I. — ERREURS ET RÊVES DE CÉSAR. La première dupe de ces mensonges fut César lui-même. Il répéta à tous qu’il avait conquis la Gaule, et il le crut tout le premier. Il le crut, parce que toute sa vie, en face de ses amis et de ses ennemis, il jugea sur l’apparence. Obsédé par sa folie de gloire, ne sortant de ses rêves prodigieux que pour constater sa maîtrise sur les champs de bataille, concentrant ses pensées et ses actes autour de ses seules espérances, ce splendide égoïsme lui laissa ignorer le véritable état de la Gaule, et il l’estima esclave aux premières paroles de soumission qu’il entendit d’elle. — Au surplus, il avait besoin de se tromper ainsi. Il voyait s’approcher la vieillesse ; son dixième lustre commençait ; il lui restait bien des choses à faire, son parti à fortifier, Rome à asservir. S’il lui fallait conquérir la Gaule nation par nation, les années qui lui restaient de vie ne suffiraient pas à la moitié de ses ambitions. — Et ce qui, enfin, est son excuse, c’est que les généraux de ce temps étaient coutumiers de ces marches rapides et triomphales dans le monde, au travers de nations qui se courbaient devant eux. Marius avait parcouru, en nouveau Bacchus, tout le nord de l’Afrique, depuis Utique jusqu’à la Moulouya ; Pompée avait eu sa promenade héroïque, depuis la Cilicie jusqu’à l’Araxe ; César, à son tour, était passé à travers les Alpes, depuis Rome centre du monde jusqu’à l’Océan[1] des Morins les derniers des hommes : et il pensa que l’Occident ne donnerait pas plus de démentis à la gloire de son vainqueur que l’Orient à celle du grand Pompée. — Il jugea donc terminée sa tâche gauloise, et ne vit plus dans le sol conquis au delà des Alpes qu’un terrain pour préparer des conquêtes plus lointaines encore. On le comprit à Rome, et qu’avec un tel homme les guerres naîtraient sans cesse des guerres, jusqu’au jour où, gorgées de butin et esclaves de leur chef, les légions l’imposeraient comme dictateur. Aussi, dans l’hiver qui suivit les campagnes du Nord, les amis de la liberté, Caton, Cicéron lui-même, s’inquiétèrent sérieusement sur le compte du proconsul[2]. Quand on lui eut accordé toutes les actions de grâces, on lui fit entendre que cela signifiait la clôture des opérations militaires, le retour de l’armée, le triomphe sur le Capitole, le licenciement des légionnaires[3]. Les soldats reçurent du sénat leur solde intégrale[4] : mais cela voulait dire que les campagnes étaient finies[5]. Et le sénat décida aussi, conformément à la coutume, l’envoi en Gaule d’une commission de dix membres, chargée d’organiser le pays conquis, d’en faire une province et de lui donner sa loi[6] : on considérait donc comme terminée la mission spéciale de César. Il est vrai qu’il lui restait deux ans de pouvoir proconsulaire ; mais L. Domitius, le beau-frère de Caton, proposait déjà de les lui enlever, et de le rendre à la vie privée (printemps de 56 ?)[7]. Il ne devait pas manquer de consulaires qui désiraient remplacer César et exploiter la Gaule à leur tour. Le proconsul, au printemps de 56, n’osa point exécuter la menace qu’il avait lancée avant son départ pour les Alpes : revenir à la tête des légions et écraser ses ennemis[8]. Il n’était ni assez riche, ni assez célèbre, ni surtout assez aimé pour venir à bout de Crassus et de Pompée ses rivaux, et des amis de la liberté leurs communs adversaires. Son armée ne renfermait que quatre bonnes légions, elle ne le connaissait que depuis deux ans, et il était douteux que les Barbares le suivissent à la conquête de l’Italie, comme le lui avait proposé Arioviste : déjà quelques peuplades se révoltaient. Il lui fallait accroître son armée, ses ressources et sa gloire, et, pour cela, gagner du temps et ne se brouiller avec personne. Il se rapprocha des frontières de l’Italie ; et, à la fin de l’hiver, on le vit à Ravenne, où Crassus le rejoignit[9], puis à Lucques, où Pompée vint à son tour[10]. Et il en vint bien d’autres, jusqu’à 200 sénateurs, des magistrats en nombre, dont les 120 licteurs attendaient parfois à la porte de César[11]. Rome entière parut lui faire la cour[12]. Le butin ramassé en Gaule était arrivé. Le proconsul prêtait ou donnait à tous ; ses agents achetaient les électeurs[13] : l’or des vaincus continuait la ruine de la liberté[14]. L’entente fut renouvelée entre les trois complices. Pompée épousa la fille de César, Julie ; Crassus et lui seraient consuls en 55 ; Crassus recevrait la Syrie et la guerre contre les Parthes[15] ; l’autorité proconsulaire de César serait prolongée d’au moins quatre ans, et suivie d’un nouveau consulat. C’était, cette fois, un vrai partage de l’Empire romain, préparé entre les trois hommes et à faire ratifier par le sénat et le peuple (avril). En ce qui concernait le proconsulat de César, on devait alléguer que la Gaule n’avait pas encore reçu sa formule et sa loi provinciale, et qu’il restait beaucoup à faire entre les Alpes et l’Océan[16]. Cela était vrai, et le proconsul avait donné des ordres, avant l’hiver, pour compléter l’œuvre de la conquête : des troupes, notamment, avaient été envoyées dans les Alpes du Valais, afin d’assurer une liaison constante et directe entre l’Italie et la Gaule du Nord[17]. D’autres se prépareront à descendre en Aquitaine et à opérer la jonction avec l’Espagne de l’ Èbre[18]. Mais César laissait cette tâche banale à ses collaborateurs. Pour lui, il regardait déjà vers de nouveaux et plus vastes horizons. A la fin de sa campagne de Belgique, il avait reçu l’avis d’ambassades qui venaient d’outre Rhin. Il en renvoya la réception au printemps, se réservant le soin de régler alors, après la Gaule, le sort de la Germanie[19]. Déjà, à Rome, ce mot de Germanie était prononcé, comme une nouvelle province qui pourrait échoir à César et au peuple romain[20]. Et ce n’est pas seulement au Rhin que pensait le proconsul. Pendant l’hiver, il trouva le temps de passer dans la Dalmatie, qui faisait partie de son gouvernement ; c’était la région romaine la plus voisine de l’empire de Burbista. Il voulut se rendre compte de l’état des choses, voir de près les peuples et les pays[21] Depuis les Alpes des Balkans jusqu’aux marécages de la mer du Nord, la pensée de César embrassait tout l’Occident barbare. II. — L’AFFAIRE DU VALAIS. De sérieux mécomptes troublèrent son triomphe et interrompirent ses rêves. La Gaule s’agita au moment précis où il la déclarait soumise[22]. L’affaire des Alpes se termina par un échec, qui menaça de tourner en désastre. César avait envoyé dans le Valais un de ses lieutenants, Galba, officier fort ordinaire[23] ; il lui confia de la cavalerie et la XIIe légion[24], celle que les Nerviens avaient failli massacrer. Tout cela eût formé une armée des plus médiocres, s’il n’y avait eu, pour soutenir le chef et les soldats, des officiers et des centurions de premier ordre[25]. Galba eut pour mission de soumettre les tribus du Valais et de dégager le col du Grand Saint-Bernard[26]. Quoique le Valais fût alors très peuplé, c’était surtout sa situation qui intéressait les Romains : la route des Alpes Pennines était sur la ligne directe qui menait de Rome et de Turin, soit à Besançon, Reims et Boulogne, soit à l’Alsace, au Rhin et à la Germanie. Tandis que le Genèvre, le Cenis et le Petit Saint-Bernard s’ouvraient sur la Gaule et le Couchant, le Grand Saint-Bernard regardait vers le Nord : c’est par là qu’étaient jadis passés, pour combattre les Romains, les Barbares à demi germains de la Belgique. Puisque Rome voulait leur rendre la pareille, elle avait besoin de prendre et de garder ce passage. César expliqua que dans cette campagne des Alpes Pennines, il eut en vue les intérêts des marchands italiens, exploités par les tribus de la montagne[27]. Il faut le croire : car nul proconsul ne fut sans doute plus soucieux que lui de protéger les brasseurs d’affaires. Mais l’expédition du Valais était trop utile à ses projets de conquêtes germaniques, pour qu’il n’ait point aussi pensé à des marches de troupes et à des convois d’armes. L’affaire fut assez mal conduite par Galba. Après quelques combats et quelques assauts de redoutes, les gens du Valais se soumirent[28]. Le légat crut à leur bonne foi, logea deux cohortes chez les Nantuates de Saint-Maurice[29], et le reste de son armée à Martigny , bourg principal des Véragres[30] : c’est de là que part la route du col et qu’elle s’engage dans la montagne. Mais Martigny, près du confluent de la Dranse et du Rhône, dans un bas-fond que les rochers et les cimes entourent et dominent, est une position détestable pour un camp de guerre[31]. De plus, Galba laissa ses troupes vagabonder dans le pays, il négligea de se munir de vivres, et il traîna en longueur l’achèvement du camp et de ses défenses[32]. Un jour, à l’improviste, les Véragres, unis aux Sédunes, leurs voisins du val de Sion, assaillirent le camp romain au nombre de 30.000[33]. La XIIe légion fit d’abord bonne contenance, mais elle ne tarda pas à faiblir. Les Barbares étaient déjà dans les fossés et faisaient brèche dans la muraille[34] Comme au jour de la Sambre, la malheureuse troupe touchait à l’heure du massacre[35]. Le centurion primipile Baculus et le tribun Volusénus sauvèrent la situation. Ils coururent à Galba et l’obligèrent à donner l’ordre de la sortie en masse. Les indigènes, surpris de flanc et de dos, n’eurent pas le temps de se rassembler en rang de bataille ; et la journée finit, pour la XIIe légion, par l’égorgement de quelques milliers de Gaulois[36]. Mais il ne fallait plus songer à garder le Valais et le col des Alpes Pennines. Galba quitta Martigny le lendemain, et commença sa retraite à la lueur des incendies qu’il alluma. Quelques jours après, il arrivait chez les Allobroges (à Genève ?), et il s’installait pour l’hiver dans la Province même (octobre 57 ?)[37]. — Quoi que César pût écrire, c’était l’abandon d’une conquête, et le recul d’une légion jusqu’en terre romaine. III. — SOULÈVEMENTS PARTIELS EN GAULE. Après les peuples de la montagne, ce furent ceux de la mer qui se levèrent contre les hommes de César et qui se chargèrent de le détromper. La soumission de l’Armorique par Crassus avait été un vaste trompe-l’œil : la VIIe légion n’avait fait que courir à la lisière du pays, et aucun vaisseau romain n’avait paru près des rivages. Or, la véritable Armorique était sur la mer, que sillonnaient les énormes bâtiments de la nation vénète. La parole par laquelle cette puissante nation s’était rendue à Crassus, lui avait été sans doute arrachée par surprise et comme à son insu. A peine l’eut-elle donnée, qu’elle en vit les conséquences et la regretta : elle allait perdre sa suprématie chez les Armoricains, les marchands italiens arriveraient, son monopole sur la Manche serait compromis[38]. Et en quelques heures, dans un de ces revirements subits qu’on reprochait si souvent aux Gaulois, ils se décidèrent à provoquer Rome et se lancèrent dans l’irréparable. Crassus hivernait dans l’Anjou avec la VIIe légion, aussi confiant que son proconsul. Les otages qu’il tenait en sa garde lui garantissaient l’obéissance de la contrée. Ses officiers circulaient sans inquiétude chez les peuples voisins, rassemblant les vivres destinés au camp : deux d’entre eux se trouvaient en Morbihan chez les Vénètes, d’autres au nord de l’Armorique ou sur les terres normandes[39]. Les chefs des Vénètes donnèrent le signal : ils firent saisir et enchaîner les officiers romains installés chez eux[40], et leur exemple fut suivi par les Coriosolites de Corseul et les Ésuviens du pays de Séez[41]. Crassus réclama la liberté de ses hommes : ses envoyés furent à leur tour mis aux