meudon ?
[310] VII, 62, 10. C’est à tort, semble-t-il, que Dion (XL, 38, 4) parle d’une occupation de Lutèce.
[311] Ouvrages spéciaux : Symeon [Symeoni], Description de la Limagne, Lyon, 1561, p. 83-8 [traduction du Dialogo pio, Lyon, 1560] (première enquête sur le terrain) ; Villevault, Disc. mémorable du siège, etc., 1589 ; d’Anville, Notice, p. 349 et suiv. ; de Caylus, Recueil, V, 1762, p. 281 et suiv. ; Pasumot, Diss. topographique sur le siége de Gergovie : 1° dans les Mémoires géogr., etc., 1765 : 2° réimpression, en 1810-13, dans les Diss. et Mém., etc., par Grivaud (le premier bon travail sur le terrain) ; Dulaure, Descr. des princ. lieux de France, V, 1789, p. 316 et suiv. ; Legrand [d’Aussy], Voyage, I, an III, p. 60 et suiv. ; Mérimée, Notes d’un voyage en Auvergne, 1838, p. 317 et suiv. ; Ad. Michel, Diss. sur l’emplacement, etc., dans les Tablettes hist. de l’Auvergne, IV, 1843, p. 301 et suiv. ; anonyme dans Morgenblatt, 3, 4, 5 et 6 déc. 1844, n° 290-3 ; d’Aigueperse, Une Visite à Gergovia, Lyon, 1847 (Arch. de la Soc. litt.) ; Vial, Mém. sur Gergovia, Clermont, 1851 (Annales de l’Auv., XXIV) ; Fischer, Gergovia, 1855 (en allemand ; abrégé sous le titre Encore Gergovie, 1856, Ann. de l’Auv., XXVIII, 1855) ; de Lacombe, Le Spectateur militaire, IIe s., XXVI, 1859, p. 321 et s. (avec un excellent plan de Saint-Hypolite) ; Olleris, Examen des div. opinions émises, etc., Clermont, 1861 (Mém. de l’Ac.... de Clermont-Ferrand, n. s., III) ; Nadeau, Voyage en Auvergne, 1862, p. 262 et suiv. ; Mathieu, Vercingétorix et César à Gergovia, Clermont-Ferrand, 1862 ; le même, Nouvelles Observations, etc., Mém. de l’Acad. de Clermont, n. s., VI (XXXVIII, 1864 ; Steinberg, Gergovia, Philologus, XXXIII, 1874, p. 449 et suiv. ; Bouillet, entre autres Statistique du dép., 1846, 2e éd., p. 36 et suiv., et Mém. de l’Acad. ... de Clermont-Ferrand, n. s., XVII (XLVIII), 1875 ; Paul, Belagerung von Gergovia, Philologische Wochenschrift, III, 1883, c. 557 et suiv. — Je ne crois pas que l’identité de Gergovie et du puy de Merdogne (ancien nom de la montagne) ait été sérieusement discutée, sauf par l’hypercritique Lancelot (Mém.... de l’Ac. des Inscr., VI, 1729, p. 635 et suiv.), et, chose étrange ! ses doutes assez ridicules ont influencé Ukert (II, II, p. 396 et suiv.), Forbiger (III, p. 167-8) et Reichard (Sammlung, 1836 [écrit vers 1820], p. 114), qui place Gergovie à Jargeau. Le Moyen Age et la Renaissance ont pensé souvent à Clermont. — L’identité résulte : 1° du rapport exact du pays avec le texte des Commentaires, et pour l’ensemble des marches, et pour le détail des positions ; 2° de la permanence du nom (Girgoia, Girgia, Gergoia, Gergobia, Gergoye, etc.), qui du reste s’est fixé, non au village (Merdogne, nom changé en Gergovie par décret du 11 janvier 1865), mais à la ferme (Baluze, Hist.... de la Maison d’Auvergne, II, 1708, Preuves, p. 62 ; Lebeuf, Hist. de l’Acad. des Inscr., XXV, p. 139 ; Cohendy, Annales de l’Auvergne, XXVII, 1854, p. 360-2 ; etc.).
[312] Il a avec lui les VIIIe, Xe, XIII° légions, et trois autres, peut-être la IXe, la XIe et la Ire.
