LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME IV — LE SAINT-ESPRIT

IV. — LA CROISADE JUIVE.

 

 

I. — ACTES DES APÔTRES, CHAPITRE XIII.

 

Imposture n° 48. - L'ÉGLISE D'ANTIOCHE.

Le but est de faire croire que sous Claude, pendant les procuratures de Cuspius Fadus et de Tibère Alexandre, Saül accompagné de Barnabé et qui plus est du futur évangéliste Marc a prêché la résurrection en divers lieux, qu'il a été agréé de tous les christiens d'Antioche, notamment de Ménahem, et — ceci est vraiment fantastique — que tous célébraient déjà les saints mystères de la jehouddolâtrie dans le sens où on pouvait les entendre au quatrième siècle.

1. Il y avait dans l'église d'Antioche des prophètes et des docteurs, parmi lesquels Barnabé et Siméon, qui s'appelait le Noir, Lucius de Cyrène, et Ménahem, frère de lait d'Hérode le tétrarque[1], et Saül.

2, Or, pendant qu'ils offraient au Seigneur les saints mystères[2], et qu'ils jeûnaient, l'Esprit-Saint leur dit : Séparez-moi Saül et Barnabé pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés.

3. Alors, ayant jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les firent partir.

Ces preux ne quittent Antioche qu'après avoir liturgisé[3], — à la lettre, fait le service public, — ce qu'il faut évidemment, entendre de la mystification eucharistique. C'est le mot service divin que donnent beaucoup de traducteurs, et, en effet le scribe a voulu dire très nettement que la Cène étant un fait historique accepté dès ce temps, les christiens d'Antioche la célébraient, et, semble-t-il, le premier jour de chaque semaine (plus tard dimanche), comme si l'Eucharistie elle-même faisait le fond de leur superstition. C'est la marque d'une rédaction postérieure à celle de l'ensemble des Actes, notamment de la partie où l'on voit Saül devenu Paulos faire des sacrifices d'animaux dans le Temple de Jérusalem pendant la procurature de Félix, et ce à l'instigation de Jacques le Mineur, lequel dans le système adopté par les Actes est encore vivant pendant cette procurature.

Protestants et catholiques s'entendent pour faire le silence sur la composition de l'Église millénariste d'Antioche, qui, au temps de la famine, comprenait, outre Shehimon et Jacob, Joannès-Marcos, Siméon dit Niger dont on ne sait rien — sinon peut-être qu'il était eunuque et éthiopien, — Lucius de Cyrène et Ménahem. C'est en vain, nous l'avons dit déjà, qu'on chercherait le nom de ces trois derniers personnages dans les recueils d'histoire ecclésiastique. Et pourtant ils devraient y être au premier rang, puisque, selon le système de l'Église, ce sont eux qui les premiers ont mérité le nom de attristions, dans le sens jehouddolâtrique, et armé en guerre l'illustre Apôtre des nations ! Siméon, Lucius et Ménahem sont inconnus, dit le Saint-Siège. D'accord pour Siméon, mais Ménahem est historiquement le plus connu des sept fils de Jehoudda et il va entrer en ligne sous Néron. Quant à Lucius de Cyrène, n'est-il point le frère de ce Simon le Cyrénéen dont les enfants, Alexandre et Rufus, racontaient à tout venant que leur père avait été crucifié à la place du roi des Juifs ? Et, n'est-ce point pour cela qu'au second siècle on a mis un Évangile sous le nom de Loucas ? Car qui a jamais vu Loucas en dehors de Lucius ? Et qu'est-ce que Loucas sinon l'équivalent syriaque de Loukios ?

Imposture n° 49. - CONVERSION DE SERGIUS PALLUS[4], GOUVERNEUR DE CHYPRE, EN JEHOUDDOLÂTRE.