fers[42]. Quatre chevaliers, et d’autres citoyens de Rome servaient maintenant d’otages aux Gaulois, et répondaient de la vie de leurs parents, laissés aux mains de Crassus. Les peuples complices se hâtèrent de conclure une alliance fraternelle, jurant de s’aider jusqu’à la mort. Puis, leurs messages gagnèrent rapidement à la cause de la liberté tous les peuples de la mer, depuis l’embouchure de la Loire jusqu’aux bords de la Seine ; dans l’intérieur des terres, les Aulerques de Jublains adhérèrent à la ligue ; au delà même des limites habituelles de l’Armorique, elle rallia les Belges de l’Océan, ces Morins et ces Ménapes[43] qui, l’année précédente, s’étaient groupés autour des Suessions, et que César n’avait pu pourchasser dans leurs marécages. Ce qui se dressait contre Rome, c’étaient donc la Gaule de l’Océan et la Gaule du Nord, toute cette vaste région dont Crassus et César avaient proclamé la conquête. Trois foyers de guerre se développaient rapidement : l’un chez les Vénètes, autour du Morbihan[44] ; l’autre, en Normandie, autour du Cotentin[45] ; le troisième dans la vallée de l’Escaut[46]. Ce qui était plus grave, c’est que les confédérés se tenaient par la mer, dont ils étaient maîtres : ils avaient des amis en Angleterre, les Belges de la grande île ne demandaient pas mieux que de se battre, et des guerriers passèrent le détroit pour secourir leurs frères[47]. A l’est, un mouvement se dessinait chez les Trévires, dont César ne savait plus, depuis la bataille de la Sambre, s’ils étaient amis ou ennemis, et l’on disait même qu’ils cherchaient des auxiliaires en Germanie[48]. Enfin, au sud, les Aquitains de la Gascogne s’agitaient à leur tour, et, quoiqu’ils fussent étrangers au nom gaulois, on parlait de secours qu’ils enverraient aux Armoricains[49]. — La guerre se propageait de proche en proche ; et, depuis la forêt Hercynienne jusqu’aux Pyrénées Cantabriques, l’ambition de César suscitait par tout l’Occident des colères et des menaces. Il était impossible que la Gaule centrale demeurât à l’écart de ce mouvement qui l’enveloppait de toutes parts. C’était, disaient les Vénètes, entre esclavage et liberté que la question se posait désormais. Beaucoup de Celtes finirent par le comprendre. Des révolutions se préparèrent, des propos hostiles furent tenus, des bandes de partisans se formaient et se dirigeaient vers l’Armorique[50]. Si César n’agissait pas à temps, son œuvre serait à recommencer. IV. — PRÉPARATIFS DE CÉSAR ; L’ARMÉE DIVISÉE EN CINQ CORPS. Mais César, si contrarié qu’il pût être, prit aussitôt les mesures nécessaires. Les Vénètes lui déclaraient la guerre : il la leur ferait aussitôt, et sur mer. Aucun Romain n’avait encore combattu sur l’Océan, lui-même n’y avait pas une seule barque et pas un seul marin : il saurait s’y construire une flotte et vaincre les Armoricains sur leur domaine propre. La grande difficulté de l’entreprise ne fut qu’un stimulant pour cet homme d’orgueil et d’action : si la provocation des Vénètes le détournait de ses projets sur le Rhin, elle lui donnerait la gloire d’un triomphe maritime, à la Duilius ou à la Pompée. Et lorsqu’il apprit que les confédérés réclamaient leurs otages en échange des officiers, il répondit, de Lucques ou de Ravenne, en ordonnant qu’on lui bâtit une flotte sur l’Océan[51]. Quelques jours après avoir donné cet ordre, il revenait en Belgique[52], où il rejoignait le gros de son armée[53] (début de mai ?[54]). Après qu’il fut arrivé, les légats et les légions se mirent en route vers tous les coins de la Gaule. — Labienus et la cavalerie furent expédiés en tournée chez les Rèmes, les Trévires et les autres Belges. Cette chevauchée hardie, conduite sans légions, mais par le plus avisé des lieutenants de César, avait pour but de maintenir l’ordre dans l’Est et le Nord : on devait pousser jusqu’au Rhin, reconnaître les bords du fleuve, et si les Germains cherchaient à le franchir, les rejeter sur l’autre rive[55]. — Publius Crassus fut envoyé avec douze cohortes chez les Aquitains, dans la direction de la Garonne, du Gers et des Pyrénées[56]. — D’autres cohortes furent confiées à Décimus Brutus, qui préparait la flotte vers l’embouchure de la Loire[57]. — Trois légions, commandées par Quintus Titurius Sabinus, furent chargées d’opérer le long de la côte normande[58]. — Enfin, avec ce qui lui restait d’hommes, César menaça, par l’intérieur, la Vilaine, le Morbihan, les terres et les bourgades vénètes[59]. Jusque-là, suivant l’habitude des chefs romains, le proconsul s’était gardé de disperser ses troupes dans le cours d’une campagne : il avait toujours combattu avec son armée entière, rassemblée autour de lui. Cette fois, il la divisait en cinq corps, qui allaient s’éloignant l’un de l’autre, pour guerroyer aux extrémités de la Gaule, vers les Pyrénées, le Rhin et l’Armorique[60]. Quelle belle occasion de se révolter pour les neiges et les Celtes ! Entre Labienus à Trèves, Crassus à Agen, Sabinus à Rouen, Brutus à Nantes et César à Vannes, il y avait plus de cent lieues de distance, quinze jours de marche, et sans doute un médiocre service d’étapes. En disséminant ainsi ses troupes, César espérait que tous les Gaulois demeureraient dans la crainte[61]. Mais il pouvait tout aussi bien se faire qu’ils profitassent de la dispersion des légions pour les séparer de leur chef et les envelopper à l’improviste. Si le proconsul a pu commettre une telle imprudence, c’est qu’il était sûr que les Gaulois ne prendraient pas les armes ; ou, peut-être, c’est qu’il continuait à se fier à sa fortune[62]. Elle lui donna raison cette fois encore, et, sur presque tous les points, elle lui envoya des succès sans mélange. V. — CAMPAGNE NAVALE CONTRE LES VÉNÈTES. Le plus grand de tous fut une victoire navale sur les Vénètes ; et dans ce succès, ce qui est vraiment admirable, ce qui est peut-être l’épisode le plus étonnant de la guerre des Gaules, c’est la création, en quelques mois, sur cette mer inconnue des Romains, d’une flotte et d’une marine capables de disputer l’Océan du Nord à ses maîtres dix fois séculaires. César arriva à ce résultat par la rapidité de ses décisions, la netteté de ses ordres, la concordance rigoureuse de ses dispositions. C’était, avant toutes choses, un incomparable administrateur de guerres. Il lui fallait des vaisseaux de combat à la romaine, longs, souples et rapides, pour assiéger les masses pesantes des vaisseaux vénètes : il en fit construire un grand nombre chez les riverains de la Loire maritime[63] sans doute chez les Pictons, qui occupaient alors le pays de Retz. Mais il lui fallait aussi des vaisseaux à la gauloise, pour les transports et les services auxiliaires : il les réquisitionna chez les Celtes du golfe de Gascogne, Vendéens, Saintongeois et autres[64], rivaux naturels des peuples de l’Armorique Ce qui lui manquait le plus, c’étaient les hommes. Pour les rameurs, il s’en procura avec un peu de presse, faite dans la Province[65]. Pour les matelots ou les hommes de barre, exercés aux manœuvres rapides des batailles, il dut chercher davantage ; peut-être Marseille lui en fournit-elle[66]. Le service des agrès dut être attribué à des Gaulois, habitués surtout à la voile. C’est aux alliés de la Gaule maritime, bien entendu, que l’on demanderait des pilotes[67]. En vue du combat, enfin, César envoya un nombre suffisant de cohortes, et, sans doute, ses auxiliaires de trait. Décimus Brutus avait été chargé de concentrer la flotte, de répartir les équipages de guerre, et de la conduire dans les eaux armoricaines. C’est également lui, je crois, qui surveilla la construction et l’armement des navires[68]. Tout jeune encore, il ne faisait que d’arriver à l’armée de Gaule[69], il n’avait jamais servi comme officier supérieur, et il ignorait, semble-t-il, les choses de la mer. Mais que de chefs romains avaient déjà suppléé à leur inexpérience par une remarquable facilité à comprendre toutes les tâches et à s’assimiler toutes les sciences, et, surtout, par la discipline rigoureuse de leur esprit et leurs habitudes de méthode et de précision ! Au reste, César dut placer sous ses ordres quelques–uns de ces ingénieurs grecs ou orientaux qui furent, autant que les chefs, les artisans de la conquête, mais dont les- triomphateurs ont négligé de nous rappeler les noms et les services. Grâce à ses auxiliaires et à son mérite propre, Brutus, inconnu la veille, remporta la première et la seule victoire navale que Rome ait inscrite à son nom sur l’Océan. Les Vénètes et leurs alliés avaient rassemblé leurs bâtiments dans les parages du Morbihan, sans doute dans le golfe même[70]. Il y avait là environ 220 navires à voiles, hauts et massifs comme des citadelles[71]. Contre eux, tous les moyens d’attaque en usage chez les Méditerranéens devenaient inutiles. L’éperon ne ferait que de légères blessures dans ces robustes flancs de chênes[72] ; les grappins d’abordage ne pourraient saisir les rebords, à la distance où il faudrait les lancer[73] ; bâtir des tours sur les vaisseaux romains pour atteindre le niveau des ennemis, cela paraissait inefficace : elles resteraient toujours en contrebas des lignes d’attaque de l’adversaire[74]. Dressant fort au-dessus de l’eau leurs poupes et leurs proues, leurs ponts et leurs bastingages, les bâtiments gaulois assuraient à leurs défenseurs ces avantages du terrain que les légionnaires savaient le plus souvent mettre de leur côté[75] : les soldats de Brutus allaient combattre à la fois de trop loin et de trop bas, comme s’ils assiégeaient une forteresse dont les murs étaient à l’abri du bélier, des échelles, des tours et des flèches. Cette comparaison s’imposait tellement, que Brutus ou ses ingénieurs empruntèrent à la poliorcétique leur principal moyen d’attaque. Ils armèrent leurs vaisseaux de faux tranchantes, solidement fixées à de longues perches[76] : c’était avec des crochets de ce genre que l’on détachait les pierres et démontait les ouvrages des murailles assiégées[77]. Ces engins devaient remplacer les mains d’abordage, couper les cordes et les agrès, renverser les mâts, empêcher la manœuvre des voiles : et les navires opposés une fois immobiles, la valeur des légionnaires ferait le reste[78]. Pourvus de ces instruments de destruction, les vaisseaux de Brutus, agiles, étroits, élancés, difficiles à atteindre, et toujours prêts à la riposte et à l’attaque[79], allaient ressembler à des catapultes mobiles courant autour d’une forteresse. La flotte rassemblée à l’embouchure de la Loire, les légionnaires embarqués, chaque vaisseau confié à un centurion ou à un tribun, Brutus cingla vers le Morbihan, à la rencontre de César[80]. Malgré les précautions prises, il demeurait inquiet et incertain, sur cette nier ignorée, à l’approche d’une bataille d’espèce inconnue[81]. César était entré chez les Vénètes (par Redon et le seuil de Bretagne ?)