1815

LIVRE I. — L'ENTRÉE EN CAMPAGNE

 

CHAPITRE II. — LES PLANS DE CAMPAGNE.

 

 

I

Le 25 mars 1815, alors que les souverains nouaient à Vienne une septième coalition contre la France, ils avaient, pour résister à une attaque soudaine de Napoléon en Belgique, tout au plus 80.000 soldats : 30.000 Prussiens, 14.000 Saxons, 23.000 Anglo-Hanovriens et environ 10.000 Hollando-Belges[1]. Encore les Saxons étaient-ils disposés à se mutiner[2], et devait-on craindre des défections chez les Hollando-Belges. La plupart-de ceux-ci avaient servi sous Napoléon, et à Bruxelles, dans tout le pays wallon, et particulièrement dans les provinces de Namur et de Liège soumises à la dure occupation prussienne, il y avait un parti français[3].

Stationnées depuis Trèves et Coblentz jusqu'à Coudrai et à Anvers, sur une étendue de soixante-dix lieues, les troupes alliées avaient, dès le 15 mars, commencé quelques mouvements de concentration[4] ; mais Napoléon n'en aurait pas moins pu franchir la frontière belge avec 50.000 hommes le 1er avril[5], et trois jours après entrer à Bruxelles sans coup férir. Wellington était à Vienne, Blücher était à Berlin. Les Français n'auraient rencontré aucune résistance, le prince d'Orange et le général Kleist, qui commandait l'armée prussienne dans les provinces rhénanes, ayant décidé d'opérer en cas d'attaque leur concentration à Tirlemont (onze lieues à l'est de Bruxelles)[6].

Ce facile succès eût-il suffi, comme se l'imaginait l'empereur, à soulever la Belgique ? En tout cas, sans en imposer beaucoup aux hommes de guerre, l'occupation de Bruxelles eût produit un très grand effet en France et à l'étranger. Les généraux prussiens, le prince d'Orange, Wellington lui-même, redoutaient cette brusque attaque. Il faut couvrir Bruxelles, écrivait Müffling au roi des Pays-Bas, pour que cette ville ne devienne pas le foyer de la Révolution. — Il serait de la dernière importance pour Bonaparte, écrivait Wellington à Gneisenau, de nous faire rétrograder derrière Bruxelles, de chasser le roi de France et de renverser l'ordre de choses qu'a établi ici le roi des Pays-Bas. Ce serait d'un effet terrible sur l'opinion publique[7]. Mais ce coup d'audace dont Napoléon eut l'idée, dont il jugeait l'exécution facile et certaine, il y renonça en même temps qu'il le conçut[8]. Il comprenait trop bien qu'une victoire remportée sur le dixième seulement des forces de la coalition serait regardée par les Alliés comme une simple affaire d'avant-postes[9], et que cette victoire, eût-elle même pour conséquence le soulèvement de la Belgique, ne terminerait point la guerre. En passant la Sambre le 1er avril, il compromettrait donc l'avenir pour un succès éphémère, car l'ex-armée royale, tout en pouvant fournir sur l'heure 50.000 hommes d'excellentes troupes, n'était point en état d'entreprendre une campagne de quelque durée. Hommes, armes, chevaux, approvisionnements, tout manquait. Or l'empereur ne pouvait à la fois diriger les opérations en Belgique et réorganiser l'armée Eu outre, pour former un corps de 50.000 hommes, il eût fallu prendre tous les disponibles dans les garnisons des départements du Nord, dont la population était si hostile à l'empire, et employer la réserve de Paris, destinée en cas de force majeure à agir dans l'Ouest, où remuaient les chefs vendéens, et dans le Midi, où Bordeaux, Toulouse, Marseille, reconnaissaient encore l'autorité du duc d'Angoulême qui se préparait à marcher sur Lyon[10].

Si l'état militaire de la France interdisait au capitaine d'entrer trop vite en campagne, de même la situation politique le défendait au souverain. Huit jours après être remonté sur le trône, Napoléon ne pouvait abandonner le gouvernement pour aller combattre sans une impérieuse nécessité. Il était plus urgent de réorganiser l'administration, de remplir le trésor, de pacifier le pays. Pour gagner le cœur des Français, qui désiraient tous si ardemment la paix, quel admirable expédient que d'envahir la Belgique ! L'effet produit par la prise de Bruxelles n'eût-il pas été compensé par l'épouvante de voir Napoléon, à peine rentré en France, chausser ses bottes de sept lieues pour courir à de nouvelles conquêtes ? L'empereur avait encore une autre raison, — et celle-là primait les autres, — de ne pas commencer la guerre avant d'avoir épuisé tous les moyens d'accommodement : comme son peuple, bien que sans doute pour moins longtemps, il voulait le maintien de la paix[11].

Plus d'un grand mois, l'empereur persista à croire la paix possible. Si nous avons la guerre[12]..., écrivait-il encore le 30 avril à Davout, avec qui il n'avait pas à dissimuler. Toutefois, quelle que fût la ténacité de ses illusions, il n'en prenait pas moins des mesures de défense. Il avait appelé les réserves, mobilisé les gardes nationales, donné ses ordres pour la reconstitution du matériel. Mais ce fut seulement au milieu du mois de mai, quand il eut à peu près perdu toute espérance d'éviter la guerre[13], qu'il arrêta son plan de campagne[14].

 

II

Les Alliés se préparaient depuis le commencement d'avril. Il y avait plusieurs projets. Knesebeck proposait sans rire de tromper Napoléon en lui livrant un faux plan. On fera croire à l'ennemi, disait-il, que l'on opérera par Bâle, qu'il n'a rien à craindre de l'armée anglaise qui sera occupée au siège de Dunkerque, ni de l'armée prussienne qui restera sur la défensive. On attirera ainsi Buonaparte entre la Marne et le haut Rhin contre les armées autrichienne, bavaroise et russe, tandis que les Anglais et les Prussiens s'avanceront librement vers Paris[15].

Schwarzenberg renouvelait l'art de la guerre en déclarant avec gravité que les Alliés ne devaient ni trop se diviser de peur de s'affaiblir, ni marcher par trop grosses masses de peur de ne pouvoir subsister. Il concluait qu'il fallait marcher sur Paris en trois fortes colonnes et laisser les détails des opérations aux lumières et à l'expérience des généraux en chef[16].

Le plan de Gneisenau, plan redoutable, plan d'écrasement, était fondé sur l'énorme supériorité numérique des Alliés. Gneisenau disait : Quatre grandes armées d'opérations, dont la quatrième, l'armée russe, formera la réserve, entreront simultanément en France et marcheront droit sur Paris. Quoi qu'il arrive à l'une des trois armées de première ligne, qu'elle soit battue ou non, les deux autres continueront d'avancer, en faisant des détachements sur leurs derrières pour observer les forteresses. L'armée russe, ou armée de réserve, est destinée à réparer les échecs que pourrait subir l'une des armées de première ligne. Pour cela, elle se portera directement à l'aide de l'armée en retraite ou manœuvrera sur le flanc de l'ennemi. A supposer que Napoléon batte une des armées de première ligne, les deux autres, marchant toujours en avant, gagneront du terrain et se rapprocheront de Paris, tandis que l'armée de réserve secourra l'armée battue. Si, au lieu de poursuivre l'armée battue, Napoléon se porte sur le flanc d'une autre armée de première ligne, l'armée de réserve se joindra à celle-ci de façon que la bataille tourne au désavantage de l'ennemi. Pendant ce temps, la troisième armée continuera d'avancer, et celle qui aura subi un échec se rétablira et reprendra ensuite sa marche offensive[17].