Les bonnes relations de Saül avec Sergius Faunus, gouverneur de Chypre, et avec Simon le Magicien ne sont pas niables ; ces relations ayant abouti à divers mariages entre fonctionnaires romains et princesses hérodiennes par l'intermédiaire obligeant de Simon, notamment celui de Félix, procurateur de Judée sous Claude, avec Drusilla, fille d'Agrippa Ier, il s'agit de faire croire au très excellent Théophile que ces relations ont été très éphémères et d'ailleurs rompues par la disgrâce presque immédiate de Simon. Pendant son séjour chez Sergius Paullus, protecteur de Simon, Saül, devenu jehouddolâtre par le ministère de Barnabé et de Joannès-Marcos, a semé la division entre Sergius Paullus et son indigne protégé, car, comme à l'ordinaire quand l'Esprit-Saint parle d'un romain en place, Paullus est un homme digne. Nous savons au contraire que les relations de Saül avec Simon et, Paullus ont continué de plus belle, et que si par hasard elles étaient voilées d'un nuage, elles redevenaient subitement bonnes lorsqu'il s'agissait d'amener les christiens à l'impossibilité de nuire.

4. Et eux, étant ainsi envoyés par l'Esprit-Saint, allèrent à Séleucie, et de là ils firent voile pour Chypre.

5. Quand ils furent venus à Salamine, ils annonçaient la Parole de Dieu dans les synagogues des Juifs. Or Joannés les aidait dans le ministère,

O. Après qu'ils eurent parcouru toute l'île jusqu'à Paphos, ils trouvèrent un certain homme, magicien, faux prophète et Juif, dont le nom était Bar-Jésus.

7. Et qui était avec le proconsul Sergius Paulus, homme prudent, Celui-ci, ayant fait venir Barnabé et Saül, désirait entendre la parole de Dieu.

8. Or Élimas[5], le magicien, (car c'est ainsi qu'on interprète son nom), leur résistait, cherchant à détourner le proconsul de la foi.

9. Mais, rempli de l'Esprit-Saint, Saül, qui est le même que Paulos, le regardant,

10. Dit : Ô homme plein de toute malice et de toute fraude, fils du Diable[6], ennemi de toute justice, tu ne cesses de subvertir les voies droites du Seigneur.

11. Mais maintenant, voilà la main du Seigneur sur toi, et tu seras aveugle, ne voyant pas le soleil jusqu'à un certain temps. Et soudain tomba sur lui une profonde obscurité et des ténèbres ; et allant çà et là il cherchait qui lui donnât la main.

12. Alors le proconsul, voyant ce fait, crut, admirant la doctrine du Seigneur.

Loin de s'apitoyer sur le cas de Simon frappé de cécité ou tout au moins d'une grave maladie d'yeux pour n'avoir pas cru immédiatement que son coreligionnaire Bar-Jehoudda fût consubstantiel au Père, les apologistes s'émerveillent des résistances qu'il oppose à cette vérité démontrée. Nous nous permettrons très timidement de faire observer que son adversaire ne songe pas un instant à user de persuasion. Il punit — et de quel droit ? — sans nous fournir aucun moyen de juger entre eux, ni même de savoir exactement à quoi Simon résiste. Au fait, à quoi Simon résiste-t-il ? Et comment se laisse-t-il aveugler par un homme aussi peu qualifié que Saül pour exercer la vengeance au nom de Bar-Jehoudda, et qui, venant lui-même d'être aveuglé pendant trois jours aux portes de Dames, semble peu propre à répandre auteur de lui cette lumière offensive ? Car, dans le système des Actes, Simon a reçu le baptême des mains de Philippe en un temps où Saül, perclus en son entendement et niant encore la résurrection, lapide, emprisonne et pourchasse les jehouddolâtres les plus notoires. Il a entendu Pierre ; et c'est pour avoir attaché trop de valeur à l'Esprit-Saint qu'il n'a point été associé à l'apostolat ; mais enfin il croit à la résurrection de Bar-Jehoudda, puisqu'il a été baptisé en son nom à Samarie. Encore une fois à quoi résiste-t-il ? Simplement au mensonge dont il est objet de la part de l'Eglise.

Simon devient aveugle juste au moment où le très excellent Théophile aurait pu voir clair dans le jeu du Saint-Esprit. Pierre, dès la Samarie, avait annoncé à Simon le Chypriote qu'il lui arriverait quelque chose de fâcheux. Cette chose fâcheuse, c'est sa Grande révélation elle-même, c'est tout ce qu'il a écrit à partir de 789. Saül, sous le faux nom de Paul, était convertissable ; Simon ne l'était point. Saül n'avait point écrit ; Simon avait laissé des disciples, témoins de sa doctrine et qui ont honoré sa mémoire pendant plusieurs siècles. Saül n'avait laissé que ses os, au-delà des mers, dans la terre d'Espagne ; on a pu en faire des castagnettes pour accompagner l'orgue.

