HISTOIRE DE LA GAULE

TOME III. — LA CONQUÊTE ROMAINE ET LES PREMIÈRES INVASIONS GERMANIQUES.

CHAPITRE XI. — AMBIORIX[1] ET LA RÉVOLTE GÉNÉRALE.

 

 

I. — CAUSES DE L’ÉCHEC DES PRÉCÉDENTES RÉVOLTES.

Cette révolte de toute la Gaule fut la crainte périodique de César : il y pensa à chaque retour de la belle saison[2]. L’hiver était pour les hommes le temps de l’oisiveté, de ces longs entretiens où les esprits s’excitent, qui font naître les espérances, et d’où surgissent les folles résolutions[3]. Puis, le printemps amenait un regain des forces, le besoin de marcher et de s’agitée. Il ranimait cette vie exubérante et ces désirs orgueilleux que la domination romaine n’avait point encore étouffés chez les Gaulois. Jadis, les guerres civiles ou les courses à l’étranger occupaient ces ardeurs nouvelles de la jeunesse : maintenant, sauf les quelques milliers de cavaliers qui accompagnent César, elle demeure inactive, rongeant son frein, toujours prête à s’élancer pour le combat. Aussi, quand finissaient les mauvais jours de février, le proconsul se demandait avec inquiétude ce qui allait sortir des bourgades gauloises.

De fait, chaque année, il eut quelque attaque à écarter ou quelque précaution à prendre. En 58, il se débarrasse de Dumnorix et de son parti ; en 57, ce sont les Belges que les Celtes appellent à leur secours ; en 56, c’est autour des Armoricains que se groupent les insurgés ; en 55, César empêche l’alliance des Germains avec les peuplades mécontentes ; en 54, il contient les Trévires de la Moselle, et il laisse égorger Dumnorix.

Ce qui fit échouer ces conjurations et ces révoltes, c’est d’abord qu’elles furent l’œuvre ou d’un seul parti ou d’une seule région. Les Belges et Dumnorix, en 57 et 58, ont travaillé surtout en faveur des tyrans ; Trévires, Belges et Armoricains ne représentaient qu’une fraction de la contrée, et la plus lointaine. Ils étaient en dehors de la vieille et de la vraie Gaule, cette Celtique qui étageait ses vastes peuplades sur les pentes du massif Central et dans les vallées des grands fleuves : celle-ci, l’héritière d’Ambigat, de Luern, de Bituit et de Celtill, la souveraine des cités antiques et célèbres, Bibracte, Alésia, Avaricum et Gergovie, la maîtresse des plus hauts lieux et des ombilics sacrés, la patrie soumise aux druides, était encore indifférente à la cause de la liberté. Arvernes, Éduens, Carnutes, Bituriges et Sénons demeuraient les alliés intéressés de César ou ses auxiliaires humiliés. Eux seuls cependant pouvaient donner le signal que tous les peuples entendraient, soit les Éduens, qui tenaient alors le principat, soit les Carnutes, dépositaires des secrets druidiques, soit les Arvernes, la seule nation qui eût été souveraine dans la Gaule indépendante, celle qui possédait l’héritier de son dernier maître, Vercingétorix, fils de Celtill. Et de ces nations, il n’était sorti depuis cinq ans que des actes et des paroles de flagornerie à l’endroit de César. Sénons et Carnutes gardaient les rois qu’il leur avait imposés[4] ; les Bituriges se laissaient conduire par les Éduens[5] ; ceux-ci acceptaient avec la même résignation les menaces et la mort de Dumnorix[6] ; chez les Arvernes, Vercingétorix, jeune et ardent, très riche, entouré de clients nombreux[7], se fût peut-être jeté dans une glorieuse aventure : mais les chefs de la cité, entre autres son oncle Gobannitio, le surveillaient et le contenaient, et ils gouvernaient Gergovie et son peuple pour le plus grand profit du dom romain[8].

Ce qui manqua enfin à ces révoltes de la Gaule, ce fut d’être inspirées et dirigées par un seul, d’avoir pour souffle et pour âme la volonté d’un chef populaire. Ces peuples chevaleresques et passionnés ne se laisseraient emporter que sous la main de quelque homme supérieur, à la belle prestance, aux gestes héroïques, aux discours merveilleux ; et, pour maintenir ensuite de la discipline et de la cohésion dans leurs troupes nombreuses et variées, il faudrait la direction continue et toujours éveillée d’un maître absolu. Ce n’était que dans l’île de Bretagne, avec Cassivellaun, que s’était présenté cet idéal de grand chef. Certes, la Gaule possédait alors des hommes de valeur, habiles et braves, connus de beaucoup, et capables d’en imposer à des multitudes, tels que Comm l’Atrébate, Ambiorix l’Eburon, Camulogène l’Aulerque[9]. Mais ils se trouvaient en ce temps, soit inactifs dans leur pays, soit paradant avec l’état-major de César. Vercingétorix, jeune encore, n’avait point fait ses preuves. Quant aux adversaires que les Romains rencontrèrent devant eux, Galba chez les Belges ou Viridovix chez les Armoricains, ce sont des personnages à demi falots, que leurs soldats entraînent et qui ne savent pas commander à une foule. La Gaule cherchait le héros de son indépendance, s’exaltait parfois à la pensée de l’avoir rencontré, et retombait ensuite déçue et désespérée[10].

L’absence de ces deux forces, un peuple souverain et un chef populaire, amena également l’échec de la révolte qui suivit le retour de César.

 

II. — LE COMPLOT DE 54 : AMBIORIX.

Elle fut d’ailleurs mieux conduite et plus dangereuse qu’aucune des précédentes. Des nations très différentes la fomentèrent, elle eut lieu à un assez bon moment, et elle reçut l’adhésion de peuples et de chefs célèbres.

Un premier groupe de révoltés se forma au centre même de la Celtique. Les Carnutes se lassèrent de Tasget, le roi imposé par le proconsul romain, un complot se trama contre lui, où entrèrent ses ennemis personnels et que favorisèrent publiquement les principaux de la cité. Une conjuration semblable menaça le roi des Sénons, Cavarin, ourdie également par les membres de l’aristocratie. Chez les Carnutes, il s’agissait d’égorger le roi de César ; chez les Sénons, de lui intenter une action capitale[11]. C’était préluder à la révolte nationale par la liberté politique. Et, d’Orléans et de Sens, le mouvement pouvait rayonner vers toutes les cités de la Gaule.

Les Trévires devaient lui donner l’appoint de leur grande armée, forte en cavaliers et en fantassins. Indutiomar, leur chef, ne pardonnait pas à César son abaissement ; il savait que le proconsul attendait une occasion pour lui arracher le pouvoir et le donner à son gendre. Il se résolut, ne fût-ce que par intérêt, à prendre les devants et, au besoin, à appeler les Germains à la rescousse[12].

Enfin, un nouvel ennemi, plus redoutable encore, se leva contre Rome. Ce fut un des deux rois éburons, Ambiorix[13]. Depuis la guerre aduatique, en 57, il semblait l’ami fidèle de César, et je crois qu’il rendit plus d’un service aux Romains pendant leur guerre sur les bords du Rhin ; de temps à autre, le proconsul lui envoyait un de ses officiers et quelque courtois message[14]. — Cet Ambiorix fut, avec Cassivellaun, le meilleur des chefs barbares de ce temps. Il n’avait rien de l’allure noble et brillante d’un monarque gaulois ; il vivait, comme un sanglier des Ardennes, non pas en roi de peuple mais en chef de forêts, habitant avec ses compagnons dans une vaste ferme bâtie à l’entrée des bois, hôte familier de tous les sentiers et de tous les repaires de son pays[15]. Ce qui était parade et décor le laissait indifférent, les grands combats en rase campagne, les marches bruyantes et les belles démonstrations[16]. Il ne voyait que le but à atteindre, des ennemis à tuer, des terres à délivrer[17]. Peu lui importaient les moyens. Gloire et franchise lui parurent, en face de César, de vaines formules. Pendant quatre ans, il servit les Romains sans se plaindre, il les endormit dans la sécurité, et, quand il les eut attirés chez lui, confiants et à demi désarmés, il les égorgea avec une sorte de volupté[18]. D’ailleurs, éloquent, habile à tisser les mensonges, fort intelligent, sachant à merveille l’art de disposer et de cacher une armée[19], d’une rapidité de mouvements à étonner César lui-même, qui le poursuivit souvent et ne l’atteignit jamais[20], et enfin, plein d’un sauvage amour pour sa liberté d’homme, préférant à tout pacte de soumission la lutte sauvage dans les bois, la vie hors la loi, les dangers des nuits solitaires[21], c’est l’énergie la plus puissante qui se soit heurtée à la fortune de César, j’excepte Caton d’Utique.

Qu’on ajoute à la force personnelle d’Ambiorix la valeur des hommes qui l’entourent : ses Éburons à lui[22], ceux du roi Catuvole, obligé de le suivre[23] ; les autres tribus de la Meuse et des Ardennes, prêtes à marcher sous ses ordres, et qui peuvent fournir avec les siennes 40.000 combattants[24] ; les survivants des Nerviens et des Aduatiques, ardents à se venger malgré leur faiblesse, et que renforçaient les jeunes gens arrivés à l’âge d’homme depuis l’année de la défaite[25] ; les Morins et les Ménapes, demeurés insoumis dans leurs marécages[26] ; et, de l’autre côté du Rhin, les Germains humiliés par César en 55 et qui se préparaient à la revanche[27]. C’était donc, depuis la Lauter jusqu’à l’Aa, tout le Nord de la Gaule, toutes les peuplades des forêts et des palus qui se lèveraient ensemble contre César et qui donneraient à une révolte générale un chef et une armée de premier ordre.

En dehors de ces nations et de ces hommes, déjà décidés, il y avait dans toutes les cités des amis de l’indépendance, et qui n’attendaient qu’un signal[28]. Des troupes se rassemblaient à nouveau chez les Armoricains[29]. Arvernes, Cadurques, Lémoviques, Pictons, Bellovaques, avaient leur parti de la liberté[30]. Pour assurer leur pouvoir, les amis gaulois de César avaient dû multiplier les exils et les proscriptions : et les fugitifs couraient les routes, semant partout leurs rancunes et la haine de Rome[31].

Qu’il y eût accord entre les Celtes de la Loire et les demi-Germains des Ardennes, que l’entente fixât un même jour pour la prise d’armes, que les légions fussent toutes assaillies à la fois dans leurs quartiers d’hiver, et l’œuvre de la conquête était en péril.

La chose était d’autant plus facile que la sécheresse obligea César à disséminer ses camps[32], et que par excès de confiance il installa les principaux chez ses pires ennemis. — Lucius Roscius et la XIIIe légion furent isolés en Normandie, dans le pays de Séez[33]. A plus de cent milles de là, le gros de l’armée, quatre légions, s’échelonnèrent entre la Marne et le détroit, surveillant les grandes routes qui convergeaient vers Boulogne[34] : Caïus Fabius chez les Morins, non loin de la flotte[35] ; Marcus Crassus l’aîné chez les Bellovaques[36], Lucius Munatius Plancus chez les Suessions[37], et Caïus Trébonius à Amiens, où il devait garder le quartier général[38]. A cent milles de là, à la lisière des Ardennes, César aventura trois autres campements : celui de Labienus, avec une seule légion, se trouvait chez les Rèmes, mais à l’entrée de la forêt, dans le voisinage des Trévires, qu’il avait la mission de surveiller[39] ; Cicéron et une autre légion s’arrêtèrent chez les Nerviens, près de la Sambre[40] ; et le proconsul envoya plus loin encore, parmi les Éburons d’Ambiorix[41], quelques-unes de ses troupes les plus mauvaises, la légion levée la dernière en Italie (la XIVe ?)[42], cinq cohortes[43] de recrues plus nouvelles encore[44], et il les confia à deux de ses légats, l’un, Cotta, de valeur suffisante, l’autre, Sabinus, le plus médiocre de ses officiers supérieurs[45].

César ne se doutait de rien, et Ambiorix l’inquiétait moins que personne. Les légions parties pour leurs campements, il resta quelque temps encore à son quartier général d’Amiens[46]. Il était d’ailleurs résolu à retourner en Italie comme tous les automnes précédents, et il lui importait d’autant plus de le faire qu’à son retour de Bretagne il avait appris de fâcheuses nouvelles, et la menace d’une dictature de Pompée. Mais il eut cependant la prudence d’attendre que ses légions fussent arrivées à leur poste, et que chacune eût terminé son camp et s’y trouvât retranchée[47].

 

III. — DÉBUT DE L’INSURRECTION : LE RÔLE DES DRUIDES.

Les conjurés commirent coup sur coup deux fautes irréparables : ils n’attendirent pas le départ de César, et ils ne se concertèrent pas pour prendre les armes tous le même jour. La première échauffourée se produisit presque sous les yeux du proconsul, qui se tint pour averti ; et les autres suivirent, de semaine en semaine, ce qui donna à toutes les garnisons le temps de se fortifier.

Les Carnutes s’agitèrent d’abord[48]. — C’était le pays qui abritait l’assemblée des druides, et où les Gaulois plaçaient le milieu de leur terre : son rôle sacré, sa situation au centre de la Gaule, le désignaient pour donner le signal des résolutions nationales. Et de fait, désormais, c’est la nation carnute qui, chaque année, lancera un appel aux armes[49] : elle sera le héraut de la liberté. — Peut-être n’y a-t-il là que l’effet du hasard ; mais peut-être est-ce la preuve que les druides se sont détachés de César, et que l’assemblée des prêtres a prononcé l’anathème contre le peuple romain.

D’autres indices permettent de croire que le clergé gaulois prit à la fin parti pour la cause de l’indépendance gauloise. — S’il était demeuré favorable à César, j’imagine que le Romain nous l’eût fait connaître dans ses Commentaires. Lorsqu’il les écrivit, au lendemain des grandes révoltes[50], il avait trop d’intérêt à flatter ses amis de Gaule pour ménager les paroles de reconnaissance ; il a cherché les mots gracieux à l’endroit de ceux qui l’ont servi, hommes et peuples[51]. S’il s’était loué des druides, soyons sûrs qu’il eût trouvé moyen de le dire. — Au reste, quel avantage les prêtres tirent-ils maintenant de la domination romaine ? Au début, elle les a débarrassés de la crainte de la royauté : et le druide Diviciac a, pendant deux ans, écarté tous les dangers sur la route de César. Mais voici que les royautés reparaissent, sous le patronage de César lui-même. Que les nouveaux destins s’accomplissent, que les mots de Rome et de province remplacent les noms consacrés de Celtes et de Gaulois, et alors, les dieux, le droit et les usages du peuple vainqueur arriveront à leur tour pour transformer les hommes, et ce sera la fin de Teutatès et d’Ésus, des grands sacrifices, des longs poèmes, des tribunaux religieux, de tout ce qui est la raison d’être des druides[52]. Le sacerdoce pénétrait de mille manières la vie gauloise, il faisait l’unité et l’éternité de la nation : supprimer cette nation, c’était condamner le sacerdoce à une mort immédiate. Aussi, plus tard, chaque fois que la Gaule espérera se délivrer de Rome, les druides ou leurs poètes aideront les chefs et les combattants de leurs prières et de leurs vers[53]. Est-il possible de croire qu’ils ne l’aient point fait dès l’année de Cassivellaun et d’Ambiorix ? Ces druides n’étaient ni plus aveugles ni moins intelligents que les nobles leurs frères. A moins de leur prêter une incurable sottise ou une lâcheté sans fin, on doit croire qu’ils ont dès lors compris la marche des choses et cherché à l’entraver.

Aussi, même en l’absence de textes formels, je n’hésite pas à donner une part aux druides dans les insurrections qui vont suivre. Si elles ne furent pas leur œuvre, ils ne les ont pas désavouées ; et si elles sont toutes parties du sol carnute, c’est peut-être après que les druides s’y étaient rassemblés.

En 54, les Carnutes donnèrent donc un signal en assassinant leur roi Tasget. Ce meurtre fut l’œuvre de nombreux conjurés, la cité entière était vaguement complice[54]. Mais elle eut le tort, le coup fait, d’hésiter encore, de ne point prendre les armes ; et la peuplade voisine des Sénons, quoique prête à la révolte, ne se leva pas davantage[55].

César apprit la chose à Amiens, où il attendait les nouvelles des campements. Il avait quatre légions autour de lui : il envoya sur-le-champ contre les Carnutes celle de Plancus, avec ordre d’y passer l’hiver, de saisir les meurtriers et de les lui expédier. — Contenue par sa garnison, la cité rebelle ne bougea plus[56]. La révolte de la Celtique fut étouffée dans son germe.

César reçut sur ces entrefaites de bonnes nouvelles de ses autres légats. Mais il retarda quand même son départ pour l’Italie[57] : il lui fallait maintenant attendre l’installation de Plancus chez les Carnutes et les résultats de son enquête[58] (octobre[59]).