[82]. Dès qu’il fut près de la mer, il trouva beaucoup d’ennuis et peu de profit. Les Vénètes s’étaient bien gardés de sortir en armes et de lui offrir la bataille. Ils se dispersèrent dans les forteresses du rivage, conservant toujours le contact de l’Océan et de leurs navires. Pour arriver à leurs refuges, César ne rencontra que de mauvaises routes, coupées à chaque instant par ces rivières et ces bas-fonds qui détachent mille dentelures dans les terres basses du Morbihan : il eut de la peine à trouver les gués et les lieux de passage[83]. Puis, ce fut la surprise de voir des forteresses bâties sur des langues de terre qui plongeaient dans la mer, environnées par le flux à marée haute et reposant ensuite, comme des barques laissées à sec, sur les découverts du rivage. Avec ces allées et venues du flot, César ne pouvait établir ses tours, ses terrasses et ses mantelets : le sol, deux fois par jour, se dérobait sous lui[84]. Il s’entêta et commença quelques sièges. Des chaussées furent bâties contre les forteresses, malgré la mer et malgré l’ennemi[85]. Mais au moment où l’assaut menaçait, les assiégés se réfugiaient sur leurs navires et se mettaient en sûreté dans une bourgade voisine. Et César, entrant dans la place, n’y trouvait que d’inutiles murailles[86] Le résultat ne valait pas l’effort. C’était sur mer que la campagne se déciderait. Le proconsul résolut de ne plus rien faire sans sa flotte, et, campé sur les plateaux qui ferment le golfe du Morbihan (à Locmariaquer ?), dominant la mer vénète, les îles, les ports et la flotte gauloise ancrée à ses pieds (à Port–Navalo ?), César attendit Brutus et la bataille navale[87]. Brutus naviguait fort lentement. Des orages étaient survenus. Les pilotes ignoraient l’entrée des ports de refuge, d’ailleurs peu nombreux. Ils redoutaient les écueils inconnus des rivages et des îles[88]. On touchait à l’automne : la moitié de l’année s’était passée en ordres, en marches et en manœuvres. L’impatience gagnait César[89]. Les vaisseaux romains parurent enfin à l’horizon[90] : aussitôt, la flotte armoricaine sortit du port, et, poussée par un fort vent (du nord-est ?)[91], elle s’avança au-devant de Brutus[92] (à l’entrée du Morbihan ?[93]). César et ses troupes, campés sur les hauteurs, suivaient des yeux toute la scène. De la mer, les légionnaires qui allaient combattre, aperçurent leurs camarades et leur général, et cette vue accrut le courage et la confiance[94]. Mais il n’en demeurait pas moins fâcheux pour César qu’il dût laisser à un lieutenant le soin de commander en chef, et qu’il assistât, immobile et impuissant, à la bataille d’où dépendait une partie de sa gloire. On dit même qu’à la vue de sa flotte, qu’il contemplait pour la première fois, il fut saisi d’inquiétude en comparant ses vaisseaux longs et minces, profilant sur la mer leurs rapides silhouettes, aux forteresses superbes et dominatrices de l’escadre gauloise, couronnées de multitudes et regorgeant d’armes. Et il avoua presque qu’il doutait de la victoire[95]. Trois circonstances la lui donnèrent : les ressources que Brutus tira des faux de guerre[96] : la chute subite du vent[97] : et l’incurie des Gaulois, qui avaient négligé, comme à l’ordinaire, de se munir de pierres et d’armes à longue portée[98]. Ce furent les Gaulois qui attaquèrent[99], avec le double avantage que leur donnèrent d’abord la puissance de leur masse et la force du vent[100]. Brutus, lui aussi fort inquiet, hésita devant le contact, fit faire manœuvre en arrière, ébaucha une retraite, et, dit-on, songeait déjà à l’échouage, pour remplacer par un combat sur terre la bataille maritime[101] Mais, subitement, le vent tomba, les vaisseaux gaulois durent s’arrêter[102]. Et Brutus, aussitôt, donna le signal de l’offensive. Au devant, au travers, autour des lignes gauloises, les navires romains arrivaient et circulaient de toute la vitesse de leurs rames. Immobile sous la bonace, l’ennemi n’empêchait rien, ne pouvait prendre aucune disposition de combat ; l’unité de sa flotte était rompue[103]. Puis, çà et là, l’abordage commença : deux ou trois vaisseaux romains enveloppaient un adversaire, les faux faisaient leur œuvre[104], les cordages coupés laissaient tomber les antennes, le pont s’encombrait de débris, toute manœuvre devenait impossible : il fallait combattre. Mais, dépourvus d’archers et de frondeurs[105], les Gaulois ne pouvaient retarder l’escalade, et une fois sur le pont, le légionnaire était le maître[106]. Les Vénètes se battirent bien pourtant[107], et ils étaient si nombreux, sur leurs 200 navires, qu’on eût besoin d’une journée presque entière pour avoir raison de tous, depuis huit ou neuf heures du matin jusqu’à l’arrivée de la nuit[108]. Et ce furent alors les tristesses et les horreurs des défaites navales : les hommes égorgés sur les ponts, d’autres s’élançant par-dessus bord pour mourir d’eux-mêmes, les navires brisés s’engloutissant dans les flots avec leurs cargaisons humaines, quelques-uns incendiés et leurs flammes éclairant, aux approches du soir, les derniers épisodes du combat et de la fuite[109]. Ce ne fut qu’à la faveur de la nuit que plusieurs vaisseaux gaulois purent s’échapper et gagner la terre[110] : mais leur prise n’en était retardée que de quelques heures. Brutus avait remporté la victoire : César décréta les supplices. Après la défaite, les survivants se rendirent. Mais il fallait punir ce que le proconsul appelait une révolte : tous les sénateurs furent mis à mort, les simples hommes libres furent vendus[111], et cette forte et laborieuse nation des Vénètes, dont les origines et la puissance remontaient aux hommes des dolmens, la plus ancienne et la plus originale de toute la Gaule, s’effondra dans l’esclavage et la mort. VI. — CAMPAGNE DE SABINUS EN NORMANDIE. Sabinus, qui commandait en Normandie, avait en face de lui les troupes de terre de la ligue armoricaine. La campagne débuta, comme celle des Vénètes, par d’assez graves embarras. Le gros des confédérés se massaient dans le pays d’Avranches et au sud du Cotentin[112] : c’était le centre des terres en révolte, Normandie, Maine et Armorique, et on avait précisément choisi pour chef de guerre Viridovix, le maître des Unelles[113]. Depuis que le rendez-vous des troupes avait été fixé, il en arrivait chaque jour au nouveau général, et des points les plus éloignés de la Gaule[114]. Pour peu que la lutte se prolongeât, Viridovix verrait se former autour de lui la grande armée de l’indépendance. Pour comble d’ennuis, Sabinus ne put point marcher assez vite contre les bandes du Cotentin. Il suivait la route directe, par Évreux et Lisieux : mais les gens de ces pays, Eburoviques et Lexoviens, jusque-là tranquilles[115], se révoltèrent sur son passage ; comme leurs chefs refusaient de les conduire à l’ennemi, ils les massacrèrent, et, à l’approche des Romains, fermèrent les portes des cités et rejoignirent en masse l’armée de Viridovix. Le légat ne trouva devant lui que villes closes et terres désertes[116]. Ce Sabinus était un des plus médiocres officiers de César : timoré, Incapable d’initiative, perdant la tète dans les moments de péril, crédule et irréfléchi, il ne méritait point la confiance que le proconsul avait placée en lui, et on verra bientôt les hontes qu’il amènera sur l’armée romaine. Mais cette année, qui fut en quelque manière l’année des légats de César, Sabinus lui-même parut à la hauteur de sa tâche, et ses défauts aidèrent à son succès. Bien qu’il eût trois légions, la plus importante des armées de César, il n’osa pas d’abord marcher à l’ennemi ; et, dès que icelui-ci s’approcha, il s’arrêta, bâtit son camp sur une colline, dans une excellente position, et ne bougea plus[117]. En l’absence du proconsul, et devant une telle multitude d’hommes, Sabinus ne voulait s’engager qu’à bon escient. Viridovix s’établit à deux milles des légions[118], et chaque jour il vint offrir la bataille en pure perte. Les Romains maugréaient contre leur chef, les Gaulois se moquaient de lui, Sabinus laissa dire[119]. C’était une bonne tactique. A la fin, comme il était à prévoir, les Armoricains s’impatientèrent. Les vivres commençaient à manquer, ils s’imaginaient que les Romains avaient peur. Un faux transfuge, envoyé par Sabinus, leur persuada qu’il allait décamper pour rejoindre César. Et, à grands cris, ils réclamèrent de Viridovix l’attaque du camp[120]. — Si les légions allaient réellement partir, on aurait plus de profit à les attaquer en route ; si elles restaient sur leur hauteur, c’était folie que de les y chercher. — Voilà sans doute ce que Viridovix et les chefs tentèrent d’expliquer aux Gaulois. Mais ils ne voulurent pas en démordre, investirent la place où se tenait le conseil de guerre, et ne rendirent la liberté à leurs chefs qu’après avoir reçu d’eux l’ordre de combattre[121]. L’affaire continua chez les Gaulois comme elle avait commencé, de la plus sotte manière. Ils se chargèrent de branchages et de fascines à l’effet de combler les fossés du camp[122], et, de toute la vitesse de leurs jambes, ils gravirent les flancs de la colline. Quand ils s’arrêtèrent à portée du rempart, ils étaient à bout de souffle et de forces, embarrassés de leurs fardeaux, déjà prêts pour la défaite et la mort. Les légionnaires romains, alertes et dispos, sortirent des portes du camp, et, sans qu’il y eût même à combattre, firent le massacre habituel ; la cavalerie, lancée après les fuyards, se chargea d’achever la besogne[123] (fin août[124]). L’Armorique, de la Seine à la Loire, était cette fois bien conquise[125]. VII. — CONQUÊTE DE L’AQUITAINE PAR LE JEUNE CRASSUS[126]. Crassus le jeune, à son ordinaire, faisait merveille. On lui avait donné à occuper la Gascogne, les Landes et les Pyrénées[127], et il devait s’y présenter franchement, en adversaire et en conquérant[128]. C’étaient de rudes ennemis que les Aquitains[129]. Étrangers aux campagnes précédentes, ils conservaient contre les Romains la fraîcheur de leur énergie et la souplesse de leur esprit. La race ne ressemblait pas aux Gaulois : ils avaient tout autant de courage, mais une bravoure à la fois plus habile, plus prudente et plus têtue ; rusés, habitués aux travaux les plus divers des champs, des mines et de l’élevage, ils montraient cette variété d’aptitudes et de ressources qui faisait l’excellence du légionnaire. De plus, ils voulurent se faire encadrer par des officiers d’expérience, soigneusement choisis. Ils avaient de bonnes relations avec leurs voisins d’Espagne, Vascons, Cantabres ou Celtibères ; il restait parmi ceux-ci quelques-uns de ces chefs que Sertorius avait formés à la discipline romaine, qui savaient l’art de bâtir un camp, d’étudier le terrain, d’affamer l’ennemi ; quand les Aquitains se virent menacés par Crassus, ils les appelèrent à leur secours, et surent leur obéir[130]. Ces hommes du Midi furent alors les plus sages de toute la Gaule. Mais le jeune général leur en remontra dès son arrivée. Il s’était d’abord renseigné sur le pays : par deux fois, les Romains de Languedoc ou d’Espagne s’y étaient aventurés, et leurs expéditions avaient fini par des désastres[131]. Crassus prit ses précautions pour mieux faire. On ne lui avait donné que douze cohortes, à peine 7000 légionnaires. Il compléta sa petite armée à l’aide de fantassins et de cavaliers auxiliaires[132], qu’il leva sans doute chez les tribus du Poitou, de la Saintonge et de l’Agenais[133]. Puis, comme il touchait à la Province, il appela sous les aigles les vétérans de Toulouse et de Narbonne, soldats d’élite dont chacun valait une troupe[134]. Le service des vivres fut assuré sans peine[135] dans cette région de la Garonne, fromentière et plantureuse[136]. L’Aquitaine présente la forme d’un vaste quadrilatère, qu’encadrent la Garonne, le Gers, les Pyrénées et l’Océan. La ligne stratégique qui la commande correspond précisément à la diagonale : c’est la voie qui part d’Agen, près du confluent de la Garonne et du Gers, qui passe à Nérac, à Saint-Sever et à Dax[137], et qui finit à Bayonne, à la rencontre de l’Adour, des Pyrénées et de l’Océan. C’est, je crois, sur cette route que s’engagea Crassus. La frontière des Aquitains, du côté de l’Agenais, était gardée par la bourgade forte de Sos et par la tribu à laquelle elle appartenait, les Sotiates’. Les Romains arrivèrent sans doute trop vite pour que les Aquitains eussent le temps de se concerter. Aussi, les Sotiates et leur