I. — LA NOUVELLE CIVILISATION BYZANTINE De ces longues disputes civiles qui firent verser plus d'encre que de sang, mais dérangèrent tout l'équilibre de la vie morale des « Romains » d'Orient une civilisation nouvelle résulta, le « second hellénisme », l'ellhnismoz deuteroz, comme l'appelaient les adversaires, qui opposaient cet hellénisme au christianisme,[1] et il s'agit maintenant de le caractériser, autant que les sources le permettent. Dans la vie publique, dans l'enseignement, dans la littérature, dans l'art, il se détachait de la suprématie, jusque là écrasante, des couvents[2] pour s'inspirer de l'antiquité, en dépit de tout ce qui séparait ces modèles de la vie réelle, populaire qui s'était lentement formée à Byzance. Pour faire concurrence à ces fêtes de l'Église qui entretenaient le prestige et accroissaient les revenus des moines, on ressuscita d'anciennes cérémonies païennes, telles que les brumalia, si violemment attaquées par les ennemis intéressés de cette politique, comme étant « une œuvre des démons », qui consacrait le culte de « Dionysos et de Broumos (sic), créateurs du vin et des semailles ».[3] L'impératrice leur accorda sa protection, Les « broumalistes » (broumalistai) furent présentés par leurs adversaires comme des corrupteurs.[4] Le continuateur de Théophane reproche lui aussi le goût pour les « brumalia » au nouveau régime. Les spectacles du Cirque, moins les massacres, furent repris, et sous Théophile on accorda attention aux luttes, protégées officiellement, comme un retour au passé, entre les Verts et les Bleus. En fait d'enseignement, déjà Irène l'Athénienne avait honoré l'école de sa cité natale où l'hellénisme avait longtemps persévéré en vertu de la permanence d'esprit qu'impose le même milieu.[5] Théophile lui avait donné une nouvelle direction. Il fit de Jean le Grammairien un patriarche de Constantinople, Bientôt Bardas, le beau-frère de Théophile, fondera l'école du Palais de Magnaure, destinée à cultiver les mathématiques, sous la direction du célèbre Léon, ancien archevêque iconoclaste de Thessalonique.[6] Du reste on n'a qu'à ouvrir la Vie du patriarche Nicéphore pour voir combien on prisait les mathématiques, l'astronomie, la géométrie, la musique, la philosophie, dont les termes réapparaissent comme à l'époque de Socrate.[7] Léon, qui possédait l'ensemble des connaissances requises à cette époque, toute cette « encyclopédie » non théologique, avait appris la « poésie » à Constantinople ; pour le reste il était l'élève d'une école de l'île d'Andros qui nous reste inconnue. Mais la chronique ajoute que pour certains domaines il s'était formé dans les couvents même. Il y eut donc à l'« Université » laïque un professeur de géométrie : Théodore, un autre d'astronomie : Théodégios, un troisième pour la grammaire : Kométas.[8] Quatre autres enseignants devaient parfaire le cycle des « sept arts libéraux ».[9] Mais désormais il n'y a pas de trace, pas même pour le droit, des logoi latinoi, jadis si honorés.[10] Tout l'enseignement repose sur le grec, sur le meilleur grec de l'antiquité. La langue populaire de Théophane et des moines ses successeurs ne sera plus employée par les chroniqueurs de l'Empire, qui veulent être des historiens. L'iconoclasme devait susciter un art nouveau.[11] On a observé[12] que dans certains domaines, comme celui des gemmes ou des enluminures, où on trouvait plus facile de copier, les traditions de l'antiquité s'étaient conservées sans interruption et sans mélange. Maintenant, après avoir, non seulement détruit les représentations du Christ, de la Vierge, qu'on préférait appeler, Cristotokoz au lieu de qeotokoz, et des saints, mais défendu qu'on continue le métier de peintre d'images, et il y en avait de célèbres, comme un certain Lazare,[13] on se dirigea vers l'antiquité et vers les réalités de la nature, interprétées dans le même sens,[14] vers les souvenirs historiques, pour avoir une peinture nouvelle. A la place de la fresque représentant les synodes on peignait des spectacles du Cirque.[15] Les partisans de la tradition s'indignaient de voir dans les églises des oiseaux et des animaux, dont la tradition passa aux Arméniens, qui surent en tirer pour l'ornementation les plus beaux effets.[16] Tout cela n'empêcha pas, bien entendu, les humbles artistes qui se cachaient dans les couvents échappés à la persécution, surtout dans les provinces, ou ceux qui vivaient librement, fût-ce même dans des asiles rupestres,[17] sous les Arabes ou dans l'Italie méridionale de continuer l'ancienne coutume, ravalée de plus en plus jusqu'au folklore et animée par la satyre contre les adversaires, vainqueurs pour le moment. On a relevé avec raison l'importance de cet art secondaire, religieux et populaire en même temps, qui est de tout point le correspondant des Vies de Saint à la façon de celles d'un Etienne le Jeune, d'un Théodore de Stoudion, d'un Joannice.[18] On trouve ces naïfs dessins marginaux surtout sur les manuscrits du livre le plus répandu de la Bible, celui qui s'adapte mieux à tous les mouvements de l'âme, celui, enfin, qui servait à l'enseignement primaire, pouvant donc être un excellent instrument de propagande, le Psautier.[19] On pourrait mettre en regard certaines transformations rurales de l'iconographie chez les Roumains, surtout par les prêtres, les moines et les peintres paysans de Transylvanie. La grande sculpture avait succombé aux attaques des iconoclastes, et sans espoir de résurrection. Après Constantin VI[20] il n'y a plus de statue d'empereur. Mais on fouille dans le marbre et dans l'ivoire, dans les pierres précieuses non seulement pour des œuvres de pure ornementation linéaire, de mode arabe, mais aussi pour détacher des figures et des scènes.[21] Aux Arabes ou même à leurs prédécesseurs sur la même terre on prendra, en même temps que l'ajour des dentelles en pierre, aussi le modèle des étoffes aux oiseaux et aux animaux, aux rosettes et aux palmettes que la Perse avait hérités de la vieille Assyrie. Tout cela passera ensuite aux iconostases en bois dont est pleine la carte entière de l'orthodoxie sous-byzantine.[22] C'est de là encore que vient le détachement des lignes du sujet sur un champ rempli de mortier coloré. Les coffrets de bijoux,—pourquoi pas aussi quelquefois, malgré les sujets si profanes qu'ils présentent, ceux pour des reliques ?,[23] — des bas-reliefs, des camées appartiennent à ces travaux dans lesquels, si le sujet est confus et parfois absurde, le travail, très honnête, prouve souvent une très grande finesse. La sculpture en métal, si riche et précise en Syrie et dans les régions voisines, au sixième siècle,[24] ne nous a rien transmis.[25] En fait d'architecture, le champ sera conquis de plus en plus par l'église triconque, qui a dû avoir au commencement un sens mystique, représentant la Trinité et, par l'emmanchement du pronaos, donnant la forme de la croix. En même temps, par la séparation d'avec le public elle correspond aux besoins de la chapelle des moines, qui n'admettent à côté de leur propre nombre, important, que certaines catégories de visiteurs. Mais peut-être aussi faut-il en chercher le motif dans le perfectionnement de la musique d'église, aux chantres étant réservées les absides de droite et de gauche. En même temps surgissait un art nouveau des palais de caractère composite, avec des éléments empruntés à l'Islam qui lui-même s'était inspiré de la Syrie et de la Perse. La Vie du patriarche Nicéphore mentionne les bâtisses de Léon III et de Constantin.[26] Le Triconque de Théophile, dû à un Patrikios,[27] avec ses trois absides, représente une forme nouvelle à Byzance, quelles que fussent ses origines asiatiques. C'est dans le même style mixte que Basile Ier fera construire son « nouveau couvent », la Néa Moné, dont on a récemment découvert les tristes restes.[28] On allait jusqu'à reproduire les stalactites sarrasines.[29] Mais de tout cela bien peu nous reste, comme la basilique de Sainte Théodosie de Constantinople, qu'on a attribuée à l'époque d'Irène,[30] la mosquée d'Atik-Moustafa et une partie du monastère bâti dans la capitale par Manuel le Perse On a la mention des murs élevés par Michel III, Bardas lui-même en étant l'exécuteur.[31] Des palais nouveaux, comme la Pigé,[32] l'Hebdomon,[33] s'ajoutèrent à la vieille construction mixte, appartenant à diverses époques, de l'ancienne résidence.[34] En fait de littérature, les Vies de Saints, devenues de nouveau nombreuses, subissent cependant tout un procès de transformation, qui les rend sensiblement différentes, quant à l'architecture et au style aussi bien qu'à la destination, de celles, d'une simplicité humble, d'une imagination superstitieuse, qui ont été rédigées du sixième au huitième siècle.[35] Ecrites dans les monastères rénovés, comme les fondations du patriarche Ignace, les trois maisons des îles de la Propontide et une quatrième à Satyre, sur la côte d'Asie,[36] elles sont capables de satisfaire un public cultivé, ayant maintenant d'autres buts. Le goût de l’» hellénisme » déteint aussi sur des ouvrages d'édification dus à des religieux, comme le diacre Ignace, plus tard évêque de Nicée, auteur de la Vie de St Taraise, de St Nicéphore et peut-être aussi de la Vie de St Grégoire le Décapolite. Le sentiment de fierté avec lequel le biographe de Sainte Théodora de Thessalonique († 892) parle du passé glorieux de l'île d'Égine, où il est né, et qui maintenant, déserte, est abandonnée aux Infidèles, l'épithète de « ville aux sept portes » qu'il donne à Thèbes, nous ferait voir dans cet anonyme encore un des écrivains influencés par l'antiquité qui vivaient aux environs de l'an 900. L'opuscule est intéressant aussi pour l'histoire de l'iconoclasme persécuteur.[37] L'analyse de la Vie de Saint Théoctiste le Paphlagonien, œuvre écrite après 900 par un certain Nicétas, qui avait transformé, le sachant ou non, l'histoire de Ste Marie l'Egyptienne, montre qu'on recourait plus d'une fois, aux dépens de l'authenticité et avec un sentiment qui n'est pas précisément celui de la piété, à des supercheries vulgaires pour lier son nom à la Vie d'encore un Saint.[38] L'auteur, chargé d'une mission en Crète dominée par les Arabes, est jeté par les vents dans l'île de Paros, où un ermite lui révèle cette histoire qu'il tenait lui-même d'un chasseur. Parfois il faut chercher cependant l'historiographie, dans une forme vivante, émue, pleine de détails tragiques et toujours animée par la passion, dans des Vies de Saint qui ne sont que les chapitres des luttes entre les partis et entre les individualités. Ainsi, au neuvième siècle, dans l'œuvre de ce Nicétas de Paphlagonie, esprit ouvert au patriotisme local, qui lui fait célébrer l'Amastris de ses origines, ancienne adoratrice du lotus, comme « presque l'œil du monde »,[39] l'emporium aux « maisons brillantes », aux « murailles fortes », au « port excellent », où viennent, comme à « un marché commun », les « Scythes de l'Euxin », et, en même temps, sensibilité fine, telle qu'il la montre dans sa Vie de Sainte Thécla, où il reconnaît que « l’amour est difficile à porter ». Cet écrivain qui se console de ce que « les académies et les salles, les promenades philosophiques ont été négligées, avec les occupations, à Athènes et à Thèbes de ceux qui se considèrent philosophes », donne dans la Vie de St Ignace, le patriarche d'origine impériale, tout un roman passionné, dans lequel il part de l'éducation soignée du jeune prince au milieu d'une famille vertueuse pour faire passer cet exilé, par la volonté de celui qui en traîtrise a remplacé son père, à travers toutes les injures du corps et les souffrances d'une âme aussi délicate que fière. On nous présente le profane empereur Léon l'Arménien tué dans une chapelle de son palais, « comme un chien sous les coups des épées », par les conspirateurs qui y avaient pénétré en habit de clercs, puis jeté dans un sac et enseveli en secret dans l'île de Proté. D'autres figures impériales passent, nettement définies. A côté, le jeune clerc grandit sous les yeux de sa mère, la princesse impériale, et sous la direction du patriarche déchu Nicéphore. La figure de Bardas, le Vizir incestueux de l'ivrogne empereur Michel, se lève impressionnante dans sa vigueur et sa complexité. Des histoires sur tel prétendant au trône qui affiche une généalogie de bâtard et finit mutilé et aveugle s'y ajoutent. Ignace est devenu patriarche par la recommandation d'un ermite aimé. Voilà maintenant Photius, continuellement poursuivi par les malédictions de ses ennemis, et le martyre d'Ignace qu'il a remplacé sur le siège patriarcal commence, décrit avec la même impitoyable crudité de coloris que les souffrances de Ste Thécla. Tout un drame se déroule dont le héros, immuable dans le sentiment de son droit et de son innocence, est Ignace. Les conciles qui se contredisent, élevant et laissant tomber tour à tour les deux rivaux, d'un caractère si différent, sont rendus par un témoin qui a assisté aux séances, aux processions, aux supplices des vaincus. La tragédie de Bardas foudroyé « aux jardins », par la jalousie et les soupçons de Michel, celle de son maître impérial, dont le biographe croit prudent de cacher les motifs et surtout de taire le nom des coupables, se profilent sur le fond du martyrologe. Un cri de triomphe salue la chute de par la volonté de Basile, le nouveau maître, de celui qui croyait n'avoir plus rien à craindre. Le vieil Ignace pourra mourir sur ce Siège dont l'avaient chassé l'intrigue et l'ambition.[40] On trouve même pendant ce siècle des biographies de laïcs, dans lesquelles est accompli un devoir de reconnaissance, comme c'est le cas pour la Vie, écrite par son petit-fils, Nicétas, en 822, du riche propriétaire anatolien Philarète, dont une des petites-filles avait épousé Constantin IV, une autre le duc lombard exilé Arichis. Dans cet opuscule le rappel des origines paysannes, la statistique des richesses accumulées, la notation des rapports avec le milieu environnant, les plaintes contre le régime fiscal oppressif, l'incident du mariage impérial conclu grâce au rapport des inspecteurs « techniques », qui, l'aune à la main, traversent les provinces en quête de jolies filles, intéressent vivement.[41] Des moines laissent même des écrits qui n'ont rien à voir avec leur milieu. Ainsi, en 880, la prise de Syracuse fut-elle décrite dans une lettre de caractère public en grec par le caloyer Théodose.[42] Le danger manichéen, devenu pressant au IXe siècle, suscite, enfin, toute une littérature polémique. Tel sujet sicilien de l'Empire, Pierre, sur lequel on ne sait rien que sa dévotion envers Basile, le « grand basileus », dévoile sa haine contre la tradition juive et contre la croix, l'ardeur prosélitique de ces sectateurs de Manès.[43] La poésie est représentée par Ignace le diacre, dans ses vers dialogues, qui rappellent telle œuvre populaire du Moyen-Âge occidental, à Adam sur le péché originaire,[44] par les exercices rythmiques du patriarche Nicéphore,[45] de ses successeurs Méthode et Ignace, des laïcs aussi,[46] par les morceaux liturgiques de son irréconciliable adversaire, l'archevêque de Smyrne Métrophane, habile manieur des mètres de l'antiquité.[47] C'est dans Aréthas de Césarée (n. 880 à Patras, mort après 932), élève de Photius,[48] qu'il faut voir le principal représentant de cette littérature toute artificielle, qui comprend en même temps l'homélie, les scholies, les lettres, des satires, et aussi des vers.[49] A côté de la littérature historique qui s'attache surtout aux épisodes de la grande bataille chrétienne, se développait une autre, d'un caractère plus élevé, comme pour l'ouvrage du patriarche Nicéphore (806-815).[50] Auteur d'une « chronologie » populaire, il présente l'histoire religieuse de l'Empire à partir de la mort de Maurice, C'est un récit bref, anecdotique, s'arrêtant seulement aux choses du Palais et de la Capitale, qui sont poursuivies jusqu'en 769 : il est utile surtout pour les commencements de la vie politique des Bulgares. Un moine sans autre prétention que celle de faire converger toute l'histoire du monde au triomphe de l'orthodoxie traditionnelle fut cet « humble » hôte d'un couvent inconnu, Georges, qui, sous Théophile, cueillant dans Théophane, dans le patriarche Nicéphore, dans des ouvrages perdus, voulut donner un gros ouvrage, à partir de la création du monde, contenant tout ce qu'un « bon chrétien » de son époque doit connaître, comprendre et accepter, Ce pauvre produit d'un esprit peu cultivé, qui cependant s'intéresse aux sciences naturelles et se plait à citer Josèphe, Platon et l'« astronome » Moïse, recourant aussi à une chronique des patriarches d'Alexandrie et, comme théologien, s'arrête avec compétence sur le manichéisme, eut, à Byzance même, puis chez les peuples slaves et en Géorgie, une fortune qui n'est comparable qu'à celle de Malalas, auquel il est supérieur par le style, mais pas aussi par la liberté d'esprit et par la puissance d'imagination.[51] Pour l'époque de 813 à 842, tel qu'il est, il forme la seule source contemporaine. On s'imagine bien de quelle façon ce religieux de la « ville de Dieu », de la « maison de David » traite le fauve Léon, Saul, Sénacherib, monstre né d'une lionne d'Assyrie et d'une panthère arménienne, le profane Copronyme, qui n'est qu'un simple singe, et l'ennemi de Dieu Théophile. La chronique contemporaine de Joseph Génésios, vivant sous le successeur de l'empereur Basile, auquel il dédie son ouvrage, en lettré prétentieux, qui entend continuer après 823 Théophane, était destinée surtout à couvrir et a excuser l'acte criminel par lequel une nouvelle dynastie venait d'être installée à Byzance, Le meurtre de Bardas est dû aux querelles entre les partisans d'Ignace et ceux de Photios, et, si l'empereur Michel lui-même succomba, ce fut contre la volonté de Basile, qui avait été cependant averti que son maître veut se défaire de lui.[52] Il y eut aussi comme corollaire de ces récits en forme de chronique la biographie du patriarche Nicéphore, avec tout ce qu'elle contient contre cet Amalécite, ce « caméléon » de Léon, son patriarche ou « phatriarque » Iannis, dont, accumulant tous les sobriquets, on se moque sur les marges des psautiers écrits par les orthodoxes, et celle, déjà citée, d'Ignace, destinée à transmettre une odieuse caricature de son rival Photios. Quant à la « Tactique » de l'empereur Léon VI, elle dépasse un peu notre époque.[53] Mais celui qui incorpore, par sa curiosité de savoir, infinie, par son amour des livres, sans distinction, par son plaisir à discuter et son orgueil de lettré toute cette première période de littérature laïque est le lettré, puis le patriarche Photius, qui est, du reste, relié au mouvement religieux aussi par sa parenté avec les empereurs iconoclastes, le frère de sa mère Irène ayant épousé une sœur de l'empereur Théophile.[54] Photius est le Thomas Becket de Byzance, le savant, l'homme de Cour, même le courtisan, le flatteur et l'intime du maître, devenu, moins peut-être par son ambition que par les intérêts politiques d'autres que lui, chef d'une Église depuis longtemps livrée aux intrigues et attentivement observée par la permanente jalousie d'une Rome qu'on a vu devenir de plus en plus italienne, et dont le chef était néanmoins reconnu à Constantinople par tels hommes de parti comme «patriarche de tous les sièges et Pape du monde entier ».[55] Ce fut avant tout un grand lettré et un patient lecteur. Son expérience, si large, en fait de livres nous a été conservée dans sa «Bibliothèque », qui, analysant au point de vue du style, aussi bien la littérature sacrée que les produits, admirés, de l'antiquité profane et, en première ligne, les rhéteurs, tous les rhéteurs, est, de fait, le premier ouvrage de critique littéraire : toute une tradition bibliographique nous a été ainsi heureusement préservée.[56] Il a créé le langage même de cette branche de la littérature. Un credo, bien personnel, se dégage de ces observations et de ses reproches : le dégoût de tout ce qui est artificiel, « hyper-attique », archéologique, comme aussi de tout ce qui touche à la vulgarité : il faut écrire d'après lui de façon à réunir la pureté du langage à sa « douceur », à la facilité de comprendre. Il lui faut, comme il le constate chez Lucien, une harmonie, un rythme de la prose qu'il saura imiter. Quand il fera l'éloge de St Paul le simple, qui vainc la technique de Platon, il sera donc conséquent avec son jugement.[57] Aussi ne trouvera-t-on jamais dans les lettres[58] de ce fin lettré, de ce psychologue pénétrant qu'était Photius la redondance, l'effort vers les difficultés à vaincre qui caractériseront bientôt l'époque maniériste de Psellos. Le style est reposé ; on sent une volonté ferme et une âme sereine, équilibrée. Le patriarche, même en parlant à un chef d'État, comme Michel, le nouveau chrétien de Bulgarie,[59] n'abusera pas de compliments.[60] Il explique lui-même, dans des pages profondément émues, de quelle façon il fut arraché aux charmes de la vie laborieuse pour affronter les dangers des intrigues personnelles et des discussions sur le dogme.