 

IV. — LA VICTOIRE D’AMBIORIX ET LE MASSACRE DES LÉGATS.

La nouvelle du meurtre de Tasget arriva à Ambiorix et à Indutiomar, et ils rassemblèrent aussitôt leurs troupes pour assaillir les garnisons voisines[60]. Mais elle arriva aussi aux légats qui commandaient ces garnisons, et ils purent se garder contre toute surprise[61].

La plus exposée était celle de Sabinus et de Cotta, qui campait à Aduatuca (Tongres), presque au centre du pays des Éburons[62]. Ambiorix, un matin, enveloppa le camp avec toutes ses forces et voulut l’enlever d’assaut. Mais les légionnaires eurent le temps de se ranger en armes sur le rempart, et la cavalerie dégagea les abords de la place. Le coup était manqué : Ambiorix rappela ses hommes[63].

Assiéger ou affamer le camp, il n’y fallait point songer. Il était abondamment pourvu d’hommes et de blé, les deux rois éburons ayant eux-mêmes veillé au service des vivres pour tromper la vigilance des légats[64] La violence devenant inutile, Ambiorix eut recours à la ruse.

Un colloque fut demandé aux officiers romains[65]. On envoya aux Éburons deux députés, auxquels Ambiorix adressa une longue harangue. — Le Barbare s’excusait de l’affaire du camp : simple chef de guerriers, il était souvent contraint de céder au désir de ses hommes ; et si les Éburons, malgré leur petit nombre, avaient eu l’audace de déclarer la guerre à César, c’est que la Gaule s’était soulevée, que ce jour-là même, sur un plan arrêté d’avance, toutes les garnisons étaient assiégées à la fois, et que, dans deux jours, des bandes de Germains, louées à cet effet, viendraient se joindre aux Gaulois. Pour lui, il aimait César son bienfaiteur et Sabinus son hôte, il voulait sauver les légions ; et il offrait aux légats de conduire leur armée, saine et sauve, soit au camp de Labienus, soit à celui de Cicéron, à quelque cinquante milles de là. — Cet extraordinaire discours fut transmis au conseil de guerre[66].

La ruse d’Ambiorix était aussi grossière que sa tentative sur le camp. C’est ce que semblent avoir aussitôt reconnu le légat Cotta et la majorité des officiers. — Les usages d’une armée romaine, dirent-ils, étaient constants en pareil cas : il ne fallait pas sortir du camp sans l’ordre de César, d’autant plus que derrière ces remparts, les légionnaires n’avaient rien à craindre ni de la force ni de la famine[67].

Mais Sabinus, nature faible et timorée, se laissa envahir par le doute et l’angoisse, et il perdit à la fois la raison et le courage. Il crut l’ennemi sur parole, la Gaule soulevée, toutes les garnisons bloquées, et César parti ; il se vit seul, à quelques milles du Rhin, enveloppé de multitudes, affamé jusqu’à la mort. Il n’eut plus que la pensée de s’échapper. Et il le dit au conseil[68].

On résista durement à ces paroles d’imprudence et de lâcheté. Sabinus s’entêta. La colère, à cet instant de demi-folie, s’empara très vite de lui. Il cria de manière à être entendu des soldats et à provoquer l’émeute. Les deux légats furent sur le point d’en venir aux mains. Pour éviter le scandale, on finit par céder. Et on décida la retraite[69] dans la direction de Labienus[70].

La fâcheuse décision fut aggravée par toutes sortes de maladresses. Comme on avait délibéré jusqu’au milieu de la nuit, il aurait fallu remettre le départ au lendemain. Mais il fut fixé au lever du soleil de ce même jour. Les soldats veillèrent et se fatiguèrent à préparer leurs paquets ; les chefs les laissèrent se charger de choses inutiles[71]. L’aberration de Sabinus gagna tout le monde. Aucun otage ne fut demandé à Ambiorix. On finit par sortir du camp comme pour une marche en pays ami : et le convoi se déroula en longues files d’hommes et de bagages enchevêtrés[72].

On s’avança pendant près de deux milles en pays découvert, sans rencontrer l’ennemi[73]. Puis, on arriva dans un vallon que bordaient des hauteurs fortement boisées[74]. C’était là qu’Ambiorix attendait ses victimes. Quand la plus grande partie de l’armée se fut engagée dans l’étau de l’ennemi, les Éburons s’élancèrent d’en haut sur les flancs et sur l’avant-garde.

L’imprévu de l’attaque, la fatigue de la nuit, l’énervement des querelles, la fin soudaine de leurs illusions, tout entraîna soldats et officiers à une funeste panique : Sabinus ne fit que s’agiter en ordres incohérents, et les soldats coururent d’abord aux bagages, pour mettre leurs trésors en sûreté. Une lamentable clameur sortait de l’armée romaine[75], signe avant-coureur de la défaite et du massacre.

Cotta faillit cependant la sauver. Il ne fut pas étonné de la trahison et garda tout son sang-froid : il fit son devoir de chef et son métier de soldat, courant d’une troupe à l’autre, haranguant les hommes, chargeant l’ennemi[76]. A la fin, on parvint à dégager les cohortes de la file des bagages, et à les grouper en carré, face de tous côtés aux assaillants[77]. L’armée se retrouva massée, se serrant les coudes, présentant à l’adversaire ses lignes continues de boucliers, d’épées et de javelots[78]. C’étaient les chances de salut qui revenaient.

Les hommes d’Ambiorix hésitèrent, semble-t-il, devant le spectacle menaçant de la légion reformée[79] : car ils n’ignoraient pas sa force de résistance et les dangers de son offensive. Maintenus en avant par leurs chefs, ils pressèrent de plus près les Romains. Alors, quelques cohortes se détachèrent de la masse, firent brèche dans le cercle ennemi, et, partout où elles s’élançaient, il tombait devant elles des corps en nombre. L’espoir d’une victoire apparut chez les Romains[80].

Mais Ambiorix tenait à sa proie. Il savait l’éternel moyen de briser une légion : éviter le corps à corps et la portée du javelot, la cribler de traits à longue distance, l’amener à se disloquer, et rompre les compagnies l’une après l’autre. A la différence des purs Gaulois, les Éburons usaient dans la bataille de frondes et de javelines, de ces armes de trait légères et rapides contre lesquelles le légionnaire était souvent impuissant. Et Ambiorix donna l’ordre de s’écarter devant les sorties des cohortes, de refuser le proche contact, les tracasser de loin, les suivre si elles reculaient, les envelopper si c’était possible, et les tenir sans cesse exposées aux décharges continues des balles et des traits[81].

Le combat changea aussitôt de caractère. Devant les légionnaires qui avançaient, les Éburons se replièrent, mais sans cesser de combattre ; les cohortes, frappées à distance, devinrent incapables de riposter, et l’ennemi tirait à coup sûr dans le tas des Romains, presque désarmés sous leurs armes. Ce n’était pas à vrai dire une bataille, mais un siège méthodique, où les traits des Éburons désagrégeaient peu à peu la masse humaine qu’ils entouraient. On vit tomber tour à tour les plus vaillants des centurions, et Cotta lui-même fut blessé[82].

Mais un tel combat durerait très longtemps. A une heure de l’après-midi, les Romains tenaient bon encore[83]. Les munitions des ennemis pouvaient s’épuiser, une diversion pouvait se produire. Ce n’était pas encore le moment du désespoir et du massacre.

Sabinus hâta ce moment par une dernière ineptie. Il fit demander quartier à Ambiorix. L’Éburon lui promit la vie sauve et lui enjoignit de venir[84]. Cotta, prié par Sabinus de l’accompagner, répondit qu’un Romain ne négociait jamais avec un ennemi en armes, et il continua de combattre[85]. Son collègue se fit suivre des officiers les plus proches, et marcha vers les Barbares[86]. Il allait à son destin avec une imperturbable démence. Lorsqu’il fut à portée de la voix, Ambiorix lui cria de jeter bas les armes, et Sabinus obéit. Les deux chefs s’abordèrent, le colloque commença ; peu à peu, les Barbares se groupèrent autour de la petite troupe des Romains : quand le moment parut propice, elle fut égorgée, et le hurlement de victoire annonça la mort du légat de César à la légion qui combattait[87].

Il ne restait plus à Ambiorix qu’à achever cette dernière. Une charge immédiate en rompit les rangs. Cotta fut tué, et beaucoup autour de lui[88]. De nombreux fugitifs gagnèrent le camp, le porte-aigle à leur tête. Il périt devant les retranchements ; les autres voulurent résister encore ; à la nuit, sur le point d’être pris, ils s’entr’égorgèrent jusqu’au dernier[89]. Quelques hommes étaient parvenus à s’échapper du lieu du combat, et purent, à travers bois, s’enfuir jusqu’au camp de Labienus dans le pays des Rèmes[90].

Une légion entière, une demi-légion, deux légats, au moins 6.000 soldats, une aigle et un camp avaient disparu. La bêtise criminelle de Sabinus amena cette honte. Mais un peu plus de prudence chez César l’aurait évitée : il s’était laissé tromper par Ambiorix, il avait confié le poste le plus périlleux aux moins capables de ses légats et de ses cohortes. Maintenant, le mal est sans remède. Les Gaulois sauraient bientôt que le proconsul cessait d’être invincible, que sa fortune l’abandonnait, que leur liberté trouvait enfin son champion. Cette guerre des Gaules, jusque-là, s’était déroulée pour les Romains dans la majesté presque divine d’un incorruptible bonheur. Elle aurait désormais, elle aussi, sa tare indélébile, comme les guerres d’Italie avaient les Fourches Caudines, et la guerre d’Hannibal, Cannes et Trasimène[91].

 

V. — LE SIÈGE DU CAMP DE QUINTUS CICÉRON.

César, à Amiens, ignorera longtemps ce qui vient de se passer, en deux jours, de l’autre côté des Ardennes : les seuls survivants couraient vers le sud, cachés par les forêts.

Du reste, Ambiorix ne perdit pas une minute. L’affaire réglée avec l’armée de Sabinus, il s’occupa aussitôt de la plus voisine, celle de Cicéron, campée chez les Nerviens (à Binche ?[92]). Le jour même, la nuit suivante, un jour encore et une nuit, il galopa avec ses cavaliers sur la route du camp, portant avec lui la nouvelle de ses victoires[93]. En chemin, il l’apprit aux Aduatiques, et il les entraîna à sa suite[94] ; il l’apprit aux Nerviens, et ils promirent de venir avec lui[95]. Et deux jours après la défaite des Romains, les vainqueurs apparurent en vue de Cicéron, dont la légion vaquait aux besognes coutumières[96]. Par sa présence d’esprit, la promptitude de ses décisions et la vitesse de ses mouvements, Ambiorix valait César. Derrière lui, tous les hommes de la Meuse et des Ardennes se poussaient à l’assaut du camp romain. Ils crurent qu’ils allaient l’enlever d’emblée, au pas de course[97].

Le camp de Cicéron, comme celui de Sabinus, se ferma devant les ennemis, et, à leur choc, se hérissa de légionnaires en armes[98]. Le jour même et les jours suivants, toutes les attaques furent repoussées[99]. On tendit alors à Cicéron le même piège qu’à son malheureux collègue : on lui apprit le désastre, le soulèvement de la Gaule, et on lui offrit les moyens de quitter le pays[100].

Quintus Cicéron, le frère de l’orateur, n’était pas un homme supérieur. Il ne valait ni Labienus, ni Crassus le jeune, ni Décimus Brutus. Intelligence moyenne, peu porté à l’initiative, il n’eût rien fait de bon comme chef d’entreprise : d’autant plus qu’il avait une santé médiocre, incapable de fatigues et de veilles[101]. Mais il connaissait bien son métier, et il savait son devoir. Il fut, dans la circonstance, officier impeccable ; et la défense de son camp devint un de ces modèles d’opération militaire que les théoriciens purent proposer aux réflexions des soldats.

Aux paroles de paix, il se borna à répondre qu’il en référerait à César, et que la tradition du peuple romain était de ne point écouter un ennemi en armes[102]. Et il expédia message sur message au proconsul[103]. En vue de la résistance, il exhaussa la muraille du camp au moyen de cent vingt tours, munies chacune de parapets en clayonnage, pourvues d’une ample provision de pieux de combat et de javelots de siège[104]. La nuit, on profitait du sommeil des ennemis pour amasser les matériaux, on bâtissait et on travaillait[105]. Le jour, on ne faisait que combattre. Cicéron refusa tout repos à ses hommes, fût-ce aux blessés et aux malades, et lui-même s’interdit de dormir[106].

Mais Nerviens et Éburons étaient de rudes lutteurs. Déçus dans leurs ruses et leurs attaques, ils se décidèrent pour un siège en règle, du genre de ceux qu’ils voyaient faire aux Romains[107]. Tout autour du camp, ils établirent des lignes d’investissement, ils creusèrent un fossé, ils bâtirent une muraille et des tours par-dessus, ils fabriquèrent des faux d’attaque, des galeries d’approche[108]. C’était la première fois que les Gaulois recouraient à de telles pratiques : mais, s’ils voulaient vaincre les Romains, il fallait s’inspirer de leurs moyens de victoire. Ils consentirent à faire œuvre de bûcherons et de terrassiers, ainsi que des légionnaires. Leur naïve ardeur au travail eut quelque chose de touchant. Comme ils ne possédaient point d’outils, ils fouillaient le sol avec leurs épées, et portaient la terre dans leurs sayons de soldats[109]. Ils s’y mirent tous. En trois heures, quinze mille pieds de fossés et de talus furent achevés[110].

L’investissement terminé, ils attaquèrent de nouveau, le septième jour du siège. Ce fut une dure journée, bien conduite par les Gaulois. On sent de plus en plus chez eux, dans les procédés de combat, dans le choix des armes et la succession des manœuvres, une direction unique et intelligente, et, quoique César ne nomme pas Ambiorix, on reconnaît son œuvre.

Il y eut d’abord contre le camp romain une terrible décharge de javelines enflammées, de balles d’argiles rougies au feu[111] ; un grand vent venait de se lever, les Gaulois en profitèrent pour tâcher d’incendier le camp. Il flamba en effet, et sur tous les points. Aussitôt, les ennemis s’approchèrent avec, leurs tours, leurs baraques et leurs échelles, et commencèrent l’assaut de la forteresse. Et, en un même moment, l’incendie, les traits, les machines et les hommes enveloppèrent la légion de Cicéron[112].

Ce qui la sauva, ce fut que tous, officiers et soldats, ressemblèrent à leur chef. Aucun d’eux ne broncha sur la place qui lui était assignée. Quand leurs bagages brûlèrent, ils ne quittèrent pas le rempart, détournant les yeux de l’incendie pour ne point affaiblir leur courage[113]. Il y eut de merveilleux traits d’audace et de bonne humeur, que César se plut à raconter, comme les épisodes de l’épopée dont il était le héros. Deux centurions se précipitèrent seuls dans le groupe le plus épais des assaillants, où ils disparurent pendant quelques instants : on les vit revenir ensuite sans blessure, des traits fichés dans leurs armes, et laissant derrière eux un beau tas de cadavres[114]. D’autres centurions, menacés par une tour ennemie, firent quelques pas en arrière sur le rempart, et invitèrent les Gaulois à descendre : mais aucun des Barbares n’osa s’approcher[115]. Tant de bravoure eut raison de la multitude des assiégeants : ils avaient eu le tort de se présenter, selon leur habitude, en masses trop serrées, ce qui gêna leurs mouvements dans l’attaque et la retraite[116] ; sans doute aussi, ils ne surent point manœuvrer les lourdes machines qu’ils avaient construites[117]. La journée finit pour eux dans un massacre[118].

Mais Cicéron courait toujours les plus graves dangers, si le proconsul n’arrivait pas. Tous ses messagers avaient été saisis et crucifiés en vue du camp[119]. A la fin, un esclave gaulois cacha une lettre dans son javelot, et il put traverser les lignes ennemies[120]. Un après-midi, vers quatre heures, César apprit à Amiens le danger de ses troupes[121]. Depuis dix jours que Sabinus et Cotta avaient disparu[122], il ignorait encore la révolte et les malheurs.

 

VI. — LA DÉLIVRANCE DE QUINTUS CICÉRON.

César donna aussitôt les ordres nécessaires. Il avait près de lui une légion, celle de Trébonius. Il écrivit à Crassus, qui était derrière lui dans le Beauvaisis, de venir avec la sienne pour garder le quartier général[123] ; à Fabius, qui était en avant du côté de Boulogne, il donna rendez-vous sur sa route[124] ; à Labienus, qui était à Mouzon sur la Meuse, il enjoignit d’arriver chez les Nerviens par le sud[125]. Lui-même, dès qu’il fut sûr que Crassus s’approchait d’Amiens, il partit avec sa légion, le lendemain matin, à neuf heures[126]. En chemin, il fut rejoint par celle de Fabius[127]. Mais il reçut aussi une lettre de Labienus, et ce fut alors seulement qu’il apprit toute l’étendue du désastre, et la mort des deux légats. Pour comble de misère, Labienus, attaqué par les Trévires, ne pouvait bouger[128].