[313] Urbs... posita in altissimo monte, 36, 1.
[314] Omnes aditus difficiles habebat, 36, 1.
[315] Dorsum esse hujus jugi prope æquum [l’échine qui forme col et qui porte la route du plateau au col des Goules], sed nunc silvestrem [voyez les bois du ravin qui descend de là, au nord, vers Romagnat] et angustum [moins de 100 m. entre l’étranglement de ce ravin et le ravin de Macon, au sud], qua esset aditus ad alteram partem oppidi [par opposition au chemin sur lequel eut lieu l’assaut] : VII, 44, 3.
[316] De expugnatione desperavit (36, 1), et par là César entend, je crois, à la fois l’escalade directe et la chaussée.
[317] Ce n’est que là qu’on eût pu la placer, et le col a moins de 100 m. de large, il est à 701 m., et, en face, le plateau de Gergovie atteint son point culminant, de 744 m.
[318] César, du reste, a songé au blocus, et au blocus seulement, dès le début (36, 1).
[319] 36, 2.
[320] Castris prope oppidum positis, 36, 2 et 46, 3 ; évidemment sur le côté sud, comme il résulte du récit de 46, le côté nord se défendant par lui-même, et, d’ailleurs, ne présentant pas les terrasses propres à des campements.
[321] A medio fere colle [c’est-à-dire, aujourd’hui, à mi-distance entre le bas du village et le rebord du plateau] in longitudinem, ut natura loci ferebat, ex grandibus saxis sex pedum murum... præduxerant ; 46, 3. — César parle de trois camps (46, 4) : un à gauche du sentier, deux à droite ?
[322] C’est La Roche-Blanche qui est désignée 36, 5 : Erat e regione oppidi collis sub ipsis radicibus montis egregie munitus atque ex omni parte circumcisus [escarpé ? : elle ne l’est plus du côté de Gergovie, peut-être à cause d’éboulements successifs et des nivellements amenés par la culture ; peut-être aussi César a-t-il oublié fere, car les mouvements de ses troupes s’expliqueraient mieux sans escarpements de ce côté ; on a traduit isolé]. De même, 44, 4, uno colle désigne également La Roche-Blanche. En revanche, 36, 2, omnibus ejus jugi collibus désigne toutes les collines du massif à l’ouest, celle de La Roche-Blanche, le puy de Jussat, les hauteurs de Risolles, le col des Goules, le puy de Romagnat.
[323] Note précédente.
[324] VII, 36, 1 (de expugnatione desperavit) : 36 ; 2 (horribilem speciem).
[325] César est, dit très nettement Dion (XL, 36, 2), έν πεδίω.
[326] Majora castra, 36, 7. Le camp occupait, au nord de l’Auzon, la hauteur entre le ruisseau d’Orcet, l’ancien lac de Sarlièves, et la route actuelle de Paris à Perpignan, héritière de la route gauloise. Hauteur maxima au-dessus de la plaine : 30 mètres. On en a retrouvé les traces (fouilles de Stoffel en 1862, Napoléon, p. 303 et pl. 21 et 22). Superficie : 35 hectares pour six légions. — Mais l’emplacement avait été soupçonné par von Gœler (1re éd., p. 53), et Olleris avait également pensé à cette région, à Chignat (p. 14). — Auparavant, on préférait la rive méridionale de l’Auzon, soit les bords mêmes (Pasumot, réimpr., p. 105), soit plus souvent le mont de Crest (Vial, p. 28 ; Fischer, p. 24). — Bouillet et Mathieu ont songé à Gondole sur l’Allier, et d’autres au puy d’Aubière (Saint-Hypolite ap. de Lacombe, plan) ; ceux-là (ainsi que Girard, p. 190 et suiv.) placent d’ailleurs tout ou partie des opérations sur les côtés nord ou nord-est. Tout cela est inadmissible : toutes les affaires de cette expédition se sont passées au sud de Gergovia, disait déjà fort justement Pasumot (réimpr., p. 110).
[327] 36, 4 : Quid in quoque esset animi ac virtutis suorum periclitaretur [mss. β ; perspiceretur, mss. α].
