HISTOIRE DE LA VIE BYZANTINE

TOME III – L’EMPIRE DE PÉNÉTRATION LATINE (1081-1453)

 

CHAPITRE CINQUIÈME. — LA DÉBÂCLE PAR LES OSMANLIS.

 

 

I. — L'AVANCE OTTOMANE

 

Ce n'est pas que l'Empire eût à craindre du côté des Bulgares ou des Serbes, les ennemis traditionnels, en tant que rivaux, de l'Empire.

Le Tzar Alexandre s'était uni par une nouvelle alliance de famille aux Paléologues, non sans avoir retenu les ports disputés de la Mer Noire, Anchiale, le « Lassilo » des Occidentaux, l’Aquila des Catalans, et Mésembrie.

L'Épire échappait aux Byzantins, Albanais et Napolitains se réunissant pour la leur défendre. La Thessalie resta encore aux Serbes, mais dès 1367 Thomas Prélioubovitch, gendre de Siméon Ouroche, avait eu Ianina ; Arta restait albanaise, appartenant à Jean Spata, qui lui aussi portait le titre de despote, C'est par le second mariage de sa veuve, Marie, que l'Épire du Nord passera au Florentin Esaü des Buondelmonti, parent des Acciaiuoli et des Tocchi des îles Ioniennes, sa sœur étant la femme de Léonard Ier, duc de Leucade. Esaü eut pour seconde femme la propre fille de Spata. La troisième fut Eudocie, fille de Georges Balcha, qui lui donna un fils, Georges. Un autre Spata, Maurice, en devint le premier héritier après 1408, puis Carlo Tocco, qui remplaça les deux seigneurs de l'Épire. Sous Charles II les Turcs devaient entrer à Ianina.[1]

Le grand Tzar Étienne Douchan était mort à Diavoli, en terre d’Empire,[2] et trois prétendants se disputèrent cet empire de Serbie de nouvelle création, qui était encore, naturellement, trop fragile pour pouvoir résister au terrible choc de ces ambitions rivales.[3] Son héritier, Étienne Ouroch († 1371),[4] qui avait épousé une princesse de Valachie, fille d’Alexandre, abandonnera tous les buts politiques de son père, alors que son oncle, Siméon, fils d’Étienne Ouroch III et de, Marie Paléologue, cherchera à rentrer le plus possible dans l’hiérarchie byzantine, s’intitulant Siméon le Paléologue, autocrate des Romains, de la Serbie et de la Romanie.[5]

Sur l’autre rive du Danube, les tatars avaient dû céder la place aux princes roumains de la Valachie, ou « de tout le pays roumain », et de Moldavie. Le dynaste valaque Vladislav était vers 1370 un puissant seigneur qui détenait tout le pays jusqu’au Danube. De ce côté-là, il y avait partout de la terre libre. Enfin le royaume de Hongrie, sous l'Angevin Louis de Naples, avait du côté de l’Orient des visées qui ne pouvaient pas porter ombrage aux intérêts byzantins, car elles entretenaient des conflits entre Hongrois et Serbes sur le Danube.

Le grand danger était en Orient, où un changement de politique, de direction, se prononçait, de la part des Turcs. Ils ne se présentaient pas comme des antagonistes naturels de la religion et de l’Empire chrétiens, ils ne se posaient pas en conquérants. Au contraire, malgré leur puissance militaire, qu’il ne faut pas cependant priser trop haut, car elle fut plusieurs fois brisée par les croisés, qui enlevèrent Smyrne à l’émir d’Aïdin, en 1344[6] malgré le nombre et la valeur de leurs archers et de leurs bons cavaliers, ils se prêtaient encore d’assez ; bonne grâce à l’ancien cérémonial humiliant dont Byzance exigeait l’observation de la part de tous les chefs barbares sans exception. Ils obéissaient aux ordres du basileus, qui les appelait devant lui, ou bien s’excusaient, avec force bonnes paroles accompagnées de présents. Ils descendaient de cheval devant la majesté impériale, se mettaient à genoux et taisaient avec componction le brodequin de pourpre orné d’or et de pierreries.[7]

Entre les expéditions de pillage on échangeait des présents : Ourkhail donnait des chevaux, des chiens de chasse, des tapis, des peaux de panthère pour recevoir, avec le caftan de vassalité, des verres d'argent, des étoffes de laine et de soie.[8] Ces ennemis sont presque assimilés, sauf la religion ; ils ont des machines de guerre[9] et parlent le grec en s’adressant aux Romains.[10] Les prisonniers turcs sont traités en chevaliers vaincus !, comme ce fut le cas pour Soliman, fils de Saroukhan, et les émirs se font un plaisir de fournir largement de provisions leurs hôtes chrétiens.[11] Lorsque Our-khan, avec ses quatre fils, vint voir Jean VI, on mangea à la même table et les Byzantins consentirent à s’asseoir devant les tapis qui Servaient de table à leurs visiteurs.[12] Une seule fois on vit avec étonnement un prince turc, qui était le gendre de l’empereur, entrer à cheval dans la cour du palais, à côté de son beau-père, couronné de l’incomparable couronne romaine. Il fallut bien des exhortations pour que le fils du puissant émir Ourkhan consentit à porter le lourd fardeau de cet honneur.[13] Ce qui n'empêchait pas cependant les guerriers turcs de chercher à cribler de flèches dans les rencontres avec les troupes impériales, la personne sacrée de l’empereur.[14]

La rudesse guerrière s’accommodait pourtant chez les Jures avec les anciennes pratiques d’humble soumission. Nous avons dit que, ayant gagné, avec le camp de l’empereur Michel, la « kalyptra » qui ornait le front du conquérant de Constantinople, le Turc Khalil, un prédécesseur des émirs du quatorzième siècle, fit la grossière plaisanterie de la planter sur sa rude tignasse. Cependant on verra encore dans la suite Oumour de Smyrne marcher à pied à côté de Jean VI, qui dut le forcer presque à monter à cheval.[15] Il a été question de l’effort du vieil Andronic,[16] qui avait tenté vainement de réduire, en une grande expédition, tous ces barbares descendant de leurs montagnes avec leurs troupeaux, qui envoyaient une partie de leur jeunesse faire le méfier de pirate ou de pillard en Thrace,[17] recueillaient les tributs des villes soumises, vendaient Tes captifs qu’ils avaient enlevés et s’en retournaient dans la montagne protectrice. Pendant la guerre civile entre les deux Andronic, al piraterie turque prit un grand essor. Les premiers contingents de cette nation apparaissent dans les bandes du jeune empereur. Brousse avait été perdue[18] ; Andronic III voulut sauver Nicée,[19] et, après une longue période de résignation, les habitants grecs de l’Asie Mineure virent apparaître une armée rhomaïque qui venait tenter la récupération de la ville.

Les chrétiens vainquirent d’abord à Pélékanon, Puis une folle panique les saisit ; ils s’enfuirent vers, le rivage, emportant dans un tapis leur chef blessé, pendant que les barbares d’Ourkhan faisaient défiler devant eux les chevaux impériaux ornés de selles rouges.[20]

La conséquence du désastre fut cette prise de Nicée par les Turcs de Bithynie dont nous avons déjà parlé. Le pays était maintenant conquis d’un bout à l’autre. Les Turcs devenaient les vrais maîtres des habitants des vallées fertiles. Ils firent, dit la Chronique de Grégoras, leurs habitations sur le littoral bithynien. A peine l’empereur put-il sauver Nicomédie par son intervention personnelle.[21]

En même temps, la flotte d’Aïdin devenait l’effroi de la mer méridionale, vers l’année 1340.[22] L’émir de Smyrne était le roi de la mer, le θαλαττοκράτωρ, et ses vaisseaux allaient jusqu’à l’île de Crète et aux ports de la Morée méridionale.[23]

Une ligue latine, patronnée par le Saint-Siège, s'organisa entre Vénitiens, Génois, gens de Chypre et Hospitaliers de Rhodes contre cet Oumour. Les Zaccaria attaquaient, dans le Voisinage de la côte asiatique, sans aucune déclaration de guerre et en employant des amis turcs, — les Pérotes combattirent aussi pour leur propre compte contre Jean VI, — la grande île de Chios et les deux Phocées, importantes pour l’exploitation de l’alun. L’Empire reprit possession de ces provinces envahies, mais, quelques années plus tard, ce fut le tour de Lesbos, conquise par les Cattanei ; les Byzantins durent s’unir aux Turcs pour écarter les compétiteurs latins.

Grâce à la croisade de 1344, Martin Zaccaria prenait sa revanche en occupant l’île de Chios et la place de Phocée.[24]

Cette fois l’Empire n’avait pas le loisir de tenter une récupération. Oumour était mort en combattant contre ces rudes Francs de l’Occident ; son successeur conclut un traité favorable aux chrétiens.[25] En vain Cantacuzène s’unit-il aux Vénitiens, qui ne manifestaient pas d’intentions conquérantes ; sa participation à la guerre vénéto-génoise pour la domination dans les mers de l’Orient ne rapporta à l’Empire que des défaites et une plus complète ruine financière à, une époque où l’on portait des joyaux faux, en verre, et où le trésor de la Couronne se trouvait engagé à Venise.[26]

Dans le traité conclu entre Jean Cantacuzène (10 novembre 1349) et les Vénitiens, il était question de détruire, de raser la colonie génoise de Péra.[27] En effet, elle fut attaquée par Nicolas Pisani en 1351, mais les vaisseaux génois commandés par Paganino Doria réussirent à l’en chasser. Avec des embarcations grecques et catalanes, qui finirent par se dérober, une grande bataille fut livrée dans le Bosphore, le 13 février 1352, et les Vénitiens la perdirents.[28] Jean VI, oscillant entre les deux belligérants, finit cependant par confier, contre monnaie, Ténédos à la République de Venise,[29] pendant que François Gattilusio, soutien de Jean V, établissait une dynastie durable à Lesbos. Jean VI offrit même Lesbos au Gattilusio qui le ramena à Constantinople.

Pendant tout ce laps de temps, du côté des Turcs, les Byzantins ont à faire seulement aux bandes de pillards qu’ils savent employer dans leurs querelles dynastiques, ou bien contre leurs ennemis chrétiens du moment : Bulgares, Serbes,[30] Albanais même. Les Turcs arrivent ainsi à connaître tous les recoins de la Thrace, jet de la Macédoine, jusqu’aux montagnes du Balkan et du Pinde, qui bornent encore leur horizon de brigands. Oumour eut même une fois l’occasion de voir auprès de son vieil ami Cantacuzène, la splendeur conservée par l’immense ville des empereurs, qu’ils assiégeaient ensemble.

Les habitants des provinces d’Europe s’accoutumaient aux bonnets turcs, aux, grands cris de combat des guerriers, qui, avant de se jeter sur l’ennemi, semaient leur tête de poussière et élevaient leurs mains vers le ciel.[31] Les alliances de famille, mentionnées, des émirs aveç les Cantacyzènes, les Paléologues, les Batatzès donnaient à tel prince musulman d’Asie Mineure un prestige de descendant d’anciennes familles rhomaïques“.

Il n’était pas toujours facile d’avoir, au moment favorable, ces auxiliaires précieux par leur bravoure et par leur fidélité envers celui qui les avait engagés. Aussi Jean VI, qui avait déjà colonisé des Serbes et des Bulgares dans le Chersonèse,[32] eut-il l’idée, pour son État et sa race, d’établir en Europe une colonie de Turcs, qui seraient toujours à sa disposition : il donna la place de Tzympé à ces mercenaires, qui vinrent avec leurs femmes et leurs enfants.[33] Cette politique ressemblait à celle que Frédéric II d’Allemagne et des Deux Siciles avait employée envers les Arabes de Lucera, avec cette différence notable que l’empereur de la décadence byzantine ne pouvait pas maîtriser ses terribles alliés, qui avaient à leur tête Soliman, un des fils d'Ourkhan. On le vit bien par leurs pillages incessants.

Jusque là, ils vivaient à l’air libre sous leurs tentes,[34] mais, lorsque, en 1354, un grand tremblement de terre démantela les places de la province, les Turcs pénétrèrent partout et se nichèrent dans les maisons qui étaient restées débout (2 mars 1354).[35] Une ville de l’importance de Gallipolis devint ainsi turque. Les habitants de Constantinople durent héberger les réfugiés des campagnes, car on n’entendait pas vivre sous la tyrannie des Turcs, qui imposaient leurs « décadarques » et « épitropes » ou « épistates[36] », et la Capitale elle-même, dont la ceinture de murailles colossales avait été ébranlée, craignit de voir les Turcs entrer en conquérants.[37]

Bientôt Ourkhan et Soliman disparurent.[38] Khalil, le gendre de l’empereur, ne succéda pas à son père. Mourad, autre fils d’Ourkhan, eut l’héritage. Les anciennes relations de parenté et d’amitié disparurent ainsi. D’un seul essor victorieux les bandes bithyniennes gagnèrent Démotika et un grand nombre de châteaux et places du littoral, entre autres la Bourgas actuelle et Tzouroulon, célèbre dans le passé byzantin. Le Vizir Xala-Chahin domina, de Gallipolis, ces régions d’Europe appartenant à son maître le Sultan, qui vivait en Asie, où il n’avait pas de concurrent, car l’émirat de Karassi avait disparu, celui de Safoukhan agonisait et le pays d’Aïdin lui-même était affaibli par les compétitions des successeurs d’Oumour.

Aussi, libre de ce côté ainsi que de celui des Latins, ses alliés, Mourad put-il passer lui-même en Europe et s’emparer d’Andrinople, menacée depuis peu par les Bulgares et dont il fit sa capitale,[39] puis de Philippopolis. A sa mort, en Asie, son père avait demandé qu’on l’ensevelisse dans cette péninsule dont la terre recouvrait les restes d’un de ses fils.[40]

 

II. — PREMIERS ÉTABLISSEMENTS TURCS

 

Les Turcs de 1360 n’étaient pas des barbares logés provisoirement dans un campement qu’on pouvait leur reprendre. Ils avaient maintenant quitté leur ancienne vie de nomades ; des paysans labouraient la campagne, des gens de métiers, venus d’Asie, travaillaient dan ? les villes, les seigneurs terriens exploitaient les nouveaux fiefs militaires distribués par les Sultans, qu'ils servaient à la guerre, entourés de leurs sujets ruraux. Ce n’était pas une invasion passagère, mais une colonisation durable, qui devait bientôt, comme sur l’autre rive de la Mer et, comme on le fera plus tard du côté du Danube et du littoral scythe du Pont, changer l’aspect des provinces occupées.

Après la prise d’Andrinople,[41] qui était une résidence évidemment supérieure à l’ancienne, cette Brousse ou reposaient, sous les monuments qu’il s’étaient bâtis eux-mêmes, les premiers chefs des conquérants, Roum devint pour les princes de la maison d’Osman la partie essentielle de leurs vastes possessions. Le gouvernement de l’Asie était confié à quelqu’un des fils du Sultan, et celui-ci passait les mois d’automne et d’hiver, quand ordinairement était suspendue la vie des camps, dans le grand palais de cette Édirnéh de la Maritza devenue la vraie capitale de l'empire naissant des Infidèles. Aussitôt que les prés reverdissaient, que les chevaux des spahis pouvaient se nourrir d’herbe nouvelle, les hérauts du maitre proclamaient partout la guerre qui serait faite au cours de la nouvelle année ; ils fixaient le point de départ des armées et, autour du poyau stable, formé par la Porte, avec tous ses dignitaires, ses officiers et ses pages du Sérail, par les quelques milliers de janissaires, enfants de chrétiens élevés pour le métier des armes, se rassemblaient, sous leurs oriflammes déjà glorieuses, les contingents des différents sandchakats dont se composait l’héritage, sans cesse agrandi, de l’ancêtre Osman. Mais, à côté, les akindchis, les hippodromes, turcs étaient libres de traverser le pays à leur gré, en pillant.[42]

En même temps les Turcs reprirent pour leur compte la rivalité entre les dominateurs de la Mer Noire et les maîtres serbes de la Macédoine.[43] La mort de Douchane, les querelles pour sa succession leur facilitèrent sensiblement la tâche. Ils balayèrent bientôt la faible domination des petits princes qui, s’étaient nichés dans les châteaux de la montagne du Pinde.

Déjà en 1383, ayant pris Serrés, le 19 septembre,[44] et, en 1385-6, Béroé,[45] ils avaient cçrrçé Thessalonique, jadis gouvernée par Manuel[46] qui capitula en avril 1387, mais devait redevenir bientôt impériale.[47] Le prince byzantin n’avait pas pu défendre cette place importante ; pris par les Turcs, il s’était échappé, n’avait pas été reçu par son père et par les gens de Lesbos : il fallut que le Sultan, qui l’avait abrité à Brousse, intervint pour le pardon de celui qu’il appelait le tchélébi byzantin, au pair de ses propres fils.[48] Non seulement Manuel, mais aussi Jean V accompagnèrent, en vassaux, le Sultan qui se rendait en Asie.[49]

Déjà les Turcs s’étaient engagés même dans des conflits avec les Albanais des Génévisi, des Doucachine, des Thopia, des Castriotes,[50] avec les Serbo-Roumano-Albanais des Balcha de la Zentaf Une offensive serbe, conduite par le roi Vlcachine et le despote Ougliécha,[51] fut écrasée (1371) dans ce combat, livré sur les bords de la Maritza, qui consolida la puissance turque d’Andrinople.[52]

Le comte, le knèze Lazare, que les gens qualifiaient de kralj voulut essayer encore une fois, avec le secours de son voisin de Bosnie, Tvrtko, l’œuvre de délivrance. Il fut vainqueur au combat de PloÊnik, mais, deux années après, perdit son armée, sa couronne et sa vie, dans la grande bataille de Kossovo (1389),[53] dans laquelle le Sultan Mourad périt aussi, assassiné par un des preux de la légende serbe.[54]

Le fils du kral, Étienne, auquel Byzance décerna plus tard le titre de despote, à l’occasion de son mariage avec une princesse des Gattilusii, apparentée à la Maison impériale,[55] dut payer le kharadch et s'engager à prendre part à toutes les expéditions de son seigneur le Sultan.

La Bulgarie finit d’une manière moins tragique. Les fils du Tzar Alexandre,[56] un parent des Paléologues par le mariage entre sa fille, Kyratza, et Andronic, fils de Jean V,[57] se partagèrent ses pays, en frères ennemis. L’un résida à Vidine, un autre, Sichmane, garda la résidence de Trnovo, pendant que l’usurpateur Dobrotitch et, après lui, son fils, Ivanco, restaient maitres du littoral. Dès 1393 la Capitale bulgare appartenait au Sultan Baïézid. Vidine se soumit, se souleva ensuite pour retomber définitivement au pouvoir de ? Osmanlis, qui en firent le siège d’un pacha de la frontière, d’un « marquis turc », gouverneur des bords du Danube contre les Hongrois et les Roumains, dont la force d’expansion fut bientôt arrêtée.

L’Empire était comme une ville assiégée, et, de fait, dès 1391 une armée turque l’étreignait.[58] Il n’avait plus le moindre prétexte pour se mouvoir et pouvait voir de chaque côté le danger turc qui s’avançait rapidement pour renverser jusqu’au dernier débris de ce monde en liquidation pressée.

La mission historique, romaine et chrétienne, de Byzance paraissais être enfin achevée après plus de mille ans. L’État des Paléologue, réduit à des limites misérables, n’aurait plus attendu que le coup de grâce.

Cependant, la conscience du naufrage prochain, de la disparition fatale, n’avait nullement pénétré dans les masses de ce peuple grec qui vivait dans Constantinople, dans les villes de la Mer Noire, dans Thessalonique et dans cette lointaine oasis byzantine du Péloponnèse isolé. L’ancienne vie était restée immuable, et il semblait naturel de la croire éternelle. La Capitale du Bosphore conservait son étendue immense, ses murs imposants, ses monuments glorieux, son commerce florissant, qui néanmoins ne suffisait pas pour payer les nombreux créanciers, de Péra et de Venise, qui avaient consenti des emprunts onéreux et risqués aux empereurs.

Constantinople nourrissait encore quelques centaines de milliers d’habitants. Rien n’avait été supprimé dans la pompe, dans le faste, dans le luxe apparent du Palais, de la Cour, de la Grande Église, des offices publics et des familles de la ville mondiale. Tout était comme aux jours d’auparavant, et le peuple naïf était porté à croire que cela aurait éternellement le même lendemain.

Et n’avait-il pas, du reste, une garantie de cette perpétuité du seul Empire orthodoxe et légitime dans les prophéties qui assuraient que les Turcs, s’ils seraient vainqueurs, ne pourraient pénétrer que jusqu’à la colonne où l'Archange devait paraître pour les chasser, l’épée flamboyante à la main ? N’y avait-il pas, pour rassurer les plus timides, la protection manifeste, prouvée tant de fois depuis les jours des Arabes, de la Sainte-Vierge tutélaire, qui serait obligée de faire un miracle en faveur de son bon peuple fidèle de Constantinople, la ville très chrétienne de l’Empereur θεόστεπτος « couronné par la volonté divine » ? Et, autant que Constantinople vivait encore, pouvait-on abandonner l’espoir de reconquérir tout ce qui avait été perdu, lorsque la récupération était venue tant de fois de cette ville qui valait plus que toutes les autres du monde ensemble ?

Les empereurs se faisaient naturellement moins d’illusions que leurs sujets. A une époque où la croisade, patronnée par le Saint Siège, envoyait sans cesse des pèlerins armés, plus ou moins utiles, Jean V, fils de la Savoyarde, crut devoir appeler l’Europe latine au secours de Byzance. Dès 1355, il avait écrit au Pape,[59] lui offrant des avantages incroyables, tels que l’envoi de son fils Manuel à Avignon, comme otage, l’éducation latine du fils aîné, Andronic, l’établissement d’une école latine pour les dignitaires de sa Cour) le Pape pouvant, au cas où on n’aurait pas tenu ces engagements, disposer de ce prince héritier et de tout l’Empire à son gré, pourvu qu’une flotte vienne à Constantinople avec des troupes contre les Turcs.[60] Plus tard, ces grandes espérances ne furent pas réalisées, car, pendant des mois, en 1365-6, revenant du côté de Vidine, l’empereur fut retenu par le Tzar bulgare Sichmane, en guerre avec le roi de Hongrie, et il fallut l’intervention de son parent Amédée de Savoie pour le délivrer.[61] Et, avant de prendre d’assaut les châteaux bulgares du littoral de la Mer Noire, le brillant chevalier, célébré dans les tournois du monde occidental, réussit même à arracher aux Turcs (1366) Gallipolis, que d’ailleurs ils reprirent quelques mois plus tard.

