1814

LIVRE SIXIÈME

IV. — LES DEUX COMBATS DE FÈRE-CHAMPENOISE. - MARCHE DES ALLIÉS SUR PARIS.

 

 

Le 23 mars avant le jour, la grande armée austro-russe leva ses bivouacs des bords de la Marne et se mit en marche sur deux colonnes. La colonne principale, formée des VIe, IVe, Ve et IIIe corps, s'engagea sur la route de Vitry à Fère-Champenoise, l'artillerie tenant la chaussée, l'infanterie s'avançant à droite et à gauche. La seconde colonne, formée des gardes et réserves, prit à travers champs, par Courdemanges, Sommepuis et Montepreux, de façon à rejoindre le gros des troupes à la hauteur de Fère-Champenoise[1]. De son côté, l'armée de Silésie quitta Châlons à six heures du matin, se dirigeant sur Bergères[2]. Jusqu'à Meaux, où devait s'opérer leur concentration, les deux armées allaient marcher parallèlement sur deux routes, distantes en moyenne de quinze à vingt kilomètres : les troupes de Schwarzenberg passant par Fère-Champenoise., Treffaux et Coulommiers, les troupes de Blücher passant par Bergères, Montmirail et la Ferté-sous-Jouarre[3].

Vers huit heures du matin, comme les cavaleries du comte Pahlen et du prince Adam de Wurtemberg, qui formaient l'avant-garde de la grande armée, venaient de dépasser Cosles, leurs éclaireurs signalèrent quelques milliers d'hommes rangés en bataille sur les hauteurs de Soudé-Sainte-Croix[4]. C'était le petit corps de Marmont. On a vu que ce maréchal et le duc de Trévise, s'étant tardivement mis en marche des environs de Fismes pour rallier l'empereur dans la direction de Châlons, s'étaient laissé couper les routes de Reims et d'Épernay et avaient dû prendre le chemin le plus long. Le 24 mars, Mortier arriva à Vatry et Marmont à Soudé-Sainte-Croix, où le duc de Trévise devait le rejoindre le lendemain au point du jour, afin de se porter ensemble vers Vitry. De tant d'événements accomplis depuis quatre jours, les maréchaux savaient seulement qu'on s'était battu à Sommepuis et qu'on avait tiré le canon au bord de la Marne. Ils supposaient l'empereur établi près de cette rivière, en deçà ou au delà.

Dans cette nuit du 24 au 25 mars, Marmont, voyant de Soudé-Sainte-Croix d'innombrables feux briller à l'horizon, fut d'abord incertain s'ils appartenaient aux Français ou aux Alliés. Ses reconnaissances lui rapportèrent que ces bivouacs étaient ceux de l'ennemi. Il ne douta plus d'être attaqué le lendemain, soit par un corps détaché de la grande armée si les Alliés marchaient sur Vitry, soit par l'armée entière s'ils marchaient sur Paris[5]. Il eût sans doute été plus sage, vu le peu de troupes des deux maréchaux — Marmont avait 5.800 hommes et Mortier 10.700 — de se mettre aussitôt en retraite. Le duc de Raguse n'en jugea pas ainsi, abusé par cette singulière illusion qu'il serait, en tous cas, bien placé pour évacuer sans pertes les grandes plaines qu'on aurait à traverser jusqu'à Sézanne. Il se contenta de dépêcher à Mortier un aide de camp, chargé de lui dire d'accélérer sa marche sur Soudé de façon à s'y trouver avant le point du jour. L'aide de camp s'égara. Vers cinq heures du matin, Mortier arriva, mais il arriva sans ses troupes qu'il avait arrêtées à Vatry. Les deux maréchaux concertèrent d'effectuer à Sommesous, à huit kilomètres en arrière de Soudé, la jonction qu'on ne pouvait plus opérer près de ce village. Mortier retourna à Vatry et Marmont disposa ses troupes en ordre de bataille, moins pour disputer le terrain que pour imposer à l'ennemi et donner le temps au corps du duc de Trévise d'atteindre Sommesous. Marmont ne resta en position que jusqu'à l'approche de la cavalerie des Alliés. Il la salua de quelques salves, puis il commença son mouvement rétrograde, qui étant prévu et bien préparé s'exécuta avec ordre[6].

Quand Marmont atteignit Sommesous, Mortier ne s'y trouvait pas encore. Abandonner la position sans attendre les troupes du duc de Trévise, c'était les livrer aux Alliés. Il valait mieux périr avec elles que se sauver sans elles, dit très justement Marmont. Le maréchal s'établit en avant de Sommesous, à l'intersection des routes de Chatons à Arcis et de Vitry à Fère-Champenoise. Ses trente pièces de canon ouvrirent un feu violent, tenant à distance les escadrons de Pahlen et de Wurtemberg. Le maréchal Mortier arriva enfin avec son infanterie et la cavalerie de Belliard, qui prirent position à la gauche du corps de Marmont et dans le même ordre : l'artillerie en première ligne, la cavalerie, formant deux échelons, en deuxième ligne, l'infanterie en troisième ligne. L'ennemi hésita à charger. Il commença à contrebattre avec trente-six bouches à feu les soixante pièces des deux maréchaux. On canonna deux heures sans résultat[7]. Cependant le gros des Alliés approchait. Les Français qui comptaient douze mille cinq cents fantassins et quatre mille cavaliers[8] n'avaient encore devant eux que six à sept mille chevaux[9], mais ils voyaient s'avancer dans la plaine des masses énormes de combattants, véritable marée humaine prête à les engloutir. La venue d'un premier renfort, une division de deux mille trois cents cuirassiers autrichiens décida Marmont à opérer sa retraite. Le désordre se mit dans l'artillerie de Mortier, attelée avec des chevaux entiers. L'ennemi s'enhardit. Les hussards russes chargèrent les cuirassiers de Bordessoulle, qui protégeaient la retraite de l'artillerie, et les culbutèrent. Belliard lança en avant la division Roussel, de façon à prendre en flanc les hussards. Mais les dragons, se voyant menacés eux-mêmes d'être pris de flanc par la seconde ligne de Pahlen qui les débordait, furent saisis d'une panique et tournèrent bride sans avoir fourni la charge. Heureusement l'infanterie faisait bonne contenance, se repliant à pas comptés, en carrés par échiquier[10].

Les maréchaux espéraient encore éviter un désastre. Ils comptaient sans les giboulées de mars. Le vent qui venait de l'est fraîchit soudain, puis souffla en tempête ; de gros nuages noirs envahirent le ciel où toute la matinée avait brillé le soleil ; la pluie et la grêle tombèrent comme un torrent. Les grêlons chassés diagonalement par la rafale cinglaient au visage et aux mains les Français, les aveuglant et mouillant la poudre des amorces. L'ouragan se faisait l'auxiliaire de l'ennemi. Les cavaliers russes qui avaient le vent à dos continuaient à sabrer, tandis que nos fantassins ne pouvaient plus ni charger ni tirer. Il fallait se défendre à l'arme blanche. Les assaillants, que venaient de renforcer plus de trois mille cuirassiers et, dragons de la garde russe, envoyés de Montepreux par Barclay de Tolly, redoublèrent d'efforts, poussant en même temps des charges sur le front et sur les flancs de l'infanterie et pénétrant dans les intervalles des carrés. Marmont, réfugié dans un carré et voulant passer dans un autre, dut trois fois de suite, afin de n'être point enlevé, rentrer précipitamment sous la protection des mêmes baïonnettes[11]. C'est dans cette tempête et dans cette mêlée que les Français atteignirent le ravin de Connantray. La confusion se mit dans quelques carrés au moment où ils se formaient en colonnes pour passer le défilé. La brigade Jamin fut rompue et faite entièrement prisonnière. D'autres troupes abandonnèrent leur artillerie. Grâce à la tenace défense de la division Ricard et de la 2e division de la vieille garde du général Christiani, postées aux deux ailes, l'armée réussit cependant à franchir le passage. On se reforma de l'autre côté de Connantray, l'infanterie à la gauche en colonnes de bataillon, la cavalerie à la droite, un échelon eu ligne, l'autre en colonnes de régiment[12].