roi Adiatunn[138] furent seuls à supporter le premier choc de l’ennemi. Mais c’étaient d’autres hommes que les Suessions ou les Unelles, et ils avaient eu, ce semble, une forte part dans les précédents échecs des Italiens en Gascogne[139] Le roi attendit Crassus sur la route, à quelques milles en avant de Sos, cacha ses fantassins dans un repli de terrain, et lança ses cavaliers contre l’avant-garde romaine. Soit à dessein, soit par force, l’escadron sotiate se laissa repousser et se replia à la hauteur de l’embuscade ; quand les Romains accoururent dans le désordre de la poursuite, l’infanterie d’Adiatunn les assaillit à l’improviste. Le combat fut sérieux ; à la fin, les Sotiates, quoique vaincus, réussirent à se dégager et à gagner leur citadelle[140], solidement campée près de là sur une forte colline, à 60 mètres au-dessus des rivières qui serpentent à ses pieds[141]. Crassus essaya de l’enlever le jour même, par un coup de main. Il échoua[142]. Le siège commença alors suivant la façon classique, avec mantelets, terrasse et tours[143]. Mais les Sotiates connaissaient la manière d’attaquer ces sortes d’ouvrages : comme il y avait chez eux des hommes habitués aux mines, ils ébranlèrent la terrasse par des galeries souterraines, pendant que leurs camarades faisaient une sortie. Crassus la repoussa, consolida sa chaussée, et, de guerre lasse, les assiégés se rendirent[144]. Seuls, Adiatunn et ses six cents dévoués refusèrent de céder, et, unis pour la mort comme pour la vie, ils tentèrent de se frayer un passage à travers les assiégeants[145]. On les rejeta dans la place, et, malgré leur obstination, Crassus laissa la vie sauve à ces braves[146]. Pendant ce temps, tous les peuples de la forêt, des collines et de la montagne avaient adhéré à la ligue, même ceux du Bigorre, de la Soule et du Pays Basque, même les habitants des riches terres de l’Armagnac[147]. Les secours d’Espagne arrivèrent à temps, les officiers de Sertorius prirent la conduite de l’armée[148]. Elle s’était concentrée, je pense, à Dax ou à Tartas, où convergent les vallées et les chemins de la Gascogne, et où les rivières des Pyrénées croisent à la fois les sentiers des Landes et les routes de l’Espagne. Crassus marcha à sa rencontre, venant de Sos par le nord-est[149]. Dès qu’il eut pris le contact, il s’aperçut que la campagne changeait de caractère : c’était une guerre savante qui commençait, toute différente des luttes naïves et franches auxquelles les Gaulois avaient habitué leurs adversaires. Les chefs espagnols reculaient devant lui, sans offrir jamais la bataille ; des détachements ennemis circulaient en tout sens, arrêtant les convois de vivres, barrant les routes[150], isolant la petite armée romaine. En face de son camp[151], Crassus voyait se dresser le camp des Aquitains, lui aussi bien pourvu d’hommes et de défenses, avec ses sentinelles, son fossé, son rempart, ses portes et ses tours[152]. Les tribus de la Gascogne s’accoutumaient déjà, sous la pression de la guerre elle-même, aux usages du monde gréco-romain[153]. De nouvelles bandes grossissaient sans relâche les troupes des Barbares. Pour peu que Crassus laissât faire, il serait bientôt affamé, presque investi, obligé à une pénible retraite[154]. Il prit alors la seule résolution possible. Un matin, faisant sortir toutes ses troupes, il les rangea sur deux lignes, et présenta au camp de l’ennemi son front de bataille[155]. Il n’avait tout au plus que 10.000 hommes à opposer aux 50.000 Barbares[156]. Des Gaulois n’auraient pas hésité à courir au combat. Les Aquitains jugèrent que leur victoire serait plus sûre et moins sanglante s’ils attaquaient leur ennemi plus tard, à l’improviste, au cours d’une retraite. Ils se tinrent cois dans leur camp[157]. Mais Crassus était aussi avisé que ses adversaires. S’ils ne bougent pas, disaient les légionnaires, c’est qu’ils ont peur. Profitant de cette méprise de ses soldats, le chef donna l’ordre aussitôt de marcher à l’assaut du camp des Aquitains. On s’élança joyeusement vers la bataille[158]. — C’était une audacieuse entreprise, et presque de désespérés, que de prétendre enlever avec si peu de soldats une citadelle bien faite, d’un très vaste circuit, et défendue par une multitude courageuse[159] : César lui-même n’osa jamais, dans ses huit ans de guerre, assaillir un campement gaulois[160]. Crassus recourut à tous les moyens, à tous les subterfuges ; il utilisa à la fois tous ses hommes, les meilleurs pour combattre, ceux-ci pour combler les fossés, ceux-là pour lancer des pierres et des traits, les simples auxiliaires pour transporter les munitions, la cavalerie pour reconnaître les abords de la place[161] : si bien qu’a un moment, il n’eut plus personne dans son camp[162]. Les Aquitains se tenaient sur leurs gardes ; ils étaient braves ; à la différence des Gaulois, ils usaient des armes de jet. La lutte fut vive, et menaçait de durer[163]. Mais une forteresse aussi grande, improvisée en quelques heures, avait ses points faibles : ce camp était surtout une façade, redoutable seulement du côté de l’ennemi. Les cavaliers rapportèrent à Crassus que sur le derrière, la porte et ses ouvrages étaient mal fortifiés et mal gardés[164]. Il y dépêcha aussitôt toute sa réserve, en lui faisant faire un long détour, hors de la vue des ennemis[165]. Et la chose fut si bien conduite, que les Romains purent entrer dans le camp sans attirer l’attention de personne[166]. Les ennemis, attaqués par derrière, poussés par devant avec une nouvelle énergie, lâchèrent pied et, pour s’enfuir, sautèrent par-dessus la muraille[167]. Comme cette partie de la Gascogne était une vaste plaine découverte[168], ils ne purent éviter, même la nuit, les regards et la poursuite de la cavalerie, et, dit-on, un quart seulement s’échappa des 50.000 Aquitains et Cantabres qui avaient combattu contre Crassus[169] (septembre ?[170]). L’armée des confédérés détruite, les peuples se soumirent et envoyèrent d’eux-mêmes des otages. Presque tout le pays entre Garonne et Pyrénées accepta la loi romaine[171]. Mais il y eut, dans les hautes vallées, quelques tribus récalcitrantes qui, se sentant protégées par les approches de l’hiver, s’épargnèrent toute démarche, et Crassus les laissa tranquilles[172]. La campagne avait été d’une rare élégance : des dangers évités au bon moment, des marches et des sièges bien conduits, une hardiesse heureuse, un ennemi digne de Rome, point d’horribles vengeances, une guerre à la fois intelligente et mesurée. Et la victoire avait un prix particulier : la conquête de la Gascogne garantissait les frontières de la Narbonnaise, elle achevait de bloquer les Cantabres encore indépendants, elle complétait l’édifice un peu fragile de l’Empire d’Occident. Pompée était arrivé jusqu’à Pampelune, Crassus pénétra jusqu’à Dax. De l’un à l’autre point, le chemin de Roncevaux allait devenir romain : les différentes provinces du Couchant se rejoignaient par une route continue. VIII. — CÉSAR EN FLANDRE. La conquête de l’Armorique et de l’Aquitaine avait étendu la Gaule romaine jusqu’à l’Océan et aux Pyrénées. César voulut aussi, la même année, atteindre le Rhin de partout, et présenter aux Romains leur nouveau domaine sous l’abri de frontières naturelles, précises, puissantes et consacrées[173] Les Helvètes lui assuraient le cours supérieur du fleuve. — Grâce à la défaite d’Arioviste, il en tenait la rive alsacienne[174]. — En aval, il avait envoyé Labienus chez les Trévires : et, le premier des Romains, le légat pénétra, sans rencontrer d’ennemi, dans la grande vallée de la Moselle[175]. De ce côté encore, des ambassades pacifiques étaient arrivées de Germanie ; et, depuis le confluent du Mein jusqu’à celui de la Ruhr, le Rhin, dans la traversée des forêts et des montagnes, paraissait soumis à Rome et fermé aux invasions. Mais dès son entrée dans la plaine, le fleuve baignait deux rives indépendantes. A droite, les Sicambres ignoraient sans doute le peuple romain ; à gauche, les deux nations gauloises des Morins et des Ménapes faisaient comme s’il n’existait pas. Seuls de tous les Belges, ils n’avaient point songé à entrer en relations avec César[176]. L’année précédente, il n’avait pas eu le temps de les attaquer : il crut l’avoir cette année, quoique l’automne fût proche[177]. Mais César se fit illusion sur la durée et la nature de la campagne[178]. Ces peuples des marécages combattirent tout autrement que les Gaulois de ces trois dernières années[179]. Il ne trouva ni bataille à livrer, ni forteresse à assiéger[180]. Tant qu’il marcha en pays découvert, l’ennemi fut invisible : on le disait très loin, dans la forêt ou le marécage[181]. César décida de l’y chercher[182]. Un soir, il arriva à la lisière d’épaisses forêts[183] : comme, jusque-là, il n’avait rencontré personne, il était rassuré, il disloqua ses légions et mit ses hommes à bâtir le camp. Et alors, de tous les fourrés et de tous les bosquets, les Barbares s’élancèrent et assaillirent les soldats dispersés[184]. Les Morins renouvelaient la tentative qui, l’année précédente, avait si bien réussi aux Nerviens de la Sambre. — Ils étaient du reste trop peu nombreux pour avoir raison de César : devant la résistance des légionnaires, ils regagnèrent leurs bois. Mais les Romains s’y étant engagés derrière eux, les Morins leur tuèrent quelques hommes, et les renvoyèrent à leur camp[185]. Le proconsul résolut alors de combattre et de détruire, à défaut des hommes, la forêt elle-même. Le lendemain et les jours suivants, des milliers de légionnaires furent transformés en bûcherons. Les arbres tombés étaient rejetés sur les flancs de l’année, et elle avançait lentement dans le large couloir formé par les troncs amoncelés, protégée par eux comme par un double rempart[186]. On atteignit ainsi une vaste clairière où l’on put faire main basse sur les bestiaux et la queue des bagages, et où l’on trouva des champs, des fermes et des villages disséminés, mais point d’ennemis[187]. Les hommes étaient plus loin, cachés dans les forêts d’au delà[188]. C’était folie que de chercher à les atteindre : le Gaulois irait toujours plus vite, dans ses sentiers familiers, que le légionnaire se taillant son chemin à coups de haches. De mauvais temps survinrent, le travail en plein air fut impossible, l’oisiveté sous la tente était intolérable. Cette fois encore, César renonça à la Flandre, et il retourna en Gaule, non sans avoir détruit tout ce qu’il put atteindre[189]. Les campagnes de l’année étaient finies. IX. — PREMIER ESSAI D’ORGANISATION DE LA GAULE. La gloire personnelle de César n’avait point grandi dans ces campagnes. Chez les Vénètes, il recula devant la mer, et, chez les -Morins, devant la forêt : l’assaut de quelques bourgades abandonnées, l’abatage de milliers d’arbres et l’ordre de mas–sacrer les vaincus, voilà le bilan de son œuvre propre. Ses lieutenants, en revanche, avaient fait de l’excellente besogne et obtenu des résultats durables : Rome n’aura plus rien à redouter des peuples de la mer, les Aquitains ne bougeront plus durant une génération, et, grâce aux manœuvres de Labienus et aux victoires des légats, un soulèvement général avait été évité. Dans l’année qui va suivre, seule de tout son proconsulat, César n’aura pas de Gaulois à combattre. Celle qui finissait lui avait apporté les inévitables déceptions qui suivent les conquêtes trop rapides. Des nations s’insurgeant malgré la livraison d’otages, de vastes conjurations ourdies entre les peuples, Germains, Cantabres et Bretons accourant en deçà des frontières, des bandes d’aventuriers se formant au premier signal, et le mot de liberté circulant partout : César s’était rendu compte que son autorité était encore précaire, et que la Gaule n’avait répudié aucune de ses habitudes. Les puissances politiques sur lesquelles il avait compté pour collaborer à la domination romaine ne répondaient plus à ses espérances. Il avait protégé les sénats des peuples .contre les fauteurs de tyrannies : et de ces aristocraties, les unes n’avaient pu rester au pouvoir, comme ces assemblées des Aulerques et des Lexoviens massacrées par leurs peuples parce qu’elles se refusaient à la guerre, et les autres la lui avaient ouvertement déclarée, comme ce sénat des Vénètes qu’il avait lui-même fait égorger jusqu’au dernier chef. Il était venu à la prière des nations pour les délivrer des Germains : et ces mêmes nations leur ouvraient aujourd’hui le Rhin pour les ramener contre les légions. Le proconsul détestait la désobéissance plus encore que l’hostilité. Ces Gaulois qui se soumettent et se révoltent presque aussitôt, ces grands enfants, distraits, bavards, crédules et inconsistants, complices de toutes les illusions et de tous les mensonges, ces auxiliaires auxquels on ne peut confier ni un secret à garder ni un rôle sur le champ de bataille, tout ce monde d’écervelés finit par crisper et indigner César[190]. Ce qui leur manquait, c’était un gouvernement solide. Les nations gauloises ressemblaient à ce que fut, cette année même (56), le peuple romain. L’arrivée de César, trois années de guerres et d’incertitudes, avaient accru l’anarchie politique. Et si cette anarchie avait permis à la domination romaine de s’établir, elle l’entraverait en se prolongeant. Pour que le proconsul fût obéi des cités, il fallait qu’elles obéissent à leurs chefs, et que ces chefs lui fussent dévoués. Aussi, tandis que la guerre se prolongeait, sa politique se modifiait à l’endroit des nations. Il renonça, chez quelques-unes des plus importantes, à protéger l’aristocratie et le sénat, et il fit des avances aux vieilles familles royales ou aux candidats à la monarchie. Les Sénons, qui avaient supprimé la royauté vers le temps de son arrivée, furent contraints de la rétablir, et se virent imposer Cavarin, frère du roi déchu[191]. Parmi les chefs Carnutes, aucun n’avait plus aidé César que Tasget, héritier d’une dynastie tombée : il lui donna la royauté de son peuple[192]. Dans quelques mois, quand les Romains deviendront les maîtres chez les Morins du Boulonnais, il y installera pour roi un autre de ses amis, Comm l’Atrébate[193]. Car, pour plus de sûreté, il ne répugnait pas à infliger aux Gaulois des sortes de podestats étrangers : on disait même à Rome qu’il offrait des royautés aux jeunes gens de bonne famille qui cherchaient fortune autour de lui[194]. Chez les Arvernes, bien que les vieux sénateurs lui fussent favorables, il donna le titre d’ami de César au jeune fils de Celtill, Vercingétorix[195], et celui-ci, par la richesse, la puissance et la gloire de sa famille, était le seul Arverne qui pût aspirer à devenir roi. Enfin, l’Éduen Diviciac, le collaborateur le plus utile qu’eût rencontré le proconsul au début de ses guerres, le porte-parole de l’aristocratie, a disparu[196], depuis la fin de 57, de l’état-major de César, qu’il fût mort ou en défaveur ; et son frère Dumnorix, l’associé de tous les candidats au pouvoir, revient auprès du proconsul, caressé par lui, mis à la tête de la cavalerie gauloise[197], et le chef disait ouvertement que les Romains lui donneraient la royauté de sa nation[198]. César devenait, au delà des Alpes, un distributeur de tyrannies, dans le temps même où, en Italie, il encourageait Crassus et Pompée aux pires des usurpations[199]. On eût dit qu’il voulait pratiquer la même poli–tique contre les sénats de Gaule et contre la curie de Rome. A ce nouveau système de gouvernement, il gagnait de récompenser ses alliés indigènes et de maîtriser leurs nations : que les cinquante peuplades fussent dirigées par des despotes amis ou hôtes de César[200], et il tenait la Gaule par une force autrement solide que la fidélité vacillante de sénats nombreux et divisés. C’était grâce à un régime pareil que Pompée avait assuré la prépondérance romaine en Orient. — Puis, comme Pompée, César aurait des rois à sa suite. Et s’il se brouillait avec la curie, il attirerait ces rois- à sa cause plus aisément que les sénats locaux, toujours séduits par le prestige du grand conseil de Rome, et habitués de longue date à tout rapporter à lui. Ce fut vers le même temps que César mit la main sur certaines des institutions communes à toute la Gaule. De la même manière qu’il supprimait peu à peu les patries locales, il enchaînait la patrie gauloise. L’assemblée des cités, qui s’était réunie dans l’été de 58 après la, défaite des Helvètes, se tint sans doute alors près du camp de César, mais en dehors de sa présence et dans un mystère religieux. En 57 et 56, il n’est pas question de cette assemblée[201]. Elle va reparaître au printemps de 55, mais avec un caractère tout différent. C’est le proconsul qui la convoquera : les chefs de toutes les nations y sont appelés, elle a lieu en vue de son armée ; il y parle en maître, il fixe le contingent des troupes qu’on doit lui fournir, il annonce ses intentions et donne des ordres[202]. Un tel conseil n’est plus un organe de liberté, mais de dépendance. C’est pour César un moyen de commander d’un seul coup, et de gouverner plus vite. César traçait donc les premières lignes du gouvernement de la future province dans le même temps qu’il en assurait les frontières. Mais tout cela n’était encore que vagues contours et façade indécise. — A Rome, cette année, on attendait, non sans impatience, les statuts et règlements de la Gaule[203]. C’était même un argument que Cicéron, réconcilié avec César, faisait valoir pour qu’il gardât ses pouvoirs[204]. Donnez-lui le temps, disait-il au sénat, d’affermir ses conquêtes, de s’attacher les vaincus, de rédiger la loi des nouveaux sujets de Rome, de fixer leurs droits et devoirs, leur régime politique et leur état civil. Qu’il reste au delà des Alpes, répétait l’orateur, afin d’achever par la politique l’œuvre de ses batailles, et d’inaugurer en Occident les bienfaits d’une paix éternelle[205]. — Mais César, les révoltes apaisées, eut tout de suite d’autres projets en tête. |
[1] Cicéron, De prov. cons., 12, 29.
[2] Cf. Suétone, César, 24 ; Cicéron, Ad Quintum, II, 11 ; Ad fam., I, 9 ; De prov. cons., 10, 25.
[3] D’après le texte de Dion (XXXIX, 25, 1), et d’après l’ensemble du De prov. cons., où il n’est plus question de guerres à entreprendre.
[4] Cicéron, De prov. cons., 11, 28 ; Pro Balbo, 27, 61 ; Ad fam., 1, 7, 10 ; Dion, XXXIX, 25, 1. S’agit-il de toutes les légions, ou seulement de celles qu’il avait levées, à ses risques et périls, en 58 et 57 ? S’agit-il d’une solde régulière, venant s’ajouter à celle que César avait dû payer à l’aide du butin ? Je crois volontiers qu’il s’agit d’une mesure destinée à donner une solde double, y compris celle constituée præda parta ; cf. Willems, II, p. 418 et 407.
[5] Cf. De prov. cons., II, 28 : Stipendium... decus illud et ornamentum triumphi.
[6] C’est ainsi que j’interprète (avec C. Peler, Philologus, VIII, 1853, p. 425 et suiv. ; cf. Cicéron, Philippiques, XII, 12, 28) les decem legati votés pour César : Dion, XXXIX, 25, 1 ; Cicéron, De pr. c., 11, 28 ; Pro B., 27, 61 ; Ad f., I, 7, 10. Dans le même sens, Mommsen, Staatsrecht, 11, 2’ éd., p. 673. On les interprète d’ordinaire comme si l’on avait porté à dix le nombre des légats de César, et on place le plus souvent ces décrets sur la solde et les légats après l’entrevue de Lucques (cf. Drumann, 2e éd., III, p. 245-8).
[7] Suétone, César, 24 ; cf., de même, en 51. Cette parole de Domitius, selon moi, n’est possible que si l’on accepte notre interprétation du stipendium et des decem legati. — Il s’agit de L. Domitius Ahenobarbus, et il est possible que ses attaques contre César s’expliquent par les relations que les Domitii conservaient en Gaule. Sur la situation de César en ce moment, Drumann, 2e éd., III, p. 237 et s. — A défaut de rappel immédiat, il fallait, dès le milieu de 56, conformément à la lex Sempronia sur les provinces, choisir un successeur à César (Cicéron, Pro Balbo, 27, 61 ; Ad f., I, 7, 10) ; et, comme cette loi fixait le sort des provinces un an et demi avant leur vacance, il s’ensuit bien que les pouvoirs de César expiraient en 54.
[8] Suétone, César, 22, 2.
[9] Cicéron, Ad fam., I, 9, 9.
[10] Cicéron, Ad fam., I, 9, 9 ; Suétone, César, 24 ; Plutarque, César, 21.
[11] Plutarque, Pompée, 51 ; César, 21 ; Appien, Civ., II, 17, 61-3 (cf. Napoléon III, p. 427) ; Cicéron, Ad fam., I, 9, 9.
[12] Plutarque, César, 21.
[13] Plutarque, Pompée, 51 ; César, 21 ; Appien, Civ., II, 17, 61-3 (cf. Napoléon III, p. 427) ; Cicéron, Ad fam., I, 9, 9.
[14] Plutarque, César, 20.
[15] Plutarque, César, 21 ; etc.
[16] Cf. Cicéron, De prov. cons., 14, 34.
[17] César, III, 1, 1-3.
[18] III, 11, 3.
[19] II, 35, 1-2.
[20] Cf. Tite-Live, Ép., 104 et 105 ; Cicéron, Pro Balbo, 28, 64 ; In Pisonem, 33, 81-2.
[21] In... Illyricum properabat, II, 35, 2 ; in Illyricum profectus esset, quod eas quoque nationes adire et regiones cognoscere volebat, III, 7, 1.
[22] Cf. III, 7, 1 ; Orose, VI, 8, 6.
[23] Servius (Sulpicius) Galba, III, 1, 1.
[24] III, 1, 1 ; Orose, VI, 8, 2.
[25] Le primipile P. Sextius Baculus et le tribun C. Volusenus Quadratus ; III, 5, 2 ; Orose, VI, 8, 5.
[26] III, 1, 2.
[27] III, 1, 2.
[28] III, 1, 4 ; 2, 5 (otages imposés) ; 3, 1 ; Dion, XXXIX, 5, 2.
[29] III, 1, 4 ; sans doute à Saint-Maurice même.
[30] Octodurus. C’est Martigny-Bourg, que partage en deux la Dranse ; Galba établit son camp sur une moitié du bourg, évacuée par les indigènes, qu’il laissa dans l’autre moitié (III, 1, 5-6 : Orose, VI, 8, 2). Il est probable que le camp était sur la rive gauche (Martigny-Combe), et que là passait la grande route allant d’un côté vers le lac de Genève (3, 2 et 3) et de l’autre vers le col. Martigny-Combe est bâti sur un mamelon qui m’a paru séparé de la grande montagne par une sorte de douve, artificielle ou naturelle ? — Dans le même sens (avec des variantes), outre Rice Holmes : Rothpletz, Die Schlacht bei Martigny, à la suite de Egli, Kirchengeschichte der Schweiz, Zurich, 1893, p. 133 et suiv. (bien fait) ; Heierli et Œchsli, Urgeschichte des Wallis, Zurich, 1896 (Mittheilungen). — Cf., contra, Abauzit, Œuvres diverses, II, Amsterdam, 1773, p. 101 et 105, réfuté par Rothpletz, et de Saulcy (Rev. arch., 1861, II, p. 5 et suiv.), réfuté par Rice Holmes (p. 661-662). — Je doute (et c’était déjà l’opinion des contemporains, Baulacre, Œuvres, I, p. 179 et suiv.), je doute fort que le camp décrit par de Fontenu soit un camp de Galba (Hist. de l’Acad. des Inscr., XIV, 1743, p. 98 et suiv.).
[31] III, 1, 5 ; 2, 4 ; 3, 2. Il semble bien que César n’ait pas absolument ordonné ce campement dans le pays, III, 1, 3.
[32] III, 2, 3 ; 3, 1. Dion (XNXIX, 5, 3) ajoute ce détail, que des soldats avaient reçu leur congé pour aller en Italie (à moins qu’il n’ait mal compris commeatus, 2, 3).
[33] III, 2, jusqu’à 4, 1 ; Orose, VI, 8, 2-4 ; Dion, XXXIX, 5, 3. Les indigènes occupèrent omnia fere superiora loca, de manière à barrer les routes, interclusis itineribus : il faut les supposer, à gauche ou à l’ouest, sur le terrain des vignes, aux Happes et sur le sentier à mi-côte qui s’en va au nord vers La Bâtiaz. Pour attaquer le camp, ils ont dû descendre (decurrere) par la grande route du col, le chemin des Rappes et le sentier du Plan-Cerisier. Il ne semble pas qu’ils aient attaqué par la Dranse (III, 2, 1).
[34] III, 4, 2, jusqu’à 5, 1.