[328] Principes earum civitatum, quos sibi ad consilium capiendum delegerat, prima luce, cotidie ad se convenire jubebat, seu quid communicandum seu quid administrandum videretur ; 36, 3. — Les combats (César, 36, 1 et 4 ; Dion, XL, 36, 2-3) devaient avoir lieu sur les bords de l’Auzon et le long de la grande route.
[329] Note précédente.
[330] 36, 1 ; 55, 2. 3 et 5. — Noviodunum, plus tard Nevirnum, est bien Nevers, comme on l’a cru dès le Moyen Age (Aimoin, H. Fr., pr., 4). C’est tout à fait à tort qu’on a essayé, notamment ces dernières années, de le placer ailleurs (à Nogent près de Decize, Meunier, L’Emplacement de Noviodunum, etc., Nevers, 1907, extrait de la Revue du Nivernais).
[331] 37, 7 ; 34, 1 : César les destinait à garder les postes sur la route et à assurer les communications avec Nevers.
[332] Cf. 36, 1, qui indique bien sa résolution de bloquer la place.
[333] 36, 5.
[334] 36, 7 ; Dion, XL, 36, 4. Il m’a semblé (ainsi qu’à d’autres) que c’était la prise de La Roche-Blanche que racontait Polyen (VIII, 23, 10) : tout le texte, depuis λόφος, se rapporterait à La Roche et non à Gergovie : les bois épais de gauche, où César cache une partie de la colonne d’attaque, seraient ceux de Julia et Jussat ; la montée étroite et rude, que César gravit, serait la montée par Donnezat.
[335] 36, 7 : César dit fossam duplicem duodenum pedum, ce qui semble indiquer deux fossés de 12 pieds chacun ; les fouilles ordonnées par Napoléon III, en 1862, ont constaté l’existence de deux fossés larges de 6 pieds chacun, profonds de 4 pieds (p. 305 et pl. 22). — La Roche-Blanche a été proposée pour le petit camp par Pasumot (réimpr., p. 106), reprise par Mérimée, Vial, von Gœler et Fischer, et généralement suivie depuis. — Les hypothèses qui le placent au nord sont inadmissibles, et, quoique moins invraisemblables, celles de l’est (la butte d’Orcet. Mathieu, Verc., p. 89).
[336] Je ne serais pas surpris qu’il eût dès lors rappelé Labienus.
[337] VII, 37 : ce chef s’appelait Litavicus, cette petite armée était accompagnée de convois de vivres et de citoyens romains faisant route vers César (38, 9). On attribue d’ordinaire à ce chef les monnaies Litavicos (Cab. des Méd., n° 5057-79).
[338] 38, 1.
[339] Sur la route directe de Bibracte à Gergovie (accepté par von Gœler, p. 273, Napoléon III, p. 306). Il est possible que ce soit dès Vichy, au passage de l’Allier.
[340] VII, 38 ; Dion, XL, 37.
[341] Il l’apprit par deux des chefs des cavaliers éduens qui l’entouraient, Eporedorix et Viridomarus (VII, 39).
[342] 40, 1-4, cf. 39, 3 ; Dion, XL, 37, 3 (qui ne parle pas de légions).
[343] 40, 4.
[344] Randan a été indiqué par von Gœler, p. 274, Napoléon III, p. 307. Cf. n. suivante.
[345] Litavic s’enfuit à Gergovie (40, 7) : il le put sans peine, vu qu’à Randan la route bifurque, un chemin va à l’ouest vers Riom et Gergovie, l’autre, celui de César, se dirige vers Veyre le long de l’Allier.
[346] 41, 1 et 5. — Hartung, Der Marsch der Æduer (Philologus, XXXIII, 1873, p. 369 et suiv.) place le lieu de la rencontre à Thiers, chose invraisemblable.
[347] 41, 2-4 ; Dion, XL, 38, 1 : à remarquer l’emploi par Vercingétorix sagittarum atque omni genere telorum ; ce sont toutes ces nouvelles, dénaturées, qui parvinrent à Labienus.
[348] 41, 4.
[349] 42, 1-4 ; il y eut (5-6) des scènes particulièrement violentes à Chalon, où un tribun, M. Aristius, semble avoir organisé la résistance aux Éduens avec les négociants italiens établis là ; on les fit sortir avec un sauf-conduit, puis on les assaillit en route, mais ils tinrent bon.