Une nouvelle panique saisit bientôt toute cette cavalerie en apercevant les mille ou douze cents Cosaques de Seslavine qui, envoyés la veille battre l'estrade vers Pleurs[13], accouraient au bruit du combat et débouchaient par Œuvy sur le flanc des Français. Les cavaliers se débandent, lâchent la bride à leurs chevaux et s'enfuient au triple galop sur la route de Fère-Champenoise[14]. L'infanterie, qui se voit découverte, s'épouvante à son tour, crie : Sauve-qui-peut ! quitte ses rangs et prend le pas de course à la suite de la cavalerie. On abandonne les canons et les équipages, on jette sacs et fusils pour courir plus vite[15]. Tout ce monde traverse comme un ouragan Fère-Champenoise. — Deux milliers de ces fuyards firent d'une seule traite plus de vingt-cinq lieues ; on les vit passer à Sézanne, à la Ferté-Gaucher, à Coulommiers, enfin à Meaux, où ils entrèrent, toujours courant, 3e lendemain à quatre heures de l'après-midi[16] ! — Entraînés dans la fuite de leurs soldats, qui ne les écoutent plus, les maréchaux désespèrent de rallier même une seule brigade, lorsque le 9' de marche de grosse cavalerie, qui arrive de Sézanne, guidé par le canon, débouche au grand trot dans Fère. Sans se laisser rompre par les troupes en déroute, ces escadrons sortent du village dans un ordre parfait et viennent se former en ligne, face à l'ennemi : cinq cent trente hommes contre six mille. Les Cosaques de Seslavine s'avancent ; les cuirassiers leur épargnent la moitié du chemin et les ramènent sabre aux reins. La charge vigoureuse et plus encore la magnifique attitude de ce régiment imposent à la cavalerie alliée qui suspend un instant sa marche. Les deux maréchaux profitent de cette hésitation pour remettre un peu d'ordre dans leurs troupes et les établir sur les hauteurs de Linthes, à mi-route du Sézanne[17].

Il était environ cinq heures du soir. Soudain on entend le canon entre Bannes et Fère-Champenoise. Un tressaillement court dans les rangs, tous les cœurs battent. — C'est l'empereur qui attaque ! C'est le canon de l'empereur ! Les cris de joie, les acclamations retentissent ; et ces mêmes hommes qui une heure auparavant ne fuyaient pas assez vite au gré de leur peur, demandent à marcher de nouveau contre l'ennemi[18]. Les deux maréchaux, sachant trop bien d'où provenait la canonnade[19], arrêtèrent cet élan, de peur de sacrifier inutilement les débris de leur petite armée. Les cuirassiers de Bordessoulle ne voulurent rien entendre. Jaloux d'effacer leur triste conduite, ils mirent sabre au clair et s'élancèrent. Écrasés par la mitraille, ils durent bientôt se replier sur le gros des troupes. La retraite continua vers Allemant où les Français, suivis seulement par les Cosaques de Seslavine et la cavalerie du prince Adam, prirent position entre six et sept heures du soir[20].

Le canon, dont les échos avaient fait tressaillir les soldats de Marmont, n'était malheureusement pas celui de Napoléon victorieux. Cette canonnade était le coup de grâce donné par l'ennemi aux héroïques gardes nationales des généraux Pacthod et Amey.

Ces deux divisions, qui faisaient partie du 11e corps et qui n'avaient pu rejoindre l'armée de Macdonald dans sa marche vers l'Aube et la Marne, s'étaient portées sur Sézanne où elles avaient cantonné le 23 mars[21]. Un immense convoi de cent fourgons d'artillerie et de quatre-vingts voitures, chargées d'effets militaires et de 200.000 rations de pain et d'eau-de-vie, venait aussi d'arriver dans cette ville, sous l'escorte de quatre bataillons et du 8e de marche de cavalerie commandés par l'adjudant-commandant Noiset[22]. Dans la nuit du 23 au 24, les deux généraux apprirent qu'un corps français se trouvait entre Montmirail et Étoges, en marche vers Sommepuis. Pacthod et Amoy résolurent de rallier cette colonne, afin de  rejoindre avec elle la grande armée impériale. Les vivres et les munitions amenées de Paris semblaient être d'une nécessité pressante pour l'armée ; Pacthod s'offrit à les convoyer. Il avait seize canons, et sa division et celle d'Amey présentaient un effectif total de 4.300 hommes, tous, à l'exception d'un faible bataillon du 54e de ligne, gardes nationaux et conscrits à peine exercés[23]. Malgré la mauvaise qualité de ces troupes — il était du moins permis d'en juger ainsi — l'escorte parut suffisante. Les 4.600 cavaliers et fantassins de Noiset restèrent à Sézanne où, suivant des ordres récents de l'empereur, tous les détachements isolés devaient se concentrer sous le commandement du général Compans[24].

Le 24 mars au matin, la colonne se mit en route pour Étoges. Les habitants dirent qi te le maréchal Mortier y avait séjourné la veille et en était parti au point du jour se dirigeant vers Vassy. Les troupes prirent à droite et poussèrent jusqu'à Bergères où elles s'arrêtèrent, brisées de fatigue. Pacthod dépêcha un officier à Vatry pour demander des instructions au duc de Trévise. Déjà fort embarrassé, dans ces graves circonstances, de donner des ordres à son propre corps d'armée, Mortier répondit que le général n'avait qu'à rester à Bergères. Le conseil était mauvais, car dans cette position, Pacthod se fiât de toute façon trouvé en l'air[25]. D'ailleurs l'officier s'égara au retour et ne revint à Bergères que dans la matinée du 25 mars, après le départ des troupes. Il les rejoignit à mi-chemin de Vatry, près de Villeseneux, à dix heures et demie[26]. Pacthod arrêta la colonne, mais avant de rétrograder sur Bergères, il fit faire la grand'halte. Les faisceaux étaient formés depuis un quart d'heure et les hommes commençaient à manger, lorsque le général Delort aperçut un gros de cavalerie qui se dirigeait perpendiculairement à la route[27]. C'était l'avant-garde de l'armée de Silésie, en marche de Châlons sur Bergères. Prévenu par Gneisenau, qui avait poussé en personne une reconnaissance sur la gauche, qu'un convoi considérable s'avançait vers Vatry, Korff avec ses 4.000 dragons et chasseurs, les 1.500 Cosaques de Karpow et une batterie légère, avait quitté la route à Thibie et passé la Somme-Soude près de Germinon. Pendant ce temps, les troupes de Blücher, précédées par la cavalerie de Wassilitchikoff, continuaient leur marche sur Bergères[28].