Alors Jean V offrit au Pape, en échange pour le même secours, le sacrifice des ambitions patriarcales du monde grec, le précieux holocauste de l’ancien dogme, si longtemps débattu : les trois patriarches y avaient donné leur assentiment.

Après avoir visité Naples, où il débarqua, employant des vaisseaux napolitains il se rendit par Mer à Rome, résidence momentanée d’Urbain V, avec son parent, le seigneur de Lesbos, Francesco Gattilusio, et y il fit, dans l’église du St. Esprit, le 18 octobre 1369, sa déclaration d’union.[62] La cérémonie d’hommage eut lieu ensuite, le 21, et l’acte de foi fut renouvelé en janvier 1370. Puis l’empereur repassa par Naples. Or, le résultat de ses pérégrinations était si maigre qu’il lui fallut passer par Venise aussi, espérant y trouver au moins de l'argent. Mais, chargé de dettes anciennes, pour lesquelles il avait gagé les joyaux de sa couronne et l’île de Ténédos, Jean dut emprunter de nouveau, pour vivre et, lorsqu’il fut empêché de partir par ses créanciers vénitiens, il fallut que son fils puîné, Manuel, qui, à l’époque où la flotte turque attaquait les grandes îles prés de l’Asie et les Cyclades, devait être un otage menacé chez les Turcs,[63] lui transmette les moyens de revenir à Constantinople,[64] ces joyaux restant définitivement perdus.

Bien qu’il eût fait deux fois sa déclaration solennelle devant le ,Pape, Jean V ne fut guère secouru, de sorte qu’il lui fallut envoyer son fils plus jeune à la Porte du Sultan.[65] Sous ses, yeux cependant les Vénitiens et les Génois se combattront pour la possession de Ténédos, qu’il avait abandonnée, comme nous l’avons déjà dit, à Venise.

Au printemps de l’année 1376, l’empereur dut accepter la cession formelle de Ténédos aux Vénitiens, prêts à s’entendre avec le Sultan Mourad.[66] Le clergé grec ne devait pas y être incommodé, et les drapeaux de l’Empire allaient être hissés à côté de ceux de S. Marc. Pour s’en venger, Gênes prépara même, aussi bien que le Sultan Baïézid, en cette même année, l’usurpation du fils aîné de Jean V, Andronic, époux de la fille de Marc Kraliévitch,[67] que son père avait aveuglé par ordre du Sultan pour avoir organisé, avec le prince ottoman Saoudchi,[68] le complot qui devait donner de nouveaux chefs aux Byzantins ainsi qu'aux Turcs d'Europe.[69] Cette révolte fut, du reste, soutenue par les riches de Constantinople, aussi par les « Bulgares » de Marc, et aidée en première ligne par le Sultan auquel Andronic et son fils Jean avaient promis un tribut et des droits à Constantinople même, ce qui amena de la part de Manuel non seulement l'offre, sous serment, d'un tribut plus élevé, mais aussi celle d'un concours militaire de 12.000 hommes chaque printemps, sous ses propres ordres.[70] Bientôt à Serrés on vit dans la suite du Sultan, avec Manuel,[71] aussi son frère Théodore, le prince serbe Constantin Dragasès de Chtip, le despote serbe Etienne et Paul Mamonas, le seigneur de Monembasie.[72] Le prince Jean, fils d'Andronic, était entretenu par le Sultan,[73] et, à la prise de Philadelphie par les Turcs, l'ordre avait été donné par Manuel, mais Andronic et Jean se distinguèrent à l'assaut.[74] De son côté, Venise avait été disposée, si on ne pouvait pas rétablir Jean V, à soutenir Mathieu, fils de Jean Cantacuzène.[75] Lorsque l'empereur légitime, appuyé pas les Turcs, eût été rétabli, en 1379, il fallut le concours armé des Vénitiens pour déloger leurs perpétuels rivaux de la forteresse qu'ils occupaient encore.[76]

La question du trône byzantin était considérée comme encore en discussion lorsque, en 1381, le traité vénéto-génois de Turin, qui confiait au comte Amédée de Savoie Ténédos, avec pleine liberté d'en disposer, en détruisant les fortifications, établissait qu'on essaiera de réconcilier Jean V et son fils rebelle, avec la prévision que, si l'empereur tarde à se reconnaître publiquement catholique, les deux puissances maritimes italiennes l'y amèneront par la force. Quant à Ténédos, le gouverneur, Jean Muazzo, qui espérait pouvoir conserver l'île pour lui-même, fut forcé de la livrer à la flotte vénitienne, et, démantelée, elle reçut un gouverneur civil vénitien pour que, en 1397, on demande à Gênes le droit de la fortifier de nouveau dans l'intérêt de la chrétienté.[77]

Mais les projets changeaient vite au gré des malheurs qui accablaient ce qu'on appelait encore un Empire. Alors que, à la veille de la bataille de Nicopolis, livrée en 1396 par les croisés aux Turcs, Manuel, qui avait envoyé une ambassade à Sigismond, roi de Hongrie, était sûr que, en mai de cette année, le roi de Hongrie sera à Varna et qu'il se dirigera vers Constantinople,[78] où des vaisseaux seront armés par l'empereur à son propre compte et à celui de son allié quelques mois après il offrait à Venise de lui laisser, pour la défense contre les Turcs, Lemnos et Imbros et même, on l'a affirmé, Constantinople elle-même.[79]

Car, encore une fois, après la conquête de la Bulgarie par le Sultan Bayezid, successeur de Mourad, et une expédition en Morée, un appel désespéré avait été lancé par Manuel, bloqué,[80] aux Hongrois et, par le moyen de leur roi, ce Sigismond, aux chevaliers de l'Occident. La grande équipée des nouveaux combattants pour la Croix, qui se composait de Français, d'Allemands et de Hongrois, soutenus et conseillés par le prince de Valachie, Mircea, échoua dans cette catastrophe de Nicopolis sur le Danube,[81] alors que le premier projet prévoyait une rencontre de Manuel avec Sigismond à Varna.[82] Un nouveau voyage en Italie, en France, en Angleterre, de Manuel, maintenant successeur de Jean V,[83] ne rapportera pas plus de fruits[84] que celui qu'avait entrepris, trois ans auparavant, son père.[85]

Aussitôt après, les Turcs de l'Occident se saisissaient d'Athènes, qu'ils allaient perdre, mais pas au profit de l'empereur, car un riche Florentin, Nerio des Acciaiuoli, réussit à s'y installer.[86]

 

III. — LES ÉLÉMENTS DE LA DERNIERE RÉSISTANCE

 

L'Empire ne pouvait pas être plus bas à ce commencement du siècle qui devait amener sa ruine. Mais, dans cette grande détresse, il y avait les deux éléments déjà soulignés qui pouvaient soutenir encore cet État branlant. D'abord ce qui se reflétait sur lui de la puissance, croissante, de l'orthodoxie.

Nous avons déjà parlé de la valeur de cette influence, dans les rapports avec les « souverainetés » (Domnii) des Roumains. Un évêque de Vicina fut le premier métropolite de la Valachie en pleine formation ; un second Grec s'ajoutera, auquel il faudra attribuer, pour finir la querelle, une diocèse occidentale, du côté de la forteresse hongroise de Severin ; un prote du Mont Athos, Chariton, deviendra chef de l'Église de ce pays nouveau, où se conserve la forme première, destinée à ne rien changer aux cadres une fois admis, de l'exarchat, de la « délégation » patriarcale. En Moldavie, l'influence byzantine écarta, après une brève lutte, la tentative « serbe » de créer quelque chose de totalement autonome. Si on y refusera un métropolite nommé par le patriarche, les procès entre les candidats à cette dignité se jugeront à Constantinople. Et, sur la base de cette dépendance de l'hiérarchie religieuse, celle de la politique vient d'elle-même.[87] Lorsque l'empereur Jean VII traversera la Moldavie, où il enverra l'icône révérée du couvent de Neamt, il fut reçu en souverain de l'Orient par le grand prince Alexandre. Ceci en attendant le mariage d'Étienne le Grand avec une princesse de Mangoup, du château des SS. Théodore (Théodori), laquelle, sur le rideau recouvrant son tombeau, porte le monogramme des Paléologues qui, déjà, n'avaient plus Constantinople.

De l'autre côté, sans mentionner encore une fois les rapports avec les Gattilusio à demi grécisés[88] il y a cette transmission, toujours plus loin, jusqu'au fond de la Pologne, avec laquelle on avait des rapports de croisade,[89] et sur les rives lointaines, à Caffa et vers le Caucase, de la Mer Noire,[90] de l'art nouveau, dont l’efflorescence[91] ajoutait un nouveau et brillant chapitre aux mérites universels de la synthèse byzantine.

Avec cette puissance d'expression et une liberté de mouvements que le passé n'avait pas connue, avec un sens très vif de la couleur, qui correspond à une jeunesse d'esprit, à un plaisir de la vie qu'on ne soupçonnerait guère dans un monde visiblement condamné à mourir dans son centre d'expansion, avec une prédilection pour la fresque à une époque de pauvreté, pendant laquelle la mosaïque se meurt après les splendeurs de la fondation constantinopolitaine de la Kahrié. Cette peinture porte partout la même formule, liant les âmes pieuses à la source même de cette beauté, toujours renouvelée. Son caractère si vivant et gai, sans rien du mysticisme syrien, de la sombre brutalité de l'Egypte, se retrouve tout aussi clair et net qu'à cette Monétes choras de Constantinople et aux petites églises, bâties à neuf ou refaites, dont les despotes de la famille des Cantacuzènes et des Paléologues, leurs successeurs, ornèrent leur résidence de Mistra, château franc aménagé à la byzantine[92] en Valachie, à l'Église Princière d'Arges, sous les Carpates, où travaillèrent pour le prince Alexandre, portant le même nom que son voisin et parent de Tirnovo et mêlé à toutes les querelles balkaniques, des Grecs, à côté de Slaves, venant de pays où, comme en Serbie à Krouchédoi, on bâtissait encore après les triomphes d'art de Stoudénitza, de Nagoritchani,[93] de Gratchanitza. Il dut en être de même dans les premières églises, transformées au quinzième siècle, d'un esprit plus conservateur pour la peinture, de la Moldavie, bientôt victorieuse sur les Turcs. Et on a constaté cette admirable expansion dans telle chapelle à Vilno du prince lithuanien, roi de Pologne, dont l'ancien paganisme avait abdiqué devant un christianisme encore indécis entre les deux directions, et à Lublin.

Les formes architecturales aussi pénètrent dans tous ces pays : la basilique, comme dans l'église valaque dont nous venons de parler, Pédicule en forme de croix apparente, venant par un moine macédonien, de Prilep, passé par le Mont Athos, Nicodème, pour s'imposer aux constructions religieuses, non seulement des couvents, mais aussi des villes, dans les deux pays roumains, qui empruntèrent, en les adaptant au climat et aux traditions sémillantes d'un folklore artistique deux fois millénaire, aussi la façon de l'ornementation, avec les briques posées de côté, qui alternent avec les blocs de mœllons novés dans le ciment, avec les arcades aveugles, avec les disques de céramique s'encastrant dans la bâtisse.

Byzance donnera pendant longtemps aussi des initiateurs, sinon pour les travaux des arts mineurs, car, en fait de sculpture en métal, calices, lipsanothèques, ostensoirs, veilleuses, encensoirs, les Roumains s'adressent, naturellement, à leurs voisins, les Saxons de Transylvanie, élèves des grands artistes de l'Allemagne, au moins pour les crucifix en bois sculpté, qui viennent ordinairement du Mont Athos, étroitement lié dès le commencement avec les pays roumains ; et les travaux d'aiguille montrent, par leurs inscriptions grecques autant que par leur caractère, l'origine nationale des brodeurs et des brodeuses. Il est possible aussi que les premières images sur bois fussent venues des pays byzantins ou du monde byzantin, qui envoyaient aussi, directement ou par l'intermédiaire slave, du reste slave de simple forme parfois, l'art de la calligraphie et de l'enluminure.[94]

Je préférerais placer à ce quatorzième siècle où on latinise tant dans tous les domaines, aussi l'arrangement par des Grecs, probablement en Morée, où le contact était journalier et l'interpénétration plus avancée, ces derniers « romans », aux thèmes occidentaux, français, qui paraissent avoir formé la lecture favorite dans certains cercles de ce monde si entremêlé. Les péripéties aventureuses par lesquelles passe l'empereur Jean V, victime de son fils, l'usurpateur Andronic, avec son triste séjour dans la tour où on l'a emprisonné, avec les lettres secrètes qu'il fait partir, employant le concours d'une femme, pour gagner sa liberté, paraissent être tirées d'un de ces petites poèmes d'imitation latine.[95]

Mais il y a autre chose pour étayer ce qui parait, au premier regard, un édifice prêt à s'effondrer, avec tous les matériaux qui le composent. N'oublions pas, d'abord, qu'à cette époque, l'idéalisme du moyen âge, l'idée de l'autorité première dont tout descend et qui, de ce fait, dépasse toute fondation d'ordre matériel, n'est pas morte. En Orient comme en Occident, on a le respect de la chose ancienne : ceux qui se préparent même à la démolir ont l'intention de se substituer à elle. La forme change, le sens reste, et c'est par le sens qu'on vit alors.

Mais, en outre, cet Empire qui paraît se morceler ne fait que continuer la direction latine qu'il avait adoptée depuis longtemps, en se créant par la division même du gouvernement des possibilités de mieux dominer. On peut s'en apercevoir en considérant combien de vitalité montre le petit État du Péloponnèse, que Jean VI avait créé pour son fils et qui vivra à côté de Constantinople, représentant la même civilisation, mais sans souffrir des mêmes misères et participer aux mêmes risques : c'est, dans un milieu rural, entre des fondations de chevaliers occidentaux et des bandits de même origine, comme une nouvelle image de ce qu'avait été la provinciale Nicée. Le régime d'Irène à Thessalonique, qui, par dessus une première conquête turque, passera aux Vénitiens dès 1420, pour appartenir définitivement au Sultan une dizaine d'années plus tard, représente le même phénomène de reviviscence par la fissiparité.

La reviviscence de l’« hellénisme » retient, du reste, dans la même unité morale ces « membre disjecta ». Il n'avait manqué que très peu pour qu'il y eût de nouveau à l'avantage d'un Cantacuzène, la marche d'Andrinople. Les Césars, les despotes serbes dans les vallées de la Macédoine montrent par leur titre qu'ils appartiennent à l'Empire ; la race n'intéresse pas : eux-mêmes n'y tiennent pas tant.

Mais, en même temps, sous leurs titres donnés par l'empereur, ce sont de parfaits chevaliers. Vladko Vladtchévitch, le neveu du roi de Bosnie, Tvrtko, fait son devoir à Kossovo comme un de ses pairs en Occident. Miloch Obilitch, l'assassin de Mourad, de même, qui, à la zdravitza avant la bataille, a reçu le gobelet d'or de la main de Lazare et qui veut prouver par ses exploits qu'on l'a calomnié en le présentant comme traître, tel que le sera Dragoslav, qui provoquera la panique des chrétiens. Le traducteur en italien du chroniqueur Dukas s'attaquera à Cantacuzène parce que les qualités chevaleresques lui manquent trop.[96]

Les fragments de l'Épire, à Arta, en Céphalonie, ont de cette façon tous leurs liens avec Constantinople. Nous avons vu combien on s'est accommodé aussi avec les Francs, qui parlent le grec et emploient des Grecs ; la dépendance des États, des dynasties de l'Occident n'importe pas tant sous le régime de ces vicaires, pour la plupart acclimatés ; l'archevêque latin de Patras est trop lié avec ses bourgeois pour qu'il ne se revête pas un peu de grécité locale.[97] La Compagnie des Navarrais d'un Coquerel, débris des bandes qui infestaient l'Occident,[98] gagne à Athènes et à Thèbes un certain vernis hellénique. Il n'y a que la Bulgarie triple, orientée maintenant, comme la Serbie du fils de Lazare, du côté du Danube, vers la Valachie ou vers le Pont génois, qui se maintient étrangère aussi bien au latinisme qu'à l'adhérence envers Byzance, et encore Dobrotitch et Ivanco, voisins des marchands de Gênes, ont-ils eux aussi de vagues profils de chevaliers d'aventure.

Les Turcs eux-mêmes, attirés vers les alliances de famille impériales, habitués à la pompe byzantine, initiés par les Byzantins eux-mêmes aux modes occidentales, participent à cette même direction féodale, chevaleresque. Bayezid, bien différent de l'Asiatique, du bon Musulman qu'avait été son père Mourad, qui resta toujours un étranger sur cette terre d'Europe, qu'il ne pouvait pas aimer, bien qu'il dût reposer en partie dans son sein, sur la place même de son martyre, est un fougueux chevalier au pair de son adversaire momentané, Jean sans Peur, Ses fils ne se distingueront que par la foi religieuse de leurs voisins serbes et roumains, frères d'armes et presque associés au pouvoir. Tandis que les masses se détachent par bandes pour faire le métier, si rentable, de routiers par tous les grands chemins de la péninsule, du Sud au Nord et de l'Est à l'Ouest, les chefs se cherchent des châteaux pour s'y nicher et exploiter la région, tout prêts au fait d'armes aussitôt qu'on leur jette le geste de défi. Ils font ce que leurs antécesseurs, suivant la trace des chevaliers normands à l'époque des Comnènes, avaient fait en Asie. Aucun souvenir de la « basiléia » millénaire de l'Asie, encore aucune disposition à se substituer, comme territoire et comme méthode, aux gens de Byzance. Pour arriver au désir de les remplacer, il faudra que, par dessus Bayezid et ses fils, par dessus son petit-fils, le nouveau Mourad, qui se fit derviche à un moment, une éducation spéciale prépare pour une autre conception le « fatih », le conquérant que sera Mahomet II.

 

IV. — BYZANCE ET L'ANARCHIE DYNASTIQUE OTTOMANE

 

Si l'idée byzantine était, ainsi, évidemment en marche, Constantinople aurait dû, au contraire, succomber, et Manuel en serait resté en Occident un hôte respecté, mais indésirable et incommode, comme le seront ses petits-fils après la catastrophe de 1453, s'il n'y avait eu du côté de l'Orient un secours inespéré dans une grande action militaire dont les suites arrêteront sur place pour une vingtaine d'année l'avance des Ottomans.[99] Ce ne fut pas celui, qu'on avait longtemps escompté, à Constantinople de même qu'en Occident, des Mongols, auxquels on avait naïvement supposé des intentions chrétiennes,[100] mais l'apparition de ce Turcoman, émule de Dehinguiz, l'empereur mongol, qui venait de la Perse.[101]

Pendant qu'on faisait à ce fier et pauvre voyageur couronné qui était Manuel des réceptions solennelles en Occident, là se bornaient ses succès.[102] Bayezid assiégeait Constantinople,[103] défendue par le régent Jean VII, fils d'Andronic, auquel son oncle avait confié, oubliant le passé, la régence,[104] le prince même qui avait cédé, par le moyen du même agent pour l'Occident, François Gattilusio, le lendemain de Nicopolis, ses droits sur l'Empire à Charles VI, roi de France.[105] Une expédition française de Boucicaut, gouverneur de Gênes, réunit dans ses attaques, du Bosphore et jusqu'en Syrie, chevalerie et action de corsaires.[106] Timour, le Turcoman tout frais, sans influences byzantines, brisera seul, bientôt, à Angora, en 1402, la carrière foudroyante du Sultan des Turcs, rappelé de Morée,[107] et Bayezid mourra dans une captivité dont il devait ressentir, après avoir acquis tant de gloire, toute la honte.[108]

Une nouvelle sommation de rendre la ville venait à peine d'être adressée à Manuel, auquel le Sultan offrait en échange la Morée.[109] A ce moment,[110] miné aussi par la querelle entre Manuel et Jean,[111] l'Empire dégénéré et amoindri au dernier degré payait un tribut au Sultan ; il devait fournir aux armées ottomanes, un contingent commandé par l'héritier du trône ; un cadi, un juge turc avait été imposé à Constantinople.[112] L'ancien apanage du prince Andronic, comprenant les villes de la Mer Noire, Sélymbrie, Panidos, Rhodosto, Héraclée, avait été récemment envahi par le Sultan. On avait vu les bandes de Yacoub et d'Évrénos jusqu'à Coron, à Modon, à Argos, qui fut prise, des milliers de Grecs étant transplantés en Asie (1395).[113]

Le fils de l'empereur Jean Cantacuzène était mort en Morée,[114] et son successeur, qui fut un Paléologue, Théodore, frère de Manuel, se maintenait avec peine dans la péninsule, où un prince indépendant régnait sur l'Achaïe latine, le Génois Centurione Zaccaria, représentant, dans les premiers temps, du roi de Naples. Il appela même, au moment où apparaissait la forte armée du Pacha Yakoub et de cet Évrénos, les Hospitaliers de Rhodes, qu'il alla chercher dans leur île pour leur céder ses villes et ses châteaux, et ici se place un incident qui montre l'attitude de la population à l'égard de pareils changements. Elle jette des pierres et des bûches contre les chevaliers, qui reçoivent l'intimation de partir dans trois jours. C'est tout un mouvement d'autonomie chez ces gens de Mistra, qui sont conduits par leur évêque, qu'ils avaient créé leur « duc » ; à peine Théodore put-il être admis dans la ville qu'il avait ainsi trahie.[115] De leur côté, les Vénitiens possédaient depuis 1394 Argos ;[116] les Turcs d'Évrènos, qui avaient déjà pénétré dans la péninsule, ne tardèrent pas à l'annexer. De son côté, la flotte turque dominait la Mer et exigeait ce qu'elle voulait des îles restées encore byzantines.[117] L'état dans lequel se trouvaient alors les restes de l'ancien Empire était donc vraiment désespéré. Jean VII ne régnait qu'à l'intérieur de la Capitale, comme le constatait avec douleur Dukas, le chroniqueur de la conquête musulmane.

Le hasard heureux de la défaite et de la captivité de Bayezid releva le courage de toutes les faibles puissances que le grand Sultan avait presque annihilées. Le Caraman d'Asie Mineure, le despote de Serbie, le prince de Valachie purent mener une existence plus libre. L'empereur, qu'on accusait d'indifférence et de lâcheté,[118] tira aussi des conséquences de la bataille d'Angora et de la chute de son terrible suzerain.