César éprouva une des plus grandes douleurs de sa vie. Il aimait ses soldats presque autant que sa gloire. Ceux-là étaient morts misérablement, celle-ci pâlissait devant la victoire d’Ambiorix, et c’était au moment même où ses ennemis de Rome relevaient la tête[129], où ses amis et lui avaient besoin de tout son prestige de proconsul. Il jura de venger sa légion, de laisser croître sa barbe et ses cheveux jusqu’au jour où il aurait tenu son serment[130]. De pareilles démonstrations n’étaient point dans les habitudes de son esprit ferme et positif. Mais la violence de sa colère ou le désir de plaire à ses soldats le firent revenir ce jour-là aux vieilles pratiques d’une religion démodée.

Il continua sa route en toute hâte, confiant dans la rapidité de sa marche et l’excellence de ses deux légions[131]. L’essentiel était d’avertir Cicéron de sa venue,. pour qu’il se gardât de toute résolution désespérée. Il se passa alors un de ces incidents pittoresques et émouvants qui abondent dans les campagnes de cet hiver. César écrivit à son légat quelques mots en langue grecque[132], pour que les ennemis ne pussent les comprendre ; un cavalier gaulois de l’escorte se chargea de faire parvenir la lettre. Il l’attacha à la lanière d’une javeline, qu’il lança dans le camp assiégé. Mais l’arme se ficha dans une tour, et personne, pendant deux jours, n’y fit attention. Le troisième jour, un soldat la remarqua enfin, et la porta au légat. Cicéron la parcourut, convoqua aussitôt l’assemblée des soldats, et, au milieu de l’émotion et de la joie de tous, il leur lut ces simples mots du chef, qu’on devait avoir courage, lutter vaillamment ainsi que toujours, et qu’il faisait diligence pour arriver avec ses légions[133]. Et à cet instant, les soldats, regardant vers la campagne, aperçurent au loin les feux allumés par César[134]. L’action, chez le proconsul, semblait avoir des ailes comme la parole.

Ce jour-là, les ennemis s’éloignèrent du camp[135]. Cicéron fit son devoir jusqu’au bout, il prévint son général du départ des Gaulois, et il l’avertit d’avoir à prendre garde : ils étaient fort nombreux, environ 60.000, et ils avaient fait de grands progrès dans l’art militaire[136]. César suivit le conseil, et quand, le lendemain, il aperçut l’ennemi sur des hauteurs, dominant un vallon qu’il devait traverser[137], il se résigna à ne point l’attaquer, et à chercher d’abord l’avantage du terrain[138].

César rendit à Ambiorix ruse pour ruse. Il s’arrêta en présence des Gaulois, gagna une colline[139], bâtit son camp tout à l’étroit, y entassa sa petite armée de 7.000 hommes[140]. Le lendemain, les escadrons ennemis vinrent escarmoucher jusqu’au fossé. Par ordre, les cavaliers romains s’enfermèrent aussitôt dans le camp ; les portes furent bouchées, le rempart fut exhaussé, et les légions donnèrent les marques de la plus vive terreur. L’ennemi finit par croire qu’il n’avait devant lui que quelques cohortes : il quitta sa position, et marcha contre le camp[141]. Lorsqu’il fut proche, en contrebas, César lança tous ses cavaliers et tous ses fantassins, et mit en déroute cette foule désordonnée[142]. Mais il renonça sagement à la poursuivre, redoutant les forêts et les marécages qui lui servirent de refuge[143].

Le jour même, il était en vue du camp de Cicéron. A chaque pas, une émotion nouvelle le saisissait. Ce fut d’abord le spectacle imprévu des travaux élevés par l’ennemi, et il ne put réprimer sa surprise et son admiration. Puis, ce qui restait de la légion se montra en ligne devant le camp. Il la passa en revue, et ne trouva qu’un homme sur dix qui fût sans blessure. A Cicéron et à ses soldats, il adressa quelques mots d’éloge, et, sur le rapport du légat, il rendit hommage aux officiers les plus braves. Ce furent enfin les entretiens particuliers avec les chefs et les prisonniers, et l’enquête navrante sur la mort de Sabinus et de Cotta[144]. Le lendemain, l’armée entière se réunit, la légion sauvée et les deux légions de secours : César fit le récit des évènements, ne dissimula rien, et rejeta le désastre sur la faute d’un seul coupable : mais l’heure, dit-il, n’était ni à la plainte ni à la douleur ; la bienveillance des dieux immortels[145] et la vertu des trois légions avaient permis l’expiation du crime ; il ne restait plus qu’à en poursuivre la vengeance (début de novembre ?)[146].

 

VII. — ÉCHEC DU SOULÈVEMENT GÉNÉRAL.

Ce qui, à cette heure, constituait la défaite de César, ce n’était pas seulement la honte d’un désastre et le massacre de quinze cohortes : c’étaient encore le danger de Cicéron et la révélation des progrès militaires que faisait l’ennemi ; et c’était enfin la crainte que le reste de la Gaule ne s’ébranlât en apprenant ces choses.

Mais sur ce point, de meilleures nouvelles arrivaient. Les Gaulois ne surent pas plus se concerter après la Victoire d’Ambiorix, qu’ils ne l’avaient fait avant sa prise d’armes. Quinze jours s’étaient déjà écoulés depuis la mort des légats, et rien de sérieux ne se passait en dehors des Ardennes. Celtes et Belges s’agitaient dans le vide, sans direction centrale. Des ambassades s’échangeaient entre les nations, des colloques se tenaient la nuit dans des endroits déserts, on traçait des plans, on cherchait des chefs[147]. Nul ne faisait ce qu’il y avait à faire, prendre les armes et s’en remettre à Ambiorix.

Le malheur de la Gaule fut précisément que son champion de cette année, Ambiorix, n’était qu’un Éburon. Misérable peuplade[148] et d’origine germanique[149], perdue au milieu des forêts et des marécages, inconnue de la plupart, n’ayant vécu jusque-là que dans la dépendance, tributaires des Aduatiques ou clients des Trévires[150], les Éburons ne prétendaient pas à donner des ordres à la Gaule ; et, malgré ses talents, Ambiorix ne passerait que pour un auxiliaire, qu’on désavouerait au besoin. La conduite des Trévires fut, à cet égard, significative. C’était leur magistrat, Indutiomar, qui avait excité Ambiorix, et peut-être même, comme les Trévires se disaient patrons des Eburons, ceux-ci avaient-ils reçu de lui l’ordre d’agir[151]. Mais le chef de la Moselle s’était bien gardé d’imiter son client : à la nouvelle de la victoire d’Ambiorix, il massa ses troupes aux abords du camp de Labienus[152] ; à la nouvelle de la victoire de César, il les ramena dans leurs foyers[153].

Tous ces chefs de révoltes, en 54, sont des maladroits ou des pleutres. — Les Armoricains s’étaient réunis en nombre pour assiéger le camp de Roscius en Normandie[154]. Ils arrivaient à huit milles des Romains[155], lorsqu’ils apprirent le succès de leur proconsul. Et ils décampèrent sur-le-champ, comme s’ils étaient battus eux-mêmes[156]. — Les Sénons se décidèrent enfin au meurtre public de leur roi Cavarin : celui-ci, prévenu à temps, se réfugia auprès de César. Et les Sénons envoyèrent des excuses au général[157]. — On avait espéré que les Germains expédieraient des secours : ils refusèrent[158].

Malgré toutes ces défections, les patriotes espéraient toujours, et César, même après sa victoire, demeurait dans la crainte et sur le qui-vive[159]. Ses succès, d’ailleurs, se réduisaient à un simple fait d’armes[160], Ambiorix était libre, les tribus des Ardennes en mouvement, Sénons, Carnutes, Trévires et Armoricains restaient impunis ; on complotait dans toutes les cités, sauf chez les Rèmes et les Éduens[161]. Un grand chef pouvait encore rallier toutes les volontés[162].

A la fin, Indutiomar se crut capable de ce rôle. Il convia autour de lui exilés et proscrits ; des ambassades lui vinrent de partout ; il se grisa d’illusions et d’orgueil, et, persuadé que sous ses pas la Gaule se lèverait entière, il se jeta dans l’aventure[163]. — L’assemblée de tous les Trévires fut convoquée sous les armes[164] : Indutiomar commença par faire condamner son gendre Cingétorix, ami de César, comme ennemi public ; puis, il annonça que les cités de la Gaule l’appelaient à leur secours, et qu’on allait marcher à la guerre contre le peuple romain[165].

Il eût fallu faire cela un mois plus tôt, et sans le fracas d’une solennité publique. Labienus, qui surveillait toujours la frontière trévire[166], suffit à débarrasser César de ce fantoche.

Cingétorix avertit le légat de ce qui s’était dit à l’assemblée. Labienus renferma sa légion dans son camp (près de Mouzon)[167], et manda la cavalerie des Rèmes et des cités les plus proches[168]. Quand Indutiomar s’approcha, il ferma ses portes et se tint coi[169]. Mais lorsqu’il eut tous ses escadrons sous la main[170], un soir qu’il jugea l’ennemi rassuré et dispersé, il les lança au dehors avec l’ordre formel d’atteindre d’abord Indutiomar[171]. Dans le désordre de cette charge subite, le chef fut surpris et tué sans peine[172]. Sa tête fut rapportée à Labienus, et les Trévires rentrèrent une seconde fois chez eux[173], laissant de nouveau la Gaule à la merci de César (fin novembre ?).

Il n’en restait pas moins au proconsul une fort lourde tâche. Son armée à compléter, son prestige à relever, des ennemis à punir, des tribus à immoler comme victimes expiatoires, et Ambiorix à égorger : il lui fallait une année entière pour accomplir cette œuvre de représailles qui achèverait sa conquête par l’épouvante des vaincus. Certes, ses amis d’Italie avaient plus que jamais besoin de le voir : mais la vraie force de son parti était encore dans son armée et dans sa gloire. Il devait les rétablir d’abord ; et cet hiver, il demeura dans la Gaule à préparer la campagne de répression[174].

 

VIII. — LES REPRÉSAILLES.

L’affaire la plus urgente était de réparer le mal causé par Ambiorix. Pompée, sur la demande de son allié, lui envoya une légion de Cisalpins[175] (la Ire), de la levée de 55[176] ; les légats de César en formèrent deux avec la levée de 54[177] (la XIVe et la XVe[178]). Au début de l’hiver, Ambiorix lui avait tué quinze cohortes à effectif incomplet : avant la fin il en reçut trente, aux cadres pleins[179]. Les Barbares purent admirer, comme dit César, la force militaire du peuple romain[180]. Et lui-même, avec ses dix légions, dut paraître plus redoutable que jamais à ses adversaires d’Italie (53)[181].

Ses renforts arrivés, il indiqua par un exemple qu’il ne ferait quartier à personne. A la tête de quatre légions[182], il partit à l’improviste du quartier général, gagna le pays des Nerviens, et l’abandonna à ses troupes. Tout fut dévasté, le bétail enlevé, les hommes pris comme esclaves ; et César ramena les soldats encombrés de butin (milieu de mars)[183]. Ce fut à son retour, à Amiens, qu’il ouvrit l’assemblée gauloise du printemps (mars)[184]. Elle put comprendre, à la vue du camp, la manière dont César voulait maintenant agir.

Tous les peuples s’étaient fait représenter, à l’exception des Sénons, des Carnutes et des Trévires[185]. En pleine assemblée, du haut de son tribunal[186], il déclara qu’il interprétait cette abstention comme une révolte, et que, toute affaire cessante, il la réprimerait d’abord[187]. Les délégués furent ensuite congédiés, et reçurent l’ordre de l’attendre à Lutèce[188]. Jamais peut-être il n’avait parlé plus crûment en maître et en gouverneur. Cela dit, et le même jour, il partit à marches forcées pour châtier Sénons et Carnutes[189].

Ce fut, à son approche, une panique générale. Les Sénons n’eurent même pas le temps de gagner leurs forteresses ; Accon, le chef des conjurés, tomba entre les mains de César ; les plus coupables s’enfuirent ; le reste de la nation implora la médiation des Éduens ses patrons. Par égard pour ces derniers, le proconsul pardonna, réserve faite de ceux que l’enquête prouverait coupables[190]. Mais il dut aussi pardonner aux Carnutes, clients des Rèmes[191]. La peur de mécontenter ses deux puissants alliés modéra sa vengeance. On sent qu’il ne voulut point pousser trop loin les choses dans cette Celtique jusque-là si prompte à la soumission. II prendrait sa revanche chez les Belges. — Et en effet, de retour à Lutèce, l’assemblée tenue et dissoute[192], il se livra tout entier, comme il l’écrivit lui-même, à sa haine contre Ambiorix et les Trévires[193]. Il expédia deux légions à Labienus, toujours campé à la frontière de ce peuple ; lui-même, avec cinq autres, marcha vers l’Escaut et la Meuse[194].

Labienus, comme à l’ordinaire, fit la moitié de la besogne de César.

Après la mort d’Indutiomar, les Trévires tinrent encore la campagne, d’accord avec Ambiorix, et soutenus par les promesses de quelques peuplades de Germanie[195]. Labienus ne leur donna pas le temps de recevoir des secours. Il se rapprocha d’eux le plus possible (sur la Semoy à Izel[196]), puis, feignant d’avoir peur, il battit en retraite et les attira derrière lui. Quand il les vit en contrebas, entassés dans un ravin, il donna l’ordre de faire volte-face et de lancer le javelot[197]. Ce fut alors la débandade ordinaire aux Trévires[198]. Mais cette fois, Labienus poussa ses succès jusqu’au bout. Il massacra le plus d’hommes qu’il put, rejeta au delà du Rhin le clan d’Indutiomar, et remit à Cingétorix, l’ami de César, le gouvernement civil et militaire de la cité vaincue et soumise[199]. C’était la première fois qu’une armée légionnaire occupait la vallée de la Moselle, et la descendait jusqu’en face de la Germanie. Labienus, mieux que César, sut achever sa tâche (avril 53[200]).

 

IX. — LE SECOND PASSAGE DU RHIN.

Le désir de prendre Ambiorix inspira à César un plan d’une grandiose envergure. Il voulut l’envelopper, lui, son peuple et sa terre, d’un cercle continu d’ennemis, sur quatre-vingts milles de rayon[201] ; puis, le cercle une fois fermé, lancer ces milliers d’hommes vers les fourrés des Éburons[202], comme une armée de rabatteurs et de chasseurs ramenés autour du repaire d’une bête fauve.

Il avait déjà remis la main sur les Nerviens, qui surveillaient les Éburons au couchant, en amont de la Meuse. — Au nord, vers l’Escaut, les tribus d’Ambiorix touchaient aux Ménapes leurs alliés[203]. César alla chercher ceux-ci[204] dans leurs forêts et leurs marécages, et son armée, divisée en trois corps, commença la destruction de tout, moissons, bêtes et hommes[205]. Les Ménapes firent cette fois la paix. Il leur fut enjoint de refuser tout asile à Ambiorix[206], et on installa chez eux Comm l’Atrébate, pour garder les issues des Éburons[207]. — De la Flandre, par le nord, César gagna le Rhin, laissant toujours son ennemi à l’intérieur du cercle que traçait sa marche (mai ?)[208].

Sur le Rhin, de Wesel à Coblentz, les Éburons, venus des bords de la Meuse, pouvaient donner la main aux peuples de la Germanie, Sicambres, Ubiens et avant-gardes des Suèves. César remonta la rive gauche du fleuve, enlevant à ses futures victimes tout espoir de s’échapper[209]. — Entre Cologne et Coblentz, il rejoignit Labienus, arrivé du sud par la Moselle[210]. Les deux armées romaines n’avaient cessé de marcher à la lisière des Ardennes, et, en se réunissant, elles achevaient de les investir. Il s’agissait maintenant de traquer les hommes qui s’y cachaient.

Mais, avant de commencer cette besogne, César résolut de passer encore le Rhin et de se montrer à la Germanie. Un nouveau pont fut construit (à Bonn ?)[211] et, en quelques jours, l’armée toute entière se trouva sur l’autre rive[212]. — Le proconsul écrivit plus tard, dans ses Commentaires, qu’il avait simplement voulu effrayer les Barbares, les punir d’avoir aidé les Trévires, les détourner de donner asile à Ambiorix[213]. Mais je doute que cette simple précaution exigeât la construction d’un pont et le passage de toute l’armée[214]. Cette grandiose démonstration ne pouvait être que le prélude d’une belle campagne. Crassus venait enfin de franchir l’Euphrate[215], Pompée rendait la paix au forum (juin)[216] : il importait que César eût aussi son triomphe, et la chasse à. Ambiorix ne suffisait pas à sa gloire de l’année.