Wellington proposait de commencer les hostilités sans attendre l'arrivée de l'armée russe et avant même que les trois armées eussent achevé leur concentration. Il suffit, écrivait-il le 10 avril, de porter entre la Sambre et la Meuse 60.000 Anglo-Hollandais, 60.000 Prussiens et 140.000 Austro-Bavarois pour nous trouver en France avec des forces supérieures à celles de l'ennemi et pouvoir manœuvrer dans la direction de Paris. Très préoccupé ales intérêts de Louis XVIII, Wellington jugeait que chaque nouveau jour de trêve affermirait le pouvoir de Napoléon ; et, croyant à l'importance de la prise d'armes des royalistes dans le Midi, il pensait qu'il la fallait seconder par une très prompte action sur les frontières du Nord[18].

À Vienne, on n'était pas si pressé. On voulait faire cette guerre sans risques. On voulait, dans chaque bataille, être au moins trois contre un, et vaincre selon les règles de la mécanique et les lois de la gravitation[19]. Le conseil de guerre tenu le 19 avril, sous la présidence du czar, décida que, pour donner aux différentes armées le temps d'opérer leur concentration, on ouvrirait la campagne seulement le 1er juin[20]. C'était un mois de perdu, selon Wellington et Blücher, un mois de gagné, selon Knesebeck et Schwarzenberg. Ce dernier comptait même gagner encore un autre mois par les discussions du plan stratégique. En effet, le 10 juin, alors que Blücher, qui avait eu cependant la distraction d'une révolte des Saxons[21], devenait enragé de rester inactif, et disait à ses soldats qu'il était impatient d'aller chercher sa pipe oubliée à Paris[22], Schwarzenberg faisait adopter par les souverains un plan définitif dont l'exécution devait commencer seulement du 27 juin au 1er juillet[23].

D'après ces nouvelles dispositions, six armées franchiraient simultanément les frontières de la France : l'armée des Pays-Bas (93.000 Anglais, Hanovriens, Brunswickois et Hollando-Belges[24], sous Wellington) entre Maubeuge et Beaumont ; — l'armée prussienne (117.000 hommes[25], sous Blücher) entre Philippeville, et Givet ; — l'armée russe (150.000 hommes[26] sous Barclay de Tolly) par Saarlouis et Sarrbrück ; — l'armée du Haut-Rhin (210.000 Autrichiens, Bavarois, Wurtembergeois et Hessois[27], sous Schwarzenberg), l'aile droite par Sarreguemines, le gros par Bâle. Ces quatre grandes armées marcheraient concentriquement sur Paris, les Anglais par Péronne, les Prussiens par Laon, les Russes par Nancy, les Autrichiens par Langres.

A l'extrême gauche, l'armée de la Haute-Italie (38.000 Autrichiens[28] et 12.000 Piémontais[29], sous Frimont) et l'armée autrichienne de Naples (25.000[30] hommes sous Bianchi) passeraient les Alpes et se dirigeraient, l'une sur Lyon, l'autre sur la Provence, où l'escadre anglaise de la Méditerranée seconderait les opérations.

 

III

Par des rapports secrets de Vienne et de Bruxelles et par les journaux étrangers (la presse était déjà indiscrète[31]), Napoléon connaissait d'une façon générale les forces et les projets de l'ennemi. Deux plans de campagne se présentèrent à son esprit[32].

Le premier plan consistait à masser sous Paris les 1er, 2e, 3e, 4e et 6e corps, la garde, la réserve de cavalerie et l'armée du Rhin (ou 5e corps) ; à concentrer sous Lyon l'armée des Alpes et le corps du Jura ; et à laisser les coalisés s'engager dans le réseau des places fortes, bien approvisionnées et défendues par environ 150.000 gardes nationaux mobilisés, militaires retraités, canonniers de la ligne, vétérans, douaniers, gendarmes et gardes nationaux urbains[33]. Les armées alliées, devant passer les frontières le 1er juillet seulement, ne pourraient arriver dans le rayon de Lyon que le 15 ou le 18 et dans le rayon de Paris que le 25[34]. A cette date du 25 juillet, les retranchements de Paris seraient achevés ; la garnison compterait 30.000 hommes de troupes, 18.000 tirailleurs fédérés et 36.000 gardes nationaux. L'armée concentrée sous Paris aurait 200.000 soldats[35] ; et il resterait environ 80.000 hommes dans les dépôts[36] et 158.000 hommes en recrutement[37].

Comme des 645.000 alliés qui entreraient en France, 75.000 manœuvreraient dans le Lyonnais et la Provence, et que, en raison de la multiplicité de ses lignes d'opérations, l'ennemi laisserait sur ses derrières 150.000[38] hommes pour assurer ses communications et assiéger ou masquer les places fortes, les quatre grandes armées n'auraient plus, en arrivant entre l'Oise et la Seine, que 420.000 combattants. A ces 420.000 hommes, Napoléon opposerait 200.000 soldats de forces mobiles et le camp retranché de Paris. Il recommencerait la campagne de 1814, mais avec 200.000 soldats au lieu de 90.000[39] et avec Paris fortifié, défendu par 80.000 hommes et ayant pour gouverneur l'habile capitaine d'Auerstædt et d'Eckmühl, le rude défenseur de Hambourg, Davout.

Le second plan, plus hardi, plus conforme au génie de Napoléon, au tempérament français et même aux principes de la grande guerre, mais terriblement plus hasardeux, était d'attaquer l'ennemi avant que ses masses fussent réunies. Au 15 juin, l'empereur pourrait concentrer sur la frontière du Nord une armée de 125.000 hommes. Il entrerait en Belgique, y battrait tour à tour les Anglais et les Prussiens séparés, puis, après avoir reçu de nouveaux renforts des dépôts, il ferait sa jonction avec les 23.000 hommes de Rapp et se porterait contre les Austro-Russes.

Sans doute, si l'empereur n'avait eu à envisager que la question militaire, il aurait adopté le premier plan dont le succès paraissait certain[40]. Mais il n'avait plus sa liberté d'action de 1805, ni même de 1812. Il devait, lui chef d'armée, compter avec l'opinion publique. Quelle impression produirait dans le pays l'abandon sans défense de près d'un tiers du territoire, et précisément des provinces les plus patriotes, les plus dévouées à la cause impériale[41] ! N'allait-il pas provoquer partout le découragement et la désaffection, porter jusqu'à l'hostilité le mauvais vouloir de la Chambre, étendre dans l'Ouest et rallumer dans le Midi les foyers d'insurrection ? L'empereur sentait que, pour relever les cœurs, pour imposer aux mécontents et aux factieux, il faudrait, dès l'ouverture des hostilités, une victoire éclatante. D'ailleurs, s'abandonnant à ses coutumières illusions, il s'imaginait que cette victoire pourrait être assez décisive pour dissoudre la coalition. Les Belges, pensait-il, se rangeront sous les drapeaux français, et la destruction de l'armée de Wellington entraînera la chute du cabinet tory auquel succéderont des ministres partisans de la paix. S'il en va autrement, l'armée, victorieuse en Belgique des Prussiens et des Anglais, vaincra aussi en France les Russes et les Autrichiens[42]. Au pis-aller, en admettant un échec à la frontière belge, on se repliera sous Paris pour opérer selon le plan défensif[43]. L'empereur, du reste, ne se dissimulait pas qu'après une défaite en Belgique les chances de succès de son premier plan, auquel il faudrait revenir, seraient bien diminuées. On aurait perdu du monde, affaibli le moral de l'armée et du pays, provoqué les Alliés à avancer de quinze jours leur entrée en France et, forcément, négligé un peu, faute de pouvoir tout faire à la fois, l'organisation de la défense[44].