Dans les longues guerres pour la succession de ce dernier, il soutint tantôt un des candidats, tantôt l'autre, demandant chaque fois sa récompense.[119] Un nouveau mariage mixte avait consolidé sa situation. Abrité pendant quelque temps à Constantinople,[120] le prince Soliman, premier successeur de Bayezid, épousa une fille du despote Théodore,[121] ou plutôt de Giannino Doria, ιδς de l'empereur.[122] Il promettait de restituer Zéïtoun, le pourtour du Pont, Thessalonique, les rives du Sirymon et la Morée à l'Empire, et il chercha au moment de sa défaite un asile entre les murs de Constantinople.[123]

Lorsque Mousa tua Soliman, il annula les donations de son frère, sauf Zéïtoun, et assiégea Constantinople, mais la flotte, commandée par un bâtard des Paléologues, Manuel, le fit partir.[124] Les Byzantins soutinrent ensuite le jeune Gurkhan, fils de Soliman, qui, trahi par son vizir Chaban, fut aveuglé, Plus tard, l'empereur se réunit au despote Etienne, jadis le « frère » de Mousa, pour appeler en Europe l'Asiatique Mahomet Ier, qui gagna la partie.[125]

Dans ces circonstances, Thessalonique devint l'apanage du despote Andronic, un des fils de Manuel,[126] qui, atteint d'éléphantiasis, la vendra aux Vénitiens pour 50.000 florins.[127]

Mahomet Ier, qui, partant de Constantinople, aussi avec des soldats byzantins,[128] parvint à réunir sous son autorité toutes les provinces conquises par les Osmanlis, céda de nouveau aux Byzantins, à son « père » Manuel, la province de la Mer Noire, qui devint ensuite un autre apanage du prince impérial.[129] Des otages de la Maison d'Osman, comme Ali, fils de Bayezid, vivaient maintenant à Constantinople et retenaient par la crainte le Sultan régnant dans des relations en apparence amicales avec les Paléologues. Théodore II de Morée (à partir de 1407) devint ainsi le plus puissant seigneur dans la péninsule, où l'offensive turque s'était arrêtée. L'empereur se rendit en mars 1415 auprès de son frère pour aviser avec lui aux moyens de fortifier, par la construction d'un mur, l'isthme de Corinthe : pendant deux ans on travailla au célèbre « mur de six milles », défendu par cent cinquante tours.[130] On vit au retour de ce voyage, Manuel et Mahomet s'entretenir amicalement sur leurs vaisseaux, en rade de Gallipoli (1416).[131] Bientôt les Vénitiens détruisirent, dans les mêmes eaux de l'Hellespont où le Sultan avait pris Andros, Paros, Milos, la flotte turque, et Mahomet dut faire la paix sans s'être vengé de cette insulte qu'un Mourad Ier ou Bayezid n'eût pas supportée si facilement.[132] En 1420, le Sultan, devant passer par Constantinople en Asie, fut reçu par les envoyés de l'empereur et mené à la Double Colonne, où se trouvait, devant le vaisseau qui l'attendait, l'empereur et son fils. Mahomet fut conduit jusqu'à Scutari.[133] Au retour, fêté de la même façon, il fut emporté par la peste presque sous les yeux de l'empereur, qui s'était réfugié au couvent de Péribleptos.[134]

 

V. — DERNIERS SECOURS ÉTRANGERS

 

Les Byzantins crurent même pouvoir étendre leur domination, profitant, à la mort de Mahomet Ier, victime d'un accident de chasse,[135] des querelles qui éclatèrent entre son fils, Mourad II, et des concurrents, les deux Moustafa, l'un fils de Bayezid, l'autre, frère du nouveau chef de la Maison d'Osman. Mais le premier Moustafa ne fut pas en état de leur livrer la seule ville de Gallipoli, que l'empereur était venu attaquer.[136] Mourad II vint même mettre le siège devant Constantinople, que les Turcs attaquaient ainsi pour la troisième fois.[137]

A la fin, le nouvel empereur Jean VIII, qui régnait à la place de son vieux père Manuel, avant la mort de celui-ci, le 11 ou 21 juillet 1425,[138] dut se résigner à payer un tribut de 300.000 aspres par an pour pouvoir conserver Mésembrie et Derkos, du côté de la Mer, et, vers le Strymon, Zéïcoun.[139] Thessalonique avait été vendue par son pauvre despote malade aux Vénitiens, mais ceux-ci, haïs par la population grecque et juive, la perdirent bientôt, le 29 mars 1430, après un long siège des Turcs, qui n’avait eu cependant rien de véhément.[140]

Une invasion du nouveau flamboularis de Thessalie, Tourakhan, ruina les fortifications de l’isthme (1423) et ébranla sensiblement la situation du despote, frère de Manuel, ce Théodore II, qui se maintint cependant jusqu’à sa mort dans le reste de ses possessions.[141] Mais un voyage du nouvel empereur allait rendre à ses provinces la sécurité, et Mistra abrita bientôt le faux Moustafa, retenu d’abord à Lemnos.[142]

Mourad avait attaqué aussi la Serbie, qu’il considérait comme un héritage, car le despote Étienne était mort. Vouk Brancovitch, le seigneur qui se saisit du pouvoir, dut marier au Sultan une de ses filles, Mara.[143] De leur côté, les Byzantins s’allièrent à Georges, lui fiançant en secondes noces une fille du sang des Cantacuzènes et lui conférant la dignité de despote[144] ; son fils Lazare épousa la fille du despote Thomas.[145]

En mourant, Manuel avait consacré, contre l’opinion publique, représentée par Phrantzès, définitivement le régime des apanages, correspondant à celui que le roi Jean de France avait adopté à l’égard de es fils. Andronic avait eu Thessalonique, qu’il perdit[146] ; Théodore resta à Mistra, Thomas ayant le reste de la Morée ; Constantin gardait la rive de l’Euxin : Anchiale et Mésembrie.[147] Ce dernier, auquel Théodore offrait ses possessions, épousa Théodora, la nièce du despote Carlo Tocco († 1430), le Napolitain qui avait hérité d’Arta et de Ianina, et devait avoir toutes les possessions de ce prince en Morée, où déjà Klarentza avait été prise, Patras promettant un tribut à Constantin, qui l’avait assiégée[148] et qui reviendra à la charge,[149] parvenant enfin à s’en saisir.[150] Ce fut un vrai acte de restauration byzantine ; alors que l’archevêque latin résistait dans la citadelle, par les rues ornées de feuillage et de fleurs le vainqueur se rendait en cérémonie à l’église de St. Nicolas.[151] L’impératrice Théodora, morte dans le château de Staméron, fut ensevelie à Klarentza, pour être ensuite transportée à la Zoodoton de Mistra.[152] Sans les querelles entre les fils de Carlo, Hector et Memnon, aux noms héroïques, qui firent que le beglerbeg Sinan eut Ianina, et les exploits des Catalans,[153] qui se saisirent de Patras pour la vendre, au prix de 12.000 ducats, à Constantin, on aurait cru l’heure venue pour retourner à la situation d’avant 1204.[154] Phrantzès était même allé prendre, en échange des châteaux de Morée, Athènes et Thèbes, où Tourakhan le dépassa.[155]

Les querelles entre les frères, Constantin allant jusqu’à recourir aux Turcs, gâtèrent cependant une œuvre magnifique.[156] Les terres de Nicéphore Mélissènos, avec Androusa, Kala- mata, Mantinée, Messène, etc., étaient confiées aux fils de Manuel, qui avaient Kalavryta, Vostitza, la plaine sous le Taygète, les nombreux châteaux de la région et le rivage du golfe de Messénie.[157] Et Thomas, auquel avait été promise la fille du prince d’Achaïe, Centurione Zaccaria, dont le fils avait épousé la sœur de l’empereur,[158] assiégeait Kalandritza, appartenant à ce dernier.[159]

Mais, dans ces événements, de Morée, d’Achaïe, d’Épire, il ne faut pas voir seulement les actions militaires, les exploits chevaleresques, la défense contre l'empiétement des Turcs, toujours aux aguets. Il y a là un phénomène d'ethnographie et un sens moral.

Constantinople est chaque jour plus latine ; Péra, contre laquelle il y eut toute une petite guerre avant 1439, les Génois, bloqués, devant payer des dédommagements,[160] s’enrichissait, prospérait en face de la cité impériale, qui était plutôt un refuge, un abri d’agonie. L’empereur sera bientôt en Occident, se dirigeant vers ces Latins qui dans sa maison à lui le dominent ; les quelques villes restées byzantines sur le rivage de la Mer Noire n’attirent plus les cadets des Paléologues. Au contraire, cette Morée, restée très grecque, même sous les maitres latins, est pleine de la sève naturelle qui avait donné de la valeur à la province de Nicée. Ici le passé hellénique est bien vivant ; des flammes s’élèvent d’un siècle à l’autre de toutes ces cendres entassées. La mode même de l’hellénisme parait dans les noms, et la vie populaire garde des coutumes très anciennes dont la belle sérénité rappelle les meilleurs temps de l’antiquité : on peut même se demander si ce n’est pas de cette province, si vivante, que vient l’art même, de fraîcheur, de belle confiance, qui, de Constantinople, comme nous l’avons vu, £*lla bien loin, portant un évangile de libre beauté 5 ceux qui y ont découvert un parfum classique ne se trompaient pas complètement. Les Turcs eux-mêmes, qui finiront par gagner tout le terrain, parfois des Grecs passés à l’Islam, comme Évrénos, se feront peu à peu à cette vie, qui, analysée de près, montre bien qu’elle ne s’était, au fond, jamais arrêtée. Chalkokondyle déjà a observé que Tourakhan et ses fils travaillaient pour leur propre compte.[161]

Mais l’invasion turque, en décembre 1446,[162] mettra fin à ce rêve de l’Hellade ressuscitée soüs une forme chrétienne et monarchique. Le Sultan détruisit les fortifications de l’isthme, qui avaient coûté si cher à l’Empire ruiné, et occupa Patras, coupant ainsi pour les Grecs tout contact avec l’Achaïe et ouvrant une porte pour les incursions de ses pachas.[163]

C’est l’époque où l’Épire elle aussi devint turque par la prise de Ianina sur les héritiers de Carlo Tocco, qui, divisés par leurs ambitions, ouvrirent eux-mêmes le chemin aux envahisseurs. Charles II, fils de Léonard Tocco, fut toléré à Arta en échange pour un tribut et pout le service personnel dans l’armée du Sultan.[164]

Comme le Sultan devenait chaque année plus menaçant, Jean VII, époux, depuis 1419, de Sophie de Montferrat[165] et qui avait fait en 1423 un tour en Hongrie,[166] se décida à suivre l’exemple de son père et de son grand-père, en tentant lui aussi le voyage d’Occident.

Ce voyage dut être annoncé au Sultan, devenu un suzerain, et un suzerain soupçonneux. Mourad désapprouva cette idée, et, quand l’empereur s’y obstina, il fit mettre le siège à Constantinople, l’Empire n’ayant pas d’autre ressource que celle d’envoyer à Florence le despote Thomas pour avertir et demander des secours.[167] Plus tard, après le retour de Jean VIII, les Turcs seront encore autour des murs pour soutenir le despote Démétre, révolté contre son frère, celui-là même qui mariera plus tard sa fille à Mahomet II.[168] Pour sauver la Capitale l’autre frère, Constantin, qui revenait de Lesbos, où il s’était marié à une Gattilusio, dut combattre la flotte turque toute entière.[169]

Jean était parti cependant avec un attirail et une suite de beaucoup supérieurs à ceux des autres voyages impériaux, emmenant sa Cour entière, son frère cadet, le despote Démétre, et tout un monde de métropolites et d’évêques, avec le patriarche Joseph lui-même à leur tête. Brillamment reçu à Venise, par le doge et la Seigneurie, fidèles à de très anciens souvenirs, qui le saluèrent sur son vaisseau, au Lido, l’empereur les reçut assis, le chef de la République prenant ensuite la gauche, alors que la droite était réservée au despote.[170] Le cortège impérial byzantin[171] se rendit à Ferrare pour le grand concile d’Union qui devait donner un nouveau prestige à la Papauté en lutte avec les fauteurs de réforme rassemblés encore à Bâle. Phrantzès prétend même que son maître avait eu l’intention de s’agenouiller devant Eugène IV.[172]

Les séances furent bientôt transportés dans la grande et riche ville de Florence, où furent rédigées et signées les formules de la réunion de l’Église d’Orient à l’Église apostolique romaine.[173] Un des partisans de cet acte, le savant Bessarion, archevêque de Nicée, fut fait cardinal ; le vieux patriarche mourut à Florence et fut enseveli dans une église latine ; la basilique de Sainte-Sophie, à Constantinople, sera livrée bientôt au nouveau culte selon le pacte de Florence.[174]

Mais Marc Eugénikos, le polémiste des vieilles ambitions byzantines, et, avec lui, d’autres, protestèrent contre cette décision. La population de Constantinople désapprouva énergiquement le compromis, conclu pour retarder la ruine complète de l’Empire, et les églises où le nom du Pape fut prononcé dans les prières liturgiques devinrent par ce seul fait profanes pour les fidèles, qui ne voulaient pas abandonner la tradition des ancêtres.[175]

Cependant une Croisade fut organisée, à la suite d'une série de campagnes contre les Turcs, par le Roumain Jean d'inidoara (Hunyadi), devenu capitaine général des forces hongroises, et même lieutenant du royaume. Une coalition se forma dans le but de chasser les Turcs d’Europe. Rompant la trêve récemment conclue, les Hongrois, le roi et le légat du Pape à leur tète, s’avancèrent, à travers le pays de Dobrotitch, prenant d’assaut Kaliakra et allant jusqu’à Varna, pendant que la flotte pontificale coupait les communications dans les Détroits et que l’empereur de Constantinople, que Mourad salua au passage,[176] attendait, plein de nouvelles espérances, le résultat de cette nouvelle lutte contre l’Islam envahissant. Mais un mouvement imprudent et héroïque du roi Vladislas de Hongrie et de Pologne causa sa mort et la perte d’une bataille qui était déjà presque gagnée (novembre 1445).[177]

Jean VIII dut donc présenter ses humbles félicitations au vainqueur, et ses frères, Constantin et Thomas, qui avaient rétabli la muraille de l’Hexamilion à travers l’isthme de Corinthe, et s’étaient même avancés en prenant Thèbes et la Béotie en entier, durent assister impuissants à la campagne de récupération et de vengeance qui suivit la victoire de Varna.[178]

Jean VII mourut bientôt, le 31 novembre 1448,[179] et ses restes rejoignirent ceux de son père au Pantokrator.[180] Il ne laissait que des frères, qui s’étaient longtemps querellés pour sa succession, qu’ils étaient venus tour-â-tour guetter, à Constantinople ou dans l’apanage de Sélymbrie. L’ainé de ces derniers Paléologues, Constantin,[181] fils d’une princesse serbe de Macédoine, fille de Dragasès, recueillit cependant, à Mistra, où il se trouvait comme maitre de la Morée, sans aucun conflit, le dangereux héritage impérial ; les Turcs avaient mis fin à la concurrence, en le désignant.[182] Il fallut que les Catalans lui donnent des vaisseaux pour qu’il entre à Constantinople, le 12 mars,[183] où il conclut, le 25, une paix générale avec le Sultan.[184]

 

VI. — ÉTAT D’ESPRIT AVANT LA CATASTROPHE

 

En croyant que dans cette ville qui n’était pas sûre du lendemain toute activité intellectuelle avait cessé, on se tromperait totalement. Au contraire, jamais l’activité d’école, la production de cénacle n’avait été plus vive.

Et il y a une explication à cet état d’esprit qu’on pourrait trouver curieux. On s’était peu à peu, dans la nouvelle œcuménicité d’Église, de civilisation, d’art, détaché en quelque sorte de ces vieilles pierres qui seront bientôt escaladées par les janissaires du conquérant turc. Constantinople était une demeure, non plus une patrie. Quelques-uns y vivaient encore, auprès d’un empereur qu’on aimait comme le bon vieux Manuel, un lettré lui aussi, un homme de la compagnie, espèce de roi René et, en souvenir de lui, comme le fidèle Phrantzès, auprès de ses fils, qui méritaient moins d’être servis. Ce sont ceux dont nous nous occuperons d’abord, mais, depuis que Manuel Chrysoloras professait à Florence, payé par la République,[185] et que d’autres se trouvaient à Venise ou flânaient à travers l’Italie, on était chez soi aussi ailleurs, partout où on comprenait et aimait cet hellénisme auquel ces érudits du style avaient consacré, plus qu’à la forme politique, passagère et défaillante, leur vie.

Ils ont la religion de la grammaire et parfois le culte discret de la pensée. Jamais en effet le bon style n’avait été plus largement à la disposition de tout le monde que pendant cette première moitié du XVe siècle qui précéda la perte de Constantinople et de la Morée. Tous écrivent bien, et écrivent de la même façon[186] : Marc Eugénikos, Jean Dokéianos, Georges Scholarios, un Michel Apostolis, un Mathieu le Kamariote, employé ail Patriarcat, un Manuel de Corinthe, un Georges Amiroutzios de Trébizonde, un Andronic Kallistos, un Théodore Gazis, un Michel Malaxos, les plus grands mêmes : un Bessarion, un Gémistos Pléthon.[187] Et tout cela est d’un vide absolu : pas une allusion à un événement historique, pas une note réelle de vie contemporaine. Le seul profit pour d’autres que les grammairiens est dans les noms qui se succèdent, dans les dédicacions de ces produits d’une rhétorique qui écœure par sa perfection même.[188] Ils sont pour la plupart étrangers à la vie politique, sauf quelque mission comme celle de Maxime Planude à Venise, à la fin du treizième et au commencement du quatorzième siècle.

On s’occupe encore, sans doute, même avant Florence, de la polémique, représentée aussi par telle lettre qu’adresse le moine Nil, originaire de Mylai, en Crète, du monastère des Karkassiens, à Maxime, « Grec devenu Italien », en 1400.[189]

Si les partisans de l’orthodoxie stricte trouvent devant eux, continuant la tradition d’un Bekkos, le cardinal Bessarion, ce sont eux qui représentent avant la fin de l’Empire l’attaque, inlassable, jusqu’à l’entrée des Turcs dans la capitale.[190] Frère de Jean Eugénikos, auteur d’κφράσεις, très à la mode, Marc, archevêque d’Éphése, figure parmi les plus ardents de ces lutteurs pour la foi.[191]

Le second champion contre l’acte de Florence, Georges, plus tard Gennadios, Kourtésios, d’origine probablement mélangée — car son nom doit venir de cortese —, appelé Scholarios à cause de ses occupations dans l’enseignement, ce patriarche nommé par Mahomet II, qu’il servit jusqu’à sa retraite dans un Couvent, en 1460, était capable de discuter avec les philosophes « polythéistes » sur des passages difficiles d’Aristote, et son éloquence a été appréciée par des contemporains aussi étrangers que lui à la franchise.[192]

Dans l’autre camp, celui des penseurs laïques, on révère le disciple tardif de Platon, à l’étude duquel il se consacra et dont il chercha à imiter l’idéologie, le Lacédémonien Georges Gémistos, qui se fit appeler Pléthon († 26 juin 1452). Courtisan des Paléologues de sa Morée à lui, cet homme d’une vie réglée, sans élan et sans autres risques que les exercices polémiques entre lui et les « bons chrétiens », ses adversaires, sensible aux donations dont bénéficia sa famille, proposa à ses maîtres une réforme générale, dans laquelle ils n’auraient eu cependant rien à prendre. Il s’était consacré à des études sur les deux plus grands philosophes de l'hellénisme, à des considérations sur les lois et à d’autres travaux dans le domaine de l’abstraction pure.[193] Mais c’est un « patriote » de Morée, qui voit des gens du Péloponnèse dans les Sabins, fondateurs de Rome, et attribue aussi aux Péloponnésiens la, création de Constantinople.

C’est le représentant le plus distingué de cette renaissance byzantine, qui existe aussi dans sa continuation, influencée par le séjour en Orient et en Occident de tout un monde de marchands de Venise, de Gênes, de Florence.[194] Sans doute, malgré le caractère abstrus de sa pensée, malgré son manque de « contemporanéité », malgré l'illusionnisme dont il se nourrit, se voyant, jusqu’à prendre un nom correspondant, comme une réincarnation de Platon et créateur, par conséquent, dans cette pauvre Morée ensanglantée par les Turçs, d’une autre république. Gémistos Pléthon est une personnalité hors ligne. Négateur du Dieu qui est, fidèle aux dieux qui sont morts, auteur de lois impossibles et ridicules, il appartient à l’époque par ce projet de réformes, qui tient à peine à la terre, et surtout par ses éloges des membres de la famille impériale.[195]

Tout cela,[196] est bien vivant, de mouvement et de passion. Cependant, même ailleurs, en sortant de cette rhétorique sèche et nulle, quel esprit des réalités anime les négociateurs, les fauteurs de projets réalisables ! On n’a qu’à mettre en regard le mémoire adressé par Bessarion à Constantin Paléologue, alors despote de la Morée, auquel à travers une dizaine de pages il ne fait que recommander la fortification de l’isthme, ou la lettre latine envoyée par le même, en 1459, à frère Jacques de la Marche, dans laquelle il expose, pour l’inciter à prêcher la croisade, tous les avantages, économiques aussi, de la péninsule, en ajoutant les prix. Il y énumère l’étendue d’un territoire qui pourrait nourrir 55.000 cavaliers venus à son aide, les trois cents places fortifiées, en dehors des villes, la rapidité avec laquelle, contre les Turcs et contre les traîtres, Thomas Paléologue est arrivé à regagner ce qu’on lui avait pris.[197]

Bessarion (n. vers 1395), encore un homme de Trébizonde, comme les Eugénikos et Amiroutzi, devint odieux aux orthodoxes par son passage au catholicisme romain plus que par son culte pour Platon. Car le grand combat entre l’archevêque de [Nicée et Marc Eugénikos occupa longtemps les esprits, Gennadios Scholarios et Joseph de Méthone s’y mêlant. Les une tenaient compte aussi du danger turc, comme, au treizième siècle, leurs prédécesseurs de celui du côté des Angevins ; les autres préféraient mourir dans l’orthodoxie. On ne peut pas contester à Bessarion le patriotisme qui lui avait fait recommander toute cette œuvre de défense du Péloponnèse dont il put voir le fruit (1445),[198] et il avait salué dans le futur défenseur martyr de la Constantinople impériale le réalisateur énergique de ses plans. Il avait même prévu la catastrophe lorsqu'il observait que « sans être bien gardés, les murs (de Constantinople) ne valent rien » ; « le temps et les souffrances du passé l’ont montré ».[199]

L'attitude des représentants du passé envers les innovateurs apparait dans le pamphlet[200] que le Grand Rhéteur lança contre Bessarion et Gémistos, tous les deux polythéistes, gagnés par la religion des anciens Hellènes, dont le dernier, ce fils de Platon, ce nouveau Julien, n’a-t-il pas écrit sur la pluralité des dieux ? Suivant la Théologie d’Orphée,[201] cet élève de l’atticisme, accablé d’ans,[202] a préféré ces blasphèmes au moment où l’attendaient, selon ses illusions païennes. Cerbère et les Erynnies ; il est question aussi de l’âme basse d’Épicure. Mais l’adversaire de ces « blasphémateurs » connaît lui-même l’antiquité dont il combat le retour, et sa dialectique vient des mêmes sophistes d’Athènes qui avaient donné leurs armes à ses adversaires. Chez lui aussi, l’amour du débat est si fort que, voulant présenter la vie du parfait orthodoxe qu’était Marc d’Éphèse, il l’oublie pour se livrer à cette escrime qui, à travers les siècles, fut le principal divertissement des Byzantins. On sent le souffle de la Renaissance même chez ce bon chrétien, et d’autant plus que dans le monde grec il s’en fallait de peu pour revenir à l’antiquité, jamais, oubliée.