[350] 43, 1-4.
[351] 43, 3.
[352] 43, 4 et 5.
[353] Ne profectio... similis fugæ videretur, 43, 5.
[354] Dès ce moment, en tout cas, l’ordre de revenir a dû être envoyé à Labienus (contraheret exercitum, 43, 5).
[355] Facultas bene gerendæ rei, 44, 1.
[356] Cf. VI, 42, 1.
[357] Hauteurs et puys d’Opme, Risolles, Jussat et Romagnat ; 44, 3-5 : dorsum désigne le col des Goules et ses abords, et correspond à alterum collem. — Dans le même sens, avec quelques variantes : Pasumot, réimpr., p. 108 ; Vial, p. 30-1 ; Fischer, Gergovie, p. 26 et suiv. ; Napoléon III, p. 311. — Montrognon, proposé par von Gœler (p. 278), est trop loin.
[358] Que les travaux de Vercingétorix soient une réponse à ceux de César sur La Roche-Blanche et le long de l’Auzon, c’est ce qui est dit très nettement, VII, 44, 4 : Vehementer huic [dorsum, n. précédente] illos [les Gaulois] timere, nec jam aliter sentire, uno colle [La Roche-Blanche] ab Romanis occupato, si alterum [le col et ses abords] amisissent, quin pæne circumvallati atque omni exitu et pabulatione [dans les vallons de Romagnat et Clémensat] interclusi viderentur.
[359] 44, 1 et 5.
[360] César, du petit camp, aperçut (44, 1) collem nudatum hominibus : cela ne me parait être que le flanc sud de Gergovie, couvert de camps. — De même, von Gœler, p. 277, de Lacombe, p. 341. — On pense d’ordinaire à une hauteur du système du col : Vial, p. 30 ; Fischer, Gergovie, p. 26 ; Napoléon III, p. 309 ; van Kampen, pl. 10 ; Rice Holmes, p. 741.
[361] 44, 1 et 2.
[362] Cf. 46, 1-2 : Oppidi murus a planitie atque initio ascensus [Donnezat] recta regione... mille CC passus aberat [1800 mètres en droite ligne, exact] ; quicquid huc circuitus ad molliendum clivum accesserat [les sentiers en zigzag qui montent du village de Gergovie au plateau, et qui doivent être tels aujourd’hui qu’au temps de César], id spatium itineris augebat.
[363] La VIIIe, la Ixe (?), la XIe (?), les meilleures après la Xe.
[364] Il arriva à ce résultat en les faisant marcher dans les fossés de communication, les enseignes cachées et les aigrettes des casques couvertes ou enlevées (45, 7).
[365] Legionem unam [la Ire ?, une des moins bonnes] eodem jugo [dans le sens de ad idem jugum, l’ensemble des collines qui flanquent le col des Goules, puy de Jussat, hauteurs de Risolles] mittit (45, 4). Il envoie de même des cavaliers et aussi des bêtes de somme et des muletiers, simulant des escadrons, tout ce monde chargé de gagner le même col, eodem (45, 1), easdem regiones (45, 3), mais par un long circuit autour des collines, longo circuitu, collibus circumvehi (3 et 2) : il les expédie, toujours dans la vallée de l’Auzon, vers Chanonat, d’où un sentier permet de tourner sur la gauche les hauteurs de Risolles. — La légion, après s’être légèrement avancée, se cache loco inferiore silvisque [les bois du vallon, derrière le château Julia]. — Von Gœler (p. 280) envoie les troupes de diversion à Montrognon, en faisant à l’est et au nord tout le tour de Gergovie, par Pérignat et Romagnat : ce qui est invraisemblable.
[366] Ab dextra parte alio ascensu (45, 10) : par le sentier qui, du camp d’Orcet, mène à la ferme de Gergovie, et de là, par le sentier qui tourne à l’est du plateau et revient ensuite vers le village.
[367] 47, 1.
[368] 49, 1, cf. 51, 2.
[369] 45, 6.
[370] 46, 5.
[371] L’heure résulte de 46, 5. On devait être fin mai ou au début de juin, et peut-être César a-t-il escompté la paresse des Gaulois à combattre par la grosse chaleur.