[61] Le 24 décembre 858, de laïc studieux il devint patriarche œcuménique, remplaçant Ignace, le bon moine à l'ancienne façon, honnête et soumis. Prendre une pareille responsabilité était pour cet érudit et cet homme du monde, pour ce Mentor écouté de la société byzantine, un des devoirs du « bon Romain », d'un sujet obéissant des « pieux empereurs ». Il devait sans doute sa situation au tout-puissant Bardas, qu'il avait su gagner, probablement, lui-même à l'amour des études que le César admiré favorisa par sa grande fondation scolaire. Patriarche de Michel III et de ses suppôts, décriés comme immoraux et profanateurs, il ne pouvait pas être toléré par le dur Basile, qui voulait obtenir d'un saint homme de la façon d'Ignace l'absolution du crime dont le souvenir le poursuivait. Le nouvel empereur employa les formes les plus solennelles de l'Église pour se débarrasser de celui qu'on était arrivé à considérer comme un intrus : dans un synode auquel participèrent les délégués du Pape et des patriarches de l'Orient, cent deux évêques, jusque là ses très chaleureux partisans, le renièrent. Photios préféra être condamné et anathématisé que répondre à des adversaires vils, qu'il avait le droit de mépriser pour leur manque de continuité dans leur attitude et de loyauté envers lui (867). Il fut exilé et en vain ses plaintes résonnèrent-elles à la porte du maître, auquel il fabriquait une généalogie arménienne allant jusqu'au roi Tiridate. Pendant de longues années d'exil, il s'initia à cette théologie dont la connaissance la plus parfaite était pour lui un devoir ; il se plongea pour des années dans ce travail des commentaires qui devait satisfaire son rationalisme, son amour pour les « lumières ». Mans le but de se venger contre le Pape Nicolas qui avait aidé de toutes ses forces à la perte de l'homme qu'il considérait comme un lettré byzantin entaché de savoir profane, il fit ressortir ce qui lui paraissait une erreur dans la conception romaine de la procession du Saint Esprit. Très vieux, affaibli par sa façon de vivre, Ignace mourut le jour de la St Jacques de l'année 878, et son corps décharné fut porté comme celui d'un saint et d'un martyr dans un couvent qui était sa fondation. Aussitôt des amis du Palais, tel Théophane qui devint évêque à Césarée de Cappadoce, et le « mage » Santabarène, procédèrent à ce qu'il fallait pour la restauration du proscrit. Comme, après la question du baptême des Bulgares, on était dans de mauvais termes avec Rome, où depuis longtemps Nicolas était mort, Photius regagna ce qu'il jugeait être son droit. S'il se vengea contre ses ennemis, ceux-ci l'avaient bien mérité. Rome ne voulut pas pardonner à celui qui, à la suite d'un synode, avait cru devoir lui demander là réconciliation. Lorsque Basile disparut, les scrupules de son successeur Léon amenèrent pour l'homme qui était cependant la gloire de son époque une nouvelle destitution et un nouvel exil (886), au cours duquel il succomba à la douleur d'une défaite irrémissible (vers 891).[62] Du reste, dans cet homme qui a fait tant de bruit, qui a suscité et représenté tant de passions, dans cet agité et ce lutteur il y a au fond le désir, qu'il dut avoir entretenu de sa jeunesse, d'une vie « étrangère à tout le tumulte vain du monde extérieur ». Il y a aussi sans doute de la sincérité dans les assurances qu'il donne au Pape Nicolas sur le caractère, imposé, par l'empereur, dont il fait l'éloge, et par le clergé, de son épiscopat.[63] Il répète cette déclaration : « J'ai déchu de ma vie paisible, j'ai déchu de la douce sérénité, j'ai déchu aussi de la gloire, si certains peuvent avoir un penchant vers la gloire du monde », et non moins de la société de ses amis. Il se montre entouré, dit-il, de toute une société qui l'admire, qui fait de lui le dieu de la science et du talent. Ce vulgaire passionné qui se dirige toujours contre ceux qui occupent les places éminentes le dégoûte. S'il a accepté la première place dans son Église, il faut tenir compte combien tout esprit byzantin était relié à la religion et à ses offices et se rappeler cette parenté, dont il parle, avec Taraise, frère de son père.[64] Et on doit bien reconnaître quels ont été ses efforts pour s'initier, quels ont été les fruits de sa lutte contre les hérésiarques. Mais tout intéresse cet homme d'un esprit si multiple, si varié, cet encyclopédiste à la façon de Byzance : questions de chronologie,[65] problèmes de physique comme, les vertus de l'aimant.[66] Mais ce qui retient le plus dans cette personnalité exceptionnelle c'est l'effort qu'elle se donne par devoir pour adapter un esprit originairement profane de tendances aux besoins de la charge religieuse qui lui a été, s'il faut l'en croire, imposée. Le lecteur passionné des œuvres de l'antiquité en arrive à faire l'éloge de la simplicité de St Paul, à préférer ce métèque de la civilisation hellénique au souvenir, qui devait rester intimement chéri au maître des études byzantines, de Platon, Démosthène et Thucydide.[67] Son intelligence si subtile se dépensera désormais uniquement dans les artifices infinis de ses lettres vides de contenu réel et dans des essais d'interprétation comme celui qui voit dans la révolte d'Absalon contre son père l'image de l'attitude des Juifs envers le Christ.[68] Photius a montré dans son premier livre sur les Manichéens,[69] où il raconte le développement des doctrines dualistes jusque vers 850, qu'il peut être au niveau des meilleurs historiens de son époque. Rien ne lui manque : une information précise, un enchaînement serré, une présentation qui montre l'influence des maîtres de l'histoire dans l'antiquité. Il est fier de pouvoir citer comme sources Cyrille évêque de la « ville sacrée », Épiphane, Titus de Bostra, Sérapion de Thomous, Alexandre « de la ville des loups ». Il montre connaître directement l'Évangile de Scythianos l'Égyptien arabe vivant à Alexandrie, son « Chapitre », ses « Mystères », son « Trésor de la vie », l'œuvre de l'élève de cet hérétique Térébinthe qui se présente comme un nouveau Bouddha, une longue liste des propagateurs de la doctrine lui paraît nécessaire, considérés comme écrivains. Il cherche à fixer d'une façon critique la différence entre les opinions des anciens hérésiarques et celles de Constantin l'Arménien qui cherche à adapter ces croyances à l'opinion générale des chrétiens. Il se complaît à découvrir les artifices du nouveau mysticisme, qui changeait les noms des adhérents et recouvrait de mystère les idées de la secte. On sent bien ce qui froisse surtout ce lettré d'un esprit si vif : toute la vulgarité prétentieuse, la captieuse charlatanerie de ces prêcheurs d'une doctrine absconse, qui se présentent comme le Saint Esprit, qui s'intitulent « étoile splendide », qui parlent de l'Évangile nouveau qu'ils répandent d'un bout du monde à l'autre. Ces disciples de Baanès et, de Sergius, sans compter les demi Arabes de Tephriké, Karbéas et son fils Chrysochéir, ces « cynochorites » et ces « astates », révoltent son bon sens et la délicatesse de son esprit. Dans son écrit sur la procession du Saint Esprit il suit la ligne historique, passant d'un pontife romain à l'autre pour démontrer que son opinion a été partagée par Rome elle-même et à cette occasion il laisse paraître son orgueil de représenter une langue beaucoup plus riche que « le pauvre latin » de l'Église occidentale.[70] Il ne négligea rien pour le relèvement du niveau intellectuel et moral de son clergé, et les instructions qu'il adresse au Bulgare Michel, dont il avait fait le fils spirituel de son Église, sont un vrai modèle de morale à l'usage d'un prince.[71] II. — L'ŒUVRE RÉPARATRICE DE L'EMPEREUR BASILE L'empereur Basile fut pour l'Empire ce qu'avait été Théophile, avec des talents militaires supérieurs cependant, avec une meilleure fortune, avec une constance inébranlable dans l'orthodoxie. Mais ce fils de paysans de Thrace, descendants d'une ancienne colonie d'Arméniens à Andrinople,[72] ne fut pas seulement un bon juge, attendant journellement les plaignants à son tribunal suprême du Génikon,[73] il ne fut pas seulement un grand bâtisseur de palais et surtout de monastères, mais laissa aussi la réputation glorieuse de protecteur des pauvres, des humbles et des malheureux. Ainsi, il entretenait à ses frais les bonnes gens de la campagne qui venaient faire un dernier appel à sa justice.[74] Il mit les lois à la portée de tout le monde, en supprimant tout ce qu'il y avait de définitivement désuet dans les recueils successifs et en établissant des divisions pratiques dans ce qui restait de l'ancien jus romanum : Procheiros[75] ou Basilika (870-879), Épanagogé (879-886).[76] Basile imposa à ses taxateurs un nouveau système pour la rédaction de leurs codicilles, qui permettait aux contribuables de vérifier aisément l'impôt qui leur était réclamé. Il défendit résolument une de ces révisions générales des fiefs et des terres concédées aux particuliers, qui avaient surtout pour effet d'enrichir le Trésor impérial par des spoliations ou des actes judiciaires plus cruels que légitimes.[77] Il se peut bien cependant qu'il ait voulu ménager, dans un intérêt dynastique, ces grands propriétaires qui prenaient, miettes par miettes, les terres des pauvres.[78] Son sens de la justice, ainsi que son zèle pour la religion, lui imposaient également de terminer, d'une manière équitable, dans un synode solennel, cette controverse qui existait depuis quelque temps entre le patriarche Ignace, déposé par le capricieux Michel et par l'inflexible Bardas, et Photius.[79] On a vu que l'Église romaine avait été consultée à propos de cette querelle et, comme le Pape était alors Nicolas, l'arbitre des conflits entre les rois francs, le vrai créateur et le défenseur énergique de la théorie du Souverain Pontife maître du monde, ayant en ses mains impériales les deux glaives du pouvoir sur les hommes, Rome n'hésita pas à prononcer une sentence favorable à Ignace. Photius, d'autre part, ayant regagné son Siège en 878, après la mort d'Ignace, était trop entiché de sa naissance, de son savoir, de ses talents, trop pénétré du sentiment de la supériorité byzantine sur les barbares de la « Longobardie » et leur évêque asservi aux Francs, pour se soumettre. Nous avons déjà dit aussi que son esprit inventif chercha, entre le Pape Jean VIII, second successeur de Nicolas, les défauts de cuirasse des clercs de l'ancienne Rome et il lui fut facile de prouver que le filioque du credo, qui faisait émaner le Saint-Esprit du Fils aussi bien que du Père, n'est qu'une interpolation tardive des Espagnols.[80] Il fit excommunier ainsi comme hérétique ceux qui l'avaient excommunié comme usurpateur. Mais Basile n'entendait pas pousser plus loin le conflit pour maintenir le brillant patriarche non canonique. S'il ne céda pas au Pape en ce qui concerne la dépendance patriarcale de la nouvelle Église bulgare, à laquelle il imposa un archevêque et des évêques, il entendait maintenir sous tous les autres rapports de bonnes relations avec le Saint-Siège.[81] Pendant qu'il continuait la persécution de ces Pauliciens d'Asie, décriés comme Manichéens et soupçonnés d'avoir des liaisons avec les Arabes,[82] il ne déclarait pas la guerre à l'« ancienne Rome » pour ce filioque. Au contraire, il proposa au Pape, ainsi qu'aux rois francs, une alliance chrétienne perpétuelle contre les Sarrasins d'Afrique et de Crète. Lorsque Photius avait été sacrifié, sans cependant souffrir de persécutions, — au contraire, après sa déposition solennelle en 867, il était entré dans le palais de l'empereur comme précepteur des fils de Basile et, quand Ignace finit sa carrière, l'excommunié de la curie romaine redevint patriarche —, si le passé ne fut oublié ni à Rome, ni à Constantinople, ce ne fut pas sans cloute la faute de l'empereur, mais bien celle des ambitions inconciliables du Pape et du patriarche. Photius était un trop grand personnage et un trop fin connaisseur de sa théologie pour admettre ledit filioque ou la primauté du Saint-Siège, et Rome, à une époque d'expansion, ne pouvait pas céder sur n'importe quel point de dogme ou de hiérarchie aux gens de Constantinople. Elle était peut-être bien aise de ce conflit et de sa conséquence, la rupture avec Photius, car l'Empire byzantin ne pouvait guère entrer dans le grand projet de domination théocratique qui s'élaborait à la Curie.[83] Les Sarrasins d'Afrique et de Crète furent les vrais ennemis de ce règne. Les Bulgares paraissaient avoir laissé dans l'eau de leur baptême, avec tous leurs anciens péchés, la haine contre les Grecs peureux et perfides de Byzance. Les Russes de la steppe, qui étaient venus sous Michel, poussés par un vent favorable, sur de pauvres nacelles de pécheurs pour insulter la Constantinople impériale,[84] auraient été aussi gagnés au christianisme[85] après avoir assisté au miracle, commandé pas leur esprit de doute, d'un Évangile retiré intact des flammes où il avait été jeté. Raguse, menacée par les pirates sarrasins, avait reconnu l'autorité impériale qui la sauva du danger ;[86] les autres cités de la Dalmatie suivirent cet exemple, sans perdre le droit, qui les distinguait, d'élire leurs magistrats.[87] Les princes serbes des montagnes voisines, passés aussi à la religion impériale du christianisme grec, avaient abjuré en même temps, comme les Bulgares de Bogor-Michel, tout sentiment d'inimitié envers Byzance.[88] Comme, sous Basile, l'Empire payait ses soldats et leur donnait des vivres en abondance, on vit même des troupes de ces Slaves de l'Adriatique combattre en Italie contre les Sarrasins.[89] En Asie, Téphriké, le nid des Pauliciens, fut assiégée et leur chef tué plus tard.[90] Pour quelque temps, l'île de Chypre fut reprise. Il n'y avait plus, à vrai dire, dans ces régions, un calife pour tenir tête au « roi », au mélek du Roum. Basile eut à faire seulement avec l'émir des montagnes de Tarse, avec celui de la Mélitène, avec les petits princes de Syrie (à Tripolis, à Damas, à Tyr, à Beyrouth),[91] avec les nuées de Kourdes pillards. Aussi l'empereur eut-il le loisir de brûler pour la seconde fois Zapétra (Sozopétra), patrie de Motassem, et Samosate,[92] de bâtir un pont sur l'Euphrate et de s'avancer jusqu'aux murs de Mélitène, qui put lui résister cependant. On lança des raids de cavalerie jusqu'à la lisière du désert arabe, et le Vaspourakhan arabe, l'Abasgie, le pays des Abazes caucasiens, verra de nouveau des armées romaines.[93] Un roi, Achot, fut donné aux Arméniens.[94] Jamais la flotte de ces Sarrasins n'arriva sous ce règne à remporter des succès sur les galères byzantines, commandées le plus souvent par un amiral qui fut le rénovateur des traditions maritimes romaines, Nicétas Ooryphas, rallié bientôt au nouveau régime.[95] Mais les Crétois ne se contentèrent pas de piller les côtes de la Thrace :[96] ils infestaient le Péloponnèse. A une époque où l'on vit les Asiatiques se présenter devant Euripe, dans l'île de Nègrepont,[97] les insulaires, commandés par un Arabe et par le Grec. Photios, vinrent jusqu'à Modon, à Patras.[98] Peu après, des embarcations africaines infestèrent les îles de Céphalonie et de Zante,[99] Samos fut occupée plus tard. Non seulement la Sicile devint en grande partie musulmane, Basile s'efforçant en vain de défendre au moins Syracuse, mais Tarente, Bari, sur la côté opposée, étaient tombées au pouvoir des gens de l'émir « carthaginois ».[100] Cette offensive générale des musulmans, qui réclamaient la Méditerranée comme leur empire, ne pouvait pas cependant aboutir. Au contraire, elle provoqua une nouvelle immixtion des Byzantins dans les affaires de l'Italie. Dans cette Italie l'« Empire créé par le Pape » avait fait complètement faillite. Il n'était pas en état de défendre la péninsule contre les Arabes qui essaimaient sur ses côtes, menaçant, à tel moment, Rome elle-même, qui dut se fortifier contre une surprise toujours possible de la part de ces écumeurs de la Mer.[101] En vain Louis II, l'arrière-petit-fils de Charlemagne, s'établit-il à demeure au-delà des Alpes entre 855 et 875, comme roi d'Italie, continuateur des Lombards. Le résultat fut, bientôt, un sentiment de résipiscence de la part de la papauté elle-même. Lorsque Louis, avec sa maigre troupe de Francs, parut devant Rome, le pontife parla de lui fermer les portes, qui ne s'ouvriraient que par son ordre formel, s'il vient « avec une pensée pure et une volonté sincère et pour le salut de la république er de toute la ville, et de cette Église ». On ne consent pas que la « noblesse des Romains « lui prête serment à lui », « le roi des Lombards », mais seulement, en vertu de la tradition créée sous Charlemagne, à son père, l'empereur Lothaire Ier.[102] Or, comme des troupes byzantines sont dans le Midi italien, qui se grécise de plus en plus, comme il y a encore une flotte byzantine capable d'affronter les vaisseaux de proie des Arabes, on se dirige instinctivement vers ces anciens maîtres, qui restent des défenseurs possibles. Tel haut fonctionnaire romain s'exprime donc de cette façon : « Puisque les Francs ne font rien de bon et ne nous donnent aucun secours, et, au contraire, nous laissent ce qui nous appartient, pourquoi ne pas appeler les Grecs » — plus de « Romains ! » — et nous allier avec eux ? Pourquoi ne pas chasser le roi des Francs et les siens de notre pays et de notre domination ? ».[103] L'influence byzantine dans ce Midi, où un empereur Orient avait donné sa nièce au duc Grimoald,[104] est tellement forte que le chroniqueur Erchenpert nous présente l'ancien prince lombard Arichis, gendre de Didier, comme une contrefaçon d'empereur byzantin, qui a son « très sacré palais » et bâtit une Ste Sophie dont le nom est donné en grec par cet écrivain dont le continuateur discutera l'étymologie grecque de Bari.[105] Dans cette situation difficile, Louis II pensa à offrir à Basile le pacte chrétien dont avaient parlé jadis Michel et Théophile, Il n'y a qu'une seule Église et Dieu ne distingue pas entre le Byzantin et le Latin, dont aucun n'a été créé comme seul détenteur du pouvoir légitime ; il faut donc un « lien de charité » (cantate connexi) pour redevenir, contre l'ennemi commun, cette unité, cet unum moral qui a été jadis.[106] Basile est traité d'« empereur très glorieux et très pieux », mais seulement de la « Rome nouvelle ». On parlait en ce moment d'un mariage entre l'empereur de Constantinople et la fille du roi franc. Du reste, la main de la fille de Louis avait été offerte à ce collègue in spe.[107] En attendant cette possibilité d'alliance au nom du Christ contre l'avance de l'Islam, Basile agissait par ses propres forces. En 870, les dromons byzantins se présentaient devant les côtes de l'Italie méridionale, où les princes lombards menaient une existence misérable, alors que les villes vivaient par elles-mêmes, de fait indépendantes, fortes de leurs murs et de leurs milices, prêtes à conclure des conventions avec les Arabes, pourvu qu'ils restent en dehors des ports. Des garnisons furent placées à Naples et à Gaète et, quant aux derniers débris des anciens usurpateurs germaniques, complètement italianisés, et depuis longtemps, mais conservant leurs noms bizarres et redondants, celui de Bénévent, qui osa résister, fut battu, alors que celui de Salerne, le prince Guaimar, se soumit, acceptant du maître revenu dans sa maison le titre de patrice.[108] Comme le neuvième concile œcuménique, en 869, comptant parmi ses membres des délégués du Pape Adrien II, avait décidé contre Photius, l'ennemi de Rome, le Pape était favorable à cette restauration, Poursuivant l'œuvre de récupération, Basile reprit avec ses quatre cents dromons sous un patrice, mais aussi avec l'aide des « Francs » et des Slaves, dit la chronique,[109] Bari, alors que Syracuse devint arabe en 878.[110] En 873 les habitants de Bénévent s'offraient à l'ancien maître. Basile refusait, quoi qu'on ait dit, la reconnaissance d'un collègue intrus.[111] Pour cette Italie méridionale il resta te « sérénissime Auguste ». Sous lui et ses successeurs immédiats tel évêque, Athanase, Grec d'origine et allié aux Grecs, s'entend avec les Sarrasins mêmes contre Guannar le Lombard ; parlant « la langue des Pélasges », il a des rapports avec le « stratège de l'Auguste ». De son côté, Guaimar doit bien aller à Constantinople « baiser les traces des Augustes », qui le font patrice, les « visanti aurei », les besants d'or, courant à travers la province. On prononce même les noms germaniques à la grecque : Verengarius, Adelvertus,[112] et on a vu que Guaimar est présenté comme gouvernant des « Talianoi ».[113] Il ne restait à Louis l'Italien que la faculté de protester. Il le fit d'une façon très énergique, mais fatalement non efficace. Il rappelle l'ordre « impérial » créé par le saint chrême à partir de Saul, de David et de Salomon, il invoque la division antérieure entre les deux gouvernements de l'Empire. Et puis pourquoi la situation impériale serait-elle réservée à une seule race ? Est-ce qu'il n'y a pas eu des empereurs qui étaient Isauriens ? Il y en a eu même des Khazares. Et, s'il y a eu ces Isauriens et ces Khazares, pourquoi les Francs ne pourraient-ils pas donner à leur tour des représentants de l'Empire ? D'autant plus que l'Empire est de tout le monde... Il convient que vous sachiez que, si nous n'étions pas empereur des Romains, nous ne le serions pas des Francs non plus.[114] Ces prétentions étaient de nulle valeur. Mais le Pape Nicolas,[115] qui disputait à Byzance les Bulgares, désireux d'avoir ses conseils même en ce qui concerne leur façon de s'habiller, et faisait lui-même le voyage de Naples, avec des allures de souverain italien, ne consentait de son côté, à reconnaître qu'un « empereur de la ville de Constantinople » (imperator constantinopolitanae urbis). Il reprochait à ce « Constantinopolitain » son ignorance du latin, que le Grec considère comme « une langue barbare » : « Ne pensez-vous pas qu'il est ridicule de vous appeler empereur des Romains et de ne pas connaître la langue même des Romains ? ». Mais il employait lui-même un mot grec, « cacodoxia », c'est-à-dire l'« erreur religieuse », la « mala opinio », pour indiquer que c'est à partir de ce moment que le lien avec l'Orient avait été rompu, ajoutant que les empereurs « ont abandonné non seulement la ville et le siège de l'Empire, mais aussi la nation romaine, perdant aussi la langue pour passer à une autre ».