De fait, quand il se vit, une seconde fois, sur ce sol de la Germanie vierge de sa conquête, il semble qu’il ait oublié Ambiorix et la vengeance, et qu’il ait rêvé, comme deux ans auparavant, de victoires surhumaines à travers les peuples barbares. Les Ubiens lui apprirent que les Germains venus au secours des Trévires leur avaient été envoyés par les Suèves, éternels ennemis du nom romain. A ce mot de Suèves, César, ressaisi par ses’ illusions, se décida à rester au delà du Rhin[217]. L’occasion était bonne pour une nouvelle entreprise. Les Ubiens faisaient une soumission absolue[218] ; les Trévires tremblaient devant Labienus. César avait avec lui toute son armée, plus forte que jamais[219]. Un pont solide, et qui lui appartenait, réunissait les deux rives. S’il arrivait à vaincre les Suèves, il effacerait l’ombre des derniers revers, il rétablirait toute son influence en Gaule et à Rome, et il ne lui resterait plus rien à envier à Pompée et à Crassus. — Et aussitôt, il se prépara pour une longue expédition. Tous les bagages de l’armée furent rapprochés du Rhin, installés chez les Trévires[220]. Un camp fut bâti sur la rive droite[221], des convois de vivres furent réunis[222], des espions envoyés chez les Suèves[223]. Ceux-ci, de leur côté, ne restaient pas inactifs : ils faisaient appel à tous les hommes de leur nom ; une foule innombrable de guerriers se groupaient au sud des montagnes de Thuringe, prêts à la bataille[224]. La grande guerre allait enfin s’engager (juin, juillet ?).

Mais cette pensée ne domina l’esprit de César que la durée d’un rêve. A la réflexion, il comprit le danger de quitter la Gaule en ce moment, d’abandonner l’Italie au pouvoir renaissant de Pompée ; peut-être apprit-il alors le désastre et la mort de Crassus[225]. Une fois de plus, il dut réprimer son imagination délirante, et, laissant là les risques de la Germanie, il revint en Gaule pour des affaires plus sûres et plus utiles[226]. — Toutefois, il ne détruisit le pont que sur la rive ultérieure, et il disposa sur la rive gauloise une tour de garde, des défenses sérieuses et une garnison considérable, douze cohortes, plus d’une légion[227]. Ce qui signifiait qu’il n’avait pas encore renoncé à son grand dessein[228].

 

X. — LA CHASSE A AMBIORIX.

Le cercle était achevé autour d’Ambiorix, des Éburons et des Ardennes : une furieuse chasse à l’homme commença.

On savait exactement où lever Ambiorix[229]. Il était dans sa résidence ordinaire, à l’entrée de la forêt, entouré de ses compagnons familiers, clients et serviteurs[230]. En avant-garde, César envoya dans cette direction, à travers bois, tous ses cavaliers et Basilus à leur tête[231]. Le Romain galopa sans repos, dissimulant sa marche, n’allumant point de feux, ne laissant échapper aucun fuyard qui pût révéler son approche[232]. On arriva ainsi à l’improviste devant le gîte d’Ambiorix ; il ne restait, pour atteindre l’homme, qu’un passage étroit à franchir[233]. Mais les amis du roi se groupèrent sur le chemin, et, pendant qu’ils combattaient, un de ses compagnons le mit à cheval, et un temps de galop cacha Ambiorix dans la forêt[234]. L’occasion était manquée (début d’août[235]).

Traqué de toutes parts, Ambiorix ne perdit pas courage. Au lieu de réunir ses troupes, il les dispersa. Avis fut donné à tous les Éburons de veiller chacun à sa propre sûreté. La tribu entière, sur l’ordre de son roi, disparut aux quatre vents du ciel[236] ; les uns se cachèrent dans les bois[237], les autres dans les marécages[238], et d’autres gagnèrent les îles des fleuves ou de l’Océan[239]. Ceux qui étaient trop vieux pour fuir se suicidèrent, comme le roi Catuvolc, qui s’empoisonna, à la gauloise, avec le suc de l’if ; et il expira, dit César, en maudissant Ambiorix[240]. — C’étaient Rome et son proconsul qu’il aurait dû maudire.

Les légions n’allaient donc trouver devant elles aucun ennemi à combattre. Mais César ne lâcha pas sa proie. A défaut d’adversaires, il s’acharnerait sur le sol qui avait produit l’engeance criminelle[241]. — A travers le pays désert, il arriva à Tongres[242], où il retrouva les traces du camp et du désastre de l’année précédente. Malgré les souvenirs lugubres que ce lieu rappelait[243], il y installa une légion des derniers conscrits (la XIVe), les malades, les bagages de l’armée, 200 cavaliers, et Quintus Cicéron comme chef[244]. Et il en fit son quartier général pour tout le temps que durerait la recherche d’Ambiorix.

Son plan de chasse se développa. Isolés dans un cercle d’ennemis, les Éburons ne pouvaient s’échapper. A Tongres, l’armée était au centre de leur pays[245]. De là partiraient les battues générales. César divisa ses neuf légions en trois groupes d’égale force : l’un, avec Labienus, fut envoyé dans la direction de l’Océan[246] ; l’autre, avec Trébonius, vers la Sambre et la haute Meuse[247] ; le troisième, le proconsul en tête, du côté de l’Escaut, où l’on disait qu’était Ambiorix[248] ; il eut le tort de négliger les chemins du Rhin[249]. Chacune de ces troupes devait explorer et dévaster le pays des deux côtés de sa route. Pour que la besogne fût achevée sans trop de péril, pour qu’il ne restât, de la terre maudite, aucun arpent qui n’eût été fouillé et saccagé, César fit appel aux nations voisines[250] : Ménapes, Trévires, Nerviens, Aduatiques et Rèmes[251] furent avisés par un message du proconsul qu’il leur ouvrait le pays des Éburons, et qu’il les invitait au pillage[252]. Ils se hâtèrent d’accourir en nombre[253]. Et, au signal donné, les Romains partant du centre et les Gaulois du pourtour, plus de cinquante mille hommes[254] s’élancèrent à la curée dans les fourrés des Ardennes.

Mais l’erreur commise trouva aussitôt son châtiment. En conviant les Barbares à cette dévastation, César supprimait les règles de la discipline politique qu’il voulait imposer à la Gaule : il rétablissait l’état de brigandage. Et, les passions humaines une fois déchaînées, il était à craindre qu’on ne les tournât contre lui. Un incroyable incident fit mesurer à César l’étendue de sa faute.

Du côté du Rhin, il n’avait dirigé aucune légion. Sur ce point, les Éburons étaient voisins des Sicambres. Ils apprirent le pillage et en voulurent leur part[255] : deux mille cavaliers passèrent le fleuve[256], enlevèrent quelques fugitifs et beaucoup de bestiaux[257], et, comme ils ne virent point de Romains sur leur route, ils poussèrent toujours plus loin, et s’approchèrent, sans le savoir, du camp de Cicéron[258]. Un des prisonniers leur révéla ce détail et l’absence de César[259] : A quoi bon, leur dit-il, butiner dans la forêt, quand on a devant soi toutes les richesses de l’armée romaine ? Et, guidés par lui, les Sicambres galopèrent vers le quartier général[260].

Ce malheureux camp de Tongres, sottement exposé aux abords des Ardennes et au débouché des routes du Rhin, fut donc surpris et attaqué une seconde fois. Cicéron, dit César, s’était ce jour-là départi de la prudence nécessaire[261] : cinq cohortes se trouvaient alors dispersées dans la campagne[262], il ne restait que deux à trois mille soldats et quelques malades[263]. Les Sicambres montèrent à l’assaut du camp. Ils allaient peut-être en avoir raison[264], lorsque les cohortes revinrent des champs[265]. Comme les Romains ne s’attendaient pas à voir l’ennemi, ils ne surent pas se mettre tous en rang de bataille ; et, si le plus grand nombre put percer jusqu’au camp[266], deux cohortes de conscrits se laissèrent investir et furent massacrées[267]. Le souvenir de Sabinus et de Cotta se présentait aux soldats assiégés et les glaçait d’épouvante. — Mais les Sicambres étaient trop peu nombreux pour commencer un siège en règle ; d’ailleurs, César revenait : ils regagnèrent le Rhin sans être inquiétés[268].

César revint en effet dans la nuit même de l’attaque, sept jours après le début des opérations. Ni lui ni ses légats n’avaient rencontré Ambiorix ; et il était arrivé, écrivit-il naïvement, cette chose admirable, qu’Ambiorix traqué avait failli réaliser le plus ardent de ses désirs, la destruction du camp de César lui-même[269]. Le proconsul blâma Cicéron de s’être si mal gardé[270]. Puis il repartit en campagne, distribuant à nouveau la tâche entre ses légions et les pillards du voisinage. La recherche recommença encore[271].

Les ruines s’amoncelaient autour des colonnes ; les villages s’écroulaient sous les flammes ; le feu détruisait les fermes et les granges[272]. On gardait ce qui valait la peine d’être pris, on détruisait le reste, les moissons étaient coupées ou saccagées ; et il ne restait plus sur le sol de quoi nourrir les hommes[273]. Mais Ambiorix était insaisissable. Toujours à cheval, suivi de quatre fidèles, il déjouait toutes les embûches, échappait à toutes les poursuites, ne craignait aucune trahison. On l’apercevait parfois fuyant à l’horizon ; les cavaliers de Rome se lançaient aussitôt au triple galop, et, au moment où ils pensaient l’atteindre, Ambiorix s’évanouissait comme un fantôme dans la profondeur d’un taillis ou d’une caverne[274]. Quelques jours après, il reparaissait loin de là, galopant avec son escorte éternelle[275], pareil au veneur mystérieux qui dirigeait dans les Ardennes la chasse invisible des dieux[276].

Il fallut à la fin abandonner ce pays, où il ne semblait plus rester qu’Ambiorix et ses quatre compagnons. César renonça à sa victime, et .ramena à Reims toute son armée[277] (septembre[278]). Derrière les légions en retraite, Ambiorix attendit le moment de reformer son peuple et de l’armer à nouveau.

 

XI. — CÉSAR REVIENT EN ITALIE.

A Reims, César termina par une nouvelle faute cette campagne stérile de représailles. L’assemblée d’automne s’y réunit[279] : il y déféra les affaires des Sénons et des Carnutes. Au lieu de pardonner aux Celtes, il institua une procédure en règle[280], qui fit ressembler le conseil gaulois à un jury romain, présidé par un préteur. Accon le Sénon, reconnu coupable, fut condamné à mort, et la sentence s’exécuta suivant la coutume romaine, par le supplice des verges[281]. D’autres accusés avaient pris la fuite ; on leur interdit l’eau et le feu[282] : cette formule, prononcée peut-être par César en latin, entraîna l’exil et la perte des biens. Ce fut la première fois sans doute qu’il jugea les indigènes en proconsul, exerçant sur eux ce droit du glaive qu’il tenait du peuple romain. Et dès ce jour, les Gaulois estimèrent que l’état de servitude pesait sur leurs peuples.

César s’imagina qu’ils l’acceptaient, et, une fois de plus, il annonça le silence de la Gaule[283]. Après tout, l’illusion était possible. La plupart des nations avaient eu, cette année, le désir de se révolter ; des chefs décidés s’étaient offerts à elles ; les malheurs des camps légionnaires faisaient craindre de plus graves défaites. Et cependant, le proconsul n’avait eu à combattre que trois ou quatre peuples de la frontière, toujours les mêmes, et les plus étrangers à la vie gauloise. Chez les Belges, chez les Celtes, on s’en était tenu à quelques intrigues sans durée. César put croire que la Gaule ne sortirait plus de son repos habituel.

Les dix légions furent installées, cette fois, assez loin du Rhin, de la mer et du nord. Deux seulement restèrent en Belgique, à la frontière trévire[284] ; deux campèrent chez les Lingons[285], alliés de Rome, et voisins de la Saône ; le quartier général, avec les bagages, les archives, les otages, fut placé à Sens sous la garde de six légions[286]. Labienus, comme à l’ordinaire, reçut le commandement suprême de l’armée que César laissait en Gaule[287]. Jamais, depuis le passage du Rhône, elle ne s’était trouvée plus près du fleuve et des routes du Midi[288]. Nous ne savons pas quels étaient alors les projets de César ; mais il semble bien que son ambition ne menaçait plus les Barbares du Nord, et qu’elle regardait enfin Rome et l’Italie.

Il était temps pour César de s’inquiéter des affaires du sénat et du forum[289]. Depuis dix-huit mois qu’il n’avait point paru au sud des Alpes, son renom était singulièrement tombé. Les dernières campagnes, sans grand succès et sans gros profit, pleines d’hésitations, d’imprudences et de hontes même, faisaient oublier ses conquêtes d’autrefois, et nul n’osa, au sénat, proposer des actions de grâces. Ses complices disparaissaient ou s’éloignaient de lui ; la mort de Crassus rompit le pacte de Lucques[290] ; celle de Julie avait dénoué le lien qui unissait. César à Pompée[291] ; Clodius, l’ancien agent du proconsul, n’était plus qu’un vulgaire fauteur d’émeutes[292]. Cicéron, depuis l’échec des beaux projets sur la Bretagne et les dangers courus par son frère, n’éprouvait plus la même tendresse pour le vainqueur des Gaules[293] ; et, maintenant que le mirage de la victoire était dissipé[294], beaucoup s’éloignaient de ce ramassis de corrupteurs et d’insurgés qui se groupaient autour de César. Tout naturellement, on se rapprochait de Pompée[295] : malgré son alliance avec le proconsul, il ne s’était point compromis dans les pires affaires ; lui seul, depuis trois ans, réussissait à maintenir un peu de calme à Rome et en Italie[296], et l’influence prestigieuse de son nom ressaisissait les peuples[297] dans le temps même où la défaite ternissait celui de son rival. Caton, enfin, demeurait sur la brèche, toujours prêt à darder ses boutades contre César, démasquant les ambitions et les mensonges du conquérant, tenace et colère dans sa haine, mais voyant clair et frappant juste, si bien que le sublime entêté avait fini par devenir populaire et passer grand homme[298].

César sentait donc arriver le jour où il n’aurait plus pour lui que la force de sa merveilleuse armée. De Ravenne, où il s’était rendu, tout près du Rubicon qui marquait sa frontière et qu’il ne pouvait franchir, il suivait avec inquiétude les évènements de Rome, et chaque jour lui arrivaient de plus mauvaises nouvelles[299]. Le plus connu de ses complices, Clodius, fut tué dans une bagarre (30 décembre ?[300]) ; l’émeute ensanglanta les rues[301] ; pour rétablir l’ordre, Caton, laissant là ses rancunes contre l’ancien ami de César, s’adressa franchement à Pompée[302], le seul honnête homme qui pût commander à des légions et en imposer à la populace sans mettre en péril la liberté de la patrie[303]. Il réconcilia le sénat avec le vieil imperator[304], et celui-ci reçut d’abord des pouvoirs extraordinaires[305] et fut ensuite nommé consul sans collègue[306] : ce qui fit de lui, pour quelques mois, le maître absolu dans l’Italie et le chef de l’empire. Pompée rassembla aussitôt les recrues, les appela même de la Gaule cisalpine, la province de César[307] On aurait dit que tous les chefs de Rome, le sénat, Pompée et Caton, se préparaient à ne plus craindre le proconsul des Gaules.

Or, durant ce même hiver où les adversaires romains de César se groupaient autour de leur consul, la Gaule toute entière se leva enfin contre lui, sous les ordres d’un seul chef.

 

XII. — LA CONJURATION GÉNÉRALE.

De toutes les raisons de détester Rome qui, en 54, avaient poussé à la révolte Carnutes, Sénons, Trévires, Éburons et Nerviens, aucune ne perdait de sa force. Le proconsul, loin d’adoucir par sa bonté le regret de l’indépendance et de la gloire, prenait à cœur de le rendre chaque jour plus cuisant et plus légitime. A ces Gaulois épris des lointaines batailles et des gestes héroïques, il n’offrait que de lamentables chevauchées contre les peuples parents de la Bretagne, ou de vulgaires pilleries chez les tribus amies des Éburons : les tâches qu’il leur imposait ressemblaient à des actes de trahison. Les plus heureux de ses auxiliaires furent les mille cavaliers qu’il envoya contre les Parthes avec le jeune Crassus[308] : et là-bas, au bout du monde, les Gaulois furent superbes d’entrain et de courage[309]. Autour de César, ils n’avaient pas le cœur à la besogne. Dans leurs cités, lui ou ses hommes s’étaient arrogé le droit de juger et de condamner, et l’aristocratie des Sénons payait de la mort ou de l’exil le crime d’avoir chassé son tyran : les châtiments que la tradition infligeait aux usurpateurs[310], voilà que le proconsul les retournait contre les amis de la liberté. Et ce supplice d’Accon parut beaucoup plus grave que les méfaits antérieurs[311].