[372] VII, 45, 7-10 ; 46, 4. Le gros des soldats a dû gravir les sentiers qui partent du village, et surtout le principal, qui monte vers le nord-ouest.
[373] VII, 47, 7 ; 50, 3-5.
[374] 46, 4-5 ; 52, 3.
[375] VII, 47, 3 : Neque finem prius sequendi fecerunt quam muro oppidi portisque appropinquarunt : portas, malgré le pluriel, désigne peut-être une seule porte, au bout du sentier principal.
[376] VII, 47, 1 : la Xe légion descendait sans doute, devant lui, les pentes de La Roche-Blanche.
[377] 45, 7-9 ; 47, 2 et 3 ; 52, 1, 3 et 4.
[378] 47, 1 et s.
[379] VII, 47, 1 : la 1re position de la Xe est donc, je crois, vers le carrefour du point 502, sur le chemin qui, venant du fond du vallon de Macon, longe le pied de la colline de La Roche-Blanche. Les mss. ont contionatus : on a proposé continuo ; la conjecture audacieuse de Heller (Philologus, XIX, 1863, p. 540), clivum nactus (au début de la pente), correspond bien au mouvement et à la langue de César. — Von Gœler (p. 284) et Napoléon III (p. 313), suivis par la plupart, font avancer la Xe jusque vers le village de Gergovie.
[380] VII, 47, 2 : la vallée qui aurait empêché d’entendre (satis magna vallis intercedebat), est celle qui sépare La Roche-Blanche de Gergovie (cf. n. précédente), comme l’a reconnu Pasumot le premier (réimpr., p. 110).
[381] 47, 2 et 52, 1 : elles refusèrent même, dit César, d’obéir à leurs officiers.
[382] 47, 3 ; 52, 1, 3 et 4.
[383] 47, 7 : L. Fabius, etc., tres suos nactus manipulares atque ab iis sublevatus, murunt ascendit, etc. Je doute que César veuille dire porté par trois hommes : cela mettrait le mur à 3 ou 4 mètres seulement. Je crois plutôt à une courte échelle de quatre hommes, soit 5 à 6 mètres pour le mur.
[384] 50, 4 : M. Petronius, etc.
[385] 47, 4 ; 48, 1.
[386] 47, 5 et 6.
[387] 48, 1-4 ; 49, 1.
[388] 48, 4 ; 49, 1 ; 53, 1.
[389] Paulum ex eo loco [où il était] progressus [sic, tous les mss.], etc. ; 49, 3. César a dû suivre le chemin qui part du carrefour d’en bas et s’arrêter, après une faible montée, à mi-chemin du village, au carrefour du point 536 (2e position). — C’est bien à peu près la place qu’on a souvent assignée à la Xe, mais en la faisant, non pas avancer, mais reculer depuis le village, où elle serait déjà montée, et en lisant, à tort, regressus chez César (von Gœler, p. 286 ; Napoléon III, p. 315). — On la fait aussi (van Kampen, p. 10 ; Rice Holmes, p. 745) obliquer sur les croupes qui avoisinent le village. — Cf., sur ces diverses positions : Ebers, Neue Jahrbücher, LXXV, 1857, p. 854 et suiv. ; Heller, Philologus, XIX, 1863, p. 539 et suiv., XXVI, 1867, p. 687 et suiv. ; Steinberg, id., XXXIII, 1874, p. 457 et suiv.
[390] César la fit placer (1re position) sub infimo colle [Gergovie ? La Roche-Blanche ?] ab dextero latere hostium, 49, 1 : c’est la position que nous avons assignée au début à la Xe. Tous ces mouvements des légions me paraissent se succéder sur une même ligne, le chemin actuel et naturel de La Roche-Blanche au village (cf. n. précédente).
[391] 49, 1-3 ; 50, 1.
[392] 50, 1. Ils ont dû, arrivant si tard, faire un grand détour inutile après la ferme.
[393] 50, 2.
[394] 50, 3-5 : ici César raconte la mort de Pétronius, se précipitant seul au milieu des ennemis, pour permettre aux siens de fuir.
[395] 51, 1.