[116] A l'égard de Rome, large de ces reproches d'une sincérité brutale, Basile feignait d'être cependant son « très dévot fils ». Il se contente d'avoir de fait une base d'avenir dans cette Italie du Sud, où la langue grecque s'était imposée, où les formules de droit sont celles de Byzance, où tel chroniqueur exprime l'opinion nette que le titre d'empereur est dû, non pas aux « rois des Gaulois », qui ont usurpé ce nom », mais bien à celui qui préside de fait au « regnum romanum, id est constantinopolitanum ».[117] Mais déjà des autonomies se prononcent. Celle de Venise est déjà bien forte et bien sûre d'elle-même. Mais Amalfi elle aussi, influencée par Byzance, à laquelle elle reste si longtemps attachée, aime à s'appeler, sous ses comtes et préfets, à la fin du neuvième siècle, une « a Deo servata civitas ».[118] Les chefs sont déjà au commencement du dixième non plus des « préfets », et pas encore des « grands ducs » ; ils sont ornés de la dignité byzantine de spatharocandidates ou de patrices, de consuls plus tard, restant, d'après l'ancienne coutume, des « juges ». Seule la domination étrangère de Robert Guiscard mit fin à cette autonomie sous le patronage byzantin. Mais à la fin du douzième un duc qui est aussi sébaste, pansébaste réapparaît.[119] L'ensemble de ces actions donne une impression de sécurité, de renaissance politique, qu'un chroniqueur de Cour ose comparer aux anciens temps de l'autre Rome. Basile essuya deux conspirations, mais il sut se maintenir, gardant jusqu'au bout toute sa popularité. Il défendit la grande majorité des pauvres, qui purent récolter en paix leur blé, leur vigne et leurs olives, mais il n'osa pas toucher aux privilèges des grands, des dunatai, et des propriétaires, dont dépendait parfois une province entière. Il fut l'ami et l'héritier de cette vieille dame du Péloponnèse, Danélis, qui lui avait, à ses débuts, fourni les moyens de faire fortune. Elle était comme une « reine » de la péninsule, ayant des milliers d'esclaves (3.000 d'entre eux formèrent après sa mort une colonie en Italie)[120] et possédait quatre-vingt terres dans les environs de Constantinople. Elle vint à deux reprises devant Basile et son fils Léon avec les allures, le cortège, les présents d'une grande souveraine étrangère.[121] Si la vindicte de Basile atteignit souvent les en telei, les fonctionnaires fautifs,[122] il respecta toujours ce Sénat de riches seigneurs terriens qu'il invitait souvent à ses magnifiques banquets. Il laissa aux grands leurs suites de dignitaires et de gardes, qui rivalisaient parfois avec ceux de la Cour impériale. Il reconnut aussi cette institution du diakoneuein, du qerapein, du douleuein,[123] de vieille origine barbare, qui permettait aux jeunes gens de la campagne, des banlieues, des faubourgs, pourvu qu'ils fussent puissants, beaux et braves, de s'élever, par l'appui d'un «puissant »,[124] jusqu'aux plus hautes dignités de l'Empire, jusqu'à la couronne même, comme l'avait voulu son propre sort. Les mœurs féodales, qui s'imposaient à cette époque en Occident par les mêmes influences et les mêmes besoins (de ce côté-ci, le rôle des Normands est joué par les Arabes), trouvent en Orient, sinon leur pendant, du moins quelque chose qui leur ressemble.[125] Jusqu'à la grande offensive byzantine contre les Bulgares sous Léon, fils et successeur de Basile,[126] la politique des empereurs qui succédèrent à Basile Ier reste celle que cet habile diplomate et bon guerrier avait inaugurée. L'Empire devait s'appuyer surtout sur les provinces d'Europe, employer la flotte de l'Hellade et les soldats de la Thrace et de la Macédoine, gagner par des présents et par l'influence nouvelle du christianisme les Bulgares et les Slaves, poulies diriger aussi vers de nouveaux champs de combats. Venise, désormais souvent sollicitée par les ambassadeurs byzantins,[127] la Dalmatie, que l'Empire se montrait en état de défendre contre les pirates arabes, l'Italie méridionale, que les rois francs en décadence ne sont pas capables de protéger contre les Sarrasins, la riche Sicile,[128] où la domination des musulmans se découvrait moins durable qu'on ne l'avait cru,[129] rentraient, comme nous l'avons vu, dans le rayon de l'intérêt politique byzantin. Il n'y avait plus de guerre au Nord, dans l'ancien sens du mot, une guerre acharnée contre les Bulgares païens qui ne pouvaient pas vivre sans piller. Nous avons déjà dit que la conversion de Boris ouvrait une nouvelle ère dans les relations entre Grecs et Bulgares, également pénétrés désormais de la nécessité du christianisme orthodoxe et du grand idéal de l'Empire. En Asie, il s'agit surtout de détruire de temps en temps des flottes de pirates, de brûler quelque ville de frontière comme Samosate, de punir quelque seigneur syrien auquel la paix commençait à paraître lourde.[130] La grande tâche était celle de chasser les Sarrasins de leurs dernières conquêtes, la Sicile et la Crète, de mettre fin à leurs incursions, qui avaient atteint même la ville de Thes-salonique, tombée un moment en leur pouvoir ; de rendre, en un mot, à l'Empire, plus fastueux que jamais, la domination de la mer, l'hégémonie commerciale et militaire dans la Méditerranée, et de lui donner ainsi les moyens pour se maintenir et se développer. Ces grands projets, dont la réalisation difficile devait assurer aux « Romains » la domination de la mer, cette qalassokratia, étendue jusqu'aux Colonnes d'Hercule, jusqu'au détroit arabe de Gibraltar, que proclamait devant les ambassadeurs de l'Occident chrétien méprisé un empereur de Byzance du dixième siècle, furent arrêtés pour quelque temps par une nouvelle guerre, très dangereuse et d'un caractère tout nouveau, avec les voisins du Nord, les Bulgares. III. — L'OFFENSIVE « IMPÉRIALE » BULGARE Le baptême du khagan et de la Cour de Preslav avait établi des relations d'amitié durable entre les dynasties qui gouvernaient d'un côté et de l'autre des Balkans : l'empereur était désormais le père spirituel de l'arcwn bulgare, qui se reconnaissait, de son côté, fils spirituel du basileus. Le peuple entier des Bulgares était devenu, grâce à la fraternité chrétienne, « les amis bulgares ». Le futur roi du pays récemment converti, Siméon, vint donc à Constantinople apprendre, à l'école de Bardas, ce qu'il fallut savoir pour être considéré comme cultivé dans cet Orient du dixième siècle. Il devint, en étudiant les discours de Démosthène et la logique d'Aristote, un bâtard de la civilisation hellénique, un « hémiargos », comme le qualifie Liutprand. Le résultat de cette éducation, qui groupait la vie politique du monde chrétien civilisé autour de l'idée d'Empire, fut que Siméon sentit surgir en son âme barbare, fière et vindicative, des ambitions impériales. Si les Bulgares païens ne pouvaient que piller et s'enrichir, pourquoi les Bulgares chrétiens, les Bulgares orthodoxes, très pieux en fait d'offrandes, ne seraient-ils pas appelés à accomplir, dans cette autre moitié de l'ancien imperium, le rôle qu'avaient accompli les Francs, que voulaient accomplir les Allemands de « Saxe » en Occident : proclamer et imposer un empereur de leur race aux descendants dégénérés des anciens peuples dominateurs ? Devenu roi en 893, Siméon prit prétexte de quelques mesures fiscales prises par les Byzantins : élévation des douanes et établissement à Thessalonique du « marché bulgare », qui avait été tenu jusqu'alors à Constantinople,[131] pour commencer une guerre de conquêtes qui devait lui donner la ville dont dépendait la domination du monde oriental.[132] L'Empire prit à son service des Khazares, des Magyars, récemment arrivés aux frontières danubiennes de l'Empire,[133] puis les bandes turques des Petchénègues,[134] qui, récemment, avaient chassé les Magyars de leurs camps en Bessarabie et les avaient jetés dans les steppes du Danube moyen et de la Tisa, où fut établi un nouvel empire hunnique. Une fois Siméon se vit resserré par les hordes des barbares pasteurs et chasseurs dans sa résidence danubienne de Silistrie, qui s'appelait encore Dourostolon.[135] Mais il parvint à briser les forces de tous ses ennemis coalisés, et les Byzantins, commandés aussi par le « domestique » Phokas, aveuglé pour avoir été vaincu,[136] se rappelèrent longtemps de la grande défaite de Boulgarophygon (897), où ils avaient dû s'enfuir devant les armées, organisées maintenant selon le système romain, de leur ancien ami et pupille Siméon.[137] Cet « empereur d'Orient » de nation bulgare osa même se présenter, en 913, devant Constantinople, où le petit Constantin, surnommé le Porphyrogénète, « l'enfant né dans la pourpre », fils de Léon le Philosophe et petit-fils de Basile, représentait depuis peu la dynastie légitime des « Romains ».[138] Une paix fut néanmoins conclue entre le gouvernement de Constantinople et celui qui voulait prendre sa place sur le trône constantinopolitain. Jusqu'à cette expédition contre Byzance Siméon paraissait vouloir se considérer comme chef, simple « archôn », d'un autre État, celui des Bulgares, qu'il oppose dans l'inscription de frontière de Thessalonique à celui des « Romains », mais il n'y a pas de « Bulgarie » opposée à une « Romanie » ; il met à côté de son nom celui du tarkhan au double nom, païen et chrétien : Olgos et Théodore, qui est « comte » de Dristra (Dourostoron) sur le Danube.[139] Maintenant, il s'agit de remplacer l'enfant, d'un mariage longtemps condamné par l'Eglise, qui avait hérité du trône de la Rome orientale. Siméon, l'élève des Byzantins, ce Théodoric bulgare, plus ambitieux que le vieux roi goth, ne veut pas moins que cela. Il le dit au patriarche Nicolas le Mystique († 15 mai 925),[140] jadis l'adversaire de Léon IV à cause du mariage anti-canonique avec Zoé, la mère de Constantin,[141] et maintenant l'appui moral d'un trône chancelant. Le patriarche, qui déclare priser les grandes vertus chrétiennes de celui qu'il connaissait bien personnellement,[142] cherche à éluder ces prétentions en offrant un mariage byzantin.[143] Mais le prétendant — car c'est dans cette qualité que Siméon se présente — veut tout simplement que le petit empereur s'en aille.[144] Il demande qu'il soit reconnu lui-même dans les formes légales, par les « archontes » et par le « peuple », d'après l'ancienne coutume, comme « basileus et seigneur ». Il pense même à prendre le rôle d'un Justinien en soumettant aussi l'Occident, où il avait ses démêlés avec les Serbes, les Croates, les Francs.[145] Refusé ainsi, il ne restera plus à Siméon que d'essayer par la force. Au bout de ses efforts, il entrera dans la métropole de l'Orient chrétien, mais sans avoir derrière lui son armée victorieuse : par la porte des cortèges étrangers, et non par la brèche des conquérants.[146] Quelques mois seulement après sa première tentative, il se trouvait de nouveau avec ses guerriers sur le territoire romain,[147] et il gagna même Andrinople en 914, grâce à la trahison d'un officier d'origine arménienne.[148] Il fallut rappeler toutes les troupes qui opéraient en Asie contre les Sarrasins pour pouvoir répondre à ce chrétien de si mauvais voisinage.[149] Une nouvelle défaite, à Anchiale (917), rendit la situation encore plus menaçante.[150] Le jeune Constantin, occupé encore à des études qui devaient faire du descendant de l'empereur philosophe un des hommes les plus savants de son époque, n'était ni en âge, ni de taille à pouvoir se mesurer avec ce produit rebelle de la civilisation byzantine. On appela à Constantinople, où certains dignitaires opprimaient le Porphyrogénète couronné sans pouvoir servir en effet l'Empire, un vieil officier connu pour sa valeur, son expérience et sa piété, un homme du peuple blanchi sous le harnais, Rhomanos, fils d'un certain Abastaktos.[151] Bientôt cet amiral de l'Empire, qu'il défendait depuis longtemps contre les pirates sarrasins, se vit lui-même empereur, comme collègue, régnant et commandant, du jeune Constantin, rejeté dans l'ombre de ses études et de ses compilations savantes (césar, 24 septembre 919 ; empereur, 17 décembre).[152] Mais Rhomanos ne fut pas plus heureux contre les Bulgares que les généraux de l'empereur mineur. Il dut assister à une nouvelle série de ces pillages bulgares qui avaient passé en proverbe : leia Muson. Ses troupes furent battues, même en bataille réglée. Pour la seconde fois Andrinople, en 923, tomba au pouvoir de l'empereur barbare,[153] et Rhomanos dut se résigner à implorer la pitié du ciel lorsque les armées bulgares se présentèrent, pour la seconde fois, devant Constantinople.[154] Il réussit à conclure une paix, mais, lorsque Siméon fit son apparition au milieu des boïars de sa Cour et de ses soldats, on n'entendit plus les anciens cris de guerre de sauvages, mais les acclamations rhomaïques, grecques des guerriers couverts de fer, d'argent et d'or,[155] s'élevant vers l'empereur du camp ennemi.[156] Même en renonçant à la réalisation de son rêve, ce Bulgare d'un autre âge entendait affirmer devant les légitimistes de Byzance son caractère impérial et ses droits à la suprématie de l'Orient, de l'Anatolé romaine (septembre 924).[157] La guerre contre les barbares fut pour Siméon beaucoup moins rémunératrice que celle qui venait de s'achever contre les détenteurs et les maîtres de la civilisation la plus ancienne et la plus complète.[158] Il continua contre les Serbes, qui se formaient une « Esclavonie » indépendante dans l'Ouest de la péninsule, la guerre commencée déjà par deux des khans prédécesseurs de Boris ; un de leurs chefs, qui s'appelait Pierre, sans doute à cause de ses relations avec le Saint Siège, paraît déjà avoir pris le grand titre d'« archôn » des Serbes de la Zachloumie (« au delà du Chlum », « des collines »), du Canalé ou Konavlé, de la Travounie (le hinterland de Traù, Tragour), de la Dioclée et de la « Moravie » ;[159] les villes « romaines » de Dalmatie, de fait des « Romanies » complètement autonomes,[160] lui payaient tribut et fournissaient de vin sa table. Il avait été le parrain d'un des fils de Siméon. Ce prince souverain, qui régna vingt ans, patronné par Byzance, fut pris par le roi bulgare, sa place devant être occupée par un client bulgare, Paul, bientôt remplacé, vers 923, par un troisième chef, portant le nom de Zacharie, tiré des Évangiles. Siméon réussit à le chasser en Croatie et à se saisir de ses « joupans », chefs des « joupes », mais ceci le mena à une lutte avec un quatrième « archon ».[161] Ainsi, malgré la prédication de St Michel Maléïnos, le « chien noir » des Bulgares n'avait pas pu dévorer le « chien blanc » de Byzance.[162] La mort de Siméon (27 mai 927) suivit de près des insuccès auxquels il n'était pas habitué. Son fils et successeur, Pierre,[163] aurait recommencé la guerre profitable contre l'Empire des « Grecs », qu'on supposait trop facilement dégénérés, mais, après de nouvelles négociations, à Mésembrie,[164] une seconde paix[165] éleva d'un degré la situation de cet État bulgare, qui devenait ainsi hors de pair au milieu des « gentes », des peuples, chrétiens ou païens, qui n'étaient pas ennoblis par la domination byzantine. Pour la première fois — avant même le mariage, qui avait donné à Rhomanos, le jeune fils de Constantin Porphyrogénète, une épouse franque, Berthe, rebaptisée Eudoxie, fille de Hugues de Provence, roi d'Italie,[166] une alliance de famille fut conclue entre la dynastie impériale de Constantinople et un potentat étranger. Pierre, dont l'éloge, pour ses sentiments pacifiques, avait été fait par le patriarche Nicolas,[167] épousa, à Pégae en octobre déjà, Irène,[168] fille du César Christophe, un des « associés » de Rhomanos, et son propre fils, Jean, frère de Pierre, reçut aussi une compagne grecque, accordée au nom de l'Empire.[169] Ce fut le signal d'un long apaisement entre les deux Etats. On vit encore de temps en temps des bandes hongroises, avides de butin, traverser en des courses sauvages les provinces européennes de l'Empire.[170] Mais les Bulgares ne pensaient plus à commettre des déprédations qui complétaient autrefois celles des pirates crétois dans les îles et sur les côtes de la Thrace. Au lieu des anciennes armées assiégeantes on voyait les petites troupes de cavaliers brillants qui accompagnaient à Constantinople la basilissa bulgare, Marie, venant avec ses trois enfants rendre visite à ses parents de la Cour impériale.[171] La première place dans les banquets de cérémonie, présidés par l'empereur, était toujours réservée à l'envoyé, ou aux envoyés, de la Bulgarie, qui venaient, ces « catéchoumènes » que Liutprand ironise, la tête tondue à la hongroise et la chaîne d'airain au cou, prendre part aux festivités byzantines.[172] Sous Constantin Porphyrogénète, le titre de basileus fut définitivement reconnu à celui auquel on avait donné jusqu'alors cet autre titre, qui convenait aussi bien aux chefs des « généalogies » et à ceux des tribus de Petchénègues, aux anciens chefs magyars nommés voïvodes selon la coutume slave : « archôn » « prince régnant ».[173] La littérature bulgare aurait commencé à cette époque par les traductions, sous Siméon ou après lui, du « Bréviaire » de Nicéphore, plus tard seulement de l'Hamartole aussi.[174] Il y a des réserves à faire sur ce sujet.[175] En fait d'art, les élèves » de Byzance, à Aboba, même à Preslav, les deux capitales bulgares, employèrent des restes anciens ou des artisans byzantins. Pour l'édifice d'Aboba, « bâti par les Romains, ce monument tomba, avec tout le pays, aux mains des Bulgares, qui l'adaptèrent à leur usage. Les pierres et les briques témoignent d'un art primitif et barbare absolument indigne de Rome ». On y a constaté un curieux mélange de paganisme et de chrétienté.[176] Les Byzantins venaient d'assurer ainsi, par la puissance du christianisme orthodoxe, des alliances impériales et par l'appât de présents annuels, une de leurs frontières. Mais, tant que durèrent les complications avec les voisins du Nord, les Sarrasins de Tarse, ceux de Crète et de d'Afrique, les sujets du grand émir et calife de Bagdad, qu'on appelait à Constantinople l’Amérmoumnis, Emir al-Mouménin, ceux du « prince d'Afrique », intitulé dans les protocoles : très glorieux » et « maître des musulmans », un moment l'allié de Siméon[177] ceux de l'« archon » de Crète, eurent la partie légère et surent en profiter.[178] Le califat de Bagdad ne représentait presque rien, et le chef des Croyants n'était plus qu'une espèce de dalaï-lama, très riche et très impuissant, absolument soumis à son officier des armées, le Turc bouide ; il passait son temps à la chasse et aux plaisirs de la table et du harem. Mais il y avait dans les montagnes du Tarse un prince rusé et brave, tenant à sa disposition les montagnards toujours prêts à moissonner avec l'épée la récolte des campagnes voisines qui appartenaient aux Impériaux. Dans l'ancienne Perse il se conservait des chefs perses ou arméniens qui considéraient les provinces de l'Empire comme leur proie légitime traditionnelle. Chaque année les vagabonds de l'Islam se rassemblaient dans quelque endroit de la Syrie pour se jeter en septembre sur le pays de Roum, qui venait de faire la récolte.[179] Thessalonique fut surprise par eux en 904.[180] Dans tous les anciens ports de la Phénicie, Béryte, Tripolis, Gaza, des embarcations attendaient l'heure propice pour se réunir en une flottille légère et audacieuse et aller visiter les côtes et les îles qui appartenaient encore à ces riches chrétiens incapables de se défendre. En Crète, la domination arabe avait réussi à se gagner la population indigène, qui faisait cause commune avec l'émir or ses pillards. Une grande partie des habitants grecs avaient embrassé l'Islam, qu'ils servaient avec fidélité et bravoure.[181] Enfin l'émir africain ne négligeait rien pour conquérir entièrement la Sicile,[182] où Taormina fut prise en 902, pour s'établir sur le continent chrétien (attaque à Cosenza sous Rhomanos[183]), où les Byzantins, qui entretenaient contre Landulphe de Bénévent le patrice au nom indigène d'Ursulio[184] avaient depuis quelque temps leurs garnisons. Le potentat musulman trouvait souvent des alliés inattendus parmi les chrétiens. Les princes féodaux de Capoue, de Salerne, les bourgeois de Naples,[185] maint officier byzantin mécontent ne dédaignaient pas de s'entendre avec lui pour se venger des Grecs, qui apportaient avec eux la dépendance incommode de l'Église constantinopolitaine[186] et un régime de taxes qui paraissait très lourd. Ça et là on cueille dans la chronique des règnes qui suivirent celui de Basile : règne de Léon, d'Alexandre, de Constantin, de Rhomanos, de Constantin restauré, dans son âge mûr, comme collègue de Rhomanos, puis seul régnant, des mentions d'exploits des Arabes. Les pirates se présentent à Samos, en Attique, à Lemnos, à Constantinople, à Salonique, que Léon de Tripolis,[187] un de leurs chefs les plus connus, conquit et abandonna en 913, à Strovilo, à Lemnos.