L'empereur médita longuement ces projets[45]. Quand il se fut déterminé pour l'offensive, il hésita encore quelques jours sur le point où il frapperait ses premiers coups[46]. Pour le succès de son plan, qui était de battre l'une après l'autre les deux armées occupant la Belgique, il fallait attaquer Wellington ou Blücher avant qu'ils eussent opéré leur jonction. En prenant sa ligne d'opérations sur Bruxelles par Ath et en débouchant de Lille ou de Condé contre la droite de Wellington, Napoléon refoulerait l'armée anglaise sur l'armée prussienne et se trouverait, deux jours plus tard, devant les deux armées réunies. Si, au contraire, il se portait contre la gauche de Blücher par Givet et la vallée de la Meuse, il arriverait de même à hâter la jonction des deux armées en poussant les Prussiens sur les Anglais. Par une de ses plus belles conceptions stratégiques, l'empereur résolut de se porter hardiment au centre même des cantonnements ennemis, sur le point présumé de concentration des Anglo-Prussiens. La route de Charleroi à Bruxelles formant la ligne de contact des deux armées, c'est sur cette route que Napoléon comptait fondre, par Beaumont et Philippeville, avec la rapidité de la foudre.

 

IV

Les ordres de concentration furent donnés dans les premiers jours de juin. Le 1er corps se porta de Valenciennes sur Avesnes ; le 2e, d'Avesnes sur Maubeuge ; le 38, de Rocroi sur Chimay ; le 4e, de Thionville sur Rocroi ; le 6e, de Soissons sur Avesnes ; la garde impériale, de Paris par Soissons sur Avesnes[47]. Les communications avec la Belgique et les Provinces Rhénanes étaient interceptées ; dans les ports de mer, l'embargo fut mis sur tous les bâtiments, jusque sur les barques de pêcheurs ; et, pour ne point donner l'éveil aux avant-postes ennemis, des corps francs et des divisions de gardes nationales vinrent remplacer aux frontières de l'Est et du Nord les troupes dirigées sur les points de rassemblement[48]. Quand Napoléon, qui avait quitté Paris dans la nuit, arriva à Laon le 11 juin, à midi, toutes les troupes opéraient leurs mouvements. Seul Grouchy, dont le quartier général était précisément à Laon, n'avait pas encore fait bouger ses quatre corps de cavalerie. Mandé chez l'empereur, il dit qu'il n'avait reçu aucun ordre[49]. En effet, ce fut seulement le lendemain 12 juin que le major-général pensa à lui transmettre d'Avesnes les instructions de Napoléon[50] ! Mais aussitôt après avoir vu l'empereur, Grouchy avait envoyé l'ordre aux quatre corps de cavalerie de se rendre à la frontière à marches forcées ; lui-même, sans perdre une heure, était parti pour Avesnes. La concentration ne fut point retardée, puisque toute la cavalerie de réserve arriva au-delà d'Avesnes le 13 dans la nuit ; mais plusieurs régiments avaient dû faire vingt lieues sans débrider, mauvais entrainement pour des chevaux à l'ouverture d'une campagne[51]. Si, au moins, ce fâcheux incident avait éveillé l'attention de Napoléon sur la négligence de son major-général !

Le 13 juin, l'empereur vint coucher à Avesnes ; le soir du 14, il porta son quartier-général à Beaumont, au centre de son armée[52]. Malgré le mauvais temps, toutes les troupes bivouaquèrent cette nuit-là afin de rester bien rassemblées[53]. Au réveil, il leur fut donné lecture, à la tête des bivouacs, de l'ordre du jour de l'empereur : ... Soldats, c'est aujourd'hui l'anniversaire de Marengo et de Friedland qui décidèrent deux fois du destin de l'Europe. Alors, comme après Austerlitz, comme après Wagram, nous fûmes trop généreux. Aujourd'hui, cependant, coalisés contre nous, les princes que nous avons laissés sur le trône en veulent à l'indépendance et aux droits les plus sacrés de la France. Ils ont commencé la plus injuste des agressions. Marchons donc à leur rencontre ; eux et nous, ne sommes-nous plus les mêmes hommes ?[54]

Les positions de l'armée étaient celles-ci : le 1er corps (20.731 hommes sous Drouet d'Erlon[55]), formant l'extrême gauche, entre la route d'Avesnes à Maubeuge et Solre-sur-Sambre ; — le 2e corps (25.179 hommes sous Reille[56]), entre Solre-sur-Sambre et Leers ; — le 3e corps (18.105 hommes sous Vandamme[57]) et le 6e corps (10.821 hommes sous Lobau[58]), entre Beaumont et la frontière ; — le 4e corps (15.404 hommes sous Gérard[59]), entre Philippeville et Florenne ; — la réserve de cavalerie (13.144 hommes sous Grouchy[60]), à Valcourt, à Bossus et à Gayolle ; — la garde impériale (20.755 hommes[61]), en avant et en arrière de Beaumont[62]. Cette armée avait 370 bouches à feu[63]. Le terrain occupé par les bivouacs n'excédait pas huit lieues de large sur dix kilomètres de long.

En dix jours, 124.000 hommes, séparés par des distances variant entre douze et soixante-dix lieues, s'étaient réunis à la frontière, à petite portée de canon des avant-postes ennemis, sans que les Alliés eussent pris encore aucune mesure défensive. Jamais marche de concentration n'avait été mieux conçue ni, sauf quelques retards vite réparés, mieux menée à accomplissement.

Tandis que l'armée française se trouvait ainsi former une masse redoutable, les Anglo-Prussiens étaient encore disséminés sur un front de plus de trente-cinq lieues et sur une profondeur moyenne de douze. Le 14 juin, le quartier-général de Blücher était à Namur. Le Ier corps (30.800 hommes sous Zieten[64]), qui formait la droite de l'armée prussienne, occupait Thuin, Fontaine-Lévêque, Marchienne, Charleroi, Moustiers, Fleurus, Sombreffe et Gembloux ; — le II e corps (31.000 hommes sous Pirch Ier[65]), Namur, Héron et Hannut ; — le IIIe corps (23.900 hommes sous Thielmann[66]), Ciney, Dinant et Huy ; — le IVe corps (30.300 hommes sous Bülow[67]), Liège et Tongres[68].

Les cantonnements de l'armée de Wellington, qui avait établi son quartier général à Bruxelles, s'étendaient de la Lys et de l'Escaut à la petite rivière de la Haine. Le 2e corps (27.321 hommes sous lord Hill[69]) occupait Leuze, Ath, Audenarde, Gand et Alost ; — le Ier corps (30.246 hommes sous le prince d'Orange[70]), Mons, Rœulx, Frasnes, Seneffe, Nivelles, Genappe, Soignies, Enghien et Braine-le-Comte ; — le corps de cavalerie (9.913 hommes sous lord Uxbridge[71]) cantonnait le long de la Dender, entre Ninove et Grammont, et la réserve (25.597 hommes sous le commandement immédiat de Wellington[72]) à Bruxelles et aux environs.

Dans les positions qu'elles occupaient, il fallait trois jours à chacune des deux armées pour se concentrer sur la ligne de contact, et le double de temps pour se concentrer sur l'aile droite anglaise ou sur l'aile gauche prussienne[73]. Cette extension outrée des cantonnements, si périlleuse en face d'un adversaire comme Napoléon et si favorable au succès du plan hardi qu'il avait conçu, a été critiquée par presque tous les écrivains militaires. Wellington a cherché à justifier ces dispositions par les difficultés de faire vivre les troupes et la nécessité de se garder sur tous les points[74]. Le vrai, c'est que, tout en admettant l'hypothèse d'une attaque de Napoléon, et bien qu'ils se fussent même concertés pour y parer éventuellement, les Alliés la croyaient plus qu'improbable. Le 15 juin, à l'heure où l'empereur avait déjà le pied sur le territoire belge, Wellington exposait tranquillement, dans une longue lettre au czar, comment il comptait prendre l'offensive à la fin du mois[75]. Quelques jours auparavant, Blücher avait écrit à sa femme : Nous entrerons bientôt en France. Nous pourrions bien rester ici encore une année, car Bonaparte ne nous attaquera pas[76].