S'il faut en croire Augustin, c'est pour célébrer sa victoire sur Paullus que Saül aurait quitté son nom et pris celui de ce proconsul comme marque de triomphe[7]. Mais d'abord le Sergius Paullus du premier siècle n'a jamais été proconsul, et s'il s'est fait christien, c'est dans la mesure où Saül l'était lui-même. Sans doute on voit bien que l'Église, à un moment qu'on ne saurait fixer, a changé le nom de Saül en celui de Paullus, on voit bien qu'elle expliquait ce changement par l'épisode introduit dans les Actes, on voit même qu'au cinquième siècle elle n'en fournissait pas d'autre explication ; mais ce qu'on ne voit pas du tout, c'est le prince hérodien s'attribuant de lui-même le nom du gouverneur de Chypre, prêchant le culte de Bar-Jehoudda dans le monde romain, emprisonné, traduit devant les procurateurs de Judée et finalement décapité à Rome sous un nom qui d'après l'Église aurait appartenu à un proconsul en charge ! On connaît notre respect pour les exégètes ; nous pensons toutefois que s'ils avaient réfléchi à ce qu'il y a de singulier et même d'unique dans cette usurpation, ils ne lui auraient point prêté l'appui de leur infaillibilité. D'autant plus qu'ouvrant Josèphe ils y auraient trouvé la prouve qu'en 819, à la veille de quitter la Judée pour se retirer en Italie, le pseudo-apôtre Paulos, anti-jehouddiste et anti-christien depuis son bas âge, portait toujours le nom de Saül. Si Sergius Paullus, gouverneur de Chypre, se fit christien de l'école simonienne, ses descendants ne le suivirent pas, car le Sergius Paullus, consul suffète vers 149-154 de l'Erreur jehouddolâtrique, puis consul en 168, n'était certainement christien ni de l'une ni de l'autre école[8].

Maintenant, Barnabas et Jehoudda, fils de Shehimon, sont-ils venus prêcher la croisade juive dans les synagogues de Salamine ? C'est très possible, c'est même très probable. Mais s'ils s'y sont trouvés en même temps que Saül, et Simon, soyez sûrs que ce n'est pas ensemble, à Paphos et chez Sergius Paulien. Soyez sûrs également que si le gouverneur admirait la doctrine de Bar-Jehoudda, c'est dans le même sens que Saül et de la même façon que Pilatus.

L'Église, toujours reconnaissante pour le mensonge quand il ne lui en coûte rien, a nommé Sergius Pauline évêque de Narbonne, et aujourd'hui encore c'est lui que cette ville reconnaît pour son apôtre, Pourquoi Narbonne ? Parce que, dit l'édition du Saint-Siège, saint Paul l'avait établi là dans le voyage qu'il fit pour se rendre en Espagne. Narbonne est bien, on effet, sur la voie qui conduisait de l'Italie dans la Bétique. L'Itinéraire d'Antonin, qui décrit cette voie, nomme Nice, Arles, Narbonne, les Monts Pyrénéens et Barcelone. Sans doute, l'Itinéraire d'Antonin dit cela, mais il n'ajoute pas que Saül a pris la voie pavée pour se rendre en Espagne, et nous ne terminerons pas notre ouvrage sans avoir démontré qu'il a pris la voie de mer, la voie de Jonas.

C'est à partir de son séjour chez Pallus que les Actes appellent Saül Paulos. Nous avons montré qu'il n'y a pas de paronymie possible entre ces deux hommes. La paronymie qu'on exploite après conversion de Saül en Paulos[9] a une toute autre cause, et la suite le démontrera.

Imposture n° 50. - LE JEU DE NOMS PAULOS APOLLOS.

Cette imposture et celles qui vont suivre exploitent la paronymie de Saut transformé en Paulos avec Apollos, baptiseur dissident en Asie et prétendant antidavidiste au trône universel.