Le Gaulois, comme le Grec, relevait de deux patries. Il était un homme de la Gaule, et cette patrie et ce nom représentaient pour lui des choses anciennes et sacrées, le monde conquis autrefois, de victorieuses fraternités d’armes, les poèmes des prêtres, les hymnes des bardes, de grandes assemblées où les foules se réunissaient pour des pensées et des prières communes[312]. Mais, autant et plus que la Gaule, un Éduen ou un Arverne aimait sa nation ou sa cité, aux vieilles lignées connues de tous, aux sources et aux seuils pratiqués dès l’enfance, aux villes pleines d’amitiés, de luttes et d’habitudes, aux lois et aux magistrats que les citoyens faisaient et défaisaient au gré de leurs caprices, comme un enfant détruit et répare ses jouets familiers[313]. De ces deux patries, beaucoup se résignaient déjà à perdre la première, trop vaste et trop vague, et depuis longtemps affaiblie par les dissensions entre peuples. Mais c’était à la condition qu’on ne touchât pas à. leur cité, qu’on laissât les hommes se gouverner ou se révolter à leur guise. Et si les Éduens et d’autres avaient gardé une telle amitié pour César, c’est que leur patrie propre demeurait libre et puissante : ils avaient volontiers acheté par l’esclavage de toute la Gaule l’indépendance de leur nation. Mais la procédure des jours de Reims montrait que cette indépendance n’était plus qu’un vain mot. Le sort d’Accon, exécuté à coups de verges comme un déserteur d’armée romaine, pouvait devenir le sort de tous les nobles qui déplairaient[314]. Le grand nom de Gaule, les libertés des nations, la vie même des hommes, tout cela était indifférent au proconsul. Qu’on dressât le bilan des meurtres et des esclavages qu’il avait ordonnés depuis six ans, et on verrait qu’à tout prendre César n’avait travaillé que pour sa gloire, victimaire de sa seule Fortune.

Les Gaulois ne cessèrent, durant l’automne, de se lamenter sur la misère de tous[315]. Les hommes en discutaient dans les champs de foire et aux jours de fêtes[316] ; les nobles s’en entretenaient dans les rendez-vous mystérieux qu’ils se donnaient au fond des bois[317] On parlait aussi de peuple à peuple, et les chefs des cités voisines délibéraient entre eux pour une résolution commune[318]. A vrai dire, les colloques n’avaient point cessé depuis les journées d’Ambiorix[319]. Mais les projets prirent enfin corps au début de l’hiver.

Si les évènements de Gaule mirent le comble à la colère, ceux d’Italie réveillèrent les courages. On apprit bientôt l’arrivée de César à Ravenne, les troubles politiques qui l’y retenaient[320]. Entre le proconsul menacé par le sénat et Labienus bloqué par les Gaulois, il y aurait des montagnes couvertes de neige, des fleuves débordés, aucune garnison pour protéger les étapes, tous les périls et toutes les trahisons de la route : la saison et Rome elle-même venaient en aide aux conjurés[321].

Enfin, cette fois, la cause de la liberté reçut l’adhésion des nations les plus célèbres et des chefs les plus puissants[322] : Comm l’Atrébate était prêt à abandonner César[323], et avec lui Vercingétorix l’Arverne, fils de Celtill[324]. Celui-là amenait à la conjuration ses nombreux amis de la Belgique[325], et celui-ci lui apportait l’influence de la nation et de la famille qui, avant l’arrivée de César, avaient été souveraines dans la Gaule entière.

Tous les peuples, évidemment, n’y prirent point part. Quelques-uns, comme les Rèmes et les Lingons, demeuraient obstinément fidèles à César[326]. Les Éduens et les Bituriges leurs alliés se tinrent sur la réserve[327], sans doute aussi les Séquanes, les Santons et d’autres encore[328]. Une entente ferme ne se conclut d’abord qu’entre les peuples du Centre et de l’Ouest, Armoricains et Aulerques d’une part, et, de l’autre, les cités du val de Loire, Carnutes, Turons et Andes, puis lés Arvernes et leurs voisins du plateau Central, Cadurques et Lémoviques, et plus loin, un peu en l’air, les Parisiens et les Sénons[329]. Il est d’ailleurs possible que ces peuples fussent liés de longue date par des relations religieuses et politiques, et que la plupart d’entre eux aient formé l’ancien parti des Arvernes ou de Celtill. En tout cas, l’absence des Eduens, si elle enlevait à la conjuration son caractère universel, lui donnait plus de sécurité et de force. La ligue des insurgés n’offrait pas d’éléments disparates, et il serait plus facile d’obtenir te consentement de tous à la souveraineté d’un peuple et d’un homme. Et nul ne pourrait y contester le premier rang, comme nation, aux Arvernes, et comme chef, à Vercingétorix.

Aussi la marche de l’insurrection fut-elle très rapide et très ordonnée. Après les pourparlers locaux eut lieu l’assemblée générale des conjurés[330]. Elle se tint sans doute chez les Carnutes[331], au centre de toute la Gaule, et peut-être dans le lieu sacré où les druides célébraient leurs mystères[332]. On avait près de soi les enseignes militaires des nations[333] : les chefs délibérèrent à la vue et sous la protection des signes respectés qui avaient conduit les peuples à la victoire. Un cérémonial émouvant[334] enveloppait les hommes et la terre.

Les dernières résolutions furent arrêtées. On décida le jour de la prise d’armes[335]. Les Carnutes s’offrirent à donner le signal, que tous promirent de suivre aussitôt[336]. Il fallait aussi indiquer le chef qui enverrait les premiers ordres et fixerait les rendez-vous militaires : on choisit le fils de Celtill, l’Arverne Vercingétorix, et les autres lui engagèrent leur foi[337]. — Les enseignes militaires furent alors rapprochées, et, sur ce faisceau divin qui signifiait leur concorde, tous les Gaulois jurèrent d’obéir au signal[338].

Pour la première fois depuis la défaite de Bituit, le peuple romain et le nom gaulois allaient se heurter dans une lutte solennelle. Tout dépendrait de la valeur du chef que les Celtes avaient choisi pour combattre César[339].

 

 

 



[1] Herm. Müller, Die Marken des Vaterlandes, I, 1837, p. 54 et s. ; Jacques-Dupureux et Malengreau, Annales du Cercle archéologique de Mons, X, 1871, p. 490-476 ; Bergk, Zur Geschichte und Topographie der Rheinlande, 1882, p. 23 et suiv.

[2] César, II, 1 ; III, 8, 4 ; 10, 3 ; 17, 4 : IV, 5, 1 ; 6, 3-5 ; V, 5, 4 ; 6, 4-6.

[3] Cf. Florus, 1, 45 [III, 10], 21.

[4] Services rendus par les Sénons et sans doute les Carnutes en 57.

[5] Cf. César, VII, 5, 2.

[6] Cf. V, 6, 2 ; 7, 9.

[7] Vercingetorix, Celtilli filius, Arvernus, summæ potentiæ adolescens, etc. (VII, 4, 1). Je ne peux lui donner plus de trente ans à cette date, 52.

[8] Cf. VII, 4, 1 et 2.

[9] VII, 57, 3.

[10] Cf. César, III, 18, 6 : 19, 6.

[11] César, V, 25, 1-3 (Carnutes) ; 51, 2 (Sénons).

[12] V, 26, 2 ; 55, 1.

[13] V, 26, 1 ; V, 24, 4 ; VI, 31, 5.

[14] Cf. V, 27, 1 : Q. Junius ex Hispania quidam, qui jam ante [avant 54], missu Cæsaris, ad Ambiorigem ventitare consuerat. Ce Q. Junius doit être le chef des cavaliers espagnols qui se trouvaient dans le camp (26, 3).

[15] VI, 30 ; 43, 4-6.

[16] Cf. V, 32 ; 34 ; 35.

[17] Cf. V, 38, 2-4.

[18] Cf. V, 27 ; 37, 2.

[19] V, 27 et suiv.

[20] V, 38, 1 ; VI, 30, 3-4 ; 43, 4-6.

[21] VI, 43, 4-6.

[22] Cf. VI, 31, 1-4.

[23] VI, 31, 5 ; V, 24, 4.

[24] Cf. V, 39, 3, et II, 4, 10 : Pænani (Famenne ?), Cærcesi (Prüm ?), Concirusi (Condroz). Ces derniers semblent s’être séparés d’Ambiorix (VI, 32, 1) ; de même, les Segni (Ourthe supérieure ?).

[25] V, 38.

[26] Cf. VI, 5, 4 et suiv. ; 31, 3.

[27] Cf. VI, 7, 3 ; 9, 8 ; 35, 5 et suiv. ; V, 27, 8.

[28] Cf. V, 27, 4-6 ; 53, 4-5.

[29] V, 53, 6.

[30] Cela résulte de ce qui se passera l’hiver suivant.

[31] Cf. III, 17, 4 ; V, 55, 3 ; VII, 4, 3 ; VIII, 30, 1.

[32] V, 24, 1 et 6.

[33] In Esuvios, V, 24, 2 ; 21, 7 ; 53, 6. À voir l’insistance avec laquelle César dit de cette région pacatissimam et quictissimam (ce qui était faux, 53, 6), on devine qu’on a dû lui reprocher d’exposer si loin cette légion, jeune encore. — A Séez ? (cf. von Gœler, p. 170 ; Napoléon III, p. 226).

[34] Lorsque César dit que tous ces camps, sauf celui de Roscius, minibus passuum centum continebantur (24, 7), cela veut dire, soit un rayon de cent milles, c’est-à-dire deux cent milles entre les plus éloignés, du pays de Beauvais à Tongres, soit une distance maxima de cent milles entre deux camps, par exemple d’Amiens à Binche. — Des communications très rapides et régulières étaient établies, semble-t-il, entre les camps.

[35] V, 24, 2 ; 46, 3 ; 47, 3. — A Boulogne (des Boches, p. 357) ; à Saint-Pol (Napoléon III, p. 226) ; à Doullens (von Gœler, p. 170) ; on a songé aussi à Thérouanne, à Cassel et à Estaires. Je crois plutôt vers Frévent sur la haute Canche, à la frontière des Morins.

[36] V, 24, 3 ; 46, 1 ; nommé pour la première fois, a dû remplacer son frère puîné, parti pour la guerre contre les Parthes ; était alors ou allait être questeur. — Montdidier, proposé par von Gœler et Napoléon III, me parait trop près et chez les Ambiens ; de même, Boye (d’Allonville, p. 67 et s.). Il faut chercher à 25 milles d’Amiens (V, 46, 1), à la frontière bellovaque, peut-être vers Froissy dans la direction de la Seine (route de Beauvais et Paris) ; on a songé aussi à Crèvecœur et à Vendeuil, qui sont possibles.

[37] César dit in Belgio ou in Belgis (V, 24, 3, la correction Bellovacis est à rejeter) ; mais il est difficile, puisque Crassus était chez les Bellovaques, et que Plancus était sans doute plus près des Carnutes, que celui-ci ne fût pas sur l’Aisne. — On a supposé Champlieu (Napoléon III, p. 226), et, avec plus de raisons, les environs de Soissons (von Gœler).

[38] V, 24, 3, rapproché de V, 47, 2.

[39] V, 24, 2. A Mouzon.

[40] V, 24, 2. A Binche ? C’est la nouvelle du départ de Quintus pour son camp qu’apprend Cicéron (Ad Q., III, 8, 2).

[41] A Tongres.

[42] Cela résulte du fait qu’il devait y avoir une XIVe légion depuis 57 et qu’en 54-3, il créa une nouvelle légion de ce numéro (VI, 32, 5).

[43] V, 24, 4.

[44] Ceci est une hypothèse, mais, comme ces cinq cohortes ne font point partie des légions, ce ne peuvent être que des nouvelles recrues.

[45] Cf. p. 378 et s. ; V, 24, 4 et 5. Tous deux ont déjà été associés par César (IV, 22, 5). Ce sont, avec Labienus, les seuls légats de 58-57 qui restent. Brutus, qui n’est plus nommé en 55, 54, 53, mais revient en 52, devait être retourné à Rome. — Les fautes de César, bien notées par Bayon, p. 65-7.

[46] V, 24, 8.

[47] V, 24, 8.

[48] V, 25, 1 et suiv.

[49] V, 25, 1 (en 54) ; VI, 2, 3 (en 53) ; VII, 2, 1, et 3, 1 (en 52) ; VIII, 4, 2 (en 51).

[50] Dans l’hiver de 52-51.

[51] VII, 63, 7 ; V, 25, 2 ; IV, 21, 7.

[52] Cf. Lucain, I, 444 et suiv.

[53] Lucain, I, 447 et suiv. ; Tacite, Hist., IV, 54.

[54] V, 25, 1-3.

[55] Cf. V, 25, 4 ; 54, 2.

[56] V, 25, 4. Elle dut s’installer à Orléans (cf. VIII, 3, 1 ; VIII, 5, 2).

[57] V, 25, 5. La correspondance de Cicéron (cf. Ad fam., VII, 16, 3 ; Ad Q., III, 8, 2 et 3) semble bien indiquer une incertitude sur les projets de César.

[58] Ce qui explique, ce me semble, qu’il ne part pas, alors qu’Ambiorix et les légats, ignorant cette nouvelle circonstance, le croient parti (V, 29, 2). Il semble bien qu’un autre récit ait circulé à Rome, que César était déjà parti lorsqu’il reçut la lettre de Cicéron ; Dion, XL, 4, 2 ; 9, 1 ; Plutarque, César, 24 ; Appien, Celtica, 20. Peut-être, après tout, reçut-il la lettre de Cicéron à quelques milles d’Amiens, le jour de son départ.

[59] On peut supposer la dislocation vers le ter octobre, l’arrivée des légions dans leurs campements du 2 au 10, vers le 10 le meurtre de Tasget, vers le 15 la nouvelle donnée à César de ce meurtre et de l’hivernage des légions, et le départ de Plancus. Il voulut sans doute attendre au moins jusqu’au 31 la nouvelle de l’enquête. On peut placer le massacre des légats vers le 21 (15 jours après l’arrivée au camp, 26, 1), et l’attaque de Cicéron vers le 23. César ne fut prévenu que 8 à 9 jours plus tard, soit vers le 31.

[60] V, 26, 2 ; 27, 4-6 ; 47, 4.

[61] V, 29, 2. Il semble qu’elle leur soit arrivée autrement que par César, et que ce dernier ait commis l’imprudence de ne pas mettre aussitôt en garde ses légats.

[62] Que Tongres soit Aduatuca (mss. α ; Aduatuca, mss. β, c’est ce qui me paraît certain : 1° Aduatuca est le nom de Tongres à l’époque romaine (cf. C. I. L., XIII, 1, p. 574) : 2° les Tungri, dont elle prendra le nom, sont les héritiers des Éburons (cf. C. I. L., XIII, I, p. 574), et peut-être le même peuple sous un autre nom ; 3° Tongres est bien, comme Aduatuca, fere in mediis Eburonum finibus (VI, 32, 4) ; 4° de l’Aduatuca d’Ambiorix partaient des routes vers la Meuse de Namur, la Meuse de Mouzon, l’Océan, l’Escaut et le Rhin (V, 27, 9 ; 37, 7 ; 38, 1 ; 39, 1 ; VI, 33, 1-2 ; 35, 6-10), et je ne trouve pas de meilleur carrefour que Tongres ; 5° la fertilité du pays explique que César en ait fait un centre de ravitaillement. — Ceux qui ont objecté, contre le choix de Tongres, que cet emplacement n’a pas de défenses naturelles, et que César (VI, 37, 4-5) parle de celles du camp, oublient que Tongres est en partie entourée de marécages. — Pour Tongres, voyez, outre les anciens géographes : Roulez, Nouv. Mém. de l’Acad. de Bruxelles, XI, 1838, Examen, etc., p. 5 et suiv. ; Roulez et Wauters, Bull. de l’Ac. de Belg., XXXIe a., IIe s., XIII, 1862, p. 385 et 400 ; Wauters, id., XXXIIe a., IIe s., XVI, 1863, p. 213 et suiv. ; Gauchez, Ann. de l’Ac. d’Arch. de Belg., III° s., VIII=XXXVIII (Topogr. des voies), 1882, p. 146 ; Gantier, p. 341 et suiv. — C’est Limbourg, après Tongres, qui a le plus de partisans. Mais : 1° César aurait-il fait camper ses légions au delà de la Meuse ? 2° je ne vois pas les fugitifs gagnant de là le camp de Labienus à travers les montagnes et les bois. Pour Limbourg : von Gœler, 2° éd., p. 174 ; von Veith, Monatsschrift de Pick, IV, 1878, p. 419 et suiv. ; Harroy, Les Éburons à Limbourg, Namur, 1889. — On a proposé, avec assez de succès, le plateau d’Embourg près de Liège : von Cohausen ; d’après lui : Grandgagnage, Bulletins de l’Ac.... de Belgique, XXXIe a., IIe s., XIV, 1862, p. 393 et suiv. ; XLIIIe a., IIe s., XXXVII, 1874, p. 117 et suiv. ; XXXIIe a., IIe s., XV, 1863, p. 457 et suiv. ; XVI, 1863, p. 202 et suiv. ; van Kampen, pl. 8 ; mais jamais César n’eût fait bâtir un camp en pareil endroit. — Wittem entre Maëstricht et Aix-la-Chapelle : Dewez, Nouv. Mém., 1822, p. 263. — Houthem près de là : Sarrette, Quelques pages ; cf. Jacques-Dupureux, Annales du Cercle archéologique de Mons, X, 1871, p. 465. — Aix-la-Chapelle : de Vlaminck et autres. — Voroux au nord de Liège : B[ært], p. 8. — On a même proposé : Vieux-Virton (Henrard, Jules César et les Éburons, p. 35, dans les Mém. couronnés... p. p. l’Acad. de Belg., coll. in-8°, XXXIII, 1882) ; Amberloup sur l’Ourthe (Hock, p. 74) ; le camp de Mazy près de Gembloux (Fréret, Ac., p. 456) ; etc. — Et on l’a identifiée avec l’oppidum des Aduatiques.