[35] Resque esset jam ad extremum perducta casum, III, 5, 1.
[36] III, 5, 2, jusqu’à 6, 3 ; Orose, VI, 8, 5 ; Dion, XXXIX, 5, 4. La principale sortie et la poursuite eurent lieu du côté des hauteurs (6, 2 ; δε 'αύτών προς τά μετέωρα, Dion), sans doute par le chemin des Rappes.
[37] III, 6, 4-5 ; c’est Dion qui fournit la date, ή τε ώραία (XXXIX, 5, 2).
[38] Strabon rattache directement la révolte des Vénètes à leur crainte de voir César passer en Bretagne (IV, 4, 1) ; cf. César, III, 8, 1, et IV, 20, 4.
[39] César, III, 7, 2-4 ; 8, 2 et 5.
[40] III, 8, 2.
[41] III, 8, 3 ; cf. 7, 4 : les mss. α ont Esubios, les mss. β semblent hésiter entre Esubios et Unellos : Napoléon III, p. 137, accepte Unelli ; contra, Deller, Philologus, XXVI, 1867, p. 667-8, Rice Holmes, p. 663, qui font remarquer avec raison la richesse en blé du pays de Séez (Esuvii).
[42] Ce détail seulement chez Dion, XXXIX, 40, 1.
[43] César, III, 8, 3-5 ; 9, 10 : Socios... Osismos, Lexovios, Namnetes, Ambiliatos [Ambianos, mss. β ; Ambivaritos, Orose], Morinos, Diablintes [var. Diablintres], Menapios adsciscunt (Veneti) ; Orose, VII, 8, 6-9.
[44] III, 9, 9.
[45] III, 11, 4 ; 17, 1.
[46] III, 28, 1.
[47] III, 9, 10 ; IV, 20, 1 (le omnibus fere Gallicis bellis s’explique peut-être par des renforts envoyés aux trois groupes de combattants) ; Orose, VI, 8, 8.
[48] III, 1-2.
[49] III, 11, 3.
[50] III, 8, 4 ; 10, 3 ; 17, 4.
[51] César, III, 8, 5 ; 9, 1 ; Dion, XXXIX, 40, 3.
[52] Peut-être à Amiens.
[53] III, 9, 2.
[54] Cum primum per anni tempus potuit, III, 9, 2. Il semble qu’il y eut alors une concentration générale de l’armée, comme d’ordinaire au printemps (VII, 9, 5 ; VIII, 52, 1 ; VI, 4, 6 ? ; V, 8, 1).
[55] César, III, 11, 1-2 : Labienus semble n’avoir eu avec lui que des corps auxiliaire, surtout de cavalerie.
[56] III, 11, 3 : une légion, deux cohortes et beaucoup de cavalerie.
[57] III, 11, 5 ; cf. 14, 3 : peut-être une légion et huit cohortes.
[58] III, 11, 4.
[59] III, 11, 5 : deux légions ?
[60] Partiendum sibi ac latius distribuen tam exercitum putavit, III, 10, 3 ; Dion, XXXIX, 40, 2.
[61] III, 10, 3.
[62] En voyant le soin avec lequel il explique ses dispositions pour la campagne (III, 10), on peut supposer qu’il a eu à se défendre contre certains reproches.
[63] In fluorine Ligere (var. Ligeri), III, 9, 1 (cf. classi, III, 11, 5) ; mais peut-être aussi chez les Andes, les Turons et les Carnutes, Dion, XXXIX, 40, 3. Dion semble dire que Brutus amena de la Méditerranée une flotte de vaisseaux légers (40, 5) : et cela n’est pas impossible.
[64] Gallicis navibus... ex Pictonibus et Santonis reliquisque pacatis regionibus [le pays bordelais ?] ; III, 11, 5. Il est possible que, de ce fait et de celui de l’expédition de Crassus, il y ait eu en 56 une première occupation des pays entre Loire et Garonne.
[65] Remiges ex Provincia, III, 9, 1.
[66] César dit simplement nautas gubernatoresque comparari jubet (III, 9, 1).
[67] Cf. note précédente.
[68] III, 11, 5 ; 14, 3.
[69] Il n’est pas dit qu’il fut légat en titre. César l’appelle seulement Decimum Brutum adolescentem (III, 11, 5).
[70] La bataille maritime et les opérations de César se déroulent in Venetos (11, 5), la concentration de toutes les forces de la ligue eut lieu in Venetiam (9, 9), dans un port ou une rade capable de contenir plus de 200 gros navires (14, 2). Tout cela semble indiquer un estuaire ou une anse du Morbihan, Port-Navalo ? — On a proposé l’estuaire de la rivière d’Auray (Napoléon III, p. 144). — Il n’y a pas à s’arrêter à l’objection que le Morbihan n’aurait pas existé au temps de César.
[71] III, 14, 2.
[72] III, 14, 4 ; 13, 8.
[73] III, 13, 8.
[74] III, 14, 4 ; cf. 13, 8.
[75] III, 13, 8 ; 14, 4.
[76] Falces præacutæ, insertæ affixæque longuriis, 14, 5.
[77] Non absimili forma muralium falcium, 14, 5.
[78] III, 14, 6-8.
[79] Cf. III, 13, 7 ; 15, 1, 2 et 5. — Cf., pour tous ces détails, Jal, La Flotte de César, 1861, p. 32 et suiv.
[80] III, 11, 5 ; 14, 2 et 3.
[81] Neque satis Bruto... constabat quid agerent, 14, 3 ; cf. 9, 4 et 6.
[82] III, 11, 5. — Il a dû venir d’Angers plutôt que de Rennes, puisqu’il a laisse Sabinus marcher de ce dernier côté. — Contrairement à l’opinion courante, je fais marcher César (sans rien affirmer d’ailleurs), non par le sud, mais par le nord du Morbihan : 1° la région du nord, Vannes, Auray et Hennebont, a toujours été le centre de la vie économique, politique et religieuse du pays des Vénètes ; 2° manœuvrant par le sud, César risquait d’être bloqué dans la presqu’île de Sarzeau ; 3° il parle, à propos de sa marche contre les Vénètes, de complura oppida (14, 1), situés in extremis lingulis promunturiisque, et entourés d’eau à marée haute (12, 1) : cela apparaît surtout sur le côté nord du Morbihan ; 4° vada, portus, insulas (9, 6), qui doivent être le théâtre de la guerre, font songer au Morbihan plus qu’à la côte de Sarzeau : 5° César parle encore de pedestria itinera concisa æstuariis (9, 4) : cela convient surtout à la route du nord, de Blain, Rieux (près de Redon) et Questemhert ou Elven à Vannes, Auray, Hennebont.
[83] III, 9, 4 ; cf. 10, 1. A Vannes ? (qui est un lieu de gué, Diarioritum), au Pont-Sal ? à Auray ?
[84] III, 12, 1-4 ; 14, 1.
[85] On construisait (12, 3) d’abord, semble-t-il, deux digues (moles) parallèles en pierre, puis, quand elles touchaient à la place et que l’eau ne pénétrait plus dans l’intervalle, on y bâtissait la terrasse (agger) ; von Gœler, 2° éd., p. 105.
[86] III, 12, 1-5 ; 14, 1 ; Orose, VI, 8, 1. A l’île de Berder (?), dont la position explique le mieux les travaux faits par César ; on a supposé également les îlots de Boëdic et de Tascon, la pointe de Fort-Espagnol dans le chenal d’Aura :, etc. ; cf. Orieux, XIX, p. 69-70, Blancho, p. 10. Il est possible, quoique César dise (14, 1) compluribus expugnatis appidis, qu’il n’ait pas fait beaucoup de sièges. Mais il paraît en tout cas certain que cette campagne a été très longue, le menant jusque vers le mois d’août, Dion, XXXIX, 40, 3 ; César, III, 12, 5.
[87] César, III, 14, 1, 8 et 9 : il a campé tout près de la mer, dans un terrain de hauteurs et de collines (14, 9), bordé par une plage où une flotte nombreuse pouvait s’échouer (Dion, 42, 1). Cela me parait convenir à la presqu’île de Locmariaquer, qui domine l’entrée du golfe, la haute mer et Port-Navalo. César a pu camper sur la colline de Kerhere ou sur celle à l’ouest de Locmariaquer.
[88] 9, 6 et 7 ; 12, 5.
[89] Cf. Dion, XXXIX, 40, 5.
[90] César, III, 14, 2 ; Dion, XXXIX, 40, 5. A partir d’ici, c’est-à-dire pour tout le récit de la bataille, je préfère le récit de Dion à celui de César (copié par Orose, VI, 8, 11-16), dont il diffère notablement : il est plus complet, plus précis et plus conforme, au moins suivant moi, à la nature des lieux et à la marche d’une bataille navale antique. Dion, ou plutôt Tite-Live, a dû avoir sous les yeux un récit circonstancié fait par un témoin oculaire, servant sur la flotte (cf. de même, pour les batailles navales contre les Marseillais). — Dans un sens opposé : Meiber, Des Dio Cassius Bericht, p. 289 et suiv. des Commentationes Wœlfflinianæ, Leipzig, 1896 ; Columba, Cassio, p. 53-6 ; et autres.
[91] Άνέμω καί πολλώ καί σφοδρώ, Dion, XXXIX, 41, 2 : ce ne peut être qu’un vent de terre, le Nord-Est, fréquent dans ces parages à la fin de l’été. César, au contraire (III, 15, 3), ne parle que du vent qui aurait aidé les Barbares à fuir, ce qui peut être, soit le Nord-Est vers la haute mer, soit le Sud-Ouest vers la terre.
[92] Dion dit que Brutus fut attaqué alors qu’il était au mouillage, ναυλοχούσαις (XXXIX, 41, 2) ; il ajoute que devant l’attaque, il songea à l’échouage (42, 1) : ce que confirme César en parlant des incertitudes de l’amiral (14, 3) ; d’autre part, Brutus était très près de son chef (14, 8-9). Je crois donc qu’avant la sortie des Gaulois, il a eu le temps de naviguer par le travers de l’entrée du golfe, de prendre contact avec le proconsul, et de mouiller au sud de la presqu’île de Locmariaquer, à la portée des légions.
[93] Ce qui m’a fait choisir les parages des presqu’îles de Locmariaquer et de Port-Navalo, ce sont : 1° la probabilité de l’arrivée de César par le nord du Morbihan ; 2° les différents détails, voisinage du port gaulois, projet d’échouage de Brutus, probabilité du vent du nord-est, détails résultant surtout de Dion, et qui me paraissent plutôt convenir à ces parages. — Cette opinion a eu ses défenseurs vers 1855, lors des polémiques engagées sur ce sujet. — L’opinion ancienne, dont se rapproche la nôtre, était pour la baie de Quiberon : de Caylus, Recueil d’Antiquités, VI, 1764, p. 369 et suiv., pl. 118 (surtout d’après le président de Robien) ; de La Sauvagère, Recueil, 1770, p. 259 et suiv. — Le système le plus répandu place la bataille, César et Brutus, dans les parages de Saint-Gildas, presqu’île de Ruis ou de Sarzeau, et il n’est pas impossible : de Grandpré, Mém. de la Soc. des Antiquaires de France, II, 1820, p. 325 et s. (c’est lui qu’on a suivi) ; Fouquet, Des monuments celtiques et des ruines romaines dans le Morbihan, Vannes, 1853, p. 41-61 ; Lallemand : 1° Vénétie armoricaine, Vannes, 1860 ; 2° Campagne de César dans la Vénétie, Vannes, 1861 ; von Gœler, 2e éd., p. 106 ; Napoléon III, p. 143 ; Long, IV, p. 111 ; van Kampen, pl. 5 ; Fallue, p. 101 ; Orieux, César chez les Vénètes, Bull. de la Soc. arch. de Nantes, XIX, 1880, et XXI, 1882 ; Blancho, Guerre maritime de César, Sarzeau, 1809 ; Rice Holmes, p. 663 et suiv. ; etc. — Dans le golfe même : Tranois, La Petite Mer, Mém. de la Soc. arch. et hist. des Côtes-du-Nord, I, 1853, p. 401 et suiv. ; le même, Réponses, Saint-Brieuc, 1855. — Je regarde comme impossible tout système qui éloigne du Morbihan, c’est-à-dire des Vénètes. — Au sud, dans les parages de Guérande : Sioc’han de Kersabiec, Corbilon, etc., Bulletin de la Soc. arch. de Nantes, VIII ; 1868, p. 218 et suiv. ; Nicolazo de Barrnon, Romains et Vénètes, Nantes, 1872 ; de La Monneraye, Géogr. ... de la péninsule armoricaine, 1884, Saint-Brieuc, p. 166 ; Kerviler, en dernier lieu Armorique et Bretagne, I, 1893, p. 101-152 ; de La Borderie, Hist. de Bretagne, I, 1896, p. 72. — A plus forte raison, les côtes du Finistère : P. de l’Isle du Dréneuc, Des Gaulois Vénètes de la Grande Brière, etc., [1887, Saint-Brieuc], extrait du Bull. arch. de l’Association Bretonne.