[188] Mais ce second règne de Constantin marqua un changement définitif dans les fastes assez monotones de ces actes de piraterie. L'Empire reprendra l'offensive, qu'il n'abandonna plus désormais. L'idéal de la thalassocratie[189] se dessine de plus en plus. De nouveaux temps sont venus, pour tirer la Rome d'Orient de sa faiblesse et de son humiliation. IV. — ORGANISATION LÉGALE ET CULTURELLE DE L'EMPIRE L'activité de la dynastie macédonienne, de même que celle des meilleurs parmi les empereurs iconoclastes du septième siècle, porte enfin ses fruits. Byzance se trouve en face d'ennemis qu'elle est parvenue à user par ses victoires comme par ses défaites, par sa conscience supérieure et par son énergie, son opiniâtreté admirable ; elle dispose de moyens qui lui faisaient défaut jusqu'alors ; elle a définitivement élaboré un système de gouvernement, d'organisation sociale, d'instruction, de défense, absolument adapté aux besoins de l'époque. Pour consolider la fondation de Basile, son fils Léon crut nécessaire toute une œuvre de législation qui transformât en formules juridiques aussi bien le résultat de l'évolution lentement accomplie sous les iconoclastes que celui de l'action du grand empereur. Comme, de nouveau, on ne pense qu'à la restauration, autant que possible, de tout ce qui a été romain, la législation de Léon[190] se tourne, et d'une façon dure, contre les Novelles de Justinien, qui représenteraient une dérogation à l'égard de l'ancien droit codifié par lui. Ce droit il s'agit maintenant de le restaurer en entier. Car une loi nouvelle ne peut être qu'erreur.[191] Le modèle de Léon sera donc plus ancien que le transformateur des institutions, mais ce doit être un chrétien. On s'arrêtera à Constantin, « celui qui le premier par le nom du Christ rendit la couronne de l'Empire plus splendide et auguste »,[192] Cependant on tiendra compte, au moment où les Carolingiens de l'Occident étaient revenus au passé romain, des « usages admis » des « receptae consuetudines ».[193] Mais, à côté de cette vénération pour un passé plus éloigné, Léon peut affirmer le grand principe que « les conditions de la vie réelle donnent naissance aux lois, et pour chaque réalité nouvelle qui ne peut pas se rapporter à quelque loi ancienne, il faut faire une loi ».[194] Et, en effet, dans toute cette œuvre on sent bien l'esprit du temps. L'empereur ne décrète pas ; il argumente, il veut convaincre. Il n'hésite pas à descendre dans la lice. Ce despote verbeux n'a plus l'attitude sacrée d'un hiérophante. Une des innovations capitales est que la différence d'origine pour les fonctions disparaît avec les restes du décurionat. Le principe affirmé par Léon est que tout part de son omnipotence. « Les choses étant maintenant tout autres », « tout dépend du soin du prince ».[195] Les institutions archaïques, qui, dès les successeurs d'Héraclius et surtout sous les iconoclastes, ont été remises en honneur, doivent donc disparaître. Le Sénat, dit une de ces Constitutions, n'existe plus comme administrateur : sa compétence a passé à la « majesté impériale ».[196] Constantin Porphyrogénète mentionne encore le Sénat, mais il est précédé par les deux « magistri », par les consuls (anqutatoi), par les patrices ; après les sénateurs marchent les logothètes.[197] Le consulat est considéré comme complètement périmé : ce n'est maintenant qu'un titre déchu, accordé souvent à des pauvres qui n'ont pas de quoi s'entretenir.[198] Un beau principe, tout à fait nouveau, est celui que la loi doit être comprise par tous jusqu'aux enfants.[199] Mais, à côté de l'innovation, il y a dans certains domaines une volonté ferme, presque brutale, de maintenir des usances surannées, de les renforcer même. Ainsi, rigoriste religieux, Léon annule la permission accordée aux paysans, à eux seuls, de travailler aux champs le dimanche et il se rapporte à l'interdiction pour le jour du sabbat chez les Juifs, qui n'avaient que l’« ombre » de la vraie foi.[200] Comme Basile avait défendu aux Juifs la circoncision et l'observation du sabbat, les invitant au baptême pour leur ouvrir tous les rangs dans l'Empire,[201] son fils, un jilocristoz,[202] abonde dans ce sens, manifestant le désir ferme d'en finir avec ce qu'il considère comme une dissidence envers le christianisme.[203] Une tendance bien orientale est visible dans l'œuvre du « philosophe » qui s'applique à corriger : celle de renfermer les femmes dans la maison. Léon s'étonne de ce qu'on leur eût permis de figurer comme témoins dans les testaments, les mêlant ainsi d'une façon inconvenante aux hommes, qu'elles doivent éviter.[204] Même entre elles les femmes doivent garder une réserve sévère. Il ne leur est pas permis de « parler plus librement que ne le permet la décence féminine[205] » : l'admettre c'est offenser les hommes, qui en ont seuls le droit. En même temps, à une époque devenue sensiblement pédante, l'empereur descend jusqu'à prohiber le goût aux boudins — intestinae tunicae — parce qu'ils sont faits au sang.[206] Des mesures sont prises contre les prêtres qui s'adonnent aux jeux de hasard.[207] On permet le commerce de la pourpre, qui, monopole d'État, était destinée aux cadeaux pour les barbares et dont la distribution aux femmes se faisait par l'impératrice, le jour des brumalia. La dignité de l'empereur ne perdrait rien si tout le monde s'en revêtirait.[208] Les femmes peuvent porter autant de joyaux qu'elles veulent.[209] Mais, en échange, il créa ou plutôt maintint les prescriptions multiples qui facilitaient l'administration, mais empêchaient tout progrès, par lesquelles était réglé le marché de Constantinople.[210] L'ancien édifice ébranlé, et qui paraissait souvent menacer ruine, est remis ainsi à neuf, sans qu'il eût été touché à ses fondements, qui sont en état de le soutenir encore quatre ou cinq siècles. Il se maintient, se complète et s'embellit. L'Orient entier parait devoir s'abriter encore dans son ombre, et l'Occident même éprouve des appréhensions devant la force de cet ancien organisme et devant l'idéal qu'osent proclamer ceux qui le conduisent au onzième siècle. Il faut connaître cette organisation, si l'on ne veut pas risquer de mal comprendre l'« épopée » de reconquista qui se développe en Orient, de Constantin Porphyrogénète aux Croisades. Il n'y a plus désormais dans cet Empire rien de romain dans la nationalité et la langue. A peine quelques mots latins se conservent-ils encore dans le formulaire, le typique ancien des cérémonies, des jeux, dans les manuels de commandement des armées. On les écrit en caractères grecs le plus souvent et on les prononce de manière à les rendre méconnaissables. Cependant Constantin Porphyrogénète aura du regret à dire que l'Empire, « réduit à des frontières plus étroites, en Orient et en Occident, hellénisa et rejeta la langue romaine des ancêtres ». Et le nom de Romaioi reste immuable, comme un éternel titre de gloire, comme une légitimation de l'orgueil national, du mépris que l'on professe pour les Arabes, les Francs, les barbares, et toutes leurs ambitions. Ellhn équivaut à paganoz ; c'est le païen avec ses superstitions, avec ses dieux et ses démons ; même la littérature hellénique n'est plus attribuée à ce peuple qui n'était pas arrivé à la connaissance du vrai Dieu. Homère, Plutarque, les historiens, les géographes sont revendiqués par la civilisation byzantine, et l'on trouve toujours quelque moyen de les faire entrer dans le cycle d'idées de ce moyen âge des Grecs et des Orientaux grécisés.[211] L'école de Bardas, sur laquelle on voudrait avoir quelques renseignements de plus, remplit parfaitement ce rôle conciliateur dans une société où il reste encore une grande partie des institutions venues de Rome l'ancienne, bien que leurs noms soient mâtinés de grec (on a un proto-asecretis)[212] ou même complètement traduits en cette langue qui s'est imposée en tant que vulgaire, en tant que parler du peuple. Le caractère sacré de l'empereur, ainsi que le montre la législation de Léon, ne souffre aucune atteinte durant l'époque de transformation. Il est toujours le « très grand », le « très pieux en Jésus-Christ », le « très doux », le « victorieux » basileus, le « grand basileus » le roi, « roi des rois »,[213] le titre impérial qu'il entend n'étant reconnu à personne et toléré seulement dans une certaine mesure à ce roi des Bulgares qui l'a trouvé dans la corbeille de noces d'une princesse byzantine.[214] Il habite des palais immenses et sans nombre, qui remontent a l'époque de Constantin et de Justinien,[215] il possède des richesses d'art et de monnaies accumulées dans son trésor privé, son eioikon où il est libre de puiser pour ses plaisirs s'il le juge bon, ou pour les besoins de l'État lia autour de lui nombre d'officiers, outre sa cour d'eunuques, auxquels est confiée la charge des divers départements de la Maison impériale ; il a des pages, désignés sous le nom romain de silentiaires, de vestitores, ou sous celui, grec, de Scdxovoc ; il est défendu par sa garde de soldats, les scholaires. Le prestige des temps passés, des vieilles formes compliquées et imposantes, des supercheries d'un art savant exaltent sa personnalité aux yeux des sujets et des hôtes étrangers, sinon devant les intimes. Il est, de fait, un évêque, et quelque chose de divin malgré le christianisme, malgré son humilité pompeuse envers le Ciel, s'attache à sa personne. Les rues qu'il suit sont ornées de fleurs ;[216] des libations de parfums sont répandues sur son passage ; il entend des chants d'église composés en son honneur ou pour glorifier sa situation impériale. Les mœurs se sont adoucies sensiblement, à son égard aussi. Il est bien plus rare maintenant que l'on assassine les empereurs comme au temps des vrais Romains ou dans les premiers siècles de Byzance. Le public, l'Église ne resteraient plus indifférents devant un tel forfait. On s'efforça d'atténuer l'impression causée par le meurtre du jeune Michel l'Ivrogne : les chroniqueurs de Cour racontent qu'il passa de vie à trépas sans rien ressentir, au milieu du profond sommeil qui suivait une de ses débauches. Léon le Diacre racontera la fin violente de Nicéphore Phokas avec des détails destinés à inspirer l'horreur et un hymne d'église sera chanté à sa mémoire. Le patriarche Polyeucte défendra l'entrée de l'église à Jean, successeur de Nicéphore, jusqu'à ce qu'il eût désigné et puni les meurtriers, et celui-ci dut faire au moins semblant de se soumettre à cette injonction catégorique. Il n'est pas du tout sûr que Jean périt par le poison. Un empereur trop jeune, trop vieux ou incapable sont souvent remplacés sans que cela donne lieu à des actes sanglants. Un nouveau maître est proclamé, consacré — non pas un César, mais un vrai « Auguste » —, et il s'associe pour la forme celui qu'il remplace.[217] Les prétendants qui conspirent contre l'empereur régnant ou se font proclamer par les soldats dans quelque province éloignée peuvent maintenant être épargnés s'ils se soumettent à temps. Vaincus et pris, ils souffrent seulement le châtiment qui leur arrache la vue, et il arrive même quelquefois que l'on se borne à faire semblant de « brûler » les yeux, en ternissant seulement la vue. Les fils de Rhomanos II (959-963), successeur, mort jeune, de Constantin le Porphyrogénète, seront écartés tour à tour, tout en figurant sur leurs trônes vains et dans les actes de cérémonie, sans qu'on attentât à leur vie, et même sans qu'ils fussent soumis à cette tujlwsiz ou à l'émasculation, qu'on pratiquait aussi : on les laissait mourir dans leurs haillons de pourpre sans les avoir préalablement tondus dans un monastère, comme chez les Francs : l'exil dans une ile lointaine suffisait quelquefois. Quand un empereur succombe, ses partisans, même ses intimes, ne sont qu'exilés à la campagne, sur leurs terres. Il n'y a plus maintenant en face de l'empereur un clergé riche, puissant, frondeur, toujours prêt à foudroyer des anathèmes renouvelés de la Bible les « fils d'Amalec » qui oseraient toucher aux droits et aux coutumes de l'Église. Michel l'Ivrogne et ses successeurs de la dynastie macédonienne pouvaient très bien revenir à l'ancienne orthodoxie iconodoule, car l'iconoclastie avait produit tous les résultats que l'Etat, concentré dans la personne de son chef, attendait des persécutions. Partout les monastères sont en ruines leurs terres sont usurpées, leur revenus dissipés ; les traditions des temps de prospérité et d'influence sont perdues. Lorsque les dons recommencèrent à affluer, les empereurs en eurent vite vu le danger, et ils intervinrent énergiquement contre l'accumulation des offrandes et l'extension des biens ecclésiastiques, la création de nouvelles maisons religieuses.[218] On verra Nicéphore Phokas, le créateur du couvent complètement isolé d'Athanase sur les rochers de l'Athos, le second successeur de Constantin Porphyrogénète, interdire ces actes de piété, qu'il taxe de vanité terrestre, et permettre tout au plus la réparation des anciennes bâtisses délabrées ou l'établissement dans des endroits déserts, au milieu de la solitude des montagnes, d'ermitages qui pouvaient servir aussi à la défense de l'Empire (964).[219] Presque partout les évêques, pour l'élection desquels il faut l'assentiment du maître,[220] sont maintenant très pauvres. Il leur sera, du reste, interdit, sous le même Phokas, de détenir des richesses sans la permission spéciale de l'empereur. Le fier évêque « lombard » Liutprand de Crémone, habitué à la richesse des sièges italiens, aux nombreuses suites qui entourent les chefs de diocèses en Occident, parlera avec une commisération injurieuse de ces prélats déguenillés, dignes du peuple constantinopolitain aux pieds nus, qui n'ont pas même un serviteur pour ouvrir et fermer la porte de leur taudis monacal. A chaque vacance, que Nicéphore Phokas prolongera au profit du Trésor, qui nommait l'administrateur du diocèse et prenait sa part des revenus, sont préférés, de par la volonté, maintenant décisive, de l'empereur, les moines qui se sont distingués par une discipline rigoureuse, par un profond mépris pour les choses du monde, auxquelles ils ne se mêleront donc pas dans leur nouvelle situation. Après avoir élevé à la dignité patriarcale des fils et frères d'empereur et mêlé ainsi en quelque sorte la dynastie et l'ordre religieux, ce qui ne s'était jamais vu jusqu'à ce siècle, le pouvoir civil tira des monastères les plus rigoristes des vieillards fatigués, dont toute la vie n'avait été qu'une abdication.[221] Il pouvait arriver, en effet, que quelqu'un de ces vieux saints à la vie irréprochable osât faire des remontrances à l'empereur lui-même et lui défendre l'accès de l'église tant qu'il n'aurait pas fait pénitence entière pour ses péchés et ses crimes. Telle sera la conduite honorable de Polyeucte (956-970) à l'égard de Nicéphore, marié contre les prescriptions de l'Église,[222] et envers Tzimiscès, meurtrier de ce Nicéphore, son prédécesseur. Jadis Léon le Philosophe s'était vu lui aussi défendre l'entrée principale de l'église, à cause des scandales de sa vie privée, et le César Bardas avait essuyé le même affront de la part du patriarche Ignace.[223] Mais ces patriarches, capables de pareils actes de grandeur morale, ne pouvaient plus organiser un mouvement dont les éléments mêmes manquaient, car les moines besogneux et rudes du dixième siècle n'avaient plus rien des vertus révolutionnaires de ceux qui avaient combattu contre les iconoclastes impies et blasphémateurs. Si l'on avait sous la main quelque eunuque, on le préférait aux autres candidats ; et il y eut même un patriarche tiré des rangs de ces mutilés. Si on ne fustige plus les patriarches, si on ne les contraint plus à des humiliations publiques, si on ne les torture plus et ne les condamne plus à mort, il arrive que l'empereur dépose, sans assembler de concile, un patriarche incommode et l'exile, sans qu'il y ait pour cela dans cette Constantinople célèbre par ses tumultes le moindre mouvement populaire. Il ne faut pas oublier que l'école de Bardas, qui donnait une éducation passablement païenne, avait pris aux moines une grande partie de leur clientèle scolaire et avait détruit leur rôle d'éducateurs supérieurs. Les écrivains sortis de cette école accordèrent un large pardon aux empereurs ennemis des icônes, dont les noms sont accompagnés, dans leurs chroniques, des titres respectueux habituels. Aux moines de la Capitale, qui peuvent être employés comme instruments des troubles, on préfère ceux qui se sont fixés d'eux-mêmes sur les rochers du Mont Athos. Pour ceux-là, absolument inoffensifs, on aura, pendant tout ce dixième siècle, au cours duquel leur établissement, parti de la cellule d'Athanase, se consolide et s'étend, toutes les attentions et toutes les grâces.[224] Le choix des fonctionnaires a, naturellement, une très grande importance. A chaque changement de règne, fût-il même accompli dans les conditions légales et ordinaires, les actes de nomination se répandent généreusement sur les intimes et les fidèles, tandis que ceux qui avaient servi l'empereur défunt ou détrôné s'en vont prendre soin de leurs campagnes,[225] de leurs vilains et de leurs parèques ou « voisins » à demi libres. Cela arrive non seulement pour les grandes charges de la Cour et de la ville, pour les officiers d'Empire dépendants, jadis, de l'empereur ou du Sénat déclu,[226] mais aussi pour les commandants et administrateurs des provinces, qui depuis quelque temps ont un caractère tout nouveau. Dans les anciennes provinces, il y avait des gouverneurs comme au passé, réunissant dans leurs mains le pouvoir civil et l'autorité militaire, qui portaient des titres différents, dans une dépendance étroite de l'empereur et de la Capitale. Les nécessités de la défense contre les barbares d'Asie et d'Europe, Bulgares, Arabes, pirates, entraînent des changements dans cette organisation qui datait de l'époque vraiment romaine. Pendant que les noms se grécisent, que les comités prennent le titre de stratèges et la provincia devient un thème, la distribution de ces groupements, en relation avec les problèmes militaires de l'époque, devenait toute autre.[227] Les nouveaux thèmes étaient nommés d'après les places fortes, d'après les provinces et d'après certains commandants du passé, comme les Charsianoi.[228] Les attributions de ces officiers devenaient plus étendues ; leur indépendance, leur initiative se développèrent, Disposant d'un riche patrimoine de terres, de revenus, de douane et autres, attachés à sa charge, le stratège était maintenant libre d'exercer selon sa conscience du devoir et sa connaissance du pays les droits impériaux ; le maître les lui avait délégués tous pour la durée de ses fonctions dans le thème qu'il devait, non administrer, mais gouverner. Il avait sous ses ordres sans aucune restriction les soldats qui avaient reçu une terre, un fief complet de chevalier, de kaballarioz de la valeur de quatre ou cinq livres (litrai) ou un fief, un topion, de matelot de trois livres seulement, en échange du service militaire obligatoire sous le commandement du seul stratège.[229] Celui-ci a comme officiers subordonnés les tourmarques, qui commandent les troupes (ou tourmai),[230] les drungarii ou amiraux et tout un personnel administratif. Chacun des militaires jouit de la possession d'un lopin de terre proportionné à son grade ; il y a la catégorie de ceux qui, comme les scholaires, les thrakésioi, s'équipent à leurs frais, une autre se compose de ceux qui reçoivent des secours en cas d'expédition, qui s'associent avec des syndotai[231] et donc ne sont pas « monoprosopes » ; dans une troisième rentrent les commandants. On trouve les mêmes recommandations dans le traité militaire qu'il faut attribuer à Léon le Sage, dans lequel on peut voir combien était soignée la préparation technique de cette armée : « Il n'y avait pas de difficulté à obtenir des officiers de bonne naissance et ayant une fortune en propre, dont l'origine les faisait respecter par les soldats alors que leur argent leur permettait de gagner les bonnes grâces de ces hommes par de nombreux dons d'utilité modeste par dessus leur paie ». Au commencement d'une campagne générale, que doit conduire l'empereur, un de ses associés ou un lieutenant impérial, les stratèges sont consultés pour savoir ce qu'ils ont à offrir, ce qu'ils « prennent sur eux » : des troupes auxiliaires, des vaisseaux, des armes, des ustensiles, des chevaux, des secours en argent ; ils ont le droit de prendre par réquisition des villes, des monastères, des particuliers ce qui leur est nécessaire pour l'armement et les autres préparatifs.[232] Il y a encore dans l'armée des compagnies d'étrangers, des ἑταιρειαί, munies de privilèges spéciaux. Ainsi les Sarrasins qui acceptaient le baptême et se fixaient sur le territoire de l'Empire recevaient une étendue de terres inaliénables comme celles des autres soldats et même des semences, et étaient exempts d'impôts pendant quelques années.[233] Certaines des « hétairies » étaient fixées sur un point de la frontière qu'elles connaissaient et affectionnaient le plus, et elles y vivaient sous des commandants de leur race, portant un titre spécial ; tels les anciens Mardaïtes, qui, sous leur capitaine ou katépanos, défendaient les gorges du Taurus, les Ibères, qui étaient soumis à un curopalate presque indépendant,[234] divers groupes d'Arméniens sur les bords de la mer et dans l'intérieur, qui avaient à leur tête des « archontes »[235] ou princes nationaux. D'autres étrangers étaient dispersés sur toute l'étendue de l'Empire, et on trouvait ainsi des groupes de Mardaïtes en Épire, dans le Péloponnèse et dans le thème céphalonien des îles Ioniennes ; des Russes, dont l'« hétairie » date du temps de Michel l'Ivrogne, font la garde à Durazzo et en Dalmatie ; des gens de Palerme sont employés dans les guerres en Orient.[236] Par ces mesures, par la création de nouvelles provinces au régime strictement local, par l'établissement d'un état, d'une classe militaire strictement attachée à la terre même, qu'elle doit défendre et qui lui appartient en propre, à elle-même et à ses successeurs, s'ils peuvent remplir le rôle de soldats, par de nombreuses fortifications dans les endroits stratégiques des montagnes, les clissures (kleissourai), par des postes d'observation semés un peu partout, par un espionnage habilement organisé, par le développement de l'art de guetter et de surprendre l'ennemi, l'Empire byzantin était devenu, juste au moment où tous ses voisins s'affaiblissaient, une grande puissance militaire. Aussi bien il faut constater en même temps un relèvement, tant économique que moral, des classes inférieures. A Constantinople et dans les provinces, elles jouissent d'une attention éclairée et sympathique de la part du gouvernement, et on ne peut pas être leur empereur sans faire journellement preuve de justice et de charité. Constantin Porphyrogénète lui aussi prendra soin des pauvres constantinopolitains, pour abriter lesquels on fermera les portiques et pensera même à loger ceux qui viennent des provinces pour lui présenter leurs requêtes.[237] Les grandes fêtes sanglantes de l'Hippodrome ont cessé