La théologie, la fureur polémique, la philosophie viennent donc de Trébizonde ou de Morée. Des représentants de l’histoire, un seul est Constantinopolitain, bien que son dévouement pour les fils de son bon maître, Manuel Paléologue, l’eût fait passer en Morée, où l’attendaient beaucoup d’épreuves et de souffrances : Georges Phrantzès.[203]

Les Paléologues du quinzième siècle avaient trouvé en lui leur biographe d’intimité, s’arrêtant sur les événements politiques autant qu’ils touchent à cette vie de famille qui retient par les liens de ce parfait dévouement leur loyal serviteur. Phrantzès est à l’origine un insulaire de Lemnos, dont la sœur fut la femme d’un des puissants Mamonas de Morée. Tous les siens avaient rempli auprès des membres de la dynastie des fonctions pareilles. Georges arriva, tout en faisant les comptes de la Cour, à être protovestiaire.

Comme, après la chute de Constantinople, un reste de domination byzantine se conservait en Morée, il servit les frères de l’empereur défunt et en arriva à être captif des Turcs ; ses fils tués, sa fille enfermée dans un harem, il occupa, comme moine à Corfou, ses tristes derniers jours d’octogénaire à écrire des souvenirs déjà anciens, mais étonnamment clairs et précis, grâce aussi à des notices.

C’est de Phocée que vient un demi-Latin, n’ayant d’intérêt que pour ce qui se passe dans le voisinage, Turcs y compris : « le neveu de Michel Ducas[204] ».

Dans un coin de la côte d’Asie, ce demi-Latin, qui, eu querelle avec le puissant Apokaukos, avait été réduit à se mettre à la solde de l’émir d’Aïdin, accepta lui-même de servir Jean Adorno, le maître génois des mines d’alun de Phocée, poun passer ensuite chez les Gattilusii de Lesbos. Il fait de l’histoire locale, mais son récitt a une grande ampleur et arrive même à être pittoresque t émotionnant lorsque Phrantzès reprend la plume pour montrer comment la ville impériale fut conquise par le Sultan.

Avec un large horizon devant lui, ce qui lui permet de voir jusqu'au fond des Carpathes, où se meut la croisade de Hunyadi, l’Athénien Laonikos Chalkokondylas ou Chalkondylès, vivant à la Cour des Acciaiuoli, a l’esprit latin dans sa vivacité et sa multilatéralité, esprit de lettré et pas de marchand, comme Ducas. Imitateur des modèles anciens, qu’il connaît très bien, il classe ses matériaux variés selon des critériums qui lui sont propres.[205]

La biographie de Mahomet par Michel Critoboule d’Imbros, poète aussi, qui en fait comme une Vie de Saint, représente dans cette historiographie de la dernière heure quelque chose de nouveau comme style aussi bien que comme tendances.[206]

Ce qu’on appelle la « Chronique » de Michel Panarétos n’est, pour ce pauvre Empire de Trébizonde, dont la vie intérieure, avec le voisinage — et la pénétration — des Géorgiens et des Turcs, a dû être très intéressante, qu’une simple collection de notes chronologiques, qui est extrêmement utile à l’historien, mais en dehors de toute littérature.[207]

Jean Anagnoste présente dans un brève exposé l'attaque turque en 1422 contre sa Constantinople. A côté, Jean Kananos a raconté les malheurs de Thessalonique en 1430.[208] Mais il rédigea aussi le récit d’un intéressant voyage fait en Scandinavie.[209] Il fut chargé peut-être d’une de ces missions qui rapportaient un peu de subsides à l’Empire agonisant, parce que son chemin n’est pas celui d’un marchand thessalonicien.

Ce géographe pratique du quinzième siècle se glorifie d’avoir « vu beaucoup de pays en « et « d’avoir traversé toutes ses côtes en partant de l’Océan hyperboréen ». Il a passé en Norvège à d’époque « du jour d’un mois », a connu Bergen, où il croit qu’on n’a pas dépassé le troc, et à côté il note ses expériences en Suède, en Livonie, à Danzig et à Lübeck, où il s’imagine retrouver chez les Ditmarshes le dialecte du Péloponnèse ; il ne mentionne pas seulement la « Koupanavé » (Copenhague) danoise, mais assure avoir été aussi, partant d’Angleterre, chez les « Ichtyophages », dans la Thulé de l’Islande, avec sa « journée de six mois ». Il est dommage que tout cela tienne dans trois ou quatre pages seules.

A ces petites chroniques du quinzième siècle ajoutons le poème lourd et gauche de Paraspondylos Zotikos sur la bataille de Varna en 1444.[210] A tous ces historiens de guerres et d’affaires d’État s’oppose Sylvestre Syropoulos, Grand Ecclésiarque de l’Église de Constantinople, qui, sans aucun parti-pris, note dans ses Mémoires du synode de Florence, d’après les procès-verbaux mêmes, les événements au jour le jour, donnant ainsi une source de tout premier ordre.[211]

Surtout par le panégyrique de son frère Théodore, Manuel Paléologue s’inscrit, non seulement parmi les rhéteurs, mais aussf parmi les historiens de son époque.[212] Ses considérations générales sur l’éducation, brèves, sont d'un contenu plutôt vague.[213] Celles qui sont données dans les Oraisons dédiées au fils Jean sont plutôt le résultat de ses lectures étendues dans les œuvres de l’antiquité.[214] On désirerait un peu plus de personnalité dans l’œuvlre de celui qui laisse parler son âme dans ses seules prières à Dieu : « j'ai vieilli au milieu de mes ennemis[215] ».

Un très médiocre poète, le diacre Jean, écrivit lin éloge versifié de Jean VIII Paléologue.[216] La discussion sur les différences entre Latins et Grecs que le prêtre Jean Plousïadénos rédigea à l’époque du concile de Florence met ensemble, entre autres, Antonio Sagredo, Giorgio Faliero, Jean Tzourdounis et l’auteur.[217] La même forme est employée par l’évêque de Modon, Joseph, pour répondre à Marc Eugénikos,[218] par Gennadius le Scholaire pour combattre les Turcs[219] : la langue turque est même employée dans un second écrit pour exprimer la nouvelle foi d’un converti.[220]

A la Recherche de ce que l’Occident a toujours affectionné et que l’Orient rejette trop souvent, on trouve quelque chose dans l’écrivain de second ordre que Trébizonde donna à ce dernier chapitre de la littérature byzantine, à côté du patriarche Siméon, Georges de Trébizonde ou Georges Améroutzès.[221] Lorsqu’on abandonne le terrain,, travaillé jusqu’à le réduire en poussière, des discussions de dogme pour les esprits subtils, l’âme se porte vers le Ciel, comme dans l’« Hymne à Dieu » de cet Améroutzès : on y sent, chez ces hommes de l’Orient, le même courant de fervente communication directe avec la divinité.[222] Car ce Byzantin du quinzième siècle ose dire que Pieu dépasse tout ce que la raison humaine peut trouver pour le définir et le glorifier, toute la rhétorique des hymnographes tombant inefficace à ses pieds. Et, pour exprimer des idées si élevées à une époque où on fouillait fébrilement dans le vieil arsenal des armes théologiques rouillées, il doit employer, non plus un langage décalqué sur celui de l’antiquité, mais le parler simple et net des Évangiles.[223]

Une littérature populaire subsiste à côté, et on y trouve très souvent le sentiment qui manque aux savants de l’époque. Alors que les théologiens étaient occupés à discuter sur la procession du Saint Esprit et les lettrés ajoutaient du nouveau à l’utopie de Platon, un inconnu plaignait l’empereur Manuel enfermé entre les murs de la « Nouvelle Rome » par « le descendant d’Agar, à la bouche magniloquente », Baïezid, qui a fait serment de détruire les murs de la « Stéréa » (du continent) byzantine, de consacrer Ste Sophie à l’Islam, de tuer ou de faire renier les habitants, de « déraciner le nom des Rhomées » ; il déplore le sort de Constantinople abandonnée par l'empereur et décimée par la peste ; il salue l’arrivée du vengeur, « le stratiarque géant », « le Persée de Perse », Timour, mais il ne cache pas les actes de cruauté, inconnus encore, que le Mongol perpétra, contre les chrétiens aussi, surtout les moines, actes qu’il décrit au longr On n’a conservé, malheureusement, qu’un fragment de cette « plainte », de ce « thrénos » sur les souffrances de la chrétienté orientale.[224]

Mais, il est vrai, lorsque la catastrophe même de Constantinople intervint en 1453, elle ne suscita, parmi les « monodies » et les « thrènes » d’un Andronic Calliste, d’un Jean Eugénikos, de plusieurs anonymes, une seule page de vrai sentiment et de pensées utiles.[225]

Quant au clan des émigrés, l’œuvre si étendue de Bessarion, depuis des dizaines d’armées un Occidental, et jusqu’à sa mort, en 1472, appartient au monde byzantin seulement par telles de ses lettres et de ses conseils[226] ; sa gloire est soigneusement entretenue par ceux qui révèrent en lui le partisan, se gagnant la pourpre du cardinalat, de l’Union des Églises. Dès 1434 Jean Argyropoulos s’était établi à Padoue[227] et dès 1446 Gazis travaillait lui aussi en Occident, de même que ce Crétois Georges qui portait, à cause de l’origine de ses parents, le surnom de « Trapézountios ».

Par ces exilés surtout, la période byzantine de la littérature grecque dépasse de quelques dizaines d’années la prise de Constantinople. Il faut y faire entrer les discussions de Michel Apostolis. Ajoutons ce François Filelfo, qui avait épousé la fille de Manuel Chrysoloras (mais dont la mère, Manfreda, montre une origine latine) et s’était en quelque sorte « byzantinisé ».

A Rhodes, en pays de chevalerie latine, Manuel Géorgillas continuera jusqu’au début du seizième siècle, par un « Bélisaire » refondu et une description de la peste,[228] une production littéraire qui passera de là, restant populairement byzantine au fond, en Crète et bientôt en pays roumain. L’hellénisme de Byzance profite, on peut le dire, de la débâcle politique, se répandant forcément à travers le monde, comme le fit l’âme russe après les persécutions du soviétisme. Mais, resté dans les provinces conquises après 1453, un Manuel de Corinthe ou le Péloponnésien, élève du Kamatériote et Grand Rhéteur, écrivit en prose et en vers à la façon de l’époque des Paléologues.[229]

Dans leur correspondance, les maitres de la littérature byzantine de ce dernier siècle employaient cette langue analytique, si capable de revêtir les sentiments les plus délicats et même les idées les plus élevées. On le voit par les billets qu’adresse Bessarion lui-même au « pédagogue » du despote Thomas, et dans lesquelles on sent ce qui manque dans ses épîtres travaillées à la façon archaïque : l’homme, l’homme vivant.[230] Mais, dans l’avenir, comme au cours de ce passé si, long, la langue parlée devra lutter contre la langue artificielle gloire de ce qui était maintenant une vraie nation, et ne pourra pas remporter la victoire que dans le seul domaine de la poésie.

 

VII. — LA CATASTROPHE

 

Le règne de Constantin fut d’abord pacifique, sauf les changements incessants que provoquait en Morée l’ambition imprévoyante des despotes et « authentopoules » Théodore, Démètre et Thomas, changements qui ont une importance pour la seule histoire locale.[231] Le vieux Sultan Mourad, qui avait repris le pouvoir, confié avant la bataille de Varna à son fougueux jeune fils Mahomet, était occupé à combattre les attaques réitérées de l’infatigable Hunyadi. Il n’en sera autrement que lorsqu’à sa mort, survenue en 1451, Mahomet redevint le chef des Osmanlis.

Du reste, les rapports avec les Turcs étaient si étroits et si intimes, qu’on a pu chercher dans le système de Gémistos Pléthon des éléments de calendriert d’organisation des sociétés « achis », fleurissant dans l’Islam au quatorzième siècle) et même de religion empruntés aux Turcs ; Pléthon fut, du reste, traduit en arabe.[232] Le Sultan avait déjà des secrétaires de grec.[233]

C’est pourquoi aucune mesure de défense ne fut prise pendant les premiers mois du nouveau règne.

Aucune sollicitation ne fut adressée non plus au Saint Siège, envers lequel on faisait le possible pour donner l’impression que le pacte de 1439 n’est pas rompu, bien qu’on ne puisse pas procéder à son exécution intégrale.[234] Avec Venise on s’était borné à renouveler comme de coutume la trêve qui régissait les rapports entre les deux États.[235] Lorsque, en février 1453, s’inquiétant déjà, l'empereur Constantin demanda secours aux Vénitiens, il obtint la réponse que la République, devenue une puissance italienne, continentale, a trop à faire en Lombardie, se bornant à fournir des munitions.[236] Mais la Seigneurie ne manquait pas de recommander à d’autres ce qu’elle ne se sentait pas en état de faire elle-même.[237] On ne s’adressa pas au puissant roi de Naples, Alphonse d’Aragon, qui restait suspect aussi tien à cause de son héritage normand que des grands projets balkaniques qu’il affichait.[238]

Quant à l’autre Empire, on conserve un panégyrique grec pour l’empereur Sigismond, roi de Hongrie, qui mourut en décembre 1437, des années après la visite que lui avait rendue Jean VIII à Bude.[239] Avec son gendre et successeur en Hongrie, Albert, on n’avait pas eu de rapports, et la lettre, datée 22 janvier 1453. de son gendre et successeur, Frédéric III, qui aurait demandé, ordonné presque, au Sultan de ne pas toucher à Constantinople, paraît un faux.[240]

Nourri des légendes orientales concernant Alexandre de Macédoine, des chroniques qui racontaient la vie et les exploits des empereurs romains, le jeune « tchélébi » Mahomet, « énergique et terrible[241] », était dévoré de la passion d’accomplir des choses grandes, inouïes. Avant tout, avant de parachever la destruction de la Serbie, de soumettre les Albanais, d’annexer la Morée, de chasser les Vénitiens de leurs colonies orientales, d’envahir l’Italie, et, en Asie, de renverser le pauvre Empire de Trébizonde, d’occuper ensuite Sinope et Castémouni et de rejeter dans l’Asie Centrale son plus puissant concurrent, le Turcoman Ouzoun-Hassan, il se rendit compte de la nécessité de conquérir Constantinople.

Il commença par construire, contre la teneur du traité[242] un château à trois grandes tours, destiné à surveiller, à Kataphygion, le passage par le Bosphore de tous les vaisseaux et de les astreindre au paiement de la douane ottomane. Les protestations du faible empereur Constantin, sa tentative de résistance à main armée[243] restèrent complètement inutiles ; l’Empire perdit ainsi une de ses principales ressources.[244]

Un premier siège, commencé en juin, s’arrêta en septembre, quand le Sultan revint à Andrinople, envoyant Toura-khan et ses fils en Morée, jusqu’au golfe de Messénie.[245] Puis, au printemps de l’année 1453, Mahomet fit proclamer la Guerre Sainte contre l’antique cité impériale. Une multitude innombrable d’anciens guerriers, de laboureurs armés de bâtons, de derviches même, comme en 1422,[246] accoururent, alléchés par la solde élevée qu’on leur offrait et par la perspective du pillage de la capitale byzantine, riche proie à laquelle nulle autre n’était considérée comparable. Karadcha-beg avait déjà réduit les villes données par Mourad, Mésembrie, Anchiale, Vizye, Sélymbrie, qui résista.[247]

Le jour du Vendredi Saint,[248] 2 avril,[249] arriva le Sultan en personne, nouveau « Nabuchodonosor » aux yeux des Impériaux, avec sa Cour et ses janissaires. Il amenait des bombardes en grand nombre, dont l’une, fabriquée par un Hongrois, Urbain,[250] excitait l’admiration de toute l’armée. Une flotte très importante, commandée par le renégat bulgare Baltoglou, chef de l’arsenal de Gallipolis,[251] vint manœuvrer de l’autre côté du promontoire qui ferme le golfe de la Corne d’Or.

Constantinople était complètement isolée. Mais en aucun cas elle ne pouvait capituler ; elle devait, jusqu’au bout et à n’importe quel prix, résister.

L’empereur Constantin avait rassemblé des provisions suffisantes ! il disposait d’un peu plus de 5.000 hommes,[252] en grande partie Grecs de la Capitale, gens peureux et peu sûrs.[253] La Morée n’avait pu rien donner, et le secours de Trébizonde avait été arrêté en route[254] ; il y avait dans le port, à côté de quelques bateaux grecs, trois vaisseaux de Gênes, un de Catalogne, un de Provence, trois de Crète, trois de Venise, non armés[255] ; aussi trois du Pape se trouvaient en route, du côté de Chio.[256] Plus tard arrivèrent trois vaisseaux génois de Chio.[257] Mais Péra avait mis à la disposition de l’empereur un gros vaisseau venu récemment de Gênes, et les navires marchands vénitiens de la Mer Noire avaient été, bon gré mal gré, retenus pour coopérer à la défense. Jean Giustiniano Longo ; Génois, avait amené aussi deux embarcations et quelques centaines de combattants, lourdement protégés par des cuirasses d’airain, qui en imposaient aux Turcs ; il avait été nommé aussitôt protostrator, et l’île de Lemnos lui avait été promise[258] ; quelques autres Génois s’ajoutèrent. Girolamo Minotto représentait, avec Giacomo Contarini, Giacomo Cocco et Gabriel Trevisano, chef des vaisseaux de la République, le concours des bourgeois vénitiens,[259] Pierre Giulian celui des Catalans. On ne peut pas dire que les Latins, individuellement, manquèrent, à la défense d’une cité devenue en grande partie latine. Phrantzès fait l’éloge de trois frères italiens héros ; Paul, Antoine et Troïle.[260] Mais jusqu’au dernier moment il y eut entre Vénitiens et Génois des conflits,[261] puis entre les Génois et Luc Notaras, un des principaux officiers de l’Empire.[262]

Le grand canon commença à battre la pointe de Saint-Romanos, où se trouvait le Sultan. Un peu partout, quelque temps avant le lever du soleil, le combat s’engageait, sans avantage notable pour les Turcs.

Une camaraderie d’armes s’établissait au dernier moment, devant le danger Suprême, entre les défenseurs grecs et latins.[263] On se rappelait les quatre sièges qui s’étaient succédés en moins de cinquante ans et dont la ville était sortie indemne, grâce à la protection de la Vierge.[264] L’empereur avait communié à Ste Sophie et des processions parcouraient les rues chantant le Kyrie eleison du désespoir.[265]

Mais le Sultan avait fait passer sa flotte de Hiéron dans la Corne d’Or, sur un plan incliné, enduit de suif, il avait établi sur des tonneaux une plate-forme de combat qui lui fut d’un grand service, enfin il avait déjoué le projet formé par les assiégés de mettre le feu à ses vaisseaux.[266]

Mahomet se pressa, pour empêcher que des secours n’arrivent aux assiégés.[267] Pendant toute la nuit du 27 au 28 mai les feux brillèrent dans le camp turc, ce qui signifiait l’assaut général pour le lever du jour. En effet il s’annonça un peu avant l’aube par de grands cris de guerre.

Après quelques quarts d’heure de combat, Longo, qui était l’âme de la défense, blessé, abandonna son poste : il devait en mourir ; les siens le suivirent dans la retraite, il y eut alors un grand effroi parmi les Grecs, qui les avaient vus disparaître. Les Turcs devinèrent l’importance de ce moment. Ils parvinrent à pénétrer dans l’enceinte de la cité par une petite porte de communication que les Génois avaient laissée ouverte à cet endroit. On vit bientôt les hauts bonnets de feutre blanc des janissaires apparaître en haut des murs,[268] qui se trouvèrent aussitôt dégarnis de défenseurs.

La ville était prise, bien que, durant des heures encore, des postes isolés continuassent à combattre contre des ennemis qui ignoraient encore leur bonne nouvelle.[269]

Des fuyards blessés et couverts de sang ne tardèrent pas à répandre l’émoi dans la ville immense, qui se prépayait quiètement à célébrer la grande fête de Ste Théodosie. Quand on se fut convaincu qu’ils disaient la vérité, une immense consternation porta la population par milliers, de riches et de pauvres, de dignitaires, de moines, de nonnes, de gens du peuple et des prêtres, tous confondus ensemble, dans la grande basilique de Sainte-Sophie, qui était jusqu’alors réputée profane, à cause de l’hérésie latine.

Les Turcs firent alors irruption dans la ville, avides de butin plus encore que de sang, car ils ne tuèrent que dans le premier moment, craignant d’ailleurs, dans ce dédale inextricable de ruelles étroites, une résistance acharnée, qu’ils ne rencontrèrent nulle part. Ils se bornèrent donc à choisir à la hâte, à qui mieux mieux, tous les captifs qu’ils pouvaient emmener, dépêchant, pour abréger, les autres, qu’ils jugeaient inutiles.[270] Toutes les rues furent visitées, toutes les maisons fouillées et pillées[271] ; le Sultan ne s’était réservé que la propriété des édifices et de la terre, mais c’est pourquoi, aussitôt après son entrée triomphale, il défendit de continuer le pillage des églises,[272] ce qui n’empêcha pas la confiscation des monastères ; des cordonniers travaillèrent au Pantokrator, des derviches s’établirent aux Manganes.[273]

Dès le début, l’empereur fut tué. Y a-t-il quelqu’un pour me trancher la tête ? avait-il demandé aux siens, qui s’enfuyaient terrifiés.[274] Aucun n’entendit sa prière. Il rentra dans la mêlée affreuse, où il était impossible de reconnaître personne. Un Turc le frappa à la tête ; un second coup de sabre l’acheva. Il tomba et fut écrasé sous le piétinement fébrile des conquérants. Plus tard seulement, un jeune soldat se rappela avoir tué quelqu’un qui ressemblait à cet empereur de « Roum » que l’on cherchait avec tant d’insistance. Il désigna la place où il avait accompli cet exploit. Et sous un monceau de cadavres on découvrit, couvert de sang, le corps chaussé de brodequins de pourpre ornés d’aigles d’or.[275]

A la fin du banquet qui suivit la conquête, Mahomet ivre du vin, fit mettre à mort, avec toute sa famille, le mégaduc Luc Notaras, qui n’avait pas voulu livrer son enfant pour servir à des plaisirs infâmes ; ce vieillard, après avoir vu périr tous les siens, fut une des dernières victimes de la conquête.[276] Le bailli de Venise, son fils, le consul catalan, avec ses deux fils, furent aussi massacrés ; sans le pacha Saganos, il y aurait eu un massacre parmi les Latins.[277]

Puis le Sultan, qui se sentait devenir empereur, fit rassembler les habitants de la ville qui n’avaient pas été vendus ; il ordonna bientôt d’embellir de tours le palais, et de bains,) la ville admirable.