[63] V, 26, 2-3 ; Dion, XL, 5, 1-2.

[64] V, 26, 2 ; 28, 5. Tongres est au centre d’une région fromentière (cf. VI, 33, 4 ; 36, 2).

[65] V, 26, 4.

[66] V, 27 ; 28, 1-2 ; Dion, XL, 5, 2-3.

[67] V, 28, 3-6.

[68] V, 29.

[69] V, 30 ; 31, 1-3.

[70] Cette direction résulte de 37, 7. Elle s’explique par le fait que Labienus commandait en l’absence de César.

[71] V, 31, 4-6 ; le άρ' έσπέρας de Dion, XL, 6, 1, parait une inadvertance de l’auteur ou d’un copiste.

[72] V, 31, 6 ; 33, 3 et 6.

[73] V, 32, 1. La route du camp de Labienus, vers le sud-ouest, ne peut être que la vieille chaussée dite chaussée verte ou de Huy (Hooische katzy), qui passe le Geer (Jeker) un peu au delà de Koninxheim.

[74] Les Romains, au 4e kilomètre, le Geer passé, commencent à monter, ascensu ; ils sont dans un large vallon, magnum convallem, dominé par des hauteurs boisées (V, 32, 1-2). Ils sont, semble-t-il, dans le bas-fond du Geer, dans le vallon de Lowaige ; les Barbares, dans les collines qui le dominent, aujourd’hui dénudées, autrefois boisées : et il est curieux de remarquer que ces bois, la forêt de Russon (silva Rutis), étaient célèbres par leurs embûches dans les légendes chrétiennes (Vita s. Evermari, Acta sanctorum, 1er mai, I, p. 124 et 127). — Cet emplacement du combat a été bien indiqué par Driesen (Bulletins de l’Acad.... de Belgique, XXXIIe a., IIe s., XV, 1863, p. 476 et s ; id., XVI, p. 221 et suiv. ; d’après lui, Creuly, Carte, p. 37 et suiv., Napoléon III, p. 227). — Ceux-ci font suivre aux Romains la rive gauche du Geer, et y placent l’attaque, entre Koninxheim et Lowaige : il nie semble qu’ils n’ont pu suivre ce bas-fond, plus ou moins marécageux, et qu’ils ont dû franchir le Geer après Koninxheim, et alors, par la vieille chaussée (ici, n. précédente), commencer à monter, puis être attaqués aux carrefours des sentiers de Russon à Lowaige, et c’est d’ailleurs de ce côté que les textes du Moyen Age placent la forêt terrible. Évidemment, les expressions de César sont un peu fortes pour ce pays et font songer à un sol plus accidenté. Mais, outre le comblement des terres de la vallée et la mise en culture générale du pays après défrichement, n’oublions pas que César décrit par ouï-dire, et que dans ces cas d’attaque subite le soldat exagère toujours l’impression que lui font les difficultés du terrain. — Avant Driesen, on songeait surtout au vallon de Frecren sur la route de Liège (Fuss, Recherches, etc., Bulletin de la Soc. scient. et littér. du Limbourg, Tongres, II, 1854, p. 175). — Sur l’origine du récit de César, Adami, Liegt der Schilderung... der Bericht eines Augenreugen zu Grunde ? (progr. de Lambach, 1903) : il viendrait du rapport de Q. Junius.

[75] 33, 1 et 6.

[76] 33, 2.

[77] 33, 3 et 4. Sans doute à la bifurcation, près du Geer, de la chaussée et du chemin de Russon. — Je ne comprends pas pourquoi César n’approuve pas entièrement la manœuvre, sous prétexte qu’elle pouvait décourager le soldat : je n’en vois pas d’autre.

[78] Cf. 34, 2.

[79] Cf. 34, 1.

[80] 34, 2.

[81] 34, 3-4. Dion semble dire (XL, 6, 2) qu’Ambiorix était loin du combat.

[82] V, 35.

[83] V, 35, 5.

[84] V, 35, 1-2.

[85] V, 36, 3 : c’était la règle.

[86] V, 37, 1.

[87] V, 37, 1-3 ; Dion, XL, 6, 2, qui ajoute qu’Ambiorix le fit dépouiller de ses vêtements, et percer de traits, en disant : Étant tels que vous êtes, osez-vous commander à des hommes comme nous ? allusion peut-être à quelque différence de taille ou de corpulence.

[88] V, 37, 3-4.

[89] 37, 4-6 ; Dion, XL, 6, 3.

[90] 37, 7 ; de Tongres à Mouzon par la chaussée de Huy, Marche ou Ciney, Bouillon et Sedan ? per silvas, les bois des Ardennes entre la Semoy et la Meuse ? — Les nombreuses monnaies romaines, antérieures à 54, trouvées aux abords de Tongres, se rapportent à ce désastre, et c’est une preuve de plus en faveur de cette ville (Huybrigts, Tongres et ses environs, Tongres, 1901, p. 49 ; le même, La Tourie, 1907, p. 1 et suiv., extrait du Congrès arch. de Gand).

[91] Cf. Plutarque, César, 24 ; Lucain, 1, 428-9 ; Suétone, César, 25, 2.

[92] Le camp de Cicéron est : 1° chez les Nerviens (V, 38), 2° sans doute à une certaine distance de la frontière du côté est (Gosselies) (V, 39, 1), 3° à environ 50 milles, 75 kilomètres, de Tongres (27, 9), 4° à environ 60 milles, 90 kilomètres, du camp de Labienus à Mouzon (V, 53, 1), 5° à plus de 2 jours de-la frontière ouest (Bapaume) du côté d’Amiens, soit environ 50 milles (V, 48). Je cherche donc à mi-route directe de Tongres à Bapaume, et je placerai, hypothétiquement, le camp à Binche, d’où, je crois, part une vieille route vers la Meuse. On trouvera autour de Binche, du côté de la route de Bavai, la vallée (val d’Estinne) qui sépare César des ennemis (V, 49, 5), la hauteur où il campe et d’où il combat (prés d’Estinne-au-Mont, 49, 6), et, sur les côtés, au sud les forêts et au nord les marécages où se réfugient les ennemis (52, 1). On remarquera aussi,. en faveur de Binche, ses analogies avec Tongres : même situation sur la grande route du Nord, d’Amiens à Cologne, toutes deux sur des mamelons d’égale dimension, bordés de vallons marécageux ou de ruisseaux, et toutes deux au centre de bons pays agricoles. — La grosse objection contre cet emplacement est sa distance de Tongres, 100 kilomètres au lieu de 73, et sa distance du camp de Labienus, 120 au lieu de 90. Mais, outre que ces distances sont indiquées par César comme approximatives, il est à noter qu’elles sont données, non pas directement par César, mais par les Gaulois : ce qui a fait supposer qu’il s’agit de lieues, non de milles (Roulez, Nouv. Mém.... de Belg., XI, 1838, Examen, p. 16). De plus, comparez V, 53, 1, à VII, 3, 3, et vous verrez que le chiffre de 60 milles, entre les camps de Cicéron et de Labienus, est évidemment trop faible. — Les environs de Binche (Waudrez) ont été mis en avant par Wendelin, Leges Salicæ, Anvers, 1649, p. 75. Mais Binche même n’a été indiquée que vers 1863, et d’abord, je crois, par van der Elst (Documents et Rapports de la Soc. paléont. et arch. de Charleroi, I, 1863, p. 127-134), suivi par Lejeune (id., p. 149-150, et Hist. de la ville de Binche, Binche, 1887, p. 20 et suiv.). — Autres hypothèses : Sosoye ou Montaigle (Hock, p. 99 ; etc.) ; Mons (Devez, 1822, p. 240) ; Villers-sire-Nicole (Sarrette) ; Rouveroi (Jacques-Dupureux, Cercle de Mons, X, 1871, p. 462) ; Sombreffe ; Gembloux (Creuly, Carte, p. 7) : Thuillies ; Charleroi (Napoléon III, p. 236 et suiv.) ; le château de Namur (von Gœler, 2e éd., p. 170 ; van Kampen, pl. 8 ; von Veith, Monatsschrift de Pick, V, 1879, p. 275 et suiv.) : Bavai ; Berlaimont ; Rèves près de Nivelles (Gantier, p. 274 et suiv.) ; Castres près de Bruxelles (B[ært], p. 4 et suiv.) ; Assche près de Bruxelles (des Roches, p. 357 ; Galesloot, Mém. couronnés ... par l’Acad. roy., série in-4°, XXI, 1846-1847 ; etc.) ; Tournai ; Avesnes ; Oudenarde ; etc.

[93] V, 38, 1 et 2. Route de Tongres à Bavai ?

[94] V, 38, 1.

[95] V, 38, 2-4 ; 5, 1 : colloque à la frontière nervienne, à Gosselies ?

[96] V, 39, 1 et 2. Ici se place l’appel des Nerviens à leurs clients, Ceutrones, Grudios, Levacos, Pleumoxios, Geidumnos (39, 1), cités nulle part ailleurs.

[97] 39, 2-4 ; Dion, XL, 7, 1 : il y eut quelques travailleurs romains surpris dans les bois, vers la route de Tongres ? (Ressaix, Epinois, Mont-Sainte-Aldegonde ?).

[98] 39, 3-4 ; 40, 1-2.

[99] 39, 4 ; 49, 3-5.

[100] V, 41 : la négociation fut faite non par Ambiorix, mais par les Nerviens, auxquels il avait dû, sur leur territoire, laisser la direction des affaires ; Dion (XL, 7, 1-2) nomme Ambiorix.

[101] V, 40, 7.

[102] 41, 7 ; Dion, XL, 7, 2.

[103] 40, 1.

[104] 40, 2 et 6. Sans doute très rapprochées et réunies par des ponts.

[105] 40, 5.

[106] 40, 5 et 7.

[107] Aidés par des prisonniers, et guidés par leur expérience des camps romains (V, 42, 2 ; Dion, XL, 7, 2). César ne nomme pas Ambiorix ; Dion lui attribue tout, et rappelle qu’il avait fait campagne avec les Romains : ce qui peut être un travestissement du texte de César, mais ce qui peut être une vérité.

[108] V, 42. Les lignes d’investissement avaient 15.000 pieds de tour (si l’on accepte XV des mss. α ; X, puis XV, dans les mss. β : 42, 4). On peut discuter sur X et XV : mais, comme ces lignes touchaient de très près, au moins par endroits, le camp romain (cf. 43, 6), et qu’on ne peut supposer à ce camp plus de 10.000 pieds, 750 mètres de front (encore ce chiffre est-il excessif), il faut maintenir pedum. — Si le camp est à Binche, la ligne des anciens remparts, environ 1730 mètres (Lejeune, Hist., p. 10), peut correspondre à celle du Mitan romain. Et, en mettant à 15.000 pieds la ligne d’investissement, on pourra la faire passer par le faubourg de Mons, la chapelle au sud du faubourg Saint-Jacques, Waudreselle, la ferme de Mahy-Faux et la ferme des Pastures. — Je placerais volontiers le campement gaulois à l’est, entre les ruisseaux de la Samme et du Masy.

[109] 42, 3.

[110] 42, 4.

[111] V, 43, 1 : Ferventes fusili ex argilla glandes : argile pétrie avec de la houille (Raumer [écrit vers 1830], Blätter für das Bayer. Gymnasialschulwesen, XVII, 1881, p. 255-6 ; Napoléon III, p. 238) ; argile chauffée à blanc (von Gœler, 2e éd., p. 191) ; ce qui nous ferait préférer l’opinion de Napoléon, c’est que les Nerviens habitent, comme il le remarque, en plein pays houiller. Ce passage a occupé tous les commentateurs depuis de Vigenere (p. 593) et avant.

[112] V, 43, 1-5.

[113] 43, 4.

[114] V, 44.

[115] 43, 6-7. — L’attaque de la tour, supposant une sorte de terrasse de niveau avec le pied des remparts, a pu se faire (quodam loco) par le côté nord de Binche, vers Battignies (porte de Bruxelles), qui est de beaucoup le côté le plus accessible, n’étant pas protégé, comme les autres, par des eaux et des vallons.

[116] 43, 5.

[117] Cf. 43, 6. Tous ces détails me paraissent prouver que le camp n’était pas sur une hauteur fort élevée.

[118] 43, 5 ; Dion, XL, 7, 3.

[119] 40, 1 ; 45, 1 ; Dion, XL, 8, 1.

[120] Il s’agit de l’esclave d’un Nervien nommé Vertico, demeuré fidèle, V, 45, 2 et 3 ; Dion, XL, 8, 2.

[121] 46, 1, rapproché de 47, 2.

[122] Il semble que l’esclave soit parti le 7e jour du siège, à la faveur de la défaite des Nerviens, et soit arrivé le lendemain à Amiens.

[123] 46, 1 ; cf. 47, 2.

[124] 46, 3 : il lui donna rendez-vous in Atrebatium fines : en effet, la route d’Amiens à Bavai coupe l’extrémité du territoire des Atrébates avant Bapaume.

[125] 46, 4.

[126] 47, 1-2.

[127] 47, 3 : à 20 milles d’Amiens (cf. 47, 1) : sans doute entre Albert et Bapaume, à la frontière commune des Ambiens et des Atrébates.

[128] 47, 4-5. S’il a reçu la lettre de Labienus, comme le semble indiquer le récit, au moment où il a rencontré Fabius, et si c’est une réponse à son ordre, cette réponse est arrivée 24 heures après l’envoi du message de César, les courriers ont donc fait en ce temps plus de 450 kil. (le double de la distance d’Amiens à Mouzon). Cela suppose un très bon service de relais entre les camps, soit près de 20 kil. à l’heure.

[129] Remarquez qu’aucune fête n’a été votée pour la seconde campagne de Bretagne.

[130] Suétone, César, 67, 2.

[131] V, 48, 1. Il suit la route d’Amiens à Bavai et entre, après Bapaume, in fines Nerviorum. C’est alors (cf. ibi, 48, 2) qu’il expédie son message à Cicéron. César dit qu’il marche magnis itineribus (48, 2), peut-être seulement jusqu’à la frontière des Nerviens ; Dion ajoute (XL, 10, 1) que chez les Nerviens il marcha la nuit, ce qui est peut-être une négligence de l’auteur.

[132] Étant donné que les Gaulois connaissaient plutôt les caractères grecs que les latins, litteris græcis chez César (48, 4) doit signifier en grec, et non en lettres grecques ; cf. έλληνιστί, Dion, XL, 9, Polyen, VIII, 23, 6 (d’après Tite-Live ?). — C’est, je crois, une légende que l’histoire de César pénétrant dans le camp (de Cicéron ?) habitu Gallico (Suétone, César, 58, 2) : la légende sera née d’une lecture rapide de cet épisode.

[133] César, V, 48 ; Dion, XL, 9, 2-4 ; Polyen, VIII, 23, 6.

[134] César, V, 48, 10 ; Polyen, VIII, 23, 6. Il a donc mis environ trois jours pour effectuer la route de la frontière à une distance de plus de 6 kilomètres de Cicéron, soit environ 54 milles, 18 milles par jour. — Il campe en effet, ce jour-là, à plus de quatre milles des ennemis de Cicéron (49, 5 ; près et au sud de Givre, au moulin de la Trouille ?), et ce sont les feux des abords de ce camp, que sans doute celui-ci aperçut (allumés sur les hauteurs au sud de la route actuelle ? à Aulnois et Gœgnies-Chaussée, van der Elst, p. 134, Lejeune, Hist., p. 24).

[135] V, 49, 1 ; Dion, XL, 10, 1.

[136] V, 49, 1-3.