[94] III, 14, 8 et 9.
[95] Ώς ούδέ έκείναις τι πράξων, XXXIX, 40, 5 ; cf. César, III, 14, 3-4.
[96] César, III, 14, 5-7 ; Dion, XXXIX, 43, 4.
[97] César, III, 15, 3-4 ; Dion, XXXIX, 42, 2.
[98] Dion seulement, XXXIX, 43, 1.
[99] Les vaisseaux de Brutus étant, dit Dion (41, 2), au mouillage.
[100] Dion seulement, XXXIX, 41, 2, et 42, 1.
[101] Dion seulement, XXXIX, 42, 1. Il dut songer à échouer sous l’abri des troupes de César, sur la grande plage devant Kerhere ou plus à l’ouest.
[102] Dion, XXXIX, 42, 2 : rien dans César. Le vent du nord-est, en été, tombe en effet vers midi.
[103] Περιπλέων καί διαπλέων [διεκλέων ?], etc. : Dion (XXXIX, 42, 2 et 3), et lui seul, et ces termes me paraissent correspondre à des manœuvres navales connues.
[104] César, III, 15, 1 ; Dion, XXXIX, 42, 3 et 4.
[105] Dion seulement, XXXIX, 43, 1.
[106] Dion, XXXIX, 42, 3 et 4 ; César, III, 15, 1 ; Dion ajoute que si Brutus avait le dessous quelque part, il pouvait se retirer aisément.
[107] Dion seulement, XXXIX, 43, 1 et 4.
[108] César, III, 15, 5.
[109] Tout cela, seulement chez Dion, XXXIX, 43.
[110] César, III, 15, 5.
[111] César, III, 16 ; Dion, XXXIX, 43, 5 ; Orose, VI, 8, 17.
[112] Il est probable que sous l’expression Unelli (III, 17, 1), César entend aussi les gens d’Avranches.
[113] His (aux Unelles) præerat Viridovix, III, 17, 2.
[114] Præterea multitudo undique ex Gallia, III, 17, 4.
[115] Je suis le texte de César, mais il est à remarquer que César, qui nous parle ici (17, 3) de la révolte des Lexovii comme d’une chose très récente, les place plus haut (9, 10 ; 11, 4) parmi les révoltés de la première heure.
[116] III, 17, 3.
[117] Idoneo omnibus rebus loto castris, III, 17, 5 ; Dion, XXXIX, 45, 3. — Aucune autre indication. Cependant, comme ce camp a dû être placé : 1° sur la route directe d’Évreux à Lisieux, au Cotentin et à Corseul (II, 4), 2° peut-être au point de départ d’une route vers les Vénètes (18, 4), 3° chez les Unelles du Cotentin (17, 1), 4° à portée et de blé et d’eau et de bois, omnibus rebus (17, 5), 5° sur une hauteur à pente douce, à 1500 mètres de la plaine (19, 1), 6° en face, à 3 kilomètres, d’un lieu propre à un grand campement (17, 5), on peut chercher entre Vire, Mortain et Avranches. Je préférerais les environs de Vire, pays très riche, grand carrefour de routes, et à la frontière des Unelles. Sabinus a pu s’installer à Vire et Viridovix au carrefour de La Papillonnière. — Le camp du Châtelier sur la Sée, à 7 kilomètres d’Avranches, a été proposé par Girard (dans les Mém. de la Soc. arch. d’Avranches, I, 1812, p. 183 et suiv.), accepté par Napoléon III (p. 147). — On a proposé Champrepus près de Villedieu (après d’autres : Quenault, Nouv. Observations sur la défaite, etc., Coutances, 1862 ; Marigues de Champrepus, Viridovix... et Sabinus, 1862, p. 15 et suiv. ; contra, de Gerville, Mém. ... des Antiquaires de France, VII, 1826, p. 192 et suiv.). — Une opinion courante est Montcastre, bien au nord de Coutances (de Gerville après d’autres, reprise par Lepingard, Notices, etc., p. p. la Soc. d’Agriculture... de la Manche, Saint-Lô, II, 1864, p. 21 et suiv. ; Fallue, p. 104). — Vierville (Desroches, Hist. du Mont Saint-Michel, Caen, I, 1838, p. 21 et suiv.). — Ces deux dernières hypothèses sont trop au nord. Les deux autres emplacements peuvent se défendre, à la condition, bien entendu, de ne pas employer des arguments étymologiques.
[118] III, 17, 5.
[119] III, 17, 5-7.
[120] 18, 1-6 ; Dion, XXXIX, 45, 4, qui ajoute que les Gaulois étaient gorgés de nourriture et de boisson : ne serait-ce pas un contresens sur inopia [où il aurait lu étourdiment copia] cibariorurn de César, 18, 6 ?
[121] 18, 7-8.
[122] 18, 8 ; Dion dit, au contraire, pour brûler les Romains, 45, 4.
[123] III, 18, 8, jusqu’à 19, 4 ; Dion, XXXIX, 43, avec quelques détails de plus.
[124] À la même date que la bataille navale. III, 19, 5.
[125] III, 19, 5-6.
[126] Samazeuilh, Hist. de l’Agenais, I, Auch, 1846, p. 10 et suiv. ; Chaudruc de Crazannes, Nouvelles Considérations, etc. (Recueil des travaux de la Soc. ... d’Agen, VI, 1832) ; Monlezun, Hist. de la Gascogne, I, 1846, Auch, p. 43 et suiv. ; Sorbets, Études arch., Aire, 1874, p. 73-84 ; Tartière, Campagne, etc., dans l’Annuaire des Landes pour 1877, p. 115 et suiv.
[127] César, III, 23, 1 ; cf. I, 1, 7.
[128] Bellum gerendum, III, 20, 1.
[129] Cf. pour ce qui suit : III, 20, 1, 3 et 4 ; 21, 3 ; 22, 4 ; 23, 6 et 7 ; 24, 2 et 3 ; Dion, XXXIX, 46, 3.
[130] III, 23, 3-6.
[131] III, 20, 1.
[132] III, 20, 2 ; cf. 25, 1.
[133] Cela explique quibus ad pugnam non multum confidebat (25, 1).
[134] III, 20, 2.
[135] III, 20, 2.
[136] Cf. I, 10, 2.
[137] Je n’hésite plus : 1° à cause des analogies de noms (Scittio, dans l’Itinéraire de Jérusalem, p. 550, W., est bien Sos ; lisez Sottio) ; 2° la place assiégée par Crassus (20, 3) est près de la frontière ; 3° Sos a été, au Moyen Age, une place forte et un point Stratégique d’importance ; 4° l’étude des lieux permet de retrouver les détails donnés par César. C’est à Sos que la route d’Agen à l’Adour coupait celle de Bordeaux et Bazas à Eauze. — De même, outre beaucoup d’autres dès 1500 et sans doute avant : de Villeneuve-Bargemont (Second Recueil des Travaux de la Soc. d’Agric. ... d’Agen, 1812, p. 275 et suiv.) ; de Métivier (Mém. de la Soc. arch. du Midi, II, a. 1834-5, p. 339 et s.) ; de Crazannes (Nouv. Consid., p. 16 et suiv.) ; Tanière (p. 119 et suiv.) ; Breuils (Revue de Gascogne, XXXV1, 1895) ; et la grande majorité depuis la fin du XVIe siècle. — Les emplacements les plus extraordinaires ont été proposés. Le moins déraisonnable est Lectoure (Sanson, § 183 : Napoléon Ier, p. 51 ; Camoreyt, La Ville des Sotiates, Auch, 1897, plan à la p. 45). — Autres : le pays de Lavedan, à cause des bons chevaux, et en particulier Lourdes ou Saux près de Lourdes (de Vigenere, p. 109, etc., thèse reprise par Bascle de La Grèze, Mém. des Antiquaires de France, n. s., X, 1850, p. 284 et s.) ; Condom (Fallue, p. 107) ; Foix (Lancelot, Hist. de l’Acad. des Inscr., V, 1729, p. 291, défendu par Adolphe Garrigou, en dernier lieu dans sa Première Campagne des Romains contre les Sotiates, Foix, 1889) ; Vicdessos ; Sost dans les Hautes-Pyrénées ; Saint-Lizier (Cabibel, Foix et Saint-Lizier, etc., Foix, 1901) ; Aire, à laquelle on a dû penser au Moyen Age (de Marta, Hist. de Béarn, nouv. éd., I, 1894, p. 47).
[138] Sontiates, mss. α, tandis que les mss. β inclinent vers Sotiates ; Adiatunnus, mss. α ; Adcatuannus, mss. β : César, III, 20, 2 et 3 ; 21, 1 et 2 ; 22, 1 et 4. Les monnaies à son nom en latin (rex Adietuanus... Sotiota, Blanchet, p. 96) ont dû être frappées après sa soumission aux Romains. Άπιάτας pour les Sotiates est fautif chez Dion (XXXIX, 46, 2). Άδιάτομον τόν τών Σωτιανών βασιλέα, Nicolas de Damas ap. Athénée, VI, 54, p. 249.
[139] His lotis (20, 1) peut se rapporter au pays de Sos ; voyez 21, 1 : Superioribus victoriis freti.
[140] III, 20, 2-4 ; 21, 2 ; Orose, VI, 8, 19. La première rencontre a pu avoir lieu sur la route, à 6 kil. de Sos, vers Poudenas, et les fantassins aquitains se cacher, au delà de ce village, dans le creux du vallon (in convalle) qui le borde, lequel se prête fort bien à une embuscade. C’est à Poudenas, je crois, que finit l’Agenais, sur la route d’Agen à Sos. — On a proposé d’ordinaire, plus au nord, les abords de Barbaste et de Nérac (de Crazannes, p. 18 ; Breuils, p. 241 et suiv.).
[141] La Gélise et le ruisseau de la Gueyze. Natura loci et manu munitum, 23, 2.
[142] 21, 2.
[143] 21, 2 et 3. La terrasse put être bâtie sur le seuil que suit la grande route de Nérac avant de toucher Sos ; le camp romain, sur la hauteur de Saint-Martin.
[144] 21, 3. Le siège dura paucis diebus, 23, 2.
[145] III, 22 ; Dion, XXXIX, 46, 2 (qui ajoute έξ άπάτης) ; cf. Nicolas de Damas, l. c. Ils sortirent par la porte (celle qui regarde la Gueyze) opposée à celle que menaçait l’agger et qui regardait le camp romain (22, 1), mais celte porte-là était sans doute aussi gardée par un poste de Romains, et, à son appel, le reste de l’armée accourut (22, 4 ; par un sentier descendant de Saint-Martin pour rejoindre les fugitifs à la peyrado de la Gueyze ?).
[146] III, 22, 4 ; Orose, VI, 8, 20. Adiatunn continua à régner.
[147] 23, 1-2 ; cf. 27, 1.
[148] 23, 3-5. César place toute cette organisation de la guerre après la prise de Sos. Cela me parait une de ces interversions dans l’exposé qui sont assez fréquentes chez César : car il parle souvent des préparatifs d’une campagne au moment où elle commence (cf. III, 14, 3 et suiv. ; VII, 22, 1 et suiv. ; 57, 2).