 

 

 



[1] Lettre de Kleist au roi de Prusse, Aix-la-Chapelle, 19 mars (citée par von Ollech, Geschichte des Feldzuges von 1815, 5). Wellington à Gneisenau, Bruxelles, 5 avril. (Dispatches, XII, 288.) Cf. C. de W. (Müffling), Hist., 1-2. Etat des troupes dans les Pays-Bas, le 23 mars. (Suppl. Dispatches of Wellington, X, 716.)

Clausewitz (Der Feldzug von 1815, 16) n'évalue même les forces anglo-hollandaises qu'à 20.000 hommes ; il donne 50.000 hommes aux Prussiens et aux Saxons réunis. Damitz, I, 6, dit que les forces de Kleist auraient monté à 50 ou 60.000 hommes, si les régiments avaient été au complet.

L'état cité dans le Supplementary Dispatches ne porte qu'à 7.223 hommes les troupes hollando-belges stationnées en Belgique le 23 mars. Kleist écrit : On peut à peine parler des Belges. Et de fait, à lire van Löben Sels (44 à 69), il parait, certain que l'armée hollando-belge, encore en organisation, pouvait à peine mettre en ligne, au mois de mars, 10.000 baïonnettes et sabres. A la mi-juin, ce nombre fut porté à 29.500.

[2] Lettre du ministre de la Guerre à Kleist, Berlin, 13 mars (citée par von Ollech, 4). — On verra plus loin qu'il y eut à Liège une révolte des Saxons à la suite de laquelle le corps entier fut envoyé en Allemagne.

[3] Allgemeine Zeitung, 27 mars. Rapp. de Vienne, s. d. (postérieur au 8 avril). Rapp. des commandants du Quesnoy, de Maubeuge, de Givet, 27 mars, 7 avril, 23 et 29 mai. Rapp. de Saint-Amant (Belge, arrivant de Gand), Paris, 15 avril et 29 mai. Rapp. d'un déserteur belge, Mézières, 22 avril. Rapp. d'un voyageur, 4 juin. (Arch. Guerre.) Rapp. d'agents, 5 mai et 3 juin. (Arch. Aff. étrangères, 1802.) Müffling, Aus meinem Leben, 193. Cf. Wellington à Feltre (Dispatches, XII, 389) : Le fait est que ces messieurs (Blücher et Wrède) ont bien mal gouverné le pays qui est tombé sous leur gouvernement.

Napoléon (Mém. pour servir à l'Histoire en 1815, 52, 57, et Gourgaud, Camp. de 1815, 20) comptait sur le soulèvement des Belges. Ses espérances ne furent, il est vrai, aucunement réalisées. Mais il faut remarquer que, si l'empereur avait occupé Bruxelles au commencement d'avril, Faction du parti français en Belgique eût été tout autre.

[4] Lettres de Kleist au roi de Prusse, Aix, 19 et 24 mars, à Pirch, 25 mars (citées par von Ollech, 5, 6, 7).

[5] Napoléon (Mém. pour servir à l'Histoire, 52) dit : 35.000 hommes, et Clausewitz (Der Feldzug von 1815, 16-17) admet la possibilité d'une victoire de ces 35.000 Français sur l'armée anglo-prussienne. Mais l'empereur, s'il eût pris le parti de dégarnir, comme il le dit, les places du Nord et de faire marcher la réserve de Paris et le tiers des troupes de la 2e division militaire, aurait pu former une armée de 50.000 hommes. D'après le rapport de Davout, du 28 mars (Arch. nat., AF. IV, 1936), il y avait à cette date 27.949 soldats dans la 16, division militaire (Lille) et 10.000 à Paris. Si l'on ajoute, à ces 38.000 hommes, 4.000 hommes de la 2e division militaire (Mézières), qui en comprenait 12.340, le corps de Reille, fort au 24 mars de 15,865 hommes (Davout à Reille, 24 mars ; Arch. Guerre), et les 7.390 hommes de la garde (situation au 21 mars ; Arch. nat., AF. IV, 1910), on arrive au total de 65.204 hommes, et en retranchant les indisponibles de la 16e division militaire, de la réserve de Paris et de la garde, à celui de 50.000 environ.

[6] Kleist au roi de Prusse, Aix, 24 mars, et Müffling au roi des Pays-Bas, Bruxelles, 29 mars (cité par von Ollech, 6 et 8). — A la vérité, le prince d'Orange avait pensé, le 31 mars, à livrer bataille entre Nivelles et Braine-le-Comte, avec la coopération de l'armée prussienne. (Röder à Müffling, Ath., 31 mars, cité par von Ollech, 9.) Mais, comme les Prussiens n'auraient pu arriver à temps, il est certain que les 30.000 Anglo-Belges, qui n'étaient même pas tous concentrés à Ath le 5 avril, se seraient repliés sans combattre au-delà de Bruxelles.

[7] Müffling au roi des Pays-Bas, 30 mars (cité par von Ollech, 8). Wellington à Gneisenau, à Bruxelles, 5 avril. (Dispatches, XII, 288.)

[8] Napoléon, Mémoires pour servir à l'Histoire, 52-53. — Dans la Correspondance de Napoléon, il n'y a trace d'aucune disposition pour une invasion soudaine de la Belgique. Ces mots de Davout dans une lettre du 3 avril, à Lobau (Arch. Guerre) : la possibilité d'une entrée soudaine en campagne, ne peuvent être interprétés que dans le sens d'une campagne défensive au cas d'une attaque des Alliés. La preuve, c'est que Davout écrit le 9 avril à d'Erlon : L'empereur ne se prépare qu'à la défensive.

[9] Clausewitz (16-17) dit que ce n'eût été qu'un coup en l'air, sans influence sur le résultat de la campagne.

[10] Napoléon, Mémoires pour servir à l'Histoire, 52-53.

[11] Napoléon, Mémoires pour servir à l'Histoire, 52-53. Cf. Corresp., 21756, 21856, 21862.

[12] Napoléon, Correspondance, 21856. Cf. Caulaincourt à Napoléon, 25 mars ; au cardinal Fesch, 8 avril. (Arch. Aff. étrangères, 672.)

[13] Je dis : à peu près perdu, car la troisième mission de Fleury de Chaboulon à Bâle, le 29 mai, était encore une tentative pour la paix.

[14] La Correspondance de Napoléon et celle de Davout témoignent que l'empereur arrêta son plan de campagne au plus tôt au milieu de mai. Le 9 mai, Napoléon écrit : Vandamme doit se réunir à l'armée du Nord, sur la Sambre, où je me trouverai probablement moi-même pour agir avec de grandes masses. (Corresp., 21879.) Mais probablement marque un doute, et dans une autre lettre du même jour on lit : J'attends que la nature de la guerre que l'on devra faire soit mieux déterminée. (Corresp., 21882.) De son côté, Davout, qui est au courant des projets de Napoléon, écrit le 9 mai à Gérard : La nature de la guerre que l'on va faire n'est pas encore bien déterminée. (Corresp. de Davout, 1684.) Le 10 mai, le maréchal paraît croire que c'est l'ennemi qui prendra l'offensive, car il mande à Vandamme : Vous devez rendre impraticable le projet de Wellington de percer par la trouée de Chimay. (Corresp., 1692.) Enfin, deux lettres de l'empereur, du 13 et au 22 mai (Corresp., 21900, 21955), révèlent qu'il hésite encore sur le choix de la ligne d'opérations.