Saül ayant fait pour combattre cette peste les mêmes tournées qu'Apollos pour la répandre, on lui a donné le nom de cet apôtre préalablement transformé on jehouddolâtre. Pour nous désormais le difficile va être de séparer le prince hérodien du baptiseur dissident. Des deux truchements dont ils se sont servis jusqu'ici pour amener Paulos dans le rayon d'Apollos, les Actes sont obligés de licencier le fils de Shehimon ; ils le renvoient à Jérusalem ; ils ne mettent que Barnabas auprès de Paulos, apôtre imaginaire. La seule chose que nous sachions de science certaine, c'est que Saül n'a pas changé de nom et qu'il est resté à Paphos avec Sergius Paullus et Simon le Magicien. Toutes les fois que nous le rencontrerons sous le nom de Paulos ou sous le masque d'Apollos dans la suite des Actes, nous le démasquerons.

13. Paulos et ceux qui étaient avec lui, s'étant embarqués à Paphos, vinrent à Pergé de Pamphylie. Mais Joannès, se séparant d'eux, s'en retourna à Jérusalem.

14. Mais eux, passant au delà de Pergé vinrent à Antioche de Pisidie, et, étant entrés dans la synagogue le jour du sabbat, ils s'assirent.

15. Après la lecture de la loi et des prophètes, les chefs de la synagogue envoyèrent vers eux, disant : Hommes, nos frères, si vous avez quelque exhortation à faire au peuple, parlez.

16. Alors Paulos se levant, et de la main commandant le silence, dit : Hommes d'Israël, et vous qui craignez Dieu, écoutez :

17. Le Dieu du peuple d'Israël a choisi nos pères, et a exalté ce peuple lorsqu'il habitait dans la terre d'Égypte, et, le bras lové, il l'en a retiré.

18. Et pondant une durée de quarante ans, il supporta sa conduite dans le désert[10].

19. Puis, ayant détruit sept nations dans le pays de Chaman, il lui en partagea la terre par le sort,

20. Après environ quatre cent cinquante ans ; et ensuite, il leur donna des juges jusqu'au prophète Samuel.

21. Alors ils demandèrent un roi, et Dieu leur donna Saül, fils de Cis, de la tribu de Benjamin, pendant quarante ans ;

22. Puis l'ayant été, il leur suscita pour roi David, à qui il rendit témoignage, disant : J'ai trouvé David, fils de Jessé, homme selon mon cœur, qui fera toutes mes volontés.

23. C'est de sa postérité que Dieu, selon sa promesse, a suscité à Israël le Seigneur Jésus[11],

24. Joannès, avant sa venue, ayant précité le baptême de pénitence à tout le peuple d'Israël.

25. Et lorsque Joannès achevait sa course[12], il disait : Je ne suis pas celui que vous pensez, mais voilà que vient après moi celui dont je ne suis pas digne de délier la chaussure.

Ce discours est d'une rédaction postérieure à celle de toutes les Lettres de Paulos ainsi qu'à celle du commencement des Actes. L'auteur fait entre le Joannès précurseur et, Jésus une distinction crie les auteurs des Lettres, notamment celui de la Lettre aux Galates, ne font nulle part. Il ne semble pas qu'il connaisse la décollation du Joannès introduite dans les Évangiles pour couper court aux nombreuses preuves d'identité qui sont dans ces Évangiles mêmes, car ici Joannès achève sa course mystérieusement, mais sans cet accroc. En tout cas nous sommes loin de la Lettre aux Galates où l'on nous montre Paulos négociant avec ledit Joannès cinq ans après la date que les Actes attribuent au discours d'Antioche. Sur le conseil du Saint-Esprit on a renoncé à soutenir qu'ayant échappé a la croix le Joannès avait vécu jusqu'à l'âge de cent ans passés[13].

Le faussaire amalgame les quatre Évangiles. Il cite des Écritures qui non seulement ne peuvent être antérieures au second siècle, mais qu'il tient de sa propre fantaisie. Je ne suis pas ce que vous pensez n'est dans aucun Évangile. C'est un arrangement d'après le passage de Cérinthe où Joannès dit : Ce n'est pas moi qui suis le christ[14] ; d'après Luc où l'opinion des disciples de Jehoudda et des contemporains du Joannès est ainsi résumée : Le peuple croyait et tous pensaient en leur cœur que Joannès pourrait bien être le christ[15], et d'après les diverses scènes où les Naziréens conviennent devant Jésus qu'ils tiennent le Joannès ressuscité comme étant le christ. De plus, le faussaire connaît parfaitement le malencontreux passage de la Lettre aux Corinthiens où le baptême du Joannès est dit celui du Christ lui-même ; il y répond de biais, n'y pouvant répondre autrement sans trahir l'identité des deux personnages et dénoncer l'imposture de la Lettre en question.