Pacthod croyant n'avoir affaire qu'à un fort parti de fourrageurs prit ses dispositions de combat. Sa division, ployée en colonnes de bataillon et ayant ses trois batteries sur son front, appuya sa droite à Villeseneux. La division Amey, formée en un grand carré, occupa la gauche de la ligne de bataille. Les voitures et les fourgons se massèrent en arrière. À l'approche des escadrons ennemis, les gardes nationaux et les Maries-Louises firent bonne contenance. Plusieurs charges simultanées furent repoussées. Pacthod se maintint en position jusqu'à midi ; mais voyant croître les forces de l'ennemi et craignant d'être tourné, il se décida à se replier sur Fère-Champenoise, en remontant la petite rivière de la Somme-Soude. On se mit en mouvement, l'infanterie formée en six carrés, les voitures rangées par quatre de front au centre des carrés. La marche était des plus lentes, le désordre se mettant à tout instant dans le convoi et les bataillons s'arrêtant sans cesse pour repousser les charges multipliées de la cavalerie de Korff. L'artillerie russe à cheval, rapide manœuvrière, venait s'établir à trois cents mètres des Français et leur envoyait une volée de projectiles, puis les cavaliers se ruaient sur les carrés mitraillés[29].

La colonne fit ainsi une lieue et demie avec une peine infinie mais sans se laisser entamer. L'énorme quantité de voitures que l'on convoyait augmentait les difficultés et les périls de cette retraite. Arrivé à la hauteur de Clamanges, le général Pacthod se résigna à abandonner son convoi pour sauver son corps d'armée. Il fit faire halte et ordonna de dételer les chevaux des voitures ; ils serviraient du moins à doubler les attelages de l'artillerie. Le major Caille avec deux bataillons se posta dans Clamanges, et sa droite ainsi appuyée, Pacthod réussit à contenir l'ennemi assez de temps pour que pût s'achever l'opération. La colonne un peu allégée reprit sa marche vers Fère-Champenoise, toujours cheminant sous la mitraille des canons de Korff et au milieu des charges incessantes de la cavalerie[30].

Vers quatre heures, comme on approchait d'Ecury-le-Repos, une section d'artillerie, soutenue par deux régiments de dragons russes, gagna la tête de la colonne et l'arrêta par son feu. En même temps la cavalerie de Wassilitchikoff — 2.500 dragons et hussards et deux batteries d'artillerie à cheval[31] — qui s'est détachée à son tour de l'armée de Silésie, débouche par Pierre-Morains sur le flanc droit des Français. De son côté, Korff redouble ses attaques. Les deux divisions sont cernées de toute part, enserrées dans un cercle effroyable de sabres et de mitraille. Il ne s'agit plus seulement de repousser les charges de l'ennemi et de subir sa canonnade, il faut se faire jour à travers ses masses. Le général Delort forme son carré en colonne d'attaque et fond à la baïonnette sur les dragons et les canonniers qui barrent le chemin de Fère-Champenoise. Ceux-ci reculent. Les Français se remettent en mouvement, mais à un kilomètre plus loin, ils sont arrêtés de nouveau par les mêmes troupes qui ont repris position et dont l'artillerie multiplie ses coups. Des renforts arrivent encore à l'ennemi : les 1.600 cuirassiers de Kretow qui, inquiets d'entendre le canon sur leur droite, ont abandonné la poursuite de Marmont. Cependant les six carrés, disposés en ordre oblique, de façon à croiser leurs feux par les quatre faces, résistent à tous les assauts et continuent leur retraite au milieu des tourbillons de cavalerie qui remplissent les vides de l'échiquier[32].

Depuis plus de quatre heures, on marchait ainsi sous la mitraille et chargé tous les quarts d'heure par les escadrons ennemis. Pas un carré n'avait été entamé, pas un homme n'avait faibli. Les généraux français, plus surpris que les Russes eux-mêmes, de l'intrépidité de ces soldats en sabots et en chapeaux ronds, espéraient encore atteindre Fère-Champenoise. Arrivés en vue des hauteurs qui dominent cette ville, ils reconnurent que de nombreuses troupes les occupaient. Nous crûmes d'abord, dit le général Delort, que c'étaient les corps des maréchaux Mortier et Marmont, et nous nous réjouissions d'avoir opéré une jonction qui n'était pas sans gloire. Mais l'illusion fut de courte durée ; la décharge d'une artillerie formidable nous annonça en éclaircissant nos rangs que nous étions en présence d'un nouvel ennemi[33].

C'étaient les gardes russes et prussiennes, commandées par les souverains en personne. Partis de Vitry à dix heures du matin, Alexandre et Frédéric-Guillaume avaient fait la route continuellement salués par le bruit du canon qui allant sans cesse s'éloignant leur annonçait le succès de leur armée. Ils avaient dépassé Fère-Champenoise pour se porter à la suite de la cavalerie dans la direction de Perthes, lorsqu'ils se croisèrent avec un officier du général Kretow porteur d'une dépêche pour le comte Pahlen. Le prince Wolkonsky ayant ouvert la lettre dit au czar et à Schwarzenberg que Kretow signalait la marche d'une colonne française sur le flanc droit de l'armée. Schwarzenberg traita cette nouvelle de chimère, et Alexandre dit en riant à Wolkonsky : — Tu vois toujours double quand il s'agit de l'ennemi[34]. Mais la canonnade se faisant entendre dans l'instant même au nord de Fère-Champenoise, les souverains revinrent sur leurs pas et ne tardèrent pas à apercevoir les troupes de Pacthod, chargées en queue et sur les flancs par les escadrons russes. Les gardes nationales, prenant de loin l'état-major des Alliés pour celui du maréchal Marmont, poussèrent d'une seule voix le cri de guerre des armées françaises : Vive l'empereur ! Cette grande acclamation dominant le grondement du canon arriva jusqu'au czar comme un sublime défi[35].

Des officiers furent envoyés dans les différentes directions afin de rallier toute la cavalerie et toute l'artillerie qui se trouvaient aux environs. La 23e batterie à cheval, arrivée la première sur le terrain, ouvrit le feu contre les Français qui, pleins de confiance, marchaient droit devant eux. Les cavaliers serraient de si près les carrés que plusieurs décharges, passant par-dessus la tête des fantassins, vinrent frapper les rangs des hussards de Wassilitchikoff. Ce général croyant être en présence d'un nouveau corps français, comme les gardes nationales l'avaient elles-mêmes cru d'abord, fit braquer ses pièces sur les canons russes ; quelques biscaïens tombèrent devant le czar qui se tenait à cheval près de la batterie. Un aide de camp d'Alexandre courut pour mettre fin à la confusion, et toutes les batteries, rectifiant leur tir, foudroyèrent de concert les deux petites divisions françaises[36].