Les ordres donnés par Napoléon et Davout en mars et avril et dans les premiers jours de mai : concentration des corps d'armée sur les frontières du nord, de l'est et du sud-est, — armement des places, — mise en état de défense des Vosges et de l'Argonne, — établissement de têtes de pont sur la Sambre, — instructions d'être prêt à tout événement n'impliquent point l'existence d'un plan offensif. Ce sont des dispositions purement expectatives.

[15] Mémorandums de Knesebeck, 18 et 24 avril. (Suppl. Dispatches of Wellington, X, 174-118.)

[16] Mémorandum de Schwarzenberg, 28 avril. (Suppl. Dispatches of Wellington, X, 170-181.)

[17] Mémorandum envoyé à Vienne par Gneisenau. (Suppl. Dispatches of Wellington, X, 196-197.)

[18] Wellington à Claucarty, Bruxelles, 10 avril. Mémorandum de Wellington, Bruxelles, 12 avril. (Dispatches of Wellington, XII, 295 sqq., et 304 sqq.)

Blücher, bien que n'ayant pas les mêmes sympathies pour Louis XVIII, pensait néanmoins à l'influence que la guerre civile du Midi pourrait avoir sur la campagne. Il écrivait à sa femme le 16 avril (Blücher in Briefen, 138) : Les Français vont probablement s'entre-tuer et je ne puis croire que nous aurons beaucoup à faire.

[19] Rapport du baron Gay, de retour de Vienne, Paris, 28 mai. (Arch. nat., AF. IV, 1938.)

[20] Protocole de la séance du Conseil de guerre du 19 avril (cité par von Ollech, 33-34.) Wrède à Wellington, Vienne, 20 avril. (Suppl. Dispatches of Wellington, X, 109.)

[21] Le 2 mai, les régiments saxons stationnés à Liège se mutinèrent à l'annonce qu'ils allaient être incorporés dans l'armée prussienne. Les soldats débandés parcoururent les rues, criant : Vive le roi de Saxe ? Vive Napoléon ! Il y eut avec les Prussiens des rixes sanglantes. A la tombée de la nuit, des révoltés assaillirent l'hôtel de Blücher. Sans l'arrivée d'un fort détachement prussien, le vieux maréchal eût été en danger. Le lendemain, les Prussiens réduisirent l'insurrection. On fusilla quatre officiers convaincus d'avoir fomenté le mouvement ; 2.000 soldats furent désarmés, tout le contingent saxon fut renvoyé en Allemagne et remplacé par des troupes prussiennes en marche sur l'Elbe et sur le Rhin. Le général de Borstell qui, le premier jour, avait mal exécuté les ordres de Blücher, fut remplacé par le général Pirch Ier. Blücher écrivit au roi de Saxe : Je rétablirai l'ordre, dussé-je faire fusiller toute votre armée.

Hardinge à Wellington, Liège, 4 mai. Blücher au roi de Saxe, 6 mai. (Suppl. Dispatches, X, 219-221, 256.) Blücher à sa femme, Liège, s. d. (Blücher in Briefen, 140-142.) Rapport de La Hauvrie, inspecteur des Forêts, Givet, 8 mai. (Arch. Guerre.) Rapport de Bruxelles, s. d. (Arch. Aff. étrangères, 1802.) Correspondance de Liège. (Moniteur, 9 mai.) Wellington à Blücher, 7 mai. (Dispatches, XII, 357.)

[22] Wellington à Schwarzenberg, Bruxelles, 2 juin. (Dispatches, XII, 437.) Vandamme à Davout, Chimay, 7 juin (Arch. Guerre).

[23] Mémorandum de Schwarzenberg, 8 juin. Schwarzenberg à Wellington, Heidelberg, 10 juin. Protocoles des conférences de Heidelberg, 9 et 10 juin. (Supplementary Dispatches of Wellington, X, 440-448.) — D'après le plan de Schwarzenberg, les différentes armées devaient commencer leur mouvement le 27 juin. Mais afin de marcher à la hauteur des Austro-Russes, qui allaient avoir plus de chemin à faire pour arriver dans le rayon de Paris, Wellington, d'accord avec Blücher, avait décidé que les armées anglaise et prussienne ne passeraient la frontière que le 1er juillet. (Lettre de Müffling à Blücher, Bruxelles, 14 juin, citée par von Ollech, 68.)

[24] Situation du 6 juin, citée par Van Löben Sels (82-83) d'après les Archives militaires des Pays-Bas. — Cet état de situation, le seul authentique qui semble exister, porte les présents sous les armes à 91.228. Mais, d'une part, il faut défalquer de ce total les 2.150 hommes de la brigade de landwehr hanovrienne de Beaulieu, stationnée à Anvers ; et, d'autre part, il faut y ajouter les effectifs des 12 batteries de réserve, du génie, du train, des pontonniers, etc., portés seulement pour mémoire et que l'on doit évaluer, sur les indications de Siborne, au moins à 4.000 hommes, soit : 91.200 – 2.151 = 89.049 + 4.000 = 93.049.

Il y avait en outre, stationnés à Anvers, Ostende, Gand, etc., 4 brigades de landwehr hanovrienne et quelques autres troupes qui ne devaient pas être appelées à entrer en campagne. Ces troupes de garnison sont évaluées par Siborne (I, 426) à 9.000 hommes, par le colonel Chesney (52-53) à 12.000.

[25] Tableaux donnés par Plotho, Der Krieg im Jahre 1815, 35 sqq., et par Damitz (traduction française, I, 354 sqq.).— En 2e et en 3e lignes, les Prussiens avaient la garde royale, les corps de Kleist (plus tard de Hacke), de Louis de Hesse-Hombourg, d'York et de Tauënzien, et la landwehr du Rhin non encore organisée : ensemble 124.000 hommes, dont 70.000 seulement (la garde et les corps de Kleist et d'York) devaient successivement entrer en France.

[26] Plotho et Damitz, qui le copie, évaluent l'armée russe à 167.050 hommes en additionnant les bataillons et les escadrons qu'ils portent, les premiers à 800 fusils, les seconds à 150 sabres. Or si l'on admet, ce qui paraît improbable, qu'il ne manquait point un seul homme dans les corps au départ, on ne peut croire qu'il en était de même à l'arrivée sur les bords du Rhin. Des confins de la Pologne à la frontière française, les Russes avaient dû laisser en route pour les postes d'étape et les petits dépôts et en malades, éclopés, déserteurs, environ un dixième de leur effectif. En outre, le VIIe corps (22 régiments d'infanterie) et les He et IIIe corps de cavalerie de réserve (16 régiments) étaient en retard d'une dizaine de marches. Le 8 juillet, ils arrivaient à peine à la Sarre. Voir Damitz, II, 182. — D'après deux rapports de Vienne, l'un du commencement d'avril (Arch. Guerre), l'autre du 28 mai (Arch. nat., AF. IV, 1938), la Russie ne devait mettre en ligne qu'une armée de 120.000 hommes et même de 80.000.

[27] Selon les rapports officiels cités par Plotho (63, sqq.), l'armée du Haut-Rhin s'élevait à 254.542 hommes. Mais, suivant les renseignements donnés par Plotho lui-même, il faut défalquer de ce nombre : 1° 6.000 Bavarois laissés en garnison à Mayence, à Manheim et à Germesheim ; 2° environ 15.000 Badois qui ne devaient rejoindre l'armée que plus tard. Il faut déduire enfin le corps saxon (compté par Plotho pour 16.700 hommes), qui, à la suite de la révolte de Liège, avait été renvoyé en Allemagne, et que, en raison de ses sentiments français, les coalisés n'auraient pas fait entrer en France.