26. Hommes, mes frères, fils de la race d'Abraham, c'est à vous, et à ceux qui parmi vous craignent Dieu[16], que la parole de ce salut a été envoyée.

27. Car ceux qui habitaient Jérusalem, et leurs chefs, le méconnaissant et ne comprenant pas les paroles qui sont lues à chaque sabbat, ils les ont accomplies[17] en le condamnant.

Le faussaire résume l'épisode de Jésus chez les Nazaréens dans Luc : Il entra le jour du sabbat dans la synagogue et il se leva pour lire... (Il lit Isaïe et termine en disant :) Aujourd'hui cette Écriture que vous venez d'entendre est accomplie.

28. Et, ne trouvant en lui aucune cause de mort[18], ils demandèrent à Pilate de le faire mourir.

29. Et après qu'ils eurent consommé tout ce qui était écrit de lui, la descendant du bois, ils le mirent dans un sépulcre.

30. Mais Dieu l'a ressuscité des morts le troisième jour[19] et pendant un grand nombre de jours il a été vu de ceux

31. Qui étalent montés avec lui de Galilée à Jérusalem, et qui sont Maintenant ses témoins devant le peuple[20].

32. Et nous, nous vous annonçons que la promesse qui a été faite à nos pères,

33. Dieu l'a tenue à nos fils, ressuscitant Jésus, comme il, est écrit dans le deuxième psaume : Vous êtes mon fils, le vous ai engendré aujourd'hui.

34. Et qu'il l'ait ressuscité d'entre les morts, pour ne plus retourner à la corruption, c'est ce qu'il a dit par ces paroles : Je vous tiendrai les promesses sacrées faites à David, promesses inviolables.

35. Et ailleurs encore il dit : Vous, ne permettrez point que votre Saint voie la corruption[21].

36. Car David, après avoir servi en son temps aux desseins de Dieu, s'endormit ; il fut déposé près de ses pères, et vit la corruption.

37. Mais celui que Dieu a ressuscité d'entre les morts, n'a point vu la corruption[22].

38. Qu'il soit donc connu de vous, mes frères, que c'est par lui que là rémission des péchés vous est annoncée ; et toutes les choses dont vous n'avez pu être justifiés par la Loi de Moïse[23].

39. Quiconque croit en lui, en est justifié par lui.

40. Prenez donc garde que ne vienne sur vous ce qui est dit dans les prophètes :

41. Voyez, contempteurs, admirez et anéantissez-vous ; car je fais une œuvre en vos jours, une œuvre que vous ne croirez pas, si on vous la raconte[24].

42. Lorsqu'ils sortaient de la synagogue, on lés priait de parler, le sabbat suivant, sur le même sujet.

43. Et quand l'assemblée se fut séparée, beaucoup de Juifs et de prosélytes servant Dieu, suivirent Paulos et Barnabé qui, leur parlant, les exhortaient à persévérer dans la grâce de Dieu.

Comme on le voit dans ce discours mosaïque péniblement obtenu par le mélange des quatre Evangiles, de la Lettre aux Galates, des versets du Psalmiste, déjà utilisés dans les Discours de Pierre, de prophéties copiées jusque dans Habacuc, le but est de faire croire au très excellent Théophile que le prince Saül, devenu jehouddolâtre, a pour ainsi dire prononcé ayant de les écrire les discours qu'on trouve dans les Lettres de Paulos. Nous nous éloignons de plus en plus de la vérité : Bar-Jehoudda était si peu coupable que les habitants de Jérusalem eux-mêmes, nonobstant le jugement du sanhédrin, ne voyaient en lui rien de digne de mort ! Remarque également la discrétion des Pisidiens, très excellent Théophile ; pas un qui demande à Paulos pourquoi Saül a lapidé Jacob junior et poursuivi par deux fois les compagnons de Bar-Jehoudda jusqu'à Damas ! Que tout ce monde est donc peu curieux depuis la venue du Saint-Esprit !

Imposture n° 51. - CONVERSION DES PISIDIENS ET EXCITATIONS CONTRE LES JUIFS.