depuis longtemps dans la Capitale. Le facteur politique des dèmes, si
étroitement lié aux circensia, déchoit donc rapidement. Il n'y a plus guère
de conflits entre les Bleus et les Verts, rivaux à propos des succès de leurs
cochers. Si on trouve encore les noms de ces anciennes factions, c'est
uniquement dans les listes des dignitaires, qui gardent ces « démarques »,
sans influence désormais, ou bien dans le cérémonial vieilli de la Cour. Les
réjouissances populaires à l'occasion du triomphe de l'Empire étaient rares ;
s'il y avait une victoire, les chefs qui l'avaient gagnée ne venaient guère à
Constantinople pour jouir des acclamations. Une seule fois Théophile, revenu
vainqueur d'Asie, fit célébrer l'Emuxèv et fut salué par l'ancienne
acclamation romaine : « Sois bienvenu notre incomparable chef de faction, φακτοναρη. Quand, avec Nicéphore Phokas, il y eut encore des empereurs guerriers, des imperatores selon l'ancienne coutume, ils firent rendre des honneurs à l'image miraculeuse de la Vierge tutélaire, qu'ils suivaient dans la procession. L'empereur Michel l'Ivrogne fut le dernier partisan passionné des jeux du Cirque, qui furent célébrés avec sa participation : nouveau Néron, il parut comme conducteur de quadrige à l'occasion de la naissance de son fils. Quelques excès sanglants qui se produisirent au cœur de ces jeux sous le règne de Nicéphore dégoûtèrent définitivement de ce genre de spectacles la plèbe constantinopolitaine Cette population n'aura désormais que la distraction, bien connue, des fêtes de la Cour, où on voyait les vieux costumes usés, les antiques joyaux aux formes démodées ou quelque proeleusiz,[238] quelque cortège impérial, sur le parcours duquel faisait la haie cette multitude pauvre aux pieds nus.[239] Mais les empereurs du nouveau régime n'eurent garde de laisser la Capitale sans les provisions auxquelles elle était habituée. Ils lui assurèrent une tranquillité parfaite, et depuis quelque temps on ne voyait plus aux changements de maître la populace courir par bandes les rues en quête de pillage.[240] La justice était maintenant prompte et sûre. Des hôpitaux s'élevaient pour les malades besogneux. Des distributions d'argent étaient faites au peuple, par ordre des Augustes charitables, qui n'entendaient pas thésauriser les revenus de l'eidikon. Parfois les chroniqueurs notent des actes de bienfaisance extraordinaire : ceux qui ont bâti sur des terrains de l'État obtiennent la rémission de leur cens annuel ; d'anciennes dettes envers le fisc sont annulées. Aussi la population de la Capitale reste-t-elle fidèle à son empereur aux heures de crise, où les troupes des prétendants se dirigent contre lui, et il y aura même bien des regrets cachés à la mort de ce Nicéphore Phokas qui n'avait pas été cependant, avec son teint noir et son gros ventre,[241] un bel officier, et qui, dans sa brutalité innée, ne s'était guère soucié de gagner des sympathies pour sa personne.[242] Les empereurs « macédoniens » eurent le courage de réviser l'état de la propriété rurale, qui avait été longtemps en proie aux usurpations des arcontes, des dunaitai, et de la réglementer dans un sens contraire aux intérêts de ces grands. Un soldat qui ne pouvait pas accomplir ses devoirs parce qu'il était ruiné, était rayé de la liste du contrôle. Il fut décrété que désormais la vente de la terre stratiotique, du fief militaire, n'aurait plus de valeur légale. Il fut interdit aux grands propriétaires d'acheter et de réunir à leurs latifundia les champs des pauvres ; s'il était prouvé que leurs actes fussent envahissants et leur conduite tyrannique, ils devaient être expulsés de leur héritage et de leurs propres acquisitions.[243] Mais la grande propriété ne devait pas non plus déchoir, dans l'intérêt supérieur de l'Empire ; les pauvres ne pourront pas, de par l'édit de Nicéphore Phokas, acheter les fragments d'un grand domaine qui se disloquait. Comme, malgré ces mesures, des latifundiaires prospéraient en Asie, la famille de Phokas comptant elle-même parmi les plus riches détenteurs de terres, Basile II renforcera les édits rendus par ses prédécesseurs et défendra sévèrement la continuation de ces abus.[244] S'il était impossible de donner aux paysans serfs la liberté,[245] aux prolétaires de la campagne la possession des champs, l'Empire fit du moins tous les efforts pour que l'état de légalité présente ne fut pas outrepassé.[246] L'Empire paraissait ainsi définitivement formé. Le pacifique Constantin Porphyrogénète[247] était dominé par cette idée lorsqu'il fit rédiger cette Summa de tout savoir politique que fut sa compilation, si utile pour le présent, si désastreuse pour l'intégralité des sources dont il avait fait faire des extraits. Pour cette œuvre furent utilisés aussi les annalistes qui avaient voulu continuer l'œuvre de Théophane et qui se trouvèrent devant des problèmes de morale et de conscience qui auraient effarouché le modeste historien de l'iconoclasme. Entre autres, ce rival de Théophane pour la rédaction d'une histoire universelle, un Constantinopolitain, auquel on a donné sans raison le nom du logothète Siméon (auteur d'un ouvrage allant jusqu'en 948),[248] un élève de l'école de Magnaure,[249] qui, arrivant avec une autre chronique du même caractère jusqu'à son époque, garde de la reconnaissance à Léon, son ancien professeur ; c'est un archéologue, un amateur d'étymologies et d'anecdotes, mais aussi un copiste de la Vie d'Ignace : il présente le changement de dynastie sans ménager personne, mêle de la façon la plus crue la vie privée de Basile aux scandales affreux du règne de son prédécesseur assassiné[250] et continue en épargnant tout aussi peu l'impératrice, en signalant, avec la révolte d'un complice, Symbatios, tout ce qui peut compromettre le « nouveau cours » : la mort de Michel, le châtiment de ses meurtriers sont présentés d'une façon tout à fait saisissante.[251] A côté, Léon le Grammairien, qui emploie Georges de Pisidie et cite des inscriptions sépulcrales, poursuit le récit des événements jusqu'à la même époque.[252] On croyait terminé, fixé pour toujours, immuable cet Empire sans prévoir les conquêtes et les restitutions territoriales qui l'attendaient et dont Constantin n'avait ni la conception, ni les moyens personnels. C'est pourquoi pour ces frontières restreintes dont il parle non sans regret il veut codifier une philosophie politique basée sur tout le passé, mais tenant compte des fatalités du présent, et y ajouter tout ce qu'un formalisme bien ordonné pouvait donner comme prestige. C'est l'origine de cette œuvre, utile et déplorable. Déjà un protospathaire Philothée avait eu l'idée de ces abrégés, lorsque, en 902, il écrivait un opuscule sur « l’ordonnement précis de l'ordre de rang aux très hautes invitations à dîner ».[253] De nos jours tout un travail, aux résultats plus d'une fois aléatoires, se dépensera donc pour découvrir les fragments de vie réelle pris dans cette mosaïque officielle, alors que les contemporains, résignés à être séparés des époques glorieuses, étaient contents de voir toute cette histoire, qui leur était devenue indifférente, transformée en recettes à exploiter. C'est ce qu'on fait depuis des années pour « le livre de l'administration », pour celui des « ambassades », pour les traités concernant les cérémonies et tout ce qui pouvait servir aux nécessités actuelles de l'Empire.[254] Le choix des pièces qui forment la vaste collection de membres amputés : manuel de l'administration[255] manuel des thèmes, manuel diplomatique, manuel des cérémonies, montre aussi combien les Byzantins entendaient se relier, sans aucune déviation, à l'ancienne Rome. Il y a donc dans ce recueil des extraits ou mentions de Denys d'Halicarnasse, de Polybe (surtout pour la Sicile, montrant ainsi combien on tient à sa possession, et pour l'Asie occidentale, qu'on se réservait à intégrer contre les Arabes), d'Appien et de Josèphe, de Diodore et de Dion, un tout petit morceau d'Arrien, d'autres d'Hérodote et de Thucydide et quelques pages seulement de Socrate, l'historien de l'Église, et de cet autre écrivain de l'époque, Eunapius (sur les rapports avec les Perses et les « Scythes » (Goths chassés par les Huns),[256] puis on emploie des rapports, d'autres documents officiels, l'ouvrage en vulgaire du magister Léon Katakylas, écrivant au monastère de Sygriane par ordre de Léon le Philosophe, ou Philostéphanos, qui écrivit sur les îles. A peine une mention de St Grégoire ou quelques actes des martyrs.[257] On voit bien dans le choix la direction toute pratique des découpeurs et arrangeurs de fragments. Pour la compilation personnelle, avec les anciens, Homère, Hérodote, Aristophane, Polybe, Isocrate, les grammairiens Hiérocle, Hèlesychius, Nicolas de Damas, secrétaire d'Hérode,[258] puis Epiphane de Chypre, Jean le Philadelphe, Lydus, Agathias, Etienne de Byzance, Théophane, Ménandre, Dexippe. Dans le traité de l'administration (949-952), dédié au fils de l'empereur Constantin, Rhomanos II, toutes les nations voisines sont présentées, avec la recommandation de faire l'impossible pour maintenir la paix, nécessaire à cet Empire dont l'agencement intérieur, jusqu'à des notes sur les dialectes grecs et des renseignements archéologiques, étymologiques, est décrit dans l'ouvrage sur les thèmes. Une politique se détache de cette œuvre de mosaïque ou de compilation. On la reconnaît lorsque, ce qui paraît curieux pour le petit-fils du Macédonien, Michel III apparaît comme un « bon chrétien », alors que, bien entendu, Lécapène est un hypocrite, un violateur des bonnes coutumes,[259] capable de donner une princesse comme femme au faux empereur bulgare. Un neveu de Théophane reçut aussi, de son parent, le même empereur Constantin, la mission de couvrir, dans le récit des événements contemporains, d'un voile d'oubli le crime qui avait installé la nouvelle dynastie, et il eut à sa disposition des pièces officielles ainsi que le récit du grammairien Théophraste sur les événements de Sicile.[260] Mais, à la fin, l'empereur lui-même entreprit de raconter, sur la base d'enquêtes comme celle contre Santabarénos, d'annales consulaires, de l'œuvre du protospathaire Manuel, mais se rappelant en même temps tout ce qu'il avait lu dans les œuvres de l'antiquité et employant pour mieux répandre son ouvrage la forme des Vies de Saint, l'histoire même de la famille régnante, et cette fois tout le monde, le Sénat, l'armée sont coupables du crime initial, Basile seul restant indemne de toute culpabilité.[261] Un peu après cette compilation, surveillée par l'empereur lui-même, un moine d'Amalfi, Jean, fut envoyé, entre 950 et 1050, à Constantinople où il prépara sur des textes grecs son liber de miraculis.[262] La partie la plus originale d'une autre compilation, des « Tactiques » de Léon VI, ouvrage de recommandations minutieuses d'un esprit pratique vérifié par l'expérience et parfaitement réel,[263] est celle qui présente les ennemis habituels de l'Empire : les Perses qui combattent en se retirant, les « Turcs », c'est-à-dire les Magyars, qui ne respectent aucun serment, ne tiennent compte d'aucun présent et courent au gain sans se rassasier jamais, redoutables adversaires qui emploient en même temps l'arc et la lance et présentent un front de chevaux bardés de fer, les Bulgares, devenus chrétiens, mais qui ne manquèrent pas d'attaquer l'Empire au moment où il était pris par l'attaque arabe : il a mieux valu que la punition leur fût venue de la part desdits « Turcs », et l'empereur recommande qu'on observe la paix avec ces voisins à l'égard desquels il ne veut pas donner des conseils militaires. Quant aux « Francs », faibles de corps, mais faciles à gagner par l'argent, pleins de spontanéité et d'élan, et aux « Lombards », ce sont en partie des amis, en partie des sujets même : il faut les traiter à la façon dont les « Scythes » traitent les Impériaux. Les Slaves enfin, plutôt doux et hospitaliers, jadis fiers de leur liberté dans leurs anciens quartiers au-delà du Danube, servent comme auxiliaires de l'Empire.[264] Les pires ennemis, aux attaques foudroyantes, accompagnées du bruit des trompettes et des tambours, sont, bien entendu, les Arabes, montés sur des chameaux et sur leurs chevaux rapides, qui se servent aussi du concours de l'infanterie « éthiopienne » ; parfois réunis aux indigènes de la Cilicie, ils attaquent du côté de Tarse et d'Adana ; il faut les guetter au passage des montagnes, quand ils reviennent chargés de cette proie sans laquelle cette nation de fainéants ne pourrait pas vivre. Leurs barques de pirates doivent être aussi attentivement surveillées.[265] Suivant cet exemple, l'époque des guerres prochaines aura elle aussi sa compilation pour la tactique : comme les manuels précédents étaient ceux de « Constantin »,[266] celui-ci, fondé sur Sextus Julius Africanus, sur le vieux Polyainos et sur le traité antérieur qui passait sous le nom de l'empereur Léon, sera attribué à Nicéphore Phokas, qui l'a même peut-être commandé.[267] Il semble appartenir, par le système qu'il recommande, applicable à la seule campagne contre des guérilleros, comme ceux du « second Empire bulgare », aux environs de l'an mille. Car non seulement on fait la guerre, mais on aime à la décrire, on cherche à la définir. Comme sous Nicéphore Phokas on avait mis par écrit des préceptes d'un caractère plutôt général, sous Basile II encore jeune et ayant besoin d'être dirigé, deux écrivains, dont l'un avait en vue l'attaque et l'autre la formation de l'armée,[268] s'occupèrent de ce qui faisait maintenant l'honneur et la gloire de l'Empire. Envers les Arabes, auxquels on rend leurs koursoi, il y a seulement la défense de la frontière, mais toute l'attention se porte sur les Bulgares. On a cru qu'il s'agit de la fin des campagnes contre ceux du Pont Euxin, et l'époque de Sviatoslav paraît donc lointaine ; or, comme les Russes ne sont plus des alliés, mais, comme ces malartioi, qu'on voudrait bien identifier, des soldats impériaux, comme à chaque pas il est question de klissoures, des régions difficiles à envahir, ou de hauts rochers,[269] comme on ne trouve pas de provisions et surtout du blé, — ce qui ne pouvait pas être le cas pour les régions de l'Est balkanique, si pleines de grécité —, il faut penser aux expéditions, si difficiles, à cause du terrain, dans des régions montagneuses, impropres à la culture, de la Macédoine. Il faut donc admettre la moitié du onzième siècle. Les doukatores au nom roman (en roumain : ducatori) correspondent au même moment. Les Petchénègues dont il est question appartiennent à cette époque précise où la ‘Ρωσία commence à avoir un sens pour les Impériaux.[270] La reconquête de la Crète par Nicéphore Phokas fut célébrée par un diacre Théodore, du reste inconnu, dans cinq « akroases » d'une poésie médiocre. Il connaissait Homère et Plutarque et croit pouvoir opposer son empereur à Scipion, à Sylla, à César et aux héros de l'ancienne Rome. Dans ses vers brefs, qui ne manquent pas d'harmonie, il imite le vocabulaire et la tournure de phrase de ses modèles. Les beaux discours ne sont pas rares, mais au milieu de ces vers à l'antique on trouve deux autres composés de paroles arabes.[271] Au même domaine, affectionné par cette époque, des compilations, appartient le lexique grammatical et, en même temps, un dictionnaire archéologique et historique, un instrument de travail pour l'érudit, qui est l'œuvre de Souidas, dont on ne sait que le nom.[272] Un inconnu fit, dans une forme vulgaire, un premier recueil, bientôt ajouté, des récits et des légendes sur les origines de Constantinople qui avait résumé, entre les deux offensives d'Héraclius et de Nicéphore Phokas, toute la vie de l'Empire.[273] Pour les Vies de Saints on agit de la même façon, à une époque où on cherchait avant le recueil complet, commode, et, par dessus ce qui sentait le localisme, l'archaïsme et l'individualité, facile à lire. Cherchons d'abord leur caractère même jusqu'au dixième siècle. Ce siècle, d'un caractère si réaliste, donnera des Vies de Saints comme celle de St Luc le Jeune, dans laquelle son contemporain et compagnon, qui fait de l'histoire en parlant de la guerre bulgare, de la paix conclue par le Tzar Pierre de l'attaque des « Turcs » magyars dans l'Attique,[274] note les localités de Bathy, probablement sur la côte asiatique de l'Euxin, à côté de cette Attique, et de son voisinage jusqu'à Larisse, jusqu'aux îles voisines, où le moine anonyme montre être bien chez lui.[275] La Vie de Sainte Catherine, martyre sous Maxence (Maximin),[276] a un caractère rare. La discussion entre le représentant de l'empereur et la sainte est intéressante. D'un côté et de l'autre on discute sur la transmission poétique d'Homère et d'« Orphée » (sic), dans la « Théogonie », et sur le rôle des dieux de l'Olympe ; Platon est aussi de la compagnie. On le retrouve dans la Vie de St Eustrate et de ses compagnons, où la discussion porte sur le « Timée » de Platon[277] aussi bien que sur Hésiode. Telle vie de Saint, celle du démoniaque scythe André le Bon, par son confesseur Nicéphore, offre, avec des longueurs de roman d'aventures, avec le récit de rêves impressionnants, l'aspect de Constantinople contemporaine, avec son marché d'esclaves, ses boulangeries, ses cabarets, ses groupes de jeunes gens dépravés qui se moquent de cet imitateur vagabond du Stylite, ses confesseurs avides d'argent, ses marchands de fruits exposant leurs marchandises dans des vases de verre, ses eunuques suspects, aux longues boucles blondes, ses enfants cruels, qui s'acharnent contre le corps décharné du misérable, avec ses portiques où viennent se coucher les chiens, ses prostituées dont les moyens de séduction sont minutieusement décrits, et aussi la garde, la vigla qui court après cette espèce de personnes, le kerkéton qui se saisit des soûlards, les chars à bœufs des paysans ivres, menés comme au Cirque. Un spectacle d'enterrement luxueux est présenté au lecteur, et la critique d'une vie de plaisir s'y ajoute. La mention précise des localités de la ville impériale montre bien que l'auteur en était originaire. Il y a des descriptions comme celle du vent fort qui soulève les tuiles et fait gémir dans leurs cabanes les pauvres, des dialogues recueillis sur les lèvres des contemporains : toute la Byzance populaire des rues et des tavernes revit dans ces pages d'une vie si cocasse. Un élément sentimental s'y mêle qui est presque nouveau, lorsque le saint vagabond cherche à se réchauffer auprès du chien errant, qui lui aussi s'éloigne de sa misère : « Vois-tu », se dit-il, «malheureux, combien sont grands les péchés, car les chiens mêmes t'évitent et ne t'acceptent pas comme un chien d'entre eux ». Une riche imagination permet à cet écrivain plein de verve de créer des spectacles de paradis qui contrastent avec le dénuement du pauvre pouilleux qui traverse avec un guide surnaturel les espaces célestes, comme le fera Dante dans sa vision. Il y a de la meilleure poésie dans ces mirages du ciel.[278] La nouvelle hagiographie demi profane dégénère ainsi et passe parfois dans un autre domaine, celui du roman. Il ne lui manque que l'amour pour ressembler à celles d'un Achille Tatius.[279] L'apocalypse d'Anastasie, fondé sur une confusion, appartient presque à cette catégorie.[280] La rareté de ces Vies de Saints contemporaines est caractéristique pour l'esprit du temps.[281] Mais déjà l'œuvre de réunion, d'arrangement de tout ce roman des saints[282] fut accompli par Siméon le Métaphraste, leur « traducteur », d'après l'ordre de son maître, Constantin Porphyrogénète, avec le plus grand soin, des interprètes devant être engagés pour le latin, le syriaque, l'arabe, l'arménien et le hébreu.[283] Ce Siméon, auteur d'un hymne sur la communion,[284] fut Grand Logothète sous les deux empereurs guerriers de la seconde moitié du dixième siècle, ainsi que sous Basile II. Défenseur occasionnel de la foi contre les musulmans,[285] il eut la patience de mettre ensemble comme témoignage de la vraie orthodoxie ces Vies de Saints, d'époques différentes et de style très divers, dont il fit le corpus qui durera à travers les âges et passera dans toutes les langues de l'orthodoxie.[286] Mais la compilation du Métaphraste n'a aucun vrai ordre intérieur. Elle met ensemble des biographies d'origine diverse et du caractère le plus différent. Il y en a qui présentent des faits historiques sans aucun ornement littéraire, d'autres, au contraire, sont de ces esquisses de roman dont nous avons parlé ou contiennent, comme celle de St Jacques le Moine, une simple anecdote (la résistance du saint à tout piège féminin).