[28] Plotho (74 sqq.) évalue à 48.000 hommes l'armée autrichienne stationnée dans la haute Italie en 1815 ; mais de ces 48.000 hommes Frimont devait nécessairement en laisser au moins 10.000 en garnison en Lombardie.

[29] Plotho, der Krieg im Jahre 1815, 75.

[30] Mémorandum de Schwarzenberg, 6 juin. (Suppl. Dispatches, X, 441-444.) Schwarzenberg à Wellington, Heidelberg, 10 juin. (Dispatches, XII, 440.) Cette armée, qui avait combattu Murat, était réduite de 40.000 environ à 25.000 hommes, par suite des pertes qu'elle avait subies au feu et des garnisons laissées à Naples et dans les Duchés.

[31] Rapports de Vienne, s. d. (postérieur au 8 avril) ; de Bresson de Valensole, de retour de Vienne, 15 avril. Rapport de l'espion Gottlieb, 3 juin. Rapport de gendarmerie de Givet, 4 juin, etc. etc. (Arch. Guerre.) Rapports de Dresde, 1er et 3 juin (Arch. nat., AF. IV, 1936). Rapports de Vienne et de Bruxelles, s. d. (vers les 1er mai, 1er juin et 3 juin.) (Arch. Aff. étrang., 1802.) Gazette de Bade, 27 mai. Journal de Francfort, 22 mai.

[32] Dans l'exposé de ces plans de campagne, je ne fais que suivre le texte même de Napoléon (Mém. pour servir à l'Histoire en 1815, 51-61), tout en modifiant, d'après les documents d'archives, certaines évaluations d'effectifs et de dates.

[33] Cette évaluation, comme la plupart de celles données dans ce paragraphe, est forcément approximative, puisqu'il s'agit d'une répartition de troupes pour un plan qui n'a pas été adopté. Voici d'ailleurs les chiffres, exacts ceux-ci, sur lesquels je me fonde. On a vu (dans le chapitre précédent) qu'à la mi-juin 135.000 gardes nationaux mobilisés étaient arrivés aux armées, dans les places frontières et dans les dépôts, et que 15.000 avaient été mis en route pour rejoindre les points de concentration. Or j'admets qu'au 1er juillet les deux tiers de ces 150.000 gardes nationaux auraient occupé les places fortes, le troisième tiers restant dans les dépôts de l'intérieur et aux armées du Rhin, des Alpes et des Pyrénées. A ces 100.000 mobilisés, j'ajoute les deux tiers des militaires retraités, des canonniers de la ligne, des canonniers vétérans et canonniers sédentaires, des douaniers, des fusiliers vétérans, etc. (la plupart déjà en garnison dans les places au 15 juin), plus 2.000 ou 3.000 gendarmes et 8 ou 10.000 gardes nationaux urbains.

[34] Napoléon dit même que les Alliés ne seraient arrivés sous Paris que le 1er août, et il n'exagère guère. Sans doute, après Waterloo, les Prussiens et les Anglais vinrent en neuf jours seulement de la frontière belge à Paris, mais, s'ils ne s'étaient avancés pour ainsi dire en pays conquis, — la victoire leur donnait des ailes, dit Grolemann, — ils n'auraient certainement point marché à l'allure de 25 kilomètres par jour. En outre, ils auraient dû régler leur marche sur celle des Austro-Russes. C'est donc la marche des Austro-Russes qui peut donner des éléments d'évaluation. Or, bien que les armées russe et autrichienne eussent passé la frontière le 23 juin, à la nouvelle de Waterloo, — qui les avait galvanisées, dit Müffling, jusque-là ils n'avaient pas bougé ! — Leurs têtes de colonnes n'avaient pas encore, le 10 juillet, dépassé Châlons (43 lieues de Paris). Si donc les Austro-Russes n'avaient franchi la frontière que le 27 juin, comme le portaient les dispositions primitives, ils n'auraient été à Châlons que le 14 juillet. En admettant qu'ils eussent fait alors 15 kilomètres par jour, ils n'auraient pu être concentrés sous Paris avant le 25 ou le 26 juillet.

[35] On a vu qu'à la date du 15 juin il y avait, indépendamment des armées d'opérations, 13.900 soldats en route pour rejoindre ces armées ; 65.000 soldats dans les dépôts ; 8.000 aux hôpitaux ; 19.000 rappelés ayant reçu leurs feuilles de route ; et 46,506 conscrits de 1815 (dont une moitié avaient fait la campagne de 1814), réunis aux chefs-lieux des départements ; en tout 152.400 hommes.

On peut donc admettre que, en six semaines, Napoléon aurait pu trouver dans cette masse de 152.400 soldats au moins 80.000 hommes dont 30.000 auraient formé la garnison de Paris et dont 50.000 auraient renforcé l'armée concentrée sous cette ville. Comme cette armée était composée de l'armée du Nord et de l'armée du Rhin, fortes ensemble au 15 juin de 147.000 hommes, elle eût été portée ainsi à près de 200.000 combattants.

[36] 72.000 soldats sur les 159.400 sus-mentionnés et le tiers des 25.000 militaires retraités, soit 80.000 hommes environ.

[37] 74.000 soldats formant le complément du contingent de 1815 et 84.000 hommes formant le complément de la levée des gardes nationales mobiles.

[38] Napoléon, Mémoires pour servir à l'Histoire, 55. — Le général Berthaut (Principes de stratégie, 26) évalue même ce nombre à 180.000. Les documents étrangers nous apprennent, en effet, que le projet des Alliés était d'observer presque toutes les places et d'en assiéger un assez grand nombre pour se faire une base solide, eine solide Basis. Cf. Mémorandums de Wellington, Bruxelles, 12 avril, et Heidelberg, 6 juin. Lettre du même à Steewart, 8 mai. (Dispatches, XII, 359-362 et Suppl. X, 440.) Grolemann à Schwarzenberg, Liège, 20 mai (cité par von Ollech, Geschichte des Felzuges von 1815, 50).

[39] Pendant la campagne de France, Napoléon n'eut jamais plus de 90.000 hommes opérant entre l'Aisne, la Marne et l'Aube sous son commandement immédiat et sous celui de ses lieutenants Macdonald, Oudinot, Mortier et Marmont. A Brienne, l'Empereur avait 60.000 hommes ; à Champaubert, à Montmirail et à Vauchamps, 24.000 ; à Montereau 40.000 ; à Craonne, 25.000 ; à Laon 38.000 ; à Arcis-sur-Aube 17.000 le premier jour et 28.000 le second. Voir 1814, passim.

[40] Napoléon, Mémoires, 56-57. — Clausewitz (Der Feldzug von 1815, 19) et Jomini (Précis de la Camp. de 1815, 141) sont d'avis qu'au point de vue militaire le plan défensif mit été préférable. Davout, au contraire, pensait que le seul parti à prendre était l'offensive. (Souvenirs manuscrits communiqués par le général duc d'Auerstædt.)

[41] Gourgaud, Campagne de 1815, 30. Napoléon, Mém., 58.

[42] Napoléon, Mémoires, 57-58.

[43] Napoléon, Mémoires, 60. Souvenirs manuscrits de Davout, précités.

[44] Napoléon, Mémoires, 60.

[45] Napoléon, Mémoires, 59.

[46] Il y a des traces de ces hésitations dans la Correspondance : 13 mai, à Davout (21900) : Quelle est la largeur de l'Escaut du côté de Mons, de la Sambre du côté de Charleroi, de la Meuse du côté de Maëstricht ? et combien faut-il de pontons pour faire un pont sur chacune de ces rivières ? — 22 mai, à Soult (22955) : Si je prenais l'offensive par la gauche...