La retraite sur Fère devenait impossible. Pacthod prit le parti du dégager sa droite par un effort vigoureux et de gagner les marais de Saint-Gond. S'il pouvait les atteindre, il défierait toutes les attaques de la cavalerie. Les Français ayant perdu plus d'un tiers de leur effectif et ne formant plus que quatre carrés — trois des six carrés réduits à un trop petit nombre de baïonnettes s'étaient fondus en un seul — se mirent stoïquement en marche dans la nouvelle direction. Encore une fois ils percèrent la masse des chevaux[37]. À chaque pas qu'ils faisaient, cette masse grossissait autour d'eux. Aux 4.000 cavaliers de Korff et aux 1.500 Cosaques de Karpow s'étaient joints successivement les 9. 500 hussards et dragons de Wassilitchikoff, et les 1.600 cuirassiers de Kretow. Arrivaient maintenant à. la rescousse les trois régiments de cavalerie légère de la garde russe, la division de hussards de Pahlen, la division de cuirassiers de la garde russe de Dépréradovitsch, la brigade de cavalerie de la garde prussienne, les huit régiments de cuirassiers autrichiens de Nostitz, enfin les chevaliers-gardes avec le grand-duc Constantin. Il y avait là vingt mille cavaliers[38]. Les Français n'étaient plus même trois mille. Nos troupes, dit le général Delort, n'en marchaient que plus serrées et plus fièrement, comme si leur énergie s'accrût à proportion des périls[39].

On fit encore six kilomètres dans cette tempête de chevaux. L'ennemi n'arrêtait ses charges que pour permettre aux batteries de mitrailler ces intrépides bataillons. Après chaque bordée, les fantassins serraient les rangs et recevaient les cavaliers russes sur leurs baïonnettes tordues par tant de coups. La charge repoussée, ils reprenaient leur marche. Un seul carré, démoli par les boulets, fut enfoncé. Les hommes continuèrent à se défendre ; ils furent presque tous sabrés. Les trois autres carrés allaient atteindre les marais, lorsque le général Dépréradovitsch, qui les avait facilement devancés vers Bannes, avec un régiment de cuirassiers et une partie des batteries de réserve, les arrêta net par le feu de quarante-huit pièces de canon[40]. Le czar et le roi de Prusse se hâtèrent d'envoyer des officiers de leur état-major pour sommer les Français de se rendre, pour les en conjurer serait-il plus juste de dire, car cette héroïque défense avait ému les souverains. Mais les soldats étaient exaspérés par cette retraite de dix heures sous la mitraille et sous les charges où, à chaque minute, ils avaient vu s'éclaircir leurs rangs et s'accroître les masses ennemies. Ivres de poudre, de bruit et de sang, acceptant magnanimement leur destinée tout en ayant la rage au cœur, ils ne pensaient plus qu'à tuer et à mourir. Ils ne voulaient ni recevoir ni donner quartier. Le colonel Rapatel, officier d'ordonnance du czar et ex-aide de camp de Moreau, fut abattu d'un coup de fusil comme il s'avançait agitant un mouchoir blanc[41].

La lutte reprit, sauvage et désespérée. Les soldats ne voulaient point se rendre, mais Pacthod pensa qu'après une résistance si longue et si valeureuse, son devoir de commandant en chef lui imposait d'épargner ce qui restait de ses hommes. Il sortit de son carré et s'avança fièrement, le bras droit, brisé par une balle, tombant inerte et ensanglanté le long du corps, au-devant d'un nouveau parlementaire, le colonel de Thiele. — Rendez-vous, mon général, lui cria Thiele : je vous en supplie. Vous êtes cerné de tous côtés. — Je ne parlemente pas sous le feu des batteries, répondit froidement Pacthod. Faites cesser votre feu, je ferai cesser le mien. L'artillerie russe s'étant, sur ce point, arrêtée de tirer, Pacthod rendit son épée[42]. Peu après, le carré du général Delort, battu à mitraille sur ses quatre faces, ayant épuisé toutes ses cartouches et ayant repoussé plusieurs charges à la baïonnette sans tirer un seul coup de feu, mit bas les armes[43]. Le dernier carré résistait encore. Une nouvelle volée de boulets ouvrit une brèche énorme dans ces murailles vivantes ; la cavalerie y entra, sabrant les soldats désunis qui se défendaient corps à corps et tâchaient de se frayer passage jusqu'aux marais de Saint-Gond. Cinq cents environ purent s'échapper. L'empereur Alexandre, transporté d'admiration, poussa son cheval à la suite des chevaliers-gardes pour arrêter le carnage. En vain ses officiers s'efforçaient de retenir le czar, lui représentant les dangers qu'il allait courir dans cette atroce mêlée : — Je veux sauver ces braves, dit-il[44].

Après le combat, les souverains se firent présenter les généraux prisonniers : Amey, Delort, Bonté, Janin, Thévenet et Pacthod ; ces deux derniers étaient blessés. Le czar loua chaleureusement les généraux de leur héroïque défense, et ordonna qu'on leur rendît leur épée et leurs chevaux. Tous les prisonniers furent traités avec la plus grande humanité[45]. De ces quatre mille trois cents hommes qui avaient fait sept lieues en combattant contre cinq mille, puis contre dix mille, puis contre vingt mille cavaliers, qu'appuyait une artillerie formidable, cinq cents avaient pu gagner les marais, quinze cents, un grand nombre blessés, s'étaient rendus après une résistance désespérée, plus de deux mille étaient tombés sur le champ de bataille[46]. Il n'est personne, dit le général Delort, qui n'ait fait au delà de ce que prescrit l'honneur, mais je ne saurais trouver d'expression pour rendre témoignage aux gardes nationales. L'épithète de braves et d'héroïque est sans force et sans énergie pour donner l'idée précise de leur conduite. C'est la valeur la plus impassible en même temps qu'elle est la plus énergiquement active, selon qu'il faut recevoir la mort sans chercher à l'éviter ou conserver la vie pour prouver qu'on sait la défendre[47]. Et c'étaient ces mêmes hommes que, un mois auparavant, le maréchal Oudinot n'avait pas voulu, dit-on, mettre en ligne à Bar-sur-Aube, de peur qu'ils ne jetassent le désordre dans l'armée !

On a imputé à Marmont tous les malheurs de la journée de Fère-Champenoise. S'il avait marché plus vite en quittant Fismes, a-t-on dit, il aurait pu opérer sa jonction avec l'empereur, et puisqu'il avait perdu tant de temps, du moins aurait-il dû se porter sur Sézanne au lieu de s'aventurer vers Soudé. À Sézanne, il se fût renforcé des six ou sept mille hommes des généraux Pacthod, Amey et, Compans, et il eût très vraisemblablement évité un combat avec les armées alliées. Ces reproches sont peu fondés. Marmont ne pouvait savoir qu'il y eût trois divisions françaises à Sézanne, et d'autre part ses troupes firent plus de trente lieues du 21 au 24 mars. Ce n'est point de la lenteur de sa marche qu'il faut accuser le duc de Raguse, c'est de sa mauvaise direction. Là est l'immense faute, à mieux dire l'erreur fatale de Marmont. Si au lieu de se guider sur un ordre, d'ailleurs sujet à interprétation, du major général, Marmont eût réglé ses mouvements d'après ceux de l'ennemi, il se fût porté le 48 mars à Reims, en place de se porter à Fismes. Les avant-gardes de l'armée de Silésie, arrêtées ainsi devant Reims jusqu'au 21, et contenues ensuite dans leur marche par Marmont et Mortier, qui se fussent repliés sur Châlons, n'auraient pu arriver que le soir du 23 vers les sources de la Somme-Soude[48]. Quelles conséquences ! Le 23 mars, le conseil de guerre des Alliés, ignorant l'approche des troupes de Blücher, n'aurait pas pris le parti de diriger l'armée sur Châlons. On se fût donc résolu soit à suivre l'empereur au delà de la Marne, manœuvre à laquelle Napoléon voulait amener l'ennemi, soit à se retirer sans combat sur Langres, retraite qui selon les historiens russes et allemands ne se fût arrêtée qu'au Rhin. En tout cas, les Coalisés n'auraient pas entrepris si tôt leur marche sur Paris. Il y a rarement, sans doute, de petites causes à de grands effets, mais à la guerre ce n est pas une petite cause qu'un faux mouvement.