[396] Legio decima tardavit, quæ pro subsidio paulo æquiore loco constiterat ; 51, 1. Je place cette 3e position sur la terrasse qui porte le village, et je la fais donc monter et avancer depuis sa 2e position. — Von Gœler (p. 286) et Napoléon III (p. 315), van Kampen (pl. 10), Rice Holmes (p. 746), la font plus ou moins reculer et non avancer.
[397] 51, 2 : Ceperant locum superiorem. C’est (2e position), je crois, l’emplacement quitté par la Xe. — On fait d’ordinaire reculer la XIIIe légion, pour la placer beaucoup plus vers la plaine (vers le puy de Marmant, von Gœler, p. 287, Napoléon III, p. 316 ; vers Donnezat, van Kampen, pl. 10, Rice Holmes, p. 746).
[398] 51, 2-3. Elles me paraissent être revenues par le même chemin d’abord, puis vers Donnezat, et être s’arrêtées sur le terrain bas en avant du hameau (planities), là où sont les vignes.
[399] Ab radicibus collis suos infra munitiones reduxit ; 31, 4.
[400] César l’avoue, 52, 1, 3 et 4.
[401] 51, 4 ; 51, 1. Je doute que César ait pu envoyer à l’assaut plus de 3000 hommes par légion.
[402] VII, 52.
[403] Idoneo loco, 553, 1. Le puy de Marmant ?
[404] 53, 2 et 3.
[405] 53, 3.
[406] Ne tum quidem insecutis hostibus, 53, 4.
[407] 54, 1 ; Litavic en tête.
[408] 53, 4 : Pontes [mss. α, sans doute dans le sens du singulier ; pontem, mss. β]. Il fut obligé de le refaire. Je suppose qu’il s’agit de Moulins, parce qu’il est sur la route directe de Nevers, qu’à cet endroit César entrait chez les Éduens, et qu’on comprend alors la demande faite là, ibi, par les cavaliers de la nation. Cela fait une marche de vingt milles par jour. — Vichy : von Gœler, p. 289 ; Napoléon III, p. 319.
[409] VII, 39, 1-3 ; 40, 1.
[410] VII, 54 ; Dion, XL, 38, 2.
[411] VII, 55, 1-8 ; Dion, XL, 38, 2 et 3.
[412] 55, 9-10 ; 56, 1. Entre le confluent de l’Allier et Bourbon-Lancy ? sans doute les ponts de Nevers et de Decize.
[413] 55, 10 : nous sommes donc sans doute en mai ou juin, peut-être fin mai, si l’on admet que César a profité, pour sa marche de nuit, du temps de la pleine lune, le 30 mai.
[414] 56, 2 ; 55, 9 ; 59, 1. Quel que soit le texte qu’on accepte pour ces trois passages si discutés, le sens général n’est point douteux. Pour 55, 9, je préfère la correction in Provinciam expellere [les mss. α ont ex provincia expellere, les mss. β provincia excludere] ; pour 56, 2, je crois qu’on peut garder la leçon des mss. β, ut nemo tunc [ne metu α] ; pour 59, 1, je garde le texte des mss. interclusum itinere et Ligere.
[415] 56, 2.
[416] 56, 1 et 3. Quoique César dise (56, 3) admodum magnis diurnis nocturnisque itineribus, il ne peut s’agir que d’une ou deux longues étapes, la marche entre Allier et Loire ne comportant pas 45 milles.
[417] 56, 3-4 : il traversa la Loire à un passage où on l’attendait et en face d’un pays riche en blé et bétail. Il semble, d’après le texte de César, que, si le lieu de passage était habituel, le gué ait été peu connu et trouvé par lui. Entre Decize et Nevers, et peut-être de préférence, à Nevers ? — D’après les renseignements fournis par de Saint-Venant, le régime de la Loire est vraiment trop changeant pour qu’on puisse retrouver le gué indiqué par César : J’ai des cartes fort détaillées pour mon service de surveillance de la pêche, aucune n’est d’accord avec l’état actuel des lieux... On a découvert un gué à Nevers ces jours-ci ; il était totalement inconnu, et peut-être dans un mois, après une crue, il aura cessé d’être. 20 avril 1909. Cf. Revue des Études anciennes, 1909, fasc. 2 et 4. — Bourbon-Lancy : Napoléon III, p. 321.
[418] 62, 10.