[137] 49, 5 : Trans vallem et rivum, le val d’Estinne ? De même, van der Elst et Lejeune.

[138] V, 49, 5-8.

[139] Quam aquissimo potest loco, 49, 6 : la hauteur (de la gare) entre Haulchin et Estinne-au-Mont ? Rouveroi, à quoi on a pensé (van der Elst, p. 133 ; Lejeune, Hist., p. 23), me parait trop loin du vallon d’Estinne.

[140] V, 49, 5-8 ; Dion, XL, 10, 2 ; Plutarque, 24. Les légions étant seulement de 3500 hommes, il est probable qu’il s’agit de deux des anciennes, VIIe, VIIIe, IXe et Xe.

[141] Il y avait eu, la veille, des combats de cavaliers ad aquam (50, 1), le long du ruisseau d’Estinne ? César raconte (51, 3) que des hérauts ennemis s’approchèrent de son camp et donnèrent aux Romains et aux Gaulois alliés jusqu’à la troisième heure pour se rendre avec la vie sauve.

[142] V, 50 et 51 ; Dion, XL, 10, 3 ; Plutarque, 24.

[143] V, 52, 1 : Silva paludesque : au sud, les bois de Bescaille, de Wauhu, etc. ; au nord, les marécages de la Samme et de la Haine, les Grands Prés, etc. (de même, van der Elst, p. 133, Lejeune, Hist., p. 22), et, au delà, la silva Carbonaria ?

[144] 52, 1-4.

[145] Beneficio deorum immortalium, 52, 6 : c’est une des rares fois où il fait intervenir les dieux ; il est vrai qu’il parle aux soldats.

[146] 52, 5 et 6. Le 3e jour après la nouvelle du désastre.

[147] V, 53, 4 et 5.

[148] Civitatem ignobilem atque humilem, V, 28, 1.

[149] II, 4, 10.

[150] V, 27, 2 ; IV, 6, 4.

[151] V, 26, 2 ; cf. IV, 6, 4.

[152] V, 47, 4 et 5 : à trois milles : sur les hauteurs entre Mouzon et Carignan, du côté de Vaux ?

[153] V, 53, 2. — César (V, 53, 1) raconte à te propos que la nouvelle de la délivrance de Cicéron, transmise par les crieurs des Hèmes, partit du camp de Quintus après deux heures et demie du soir et arriva à celui de Labienus, devant Mouzon, avant minuit, soit en neuf heures (120 kil. de distance, soit 13 à 14 kil. par heure).

[154] V, 53, 6. Le camp était dans le pays de Séez, peut-être à Séez même.

[155] V, 53, 7. Vers Mortrée dans la direction d’Argentan ?

[156] V, 53, 7.

[157] V, 54, 2-3. Du reste, tout ce récit de la fin de 54 chez César (V, 53 et suiv.) est assez décousu, comme le sera le livre VI.

[158] V, 55, 1 et 2.

[159] V, 54, 3 et 4 ; 55, 4.

[160] Cf. V, 55, 1.

[161] V, 5I, 3 et 4 ; 55, 4 ; 56, 1 et 4. C’est probablement alors que les courriers de Gaule furent interceptés (Cicéron, Ad Q., III, 9, 6).

[162] Cf. V, 54, 4.

[163] V, 55 ; 56, 1 et 4.

[164] Concilium armatum, V, 56, 1-2.

[165] V, 56, 2-5. Il indiqua, semble-t-il (cf. 56, 5), qu’il suivrait la route Trèves-Mouzon-Reims.

[166] Le camp de Labienus est, je crois, celui où il s’est tenu durant tout l’hiver (cela me parait résulter de VI, 7, 1). Il est situe in Remis... in confinio Treverorum (V, 24, 2), séparé du pays des Nerviens par une assez longue étendue de pays rème (V, 53, 1), de Tongres par des forêts (V, 37, 7), près d’une rivière ayant un gué (58, 6) ; et il y a, à 14 ou 15 milles de là (VI, 7, 3-5), sur une route importante, et en pays trévire (cela explique VI, 7, 1), une autre rivière difficili transitu ripisque præruptis (VI, 7, 5). II résulte bien enfin de l’ensemble des opérations et de ces textes que ce camp devait être situé sur la route directe de Reims au centre des Trévires, dans un carrefour stratégique d’où partaient des routes vers la Moselle et le Rhin, vers Tongres et Bavai. Toutes ces conditions me semblent fort bien remplies à Mouzon : 1° Mouzon, Mosomagus, est le marché frontière des Rèmes du côté des Trévires, dont le territoire commence aux collines de la rive droite, Carignan, Epoissum, étant aux Trévires ; 2° Mouzon est sur la grande chaussée antique de Reims à Trèves, dont on voit les traces à l’ouest et à l’est ; 3° à Mouzon se trouve, ou plutôt se trouvait un gué sur la Meuse ; 4° à Mouzon, sur la rive gauche, dominant la route romaine, le mont de Brune, et aussi, mais beaucoup moins, les deux collines de Villemontry, sont de bons emplacements de camp romain ; 5° à 15 milles de là (cf. Table de Peutinger, 9 lieues), sur la route de Trèves, on arrive sur les bords escarpés de la rive gauche de la Semoy, que traverse cette route à Meduantum, Moyen près d’Izel. — J’écarte donc, sans hésitation, les autres hypothèses : à Chiny sur la Semoy (von Gœler, 2e éd., p. 170), à Lavacherie sur l’Ourthe ou vers Marche (Napoléon III, p. 226 ; Creuly, Carte, p. 6), à Izel, puis à Arlon (von Veith, Monatsschrift de Pick, V, 1879, p. 145 et suiv.), à Sainte-Menehould (Henrard, p. 12), près de Charleville ou de Mézières (après d’autres, Fréret, p. 451, Gantier, p. 224), près de Sedan (des Roches, p. 357), à Rocroi (B[ært], p. 5), à Saint-Michel près Hirson, puis à Revin (Sarrette), à Macquenoise près de Chimay (Malengreau, p. 471), etc. — Il ne faut pas oublier, pour comprendre la présence et l’action de Labienus sur ce point, qu’il connaissait bien la route jusqu’à Trèves et vers le Rhin.

[167] 57, 1 et 2.

[168] 57, 2 : des Suessions, Lingons, Médiomatriques et Leuques ?

[169] 57, 2-4. Il est probable que le campement trévire fut à Mouzon, sur l’autre rive.

[170] 58, 1. Le mont de Brune est un fort bon emplacement pour camp de cavalerie.

[171] 58, 2 et suiv.

[172] La scène se passe entre le camp romain (au mont de Brune ?) et la Meuse, qu’Indutiomar a traversée pour vaguer ad castra (58, 2), et qu’il veut repasser au gué (58, 6) au moment de l’attaque.

[173] V, 58, 5-7.

[174] 53, 3. Pendant le reste de l’hiver, la légion de Fabius revint chez les Morins, celles de Trébonius, Cicéron et Crassus autour d’Amiens (53, 3).

[175] VIII, 54, 2.

[176] VI, 1, 2 et 4. Levée par Pompée comme consul en 55 (VI, 1, 2 ; VIII, 54, 2), en vertu du plébiscite Trébonien (Dion, XXXIX, 33 et 39 ; cf. Willems, II, p. 651). Il a dû y avoir discussion sur le point de savoir si cette légion, levée dans la province de César, était à lui ou à Pompée (VIII, 54, 2). — D’après une hypothèse séduisante, cette légion, numérotée Ire dans l’armée de Pompée, ne serait autre que la vie de César, que nous ne trouverons qu’à la fin de 52 ; Grœbe ap. Drumann, n. éd., III, p. 706-7. Mais César aurait-il changé le numéro d’une légion consulaire de Pompée ? la chose n’aurait-elle point passé pour une usurpation ?

[177] César chargea de la levée (VI, 1, 1) legatos M. Silanum, C. Antistium Reginum, T. Sextium : Silanus n’apparaît qu’à ce propos ; nous verrons les autres en 52-51.

[178] VI, 32, 5 (XIVe) ; VIII, 24, 3 (XVe, d’après une correction qui parait évidente).

[179] Trois légions, VI, 1, 4 ; 32, 5.

[180] Quid populi Romani disciplina atque opes possent, VI, 1, 4.

[181] J’imagine qu’il a dû exploiter la situation pour accroître ses forces.

[182] Celles d’Amiens et des Morins.

[183] Nondum hieme confecta, VI, 3, 1-3. Route d’Amiens à Bavai, déjà souvent parcourue : en 57, en 55 et en 54.

[184] Primo vere ut instituerat, VI, 3, 4 : sans doute à l’équinoxe.

[185] VI, 3, 4.

[186] Pro suggestu pronuntiata, VI, 3, 6.

[187] VI, 3, 6.

[188] Concilium Lutetiam Parisiorum transfert, VI, 3, 4 : c’est la première fois, mars 53, que le nom de Paris est prononcé. Il résulte de César que les Parisiens, jusque-là alliés des Sénons et qui jadis n’avaient formé avec eux qu’une seule cité, s’en séparèrent à cette occasion, pour demeurer fidèles aux Romains : Confines erant hi Senonibus civitatemque patrum memoria conjunxerant, sed ab hoc consilio afuisse existimabantur, VI, 3, 5. — On a supposé (M. L[achesnais], Rev. milit. française, n. s., II, 1869, p. 318 et suiv.) que César avait campé sur les hauteurs de Romainville. Je ne vois pas pourquoi il ne se serait pas installé lui-même dans la ville, comme à Besançon ou à Bibracte.

[189] VI, 3, 6. Route d’Amiens, Paris, Sens.

[190] VI, 4, 1-4 : il imposa cent otages, que les Éduens devaient garder.

[191] VI, 4, 5.

[192] VI, 4, 6.

[193] Totus et mente et animo (VI, 5, 1).

[194] VI, 5, 6 : Labienus a 3 légions, César 5, je ne sais où sont allées les deux autres. Il y a en ce moment déplacement du quartier général, qu’on installe d’abord peut-être à Mouzon, et ensuite je ne sais où chez les Trévires (totius exercitus impedimenta ad Labienum in Treveros, VI, 5, 6).

[195] VI, 2, 1-3 : 7, 1-3.

[196] VI, 7, 3-4 : les Trévires marchent par la route Trèves-Mouzon, apprennent l’arrivée des deux nouvelles légions étant à deux jours de Mouzon, (à Arlon ?) ; ils vont alors camper à 15 milles de Labienus pour attendre les Germains, c’est-à-dire vers Moyen en face d’Izel, sur la rive ultérieure de la Semoy. Labienus marche contre eux par Carignan, Tremblois, Villiers, et s’arrête à un mille d’eux, sur l’autre rive, donc sur la hauteur d’Izel.

[197] VI, 7, 5-9 : 8, 1-6 ; Dion, XL, 31. De son camp d’Izel, Labienus reprend la route (direction du sud vers la chaussée). Les Gaulois escaladent, en amont du .pont de Moyen, les pentes qui bordent la rive gauche de la Semoy ; Labienus envoie ses bagages sur une hauteur (à la croix, vers la cote 355), in tumulo quodam (8, 3), et revient attaquer l’ennemi du haut des pentes. Les Barbares s’enfuient, au delà de la Semoy, dans la foret de Chiny.

[198] Note précédente.

[199] VI, 8, 7-9. Il a dû prendre la route que les Trévires avaient suivie, Izel, Arlon, Trèves.

[200] Cf. VI, 4, 3.

[201] De Tongres au Rhin, à la Semoy, à l’Escaut.

[202] VI, 5, 4-6 ; 6, 3 ; 9, 2 ; 29, 4-5 ; 30 et suiv.

[203] VI, 2, 3.

[204] Marche de Paris à Arras ?

[205] VI, 5, 6-7 ; 6, 1 : il divisa (après Arras ?) son armée en trois, et dut d’abord construire des ponts : sans doute sur la Lys (à Estaires, Armentières, Wervicq ?), sur les routes vers Cassel et le massif montagneux d’entre Bailleul et Ypres. 11 marche donc à l’est de la route suivie en 56. — Gantier (p. 318) étend beaucoup plus les opérations de César.

[206] VI, 6, 2 et 3.

[207] VI, 6, 4 : ou l’installa peut-être à Cassel.

[208] VI, 6, 4 ; 9, 1. Il a dû être rejoint alors par le reste de ses troupes. — César, dans son récit, est extrêmement bref (ex Menapiis in Treviros, rien de plus) sur cette marche, qui n’a pas dû être courte ni facile. — Peut-être a-t-il pris la route de Cassel, Ypres, Roulers, Gand, Anvers, et de là à la Meuse, soit par le nord vers Gennep, soit par le sud vers Maëstricht. Je préfère la première direction, parce qu’il ne parait pas avoir traversé le pays des Éburons, et que cette expédition chez les Ménapes parait avoir été assez longue. De Gennep, il a pu rejoindre le Rhin à Xanten et suivre ensuite le fleuve jusque vers Bonn (ex Menapiis in Treviros, 6, 4 ; 9, 1).

[209] Note précédente.

[210] Cette jonction résulte de ce qu’il va avoir toutes ses légions, dix, avec lui (VI, 9, 5 ; 33, 1-4) : mais César ne le dit pas ; ce récit, dans le livre VI, présente quelques incertitudes et incohérences.

[211] Il fut construit paulum supra le pont précédent (9, 3), en face des Ubiens (10, 1), chez les Trévires (9, 5), à 30 milles du territoire des Sicambres (35, 6), lequel commençait à peu de distance en aval du premier pont. Je pense donc à Bonn, à 25 kil. en amont de Cologne. Et je ne vois aucune difficulté à faire descendre jusque-là, avant l’époque romaine, la frontière des Trévires, d’autant plus qu’ils paraissent en rapports constants avec les Éburons (IV, 6, 4 ; V, 26, 2). — De même, Napoléon III, p. 260 (non loin du lieu du précédent pont, à Bonn). — Wolf (cf. p. 331, n. 9), près du premier pont, vers Cologne, ce qui n’est pas impossible. — On a supposé surtout les abords du confluent de la Moselle (von Gœler, p. 214 ; Dederich, César, p. 58 ; Rice Holmes, p. 697). Mais : 1° les Ubiens allaient-ils jusque-là ? 2° César et le pont eussent été bien loin d’Ambiorix, auquel, dit-il, il veut toujours barrer le chemin (9, 2) ; 3° aurait-il conservé ce pont et une garnison de douze cohortes (29, 2), s’il avait été si loin de Tongres, sa base d’opérations ? 4° le pays transrhénan offre, sur ce point, bien peu de ressources. Voyez, contre ce système, les justes remarques de Wolf, M.-W., p. 43 et suiv.

[212] VI, 9, 3.

[213] VI, 9, 1-2.

[214] D’autant plus qu’Ambiorix avait mille fois le temps, en aval de Bonn, de passer chez les Sicambres (cf. VI, 35, 6), et que César, au delà du Rhin, ne s’occupa pas de ceux-ci, qui étaient les voisins des Éburons (id.), et qu’il ne punit personne.

[215] Printemps de 53.

[216] Plutarque, Pompée, 54.

[217] Reperit ab Suebis auxilia missa esse,... adilus viasque in Suebos perquirit ; VI, 9, 8. Je serais tenté de croire qu’il a songé à ce séjour en Germanie avant l’entrée en campagne ; sans quoi : 1° il n’eût pas emmené toutes ses troupes avec lui ; 2° il n’eût pas expédié à Labienus impedimenta totius exercitus (VI, 5, 6).

[218] VI, 9, 6-8.

[219] César parle de dix légions (VI, 32, 5 ; 33, 1-3), et, en plus, douze cohortes, plus d’une légion (29, 3) ; il a donc dû, pour cette campagne, recevoir la valeur d’une nouvelle légion, peut-être la VIe (cf. VIII, 4, 3 ; il n’est pas impossible qu’il en ait reçu une seconde de Pompée ; cf. Plutarque, César, 25 ; Caton, 45), à moins que ces douze cohortes ne soient détachées des dix corps.

[220] Où ? peut-être au camp du pont ? peut-être à Arlon ou vers Trèves ?

[221] VI, 10, 2. A Vilich ?

[222] VI, 10, 2.

[223] VI, 10, 3-4.

[224] VI, 10, 1 et 4. Il semble qu’avant de s’être concentrés en vue de l’attaque des Romains, ils aient songé d’abord à l’offensive et à envahir le pays des Ubiens (10, 1-2 : tout cela n’est point clair). — Les Suèves se sont concentrés ad extremos fines (10, 4), à l’entrée de la silva Bacenis, qui les séparait des Chérusques (VI, 10, 5) : peut-être dans la vallée de la Nidda, près de Francfort ?

[225] Il est mort le 28 mai (calendrier rectifié, système Le Verrier) : la nouvelle de sa mort a pu arriver à César au début de juillet.