Le soir des combats de Fère-Champenoise, Marmont et Mortier ne pouvaient plus douter de la marche des Alliés sur Paris. Les deux maréchaux étaient trop faibles pour leur en disputer la route ; il leur importait du moins de les y devancer. Pacthod, en attirant sur lui par son admirable résistance tout l'effort de l'ennemi, avait dégagé la petite armée des ducs de Raguse et de Trévise, qui se trouva à même de continuer sa retraite sans être sérieusement inquiétée. Marmont, malheureusement, ne sut pas profiter de ce répit pour gagner de l'avance sur les Coalisés. Au lieu de se diriger droit sur Sézanne, où passe la route de Paris et qu'occupait encore le général Compans avec environ 1.500 hommes, il fit un mouvement excentrique sur Allemant[49]. Arrivé là, le duc de Raguse se ravisa, mais il était bien difficile de remettre en marche incontinent ses troupes brisées de fatigue : elles avaient fait, toujours combattant, plus de quarante-cinq kilomètres. Ces quelques heures de repos que les hommes auraient pris à Sézanne, en toute sécurité, il fallait les leur donner à Alternant. Marmont, se résignant à passer la nuit où il était, dépêcha un aide de camp au général Compans pour l'inviter à tenir dans Sézanne jusqu'au lendemain matin. Intimidé par la foule de fuyards qui avaient traversé la ville dans la soirée et inquiet de la présence d'un parti de cavalerie prussienne sur la route de Montmirail, ayant d'ailleurs l'ordre exprès de se replier s'il était menacé, Compans avait déjà commencé d'évacuer Sézanne. Il refusa d'arrêter son mouvement et répondit à l'envoyé des maréchaux que tout ce qu'il pouvait faire était de laisser une arrière-garde dans la ville jusqu'à deux heures du matin[50]. Marmont néanmoins ne mit ses troupes en marche d'Allemant que passé cette heure-là. Quand aux premières lueurs du jour, sa tête de colonne déboucha sous Sézanne, un parti ennemi l'occupait. Il fallut plusieurs heures pour débusquer les Prussiens. On passa, mais à Esternay on dut faire la grande halte[51].

Cette halte, l'attaque de Sézanne, le séjour trop prolongé à Alternant, et d'abord la malencontreuse marche sur cette position, tous ces retards et tous ces faux mouvements, donnèrent le temps aux Prussiens d'York, qui s'avançaient de Montmirail, d'occuper la Ferté-Gaucher, et à la cavalerie de la grande armée d'atteindre l'arrière-garde de Marmont[52]. Les Français se trouvaient arrêtés en tête, menacés en queue. Il fut décidé entre les deux maréchaux que Marmont contiendrait la cavalerie de Pahlen tandis que Mortier refoulerait les Prussiens sur la rive droite du Grand Morin, de façon à regagner la route de Coulommiers par les hauteurs qui dominent la Ferté-Gaucher au sud. Après un vif combat, Marmont réussit à arrêter pour quelque temps la poursuite de l'ennemi. Il se disposait à rejoindre son collègue sur la route de Coulommiers, par les plateaux de Lécherolles et de Laval, lorsqu'il reçut du duc de Trévise la plus déconcertante nouvelle. Au lieu de se borner à occuper les hauteurs, Mortier s'était épuisé en vains efforts contre la ville même, et finalement renonçant à l'attaque il s'était mis en retraite sur Provins[53]. Ce mouvement incompréhensible[54] couronnait toutes les erreurs et toutes les fautes commises depuis dix jours par les deux lieutenants de l'empereur. Rétrograder sur Provins c'était perdre trois marches, c'était renoncer à joindre Compans à Meaux et à défendre dans cette bonne position les approches de Paris.. C'était, par cela même, enlever à la capitale le temps de préparer sa défense, à Napoléon la possibilité de tomber sur les derrières de la grande armée.

Le corps du duc de Trévise était engagé sur la route de Provins ; Marmont dut l'y suivre, quel qu'en fût son mécontentement[55]. Après avoir marché toute la nuit, les troupes atteignirent Provins le 27 mars dans la matinée. Le 28, on se remit en mouvement sur Nangis, où Mortier prit la route de Guignes et de Brie Comte-Robert, Marmont, celle de Melun et de Villeneuve-Saint-Georges. Les deux corps d'armée, un instant séparés, firent leur jonction dans l'après-midi du 29 mars, au pont de Charenton[56].

Pour le général Compans qui, ayant neuf heures d'avance sur les deux maréchaux[57], avait pu passer librement à la Ferté-Gaucher le 26 mars, il se dirigea vers Meaux par la grande route de Coulommiers. Cette ville était occupée par le général Vincent, qui s'y était replié de Montmirail à la pointe du jour avec deux cents fantassins et cent dragons et gardes d'honneur, et avait rallié, à force de menaces et de prières, cinq ou six cents fuyards de Marmont[58]. La cavalerie prussienne était en vue. Après une courte halte, Compatis et Vincent se remirent en marche vers Meaux où ils arrivèrent le 27 mars dans la matinée[59]. L'importance de la position de Meaux était reconnue depuis longtemps. On y avait accumulé les munitions de guerre : vingt-sept mille gargousses, trois millions de cartouches. Mais depuis la veille seulement, on avait commencé quelques travaux de défense. L'armement consistait en sept pièces de 8 ; la garnison se composait de 3.440 hommes[60]. C'étaient presque tous des conscrits et des gardes nationaux, et ils ne valaient pas ceux de Pacthod. Leur chef, le général Ledru Desessarts, les dépeignait ainsi : Les gardes nationaux font pitié, mal tenus, mal commandés et ne sachant pas tenir leurs fusils qui sont d'une malpropreté dégoutante. Deux jours plus tard, le brave Compans devait dire à son tour : J'ai la douleur de constater qu'on ne peut pas avoir de plus mauvaises troupes[61]. Cependant des lettres pressantes du ministre de la guerre, annonçant des renforts, enjoignaient à Ledru Desessarts de tenir désespérément dans Meaux. C'est le salut de Paris, écrivait Clarke[62]. L'arrivée de Compans et de Vincent, qui amenaient avec huit bouches à feu un millier de fantassins et environ 1.300 cavaliers des 8e et 10e de marche et des fuyards de Marmont[63], élevaient la garnison à près de 6000 hommes, nombre encore bien insuffisant vu l'étendue de la position à défendre. Les trois généraux se résolurent néanmoins à disputer le passage de la Marne. Compans s'établit dans Meaux et dans le faubourg du Cornillon, Ledru Desessarts prit position à Trilport, Vincent posta sa cavalerie sur la rive gauche, à Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux, où quelques centaines de gardes nationaux des environs vinrent volontairement se joindre à la troupe[64].