[419] 62, 10 ; les mss. ont indiem, indie ou inde (Labienus) ad Cæsarem pervenit : on a corrigé, avec assez de vraisemblance, inde die tertio.
[420] Sur la route de la Loire vers les Sénons (56, 5), à quelque distance au sud de Sens (62, 10). — On a supposé, sur cette route : Joigny (Napoléon III, p. 329) ; le confluent de l’Armançon et de l’Yonne à Laroche (Compton, édit. anglaise du livre VII, p. 101) ; Saint-Florentin (Rossignol) ; Nevers (Creuly, Carte, p. 87). En dehors de cette route (donc, impossible) : Troyes (von Gœler, p. 296), Tonnerre, etc.
[421] VII, 63, 7 et 66, 2. Peut-être aussi les Leuques.
[422] Plutarque, Pompée, 55 : la date du 1er août (calendrier public, même date du calendrier julien, système Le Verrier) n’est pas absolument sûre. Cf. Drumann, III, 2e éd., p. 323.
[423] Plutarque, Caton, 49. — Pour comble d’ennuis, une incursion d’Illyriens dévasta le territoire de la colonie de Trieste (VIII, 24, 3) : tout ce côté était, depuis 58, complètement dégarni de troupes de ligne.
[424] Cf. Plutarque, César, 26.
[425] César, VII, 65, 4.
[426] VII, 65, 1.
[427] C’est vers ce moment que fut promulguée la lex Pompeia de provinciis, qui est la première menace directe contre les pouvoirs de César, suivie peu après de l’interdiction des candidatures d’absent.
[428] Il semble bien que les opérations militaires aient été suspendues un mois environ, en juin-juillet, et que César ait passé ce temps chez les Rèmes ou plutôt chez les Lingons. On peut supposer, vu qu’il avait dix légions et plus à nourrir, qu’il s’est installé au centre d’un pays à la fois sûr, bien défendu et fertile, y attendant, si possible, la moisson. Je songe à Langres.
[429] 65, 5 ; les cavaliers des Rèmes et des Lingons ne pouvaient sans doute pas l’accompagner dans le Midi.
[430] 65, 4.
[431] VII, 65, 4. Chez les Ubiens ? civitates pour le singulier ? Cela explique sans doute sa longue inaction : car ce ne dut pas être commode, de faire circuler messagers et cavaliers germains du pays de Cologne à celui de Langres : il est probable que les Rèmes ont dans ce cas servi d’intermédiaires et assuré le service des étapes. Mais on peut songer aussi aux Suèves d’Alsace, avec lesquels César put communiquer aisément par les Leuques.
[432] VII, 65, 4-5. — Je doute que les deux troupes réunies fissent plus de 2000 hommes.
[433] VII, 66, 2.
[434] VII, 55, 4. — Appien (Celt., 21) raconte qu’aux reproches de César les Éduens répondirent en prétextant φιλίαν παλαιάν : non pas, sans doute, une ancienne amitié avec les Arvernes, mais peut-être un lien d’amitié ou d’hospitalité avec la famille de Vercingétorix.
[435] VII, 63, 1 et 2.
[436] 63, 3.
[437] Petunt a Vercingetorige... ut ad se veniat rationesque belli gerendi communicet ; 63, 4.
[438] Re impetrata, 63, 3.
[439] 63, 5.
[440] 63, 5, cf. 9.
[441] Re in controversiam deducta, tolius Galliæ concilium Bibracte indicitur ; 63, 5. Le choix de Bibracte parait une généreuse concession de Vercingétorix, reconnaissant, pour le moment, l’état de choses établi depuis l’arrivée des Romains.
[442] 63, 7. Il y manqua sans doute aussi les Leuques.
[443] Conveniunt undique frequentes ; 63, 6.
[444] Cf. VII, 14, 10 ; 20, 7 ; 29, 6 ; p. 493 ; VII, 89, 1.
[445] Cf. VII, 29, 6.
[446] Multitudinis suffragiis res permittitur ; 63, 6.
[447] Ad unum omnes Vercingetorigem probant imperatorem ; 63, 6.
[448] Dion, XL, 41, 1 ; corpore, armis spirituque terribilis, Florus, I, 45, 21.
[449] Dion, XL, 41, 1.