Il donna aux vaincus ; d’après l’ancien cérémonial, un nouveau patriarche, dans la personne de Georges le Scholaire, qui était devenu le moine Gennadios.[278] Le nouveau souverain musulman traita le « chef de la nation grecque » d'après la coutume byzantine, l’invitant à table, le conduisant personnellement jusqu’à son cheval, le faisant accompagner de l’« alaï » ; l’église de SS. Apôtres lui fut attribuée avec la Pammakaristos et pour les nonnes fut accordé le couvent de Prodrome in Trullis. Un privilège écrit fut remis.[279] Dès qu’il le put, Mahomet releva les murs de la ville

Des Turcs furent établis par quartiers entiers ; et, plus tard, de toutes les villes prises, il envoyait de nouveaux colons de toutes races à son Istamboul.[280]

Dès le mois de juin 1453, « le Conquérant » imposa un tribut aux despotes de la Morée,[281] et il invita l’empereur de Trébizonde à venir lui faire hommage « à la Porte ». Après und Campagne cçntre les Serbes, sa flotte, ayant pour chef l’amiral Hanlza, alla tenter de soumettre Lesbos, Cos et Rhodes, sans y réussir cependant. Mais les autres îles qui avaient appartenu aux Byzantins : Imbros, Lemnos, Thasos, Samothrace, acceptèrent aussitôt la souveraineté du Sultan Enos, sur la côte de Thrace, en agit de même. La Nouvelle Phocée avait déjà fait sa soumission. Enfin Lesbos et Chios, bientôt possession de Nicolas Gattilusio, assassin de son frère,[282] en attendant de renier, pour l’espoir d’échapper à la mort, se rangèrent parmi les tributaires du nouveau maître.[283]

La campagne de la flotte pontificale, armée, en 1455, contre ces îles « turques », réussit, mais leur conquête ne fut pas durable.[284]

C'était maintenant le tour du despotat moréote, qui venait de se voir imposer un tribut de 10.000 ducats.[285]

Là s’était produite l’usurpation d’un Cantacuzène, Manuel, soutenu par les Albanais, contre lequel les frères de Constantin s’adressèrent à Amour, fils de Tourakhan ; le bâtard de Centurione Zaccaria, Jean, ajoutait son agitation aux difficultés chrétiennes.[286]

Ce danger suprême ne suffit pas pour empêcher les tristes querelles entre les fils de l’empereur martyr.[287] Thomas et Démétre se jetèrent l’un sur l’autre et il fallut l’intervention du métropolite de Mistra, au nom de la population, pour les réconcilier.[288] On s’en prenait aussi aux possessions des Mélissénos de Mantinée.

En 1458 Mahomet, qui était depuis 1455 maître d’Athènes, confiée un moment à Franco Acciaiuoli,[289] vint en personne s’emparer de Corinthe et de Patras, de Kalavryta (mai-juillet). Cédées par le despote Thomas, qui était enfermé à Mantinée, pendant que la flotte opérait à travers les Cyclades. Nombre de chefs albanais, ainsi que la population de villages entiers, attirés dans des guet-apens, furent assassinés.

Démètre, qui avait fait de sa fille une femme du Sultan, suivit comme Captif l'armée de Mahomet II à son retour. Finalement il reçut des terres et des revenus dans les îles de Lemnos, Imbfos, Thasos, Samothrace, confiées d’abord à Palamède et Dorino Gattilusio, puis reprises plus d’une fois,[290] et aussi en Thrace (à Énos)[291] ; il mourut obscurément, en 1470, couvert d’un vêtement de moine.[292]

Mistra elle-même fut occupée le 30 mai 1460 par les Turcs, alors que Monembasie, s’offrant au despote Thomas, finit par lever les drapeaux du Pape.[293] Les autres châteaux capitulèrent tour à tour : le beglerbeg Mahmoud, qui les acceptait pour le Sultan, avait, du reste, des parents grecs.[294] Les massacres qui se succédèrent furent si terribles que Chalkokondyle put écrire qu’« il y a à peine un habitant en Morée[295] ».

Quant à Thomas († 1465), il suivit pendant quelque temps les mouvements de l'armée conquérante, puis s'embarqua pour Corfou, qu’il quitta, se rendant en Italie.[296] Il habita quelque temps à Rome, soutenu par une pension que le Pape lui servait à cause de ses sentiments envers l’Union ; les siens passèrent même complètement au catholicisme. Mais un Paléologue devint beglerbeg et commanda contre la Perse les armées ottomanes.[297]

On eut cependant trois guerres contre Venise, la prise successive d’Argos (1463), de Nègrepont (1470), de Nauplie (1499) et de Coron et Modon (1505), pour que les Turcs eussent enfin la possession de la Morée.[298] Il fallut donc ces longs et durs efforts pour avoir la Morée entière, où les gens de Sparte s’étaient révoltés contre les Turcs[299] ; à un certain moment avant 1470, la République avait paru pouvoir refaire pour elle cet Empire qui s’était effondré, et, sans les guerres d’Italie, elle n’aurait pas perdu toutes ses acquisitions au Levant.[300]

L’Empire de Trébizonde, soutenu par Ouzoun-Hassan, qui avait épousé une des princesses de la famille impériale (une descendante des Comnènes, devenue l’épouse « à la turque » de ce rude Turcoman), subsistait encore. Une dynastie corrompue et une classe dominante sans énergie étaient un faible appui pour le petit État, très riche et florissant, dans des régions incomparables.[301] Un monstre, Jean Comnène, avait jeté en prison son père et sa mère, qu’il accusait d’adultère, et avait même voulu les mettre à mort. S’étant enfui à Caffa avec sa femme, fille du roi d’Ibérie, devant un mouvement général d’indignation contre l’usurpateur, il revint cependant et arracha la couronne à ce père, qui fut assassiné. Les Turcs s’armèrent une fois contre lui ; Trébizonde fut même envahie par ceux de Samos et des environs, mais Jean se racheta en payant un tribut de 3.000 ducats.[302]

Après sa mort, son frère, David, qui avait déjà visité le Sultan en Morée,[303] écarta l’enfant qui avait hérité du trône. Il était considéré par Mahomet II comme un de ces vassaux qui doivent se présenter chaque année à la Porte.[304] En 1461, le Sultan l’invita à céder ses possessions et il y consentit, demandant un dédommagement important et l’honneur d’avoir le Sultan pour gendre. Ces prétentions furent repoussées, et les janissaires prirent la ville d’assaut. David et sa famille furent ; emmenés à Andrinople, avec ceux des jeunes gens de Trébizonde destinés à être silihdars ou spahioglans, pages de la Cour, ou à servir dans les rangs des janissaires. Un des fils de David, Georges, renia dans l’espoir d’une carrière.[305] Mais, la Correspondance des Comnènes avec Ouzoun-Hassan ayant été interceptée, ils furent tous tués, sauf, bien entendu, la malheureuse princesse impériale : elle passa dans le troupeau des femmes, de toutes les races et de tous les pays, qui ornaient le harem.[306]

La conquête de Lesbos,[307] contre Domenico, le dernier représentant fratricide de la dynastie énergique des Gattilusii de Gênes, apparentée aux Paléologues, compléta le domaine insulaire de l’Archipel. Naxos et Paros gardèrent pendant longtemps une situation d’autonomie sous les ducs chrétiens, ou même juifs, nommés par la Porte, contre paiement. Enfin Chypre ne fut conquise qu’en 1574 et Crète après un siècle, en 1663.[308]

Ainsi disparurent, deux cents ans après la conquête de Constantinople les derniers restes de la vie d’État chrétienne dans ces régions d’Empire.

Mais, au moment où Mahomet II entrait comme triomphateur dans la Capitale ensanglantée, l’autocratie impériale que les Paléologues, trop faibles et d’une mentalité faussée par le milieu latin* par la mode occidentale, avaient cru devoir abandonner fut rétablie. Le destructeur de l’Empire en était, de fait, avec une autre religion, et d’autres mœurs, mais aussi avec la décision d’employer sans distinction toute énergie, toute vitalité existantes, le restaurateur.

L’administration directe, qu’on a cru pouvoir observer, ne fut cependant pas introduite par les nouveaux maîtres, parce que les anciens même ne l’avaient jamais pratiquée. Chaque groupe religieux put continuer à vivre à sa façon, pourvu qu’il donnât à l’empereur musulman son prix de rachat, chaque province put conserver ses anciennes usances, qu’un nouveau privilège vint continuer dans les conditions de l’ancien. Mais toute souveraineté à la façon féodale, qui régissait depuis longtemps les territoires byzantins, fut écartée. Mahomet donna la chasse aux derniers restes de ces dominations que ne pouvait réunir aucun sens de solidarité.

Elles appartenaient en grande partie au monde latin. C’est celui-là qui fut frappé mortellement. Rien ne subsista de ce qui avait été principauté d’Achaïe, duché d’Athènes et de Thèbes, où s’étaient nichés, après les Navarrais, les habiles marchands de la famille florentine des Acciaiuoli, du fief d’Église à Patras. Seuls les châteaux abandonnés restèrent pour profiler leurs tours noires, d’un aspect étrange, sur le ciel qui avait dominé les splendeurs helléniques. La « francocratie » avait disparu comme un rêve de violence et de bravoure.

Les villes de commerce, qui avaient regardé d’un œil froid l’émiettement, l’affaiblissement progressif de la puissance de cette Rome orientale, espérant, comme Venise, en avoir pour la seconde fois la succession, se trompaient. Les Sultans, auxquels ce gouvernement vénitien avait prodigué jusque bien tard tous les compliments dus à des « illustres amis », n’avaient pas, sans doute, des buts économiques, mais, en fermant la Mer Noire, ils mirent fin à un régime qui avait enrichi pendant des siècles ces cités italiennes. De toutes les possessions de la République dans les Balkans rien ne resta ; l’île de Crète et celle de Chypre, acquise une vingtaine d’années après la disparition de la Byzance chrétienne, furent sans cesse menacées du même sort, auquel elles ne devaient pas échapper. Les Génois, d’anciens collaborateurs des Turcs, de tous les Turcs, qui avaient ployé le genou dès le lendemain de l’hécatombe constantinopolitaine, perdirent, en 1475, Caffa et toutes leurs possessions du Pont, ainsi que la situation que leurs citoyens avaient su se gagner dans les îles en face de ce domaine vénitien de l’Archipel, destiné à vivoter désormais sans horizon et sans espoir ; complètement anémiée, dépouillée bientôt de son autonomie, Péra ne put pas survivre à la destruction de toutes ses attaches. Le commerce du Levant appartiendra aux grands États de l’Occident, qui se feront valoir par la politique.

Mais, si on peut détruire les intérêts, les idées survivent à tous les désastres. L’Église orthodoxe était intangible dans ses prolongations à travers tout l’Orient européen, et avec elle se conservait tout, un art, presque toute une civilisation. La langue grecque, adoptée depuis presque mille ans par l’Empire, frappée à son effigie, resta celle des discussions théologiques, mais domina aussi, jusqu'aux nationalismes modernes, l’école et fut un peu partout l’instrument d’une culture élevée. Plus que cela, dans tout chef d’État de ce monde oriental de l’Europe il y eut, en regard de la faiblesse des gouvernements occidentaux, même lorsque nous les qualifions d’« absolus », quelque chose de ce césarisme byzantin que les conceptions démocratiques peuvent critiquer dans son essence et flétrir dans certaines de ses manifestations morales, mais qui n’en fut pas moins le seul système par lequel on pouvait faire, sans solution de continuité, les grandes choses qui durent.[309] S’il fut à Bucarest et à Jassy, il fut à Moscou, et, si on regarde bien, de plus en plus à Vienne aussi, avec sa dynastie, son prestige, ses habiletés diplomatiques et le mariage de ses archiduchesses.[310]

 

 

 



[1] Jireček, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, I, (1920), pp. 1.16 ; Béés, ibid., II, p. 373 et suiv.

[2] Pour ses dernières guerres contre l’Empire, qui emploie des Turcs d'Aïdin, Cantacuzène, II, p. 422 et suiv. ; III, pp. 32 et suiv., III et suiv., 247 et suiv. ; Iorga, Latins et Grecs, pp. 192-193.

[3] Chalkokondylas parle de la division, ordonnée par le Tzar lui-même, de ses provinces : à Zarko la Macédoine, à Bogdan la partie entre Serrés et la rivière de la Strouma (Axios) ; puis la province s’étendant de Serrés (cf. Perdrizet et Chesnay, La Métropole de Serrés ; Mon. et Mém. Piot, 1904), jusqu’au Danube à Lazare et à Ougliécha ; enfin la rive du Danube elle-même à Vouk Brancovitch. Aussi Kastoria au joupan Nicolas, L’Étolie à Pladika (pp. 28-29), Zarko et Bogdan se soumettent aux Turcs (p 39). Plus loin, Vouk est présenté comme maître de Kastoria et d’Ochrida (p. 52). Il prend le pays du joupan Nicolas et aussi Prichtina, Niche, jusqu’à la Save (ibid.). Sur le pays de Bogdan, ibid., pp. 177-178. Le fils de Zarko fut ce Dragasès dont le dernier empereur byzantin épousera la fille ; ibid., p. 49. — Sur les Serbes en Thessalie : Prélioub, après Jean Angélos, et le sébastokrator Étienne, fils de Gabriel († juillet 1333), Jireček, Gesch. der Serben, I, pp. 334, 345, 369, 387, 394 ; Boïatzidés, dans l'Έπετηρὶς βυζαντινν σπουδν, I, pp. 153, 166 et suiv.

[4] Cf. Béés, dans les Byz.-neugriech. Jahrbücher, XX, p. 304 et suiv. Sur la mort de Douchane aussi Phrantzès, p. 388. Portraits d’Ou- roch et du vieux roi Vlcachine, à Psača ; Petkovitch, Stari srpski spoménitzi ou ioujnoi Srbii, Semlin-Belgrade 1894, pl. 23.

[5] Inscription d'un couvent des Météores : Βασςλεύς κῦρ Συμβὼν Παλαιόλογος καὶ ἀυτοκράτωρρομαίων, Σερβίας καὶΡομανίας Οὔρεσις ; Adamantios, Έργασίαι ἐν Μετεώροις, Athènes 1910, p. 217, note 1. Une autre inscription des mêmes monastères a ce contenu : βασιλεύοντος τοῦ εύσεβεστάτου κα πανευτυχεστάτου δεσπότου μν κυρο Συμεών το Παλαιόλογος το Ορρεση ν Τρίκκ ; ibid., p. 216, note 1. Aussi Jirecek, dans Byz. Zeitschrift, XIII, p. 197 'Νἑος Έλληνομνήμων, XX, p. 297 et suiv. (1362, privilège pour un Orsini). Sur les titres de Douchan : en grec « empereur de Serbie et de Romanie », en latin « de Romanie, d’Esclavonie et d’Albanie », ibid., p. 219, d’après du Cange, Familiae byzantinae, p. 233, et Heuzey, dans la Revue Archéologique, IX (1864), p. 100, pl. VI. Ailleurs encore il énumère : Serbes, Romains, Bulgares et Albanais (ibid., p. 219). Cf. aussi ibid., pp. 220-225, note 1. Sur Jean Ouroch Paléologue, empereur dès 1371, le futur moine Joasaph et sa sœur, l’impératrice Marie Angélinev Doukaine, Paléologue, qui épousa Thomas, fils du César Prélioub, puis Ésaü des Buondelmonti, installé à Ianina, ibid., pp. 222, 225.Aussi Jireček, dans Byz. Zeitschrift, XIII, p. 197 'Νἑος Έλληνομνήμων, XX, p. 297 et suiv. (1362, privilège pour un Orsini). Sur les titres de Douchan : en grec « empereur de Serbie et de Romanie », en latin « de Romanie, d’Esclavonie et d’Albanie », ibid., p. 219, d’après du Cange, Familiae byzantinae, p. 233, et Heuzey, dans la Revue Archéologique, IX (1864), p. 100, pl. VI. Ailleurs encore il énumère : Serbes, Romains, Bulgares et Albanais (ibid., p. 219). Cf. aussi ibid., pp. 220-225, note 1. Sur Jean Ouroch Paléologue, empereur dés 1371, le futur moine Joasaph. et sa sœur, l’impératrice Marie Angélinev Doukaine, Paléologue, qui épousa Thomas, fils du César Prélioub, puis Ésaü des Buondelmonti, installé à Ianina, ibid., pp. 222, 225.

[6] Cf. notre Philippe de Mézières.

[7] Cantacuzène, I, pp. 339-340, 389-390. Le même cas pour des prisonniers ; ibid., II, pp. 65-66. Comme le gendre de l’empereur, Nicéphore, Commence à les massacrer, ils ne s'en prennent pas à Jean VI, qui était entre leurs mains (ibid.).

[8] Ibid., I, pp. 446-447. Aussitôt les hostilités recommencent ; ibid., p. 460 et suiv. Une autre visite, ibid. ; celle d’Oumour, ibid., pp. 842-483 et suiv. Une troisième, ibid., I, p. 476. Cf. Iorga, Latins et Grecs, p. 193.

[9] Cantacuzène, I, p. 447.

[10]Ελληνιστὶ πρὸς ‘Ρωμαίους ; ibid., pp. 471-472. Un officier byzantin de Philadelphie parle turc ; ibid., p. 408. Batatzès aussi ; ibid., pp. 555-556. Jean VI lui-même connait un peu cette langue ; ibid., p. 66.

[11]Αφθονος ἀγορὰ ; ibid., p. 480.

[12] Ibid., III, pp. 27-28. Des mariages turcs à Trébizonde, Phrantzès, p. 21x.

[13] Nicéphore Grégoras, III, pp. 505-506.

[14] Cantacuzène, I, pp. 206-207.

[15] Ibid., II, pp, 392-393.

[16] Ibid., I, p. 242.

[17] Nicéphore Grégoras, I, pp. 538, 548. Projet d’Ourkhan de prendre, pendant la récolte, des captifs dans la banlieue constantinopolitaine ; ibid., pp. 540-541.

[18] Cf. plus haut et Nicéphore Grégoras, I, p. 448 ; Phrantzès, pp. 38, 79 (la célèbre et la belle).

[19] Ibid., p. 458 (les Turcs vendent à Constantinople ce qui était dans le butin sacré). Les bourgades épargnées payèrent tribut au Turc ; ibid.

[20] Nicéphore Grégoras, I, pp. 433-436 ; Cantacuzène, I, pp. 342-362. Un grand hétairiarque, un grand stratopédarque, un grand domestique conduisent les Byzantins (loc. ult. cit.). Deux neveux de l'empereur restèrent sur le champ de bataille (ibid.). Cf. aussi Phrantzès, p. 36 et suiv.

[21] Cantacuzène, I, p. 464 et suiv.

[22] Pendant la querelle entre les deux Andronic, les Turcs commencent à ναυπηγεῖν καὶ ἐπιβαίνειν θαλάσσης ἀδδῶς τε καὶ κατά πλῆθος ; ibid., I, p 301.

[23] Cantacuzène, III, p. 851. Cf., pour ces émirs de la Mer, Mordtmann, dans les Mémoires de l’Académie de Berlin, 1911, pp. 2-7 (celui de Karassi).

[24] Sur Oumour, Nicéphore Grégoras, I, pp. 438-523 et suiv., 525-526 (pour Lesbos), 529, 597 et suiv., 648-652, 659, 671 et suiv., 676, 683, 686-687, 702 (offre de Chios et Lesbos à Cantacuzène), 728-729. Pour la ligue, ibid., pp. 689, 693 et suiv.

[25] Mas Latrie, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes ; cf. notre Philippe de Mézières.

[26] Nicéphore Grégoras, III, p. 99 et suiv.

[27] Ibid., I, pp. 416-417 ; Romanin, op. cit, III, pp. 160-161.

[28] Ibid., p. 166 et suiv.

[29] Ibid., p. 168 et suiv.

[30] Un conflit entre Turcs d’Aïdin et Serbes, à Démotika ; Nicéphore Grégoras, III, pp. 181-182.

[31] Ibid., I, p. 266.

[32] Ibid., III, p. 203.

[33] Λογάδας κεθεν μισθώσασθαι κα μα -γυναιξί τέ κα τέκνοις ες Ερώπην μετενεγκεν ; ibid., p. 23.

[34] Comme dans l’ἀσιάτις γῆ ; ibid., p. 224.

[35] Έν τει «ςωξβ’, ίνδικτινος ζ’, μην Μαρτί β‘,τ νυκτ τς ρθοδοξίας…. γέγονε σείσμς μέγας, τι κα τ τείχη κατέπεσον τς Καλλιουπόλεως κα τν μετατήν κα παφεδθησδν, ος κρήμασιν οδε θεός, τος Άγαρηνος ; notes citées, dans l'ouvrage de Müller. Cf. Phrantzès, p. 32. ‘O το Ύρκνου πας, ς ες δίαν ποικίην κα πάτριαν γν διαβς τν Ελλήσποντον, συνοικ κε τος λίγω πρότερον ληλυθόσι κρινε δεν κείνοις βαρβάροις ; ibid., p. 203. ‘Ωστε χειν ατος πιτείχισμα κα συμμαχίαν πρόχειρον κατ Παλαιολόγου το γαμβρο ; Nicéphore Grégoras, III, pp. 223-224 ; cf. Iorga, Latins et Grecs d’Europe, p. 213, note 2. Nicéphore Grégoras, III, pp. 117-119, 144-145, 159-160, 171-172, 181 (pour tous les appels récents aux Turcs). Pour la prise de Tzympé, redemandée à Ourkhan, avec l’offre de 10.000 ducats, Cantacuzène, III, pp. 270-277. Cf. Laonikos Chalkokondyle, p. 25. Cf. Iorga, Latins et Grecs, p. 213. Garnison turque à Andrinople, Cantacuzène, II, p. 244.

[36] Nicéphore Grégoras, III, pp. 224-225. Cf. Cantacuzène, III, p. 278 : (Soliman) πολλούς τν μοφύλων διαβιβάσας μα γυναιξ κα τκνοις κατκιζε τς πόλεις, τ καταβεβλημένα νορθν... κα στρατιάν γκαθιδρυσε πολλήν. Des bandes en partirent pour piller la Bulgarie (cf. ibid., pp. 276-281).