[287] On trouve aussi de simples commémorations, et la Vie de St Androcin a la brièveté d'un procès-verbal,[288] alors que la Vie de St Jean Chrysostome est une large glorification de contenu vague. Celle de St Éphrem le Syrien est toute rhétorique. Les anachronismes ne manquent pas : on voit Trajan combattre les « Scythes », pour le mettre ensuite devant les Perses. Parfois des sources contemporaines sont citées, quelques noms d'auteurs sont conservés. Il y a des écrits qui visiblement s'attachent à un culte local : Alexandrie, Lampsaque. Par la Vie de St Auxence on peut connaître la topographie de Constantinople et des environs sous Théodose II.[289] Il y a de simples fragments comme celui, si riche en données contemporaines, sur St Théophane.[290] Le compilateur ne fait que revoir le style et ajouter parfois des considérations morales. Dans les Vies de St Samson et de Ste Théoctiste, dans l'éloge de la Vierge, œuvres personnelles, il apparaît cependant comme un habile narrateur, sachant dépouiller ses sources et en harmoniser le récit, ainsi que peut le faire un expert en fait de « tragédies ». Dans la première, l'auteur figure comme témoin. On voit l'homme du dixième siècle, l'amateur des réalités vivantes, le friand d'autobiographie.[291] La collection du Métaphraste n'a donc pas d'unité, avec ces biographies brèves, dans lesquelles ce qui intéresse est le faut seul, avec ces esquisses de roman, à la façon de la nouvelle littérature, avec ces glorifications très étendues, dans lesquelles à peine un peu de réalité surnage, avec ces simples anecdotes, et la réfection ne concerne que le style et ces généralités morales ajoutées à l'ancienne trame. Mais il est évident que le Métaphraste a fait un choix dans ses Vies, écartant tout ce qui pouvait nuire à l'orthodoxie, tout ce qui ne cadrait pas avec les doctrines religieuses et politiques courantes. Il a fait probablement disparaître beaucoup de textes jugés inadmissibles, de même que des témoignages historiques ont péri que le Porphyrogénète a cru devoir négliger. Le qualificatif même de Métaphraste montre l'œuvre ardue de traduction que le compilateur a dû accomplir sur des textes non grecs. Mais ce labeur difficile demande une autre explication que la piété envers les saints ou une curiosité littéraire à leur égard. À une époque où on cherchait à établir, à consolider, à créer des choses définitives, Siméon ajouta donc sa part dans le domaine de la religion. Il ne s'agissait plus, désormais, d'en interpréter le dogme ; l'heure était venue pour la fonder sur les sacrifices des martyrs, sur l'exemple des confesseurs et des hommes d'une vie sainte. Il fallait un Plutarque de l'idéal chrétien : le Métaphraste entendit l'être. La littérature originale manque de personnalité et d'entrain. On est encore à étudier l'antiquité, à la réétudier : plus écoliers qu'érudits, ayant la technique à leur disposition et fiers de pouvoir étaler leur savoir. On a vu que les empereurs mêmes, bien différents par leur éducation « universitaire » du fondateur, si simple d'esprit, de la dynastie, écrivent. On connaît des Homélies dues à Léon le Sage et à Constantin Porphyrogénète.[292] Un patriarche byzantin comme Nicolas (901-907, 911-925), nommé le «Mystique » uniquement parce qu'il avait été le secrétaire intime de son empereur, a laissé des lettres politiques qui permettent de le considérer comme une espèce de Cassiodore byzantin.[293] Les lettres de ce prélat († 15 mai 925) se distinguent nettement de l'épistolographie byzantine courante par leur attachement étroit aux réalités, soit qu'il s'agisse de défendre contre les abus des Arabes l'île de Chypre, qui s'était faite tributaire des califes depuis trois siècles,[294] soit que l'écrivain s'adresse pour un acte de générosité ou pour le maintien de la paix au Bulgare Siméon et à son archevêque.[295] Il emploie les souvenirs de l'histoire, comme Chrysostome allant dompter le Goth Gainas, pour convaincre l'ennemi de l'empereur,[296] Léon de Tripolis, qui voulait aller jusqu'à Constantinople et qui sera puni pour son agression.[297] Il rappelle même l'œuvre accomplie par le père du chef bulgare, son désir fervent de paix ;[298] il présente l'exemple des Arabes, qui respectent l'Empire.[299] Ce qui frappe dans ces lettres c'est l'abandon du point de vue exclusivement byzantin, l'autorité ecclésiastique que le Patriarche s'attribue à l'égard de Siméon parce qu'il est lui aussi chrétien au pair de ce jeune empereur envers lequel Nicolas prend des airs de tuteur ; plus que cela encore le rôle moral qu'il s'arroge à l'égard des Arabes eux-mêmes, auxquels il parle au nom du respect pour les traités, du devoir envers leurs sujets, de ce que nous appelons aujourd'hui « l’humanité ». Il ose se présenter comme désirant au même degré le salut des Romains et des Bulgares et s'offre à négocier lui-même pour obtenir à Siméon ce qu'il veut : « ou des tributs ou autre chose ». Mais on savait aussi rire à Byzance et on disposait de tous les moyens de coquetterie du style dont a usé et abusé l'Occident moderne. On en a la preuve dans les dix lettres de ce Léon, envoyé par son maître à la Cour d'Otto III, qu'il alla chercher dans sa « Longobardie », poussant jusqu'en « France » italienne, et qui fut témoin à Rome de l'élévation de l'anti-Pape Philagathe et des supplices, de la mort de ce malheureux. En écrivant à ses amis de Constantinople, il montre s'entendre en fait de quolibets, tout en se plaisant à citer les anciens.[300] La poésie n'est représentée que par Jean Kyriotès, dit « le Géomètre », et Constantin de Rhodes. Le premier, protospathaire d'abord, évêque ensuite, contemporain et fidèle de Nicéphore Phokas, est un auteur d'épigrammes qui écrivit aussi des éloges de la Vierge et du Christ, de tel saint, des poésies recommandant l'ascèse, qui paraît l'avoir gagné lui-même, sans compter des opuscules en prose.[301] Le Géomètre, « le Pèlerin », auteur non seulement de ces vers en l'honneur de la Sainte Vierge, de son Annonciation et de St Pantéléimon, mais aussi des épigrammes de son « Paradis », où il s'adresse même à un peintre contemporain fait ailleurs l'éloge de l'empereur Nicéphore Phokas, d'un Staurakios, de sa mère, une Niobé. Patriote byzantin, qui parle avec douleur des ravages agarènes en Orient, scythes en Occident, il osera, tout en flattant Jean Tzimiscès, célébrer les exploits de Nicéphore, assassiné par une femme après avoir pendant six ans vaincu « Scythes, Assyriens et Phéniciens ».[302] Il connaît Platon et le célèbre dans un de ces morceaux d'une facture si savante.[303] C'est un poète, et un vrai poète.[304] Non seulement par la maîtrise de forme d'un vers emprunté à l'antiquité, avec tout le vocabulaire archaïque et la syntaxe difficile, mais surtout à cause du souffle qui anime ses poèmes, dont beaucoup d'épigrammes très brèves et même des morceaux en prose, comme aussi les éloges d'un groupe de martyrs et même de la pomme, dont aucun fruit ne peut effacer la primauté.[305] Il connaît les écrivains du passé hellénique, aime à les citer, d'Homère à Platon, et montre une initiation sérieuse dans l'histoire et la légende des ancêtres grecs, ce qui ne l'empêche pas de mettre en rythme populaire une partie de la Bible.[306] C'est en même temps, non pas le glorificateur des princes qui règnent, mais celui qui, tout en chantant Jean Tzimiscès, revient, corne nous l'avons déjà dit, fidèlement sur le sujet tragique de la mort de Nicéphore.[307] Sa poésie s'attache à la vie contemporaine, et tel morceau est consacré au couvent de Stoudion,[308] un autre à la ville florissante de Nicée.[309] Il n'y a rien de la contrainte des écrivains liés à la seule tradition dans les vers simples et touchants, d'une fluence harmonieuse, qui décrivent un voyage sur la côte d'Asie à travers les plaines où les envahisseurs « amalécites » et l'incendie ont détruit toute une récolte, menaçant de faim la Capitale.[310] Les lignes sur la mort d'un père auquel il a rendu les derniers devoirs sont vraiment sincères : un sentiment réel est revêtu d'une poésie aussi discrète qu'harmonieuse.[311] Mais rien dans son œuvre ne dépasse son hymne au printemps, envoyé par le Christ. Il regrette de ne pas pouvoir participer lui-même, vieux, appauvri, triste à cette joie du monde renouvelé.[312] Poète de circonstance, Constantin de Rhodes, dit l'Asécrétis, donc encore un secrétaire, chante sous Constantin le Porphyrogénète les beautés de l'église des Saints Apôtres et de Ste Sophie, en dénigrant grossièrement le sens païen du terme de la sagesse.[313] Il y aura enfin comme un souvenir des meilleurs hymnes anciens de l'Église dans le morceau liturgique qui rappelle celui qui, « même décapité, sanctifie par la rançon de son sang », Nicéphore Phokas. Dans cette Byzance où on s'inclinait comme devant un Dieu devant celui qui portait le sceptre, ce beau poème, d'un rythme si alerte, est en même temps la preuve de sentiments qu'on se plaît trop à ignorer.[314] Il est impossible d'assigner des dates à de petits poèmes aussi vagues que celui où l'étranger se plaint de vivre seul.[315] Le Patriarche Euthyme (907-912) a laissé quelques œuvres littéraires.[316] L'époque suivante aura un grand mystique, Siméon le Nouveau,[317] dont cependant les théories sont d'une indécision de forme qui fatigue. La littérature polémique à laquelle Constantin le Rhodien lui aussi a consacré un morceau, qui s'attaque à tel courtisan, est inaugurée de fait par ce Philopatris,[318] imité d'après Lucien, que après l'avoir attribué d'abord à ce Voltaire de l'hellénisme agonisant, on a placé à l'époque d'Héraclius, pour le retenir, avec raison, à celle de Tzimiscès.[319] Ce dialogue, très vivant, dans lequel un nationaliste byzantin rêve de la délivrance de l'Egypte, de la chute de Bagdad, de la mainmise sur les « Perses », dont le nom doit être compris, en tenant compte des tendances archaïsantes qui régnaient à Constantinople, comme remplaçant celui des Arabes, ne peut appartenir qu'à l'époque des conquêtes dans les îles et en Asie. L'auteur aime l'ombre des platanes, il parle des charmes de la nuit, mais ce n'est pas seulement un rêveur : sa critique atteint la situation fiscale, si malheureuse, qui est la contrepartie d'un règne glorieux. Des types curieux de la société contemporaine, comme les astrologues qui conspirent dans la « maison dorée », sont très bien rendus. Le style, d'une aristophanesque saveur — Constantin le Rhodien imitait le même modèle[320] —, accroît la valeur de ce pamphlet. Il n'y a, sans doute, rien de réel, ni comme inimitié à l'égard d'un paganisme de pure surface, ni comme dénonciation de conspirateur, dans cet opuscule, du reste, si intéressant.[321] Mais déjà des œuvres remarquables sont consacrées à l'histoire, qui revêt de nouveau un vêtement de style châtié, tendant vers la perfection de l'antiquité. Une partie de ces ouvrages s'est perdue ou on n'en a que des fragments, comme ceux de celui qu'on appelle le « toparque goth », un bon connaisseur des régions au Nord de la Mer Noire.[322] La prise de Thessalonique par les Arabes de Léon de Tripolis, un « Barbaresque », est décrite simplement, mais non sans une compréhension de la forme, dont l'auteur cherche les modèles dans Homère même, tout en abhorrant les « Hellènes menteurs », par Jean le Kaméniate, prêtre de cette ville, et « kouboukléisios » de la Métropolie, mais originaire, comme la montre son nom, du territoire « esclavon » : il écrit dans son refuge à Tarse.[323] Théodore Daphnopatès, qui fut le secrétaire de Rhomanos Lécapène et laissa un recueil de lettres,[324] s'occupant aussi des écrits du Chrysostome, est mentionné par Skylitzès parmi les historiens, à côté de toute une série d'auteurs dont les œuvres se sont perdues.[325] Mais c'est dans Léon le Diacre, originaire de Carie, fils d'un Basile de Kaloé, témoin des campagnes de Nicéphore Phokas contre les Arabes, les Bulgares et les Russes et de celles de Basile II, glorificateur de ces guerres, qu'il faut chercher ce que cette époque a donné de plus remarquable en fait d'histoire.[326] Lui aussi il s'inspire du passé littéraire antique : Homère, Hérodote, Arrien, le Périple, mais aussi des prophètes d'Israël. Il s'intéresse aux phénomènes de la nature : pluies, éclipses, comètes, tremblements de terre. On trouve chez lui la mention du « très savant logothète et magister Siméon ». C'est le premier auteur de mémoires qu'ait connu Byzance, et il doit sa tournure d'esprit à cette école laïque qui commençait déjà à former des individualismes franchement dessinés. |
[1] Nicéphore, éd. Migne, Patr. Gr.
[2] Pour les couvents refaits : Kymina (Anatolie) :
Mercati, dans les Byz.-neugriech.
Jahrbücher, IV ; Khanolakkos
: Pargoire, dans les Échos d’Orient,
VI ; Patmos : Diehl, dans la Byz. Zeitschrift,
I. Cf. Dvornik, Les légendes.
[3] Vie de St Etienne le nouveau, loc.
cit.
[4] Ibid Théophane cont.
[5] Théophane. Voyez aussi J. D. Phoropoulos, op.
cit..
[6] Théophane cont.
[7] Vie de Nicéphore, Migne, Patr. Gr., C.
[8] Ibid.
[9] Voyez les ouvrages déjà cités : F. Fuchs, Die
höheren Schulen von Konstantinopel im Mittelalter, Leipzig-Berlin 1926 ; L. Bréhier, Notes sur
l'histoire de l'enseignement supérieur à Constantinople, dans le Byzantion, III et IV.
[10] Procope, Bell. Ital. Cf. Agathias (aussi école de Sidon).
[11] Pour l'ancienne bibliographie voyez aussi F. C.
Schlosser, Geschichte der bilderstürmenden Kaiser des oströmischen Reiches, Francfort
1812.
[12] L. Bréhier, L'Art byzantin.
[13] Théophane cont.
[14] Cf. la description d'un jardin botanique et
zoologique créé dans la cour d'un monastère, celui des Blachemes ; Vie de St
Etienne le Jeune.
[15] Vie de St Etienne le jeune. Des
comparaisons tirées de la peinture, dans Théophane cont.
[16] Ibid. Cf. notre article dans l'Acropole, 1ère année, et
notre Brève Histoire de la Petite Arménie.
[17] P. Jerphanion, Églises rupestres (déjà citées).
[18] Diehl, Art byz. Voyez Bréhier, Manuel
d'art byzantin. Sur l'inspiration tirée des scènes dramatiques que l'Église
présentait aux fidèles voyez ibid. ; Giorgio Piana, Le
rappresentazioni sacre nella letteratura bizantina, dalle origini al secolo IX, cor. rapporti al teatro
sacro d'Occidente, Grottaferrata, 1912, et l'ouvrage récent
de Mme Venetia Cottas, Le théâtre à Byzance, Paris 1931 (cf. notre Revue, VIII). Aussi, sur
le Cristoz paskwn, Van
Cleef, dans les Transactions de l'Académie de Wisconsin, VIII (1892).
[19] Tikkanen, Die Psalterillustration im
Mittealter et le Compte rendu dans le Viz. Vréménik, IX. Cf. la lettre de Psellos
à l'empereur Constantin Monomaque.
[20] Sur la statue de Justinien II brisée par Bardas, Patria, loc. cit., c. 818 et
suiv.
[21] Id.
[22] Bréhier, L'art byzantin.
[23] Ibid.
[24] Ibid. La croix de Justin II, dans Bayet, L'art
byzantin, et dans
Oman, op. cit.
[25] Sur les portes de bronze de Ste Sophie (838), N.
Brunov, dans le Repertorium für Kunstwissenschaft, XLIX.
[26] Migne, Patr. Gr. C.
[27] Bréhier, L'art byzantin.
[28] Ebersolt, Mission archéologique à
Constantinople, Paris
1921
[29] Bréhier, L'art byzantin.
[30] Ebersolt, loc. cit.
[31] Syllogue de la Société philologique de Constantinople,
XV, Supplément.
[32] Voyez Échos
d’Orient, XI.
[33] H. Gluck, Das Hebdomon von Konstantinopel und
seine Reste in Makriköi, Viene
1920 ; J. B. Thibaut, dans les Échos
d’Orient, 1922.
[34] J. Labarte, Le palais impérial de
Constantinople et ses abords, Paris
1861 ; Ebersolt, Le grand palais de Constantinople et le Livre des
cérémonies, Paris
1910. Voyez aussi Diehl, op. cit.
[35] Vie de St Taraise, dans Migne, Patr. Gr., XCVIII ; éd.
Heikel, dans les Acta Societatis scientiarum fennicae, XVII (1889) ; Fr.
Dvornik, La Vie de St Grégoire le Décapolite et les Slaves macédoniens au IXe
siècle, Paris 1926 ;
Papadopoulos Kérameus, dans la Byz. Zeitschrift, II ; C. Fr. Müller, ibid., III ; Usener, Acta martyris Anastasii Persae, Bonn 1894. Aussi
Papadopoulos-Kérameus, 1902. Une Vie, conservée en latin, de St
Taraise, Migne, Patr. Gr.,
XCVIII, c. 1385 et suiv.
[36] Voyez Pargoire, Les monastères de saint Ignace, dans les Izvestia de
l'Institut russe de Constantinople, VII.
[37] La Vie a été publiée à Dorpat (louriev), en 1R99,
par l'évêque Arsène ; puis par Kurtz, dans les Mémoires de l'Académie de
St.-Pétersbourg, 1902 (8e série, VI). Cf. P. N. Papaguéorguiou, dans
la Byz. Zeitschrift, X ; Maas, dans la Byz. Zeitschrift, XII. De la même époque : Vies
de St Luc le Jeune, Migne, Patr. Gr., CXI ; de St Joseph l'Hymnographe, ibid., CV ; de St Athanase, Acta
Sanctorum, avril,
[Il ; de St Georges d'Amastris, éd. Vasiliewski, St.-Pétersbourg 1890 ; de St
Antoine le Nouveau, éd. Papadopoulos-Kérameus, Soc. Orth. de Palestine, LVII ; de St Joannice par le moine
Pierre d'Agauros, éd. van den Gheyn, Acta Sanctorum, novembre, II ; de St..
Méthode, Migne, Patr. Gr.,
C, c. 1243 et suiv. ; de St Euthyme le Patriarche (éd. de Boor,
Berlin 1888) ; de St Germain le Patriarche, Papadopoulos-Kérameus, dans le Syllogue
de Constantinople, 1884 [voyez aussi Fuchs, dans les Bayerische Blätter für
das Gymnasialschulwesen, LIX ( 923) ; de St Jean le Psichaïte, P. van den
Ven, La vie grecque de St Jean le Psichaïte, confesseur sous le règne de Léon l'Arménien (813-820),
Louvain 1902 ; de St Evariste, Vie de S. Evariste, higoumène à
Constantinople (n. 819), éd. par van de Vorst,
dans les Anal. Bollandiana,
XLI, 1923, p. 28S et suiv. ; de St Athanase, ibid., XXV, 1906 ; d'Euthyme le Jeune par l'archevêque Basile
de Thessalonique, Petit, Bibl.
d'hagiographie orientale, Paris 1904 ; de St Élie le Jeune, Acta
Sanctorum, août, III
; de St Etienne le Jeune, Vasiliewski, dans le Journal du Ministère de
l'Instruction russe, 1877 ; de St Auxence, Clugnet et Pargoire,
Vie de St Auxence, Paris
1904 ; cf. P. V. Nikitine, dans les Izvestia de Péters-bourg, 1912 ; de
St Paul le jeune, Anal. Boll.,
XI (cf. les renseignements recueillis par M. Bréhier, dans le Byzantion, I) ; les actes de soixante
martyrs, éd. par Papadopoulos-Kérameus, dans la Soc. orthodoxe de Palestine, XII
(1892). En général, pour les siècles VIII et IX, Loparev, dans le Viz.
Vrémennik, XVI ; XVIII. Voyez, aussi Tougard, De l'histoire profane dans
les Actes grecs des Bollandistes, Paris,
1874.
[38] Édition Théophile Ioannou, Venise 1884. Cf.
Zerlentis, dans la Byz. Zeitschrift, X ; Delehaye, dans le Byzantion, I.
[39] Migne, Patr. Gr., CV, 422-424.
[40] Ibid.
[41] Publié par M. Vasiliev dans les Mémoires de l'Institut russe de
Constantinople, V (1900). Cf. Bréhier, dans le Byzantion, I. Voyez
aussi la Vie de Phégoumène Michel Maléinos, par son élève Théophane, M. Gédéon
dans le Syllogue de la Société de Constantinople, Suppl. Cf. L. Petit, Vie
et office de St Michel Maléinos,
suivis du traité ascétique de Basile Maleinote, Paris 1903
[42] Zuretti, I, Palerme.
[43] Migne, Pair. Gr., CIV.
[44] Migne, Patr. Gr., CXVII, c. 1165 et suiv. Éd. C. F. Mùller, Kiel
1886. Cf. Byz. Zeitschrift,
I.
[45] Sur son Oneirokritikon, F. Drexl, dans sa Festgabe
et suiv. (cf. Achmetis Oneirocndcon,
édité par le même, Leipzig, 1925).
[46] Dans la revue Eos de Lwôw, 1908.
[47] Voyez Mercati, dans la Byz. Zeitschrift, XXX.
[48] Migne, Patr. Gr., CVI, c. 500 et suiv., 787 et suiv. ; ibid., CXXII, c. 1285 ; Peter Becker, De Photio et Aretha scriptoribus,
thèse, Bonn ; Kougéas, Athènes 1913 ; Comperman, Aus dem Utterarischen Nachlasse
des Erzhischofs Arethas aus Kaisarcia, Didaskalikon,
1913 le même, dans les Studi bizantino-neœllenici, III ;
Drasecke, dans les Neue Jahrbücher für das klassische Altertum, 1915 ;
Sokolov, dans les Byz.-neugr.
Jahrbücher, VIII, p. 298 ; Chestakov, dans les Byzantinoslavica, I (1929). Il se plaint de ce que, à Constantinople, les laïcs empiètent
sur les droits des clercs.
[49] Sur des hymnographes comme David ou Gabriel,
Petridès, dans les Échos d’Orient, VIII. Voyez aussi l'« Épilogue
» d'Agathon ; Mansi, XII.
[50] Éd. Migne, Patr. Gr., C. Ci Krumbacher, Byz. Litt. Voyez aussi A.
Burckhardt, dans la Byz.
Zeitschrift, V. 465 et suiv. ;
Dobschütz, dans la Realencyklopädie Kir protestantische Théologie und Kirche,
3e éd., XIV. Traduction bulgare, Zlatarski, dans le Sbornik
de Sofia, 1923.
La chronique
syrienne contemporaine est celle de Denis de Telmahré († 845), éd. J. B. Chabot, Paris 189.1 (dans
la Bibl. de l'École des
Hautes Etudes, 112)
[51] Georgii Monctchi Chronkon, éd. Carolus de Boor, I-II,
Leipzig 1904 (cf. Chestakov, dans le Viz. Vrémennik, XIII). Voyez Krum-bacher, Byz. Litt. ; C. de Boor, Zur Kenntnis der Welt-chronik
des Georgios Monachos, dans les Historische
Untersuchungen Arnold Schafer gewidmet, Bonn 1882, ; Fr. Diekamp, Der Mönch und Presbyter Georgios,
dans la Byz. Zeitschrift, IX ; F. Lauchert, ibid,, IV ; de Boor, ibid.,
VI ; Th. Preger, ibid. ; Praechter, ibid., XV ; Viz. Vrémennik, II :
Istrine, ibid., XIII ; le même, dans le Journal du
Ministère de l'Instruction russe, mai 1917 ; Chronik des Georgios Hamartolos in
slavisch-russischer Ûbersetzimg, Pétrograde 1920-22 ; éd.
de cette version par le même, 1922 ; P. A. Lavrov, Zur Frage ûber den Ort
und die Zeit der slavischen Ûbersetzung
der Chronik des Georgios Hamartolos ;
Weingart, Byzantskë kroniky
v literature cirkemé slov., Bratislava
1922-4 ; Bidlo, dans les Byz.-neugr.
Jahrbücher, VI ; KauchciSvili, Georgii Monachi Chronicon, Tiflis 1920.
[52] Éd. de Bonn.
[53] Voyez Milard, dans la Byz. Zeitschrift, XII ; Ostrogorsky, ibid., XXX.