Vers quatre heures de l'après-midi, les têtes de colonnes de l'armée de Silésie débouchèrent parla route de la Ferté-sous-Jouarre. Vincent s'engagea résolument contre la cavalerie du général Emmanuel, mais craignant bientôt d'être enveloppé par la division Horn, qui dessinait un mouvement vers Montceau, il se replia sur Trilport où il passa la rivière. L'ennemi le suivit de près. Les gardes nationaux de Ledru Desessarts, qui occupaient Trilport, s'enfuirent aux premiers coups de feu, sans même essayer de couler le bac. En peu de temps les assaillants eurent pied sur la rive droite. Vincent tenta une charge. La moitié de ses cavaliers, — c'étaient les fuyards de Marmont, tournèrent bride au commandement de : En avant ! Ni paroles ni coups de plats d'épée ne purent arrêter la panique. Toutes les troupes se précipitèrent en désordre dans Meaux. Le jour tombait. La cavalerie du général Emmanuel et un parti d'infanterie prussienne prirent position entre les routes de la Ferté-sous-Jouarre et de Soissons, tandis qu'une autre colonne prussienne venait s'établir devant le faubourg du Cornillon. Meaux ne paraissait plus tenable ; les généraux se résignèrent à évacuer la ville dans la nuit. À dix heures, les troupes se mirent en marche vers Claye. L'arrière-garde fit sauter le magasin à poudre dont l'explosion détruisit un grand nombre de maisons du faubourg de Paris[65].

Le lendemain, 28 mars, nouveau combat, nouvelle retraite. Dans la matinée, les Prussiens attaquèrent vigoureusement Claye. Au moment où l'on abandonnait ce village, arrivèrent des renforts de Paris : 3.000 fantassins des dépôts de la garde, trois escadrons de lanciers polonais et 400 cuirassiers formant le 12e de marche de cavalerie[66]. Compans prit position en arrière de Claye, et laissant déboucher dans la plaine l'infanterie prussienne, il la fit soudain charger par tous ses cavaliers. Trois cents hommes tombèrent sous le sabre, cinq cents se rendirent prisonniers ; le reste de la colonne se rejeta précipitamment dans Clave. L'ennemi revint en forces. Compans continua sa retraite de position en position jusqu'à Ville-Parisis, qu'il dut évacuer après un nouveau combat. Le soir, il établit ses bivouacs à Vert-Galand, à quatre lieues de Paris[67].

 

 

 



[1] Ordre de Schwarzenberg pour le 25 mars, Vitry, 24 mars, cité par Plotho, III, 375. Cf. Danilewsky, Feblzug in Frankreich, II, 108.

[2] Ordre de Blücher, Châlons, 25 mars, cité par Schels, II, 35.

Une partie seulement de l'armée de Silésie entra dans la colonne : les corps de Langeron et de Sacken et l'infanterie de Winzingerode. Les corps de Kleist et d'York occupaient Château-Thierry où ils avaient passé la Marne dans la soirée du 24, poussant leur avant-garde sur Montmirail. La cavalerie de Winzingerode galopait, comme on sait, sur la route de Saint-Dizier, à la suite de Napoléon, et le corps de Bülow commençait un nouveau siège de Soissons.

[3] Rapport de Marmont à Berthier, Allemant, 28 mars. Arch. de la guerre. Cf. Mémoires de Marmont, II, 224-225, 229-231, Journal de Fabvier, 60.

[4] Danilewsky, II, 108, 109 ; Schels, II, 42, 43.

[5] Rapport de Marmont à Berthier, Allemant, 26 mars, 1 heure du matin. Arch. de la guerre. Cf. Mémoires de Marmont, VI, 230-232 ; Journal de Fabvier, 59.

[6] Rapport de Marmont, Allemant, 26 mars. Arch. de la guerre.

[7] Cf. Rapport de Marmont, Allemant, 26 mars. Arch. de la guerre. Bogdanowitsch, II, 118 ; Schels, II, 44.

[8] Marmont : Divisions Lagrange, Ricard et Arrighi, 4.000 ; cavalerie de Bordessoulle : 1.800. Mortier : divisions Christiani, Charpentier et Curial : 8.500. Cavalerie de Boulnoir, de Roussel, et 7e de marche de cavalerie, sous Belliard : 2280. Total général : 16.580.

[9] Division Pahlen : hussards, uhlans et Cosaques d'Hovaisky : 4.830 hommes ; division du prince Adam : dragons et chasseurs : 1.500 hommes. Régiment de chasseurs Archiduc Ferdinand, attaché à la division du prince Adam au moment de la formation de l'armée du Sud : 550 hommes. Division de cuirassiers de Kretow, des réserves russes, placée provisoirement sous les ordres de Pahlen : 1.600 hommes. Total : 8.480 hommes, dont il faut défalquer au moins le cinquième pour les pertes subies depuis l'entrée en France. Tableau de la grande armée alliée en 1814. Arch. top, de Saint-Pétersbourg, 22854. Cf. Plotho, III (Annexes), 1-15 ; Bogdanowitsch, II, 327-328 ; Schels, II, 42-43.

[10] Cf. Rapport de Marmont, Allemant, 26 mars. Arch. de la guerre. Journal de Fabvier, 60 ; Bogdanowitsch, II, 118.

[11] Journal des opérations de Barclay de Tolly. Arch. top. de Saint-Pétersbourg, 29188. Rapport de Marmont, Allemant, 26 mars. Arch. de la guerre. Mémoires de Marmont, VI, 234 ; Bogdanowitsch, II, 119 ; Danilewsky 110.

[12] Rapport de Marmont, Allemant, 26 mars. Arch. de la guerre. Journal de Fabvier, 62 ; Bogdanowitsch, II, 120.

[13] Ordre de Schwarzenberg, Vitry, 24 mars, cité par Plotho, III, 375.

[14] Une terreur panique fit prendre la fuite à la cavalerie... On ne peut rien comprendre à la conduite de la cavalerie qui, si elle eût fait l'ombre de contenance, eût empêché tout accident. Deux fois la même scène s'est renouvelée dans la journée... Rapport de Marmont, Allemant, 26 mars. Arch. de la guerre.

[15] Les Français perdirent presque toute leur artillerie (50 pièces sur 60), 60 voitures de munitions, des sacs et des fusils, enfin 5000 hommes, tant tués et blessés que prisonniers. Cf. Journal des opérations de Barclay de Tolly. Arch. top. de Saint-Pétersbourg, 29188. Rapport de Marmont, Allemant, 26 mars. Arch. de la guerre. Journal de Fabvier, 62. Schels, II, 52 ; Koch, II, 386-387 ; Bogdanowitsch, II, 120, 121. — Les pertes furent surtout grandes pour l'infanterie de Mortier. Le corps du duc de Trévise se trouva réduit de près de moitié.