[149] Le seul renseignement géographique est le suivant (23, 1) : Crassus in fines Vocatium et Tarusatium profectus est. — Pour les Vocates, il n’y a pas de doute (l’ancienne hypothèse, Boiates = Bayonne, n’a presque plus de défenseurs) : ce sont les Boiates du pays de Buch, et probablement sous ce nom (déjà dit par Marlianus), César entend aussi les Basales du Bazadais ; car : 1° il ne nomme nulle part ces derniers ; 2° cf. Pline, Basabocates ou Basaboiates, III, 108. — Pour les Tarusates, j’accepte, sans certitude, Tartas (déjà proposé par de Maria, n. éd., I, p. 49) ; car : 1° il y a une vague similitude entre les deux noms ; 2° il ne faut pas chercher trop loin du Bazadais, vu que les deux peuples, d’après le texte de César, paraissent se toucher ; 3° Tartas a toujours été un centre important, militaire et économique. — Cela étant, il est impossible que Crassus ait marché à la fois vers Bazas et vers Tartas. Je préfère ce dernier itinéraire : 1° c’est la suite de celui qui l’a conduit d’Agen à Sos ; 2° la route qu’il suit est la voie diagonale et stratégique de l’Aquitaine ; 3° c’est sur cette voie que les confédérés ont dû se réunir, à portée de l’Espagne ; 4° ce n’est que sur cette voie fréquentée, et aux carrefours de rivières et de routes, de Mont-de-Marsan, Tartas, Saint-Sever et Dax, qu’on pouvait dire in dies hostium numerum augeri (23, 7) ; 5° ce n’est que là que je trouve, en Gascogne, apertissimis campis (26, 6). — On a surtout proposé (dès Marlianus), pour les Tarusates, Aire et le pays de Tursan, ce qui est possible. — Comme lieu de rencontre, la ligne de l’Adour ou de la Midouze a été acceptée le plus souvent, avec, comme lieux de la bataille (d’ailleurs possibles) : Aire (Sorbets, après bien d’autres), Cazères (Tartière), Souprosse, Mont-de-Marsan (Fallue, p. 110), etc. — On a proposé, au sud de cette ligne, ce qui est par suite assez invraisemblable : Miramont et Sarron (Tauzin, Revue de Gascogne, XXXVI, 1895, p. 513 et suiv. ; etc.), Saint-Loubouer (Dompnier de Sauviac, Chroniques de la cité et du diocèse d’Acqs, I, Dax, 1873 [1874], p. 29-30), Gamarde, etc. — La route de Bazas est acceptée par de Crazannes (Nouv. Cons., p. 13).
[150] Vias obsidere, commeatibus nostros intereludere, obsessis viis : allusion à des attaques de flanc par des routes transversales.
[151] Il est probable que, dès que Crassus approcha de l’ennemi, il s’arrêta dans un camp bien fortifié, attendant les manœuvres ennemies, comme Sabinus devant Viridovix et si souvent César : par suite, les opérations mentionnées par César (depuis 23, 4) se ramènent toutes à des manœuvres autour d’un même camp.
[152] III, 23, 6 ; 24, 4-5 : 23, 1 et 2 : Dion, XXXIX, 46, 2.
[153] Consuetudine populi Romani, 23, 6.
[154] 23, 7 : 24, 2-3.
[155] 23, 7 ; 24, 1.
[156] III, 26, 6.
[157] III, 24, 2-4 ; Dion, XXXIX, 46, 3.
[158] 24, 4.
[159] 25, 1.
[160] Il est bien probable que le camp des Aquitains était en plaine ou sur un mamelon peu élevé.
[161] 25, 1 et 2.
[162] 26, 2.
[163] 25, 1 ; Dion, XXXIX, 46, 3 et 4.
[164] 25, 2 ; Dion, XXXIX, 46, 4.
[165] 26, 1 et 2.
[166] 26, 3 ; Dion, XXXIX, 46, 4.
[167] 26, 4-5.
[168] Apertissimis campis (26, 6) : c’est la seule indication topographique pour toute cette campagne. Cela signifie, je crois, une plaine non boisée de plusieurs kilomètres. Il me semble qu’on ne peut guère en trouver, en Aquitaine, que dans la région entre Landes et Chalosse ou entre Béarn et Armagnac, le long de l’Adour, de Riscle à Dax. C’est à l’endroit où Crassus, venant de Sos, a débouché dans la vallée de l’Adour, qu’il faut chercher les épisodes racontés par César, vias obsidere, numerum hostium augeri, les deux camps, la bataille et la poursuite. — On peut songer à la plaine de Saint-Sever, ou, plutôt, à celle de Bégaar, au sud-ouest de Tartas. Crassus sera venu par Sos, Herré, Saint-Justin, Mont-de-Marsan et Tartas ? Son camp a pu être sur un des coteaux de Tartas près de la rive gauche de la Midouze, celui des ennemis sur la légère hauteur de Bégaar, l’attaque directe se faire par la ligne de la grande route actuelle, l’attaque de derrière, par la ligne que suit la voie ferrée et par le vallon du ruisseau du Lizou, la poursuite se faire dans le bas vers les rivières.
[169] 26, 6 ; Dion, XXXIX, 46, 4 ; Orose, VI, 8, 22.
[170] Hiems suberat, 27, 2. J’imagine, comme la poursuite a été facile toute la nuit, qu’il y avait pleine lune (10 septembre).
[171] César, III, 27, 1, nomme : Tarbelli [Dax, Bayonne et Pays Basque], Bigerriones [Bigorre], Ptianii [?], Vocates [Buch et Bazadais], Tarusates [Tartas], Elusates [Eauze ; les mss. ont Flustates], Gates [?], Ausci [Auch], Garunni [var. Garumni], Sibuzates [var. Sibulates ; la Soule], Cocosates [var. Cassates ; dans les Landes, autour de Morcenx ?]. Remarquez l’omission des gens de Lectoure. On a cherché les Garunni, très hypothétiquement, dans la haute vallée de la Garonne ; les Gates et les Ptianii sont peut-être dans le Tursan. — Ce que dit Florus d’Aquitains réfugiés dans les cavernes et murés là par ordre de César (I, 45, 6), doit se rapporter à la campagne de 51.
[172] III, 27, 2 : on peut supposer, en songeant aux ultimæ nationes qui manquent à cette liste, les gens du Béarn et d’Oloron.
[173] Cf. Cicéron, De prov. cons., 14, 34.
[174] Cf. III, 7, 1 : Expulsis Germanis.
[175] III, 11, 1 et 2. Labienus a dû suivre la route d’Amiens, Soissons, Reims, Mouzon, Izel, Arlon, Trèves. Remarquez que dans cette campagne de Labienus contre les Trévires (comme dans presque toutes les autres de ce côté), la cavalerie joue le principal rôle.
[176] III, 28, 1.
[177] Prope exacta jam æstas, 28, 1, milieu de septembre ?
[178] Il l’avoue lui-même, 28, 1 : Arbitratus id bellum celeriter confici posse ; de même, Dion, XXXIX, 44, 1.
[179] Longe alia ratione, 28, 1.
[180] Cf. Dion, XXXIX, 44, 2.
[181] 28, 2 ; Dion, 44, 2. A l’intérieur de la forêt de Nieppe ? ou, s’il faut accepter όρών, de Dion Cassius, au fond de cette forêt, sur les collines boisées soit du mont Cassel, soit des monts de derrière Bailleul ?
[182] Étant donné que César déclare marcher contre les Ménapes et les Morins (28, 1), je suppose qu’il visait surtout le mont Cassel, qui est aux Ménapes, la principale place de cette région. Mais il résulte bien de son récit et de IV, 38, 2, qu’il n’a pu arriver jusque-là et n’a pu sortir de chez les Morins. Je le suppose donc allant d’Amiens à Arras, d’Arras à la frontière des Morins (vers Cauchy, par la chaussée Brunehaut de Thérouanne), et de là droit vers le nord, sur Cassel : c’est alors, vers Lillers ou le mont Corbeau (où il campe ?), qu’il rencontre initium silvarum, le double obstacle des marais de la Lys et de la forêt de Nieppe, où l’attend l’ennemi. — Gantier (p. 194 et suiv.) lui fait suivre une direction toute différente, Montreuil, Hazebrouck, Ypres, Roulers, où il place les combats, et il cache les Barbares dans la forêt de Thourout.
[183] 28, 3 ; Dion, 44, 2.
[184] 28, 2-3.
[185] 28, 34 ; Dion, 44, 2.
[186] 29, 1 et 2 ; Dion, 44, 2. Sur le tracé de la voie dite rue des Pierres, de Thiennes à Wallon-Cappel vers Cassel ? ou à travers la forêt de Dieppe, de la Lys et de Thiennes à Vieux-Berquin vers les monts de Bailleul ? Florus semble parler de forêts incendiées, s’il faut lire, comme je crois : [Morini] morabantur [var. dilabebantur] in silvis : jussit incendi (I, 45, 6 ; voir l’éd. Rossbach).
[187] 29, 2 et 3. Autour de Wallon-Cappel ou de Vieux-Berquin, suivant la route qu’on fera prendre à César (cf. note précédente).
[188] 29, 3. Vers le mont de Cassel ou vers les hauteurs de Bailleul et le mont Kokereele, suivant la route (cf. les deux notes précédentes).
[189] III, 29, 3 ; Dion, XXXIX, 44, 2.
[190] Cf. II, 1, 3 ; 24, 4 ; III, 10, 2 et 3 ; 17, 4 ; 18, 6 ; 19, 6 ; 25, 1 ; IV, 5 ; 6, 3.
[191] V, 54, 2 : avant l’hiver de 54-53.
[192] V, 25, 2 et 3 : en 56, César le dit lui-même. De lui sont sans doute les monnaies ΤΑSGΗΤΙΟS-ΕΛΚΕSΟΟΥΙZ et ΤΑSGΕΤΙ (n° 6295-307).
[193] César, IV, 21, 7 : Commium, quem ipse, Atrebatibus superatis, regem ibi constituerat. Malgré l’interprétation courante, je crois que ibi désigne, non les Atrébates, mais les Morins, où se trouve César lorsqu’il parle ainsi. Car : 1° Comm est un Atrébate, et César dit qu’à sa prière il rendit la liberté à son peuple (VII, 76, 1), ce qui me parait incompatible avec un roi imposé ; 2° Comm est toujours dit Atrebas (IV, 27, 2 ; 35, 1 ; V, 22, 3 ; VI, 6, 4 ; VII, 76, 1 ; VIII, 7, 5 ; 21, 1 ; 47, 1) et non rex Atrebatium ; 3° VII, 76, 1 : dans ipsi Morinos attribuerat (César), ipsi parait s’appliquer à Comm, non à la cité des Atrébates. Je crois donc qu’à cause de ses relations avec la Bretagne (IV, 21, 7), César lui aura donné le commandement de Boulogne et du littoral (cf. VI, 6, 4). Dans le même sens, Münzer ap. Wissowa, IV, col. 770.
[194] C’est ainsi que j’interprète, hypothétiquement, le billet de César à Cicéron, que transcrit ce dernier (Ad fam., VII, 5, 2) : M. Orfium (?), quem mihi commendas, vel regem Galliæ [pour in Gallia ?] faciam, etc. Écrit en 54.
[195] Dion, XL, 41, 1.
[196] Après le milieu de 57, il n’est plus question de lui que de façon rétrospective (VII, 39, 1).
[197] Au moins en 54 : V, 6, 1.
[198] V, 6, 2. — Une autre immixtion dans les affaires intérieures des Éduens résulterait de VII, 39, 1 (Viridomarus... quem Cæsar... ad summam dignitatem perduxerat), s’il était prouvé qu’il ne s’agit pas de quelque honneur dans l’état-major romain.
[199] Année 55. Dion, XXXIX, 31 et suiv. ; etc.
[200] César parait avoir accordé le titre de hospes à des Gaulois de la Province (I, 53, 6) et de la Gaule indépendante (V, 6, 2) ; cf. Suétone, César, 48.
[201] Je crois très probable, cependant, qu’elle se soit alors réunie, peut-être dans les mêmes conditions qu’en 58.
[202] César, IV, 6, 5 : à Amiens (?), printemps de 55 : César dit seulement principibus Galliæ evocatis ; il ne prononce le mot concilium qu’au printemps de 54 (V, 2, 4), mais il semble, d’après l’emploi du pluriel dans ce dernier texte, qu’il y ait eu déjà des concilia convoqués par lui.
[203] Cf. Cicéron, De prov. cons., 14, 34 et 35 ; 8, 19.
[204] Le discours De provinciis consularibus fut prononcé au milieu de 56. C’est une réponse à ceux qui avaient proposé le rappel de César avant le 1er mars 54.
[205] De prov. cons., 13, 33 ; 14, 34 et 35.