[54] Théophane cont, p. 175 ; Migne, Patr. Gr., CII ; Photii Patriarchae opuscidum paraeneticum,
appendix gnomica, éd. Sternbach, Cracovic 1893 (Dissertations
de l'Académie, XX) ; Analecta photiana,
ibid, ; Papadopoulos Kérameus, Sanctissimi Patriarchae Photii, archiepiscopi
Constantinopoleos, epistolae XLV, Pétersbourg 1896
; le même, Monumenta graeca
et latina ad historiam Photii Patriarchae
perduentia, Pétrograde 1899-1901 ; P. N. Papaguéorguiou, Trieste,
1900 (voyez Byz. Zeitschrift, XI) ; R. Reitzenstein, Der Anfang des Lexikons des
Photius, Leipzig-Berlin, 1927 ; Edgar Martini, Textgeschichte der Bibliothek des Patriarchen
Photios von Konstantinopel, I, Leipzig 1911 ;
(voyez le même dans le Sylloguede la
Société de Constantinople Suppl.) ; La Rue van Hook, The literary criticism in the Biblioteca
o/ Photius, dans
la Classical Philology, Chicago, IV (1909) ; Papadopoulos-Kérameus, II
(vers un canon) ; éd. Àristarchi (Homélies), Constantinople 1901, 2 vol. — Pour
la bibliographie, en dehors de celle donnée par Krumbacher, Byz. Litt., J. Hergenröther, Monumenta Graeca, Ratisbonne 1869 ; Monumenta ad... Photium pertinentia
; Photius. Patriarch von Konstantinopel, Ratisbonne,
1867 ; Revue internationale de theologie, I (1893) (d'après les ouvrages
russes) ; B. Lucaci, Viafa Patriarhului
Fotie (compilation), Baia Mare 1893 ; Wentzel, dans l'Hermes,
XXX (1895) ; Stiglmayr, dans l'Historisches Jahrbuch der Görresgesellschaft, XIX (1894) ;
Dräsecke, Die Syllogismen
des Photios, dans la Zeitschrift
für wissenschaftliche Theologie, XLIV (1901) ; P. N. Papaguéorguiou, I,
Leipzig 1901 ; Papadopoulos-Kérameus, Athènes 1903 ; van Leeuwen, dans la Mnemosyne,
N. F., XXXIV
(1907) ; Hermes, 1907 ; Peter Becker, De Photio et Aretha, lexicorum scriptoribus,
thèse, Bonn 1909 ; Ruinant, Le schisme de Photius, Paris 1910 ; A.
Vonach, Die Berichte des
Photios über die fünf älteren attischen
Redner, dans les Commentationes œnipontanae, V, 1910 ;
Carolus Rudolfus Mœller, De Photii
Petrique Skuli libris contra Manichaeos scriptis,
Bonn 1910 ; Martin, dans les Abhandlungen de la Société Saxonne,
XXVII (1911) ; Chrysostome Papadopoulos, Athènes 1912 ; Emil Orth, Photiana, Leipzig, 1928 ; Drasecke, dans le Byz.
Zeitschrift, V ; N. Papaguéorguiou, ibid., VII ; Papadopoulos-Kérameus, ibid., VIII ; Drasecke, Ratramnus und Pbotios, ibid., XVIII
; Échos d’Orient, III (Photius et les
Russes) ; ibid., VI
(appels byzantins au Pape avant lui) ; Théarvic, ibid., VII (Photius et l'Acathistc) ;
ibid., VIII (Photius et l'Acathiste) ; Jugie, dans la Revue de l’Orient chrétien, 1922-1923 (son culte) ; Souarn, dans le
Bessarione, IV (1898 (Photius « évergète ») ; Jugie, ibid., 1919-20
(extrait, 1911 ; sur la primauté de Rome) ; le même, De Photii morali effigie,
ibid., XXV (1921)). Une thèse de Rostock a été consacrée en 1929
à son « esthétique littéraire ».
[55] Mansi, Concilia, XVI, c 293 et suiv. ; Migne, Patr. Gr., CV, c. 856 et suiv.
[56] Voyez notre étude, dans le Byzantion de 1927.
[57] Ad
Amphilochium, dans Migne, Pair. Gr., CI, c. 557.
[58] Voyez N. Valetta, Londres 1864.
[59] Migne, Patr. Gr., CII, c. 628
et suiv.
[60] Cf. Papadopoulos-Kérameus, Quarante-cinq lettres inédites, Pétersbourg
1869.
[61] Migne, Patr. Gr., CII, c. 765 et suiv.
[62] Voyez surtout la Vie de St Ignace par
Michel le Paphlagonien, Migne, Patr. Gr., CV, c. 544 et suiv. Cf. Vie de St Jean
Phymnographe, ibid., CV,
c. 939 et suiv.
[63] Lettres, ibid., c. 588.
[64] Ibid.,
c. 609. Cf. c, 649. Un frère du même nom, ibid., c. 944, 969 et suiv.
[65] Ad
Amphilochium, Migne, Patr. Gr., CI, c. 736 et suiv.
[66] Ibid., c. 725.
[67] Ibid.,
c. 725.
[68] Cf. ibid., c. 269, 557, 576 et suiv. 816 et suiv., 1169. Ses lettres de
l'exil, ibid., Cil, c.
742 et suiv.
[69] Ibid.
CV.
[70] Ibid.,
c. 628 et suiv. — Sur ses relations avec l'Église et l’État des
Arméniens, ibid., c. 714
et suiv.
[71] Ibid.
[72] Théophane cont.
[73] Ibid.
[74] Albert Vogt, Basile Ier, empereur de Byzance (867-886)
et la civilisation byzantine à la fin
du IXe siècle, Paris 1908 ; le même et P. Hausherr,
Oraison funèbre de Basile
I par son fils Léon VI le Sage,
dans les Orientalia christiana, XXV1 (1932) (cf.
Grégoire, dans le Byzantion, VII) ;
Vogt, The Macédonien dynasty
from 867 to
976 and from 976 to 1057 A. D.,
dans la Cambridge Mediaeval
History, III ; Brooks, Age of Basil, dans la Byz. Zeitschrift, I, XX
(1911) ; N. Popov, Concernant l'histoire
civile de Byzance à l'époque de là
dynastie macédonienne (en russe), Moscou 1916 ; cf.
Nöldeke, Sketchs from Eastern
history, trad. Black, Londres 1892 ; Baynes, History. Cf.
Freshfield, Les manuels officiels
de droit lomain publiés à Constantinople
par les empereurs Léon III et Basile
I (726-870), Paris 1829. Aussi Bréhier, Les populations rurales au
IXe siècle, d'après l'hagiographie byzantine,
dans le Byzantion, I ; Christo
M. Macri, L'organisation de
l'économie urbaine dans Byzance sous la
dynastie de Macédoine de 867-1057, Paris
1925.
[75] Ed. Zachariä von Lingenthal, Heidelberg 1839
(avec l'Épanagogé). Pour les Basilicales l'édition de Heimbach, Leipzig 1833-
1870, 6 vol.
[76] Voyez Sokoliski, dans la Byz. Zeitschrift, IV.
[77] Sur sa nouvelle monnaie, le senzaton, Théophane cont.
[78] Ibid.
[79] A partir de 858. Il est déposé par le concile de
867. Les sources dans Dölger, Regesten. Surtout la pièce décisive dans
Mansi, XV (lettre de reproches au Pape, qui avait écrit dans cette langue «
scythe » qui est le latin et s'était opposé à l'empereur, qui a le droit de lui
ordonner). Cf. les objections d'opinions et de coutumes dans la lettre de 867 ;
Mansi, XV (cf. Dölger, loc. cit., n° 470). Aussi, sous Basile déjà,
en 867, une lettre dans Mansi, C VI (cf. Dölger, op. cit., n° 474). Sur le
concile de 870, Mansi, XV (cf. Dölger, op.
cit., nos. 484-486).
[80] Voyez Duchesne, Églises séparées, Paris 1896. Elle
passa par les Gaules à Rome ; ibid.
Voyez aussi Lapôtre, Jean
VIII.
[81] Voyez l'étude de Lébédev sur les deux schismes
(en russe), Moscou 1900. Sur l'attitude de la population de Constantinople,
nettement pour Photius, Gelzer, Kultur.
[82] J. G. C. Anderson, The campaign of Basil I
against tbe Paulicians in 872 A. D.,
dans la Classical Review, X (1896). Pour les mesures contre les
Juifs, Cumont, La conversion
des Juifs byzantins au IXe siècle,
dans la Revue de l'Instruction publique en Belgique, XLVI ; E. de
Stoop, Het antisémitisme
to Byzance under Basile the Macedonian, dans les Verslagen de l'Académie
flamande, 1913 (autres sources dans Dölger, Regesten, nos 478-479).
[83] Voyez Théophane cont.
[84] Théophane cont. ; Wilken, Über die Verhältnisse der Russen
zum Byzantiner Kaisertum in dem Zeitraum
von 9.-12. Jahrhundert, dans les .Mémoires » de l'Académie
de Berlin, 1829 ; A. Couret, Les
Russes à Constantinople, 865-1116, dans la
Revue des questions historiques, XIX (1876) ; Viz. Vrémennik, II ;
Gerland, Photios und der
Angriff der Russen auf Byzanz (18 Juni 860), dans
les Neue Jahrbücher für das klassische Altertum, VI (1903) ;
Vasiliewski. dans la Byz.
Zeitschrift, IV ; C. de Boor, Der Angriff der Rhos auf Byzanz, ibid.
— Pour les traités, Richard Solomon, dans la Byz. Zeitschrift, XX, ;
A. Dimitriou, dans le Viz.
Vrémennik, II ; T. Arné, Les
rapports de la Russie avec la Suède
et l'Orient au temps des wikings, dans
le Monde Slave, V (1925) ; Rostovtzev, Les origines de la Russie hiévienne, dans
la Revue des études slaves, I. 1922 ; Ouspenski, dans le Byzantion,
IV. Cf. Pargoire, St Marnas, le
quartier des Russes à Constantinople, dans
les Echos d’Orient, XI. Voyez aussi,
sur les rapports avec les Abasges et les Alains, Nicolas le Mystique, dans
Migne, CXI, c. 241 et suiv, 336. Demande d'un évêque pour les Khazars, ibid., c. 268.
[85] Voyez Palmieri, La conversione dei Russi al cristianesimo
e la testimonianza
ai Fozio, dans
les Studi religiosi, I, (1901).
[86] Théophane cont. Voyez notre étude sur Raguse ;
extrait de la Revue historique du Sud-Est européen.
[87] Voyez Dölger, Regesten, nos 476-477 (d'après
Théophane cont. et Cédrénus).
[88] Voyez Jirecek, Geschichte der Serben, I.
[89] Ibid.
[90] Théophane cont.
[91] Cédrénus, II.
[92] Théophane cont.
[93] Cédrénus, II.
[94] En 885-886. D'après Jean le Katholikos, Histoire de l'Arménie, trad.
par J. de St Martin, Dölger, Regesten, n° 506. Voyez aussi H. Daghbascheen, Gründung des Bagratidenreiches durch
Aschot Bagratuni, Berlin 1893.
[95] Sur Ooryphas et ses cent vaisseaux, Théophane
cont. Sur le drungaire, Siméon Métaphraste dans Migne, Pair. Gr., CXVI, c. 293.
[96] Théophane cont.
[97] Ibid.
[98] Ibid.
[99] Ibid.,
Reprise de Samos.
[100] Théophane cont. Une offensive byzantine en
Sicile. Cf. Ibid. pour
les combats de Taormina.
[101] Cf. Hugues de Flavigny, dans les Mon. Germ. Hist, VIII ;
Raoul Glaber ; ibid., VII.
[102] Liber Pontificalis ; Gay, L'Italie méridionale et l'Empire byzantin,
Paris 1904.
[103] Liber Pontificalis. Sur les rapports des Papes avec la
grécité, notre Interdépendance.
[104] Muratori,II, c. 238.
[105] Ibid.
[106] Annales Salernitani, Cf. Kleinclausz, La lettre de Louis II
à Basile de Macédoine, dans le Moyen-Âge, II
; Poupardin, La lettre de
Louis Il à Basile de Macédoine à propos
d'un livre récent, ibid., VII ; Walter
Henze, Über den Brief
Kaiser Ludwigs II. an den Kaiser Basilius
I, dans le Neues Archiv der Gesellschaft für altere deutsche
Geschichte, XXXV (1909-10) ; Rein, dans les Mémoires de l'Académie
de Berlin, 1919.
[107] Annales carolingiennes, année 869. Cf. notre Interdépendance.
[108] Annales Salernitani ; Gay, op.
cit..
[109] Théophane cont. Pour les Slaves ibid. Cf. les Annales Carolingiennes.
[110] Léon le Diacre, éd. Hase, et Zuretti, dans le Centenario della nascita di Aman,
I.
[111] Un moine prétendit cependant qu'il eût reconnu en
plein synode le basileus Louis et l'Auguste Ingelberge (Mansi, XII).
[112] Erehempert, passages cités dans notre Interdépendance.
[113] Voyez chapitre précédent.
[114] Annales citées.
[115] Voyez Joseph Langen, Geschichte der römischen Kirche von
Léon I. bis Nicolaus L, Bonn 1895.
[116] « Graeci vero propter cacodoxiam, videlicet malam
opinionem, Romanorum imperatores existere cessaverunt, deserentes non solum
urbem et sedem imperii, sed et gentem romanam et ipsam quoque linguam
amittentes atque ad alia transmigrantes ».
[117] Anonyme de Salerne.
[118] A. Hofmeister, Zur Geschichte Amalfis in der byzantinischen Zeit, dans les Byz.-neugriech. Jahrbücher, I (1920).
[119] Ibid. Cf. aussi le même, ibid., IV, Sur la fondation au Mont Athos
de Pantaléon d'Amalfi, Gelzer, Kultur.
[120] Théophane cont.
[121] Sur les propriétaires de ttTijiiaxa, ibid.
[122] Voyez Mitard, Le pouvoir impérial au temps de Léon
VI le Sage, dans les Mélanges Diehl, I.
[123] Théophane cont.
[124] On les revêtait de soie, on leur donnait des protostrators,
mais ils devaient être toujours dans la suite du maître, étant ses clients, ses
alnslai, comme dans la
vieille Rome ; ibid.
[125] Siméon le Métaphraste, dans Migne, Patr. Gr., CXV, c. 293. Sur les
protospalhaires, ibid., c.
293. Sur le protospathaire Bardas, frère du patrice macédonien Jean, ami de
l'empereur Romain II, ibid., c.
301. Sur les « chartulaires », ibid., c. 304. Sur les « spatharocubiculaires », ibid., c. 293.
[126] Sur ce prince (886-911) et son frère et corégent
Alexandre (8S6-9I2), voyez N. Popov, Léon VI (en russe), 1892 ; Mitaw, Études sur le règne de
Léon VI, dans la Byz.
Zeitschrift, XII (1903) ; Lambros, Léon und Atexander aïs Mitkaiser
von Byzanz, ibid., IV (1895) ; Fischer, ibid., V ; VI. Cf. aussi Ed. Kurlz, Ztvei griechische Texte ùber
die Heilige Theophano, die Gemahlin Kaisers
Léon VI., dans les Mémoires de l'Académie de
Pétersbourg, VIII, III, 2, 1898 (cf. Viz. Vrémennik, X). Léon apparaît le premier
trônant sur ses monnaies (Mouchmov, dans la Byz. Zeitschrift, XXX).
[127] En 838 par exemple ; Dölger, Regesten, n° 437.
[128] Voyez la mention de Basile dans Romuald de
Salerne.
[129] Gay, dans le Bulletin de la section historique
de l'Académie Roumaine, XI.
[130] Cf. O. Vehse, Das Bündnis gegen die Sarazenen vom Jahr
915, dans les Quellen und Forschungen aus italiänischen Archiveri
und Bibliotheken, XIX. Voyez aussi Eutychius, dans Migne, Patr. Gr., CXI, c. 1145.
[131] Cédrénus.
[132] Voyez, pour la guerre sous Basile et le siège de Sofia, Léon le Diacre ; Cédrénus.
[133]
Voyez Byz. Zeitschrift, VI (origine des
Magyars) ; ibid., VII
(ancienne époque) ; H. Schônebaum, Die Kenntnis der byzantinischen Geschichtschreiber
von der ältesten Geschichte der Landnahme,
Leipzig 1922 ; Gyula Moravcsik, Die archaisierenden Namen der Ungarn in Byzanz, dans la Byz. Zeitschrift,
XXX ; Bury, The coming of
the Hungarians, their
origin and early nanties, dans la Scottish
Review, juillet 1892 ; Macartney, The Magyars in the ninth century, Cambridge
1930 ; le même, dans les Byz.-neugr.
Jahrbücher, VIII, ; Heisenberg, Magyarorszâg es Bizâncz, Debreczen
1928 ; Syrku, dans le Viz. Vrémennik, VII (aussi d'après un
article de Thallôczy, dans la revue Századok) ; Thallôczy, Die ungarischen Beziehurtgen der
Chronik des Presbyters Diocleas, dans l'Archiv
für slavische Philologie, XX ; Gyula Németh, A honfoglalô magyarsâg kialakulàsa,
Budapest 1930 (cf. J. Kiss, Tronbetöltés es ducatus az Arpadkôraban, dans la
Századok, LXII, 19 S.
[134] On vit pendant longtemps le vallum qu'il fit creuser des Blachernes à la Porte d'Or.
[135] Léon le Diacre.
[136] Liutprand
[137]
Ibid. Cf. Runciman, op.
cit.
[138] Léon le Diacre. Voyez Abicht, dans l'Archiv
für slavische Philologie, XVII (1895) ; Cheslakov, Fur Geschichte der griechisch-bulgarischen
Beziehungen in dem driilen Jahrzehnte dis
X. Jahrhunderts, dans les Byzantinoslavica, M ;
Kouznékov, dans le Sbornik za narodni oumot-vérénii de Sofia, 1900.
[139] Ouspenski, dans les Izvestia de l'Institut russe de Constantinople, III (1898). Cf. aussi le Viz. Vrémennik, VI, et Balachtchev, d'après la Vie de St Marie la Nouvelle, dans les Izvestia de l'Institut russe de Constantinople.
[140] Nicolas le Mystique, dans Migne, Patr. Gr., CXI, c. 196 et suiv.
[141] Voyez sur cette querelle ibid., CXIII, surtout c. 1144, 1150, 1151. Zoé était la fille d'un Tzantzès ; Patria, loc. cit., c. 612.
[142] Ibid., c. 101.
[143] Ibid., c. 112 et suiv.
[144] Ibid.. c. 128.
[145] Sur un ancien projet, dénoncé par Boga, le gou verneur de Cherson, d'une alliance bulgaro-petchénègue, ibid., c. 72 et suiv. Cf. ibid. et aussi ibid., c. 176, et Chestacov, dans les Byzantinoslavica, III.
[146] Ibid. Cf. Runciman, op. cit.
[147] Théophane cont.
[148] Ibid.
[149] Voyez Zlatarski, dans les Mélanges Kondakov. Sur l'ancienne frontière déjà mentionnée, les Izvestia de l'Institut russe de Constantinople, III (1898). Sur le mur élevé en 928, Echos d’Orient, III. Relations anciennes avec les Magyars, Byz. Zeitschrift, IV.
[150] Elle fut suivie par une nouvelle paix ; Théophane cont., loc. cit. ; cf. Runciman, op. cit. Sur un raid dévastateur jusqu'à Lampsaque (919), Nicolas le Mystique, loc. cit., c. 301.
[151]
Constantin Porphyrogénète feint de
ne pas comprendre comment Rhomanos est devenu empereur ; De adm. Imperii.
[152] Voyez Runciman, The emperor Romanus Lecapetms
and his reign, Cam bridge 1929, et le First Bulgarian Empire ;
Byzantion », IV, Pour ses lettres, Sakkélion, dans le isX-tov de la Société
d'Athènes, II (1883). Sur sa protimisis, Schupfer, dans les « Atti della r. Accademia dei Lincei », i8
0. Sur un Laomédon Lécapène, « Byz. Zeitschrift », II. Cf. Gelzer, Kultur.
[153] Théophane cont. ; Cédrénus. Cf. Runciman,
Bulg. Emp. ; Romanos.
[154] Cédrénus.
[155] Ibid.
[156] C'est, du reste, la langue que Siméon employait dans ses inscriptions.
[157]
Ibid. L'empereur lui donna ensuite le baiser de paix.
Cf. Runciman, Bulg. Emp.
Romanos.
[158] Cédrénus.
[159]
Constantin Porphyrogénète, De adm. Imp.
[160] Voyez notre Raguse.
[161] Jirecek, op. cit., I. Le nouveau
chef serbe, sous le même patronage impérial, portera le nom indigène de Seslav
ou Tcheslav ; ibid. Voyez aussi Jirecek, Geschichte der Serben, I. Sur ces
princes et Michel de Chlm, ibid.,
et Runciman, Bulg. Emp.
; Romanos.
[162]
Voyez Loparev,. dans la Byz. Zeitschrift,
VII. Sur l'Église bulgare, aussi Gelzer, Ochrida.
[163] Sur un autre fils, Baïan, « le loup » ; Liutprand.
[164] Cédrénus.
[165] Voyez Byz. Zeitschrift, IV. Cf. Jirecek, dans l'Archiv für slavische
Philologie, XXI.
[166] Voyez Constantin Porphyrogénète, De adm. imp. Cf. Dölger, Regesten, nos 654-655.
[167] Loc. cit.
[168] Voyez aussi Liutprand
[169] Cédrénus ; Nicolas le Mystique, loc. cit., c. 184 Vie de St Luc le Nouveau, dans Migne, Patr. Gr., CXI, c. 453 ; Eutychius, ibid., c. 1151 (Rhomanos y est nommé Domitius). Sur le commerce bulgare à l'époque, Ivan Sakazov, dans les Izvestia de la Société historique bulgare, VI (1924).
[170] Liutprand en signale une jusqu'à Thessalonique. Ils parurent à Tarente, en Campanie, en Fouille (entre 940 et 950) ; Romuald de Salerne.
[171] Cédrénus.
[172] Liutprand.
[173] Constantin Porphyrogénète, De caeremoniis. Aux repas impériaux les Bulgares occupent tout au plus la quatrième ou cinquième place (ibid.).
[174] Milos Weingart, op. cit.. Sur encyclopédie bulgare du Xe siècle Chahmatov, dans le Viz. Vrémennik, VII.
[175] Voyez notre communication au Congrès international d'études historiques à Varsovie, dans notre Revue historique du Sud-Est européen, janvier-mars 1934.
[176]
L. Petit, dans les Échos d’Orient, III. Voyez surtout les Izvestia de l'Institut
russe de Constantinople, X (1905). — Sur les inscriptions bulgares, aussi Archäologisch-epigraphische
Mitteilungen, XV (1892) ; Skorpil et P. Nicov, dans les Byzantinoslavica, II ; III.
[177] Cédrénus, II.