[16] Ledru Desessarts à Clarke, Meaux, 26 mars. Vincent à Berthier, Meaux, 26 mars. Journal de Vincent. Arch. de la guerre. — Le fait parait incroyable, surtout si l'on songe que, avant de prendre la fuite, ces troupes avaient déjà fait six lieues en combattant, mais il ne peut, comme on voit, être mis en doute.

[17] Rapport de Marmont, Allemant, 26 mars. Schels, II, 53 ; Bogdanowitsch, II, 120. Pour l'effectif du 9e de marche, cf. Clarke à Berthier, 21 mars. Arch. de la guerre. Il est à remarquer que ni dans ses rapports, ni dans ses Mémoires. Marmont, qui mentionne cependant l'arrivée à Fère du 9e de marche, se dit pas un mot du secours que lui prêta ce régiment.

[18] Koch, II, 388 ; Danilewsky, II, 112 ; Schels, II, 59 ; Bogdanowitsch, II, 121.

[19] Nous entendîmes une épouvantable canonnade... Le duc de Trévise me dit que c'était probablement le général Pacthod... Mémoires de Marmont, VI, 235.

[20] Rapport de Marmont, Allemant, 26 mars. Arch. de la guerre. Schels, II, 59-60 ; Danilewsky, II, 112 ; Bogdanowitsch, II, 121. — Presque toute la cavalerie de Kretow, Pahlen, Dépréradovitsch et les cuirassiers autrichiens avaient été rappelés vers Fère-Champenoise pour combattre la colonne de Pacthod.

[21] On a vu que par suite d'ordres mal interprétés la division Amey qui devait le 22 mars escorter le grand parc de l'armée, de Saint-Saturnin à Sommepuis, avait laissé ce parc continuer seul la route et s'était replié sur Sézanne. Quant à la division Pacthod, c'était, d'après les instructions mêmes de Macdonald, qui craignait que son lieutenant ne pût le rejoindre entre Arcis et Frignicourt, qu'elle s'était dirigée de Nogent sur Sézanne. Rapport de Macdonald à Berthier, Valcourt, 28 mars. Arch. de la guerre.

[22] Registre de Berthier, 20 mars. Relation du général Delort. Arch. de la guerre, à la date du 25 mars. — Il y avait deux généraux du nom de Delort à l'armée impériale en 1814 : l'un, commandant la 2e division du 2e corps de cavalerie ; l'autre, brigadier de Pacthod.

[23] Les rapports russes et les historiens français (Koch, Vaudoncourt, Thiers) portent les deux divisions à 5.800 ou 6.000 fusils. D'après la Relation manuscrite du général Delort, brigadier de Pacthod, ce petit corps n'aurait pas dépassé le chiffre de 3.300 hommes : 800 pour les conscrits d'Amey ; 2.500 pour les gardes nationales de Pacthod et le bataillon du 53e. À comparer les situations des Archives de la guerre, il semble que Delort ait mis un 2 pour un 3 en donnant l'effectif de la division Pacthod. La situation du 1er mars porte 3.955 hommes ; celle du 5 mars, 4.007, celle du 10 (la dernière qui se trouve aux Archives), 4.027. Pacthod ne combattit point du 10 au 23 mars. Qu'il ait perdu pendant ces quinze jours 500 hommes par les maladies et la désertion, c'est bien là tout ce qu'on peut admettre. On arrive ainsi au chiffre minimum de 3.500 hommes. Pour la division Amey, que Koch évalue à 1.800 hommes, la relation du général Delort qui la porte seulement à 800 hommes est conforme aux situations du 11e corps : 793 hommes.

[24] Correspondance de Napoléon, 21 529. Clarke à Comparas et à Michal, 29 mars. Relation du général Delort, 25 mars. Arch. de la guerre. — Le 24 mars arriva aussi à Sézanne le 9e de marche de grosse cavalerie qui allait, comme on l'a vu, se porter le 25 au secours de Marmont.

[25] Si Mortier comptait marcher en avant, il devait faire venir Pacthod à Vatry pour prendre la queue de la colonne ; si au contraire il croyait avoir à rétrograder, c'était Fère-Champenoise et non Bergères qu'il devait marquer à ce général comme point de retraite. — D'ailleurs, à en juger par sa lettre de Vatry, 24 mars (citée dans les Mémoires de Marmont, VI, 331-332), le duc de Trévise croyait cette nuit-là l'ennemi en pleine retraite sur Vitry.

[26] Mémoires de Marmont, VI, 235, 236 ; Koch, II, 389.

[27] Relation du général Delort. Arch. de la guerre.

[28] Rapport de Korff, Vieux-Maisons, 26 mars, cité par Bogdanowitsch, 122. Danilewsky, II, 115 ; Schels, II, 57, 58 et 60 (note).

[29] Relation du général Delort. Arch. de la guerre. Cf. Rapport de Korff.

[30] Relation du général Delort. Rapport de Korff.

[31] Schels, II, 60, porte à 3.903 sabres les deux divisions de Wassilitchikoff. Mais, d'après le tableau de la composition de l'armée de Silésie (Arch. top. de Saint-Pétersbourg, n. 22 860), elles ne montaient à leur entrée en France qu'à 3.200 hommes, et le 25 mars, ayant alors éprouvé de grandes pertes, leur effectif s'était réduit d'un quart.

[32] Relation du général Delort. Arch. de la guerre. Bogdanowitsch, 123-121 ; Koch, II, 391 ; Schels, II, 57.

[33] Relation du général Delort. Cf. Danilewsky, II, 116.

[34] Bogdanowitsch, II, 124.

[35] Danilewsky, II, 116. Cf. Pradt, 63.

[36] Cf. Journal des opérations de Barclay de Tolly. Arch. top. de Saint Pétersbourg, 29 188. Lettre de Steewart, Fère-Champenoise, 26 mars (Correspondance de lord Castlereagh, V, 397). Danilewsky, II, 116 ; Schels, II, 56 ; Bogdanowitsch, II, 125.

[37] Relation du général Delort, Arch. de la guerre. Cf. Bogdanowitsch, II, 125 ; Koch, II, 391, 392.

[38] À leur entrée en France, ces différents corps de cavalerie présentaient na effectif total de 21.597 hommes, tableaux de la composition de la Grande armée et de l'armée de Silésie. Arch. top. de Saint-Pétersbourg, n° 22 854 et n° 22 860.

[39] Relation du général Delort. Arch. de la guerre.

[40] Journal de Barclay de Tolly. Arch. top. de Saint-Pétersbourg. Relation du général Delort. Arch. de la guerre ; Danilewsky, II, 117 ; Schels, II, 58 ; Bogdanowitsch, II, 125. — Selon Bogdanowitsch, l'état-major russe désespérant de venir à bout, avec vingt mille cavaliers, de cette poignée d'hommes, avait déjà envoyé l'ordre à Rajewsky d'avancer avec tout son corps d'infanterie.

[41] Mémoires de Longeron. Arch. des affaires étrangères. Bogdanowitsch. II, 126. — On dit que dans ce carré se trouvait un capitaine d'artillerie, propre frère du transfuge.

[42] Danilewsky, II, 118. Bogdanowitsch, II, 126.

[43] Relation du général Delort. Arch. de la guerre.