[47] Napoléon, Correspondance, 22004, 22005, 22006, 22022. Ordre de Napoléon, 10 juin. Ordres et lettres de Soult, 5 et 6 juin. (Arch. Guerre, Armée du Nord.) Rapport de Soult à Napoléon, Avesnes, 12 juin. (Arch. nat., AF. IV, 1338.)

[48] Ordre de l'empereur, 10 juin. La Poype à Davout, Lille, 2 juin. Ordres de Davout, 5 et 10 juin. Soult à Rouyer, 5 juin. Frère à Davout, Lille, 8 juin. Vandamme à Davout, 10 juin. (Arch. Guerre, Armée du Nord.)

[49] Grouchy, Relation succincte, 10-11. Déclaration du colonel de Blocqueville. Journal du général Bonnemains. (Arch. Guerre, Armée du Nord.)

[50] Ordre de Soult, Avesnes, 12 juin : L'empereur ordonne que vous mettiez en marche vos quatre corps sur Avesnes... Votre mouvement doit être terminé le 13. (Arch. Guerre.)

[51] Journal de Bonnemains. Déclaration de Blocqueville. Grouchy, Relation succincte, 10. — Bonnemains dit que beaucoup de chevaux étaient blessés au garrot et que tous étaient harassés.

[52] Journal des Séjours de l'empereur. (Arch. nat., AF* IV, 437.)

[53] Napoléon, Correspondance, 22049. Grouchy à Soult et à Kellermann, Bossus, 14 juin. (Arch. Guerre.)

[54] Ordre à l'Armée, Avesnes, 14 juin. (Correspondance, 22052.) — Cette proclamation fut lue aux troupes au réveil. Ordre de d'Erlon, 14 juin. (Arch. Guerre.)

[55] 1er CORPS : DROUET D'ERLON :

1re division d'infanterie : Allix ; brigades Quiot et Bourgeois : 54e, 55e, 23e et 105e de ligne.

(Allix n'ayant pu rejoindre à temps, la 1re division d'infanterie fut coin-mandée par Quiot.)

2e division d'infanterie : Donzelot ; brigades Schmitz et Aulard : 13e léger, 17e, 19e et 51e de ligne.

3e division d'infanterie : Marcognet ; brigades Noguèz et Grenier : 21e, 46e, 25e et 45e de ligne.

4e division d'infanterie : Durutte ; brigades Pégot et Brue : 8e, 29e, 85e et 95e de ligne.

1re division de cavalerie : Jacquinot ; brigades Bruno et Gobrecht : 7e hussards, 3e chasseurs, 3e et 4e lanciers.

Artillerie : de Salle : 6 batteries, train.

Génie : Garbé : 5 compagnies.

(Situation du 1er corps au 10 juin. Arch. Guerre, carton des Situations.)

[56] 2e CORPS : REILLE :

5e division d'infanterie : Bachelu ; brigades Husson et Campy : 2e léger, 61e, 72e et 108e de ligne.

6e division d'infanterie : prince Jérôme Bonaparte brigades Bauduin et Sove : 1er léger, 3e, 1er et 2e de ligne.

7e division d'infanterie : Girard ; brigades Devilliers et Piat : 11e léger, 82e de ligne, 12e léger et 4e de ligne.

8e division d'infanterie : Foy ; brigades Gauthier et B. Jamin : 92e, 93e, 100e de ligne et 4e léger.

2e division de cavalerie : Piré ; brigades Hubert et Vathiez : 1er et 6e chasseurs, 5e et 6e lanciers.

Artillerie : Pelletier : 6 batteries, train. Génie : de Richemont : 5 compagnies.

(Situation du 2e corps au 10 juin. Arch. Guerre.)

[57] 3e CORPS : VANDAMME :

9e division d'infanterie : Lefol ; brigades Billard et Corsin : 15e léger, 23e, 37e et 64e de ligne.

10e division d'infanterie : Habert ; brigades Gengoux et Dupeyroux 31e, 88e, 22e et 70e de ligne, 2e régiment étranger (Suisses).

11e division d'infanterie : Berthezène ; brigades Dufour et Lagarde : 12e, 56e, 33e et 86e de ligne.

3e division de cavalerie : Domon ; brigades Dommanget et Vinot : 4e, 9e et 12e chasseurs.

Artillerie : Doguereau : 5 batteries, train.

Génie : Nempde : 3 compagnies.

(Situation du 3' corps au 10 juin. Arch. Guerre.)

[58] 6e CORPS : MOUTON, COMTE DE LOBAU :

19e division d'infanterie : Simmer ; brigades Bellair et M. Jamin : 5e, 11e, 27e et 84e de ligne.

20e division d'infanterie : Jannin ; brigades Bony et Tromelin : 5e léger, 10e, 47e et 107e de ligne.

21e division d'infanterie : Teste ; brigades Laffite et Penne : 8e léger, 40e, 65e et 75e de ligne.

Artillerie : Noury : 4 batteries, train.

Génie : Sabatier : 3 compagnies.

(Situation du 6e corps au 10 juin. Arch. Guerre.)

[59] 4e CORPS : GÉRARD :

12e division d'infanterie : Pécheux ; brigades Romme et Schaeffer : 30e, 96e, 63e de ligne et 6e léger.

13e division d'infanterie : Vichery ; brigades Le Capitaine et Desprez : 59e, 76e, 48e et 6Oe de ligne.

14e division d'infanterie : de Bourmont ; brigades Hulot et Toussaint : 9e léger, 111e, 44e et 50e de ligne.

7e division de cavalerie : Maurin ; brigades Vallin et Berruyer : 6e hussards, 7e et 8e chasseurs.

Artillerie : Baltus : 5 batteries, train.

Génie : Valazé : 4 compagnies.

(Situation du 4e corps aux 13 mai et 1er juin. Arch. Guerre.) — D'après le rapport de Davout du 23 juin sur la force des armées en campagne (Arch. nat., AF. IV, 1936), le 4e corps aurait été de 17,303 hommes. Ce n'est pas impossible, car du 1er au 15 juin ce corps avait reçu des renforts. Cependant Gérard (Quelques Observations, 45) dit que son infanterie ne s'élevait pas à 13.000 hommes.

[60] RÉSERVE DE CAVALERIE : GROUCHY :

1er CORPS DE CAVALERIE : PAJOL :

4e division : Soult ; brigades Saint-Laurent et Ameil : 1er, 4e et 5e hussards. 1 batterie à cheval, train.

5e division : Subervie ; brigades Alphonse de Colbert et Merlin : 1er et 2e lanciers, et 11e chasseurs. 1 batterie à cheval, train.

2e CORPS DE CAVALERIE : EXELMANS :

9e division : Strolz ; brigades Burthe et Vincent : 5e, 13e, 15e et 20e dragons. 1 batterie à cheval, train.

10e division : Chastel ; brigades Bonnemains et Berton : 4e, 12e, 14e et 17e dragons. 1 batterie à cheval, train.

3e CORPS DE CAVALERIE : KELLERMANN, COMTE DE VALMY :

11e division : Lhéritier ; brigades Picquet et Guiton : 2e et 7e dragons, 8e et 11e cuirassiers. 1 batterie à cheval, train.

12e division : Roussel d'Hurbal ; brigades Blancard et Donop : 1er et 2e carabiniers, 2e et 3e cuirassiers. 1 batterie à cheval, train.

4e CORPS DE CAVALERIE : MILHAUD :

13e division : Wathier de Saint-Alphonse ; brigades Dubois et Travers :

1er, 4e, 7e et 12e cuirassiers. 1 batterie à cheval, train.

14e division : Delort ; brigades Farine et Vial : 5e, 10e, 6e et 9e cuirassiers.

1 batterie à cheval, train.

(Situation des corps aux 1er et 15 juin. Situation générale de la cavalerie au 1er juin, provenant du général Préval. Arch. Guerre.)