[37] Τὸν οἰκεῖον ἔχουσι πρὸ ὀφθαλμῶν ὄλεθρον ; ibid., p. 225.

[38] Mars 1362, d’après les notes de chronique.

[39] Cf. notre Gesch. des osmanischen Reiches, 1. La date a été mieux fixée, plus récemment, par M. Babinger, d’après des sources ottomanes. Cependant une mention contemporaine donne : 1377 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, p.142. D’après une autre, Héraclée du Pont fut occupée en 1360 ; ibid., p. 143. Cf. aussi Phrantzès, p. 149.

[40] Chalkokondyle, p. 33. Cependant Soliman aurait offert avant 1354 à l’Empire sa province de Roum, où il était molesté par les Serbes, pour 60.000 drachmes (Chalkokondyle, p. 44).

[41] Sur l’intervention du comte Amédée de Savoie, après les travaux de Datta et de Bollati di Saint Pierre, après notre Philippe de Mézères, Costas Kérofilos, Amadeo VI di Savoia nell' impero bizantino, Rome 1926. Cydonès conseillait de retenir Gallipolis contre Mourad (Migne, Patr. Gr., CLIV, c. 1009 et suiv.). Il était aussi pour l’union avec les Latins contre les autres États chrétiens des Balkans, l’empereur étant disposé à aller en Hongrie pour se concerter dans ce sens ; ibid., c. 976.

[42] Chalkokondyle, pp. 99-100.

[43] Novakovic, Die Serben und Türken im XIV. und XV. Jahrhundert, Semlin 1897.

[44] 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, p. 145. Sur l’Évangile de Serrés, voy. Evangélis G. Strati, Ιστορία τῆς πόλεως Σερρῶν, 2e édition, Serrés 1926 ; cf. Byz.-neugriech. Jahrbücher, VIII, pp. 378-382.

[45] Béés, dans la même revue, III, p. 374 et suiv.

[46] Phrantzès, p. 47.

[47] Les notes de chronique dans Müller, déjà citées. Cf. Béés, loc. cit., VII, pp. 145-146.

[48] Phrantzès, pp. 48-49.

[49] Ibid., pp. 49-50.

[50] Des Turcs d’Ionie contre eux ; Cantacuzène, I, p. 496.

[51] Sur un autre chef serbe, Voichna, et sa lutte contre Manuel Cantacuzène, Cantacuzène, III, p. 327. Le César Gourgouras (le nom est alain). fondateur, en 1361, de l’église de Zaoum, Diehl, Manuel, II, p. 759.

[52] Iorga, Gesch. des osmanischen Reiches, I.

[53] Sur les sources byzantines de la bataille, Radojcic, dans les Actes du IIIe congrès d’études byzantines, p. 315 et suiv. Sur la famille de Lazare, le même, dans le Vestnik srpské crkvé, XXXI (1926), pp. 303-304.

[54] Cf. Chalkokondyle, pp. 53-56 ; Ducas, pp. 16-17. Cf. Iorga, Gesch. des osmanischen Reiches, I. Plus tard, Radojcic, dans le Byzantion, VI, p. 241 et suiv. ; Grégoire, ibid., p. 247 et suiv. — Sur le tremblement de terre de Phocée, 'Νἑος Έλληνομνήμων, V, pp. 338-339 ; VII, pp. 146-147.

[55] Glasnik° de Belgrade, XIII, p. 279 ; Archiv für slavische Philologie, XVIII, p. 429 ; Iorga, Notes et extraits, I, Syndicamenta Perae.

[56] Sur ses rapports avec les Turcs, Cantacuzène, II, pp. 1X1, 345-348, 595-596 ; III, pp. 162-163. Cf. aussi ibid., II, pp. 406-407 ; Iorga, Latins et Grecs, p. 187.

[57] Migne, Patr. Gr., CLII, c. 1379-1380.

[58] Phrantzès, p. 65. Prise, en cette année, de la χριστώνυμος πόλις ; voy. le 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, p. 148 (22 mars). Pour la prise dEphèse et la fuite des habitants en Crète, ibid., I, p. 209. Sur le siège de 1394 à Constantinople, Jireček, dans la Byz. Zeitschrift, XVIII, p. 584 ; cf. notre Politique vénitienne, (dans le Bulletin de la section historique de l’Académie Roumaine, II), pp. 326-327. L’empereur Manuel se préparait déjà à partir. Sur la mère de Jean VII, son rival, qui était à Venise dès 1390, ibid., pp. 319-320.

[59] Halecki, Un empereur de Byzance à Rome, Varsovie 1930 ; Vasiliev, dans les Studi bizantini, III (1931), p. 154 et suiv.

[60] Cf. aussi les documents publiés dans le 'Νἑος Έλληνομνήμων, XI, p. 241 et suiv. — Sur des projets d’union en 1327 déjà, Omont, Projet de réunion des Églises grecque et latine sous Charles le Bel en 1327, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, 1892, pp. 254-257 ; Lettre d'Andronic II Paléologue au Pape Jean XXII (1327), ibid., 1906, p. 587 et suiv. Sur la politique religieuse d’Andronic, Nicole, dans la Revue des études grecques, VII, pp. 68-80.

[61] Cf. Jireček, dans Archiv für slavische Philologie, XIV (1892), pp. 263-264, et dans la Byz. Zeitschrift, XX, p. 271. Sur l’intervention du comte de Savoie, aussi Dino Muratore, Aimon III, comte de Genevois, sa participation à l'expédition du Comte Vert en Orient, Annecy 1906 (extrait de la Revue savoisienne).

[62] La bulle d’or, dans Schlumberger, Revue Numismatique, 1894, et Mélanges d'archéologie byzantine, I, p. 183. Cf. Lambros, 'Νἑος Έλληνομνήμων, XI.

[63] Ducas, pp. 44, 48-49.

[64] Phrantzès, p. 53. Aussitôt Manuel gagna le droit de porter les cothurnes de pourpre ; ibid. Cf. Chalkokondyle, pp. 50-51.

[65] Ibid., pp. 51-52.

[66] Romanin, op. cit, III, pp. 1255-256. Cf. ibid., pp. 256-257.

[67] D'après Chalkokondyle (p. 87), celle du Tzar bulgare Sichman.

[68] Ce fils, en dehors de Baïézid, est mentionné aussi par Ducas.

[69] Les notes de chronique citées fixent comme date de l'installation d’« Andronic le nouveau » le 12 août ; le 18 octobre on le couronne. Il fut chassé par son père et son frère Manuel, après deux ans et dix mois, le 1er juillet 1379. Il vécut encore jusqu'au 28 juin 1385, étant enseveli εἰς τὴν μονὴν Χριατοῦ τοῦ Παντοκράτορος (ibid.) ; la fondation de Jean Comnène. Le récit dans Duças, pp. 45-46. Cf. Phrantzès, pp. 50-51 (il appelle 'Άδεμάνιδες, près des Blachernes, ce qui est pour une autre source la « Tour des vents » (Άνεμᾶ) ; Doukas, p. 58. Le récit de Chalkokondyle est particulièrement précieux ; il mentionne aussi la punition des partisans d'Andronic, que le Sultan fit noyer ; l'empereur fit verser-du vinaigre brûlant sur les yeux de son fils ; pp. 40-46.

[70] Phrantzès, p. 58. Sur le couronnement de Manuel, ibid. Andronic fut envoyé à Thessaionique (ibid.).

[71] Sur ses rapports antérieurs avec le Sultan, qui l'avait fait pardonner, aussi Chalkokondyle, pp. 46-47, 52.

[72] Ibid., pp. 80-82. L'empereur aurait proposé à Dragasès de ne plus aller à la Porte, mais de se lier par un lien de parenté ; ibid., p. 81.

[73] 6 Phrantzès, p. 61.

[74] Chalkokondyle, pp 63-64.

[75] Ibid., p. 257 et suiv. Romanin cite le curieux passage de la Storia della Liguria e dï Genova de Serra, dans lequel il est question du « fameux empereur » aux « étranges inventions » qu'on appelait « il Diavolangelo », lequel aurait fait sortir de la Tour « des Vents » Jean V et son fils Manuel, emprisonnés par Andronic. En échange, le récit dans la Vie de Carlo Zeno sur son rôle dans cette affaire (dans les Rerum Italicarum Scriptores de Muratori) tiendrait du roman.Cf. tout dernièrement l'excellente étude de M. Dölger sur Jean VII (extrait de la Byz. Zeitschrift, 1931).

[76] Chronique vénitienne de Caroldo, dans Romanin, loc. cit., p. 261.

[77] Romanin, op. cit., III, pp. 301-302. Cf. notre Venise dans la Mer Noire (extrait du Bulletin de la section historique de l'Académie Roumaine, de). — Pour les événements qui se suivent a cette époque voyez surtout les notes de chronique citées : après la réconciliation, Jean arrive à Constantinople le 14 avril 1390 ; Manuel le chasse le 6 septembre. Jean fut exilé à Lemnos (Dukas, p. 78). Le siège de Constantinople par les Turcs, qui soutenaient Jean, suivit aussitôt (Phrantzès, p. 61). — Jean VII vint à Constantinople pour prêter serment et prendre le pouvoir le 10 décembre 1399 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, VI, p. 483 ; VII, pp. 149-150.

[78] Romanin, op. cit., III, p. 332.

[79] Battistella, La repubblica di Venezia, p. 313.

[80] Ducas, pp. 49-51.

[81] Description aussi dans Phrantzès, p. 60 (rapports de Manuel avec l'envoyé de Sigismond). Cf. Ducas, p. 44. Le livre le plus récent est celui de G. Kling, Die Schlacht von Nikopolis im J. 1369, thèse, Berlin 1906.

[82] Ulnavi ; Silberschmidt, Das orientalische Problem, Leipzig 1925, p. 15. Ils ne devaient se rencontrer qu'en 1412 ; Norden, Papsttum und Byzanz, p. 723 et suiv.

[83] Mort ἡμέρᾳ τῆς δ' ἑβδομάδος τῆς ἀγίας τεσσαρακοστῆς. On l'enterra le 16 février 1391 ; notes citées.

[84] Cf. plus récemment, Jugie, Le voyage de l’empereur Manuel Paléologue en Occident (1399-1403), dans les Échos d'Orient, XV, p. 322 et suiv. ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, IX. Voy., sur ce voyage, aussi p. 251, note 3.

[85] Aussi Chalkokondyle, pp. 84-87. Les Byzantins en arrivèrent à parler du Charlemagne, de Renaud, de Roland, d'Olivier ; ibid., p. 87.

[86] J. H. Mordtmann, dans les Byz.-neugriech. Jahrbücher, IV, p. 346 et suiv. Cf. William Miller, The turkisb capture of Atbens, dans la English historical Review, XXIII (1905), p. 529 et suiv. — L'appel de Manuel à la République de Sienne (22 septembre), dans Gius. Müller, Documenti sulle relazioni della città toscane coll’ Oriente, Florence 1879, p. 147 et suiv. ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, VI, pp. 102-104 ; VII, pp. 90-91 ; Revue hist. du Sud-Est européen, IV (1927), pp. 281-282.

[87] Notre Istoria Bisericii romanesti, I, 2e édition.

[88] Halecki, dans le Byzantion, VII, p. 48 et suiv.

[89] François Gattilusio de Lesbos avait épousé la princesse Marie (Ducas, p. 46). Sur la despotissa Eugénie Gattilusio, morte en 1439, Phrantzès, p. 195. Le despote Constantin épousa la fille de Notaras Paléologue Gattilusio, Catherine ; Phrantzès, pp. 192-193. Sur la mort de cette princesse, qui lui donna un fils, ibid., p. 195.

[90] Voy. Tsérétéli et Sobolewski, op. cit., p. 17 (un ms. de 1376 ἐν Ματραχαῖς, à Matréga) ; Latychef, Deux bas-reliefs à inscriptions, Moscou 1909, p. 10.

[91] Des rapports avec l'Occident sont possibles aussi par l'île de Crète. Des Crétois viennent spontanément dans l'armée byzantine ; Pachymère, II.

[92] Millet, Monuments byzantins de Mistra, Paris 1910 ; Strück, Mistra, eine mittelalterliche Ruinenstadt, Vienne 1910.

[93] Où le maître signe : Eutychios Millet, Recherches, p. 643. Sur d'autres artistes grecs chez les Serbes, Diehl, Manuel, II, p. 789, Des émigrés en Russie, ibid., pp. 792-793.

[94] Voy. notre ouvragé Les Arts mineurs en Roumanie, Bucarest, Imprimerie de l'État, 1934.

[95] Cf. Vita Caroli Zeni, éd. Muratori, c. 219 et suiv. Cf. Mavropbrydis, Athènes 1866.

[96] Pp. 354, 360-361.

[97] Gerland, Patras, passim.

[98] Voy. les travaux cités plus haut, de M. Rubio i Lluch.

[99] Clavijo, Vida del gran Tamorlan y itinerario, Madrid 1782 ; Sylvestre de Sacy, dans les Mémoires de l'Institut royal de France, VI ; Lettre de Timour à Manuel, dans Sanudo, Muratori, XXII, p. 798. Cf. sur le poème populaire Timour, Byz.-neugriech. Jahrbücher, III, pp. 77-79.

[100] Voy. Marr, dans le Viz. Vréménik, XII, p. 1 et suiv. ; Oriens Christianus, IV (1894), pp. 184-187 Iorga, Brève Histoire de la Petite Arménie ; Revue historique du Sud-Est européen, 1932, pp. 82 et suiv. (sur le livre de M. Giovanni Soranzo, Il Papato, l'Europa cristiana e Tartari. Milan 1931). L'illusion du khan qui ira à Nazareth. Finke, Acta, n° 464 (1307).

[101] Sur la prise, par ses bandes, de Smyrne, défendue par les Hospitaliers, Ducas, p. 28. Cf. notre étude sur Rhodes, chap. IV.

[102] Il revint le 13 septembre 1402 ; Ducas, p. 62. Cf. le récit de ses voyages, à Venise, à Milan, en France, dont les chroniques (aussi Chronique du bon duc Loys de Bourbon ; Douët d'Arcq, Choix de pièces inédites ; cf. 'Νἑος Έλληνομνήμων, XIII, pp. 132-133) mentionnent assez largement le séjour, dans le récit de M. Vasiliev, Journal du Ministère de l'Instruction Publique de Russie, 1912 ; Schlumberger, Un empereur de Byzance à Paris et à Londres, Paris 191.6. Cf. nos Notes et extraits, I, pp. 81 et suiv., 142 ; Marinescu, dans le Bulletin de la section historique de l'Academie Roumaine, XI, p. 192 et suiv.

[103] On aurait pensé à la lui donner.

[104] En 1392 on le trouve, avec sa mère, Marie-Makaria, une nonne, en Lombardie, à Pavie ; Sophrone Eustratiadis de Léontopolis, dans l’Εκκλησιαστικὸς Φάρος, IV (1911). pp. 273-304, 353-405 (Évangile donné par eux à Pierre, évêque de Novare). Il avait été expulsé de Gênes (Chalkokondyle, p. 82). Voy. l'étude récente, déjà citée, de M. Dölger. — Sur les Paléologues du XIVe siècle voici encore quelques notices, qui peuvent être utiles : Finke, Acta, no. 565 (projets latins sur Constantinople) ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, pp. 138 (usurpation de Cantacuzéne), 139 (mort de la princesse Irène l'Allemande, 16 août 1324) ; 140 (mort d'Andronic II, 13 fé vrier 1332) ; 144 ; Byz. Zeitschrift, XI, p. 452 et suiv. (épithalame d'Andronic II) ; ibid., XX, p. 269 (Jireček ; mariage d'Andronic II avec Irène) ; Millingen, Byzantine churches (sépultures d'Andronic et Anne à Pammakaristos) ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XI, p. 254 (signature de Jean V) ; Δελτίον χριστιανικῆς ἀρχαιολογικῆς ἑταιρείας, II (1925) (Théodore Paléologue Philanthropènc) ; Finke, Acta, no. 266 (Théodore de Montferrat, rappelé pour Thessalonique ; projet d'alliance de famille en Aragon) ; Mélanges Schlumberger, II, p. 521 et suiv. (une nonne Paléologue). Des vers pour la « despina » Marie, P. N. Papaguéorguiou, dans la Byz. Zeitschrift, XXX, pp. 326-327.

[105] En échange pour 25.000 florins d'or par an et un château (l'acte, daté deLesbos, 15 août 1397), dans le 'Νἑος Έλληνομνήμων, X, p. 248 et suiv. ; XIV, p. 110 ; Bulletin de l'Institut pour l'étude du Sud-Est européen, I, p. 39.

[106] Livre des faits, éd. Buchon ; Schlumberger, Jean de Châteaumorand, Paris 1919. Cf. Iorga, Les voyageurs dans Orient européen, Paris 1928.

[107] Chalcocondyle, p. 145.

[108] Sa femme, fille de Lazare, avait été prise aussi, — on lui fit boire du vin —, ainsi que le fils de Bayezid, Moussa, libéré ensuite ; Phrantzès, p. 68 ; Chalkokondyle, pp. 158, 160, 165.

[109] Ducas, p. 55. Pour faire partir les Turcs, en leur céda tout jusqu'aux murs ; ibid., p. 57.

[110] Phrantzès, p. 83.

[111] Mort, comme moine Joasaph, le 22 septembre 1408.Cf. l'article de M. Dölger, déjà cité. Cf. le même, dans les Actes du IIIe congrès d'études byzantines.

[112] Mais un fils, âgé de sept ans, de Bayezid, Yakoub, devient le chrétien Démètre ; Phrantzès. Cf. Dukas (il fut enseveli près de l'église du Prodrome à Stoudion).

[113] Cf. surtout Ducas, p. 63 et suiv. Sur la prise de Smyrne, ibid., pp. 71-78.

[114] Un autre, Mathieu, à Rhodes ; Chalcocondyle, p. 38. Cf. Zakythinos, Le despotat grec de Morée, p. 125 et suiv.

[115] Phrantzès, pp. 62-64 ; Chalkokondyle, pp. 97-98.

[116] Voy. Chalkokondyle, pp. 97-99, notre étude Venise dans la Mer Noire, dans le Bulletin de la section historique de l'Académie Roumaine, II (cf. les documents dans l'édition roumaine ; Annales de la même Académie). Cf. Silberschmidt, op. cit., et aussi Fr. Rühl, Der deutsche Orden in Griechenland, dans la revue Nord und Sud, 1899, pp. 327-341.

[117] A Phocée l'évêque fut celui qui appela les Turcs ; Chalkokondyle, p. 67. Pour l'invasion en Grèce, ibid., p. 68.

[118] « Manuel sta sempre a letto e non pensa a niente. Se fosse uomo, profitterebbe del terror de' Turchi per ricuperare da essi tutta Grecia » ; Sanudo, aussi dans Monferratos, Διπλοματικαὶ ἐνεργείαι Μανουήλ β' τοῦ Παλαιολόγου, Athènes 1913 (déjà cité).

[119] Voy. Monferratos, loc. cit.

[120] Chalkokondyle, pp. 168-170, 171.

[121] Phrantzès, p. 87 ; Ducas, pp. 91-94.

[122] Chalkokondyle, p. 172. Celui-ci amène le despote Etienne à soutenir Soliman ; ibid., p. 172. Cf. aussi ibid., p. 173.

[123] Ibid., p. 174 ; Ducas, p. 79. De fait, le prince Jean fut installé à Thessalonique, comme « roi de Thessalie » ; Ducas, loc. cit.

[124] Chalkokondyle, pp. 175-177. Sur la bataille du 17 juillet entre lui et son frère Mousa, 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, pp. 152. Cf. notre Gesch. des osmanischen Reiches, I.

[125] Phrantzès, pp. 87-89.

[126] Un autre, Constantin, se rendit en Gazarie génoise ; Dukas, p. 133. 4 Phrantzès, p. 64 ; Chalkokondyle, pp. 205-206. Il mourra à Mantinée ; ibid. Voy. Ducas, pp. 197-201 (prise par les Turcs).

[127] Phrantzès ; Chalcocondyle. Il mourra à Mantinée.

[128] Ibid., pp. 94-96.

[129] Ibid., p. 97.

[130] Phrantzès, pp. 96t 108 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, II, p. 435 et suiv. ; IV, pp. 20 et suiv., 240-243 ; V, pp. 115-116 ; VII, pp. 152-153. Cf. Zakythinos, op. cit., p. 168 et suiv.

[131]Voy. Marinescu, dans le Bulletin de la section historique de l'Académie Roumaine, XI, pp. 196-197.

[132] Ducas, pp. 109-110. Cf. notre Gesch. des osmanischen Reiches, I.

[133] Phrantzès, p. 112.

[134] Ibid., p. 113. Cf. Chalkokondyle, p. 178. Deux fois avant la victoire il avait été à Constantinople ; ibid., pp. 179, 181. Cf. Ducas, p. 103.

[135] Il avait recommandé à son fils Mourad l'amitié avec Manuel ; Phrantzès, p. 90. Son testament confiait à l'empereur ses enfants ; ne lui étant pas donnés, celui-ci proclama Moustafa (Ducas, pp. 131-132, 134-135), comme ἡγεμών πάσης γῆς Ρωμαίων ; ibid., p. 151.

[136] Phrantzès, p. 115 ; Chalkokondyle, pp. 203-204, 220-227 ; Ducas, pp. 117-121, 131, 134-135, 139 et suiv., 187-188, 189.

[137] Phrantzès, p. 91. La princesse serbe Mara négocia la paix (ibid.). Quatrième siège en juin 1422 ; ibid.. p. 116. Il est largement décrit par Kananos, éd. de Bonn. Cf. Chalkokondyle, pp. 228, 231 et suiv. ; Ducas, pp. 182, 185-187.

[138] Comme moine Mathieu ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, V, p. 311 ; VII, pp. 144, 148-149. Cf. Ducas, p. 188 ; Phrantzès, p. 121. L’impératrice Hélène, devenue la nonne Hypomona, « la Patiente », mourut en mars 1450 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, VI, p. 289 et suiv. ; Jireček, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, I, pp. 4-5. La première femme de son fils fut, dès 1414, Anne de Moscou, qui mourut dans trois ans ; Halecki, dans le Byzantion, VII, p. 52. Un discours adressé à Manuel, Regel, op. cit., p. 183 et suiv.

[139] Ducas, p. 196.

[140] Cf. la chronique de Jean Anagnostès, éd. de Bonn ; Phrantzès, pp. 91, 121-122 ; Chalkokondyle, pp. 235-236. Les renseignements les plus précis dans nos Notes et Extraits, I. Cf. 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, p. 155 ; VIII, p. 206 et suiv.