[44] Journal de Barclay de Tolly. Arch. de Saint-Pétersbourg. Mémoires de Langeron. Arch. des affaires étrangères. Bogdanowitsch, II, 126 ; Schels, II, 58 ; Danilewsky, II, 118.

[45] Bogdanowitsch, II, 126. Danilewsky, II, 118. — Danilewsky présenta lui-même le général Pacthod au czar.

[46] La brigade Delort, forte de 1.200 nommes, en avait perdu 700 dans l'action. Relation du général Delort. Arch. de la guerre. À défaut d'antres renseignements, il est supposable que les pertes des brigades Thévenet, Janin et Bonté, qui avaient subi les mêmes attaques et combattu avec le même courage, furent dans les mêmes proportions.

[47] Relation du général Delort. Arch. de la guerre. — La division Pacthod était formée de gardes nationales des départements de Seine-et-Marne, de Seine-et-Oise, de la Sarthe, de Maine-et-Loire, de Loir-et-Cher, d'Indre-et-Loire et du Calvados. Cf. Relation de Delort et Correspondance de Napoléon, 21 113, 21 133, etc.

[48] Les coureurs de Winzingerode, partis de Reims le 20, n'arrivèrent entre la Marne et l'Aube que le 22 dans la soirée.

[49] Rapport de Marmont, Alternant 20 mars, Arch. de la guerre. — Marmont prétend dans ses Mémoires (VI, 235) qu'il voulait d'abord se retirer sur Sézanne, mais que le colonel du 9e de marche lui dit en passant à Fère-Champenoise que l'ennemi occupait cette ville. Il est impossible d'admettre que cet officier, qui arrivait tout droit de Sézanne, ait fait un faux rapport dans d'aussi graves circonstances. C'est là une spécieuse excuse, comme Marmont sait toujours en trouver quand il se juge en faute.

[50] Cf. Compans à Clarke, Sézanne, 25 mars, 6 heures du soir. Clarke à Napoléon, 26 mars. Arch. de la guerre. Correspondance de Napoléon, 21 529.

[51] Rapport de Marmont à Clarke, Provins, 27 mars. Arch. de la guerre.

[52] Rapport de Marmont à Clarke, Provins, 27 mars. Arch. de la guerre. Mémoires de Marmont, VI, 136, 137 ; C. de W. (Müffling), Kriegsgesch. 1814, II, 130 ; Schels, II, 75-77. — Les troupes qui occupaient la Ferté-Gaucher étaient la division du prince Guillaume de Prusse (corps d'York), arrivant de Montmirail. La cavalerie qui poursuivait l'arrière-garde de Marmont était le corps de Pahlen renforcé du régiment du colonel Blücher, lequel, arrivant également de Montmirail, avait joint les Russes à Esternay.

[53] Rapport de Marmont à Clarke, Provins, 27 mars. Arch. de la guerre.

[54] Le mouvement était incompréhensible, car en admettant que le duc de Trévise crût ne point pouvoir regagner la route de Coulommiers c'était sur Rozoy et non sur Provins qu'il aurait dû se diriger.

[55] Dans ses Mémoires qui diffèrent toujours si étrangement de ses rapports, Marmont expose (VI, 239) que le mouvement sur Provins avait été concerté entre lui et Mortier dés 4 heures de l'après-midi. Voici ce qu'il dit dans son rapport du 27 mars : Nous décidâmes qu'il fallait s'emparer d'un plateau qui donnait les moyens de tourner la Ferté Gaucher et d'aller prendre plus loin la route de Coulommiers... et il reprend, plus loin : Tout à coup le duc de Trévise m'informa qu'au lieu de se porter sur la route de Coulommiers il prenait celle de Provins. Ce mouvement me contraria beaucoup. Dans une nouvelle lettre (Melun, 28 mars, Arch. de la guerre), Marmont reparle encore de ce mouvement sur Provins : Je voudrais être à Meaux, et cela serait sans la marche ridicule et absurde que nous avons faite sur Provins. Le plus fort, c'est ceci : à propos d'une lettre de Clarke où est dit : Le mouvement sur Provins a tout compromis. Marmont dit en note : Le mouvement sur Provins a été le salut de deux corps d'armée (p. 341). Ainsi, selon que Marmont rédige ses rapports ou compose ses Mémoires, le même mouvement est tour à tour une marche absurde et le salut de deux corps d'armée !

[56] Marmont à Clarke, Provins, 27 mars, et Melun, 28 mars. Ordre de marche pour le 6e corps, Melun, 28 mars, 10 heures du soir. Mortier à Clarke, Guignes, 28 mars, 10 heures du soir, Arch. de la guerre.

[57] Compans était parti de Sézanne le 25 à minuit tandis que les deux maréchaux n'en étaient partis qu'à 9 heures du matin, le 26.

[58] Journal de Vincent, et Vincent à Berthier, Meaux (27 mars). Arch. de la guerre. — Il y avait, dit Vincent, 1.200 cavaliers et un millier de fantassins. Je parvins à rallier 600 ou 700 cavaliers et quelques fantassins, les autres ne voulant rien entendre continuèrent leur route vers Meaux. Ledru Desessarts, commandant de Meaux, signale à son tour le passage de cette colonne de fugitifs dans sa lettre à Clarke du 26 mars, 8 heures du soir : 12 à 1.500 hommes en désordre ont passé par la porte du Cornillon sans que j'aie pu les arrêter.

[59] Journal de Vincent. Ledru Desessarts à Clarke, 27 mars, 2 heures après-midi. Arch. de la guerre.

[60] Ledru Desessarts à Clarke, 24 et 26 mars. Situation de la subdivision de Seine-et-Marne (garnison de Meaux) au 26 mars. Arch. de la guerre.

[61] Ledru Desessarts à Clarke, Meaux, 23 mars ; et Compans à Clarke, Meaux, 27 mars. Arch. de la guerre.

[62] Clarke à Ledru Desessarts, 26 et 27 mars. Arch. de la guerre.

[63] Ledru Desessarts à Clarke, 26 mars. Cf. Registre de Berthier (ordres du 20 mars) et Registre de Bernard (lettre à Mortier, 24 mars).

[64] Journal de Vincent ; Vincent à Berthier et Ledru Desessarts et Compans à Clarke, 27 mars. Arch. de la guerre. — Vincent donne ce détail curieux. Je remarque le mauvais aspect de la gendarmerie. Elle n'est d'aucune utilité sous le rapport de la police civile ou militaire. Les officiers que j'ai appelés refusent tous de se prêter au bien du service.

[65] Journal de Vincent. Ledru Desessarts et Compans à Clarke, 20 et 28 mars. Mémoires de Langeron. Arch. des Aff. étrangères. Cf. Schels, Operax. der verbündeten Heer. gegen Paris. II, 10e, 110.

[66] Clarke à Napoléon, 28 mars, à Joseph, 27 mars. Journal de Vincent. Arch. de la guerre.

[67] Compans à Clarke, Vert-Galant, 29 mars, 8 heures du matin. Journal de Vincent. Arch. de la guerre. Cf. Schels, II, 124, 125 ; Bogdanowitsch, II, 139. Les historiens étrangers portent seulement à 200 le chiffre des prisonniers faits à Claye.