[61] GARDE IMPÉRIALE :

Vieille garde à pied : 1er, 2e, 3e et 4e grenadiers. Colonel en premier : Friant ; colonel en second : Roguet ; généraux commandant les régiments : Petit, Christiani, Porret de Morvan, Harlet.

1er, 2e, 3e, 4e chasseurs. Colonel en premier : Morand ; colonel en second : Michel ; généraux commandant les régiments : Cambronne, Pelet, Mallet, Hanrion.

(Les 3e et 4e grenadiers et 3e et 4e chasseurs, de nouvelle formation, étaient appelés moyenne garde dans le langage courant, bien qu'ils fissent officiellement partie de la vieille garde.)

Jeune garde : 1er et 3e voltigeurs, 1er et 3e tirailleurs. Commandants en premier : Duhesme et Barrois ; commandants en second : Guy et Chartran.

Cavalerie légère : Lefebvre-Desnoëttes. Chevau-légers-lanciers : Edouard de Colbert ; chasseurs à cheval : F. Lallemand.

Cavalerie de réserve : Guyot. Grenadiers à cheval : Dubois ; dragons : Ornano (resté à Paris, blessé en duel) ; gendarmes d'élite : d'Autancourt.

Artillerie de la vieille garde, artillerie auxiliaire (jeune garde), train, sapeurs, marins de la garde : Desvaux de Saint-Maurice, Artillerie à pied.

13 batteries : Dominique Lallemand ; artillerie à cheval, 3 batteries : colonel Duchand.

(Situation de la garde au 16 juin, signée d'Hériot, sous-aide-major de la garde. Arch. Guerre.)

[62] Pour les emplacements : Ordre du jour, Avesnes, 13 juin. (Napoléon, Correspondance, 22049.) Rapport de Hulot. Ordres de Soult, Beaumont, 14 juin. Grouchy à Soult, à Pajol, à Kellermann, à Milhaud, Bossus, 14 et 15 juin. Reille à Soult, Solre-sur-Sambre, 14 juin. Ordre du général Delcambre, chef de l'état-major du 1er corps, Avesnes, 14 juin. (Arch. Guerre. Armée du Nord.)

[63] Rapport de Neigre, 2 juin. (Arch. Guerre.) Rapport de Ruty, 13 juin. (Arch. nat., AF. IV, 1938.) — L'artillerie comprenait 35 batteries à pied de 8 (batteries divisionnaires) et de 12 (batteries de réserve), toutes à huit pièces, et 15 batteries à cheval, à six pièces.

[64] Ier CORPS : ZIETEN :

Divisions d'infanterie Steinmetz, Pirch II, Jagow et Henneckel.

Réserve de cavalerie Rader : brigades Treskow et Lützow.

12 batteries.

(Les Prussiens appelaient brigades d'infanterie la réunion de 3 régiments, chacun de 3 bataillons à 730 hommes. Pour éviter une fausse idée au lecteur, je donne le nom de divisions à ces brigades qui avaient en fait un effectif égal et souvent supérieur à celui des divisions françaises.)

[65] IIe CORPS : PIRCH Ier :

Divisions d'infanterie Tippelskirch, Krafft, Brause et Langen.

Réserve de cavalerie Jürgass : brigades Thuemen, Schulenburg et Sohr.

10 batteries.

[66] IIIe CORPS : THIELMANN :

Divisions d'infanterie Borcke, Kemphen, Lück et Stülpnagel.

Réserve de cavalerie Hobe : brigades Marwitz et Lottum.

6 batteries.

[67] IVe CORPS : BÜLOW :

Divisions d'infanterie Hacke, Ryssel, Losthin et Hiller.

Réserve de cavalerie prince Guillaume de Prusse : brigades Schwerin, Watzdorf et Sidow.

11 batteries.

[68] Plotho, Annexes VIII et XI. — Pour les emplacements, Damitz, I, 35-36, 353-364. Von Ollech, 62.

[69] 2e CORPS : LORD HILL :

Division Clinton : brigade Adam (anglaise) ; brigade Duplat (légion germanique) ; brigade William llalkett (hanovrienne).

Division Colville : brigade Mitchell (anglaise) ; brigade Johnstone (anglaise) ; brigade Lyon (hanovrienne).

Brigade de cavalerie Esturff (hanovrienne).

Corps du prince Frédéric des Pays-Bas : division Steedmann (hollando-belge) ; brigade d'Anthing, te Brigade Indienne (hollandaise).

4 batteries.

[70] Ier CORPS : PRINCE D'ORANGE :

Division Cooke : brigades Maitland et Byng (gardes anglaises).

Division Alten : brigade Colin Halkett (anglaise) ; brigade Ompteda (légion germanique) ; brigade Kielmansegge (hanovrienne).

Division Perponcher : brigade Bylandt (hollando-belge) ; brigade prince de Saxe-Weimar (Nassau).

Division Chassé : brigade Detmers et d'Aubremé (hollando-belge).

Division de cavalerie hollando-belge Collaert : brigade Trip (carabiniers) ; brigades Ghigny et Van Merlen (hussards et dragons légers).

9 batteries.

[71] CORPS DE CAVALERIE : LORD UXBRIDGE :

Brigade Somerset (life-guards, horse-guards et dragons de la garde) ; brigade Ponsonby (dragons royaux, Scots Greys et Inniskillings dragoons) ; brigade Dornberg (dragons légers anglais et légion germanique) ; brigade Vandeleur (dragons anglais) ; brigade Grant (hussards anglais et légion germanique) ; brigade Vivian (hussards anglais et légion germanique) ; brigade Arenschild (légion germanique).

[72] RÉSERVE : LORD WELLINGTON :

Division Picton : brigades Kempt et Pack (anglaises) ; brigade Wincke (hanovrienne).

1 batterie.

Division Cole : brigades Lambert (anglaise) et Best (hanovrienne).

1 batterie.

Corps du duc de Brunswick : 8 bataillons, 5 escadrons, 2 batteries.

Brigade Kruse (Nassau).

Artillerie de réserve : 12 batteries.

Situation du 6 juin, citée par van Lerben, 82, 84, 86, d'après les Archives militaires des Pays-Bas.

Il y avait en outre, comme nous l'avons déjà dit (ibid.), 10.000 ou 12.000 hommes de garnison hanovrienne à Furnes, Ostende, Anvers, Nieuport, etc. Mais ces troupes ne devaient point prendre part aux hostilités dans l'hypothèse de l'offensive des Alliés ni dans celle de l'offensive de Napoléon par la vallée de la Sambre.

Pour les emplacements : Wellington au prince d'Orange et à lord Uxbridge, Bruxelles, 30 avril. (Dispatches, XII, 337-338.) Siborne, History of the War in 1815, I, 25-28. Van Löben, 98-100.

[73] Clausewitz (Der Felzug von 1815, 29) dit que les armées ne pouvaient être rassemblées à leur centre en moins de quatre à cinq jours. C'est une petite exagération, les faits le prouvent. Si la bataille de Ligny n'avait pas eu lieu, la concentration qui commença dans l'après-midi du 14 pour les Prussiens, et dans la nuit du 15 au 16 pour les Anglais, aurait été complètement achevée le 17 à midi entre Sombreffe et les Quatre-Bras.

[74] Wellington, Réplique à Clausewitz (Dispatches, XII, 523.)

[75] Wellington au czar, Bruxelles, 15 juin. (Dispatches, XII, 470 sq.) Cf. lettre du même à lord Lyndoch, 13 juin (Ibid., 462) : Nous sommes trop forts pour être attaqués ici.

[76] Blücher à sa femme, Namur, 3 juin. (Blücher in Briefen, 143.)