[141] Phrantzès, p. 117 ; Ducas, p. 515 et suiv. Cf. le 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, pp. 154, 309-315. A cette époque, le despote Démètre passa, par Péra, chez les Turcs (ibid.)

[142] Phrantzès, pp. 108 (année 6915), 114. En 1418 le despote Thomas fut envoyé en Morée ; ibid., p. 109.

[143] Cf., pour les Serbes et Byzance, Archiv fur slavische Philologie, XXVII (1905), pp. 246-257 ; XXXIV (1912-3), pp. 298-304 ; XXXV, pp. 1913-4 ; Viz. Vréménik, XII, p. 44 et suiv. ; XXIII, pp. 144-145 ; XXV, pp. 45-46 ; 'Νος Έλληνομνήμων, XIV, p. 399.

[144] Cf. nos Familles byzantines, dans le Bulletin de l’Académie Roumaine, XVII.

[145] Phrantzès, p. 202. C’est l’impératrice Hélène, qui mourut en 1473 ; ibid., p. 450. Elle avait été à Venise en 1468. Cf. la description par Grégoras du voyage de la fiancée ; Bezdechi, dans l’Ephemeris daco-romana, et Laskaris, op. cit.

[146] Sa mort en 1428 comme moine Acacius ; Phrantzès, p. 134.

[147] Ibid., p. 122.

[148] Phrantzès, p. 128 et suiv. (1427). En 1428 les frères se rencontrent à Corinthe ; ibid., p. 130. Cf. aussi Chalkokondyle, pp. 238-242.

[149] Phrantzès, pp. 136-138. La paix lui donna le château latin de Serravalle ; ibid., p. 145.

[150] Ibid., pp. 148-152.

[151] Ibid., Les Turcs voisins revendiquaient aussi cette place. Les Vénitiens étaient à Lépante ; ibid., p. 51

[152] Ibid., p. 154.

[153] Ibid., pp. 193-194.

[154] Ibid., pp. 155-156.

[155] Ibid., pp. 159-161.

[156] Ibid., pp. 161-163.

[157] Ibid., pp. 131-133.

[158] Ibid., p. 148.

[159] Ibid.

[160] Chalkokondyle, pp. 284-286.

[161] P. 99.

[162] 'Νἑος Έλληνομνήμων, II (1905), p. 477 et suiv. (chronique contemporaine).

[163] Phrantzès, pp. 202-203 ; Chalkokondyle, p. 341 et suiv. Sur l’attaque antérieure, avant 1444, et la tentative de détruire l’État athénien et thébain des Acciaiuoli, ibid., pp. 313-322. Sur la querelle entre l’empereur et son frère Théodore, qui assiégea Constantinople, étant emporté ensuite par la peste, ibid., p. 431. Les Valaques du Pinde se soumirent aussi en 1449 ; ibid., pp. 349-350. — Sur la situation de la Morée après la mort de l’empereur, ibid., p. 374. Paix avec les Turcs, ibid., p. 376. — Échanges de territoires entre les Paléologues, p. 378. Démètre est le camarade de Tourakhan ; ibid. Nouveau raid de celui-ci ; pp. 381-382. Cf. aussi Ducas, p. 222.

[164] Chalkokondyle, pp. 236-238. Pour cette Karlili, province de Charles, aussi Georges Konstantinidis, dans l’Αρμονία, 1900, I, pp. 465-474. Pour l’importante île de Saséno, le 'Νἑος Έλληνομνήμων, XI, pp. 57 et suiv., 320 et suiv. Pour la dynastie indigène de Boua (le boiteux) Spatas, ibid., II, p. 487.

[165] Phrantzès, p. 109. Elle devait s’enfuir en 1426 ; ibid., p. 122.

[166] Ibid., pp. 117, 120-121. Sa sœur Kléopa fut femme du despote Théodore (ensevelie à Mistra) ; Chalkokondyle, pp. 206-207 ; Ducas, p. 100 et suiv. L’empereur épousa alors Marie de Trébizonde ; Phrantzès, pp. 123, 156, 191.

[167] Ibid., p. 181.

[168] Ibid., p. 194.

[169] Ibid., p. 195. il finit par avoir Sélymbrie ; ibid., p. 196 ; Chalkokondyle, pp. 304-307.

[170] Phrantzès, p. 182. Cf. Syropoulo, Historia vera unionis non verae.

[171] Romanin, op. cit., IV, p. 189 et suiv.

[172] Pp. 188-189.

[173] Cf. nos Notes et extraits, II, 1ère partie (avec la bibliographie). Nomination de Métrophane de Cyzique à la place de Joseph, mort à Florence ; Phrantzès, p. ‘92. Grégoire Mélissinos (Mammas) lui succède : p. 200. Sa fuite, p. 217 (1452).

[174] Ducas, p. 212 et suiv.

[175] Outre les sources indiquées dans nos Notes et Extraits, série 2, p. 1 et suiv., le décret d’Union, Perrault-Dabot, dans le Moyen âge, XII, p. 488 et suiv. ; cf. 'Νἑος Έλληνομνήμων, IX, p. 487-489 ; Petit, Documents relatifs au concile de Florence, la question du Purgatoire à Ferrare, Paris 1920 ; Ludwig Mohler, Eine bisher verlorene Schrift von Georgios Amirutzes über das Konzil von Florenz, dans l’Oriens Christianus, N. S., IX (1921), pp. 20-35 ; A. Gottlob, Aus den Rechnungsbüchern Eugens IV. zur Geschichte des Florentinus, dans le Historisches Jahrbuch, XIV (1893), pp. 39-66 ; Rostagno et Festa, Indice dei codici laurenziani, pp. 132-133, dans les Studi italiani di filologia classica, I ; Lambros, dans le Δελτίον de la Société d’Athènes, VI (l904), pp. 351-357 (séjour de Jean VIII à Peretola avec Cyriaque d’Ancône) ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, IV, pp. 188 et suiv., 296 et suiv. (actes délivrés par l’empereur à Florence) ; Dräseke, dans la Byz. Zeitschrift, V, p. 572 et suiv. ; Carra de Vaux, Les souvenirs du concile de Florence, dans l'Oriens Christianus, II, pp. 69-73 ; Jugie, dans les Echos d'Orient, 1921, p. 269 et suiv. (question du Purgatoire) ; Byzantion, IV, pp 631-632 (Bessarion présente à Florence un mémoire de Georges Scholarios) : Lampros, Παλαιολογεῖα, I, p. 3 et suiv. (un discours de 1439). — Le décret fut signé aussi par le despote Démètre. — Comme dates de l'arrivée du patriarche à Modon, en 1437, et celle de tous les délégués au retour, avec leur liturgie franque, en novembre 1439, 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, p. 156. — Un prétendu retour du βασιλες γιος ἀπὸ τὴν Φραγγίαν ; ibid., p. 158.

[176] Khalil, fils d’Ibrahim, avait conseillé à l’empereur de garder l’expectative ; Chalkokondyle, p. 330.

[177] Phrantzès donne une description circonstanciée de la bataille ; p. 197 et suiv. Il y a l’équivalence de l’aga des janissaires avec le drungaire de la vigla ; p. 200. Encore plus large le récit de Chalkokondyle, p. 325 et suiv. Quelques notes nouvelles dans Ducas, pp. 221-222. D’autres sources dans notre Gesch. des osmanischen Reiches.

[178] Cf. Chalkokondyle, p. 283.

[179] 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, pp. 158-159.

[180] Phrantzès, p. 203. Cf. aussi Béés, dans les Παναθηναῖα, 1909, pp. 185-189.

[181] Ducas, p. 224 : ὕστατος βασιλεύς χρηματίσας Ρωμαίων.

[182] Phrantzès, pp. 204-205. Il fut couronné à Mistra même, le 6 janvier suivant.

[183] Ibid., pp. 205-206.

[184] 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, pp. 158-159.

[185] Nos Notes et Extraits, seconde série, table. Cf. Migne, Patr. Gr., XCIII, c. 1348 et suiv. (sur Gaza et Laskaris, ibid., c. 1364 et suiv.). Ses lettres, ibid., CLVI, c. 24 et suiv. Pétrarque avait appris le grec de Léonce Pilate, archevêque de Thessalonique.

[186] Cf. K. Neumann, Byzantinische Kultur und Renaissance-Kultur, dans la Hist. Zeitschrift, 1903.

[187] Cf. la quantité des matériaux que donne Lampros dans les Παλαιολογεῖα καὶ Πελοπονησιακὰ, 4 vol., 1912 et suiv.

[188] Cf. la bonne exposition de Rudolf Nicolai, Gesch. der neugriechischen Literatur, Leipzig 1876, p. 22 et suiv. Pour Dokéianos, 'Νἑος Έλληνομνήμων, I, p. 295 et suiv. ; VIII, p. 368 ; Lampros, Παλαιολογεῖα, I. Pour Andronic Calliste, ibid., V, p. 203 et suiv. Un Théophane de Midia, ibid., X, pp. 258-275. Sur Apostolis, Noiret, Lettres inédites de Michel Apostolis, Paris 1889. Cf. K. Rupprecht, Apostolis, Eudem und Suidas, dans le Philologus, Suppl. XV1, Leipzig 1922. Sur le patriarche Grégoire Mammas (1453-56), ibid., IV, p. 114. Sur un de ses successeurs, Marc le Xylocarabe (1467), Petit, dans la Revue de l’Orient chrétien, VIII (1903), pp. 144-149 ; Viz. Vréménik, X, p. 402 et suiv.

[189] Evêque Arsénius, Nil de Mylo, moine de Crète (en russe), Novgorod 1895.

[190] Sur la polémique entre Mammas et Marc d’Éphèse, Migne, Patr. Gr., CLX (lettre à l’empereur de Trébizonde ; ibid., c. 205 et suiv.). Traité de Siméon de Thessalonique contre les hérésies, ibid., CLV, c. 33 et suiv.

[191] Migne, Patr. Gr., CLX. Sa biographie, due au Grand Rhéteur Manuel, a été publiée par l’évêque Arsène. Cf. Nicéphore Kalogéras, archevêque de Patras, Μάρκος Εὐγενικὸς καὶ Βησσαρίων καρδινάλης, Athènes 1893 ; Adamantios N. Diamantopoulos, Μάρκος ὁ Εὐγενικὸς καὶ ἡ ἐν Φλορεντίᾳ σύνοδος, Athènes 1989 ; Papadopoulos-Kérameus, dans la Byz. Zeitschrift, XI, p. 50 et suiv ; Legrand, dans la Revue d’études grecques, V (1892) (Canon de Marc Eugénikos) ; Pétridés, dans la Revue de l’Orient chrétien, 1910, pp. 97-107 (le Synaxaire de Marc d’Ephèse) ; Dräseke, dans la Zeitschrift für Kirchengeschichte, XII, pp. 91-116 ; Échos d’Orient, XIII, pp. 19-21 (sur sa mort). — Sur Jean : 'Νἑος Έλληνομνήμων, V, p. 219 et suiv. (plainte pour la perte de Constantinople) ; Pétridès, dans les Échos d’Orient, XIII (1910), pp. 111 et suiv. (œuvres), 276 et suiv. Un écrit contre l’Union, dans le recueil du patriarche de Jérusalem Dosithée, Τόμος καταλλαγῆς, Jassy 1692. Cf. Syllogue de Constantinople, XV-XVIII, pp. 95, 98, 102 ; Lampros, Παλαιολογεῖα, I, p. 17 et suiv. — Pour les deux, Krumbacher, Byz. Litt., p. 115 et suiv.

[192] Migne, Patr. Gr., CLIX, CLX ; Petit, Sidéridis et Jugie, Γεωργίου τοῦ Σχολαρίου ἅπαντα τὰ εὑρισκόμενα, 2 vol., 1929.

[193] Cf. Alex. Pellissier, Νόμων συγγραφῆς τὰ σωζόμβμα, Paris 1858 ; Κατὰ τῶν Πλήθωνος ἀποριών τῶν π' Άριστοτέλει, éd. Minoïdés Minas, Paris 1858 ; Dräseke, dans la Byz. Zeitschrift, IV, p. 561 et suiv. ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XI, pp. 465-467 ; Salaville, dans les Échos d’Orient, 1922, p. 129 et suiv. ; 1928, p. 300 et suiv ; Papaioannou, dans l’'Αλήθεια, XVI (1896) ; le même, dans l’Εκκλησιαστική Άλήθεια, XIX, pp. 24-28 ; Byzantion, IV, p. 601 et suiv. ; V, p. 295 et suiv. (contre les musulmans) ; VI, p. 899 et suiv. ; Ellissen, Analekten, V. Cf. Baumker, Der Platonismus im Mittelalter, Festrede, Munich 1916 ; L. Mohler, Wiederbelebung des Platonsstudiums in der Zeit der Renaissance durch Kardinal Bessarion, Cologne 1921 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, p. 160. Son ouvrage sur la défense de la Morée, dans Ellissen, Analekten, IV2, pp. 41-84 ; Byz.-neugriech. Jahrbücher, VU, p. 237 ; Gass, Gennadius und Pletho, Aristotelismus und Platonismus in der griechischen Kirche, Breslau 1844 ; C. Alexandre, Pléthon, Traité des lois, Paris 1858 ; Schultze, Geschichte der Philosophie der Renaissance, I., Georgios Gemisthos Plethon und seine reformatorischen Bestrebungen, Iena 1874 ; J. L. Heiberg, Studier fra Sprog og oldrisforsning udgivne af det philologisk-historiske jennfuns, 1895 ; Paristotti, Idee religiose di un filosofo greco del medio evo, dans les Mélanges Monaci, 1901 ; Kazazis, Γεώργιος Γεμίστος Πλήθων καὶ κανωνισμὸς κατὰ τὴν Άναγέννησιν, Athènes 1903 ; le même, dans l’Annuaire de l’Université d’Athènes, 1904 ; Dräseke, dans la Zeitschrift fur Kirchengeschichte, XIX (1898), pp. 265-292 ; T. W. Taylor, Georgius Gemistus Pletho, Criticism of Platon and Aristoteles, thèse, Chicago-Menasha 192L ; Dräseke, dans les Neue Jahrbücher für das Klassische Altertum, XXVII (1911), pp. 102-119 (sur la défense de la Morée) ; ibid., XXVIII, pp. 397-414 ; Lampros, Παλαιολογεῖα, III, p. 248 ; Tozer, A Byzantine reformer (Gemistus Plethon), dans le Journal of hellenic studies, VII, pp. 353-380. Cf. Krumbacher, Byz. Litt., pp. 121 et suiv., 429 et suiv.

[194] Cf. notre contribution aux Mélanges Diehl et celle de M. L. Bréhier. Aussi Guilland, Le palais du Métochite, Revue des études grecques, XXXV, pp. 82-95.

[195] Migne, Patr. Gr., CLX, c. 940 et suiv., 952 et suiv. C. Alexandre et A. Pellissier Πλήθωνος νόμων συγγραφῆς τὰ σωζόμενα, Paris 1858 (déjà citée), et Béés, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, VII, p. 106 et suiv. (influences turques). Cf. Heisenberg, Das Problem der Renaissance in Byzanz, dans la Historische Zeitschrift, CXXXIII (1926), pp. 392-412.

[196] Des attaches à la Serbie, par Constantin le Philosophe, grammairien, réformateur de l’orthographe, historien ; Dvornik, dans les Byz.-Slavica, III, p. 55 et suiv.

[197] Lampros, dans le 'Νἑος Έλληνομνήμων, III p. 12 et suiv.

[198] Migne, Patr. Gr., CLXI, 693 c. et suiv. ; CLX, c. 616 et suiv. (pour la mort de Manuel et de l’impératrice Théodora) ; Michel Apostolis, panégyrique de Bessarion, ibid., CLXI, CXXVIII. Cf. Rud. Rocholl, Bessarion, Studie zur Geschichte der Renaissance, Leipzig 1904 ; Dräseke, Zu Bessarion und dessen neuen Briefen (bibliographie de ses autres études) ; le même, dans la Zeitschrift für wissenschaftliche Theologie, XLIX (1906), pp. 366-387 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XIV, pp. 110-111 ; Mohler, Kardinal Bessarion, Theologe, Humanist und Staatsmann, Funde und Forschungen, I, Paderborn 1923. Sa croix, 'Νἑος Έλληνομνήμων, XII, pp. 113-114. Son sceau, Bessarione, VII, pp. 1-8.— Sur son action d'union dans les monastères gréco-italiens, Gertrude Robinson, History of the Greek monasteries of St. Elias and St. Anastasius of Carbone, I, 1928, p. 306. — Son discours à la mort de la despina de Trébizonde, Évangélidis, Δύο βυζαντινικὰ κειμένα, Hermoupolis 1910. Sur l’ensemble, H. Vast, Le cardinal Bessarion (1403-1472), Paris 1878. Cf. Marc, Bessarion und Joseph von Methone, dans le Byz. Zeitschrift, XV (1906), pp. 137-138.

[199] Lambros, dans le 'Νἑος Έλληνομνήμων, II, 1905, pp. 334-336, 477 et suiv.

[200] Evêque Arsène, dans la Chr. Tchténia de Moscou, 1886.

[201] Il confond Théologie et Théogonie, Orphée et Hésiode. Il cite aussi Proclus et se moque d’Aristophane.

[202] Γραωδώς κα ο φιλοσόφως κατ’ ννοιαν ; p. 31.

[203] Éd. Bonn, copiée par Migne, Patr. Gr. Cf. Byz. Zeitschrift, n, p. 639 ; III, p. 166 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XVII, p. 30 et suiv. ; Mercati, Alcune note sul cronico del Franza, dans les Atti de l’Académie der Turin, XXX (1895).

[204] William Miller, The historians Doukas and Phrantzès, dans le Journal of hellenic studies, XLVI (1926), pp. 63-71 ; Černousov, dans le Viz. Vremenik, XXI, p. 171 et suiv. ; Marco Galdi, Lo stile del Ducasi Naples, 1910.

[205] Éd. Bonn et Darko. — Cf. F. Rœdel, Zur Sprache, des Laonikos Chalkokonodyles und des Kritobulos aus Imbros, Programm, Ingolstadt et Munich, 1905 ; Darko, Die letzten Geschichtsschreiber von Byzanz, dans la Ungarische Rundschau ; le même, Adalékok Laonikos Chalkondyles, Programm, Budapest, 1907 ; le même, dans l’Egyetemes Philologiai Közlüny, XXXI (1907) ; le même, Zum Leben des Laonikos Chalkondyles, dans la Byz. Zeitschrift, XXIV, pp. 29-39 ; K. Gütterbock, Laonikos Chalkokondyles, dans la Zeitschrift für Völkerrecht und Bundesstaatsfecht, Breslau, IV (1922), pp. 36-49 ; Motta, dans l’Archivio storico lombardo, série 2, X (1893) ; Moravcsik, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, VIII, p. 355 et suiv. Cf. Kambouroglou, Oἱ Χαλκοκονδύλαι, Athènes 1926.

[206] Ed. K. Müller, dans les Fragmenta Historicorum Graecorum Cf. Nil Andriotis, Κριτόβουλος ὁ "Ιμβριος ; dans les ‘Ελληνικὰ, II (1929), pp. 168-200. Cf. 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, p. 95 ; Palmieri, dans le Bessarione, V, pp. 107-111. — Un ms. de son œuvre principale, Ebersolt, Mission archéologique à Constantinople, p. 56. Cf. Actes du IIIe congrès d’études byzantines, pp. 171-172.

[207] Nouvelle édition par Lampros (après celle de Fallmerayer) ; éd. de Chachanov, Moscou 1905. Cf. 'Νἑος Έλληνομνήμων, IV, pp. 257 et suiv., 450 ; VI, p. 284 et suiv. ; Byz. Zeitschrift, XVII. p. 487 ; Papadopoulos-Kérameus, dans le Viz. Vréménik, V (1898), pp. 678-680. — Sur les beautés de Trébizonde, Bessarion, dans le 'Νἑος Έλληνομνήμων, XIII, p. 145 et suiv. Trébizonde décrite par Tafur, Byzantion, VII, p. 99 et suiv.

[208] Les deux dans la collection de Bonn.

[209] Vilh. Lundström, Smärre Byzantinska Skrifter, I, Upsal-Leipzig 1902. Sur un travail de Nikolaus Busch, dans les Sitzungsberichte de la Société pour l'histoire et les antiquités des pays baltiques ; Kurtz, dans la Byz. Zeitschrift XIII, p. 586. Cf., du même, Efterskörd till Laskaris Kananos, dans Peranos, VII (1907), pp. 104-107 ; Vasiliev, dans les Mélanges Buzescul, pp. 397-402 ; E, Ziebarth, Ein griechisches, Reisebericht des jünfzehnten Jahrhunderts, dans les Athenische Mitteilungen, XXIV (1899), pp. 72-88 ; Néoj IV, p. X13, — M. Lundstrom a édité aussi un livre populaire, Salomon ; Anecdota byzantina, I, Upsal. 1902.

[210] Publié par Legrand, Coll. de monuments, V (1875), pp. 51-84 ; cf. Pecz, dans le « Szâzadok », 1894 (aussi sur le Hiérax ; cf. Krumbacher, Byz. Litt., p. 311) ; le même, dans la Ungarische Revue, XIV (1894), pp. 85-88 ; Czebe, Adalékok Paraspondyles Zotikos életviszonyaihoz, Budapest 1916 ; le même, dans la Egyet. Philol. Közlöny, XLII (1918), pp. 262-264 ; Byz. Zeitschrift, IV, p. 178 ; XXIV, p. 144.

[211] Historia vera unionis non verae. L’ancienne et unique édition devrait être reprise. Cf. aussi Adamantios N. Diamantopoulos, Σιλβέστρος Συρόπουλος, Jérusalem 1883. Cf. le traité de Marc d’Ephèse contre les Latins, Migne, Patr. Gr., CLX, c. 1092 et suiv. Andronic Calliste, dans sa lettre à Georges Paléologue Disypate (Londres, 1476), touche à la prise de Constantinople, ibid., CLXI, c. 1131 et suiv. De même Mathieu le Camariote, ibid., CLX, c. 1060 et suiv. Sur Isidore le Ruthène, qui écrivit sur ce même événement, la lettre bien connue en latin, Oriens Christianus, VI, c. 287 et suiv. Sur l’Origine des Turcs par Théodore Gaza, Migne, Patr. Gr., CLXI, c. 997 et suiv.

[212] Ibid., CLVI, c. 91 et suiv.

[213] Ibid., c. 320 et suiv.

[214] Ibid., c. 385 et suiv.

[215] Έπαλαιώθην ν πσι τος χθροίς μου ; ibid., c. 565.

[216] Ibid., CLVIII, c. 961 et suiv.

[217] Ibid., CLIX, c. 960 et suiv.