[178] Sur des Sarrasins convertis auxquels on avance de l'argent pour s'acheter des bœufs et des semen ces, les exemptant d'impôt pour trois ans ; ibid, et plus bas. A la table impériale les « amis sarrasins » viennent après les « magistri » ; ibid.
[179] Sur le problème de la résistance de l'Asie Mineure, dans laquelle il y a sans doute la part de la population, voyez Sir William Ramsay, The attempt of the Arabs to conquer Asia Minor (641-964 A. D.) and the causes of its failure, dans le Bulletin de la section historique de l'Académie Roumaine, XI.
[180]
A Struck, dans la Byz. Zeitschrift,
XIV.
[181] Cf. Guy Le Strange, Al Chatib,
A Greek embassy to Baghdad in 917
A. D., dans le Journal of the Royal Asiatic Society,
1897.
[182] Victoire sous Constantin VII, Cédrénus. Un fils de l'émir de Sicile à Constantinople, ibid.
[183] Romuald de Salerne.
[184] Ibid., année c. 920. En 875 des Arabes, des Slaves prennent Siponto.
[185] Cédrénus. Constantin Porphyrogénète, De adm. imp.
[186] Sur ces rapports — des clercs de Sicile font aussi fortune à Byzance —, Gay, dans le Bulletin de la section historique de l'Académie Roumaine, XI.
[187] Sur un émir de Tripolis réfugié plus tard à Constantinople, ibid.
[188] Voyez aussi Cédrénus (l'armée de Constantin Karanténos, époux de la sœur de Constantin VIII, fut détruite par le climat).
[189] Constantin Porphyrogénète, De adm. imp.
[190] Cf. Schenk, dans la Byz. Zeitschrift, V ; Henri Monnier, Les novelles de Léon le Sage, Bordeaux 1923.
[191] « Constantinus, is qui primus Christi nomine imperii coronam splendidiorem ac augustiorem reddidit » ; Const XII. Il cite l'édit de Constantin qui crée des revenus pour l'enterrement des pauvres.
[192] Novelles de Léon, I.
[193] Préface à ses Novelles et Constitution I.
[194]
Constit. XCV : « Ex communis vitae
negotiis... legibus nascendi occasio existit et vero propter novam quampiam rem
quae ad veterem aliquam legem referri non potest, lege opus esse videamus ».
[195] Const XLVII : « omnia a principali cura pendeant ».
[196] Const LXXVIII.
[197] Constantin Porphyrogénète, De caeremoniis. A la table impériale les « magistri » viennent aussi après le clergé ; ibid.
[198] Const XCIV.
[199] Const LXXVII.
[200] Const LIV. Dans la Constitution LV les juifs sont glorifiés pour leur seul passé avant le Christ
[201] Constantin Porphyrogénète, loc. cit., c. 691.
[202] Vie de St André de Thessalonique, Migne, Patr. Gr., CXI
[203] Constitution LV.
[204] Const XLVIII.
[205] « Ad liberius loquendum quam mulieribus décorum sit. »
[206] Const LVIII.
[207] Const LXXXVII.
[208] Const LXXX.
[209] Const LXXXI. — Léon défend les lois décrétées par le Sénat seul ; Migne, Patr. Gr., CVII, c. 586, 588. Cf. les recommandations que lui avait laisées Basile ; ibid., c. XXII et suiv., LVIII et suiv. Contre les fêtes païennes, ibid., c. 96 et suiv. Cf. Mortreuil, Histoire du droit byzantin et du droit romain. — Les vers de Léon, Migne, Patr. Gr., CVII. Homélies et panégyriques, ibid., c. 4 et suiv. Lettre à Omar, ibid., c. 315 et suiv.
[210] J. Nicole, Le livre du préfet ou ledit de l'empereur Léon le Sage sur les corporations de Constantinople, Genève 1893. Deux ouvrages s'occupent de cette « économie urbaine » : celui de Stöckle (Spätrömische und byzantinische Zünfte, Leipzig 1911), et celui de C. Macri (L'organisation de l'économie urbaine dans Byzance sous la dynastie de Macédoine, 1929). Les brumalia furent supprimées par Romain Lécapène, « comme étant trop anciennes » ; Constantin Porphyrogénète, De adm. imp.
[211] Démosthène est cité par le continuateur de Théophane.
[212] Transfer, paratus sont écrits en latin par Constantin Porphyrogénète.
[213] Rhornanos II est basilikwtatoz ; Vie de St Samson, dans Migne, Patr. Gr., CXV, c. 301.
[214] Le titre de basileuz Rwmaiwn kai Boulgarwn est refusé en 925 à Siméon ; voyez la lettre publiée par Sakkélion, loc. cit. ; cf. Dölger, Regesten, nos 606-608. Cf. aussi ibid., nos 611-612 (pour le mariage de son successeur Pierre avec la princesse Marie). Pour les titres des souverains étrangers Gelzer, Kultur.
[215] Sur une fondation du Léon VI, Patria, loc. cit., c. 609.
[216] Théophane cont.
[217] Sur le couronnement, Sickel, Das Krönungsrecht bis zum 10, Jahrhundert,
dans la Byz.
Zeitschrift, VII.
[218] Léon le Diacre.
[219] Zachariä von Lingenthal, Jus graeco-romanum, III. Cf.
Dölger, Regesten, no
699.
[220] Ibid., n° 703.
[221] Léon le Diacre (pour les patriarches Basile I et Antoine III).
[222] Ibid.
[223] Cf. Runciman, Byzantine civilisation, Londres [1932].
[224] Dölger, Regesten, nos 627, 660, 687, 689 ; Gass, De claustris in Monte Atho sitis commentatio historien (aussi sous le titre : Zur Geschichte der Athos klöster), Giessen 1865 ; L Petit, Vie de St Athanase l'Athonite, dans les Anal. Bollandiana. Cf. notre étude sur le Mont Athos et les pays roumains dans le Bulletin de la section historique de l'Académie Roumaine, II.
[225] Léon le Diacre.
[226] Constantin Porphyrogénète. Il y a aussi les θεματικοί (ibid.).
[227] Voyez Constantin Porphyrogénète, De thematibus.
[228] Ibid. Cf. De admin. imp.
[229] Ibid.
[230] Ibid.
[231] Ibid.
[232] Ibid.
[233] Ibid. Voyez Guignerot, Des bénéfices militaires dans l'Empire romain et spécialement en Orient au Xe siècle, Bordeaux 1898.
[234] Sur lequel voyez Dölger, Regesten, nos 613-614.
[235]
Lettres de Rhomanos Lécapène,
publiées par Sakkélion, loc. cit. Cf. Koulakowski, dans le Viz.
Vrémennik, V.
[236] Constantin Porphyrogénète, loc. cit. (vaisseaux russes).
[237]
Dölger, Regesten, nos 616-617 (d'après
Théophane cont.). Cf. G. Testaud, Les rapports des puissants et des petits
propriétaires ruraux dans l'Empire byzantin au
Xe siècle,
Bordeaux 1898 (déjà cité). Cf. Diehl, dans la Byz. Zeitschrift, IX.
[238] Léon le Diacre.
[239] Liutprand.
[240] Léon le Diacre.
[241] Ibid.
[242] Sur les corporations voyez Hans Gehrig, Das Zunftwesen Konstantinopels im
X. Jahrbundert et A. Stocker, Spätrömische und byzantinische Zünfte,
(déjà cité).
[243] Léon le Diacre. Cf. Dölger, Regesten, nos 609, 628, 656, 673 et suiv.
[244] Ibid. no 783.
[245] Cf. N. A. Constantinescu, dans le Bulletin de la section historique de l'Académie Roumaine, XL Cf. Dölger, Beiträge zur Geschichte der byzantinischen Finanzverwaltung, besonders des 10. und 11. ]ahrhunderts, dans le Byzantiniches Archiv, 9, Leipzig-Betlin 1920 ; Ostrogorsky, Die ländliche Steuergemeinde des byzantinischen Reiches im X. Jahrhundert, dans la Vierteljahrsschrift für Sozial und Wirtschaftsgeschichte, XX (1927).
[246] Cf. Rambaud, L'Empire grec au Xe siècle, Constantin Porphyragénète, Paris 1870 ; Hirsch, Konstantin VII. Porphyrogenetos, Programm, Berlin 1873 ; Schlumberger, L'Empire byzantin au Xe siècle : Nicéphore Phokas, Paris 1890 ; L'épopée byzantine à la fin du Xe siècle, 2 vol., 1900-5.
[247]
Sur le projet de mariage entre Constantin
et Hedvige, fille de Henri Ier, roi d'Allemagne, Ekkehard, dans les Mon. Germ. Hist, SS., II
; cf. Mystakidès, op. cit.
[248] Krumbacher, Byz. Litt. (sur le manuscrit).
Voyez Bury, dans la Byz. Zeitschrift, I ; de Boor, ibid., X ; Vasiliewski, dans le Viz.
Vrémennik, II ; Chestacov, ibid., IV ; VI.
[249] Vie de St Nicolas le Stoudite, Migne, Patr. Gr.,
CV, c. 869.
[250] Photius aurait été disgracié pour l'avoir traité de « brigand et assassin ».
[251] Éd. Bonn. Cf. Gelzer, Sextus Julius Africanus, II, 1885.
[252] Éd. de Bonn.
[253] Voyez Gelzer, Kultur.
[254] De Boor, Excerpta historica
jussu imperatoris Constantini Porphyrogenetae confecta,
Berlin 1905-6, (cf. Heisenberg, dans la Deutsche Literatur zeitung,
1909 ; aussi 1916 ; Rademacher, dans la Byz.
Zeitschrift, XVII), IL De Boor, Excerpta de legationibus, Berlin
1903, 2 vol. ; III, Excerpta de
insidiis ; IV, Excerpta de sententiis. Cf.
Krachéninikov, dans le Viz. Vréménik, XIII ; même, ibid., VIII ; X ; De administrando imperio, éd.
Bonn. Cf. Bury, Byz. Zeitschrift, XV ; Armin Pasic, Cara Konstantina Porfirogeneta De
administrando Imperio glave 29-36 ; Zagreb 1906.
Puis De caerimoniis, éd.
Bonn. CL Viz. Vrémennik, III ; Diehl, Sur la date de quelques passages du
Livre des cérémonies, dans la Revue des études grecques, 1903 ; Bury, The ceremonial book of Constantine
Porphyrogennetes, dans l'English Historical Review, XXII
(1907) ; Millet, dans les Mélanges Kondakov. Sur les De virtutibus et vitiis, Krachéninikov,
dans le Viz. Vréménik,
XX. Cf. Bütner-Wobst, dans la Byz. Zeitschrift, X ; XV.
[255] De administrando imperio, éd. de Bonn.
[256] De Boor, Excerpta de legationibus, Berlin
1903 (2 vol.) (déjà cité).
[257] De caerimoniis, éd.
de Bonn.
[258] Des anciens inconnus.
[259] De adm. imp.
[260] Voyez Éd. de Bonn, reprise par Migne, Patr. Or., CIX. Cf. Hirsch, Byzantinische Studien ; H. Waschke, dans le Philologus, 37, VII, 1877 ; de Boor, dans la Byz. Zeitschrift, X ; Viz. Vréménik, XXI2.
[261] Éd. de Bonn, à la suite des continuateurs de Théophane (aussi dans Migne, Patr. Gr., CIX, c. 225-369).
[262] P. Michel Huber, Johannes monachus liber de miraculis, Heidelberg 1913.— Le « Hermippos », dialogue sur l'astrologie, est peut-être plus ancien (éd. Kroll et Viereck, Leipzig 1895. L'original est arabe ; comme auteur on nomme Jean Katrarios. Cf. Franz Boll, Quellen des Dialogs Hermippos, dans les Mémoires de l'Académie de Heidelberg, 1912.
[263] Il est contre les prédictions par le rêve, mais renvoie, pour gastronomie, à Ptolémée, à Aratus et à Jean Lydus ; épilogue, paragraphes 22, 67.
[264] Par. XVIII, p. 39 et suiv ; ibid., 78 et suiv.
[265] Ibid.
[266] Mais le manuel de tactique qu'on lui a attribué serait dû à Consstantin VIII (1025-1028) ; voyez Mittard, dans la Byz. Zeitschrift, XII.
[267]
Publié à la suite de Léon le Diacre,
édition de Bonn., Sur les Praecepta Nicephori, parus dans les Notes et extraits de la
Bibliothèque du Roi, XXXVI, et dans les Mémoires de l'Académie de
Pétersbourg, 8e série, VIII, 40, Charles Graux (Traité de tactique connu
sous le titre de Περί
καταστάσεως
άπλήκτου ; Pécz, dans la Byz. Zeitschrift,
VIII ; Vàri, ibid., XXX ; Koulakovski, dans le Viz. Vréménik, V (il assigne à la
Tactique de Léon la date de 890-1) ; XI ; le même VII ; Pargoire, ibid., X ; Bernadski, dans le Byzantion, VII. Cf. Krumbacher, Byz. Litt.
[268] Incerti scriptoris byzantini saeculi X liber de re militari, éd. P. Vari, Leipzig 1901. Cf. Koulakovski, dans la Byz. Zeitschrift, IX. Il est question, en effet, d'endroits, du manque de provisions, de barbares vaincus, d'une garde russe. On pourrait distinguer un auteur pour la « velitatio », un autre pour la « castrametatio ».
[269] Ibid. Il est question de klissoures.
[270] Ibid.
[271] Migne, Patr. Gr.,
CXIII, c. 993-1058.
[272] Suidae Lexicon, éd. Bernhardy, 2 vol., Halle-Braunschweig 1834-1853 ; Suidae Lexicon
edidit Ada Adler, I,
Leipzig 1928. Des renseignements abondants, Krumbacher, Byz. Litt.
[273]
Preger, Scriptores originum ; cf. Diehl, dans la Byz.
Zeitschrift, XXX ; Krumbacher, Byz. Litt.
[274] Migne, Patr. Gr.,
CXIII.
[275] Migne, Patr. Gr.,
CXI.
[276] Ibid., CXVI, c. 284 et suiv.
[277] Ibid., c. 490 et suiv. Sur Ajax et Achille, la Vie de St Marcel, ibid., c. 705.
[278] La prédiction que jamais Constantinople ne sera prise ; Migne, Patr. Or., CXI, c. 53.
[279] Cf. Delehaye, Les légendes hagiographiques, dans la Revue des questions historiques, XXXVII, 1903 ; Saint Cassiodore, dans les « Mélanges » Paul Fabre, Paris 1901.
[280] Rudolf Homburg, dans la Zeitschrift
für wissenschaftliche Theologie, XLVI (1903), et Apocalypsis
Anastasiae, Leipzig
1903.
[281] Il faut observer cependant que les faux témoins font partie des ingrédients de ce que le Père Delehaye appelle « les passions épiques » des martyrs ; Delehaye, Les passions des martyrs et les genres littéraires.
[282] Voyez aussi L. Zopf, Heiligenleben im X, Jahrhundert, Tubingue 1908.
[283] Voyez De adm. imperio ; remarqué et commenté par Lampros.
[284] Voyez Dreves, dans les Stimmen aus Maria-Lach, XLVI.
[285] Le moine Théognoste, envoyé par Ignace à Rome, écrivit une com mémoration de tous les saints » ; Migne, Patr. Gr., CXLV, c. 850 et suiv., pendant que Nicétas, dit le philosophe, rhéteur du patriarcat œcuméni que, combattait les Arabes dans une lettre adressée à Michel III ; ibid., CV, c. 808 et suiv. Cf. ibid., CVI, c. 189 (sur le patriarche Antoine). Voyez, pour Côme le « vestitor », ibid., c. 1005 et suiv. — Sur des contemporains et élèves de St Jean de Damas (Aboukara ou Théodore de Kara et Côme de Jérusalem, évêque de Naïouma), ibid., XCVII et XCVIII, c. 457 et suiv.
[286]
Voyez surtout Vasiliewski, Le
code synodal du Métaphraste (d'après la Vie de Siméon par Marc Eugénikos),
Pétersbourg 1899. Cf. Vasiliewski, Siméon le Métaphraste, dans le Journal du
Ministère de l'Instruction russe 1880 ; Delehaye, dans la Revue des questions historiques, 1893 ;
Vasiliewski, Siméon le Métaphraste (étude de mss. ; d'après le Synaxaire
de Mardough), Pétersbourg, 1899 ; Ehrhard, dans la Römische Quartalschrift,
1897 ; Viz. Vréménik, V ; Grégoire, dans le Byzantion, VI. ; Delehaye, dans l'American Ecclesiastical Review,
XXIII (1900), n° 2.
[287] Migne, Patr. Gr., CXIV, c. 1213 et suiv.
[288] Ibid., CXV, c. 1049 et suiv.
[289] Ibid., CXIV c. 1377 et suiv.
[290] Ibid., c. 10 et suiv.
[291] Ibid., CXV.
[292]
Voyez Byz. Zeitschrift, X ;
Serruys, ibid., XII
; L. Petit, dans les Échos d’Orient,
III. Sur Théophane Nonnos, qui rédigea pour Constantin un livre de médecine, L.
Cohn, dans la Byz. Zeitschrift, IX.
[293] Éd. Migne, Patr. Gr., CXI. Cf. Lampros, dans la Byz. Zeitschrift, I ; Sbornik de Sofia, X ;
Zlatarski, ibid., XI.
Voyez aussi Krumbacher, Byz.
Litt.
[294] Lettre 1 ; Migne, Pair. Gr., CXI.
[295] Lettres 3 et suiv.
[296] Ibid., c. 133.
[297] Ibid., c. 156-157.
[298] Ibid., c. 161 et suiv.
[299] Ibid., c. 168. Cf. Gay, Le patriarche Nicolas le Mystique et son rôle politique, dans les Mélanges Diehl.
[300]
Cf. E. Schramm, dans la Byz.
Zeitschrift, XXXV.
[301] Éd. Migne, Patr. Gr., CVI, et
Tacchi-Venturi. De Joanne Geometro,
dans les Studi e documenti di storia e diritto, XIV (1893) ;
Sternbach, Joannis Geometrae Carmen de S. Panteleemone, Cracovie 1892 (Dissertations de
l'Académie, section philologique, XVI). Voyez Krumbacher, Byz. Litt. Cf. Byz.
Zeitschrift, V ; Bury, ibid.,
VI.
[302] Migne, Patr. Gr., CVI, c. 812 et suiv., 901-923.
[303] Ibid., c. 917. Cf. Sajdak, Joannis Kyriotis Geometrae hymni in SS. Deiparam, Poznan 1931 ; cf. dans les Actes du IIIe congrès d'études byzantines.
[304] Migne, Patr. Gr., CVI, c. 812 et suiv., 868 et suiv., 888.
[305] Il parle aussi des « géomètres de l'Hellade » et, aussitôt après, des soldats (c. 979).
[306] Ibid.
[307] Ibid.
[308] Ibid.
[309] Ibid.
[310] Ibid., c. 956-959.
[311] Ibid., c. 262.
[312] Ibid., c. 982-987.
[313] Éd. Em. Legrand, dans la Revue des
études grecques, IX (1896). Autres éditions mentionnées dans Krumbacher, Byz. Litt. Voyez V. O. Wulff,
dans la Byz. Zeitschrift, VII.
[314] Publié par L. Petit, dans la Byz. Zeitschrift, VIII.
[315] Wagner, Carmina. Des vers de Siméon le logothète, Vasiliewski, dans le Viz. Vréménik, II.
[316] Jugie, La Vie et les œuvres d'Euthyme, patriarche de Constantinople, dans les Echos d’Orient, XVI.
[317] Un grand mystique byzantin, Vie de Siméon le nouveau théologien (949-1022) par Nicétas Stéthatos, éd. des PP. Irénée Hausherr et Gabriel Horn, dans l'Oriens christianus, XII, 1528. Ses Homélies, dans Migne, Patr. Gr., CXX.
[318] Éd. Hase à la fin de Léon le Diacre. — Voyez K. J. Aninger, dans l'Historisches Jahrbuch der Görresgesellschaft, XII (1891).
[319] Il suffirait de la mention de l'Arabie, qui n'avait pas d'importance avant cette époque, et du rôle que joue l'île de Crète. Après Krumbacher, Byz. Litt., voyez E. Rohde, dans la Byz. Zeitschrift, V. Il a raison de croire que les « Scythes » qui pillent sont les Russes de Sviatoslav. Cf. aussi Aninger, dans le Historiches Jahrbuch der Görresgesellschaft, 1891 ; Robert Crampe, Philopatris, ein heilinisches Konventikel des siebenten Jahrhunderts zu Konstantinopel, Halle 1894 (cf. Carl Neumann, dans la Byz. Zeitschrift, V). M. Rohde a raison de ne pas admettre que l'opuscule soit contemporain d'une lutte entre chrétiens et païens. Il signale aussi la popularité nouvelle de Lucien au Xe siècle.
[320] Cf. Krumbacher, Byz. Litt.
[321] Voyez aussi Rohde, Byz. Zeitschrift, VI. ; X ; Charles Tach, De Philopatride, Cracovie 1897 (Dissertations de l'Académie). Cf. Byz. Zeitschrift, XI, et J. Papadopoulos, dans les Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions, 1921 ; Émereau, dans les Échos d’Orient, 1922.
[322]
Publié dans la collection de Bonn,
mais aussi dans les Zapiski de l'Académie russe, V, 2. Cf. Krumbacher, Byz. Litt. ; Byz. Zeitschrift, X ; Fr.
Westberg, dans le Viz. Vréménik, XV ; H. Wäschke, dans le Philologus,
37, VII, 1877 ; Viz. Vréménik, XXI.
[323] A la suite du Théophane de Bonn et dans Migne, Patr. Gr., CIX.
[324] Sur celles de Théodore, Métropolite de Cyzique, ibid., IX.
[325] Migne, Patr. Gr., CXI, c. 607 et suiv. Cf. Krumbacher, Byz. Litt. Sur une Synopsis allant jusqu'à Rhomanos III, Cumont, Chroniques byzantines du mss. 11376, dans les Anecdota Bruxellensia, I.
[326] Éd. de Bonn. Cf. W. Fischer, Beiträge zur historischen Kritik des Leon Diakonos und Michael Psellos, dans les Mitteilungen des Instituts für österreichische Geschichtsforschung, VII ; M. Siouzioumov, dans les Viz. Obozrianié, II, 19.16 (sources).