[226] VI, 29, 1 : il déclare qu’il craignit de manquer de blé, alors que plus haut (10, 2) il parle de ses approvisionnements ; Dion, XL, 32, 2. — Il semble bien qu’il soit resté au moins un mois au delà du Rhin, puisqu’avant ce passage nous sommes encore au printemps (cf. 7, 1) et qu’après il est question de moisson (29, 4). Mais il ne nous dit pas ce qu’il fit. — C’est ici, et pour masquer le vide de cette campagne et l’incohérence de ses projets, qu’il place le long exposé des mœurs comparées des Gaulois et des Germains (VI, 11-28).

[227] VI, 29, 3.

[228] Dion, XL, 32, 2.

[229] VI, 30, 1.

[230] La villa d’Ambiorix était 1° au milieu des bois (VI, 30, 3), 2° peut-être près d’un fleuve (cf. VI, 30, 3), 3° précédée d’un étroit défilé, angusto loco (30, 3), 4° sans doute non loin de la grande route de Bonn à Tongres, puisqu’Ambiorix croit à l’arrivée de toute l’armée romaine (31, 1), 5° et sans doute pas très loin de Tongres, le centre et le carrefour de sa tribu (cf. 31, 2). Je la placerais donc volontiers aux abords de Liège, à Héristal par exemple, où elle aurait été remplacée par une villa romaine, puis carolingienne. — On peut songer aussi, sur l’autre rive, au terrain de la villa romaine de Jupille. — On la place parfois au château d’Embourg (B[ært], p. 41), etc.

[231] VI, 29, 4.

[232] VI, 29, 4 et 5 ; 30, 1. Je crois que Basilus a pris la route de Bonn à Tongres, par Zulpich, Eupen et Liège, route au sud de celle que César a suivie en 55, de Cologne à Tongres par Maëstricht. Cette route de Bonn à Tongres, que César va suivre derrière Basilus (29, 4 ; 31, 1), traversait l’extrémité des Ardennes au dire des Commentaires (29, 4), et en fait elle coupe la grande forêt entre Zulpich et Eupen (Hohe Venn). On s’explique qu’en suivant cette route les Romains aient longé et menacé le Condroz, sans le traverser (VI, 32, 1-2).

[233] VI, 30, 1 et 3 (angusto in loco). Peut-être le défilé (vers Héristal) entre le plateau de Tribouillet et celui de dessus Faurieux, ou celui entre ce dernier et la Meuse ?

[234] VI, 30, 3, 4 et 2 ; il semble qu’on eût d’abord ravagé ses fermes et détruit ses écuries et remises (30, 2).

[235] Quum maturescere frumenta inciperent, VI, 29, 4.

[236] VI, 31, 1 et 2 ; l’ordre a pu être donné de Tongres, centre de la tribu.

[237] In Arduennam silvam, 31, 2 : on songe au sud, route de l’Ourthe ; mais cette route étant soumise à César, je crois plutôt l’ouest, route vers l’Escaut et bois du Hageland, forêt de Wavre, forêt Charbonnière ; cf. 33, 3.

[238] In continentes paludes, 31, 2 : route du nord-est et marais de la Meuse et du Peel ?

[239] Insulis... quas æstus efficere consuerunt, 31, 2 : route du nord ; cf. 33, 3.

[240] 31, 5. Écrit peut-être à dessein par César en 52-51 pour susciter des ennemis à Ambiorix, qui résistait encore alors.

[241] Stirpem hominum sceleratorum, V1, 34, 5.

[242] Il suit la route de Basilus. En chemin il reçoit la soumission (32, 1-2) des Condrusi (Condroz) et des Segni (peut-être haute vallée de l’Ourthe), ce qui explique qu’il ait négligé, semble-t-il, dans la poursuite d’Ambiorix, le pays de l’Ourthe et tout l’est de la Meuse (cf. 33, 1-3).

[243] D’autant plus qu’il parait bien que la légion détruite portait le même numéro que celle qu’il y installa. Mais César était fort peu superstitieux.

[244] VI, 32, 3-6 ; 36, 3. On ne peut dire s’il s’agit des bagages des légions seulement ou de tout le quartier général.

[245] VI, 32, 4.

[246] Ad Oceanum, in eas partes quæ Menapios attingunt, VI, 33, 1 ; direction de Tongres à Bois-le-Duc.

[247] Ad Aduatucos, VI, 33, 2 ; route de Bavai et du sud-ouest

[248] Ad flumen Scaldem, quod influit in Mosam, extremasque Arduennæ partes, VI, 33, 3 ; direction de Malines ou Bruxelles. — Bergk (p. 33 et s.) corrige en Calbem, et suppose la Kyll, affluent de la Moselle.

[249] Il les a négligés parce qu’il en venait, et que sans doute aussi un service d’étapes le tenait en relation avec son camp de Bonn. Il a négligé aussi la route de l’Ourthe.

[250] VI, 34.

[251] Ce sont les finitimæ civitates, 34, 8.

[252] VI, 34, 8.

[253] VI, 34, 9 ; Dion, XL, 32, 3. César ajoute (34, 8), assez cyniquement, qu’il fit cela pour que les soldats romains fussent maintenus dans les rangs et sur les routes, pendant que les Gaulois s’aventuraient hors du chemin, dans les endroits dangereux, ut potius in silvis Gallorum vita quam legionarius miles periclitetur.

[254] Neuf légions et les Gaulois.

[255] VI, 35, 4 et 5.

[256] A trente milles, dit César, du pont (35, 6), sans doute vers l’extrémité de leur territoire du côté des Ubiens, à un lieu de passage habituel (cf. 35, 6), peut-être à Cologne même, à l’emplacement de l’ancien pont, ou (exactement à 30 milles de Bonn) au confluent de la Wupper, où a sans doute commencé leur territoire.

[257] Ils marchent, je crois, soit sur la route prise par César en 55, soit au nord de cette route. S’ils avaient suivi la route du sud, venant de Bonn, j’imagine que le service d’étapes de César eût donné l’éveil.

[258] 35, 6 et 7. Ils atteignent les frontières des Éburons (sans doute après le passage), puis traversent paludes et silvæ (marais et forêts au nord du chemin de Cologne à Maëstricht ?).

[259] Ils étaient alors (35, 8) à trois heures de Tongres (vers Maëstricht ?).

[260] VI, 35, 10. Par la chaussée de Maëstricht ?

[261] VI, 36, 1.

[262] Elles furent envoyées à trois milles, sur des terres à blé, séparées du camp par une colline (VI, 36, 2 ; 40, 1 et 3), et, visiblement, non pas sur la même route mais dans la même direction que celle par laquelle arrivent les Sicambres (39) elles allèrent sans doute, par la route de Mopertingen, vers le nord-est, dans les terres à blé, toujours visibles, de derrière le mont de Berg.

[263] VI, 36, 2-3 ; 38.

[264] VI, 37-38.

[265] VI, 39 (par la route de Mopertingen ?).

[266] VI, 40, 4-5.

[267] VI, 40 ; Dion, XL, 32, 4. La bataille se passe, je crois, sur l’éminence que projette le mont de Berg vers Tongres (cote 121, tumulum, 40, 1), le long de la chaussée de Maëstricht et dans les bas-fonds que borde le Geer (iniquum locum, 40, 6), et sur le mont de Berg (jugum, 40, 3 et 6). — De même, Driesen, p. 482.

[268] VI, 41, 1 ; Dion, XL, 32, 5. Ils avaient déposé leur butin in silvis (près de Maëstricht ?).

[269] VI, 41, 2-4 ; 42.

[270] VI, 42, 1.

[271] VI, 43, 1 : peut-être par les mêmes routes.

[272] VI, 43, 2.

[273] VI, 43, 3.

[274] Aut latebris aut saltibus ; 43, 5-6. Il a dû se cacher surtout dans les bois, cavernes et abris sous roche qui bordent la Meuse de Liège à Namur, rive gauche (la rive droite est du Condroz). Et il est probable qu’il a dû utiliser quelques cavernes à deux issues (cf. 43, 6). — On a songé à une caverne entre Marche et Namur (Gauchez, Ann. de l’Ac. d’Arch., XXXVIII, 1882, p. 359).

[275] 43, 6.

[276] Cf. Grimm, 4e éd., II, p. 767 et suiv., III, p. 280 et suiv.

[277] 44, 1 : Reims (Durocortorum, mss. α, Durcorterum, mss. β) remplace alors Amiens comme quartier général. Nommé pour la première fois. C’est à ce moment, je suppose, qu’il retira la garnison du Rhin.

[278] Cf. VI, 43, 3 ; 36, 2.

[279] VI, 44, 1.

[280] VI, 44, 1.

[281] More majorum, les Romains, 44, 2.

[282] VI, 44, 2 et 3.

[283] Quieta Gallia, VII, 1, 1.

[284] Sans doute à Monzon (VI, 44, 3, ad fines Treverorum).

[285] 44, 3. A Dijon ? à Langres ?

[286] 44, 3 ; cf. V, 47, 2. Sens, Agedincum (var. Acedicum), est nommé alors pour la première fois. — Il n’y a même pas à discuter l’étrange et très vieille hypothèse qu’Agedincum serait Provins, si souvent soutenue, pourtant, depuis la Renaissance et sans doute depuis le Moyen Age, et malheureusement reprise après 1815 (Marlianus ; etc. ; Opoix, L’ancien Provins, Provins, 1818, et Second Supplément, 1819 ; Doë, Mém. des Antiquaires de France, II, 1820, p. 397 et suiv. ; Barrau, Diss. sur Provins, Provins, 1821 ; Thiérion, Mém. de la Soc. ... de l’Aube, IX, 1838-9 ; Cénégal, Réflexions, Provins, 1847, et nombreuses brochures jusqu’en 1852 ; etc.). Elle a été amplement réfutée ([Pasques], Notice, 1820 ; Corrard de Breban, Mém. de la Soc.... de l’Aube, 1831, n° 37 ; Allou, Bull. de la Soc. arch. de Sens, 1846, p. 97 et suiv. ; etc.), et par Bourquelot lui-même (Hist. de Provins, I, 1839, p. 39 et suiv.). — On a même songé à Milly, à Beaugency, à Jaulnes (Guérard, Rech. sur l’Agendicum, Provins, 1853).

[287] Cf. VIII, 23, 3.

[288] En 58-57, le quartier général est à Besançon : à partir de 57-56, en Belgique, et, je crois, à Amiens ; il est à Reims en automne 53 ; à Sens maintenant.

[289] Dion, XL, 32.

[290] Le 28 mai 53.

[291] En août ou septembre 54.

[292] Cicéron, Ad Q., III, 1, 14, 1 ; Pro Milone, 32, 87 ; etc.

[293] Les lettres postérieures à la campagne de Bretagne (Ad fam., VII, 11-15, 18 ; Ad Q., III, 4-9) témoignent, chez Cicéron et son frère Quintus, de beaucoup moins d’enthousiasme à l’endroit de César.

[294] Cf. Cicéron, Ad Quintum, III, 8, 1. — Le triomphe de Pomptinus sur les Allobroges (IV non. ? nov., 28 oct. 54, cal. rectifié ; C. I. L., I, 1, 2e éd., p. 50 et 54), retardé par les amis de César (Scholia Bobiensia, p. 121, Hildebrandt), a dû certainement lui être désagréable (Cicéron, In Pis., 24, 58 ; Ad Q., III, 4, 6) : cependant d’autres que ses amis s’y opposèrent (Cicéron, Ad Att., IV, 16, 12).

[295] Ad Q., III, 4 ; III, 8 ; Plutarque, Pompée, 54 ; Appien, Civilia, II, 19, 71 et suiv.

[296] Dion, XL, 45, 2 ; 46, 1 ; Plutarque, Pompée, 54.

[297] Dion, XL, 45, 5.

[298] Plutarque, Caton, 44 et suiv. ; Cicéron, Ad Q., II, 15 b, 4.

[299] Cf. Dion, XL, 48, 1.

[300] La date de la mort est donnée par Cicéron, Pro Milone, 10, 27 : Ante diem XIII kalendas februarias. — J’accepte le système de Le Verrier (Napoléon III, p. 585). — D’après l’autre système, ce serait le 8 décembre.

[301] Dion, XL, 48-50.

[302] Plutarque, Caton, 47 ; Pompée, 54.

[303] Dion, XL, 50.

[304] Plutarque, Caton, 47.

[305] Ses pouvoirs extraordinaires datent de onze jours après le meurtre de Clodius, soit du 9 janvier (cf. Dion, XL, 49 et 50) ; Cicéron, Pro Milone, 23, 61 ; 26, 70 ; Asconius, In Milonianam, p. 29, Kiessling.

[306] Dion, XL, 50 ; Plutarque, Caton, 47-48 ; Pompée, 54. Il fut nommé le V kal. marc. mense intercalario (Asconius, p. 31, Kiessling), soit le 27 février (Le Verrier).

[307] Cf. César, VII, 1, 1 ; Dion, XL, 50, 1 ; Cicéron, Pro Mil., 23, 61 ; 26, 70 ; Asconius, p. 29. Ceci se passe après le 9 janvier.

[308] Plutarque, Crassus, 17 et 25.

[309] Plutarque, Crassus, 25. Il semble bien, d’après certains détails des manœuvres (ύποδυόμενοι... έτυπτον είς τάς γαστέρας, rapproché de suffosis equis, César, IV, 12, 2), qu’il y eut des Germains parmi eux. L’attitude du jeune Crassus fut également admirable, et sa fin comme ses campagnes en Gaule montrent qu’il tut un homme de grande valeur.

[310] Graviore sententia (VI, 44, 2).

[311] VII, 1, 4 et 5.

[312] Cf. V, 54, 5 ; VII, 1, 8 ; VII, 77, 12-13 ; t. II, ch. XIII.

[313] Cf. t. II, ch. I et II.

[314] Posse hunc casum ad ipsos recidere, VII, 1, 4.

[315] Miserantur communem Galliæ fortunam, VII, 1, 5.

[316] Vercingetorix ille festis diebus et conciliabulis, quum frequentissimos in lucis haberet, etc. ; Florus, I, 45 [III, 10], 21.

[317] Indictis inter se principes Galliæ conciliis silvestribus ac remotis locis, VII, 1, 4 ; clandestina consilia, I, 1, 6 ; Florus (cf. n. précédente) ; Plutarque, César, 25.

[318] Ici, n. précédente ; VIII, 23, 3.

[319] Plutarque, César, 25.

[320] VII, 1, 2, 6 et 7 : car je ne peux admettre, comme l’insinue César (VII, 1, 2), que l’on n’ait commencé à songer à la révolte qu’après le meurtre de Clodius. Il faut voir là un de ses procédés de narration.

[321] VII, 1, 2, 6 et 7 ; Plutarque, César, 25.

[322] Plutarque, César, 25.

[323] VIII, 23, 3.

[324] VII, 4, 1.

[325] Comm est un Atrébate, il est roi chez les Morins, hôte chez les Bellovaques (VII, 75, 5), très influent des deux côtés de la Manche (IV, 21, 7 ; V, 22, 3), et il a des rapports avec les Germains (VIII, 7, 5).

[326] Cf. VII, 63, 7 ; peut-être aussi les Leuques, qui ne sont pas cités. VII, 75.

[327] Cf. VII, 5.

[328] D’après l’absence de leur nom, VII, 4, 5.

[329] VII, 4, 5 ; 4, 1 ; 2, 1. Ajoutez (4, 5) les Pictons, mais en partie seulement.

[330] Concilio, VII, 2, 3.

[331] Cf. VII, 2, 1.

[332] Cela n’est point dit par César, mais peut être conclu du fait qu’il y avait là, réunis, militaria signa (VII, 2, 2), car il est douteux que ces signa aient été groupés ailleurs que dans un sanctuaire (cf. Polybe, II, 32, 6 ; Tacite, Hist., IV, 22).

[333] Note précédente.

[334] Gravissima cærimonia, VII, 2, 1.

[335] Tempore ejus rei constituto, VII, 2, 3.

[336] VII, 2, 1 et 3.

[337] Cela n’est point dit expressément par César au moment du complot, mais résulte de l’attitude de Vercingétorix après le signal (VII, 4, 5 et 6), et en particulier de 4, 5 : Obtestatur ut in fide maneant.

[338] Jurejurando ac fide, collatis militaribus signis, VII, 2, 2 et 3.

[339] Que Vercingetorix soit un nom propre, cela résulte jusqu’à l’évidence : 1° des monnaies à ce nom ; 2° de Florus (nomine etiam quasi ad terrorem composito, I, 45, 21) ; 3° des habitudes de César, qui nomme toujours les chefs. — Comme le nom signifie, croit-on, grand roi des guerriers (cf., en dernier lieu, d’Arbois de Jubainville, Noms gaulois, p. 145 et suiv.), on a cru, quand on a connu ce sens, que César avait pris pour un nom un titre de généralissime (Thierry, II, p. 245 ; etc.). — Il est probable que Florus (ou plutôt Tite-Live) a connu le sens de ce mot.