[218] Ibid., c. 1024 et suiv.

[219] Ibid., CLX, c. 321 et suiv.

[220] Ibid., c. 333 et suiv.

[221] Ibid., CLXI, c. 763 et suiv. Sur l’école de Trébizonde, la revue 'Νἑος Ποιμὴν, 1922. Cf. Boissonade, op. cit., V, pp. 389-409 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XII, pp. 476-477 ; Byz. Zeitschrift, V, p. 618 et suiv. ; Ép. Th. Kyriakidès, Βιογραφία τῶν ἐκ Τραπἐζοῦντος καὶ τῆς περὶ ἀυτῆς χῶρας, Athènes 1897 ; Castellani, dans le Nuovo Archivio Veneto, 1896. Cf., sur Amiroutzès et l’Arétin, 'Νἑος Έλληνομνήμων, XIX, pp. 58-59.

[222] Lampros, ibid., III, pp. 50-55.

[223] Sur sa prise de Trébizonde, aussi ibid., XIV, p. 108.

[224] Wagner, Carmina, pp. 28-31. Deux discours sur Manuel, l’un après sa mort (avec mention de la défense contre les Perses), dans Regel, op. cit., p. 183 et suiv.

[225] Cf. l’excellent article de Lampros, dans le 'Νἑος Έλληνομνήμων, V, p. 190 et suiv. ; Krumbacher, dans les Mémoires de l’Académie de Munich, 1901, pp. 329-362 (les quatre Patriarcats parlent) ; Papadopoulos-Kérameus, dans la Byz. Zeitschrift, XII, p. 267 et suiv. ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, V, pp. 190 et suiv., 486 ; VI, p. 495 et suiv. ; Roussos, dans le journal Πατρὶς du 29 mai 1930. Miliarakis, Νικαῖα, cite le ποιητὴς τῆς ἀλώσεως τῆς Κωνσταντινουπόλεως, p. 597, note 1. Cf. aussi Diehl, Quelques croyances byzantines sur la fin de Constantinople, dans la Byz. Zeitschrift, XXX, p. 192 et suiv., et l’Αρχεῖον Πόντου, I, p. 28.— De même pour la perte de Thessalonique, 'Νἑος Έλληνομνήμων, V, p, 369 et suiv.

[226] Lampros, Παλαιολογεῖα, IV.

[227] Cf. Lampros, ’Αργυροπούλεια.

[228] Sur le Sachlikis, mentionné aussi plus haut, l’ouvrage de S. Papadimitriou, Odessa 1896, et le Viz. Vréménik, IV, pp. 653-667. Sur l’Alphabet de l’Amour aussi Vértesy, dans l’Egyet philolog. Közlöny, XXVII (1903), pp. 213-225.

[229] Papadopoulos-Kérameus, dans l’ Έπετηρὶς τοῦ Παρνασσοῦ, VI (1902), pp. 71-102. Cf. Heisenberg, dans la Byz. Zeitschrift, XII, pp. 642-644. — Un Ésope en prose, du même siècle, Otto Tacke, Eine bisher unbekannte Asopübersetzung aus dem 15. Jahrhundert, dans le Rheinisches Muséum, 1912, pp. 276-301.

[230] Lampros, dans le 'Νἑος Έλληνομνήμων, V, p. 19 et suiv. — Une lettre en vulgaire de Bessarion, ibid., VI, p. 393 et suiv.

[231] Cf. plus haut. Mahomet restitue même aux Byzantins τὴν τῆς Ασίας παράλιον ; Chalkokondyle, p. 376.

[232] Franz Taeschner, dans les Byz.-neugr. Jahrbücher, VIII, p, 100 et suiv. Aussi dans l’« Islam », XVIII (1929), pp. 326-243.

[233] Cf. 'Νἑος Έλληνομνήμων, V, p. 40 et suiv. ; VIII, pp. 98-100. Des appels à l’Europe en 1451, 1452-1453, Marinescu, dans les Actes du IIIe congrès d’études byzantines, p. 168

[234] Pour des rapports dans ce sens voy. aussi Halecki, dans le Byzantion, VII, p. 55 et suiv. Pour des rapports du patriarche avec la Crète, 'Νἑος Έλληνομνήμων, I, p. 51 et suiv Pour la proclamation du Pape à Athènes, 1440-3, ibid., pp. 43-56. Sur le prétendu synode constantinopolitain de 1450, dont les actes ont paru seulement dans le Τόμος καταλλαγῆς de Dosithée de Jérusalem, pp. 457-521, Chr. Papaioannou, Τὰ πρακτικὰ τῆς οὕτω λεγομένης ὑστὰτης ἐνΑγίᾳ Σοφίᾳ συνόδου (1450) καὶ ἱστορικὴ ἀξία αὐτῶν, Constantinople 1896 ; le même, dans le Viz. Vréménik, II (et lΕκκλησιαστική Άλήθεια, XV. Cf., sur le catholicisme à Byzance au XVe siècle, Mittenberger, dans la Römische Quartalschrift, VIII. Cf. Van den Gheyn, Une lettre de Grégoire III, Patriarche de Constantinople, à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, dans les Annales de l’Académie de Belgique, Anvers 1903.

[235] Cf. 'Νἑος Έλληνομνήμων, XII, p. 153 et suiv.

[236] Romanin, op. cit., IV, pp. 245-246.

[237] Ibid., pp. 247-248. Cf. aussi ibid., pp. 254, 258-259. Pour la paix vénéto-turque, ibid., p. 261 et suiv.

[238] Cerone, La politica orientale di Alfonso, di Aragona, dans l’Archivio Storico per le provincie napoletane, XXVII (1902).

[239] 'Νἑος Έλληνομνήμων, XV, p. 113 et suiv.

[240] Teleky, Hunyadi kóra, I, Pesth 1853, p. 346, no. CLXXIII.

[241] Δραστικς κα δεινς κατ πάντα ; Phrantzès, pp. 92-93. Il aurait parlé le grec, le latin, l’arabe, le chaldéen, le persan ; ibid., p. 94. Critoboule d’Imbros confirme (p. 57).

[242] Critoboule (p. 59) en cite le texte.

[243] Il demanda, alors, secours en Occident et en Chypre, où se rendit Phrantzès ; p. 223.

[244] Cette première attaque, eut lieu le 23 mars 1452 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, p. 160.

[245] Phrantzès pp. 232-233.

[246] Cananus, pp. 468-469.

[247] Critoboule, pp. 67-68 ; Ducas, pp. 258-259. Mais la flotte grecque tenait la mer ; ibid.

[248] Ducas, p. 263.

[249] Phrantzès, p. 236 et suiv.

[250] Jean Germanos, chef de l’artillerie byzantine (ibid., p. 244) est un Allemand. Pour Ducas, Urbain est un Hongrois (p. 247).

[251] Ibid., p. 270 ; Critoboule, p. 71. Cf. aussi le récit anonyme que nous avons publié dans le Bulletin de la section historique de l’Académie Roumaine, 1924.

[252] Phrantzès compte 973 Grecs et environ 2.000 étrangers ; pp. 240-241. Chalkokondyle présente mille défenseurs du rivage ; p. 387. Ducas parle de 3.500 Grecs et Latins (p. 284), puis de 8.000 (p. 286).

[253] Ils offensent l’empereur ; ibid., p. 261.

[254] Ducas, p. 265.

[255] Phrantzès, loc. cit.

[256] Critoboule, pp. 84, 100.

[257] Ibid., pr 450.

[258] Ducas, p. 266 ; Critoboule, p. 74.

[259] Phrantzès prétend cependant qu’on aurait mieux fait de la part de Venise si Constantin, qui avait voulu épouser la fille du roi des Ibères (p. 217), aurait accepté le mariage avec celle du doge, chez lequel on avait envoyé Aloisio Diedo ; ibid., pp. 324-325. Accusant les Hongrois d’avoir manqué de parole, il prétend que Hunyadi avait demandé pour lui Sélymbrie ou Mésembrie, ajoutant même qu'il avait écrit de sa main le privilège pour cette dernière (p. 327) et que Lemnos avait été demandée par le roi d’Aragon ; ibid. Sur la haine contre les Latins, Ducas, p. 291 : κρεῖττον ἐμπεσεῖν εἰς χεῖρας τῶν Τούρκων Φράγκων. Le cardinal de Russie, Isidore, qui décrivit dans une lettre la catastrophe, amène 50 Italiens, auxquels il ajoute des Chiotes, Ducas, p. 253. Cf. pages suivantes. Les fidèles de l’orthodoxie écoutaient l’office dans la cellule de Gennadios Scholarios au Pantokrator ; ibid., p. 253, Le 12 décembre 1452 on avait célébré la messe avec la mention du Pape et du patriarche fugitif Grégoire ; ibid., p. 255. Aussi ibid., pp. 259-260. Pour Gennadius, non seulement Thomas d’Aquin était un hérétique, mais Cydonès aussi ; ibid., p. 264. Luc Notaras aurait déclaré préférer le turban au chapeau latin ; Ducas, p. 264.

[260] Pp. 253, 288. Des Vénitiens empalés par Mahomet ; Ducas, p. 248. Sur les Catalans, Phrantzès, p. 252. — Il cite aussi François Τολέδος, descendant d’Alexis Comnène, un vrai « Achille » ; cf. aussi ibid., p. 286.

[261] Ibid., p. 258. Le Sultan faisait tirer aussi sur les édifices de Péra ; p. 260.

[262] Ibid., p. 263. Une tour du château τῶν Φρανζεζίδων ; ibid., p. 300.

[263] Ibid., p. 268. Mais voyez aussi pp. 275, 277-278 (pour la conduite ambiguë des Pérotes).

[264] Était attendu l’ange qui suscitera le défenseur victorieux ; ibid., pp 289-290.

[265] Phrantzès, p. 279.

[266] Ibid., pp. 250-252.

[267] Critoboule, p. 89.

[268] Cf. Ducas, trad. italienne.

[269] Un récit circonstancié, basé sur les sources occidentales aussi, dans notre Gesch. des osmanischen Reiches, II, chap. 1.

[270] Cependant le vizir Saganos criait aux habitants de ne pas s'enfuir μ φεύγετε, jurant sur la tête du Sultan qu’ils seront épargnés. Cinq vaisseaux purent en sauver une partie ; Ducas, p. 297.

[271] Sur l’image sainte coupée en quatre à la τῆς χώρας ; ibid., p. 288.

[272] Ibid., p 298.

[273] Ibid., p. 318.

[274] Οκ στι τις τν χριστιανών το λαβεν τν κεφαλήν μου π' μο ; ibid., p. 286. Cf. Critoboule : πόλις λίσκεται κμο ζν τι περίεστιν (p. 100).

[275] Phrantzès, p. 291. Le corps resta exposé jusqu’au jour sur la colonne de l'Augustéion. Puis on fit circuler la tête, empaillée chez Ouzoun-Hassan et chez d'autres chefs musulmans ; Ducas, p. 300. — Pour l’empereur Constantin, aussi 'Νἑος Έλληνομνήμων, IX, p. 449 et suiv. ; sa, bulle, ibid., I, p. 416 et suiv, ; II, pp. 239-240. Ses portraits, ibid., III, pp. 229-242j IV, pp. 238-240 ; VI, p. 406. Ceux de Manuel et Jean VII, ibid., VIII, p. 385 et suiv. ; Sur ses promesses de noces avec Madeleine Théodora Tocco et Catherine Gattilusio, ses demandes en mariage à Venise (la fille du doge Foscari), au Portugal, à Trébizonde, en Géorgie, en Turquie (la veuve serbe de Mourad), ibid., IV, pp. 417-466 ; cf. Giornali napoletani, dans Muratori, XI, c. 1128 (Isabelle Orsini) ; Phrantzès, pp. 210, 214, 216-217, 222-223.

[276] Sur l’exécution du prétendant Ourkhan, Ducas, p. 300 ; Critobule p. 97 (il se serait jeté du haut des murs). Critobule excuse cet acte féroce ; le Sultan aurait été induit en erreur par des dénonciateurs, qui furent punis (p. 102).

[277] Phrantzès, pp. 293-294.

[278] Ibid., pp. 304-305.

[279] Phrantzès, p. 305 et suiv. ; Critoboule, pp. 106-107. Cf. Mordtmann, Belagerung und Eroberung Konstantinopels durch die Türketi im J. 1453, Stuttgart, Augsbourg 1858 ; Paspatis, Πολιορκεα κα δλωσίς τς Κονσταντινουπόλεως π τν Όθωμανν ν . 1453, Athènes 1890 ; E. Pears, The destruction of the Greek empire and the story of the capture of Constantinople by the Turks, Londres 1903 ; Schlumberger, Le siège, la prise et le sac de Constantinople par les Turcs, en 1453, Paris 1914 ; Iorga, Gesch. des Osmanischen Reiches, II, ch. I ; Bury, Sources for the siege of Constantinople, dans son édition de Gibbon, VII, App. III ; Mercati, Scritti d'Isidoro, il cardinale ruteno, Rome 1926 (un Denis Ροῦσος à Constantinople en 1380 ; Syllogue de Constantinople, XVI, Suppl., p. 38. En 1248, l’évêque de Smolensk, Gérasime ; Byz. Zeitschrift, V, pp. 642-643) ; Unbegaun, Les relations vieux-russes de la prise de Constantinople, dans la Revue des études slaves, 1929, pp, 13-38 (cf. Iorga, dans le Bulletin de la section historique de l’Académie Roumaine, 1924) ; Bées, dans le Viz. Vréménik, XX, p. 319 et suiv. ; U. Benigni, La caduta di Costantinopoli ed un appelle postumo ai Latini, extrait du Bessarione, pp. 225-229 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, IX, p. 353 et suiv. (lettre du cardinal Isidore). Privilège de Péra, ibid., V, pp. 116-117, et Iorga, dans le Bulletin cité de l’Académie Roumaine, II.

[280] L’assertion de Ducas que la ville était complètement vide, οτε νθρωπος, οτε κτνος, οτρνεον κραυγάζονων λαλν ντς ; pp. 302, 306, doit être rejetée ; Phrantzès, p. 309 ; Ducas, p. 313. Le récit de Ducas surtout nous fait voir de quoi se composait la capitale : le Mégadéaiétrios, la Βλάγκα, le Mégapalation ; p. 282.

[281] Ducas, p. 339.

[282] Dorino, exilé, mourut en juin 1455. Cf. ibid., pp. 328-335. Deminique le remplaça. Sur les rapports de Dorino et son parent Palamède avec le Sultan, Critoboule, pp. 102-103, 112-114.

[283] Phrantzès, pp. 386-388 ; Ducas, pp. 321 et suiv., 346 (principale source ; aussi traduction italienne, p. 512) ; Critoboule, pp. 107-109,118 ; Chalkokondyle, pp. 509 et suiv., 521 et suiv.

[284] Phrantzès, p. 385. Venise avait occupé Skyros, Skopélos après 1453 ; Chalkokondyle, p. 431.

[285] Ducas, p. 313.

[286] Phrantzès, pp. 382-383 ; Chalkokondyle, p. 407 et suiv.

[287] Sur la prise de l’Heximilion, 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, p. 163. Cf. Monferratos, Oἱ Παλαιολογοι ἐν Πελοπονήσῳ, Athènes 1913. Sur celle de Monembasie, 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, p. 165 ; X, p. 246 et suiv. ; William Miller, dans le Journal of hellenic studies, XXXVII (1907), pp. 229-301 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, p. 155 (prise de Mistra) ; ibid., p. 161 (celle d’Argos, 3 avril 1463). Cf. Zakythinos, Le despotat, p. 248 et suiv.

[288] Phrantzès, pp. 388, 393.

[289] Pour Athènes, Syllogue du Parnasse, X2 (1914), p. 131 : Φραγκίσκη χάριτι θεόῦ βασιλίσσα, fille de Nerio ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XV, pp. 101103 (vers 1390, contrat de Nerio avec le prince d’Achaïe) ; Driseke, dans la Byz. Zeitschrift, XIV, p. 239 et suiv. ; Miller, The capture of Athens, dans la English Historical Review, XXIII (1908), p. 529 et suiv. ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, I, pp. 216-218 (1460 : Franco a cédé Athènes ; on lui promet Thèbes ; il s’offre comme mercenaire au duc de Milan) ; Philadelpheus, Ίστ. τῶν Αθηνῶν ἐπὶ τουρκοκρατίας, 2 vol., Athènes 1902.

[290] Chalkokondyle, pp, 470, 483. — Sur l’exécution de Franco Acciaiuoli, ibid.

[291] Phrantzès, pp. 414, 428. Le seigneur d’Enos avait eu de la grâce du Sultan l’île d’Imbros ; Ducas, p. 328. Sur Thasos, cédée par les Gattilusii, ibid., pp. 330-331. Surtout Critoboule, loc. cit.

[292] Zakythinos, Le despotat, pp. 285-287.

[293] Phrantzès, pp. 395, 397-398, 400 et suiv.

[294] Ibid., pp. 405-406 ; Chalkokondyle, pp. 446-459, 471-483 ; Ducas, p. 340 ; Critoboule, p. 118.

[295] P. 485. — Cf., sur la mort de Théodore, R. Fœrster, dans la Byz. Zeitschrift, IX1, p. 641 et suiv. Le sceau de Démétre porte : ἐν Χριστῷ τῷ θεῷ πιστός δεσπότης πορφυρογέννητος Παλεόλογος. Sur celui de Thomas, Paletta, dans le Nuovo Archivio Veneto, VIII, pp. 251-271.

[296] Phrantzès, pp. 408-410. La vieille impératrice y mourut, étant enterrée à l’église des SS. Jason et Sosipatre ; ibid., p. 412. Cf. Zakythinos, Le despotat, p. 287 et suiv.

[297] Phrantzès, p. 450. Cf., pour un autre, Chalkokondyle, p. 436.

[298] Cf. plus haut, Pour la conquête, des îles, 'Νἑος Έλληνομνήμων, Vllj p, 163 (flotte pontificale à Rhodes) ; Zerlentis, dans la Byz. Zeitschrift, XIII, p. 143 et suiv. ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, p. 265 (prise de Lesbos, 11 juillet 1460) ; X, p. 113 et suiv. (prise d’Imbros) ; William Miller, The last Venetian, Islands, dans la English Historical Review, XXII (1907). pp. 304-309 ; le même, The mad duke of Naxos (François III vers 1501), ibid., XXI (1906), pp. 737-739.— Sur les derniers Paléologues : André, qui signe empereur , mais aussi simplement despote , et qui vend ou cède son héritage au Pape, au roi de France (1494), aux rois d'Espagne (1502), à Ivan de Russie, voy. de Foncemagne, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions, 1751, p. 572 et suivi ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, X, pp. 256-257 ; XI, pp., 127-128 ; Roth (contre V. Savva, Les Tzars de Moscou et les empereurs byzantins, en russe, Charkov 1901), dans la Byz. Zeitschrift, XII, p. 329 (cf. ibid., IV, p. 215) ; Regel, dans le Viz. Vréménik, I, pp. 157-158 ; Έπετηρὶς βυζαντινν σπουδν (sur le sceau : Andréas Paleologus, Dei gratia despotes Romeorum. — Pour Thomas, Paletta, dans le Nuovo Archivio veneto, VIII (1894), pp. 251-271 ; 'Νἑος Έλληνομνήμων, XI, p. 278 et suiv. ; rapports avec le duc de Milan) ; Byz.-neugr. Jahrbücher, VIII, pp. 262-270 (ses enfants). — Pour Sophie, Buiyr Russia (1462-1682), dans la Cambridge Mediaeval History, V, pp. 477-517. — Pour Anne Paléologue, Legrand, Cent-dix lettres grecques de François Filelfe, 1892, p. 341 (cf. Del centenario di Fr. Filelfo, dans les Atti e Memorie della r. deputazione di storia patria per le marche di Ancona, V, 1901). — Pour Constantin Paléologue Graitzas à Milan, 'Νἑος Έλληνομνήμων, XI, pp. 260-261. — Pour Manuel Paléologue à Naples (1466,), ibid., VIII, pp. 280-382. — Pour des Asanés, (1507, 1525), ibid., pp. 397. 400-403. — Pour des Paléologue Ralis (1472-4), ibid., pp. 383-389. — Autres exilés, ibid., p. 377 et suiv. (cf. notre Revue historique du Sud-Est européen, V, p. 34). Pour Anne Notaras, sponsa imperatoris Romeorum et Constantinopolis (et peut-être avait-elle été la fiancée de Constantin), ibid., IV, p. 455. Pour les Argyropoulos, Lampros, ’Άργυροπούλεῖα (cf. Chestacov, dans le Viz. Vréménik, XVI, p. 379 et suiv.).

[299] Chalkokondyle, pp. 556, 565.

[300] Cf. notre Venise, III.

[301] Sur les rapports avec Constantinople, Nicéphore Grégoras, II, pp. 551, 679 et suiv. L’impératrice de Trébizonde était l’ἐξαδέλφη de Mara ; ibid., pp. 214-215. Sur le projet de Manuel d’épouser une princesse de Trébizonde, Chalkokondyle, p. 81. Cf. Ducas, p. 102 (mariage de Jean avec Marie de Trébizonde). L’empereur Alexis avait marié sa fille au khan des Kara-Youlouk ; ibid., pp. 124-125.

[302] Chalkokondyle, pp. 462-468. Il est question aussi des Alains ; p. 463.

[303] Ibid., p. 461.

[304] Ducas, p. 315.

[305] Chalkokondyle, pp. 494-496.

[306] Phrantzès, pp. 413, 449 (mort de Démètre-David en 1470) ; Chalkokondyle, 497-498. Cf. 'Νἑος Έλληνομνήμων, VII, pp. 86 (26 mars : emprisonnement à Andrinople ; 1er novembre ; exécution de David, avec trois fils et un neveu, à Constantinople), 164 ; XIV, p. 270 et suiv, Viz. Vréménik, V, p. 680. Sur le sceau de David, Begler, dans les Izvestia de l’Institut russe de Constantinople, VIII3 (1903-4) ; le même, dans le Journal international d’archéologie numismatique, X (1907), pp. 113-156. Cf. Camilia Lucerna, Die letzte Kaiserin von Trapezunt in der südslavischen Dichtung (coll. Patsch), Séraiévo 1912.

[307] Phrantzès, p. 414. Cf. pour la date, plus haut.

[308] Cf. sur les relations nouvelles avec les Turcs, Dieterich, Türkentum und Byzantinentum, dans le Beiblatt zu den Münchener Neuesten Nachrichten, 1908, nos. 127-128.

[309] Chalkokondyle espérait encore un ἕλλην βασιλεὺς ; et les ἐξ αὑτοῦ ἐσόμενοι βασιλεῖς, p. 4.

[310] Un ouvrage en préparation présentera largement « Byzance après Byzance ».