Dans ces conditions, comment se fuit-il que les Juifs établis on Pisidie depuis lotir dispersion sous Hadrien — car c'est de ceux-là qu'il s'agit — fassent obstacle à l'établissement de la jehouddolâtrie dans le monde ? C'est vouloir passer à côté de la vie éternelle. Qu'ils y prennent garde t Puisqu'en cette affaire ils font le jeu de la philosophie, dès qu'on aura conquis les pliions ignorants et avides, c'est-à-dire la majorité, on les excitera coutre eux dans toutes les villes où ils ont des synagogues. L'imposture qui suit a pour but de démontrer que, moins de douze ans après la mort de Bar-Jehoudda, et nonobstant l'aveuglement des Juifs, les Pisidiens raisonnables s'étaient convertis à la résurrection sur le simple témoignage de Paulos et de Barnabé. C'était un fait si évident qu'ils n'en ont pas demandé davantage !

44. Or le sabbat suivant presque toute la ville s'assembla pour entendre la parole de Dieu.

45. Mais, voyant cette foule, les Juifs furent remplis de colère, et, blasphémant, ils contredisaient les paroles de Paulos.

46. Alors Paulos et Barnabé dirent hardiment : C'était à vous qu'il fallait d'abord annoncer la Parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez indignes de la vie éternelle, voilà que nous nous tournons vers les Gentils ;

47. Car le Seigneur nous l'a commandé en ces termes : Je t'ai établi la lumière des Gentils, afin que tu sois leur salut jusqu'aux extrémités de la terre[25].

48. Ce qu'entendant, les Gentils se réjouirent, et ils glorifiaient la parole de Dieu ; et tous ceux qui étaient préordonnés à la vie, éternelle embrassèrent la foi.

49. Ainsi la parole du Seigneur se répandait par toute la contrée.

50. Mais les Juifs ayant animé les femmes dévotes et de qualité, et les principaux de la ville excitèrent une persécution contre Paulos et Barnabé, et les chassèrent du pays.

C'était pour leur bien.

51. Alors ceux-ci, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, vinrent à Iconium.

52. Cependant les disciples étaient remplis de joie et de l'Esprit-Saint.

 

II. — ACTES DES APÔTRES, CHAPITRE XIV.

 

Imposture n° 52. - CONVERSION DES LYCAONIENS AVEC REDOUBLEMENT COMMINATOIRE CONTRE LES JUIFS.

Remplis eux-mêmes de cette joie que donne seule la possession de l'Esprit-Saint, après avoir secoué la poussière de loura pieds contre les Juifs rebelles à la vérité, comme le recommandent Matthieu, Marc et Luc[26], Paulos et Barnabé se mettent en route pour Iconium, capitale de la Lycaonie. Le but est d'exciter les populations contre les Juifs fidèles à lit Loi, d'ajouter artificieusement aux motifs d'antipathie que soulevait la question de race, et de montrer que, le don des miracles étant un legs apostolique, il est de l'intérêt général d'adhérer à l'Eglise héritière et dispensatrice de ces biens.

1. Or il arriva à Iconium qu'ils entrèrent ensemble dans la synagogue, et parlèrent de telle sorte qu'une grande multitude de Juifs et de Grecs embrassa la foi.

2. Mais ceux des Juifs qui demeurèrent incrédules, excitèrent et irritèrent l'esprit des Gentils contre les frères.

3. Ils demeurèrent, donc là longtemps, agissant avec assurance dans le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, opérant des miracles et des prodiges par leurs mains[27].

4. Ainsi toute la ville se divisa : les uns étaient pour les Juifs, et les autres pour les apôtres.

5. Et comme les Gentils, les Juifs, avec leurs chefs, allaient se jeter sur eux pour les outrager et les lapider.

Tu le vois, très excellent Théophile, l'outrage et la pierre, voilà par quels moyens barbares les Juifs empêchaient les christiens de faire des miracles. Que les jehouddolâtres ne l'oublient pas dans les échauffourées I Il y va de leur salut.

Imposture n° 53. - LE MIRACLE DU BOITEUX DE LYSTRE.

N'est-ce point la faute des Juifs si les miracles ont cessé avec les apôtres Paulos et Barnabé ? Toutes les fois qu'un de ceux-ci guérissait un boiteux parmi les païens, ils accouraient pleins de fureur et d'envie. Et lorsque ce boiteux était perclus dès le sein de sa mère, oh ! alors, leur rage ne connaissait point de bornes ! Tu te rappelles comment, en un tel cas, ils ont traité Pierre et Joannès ? Voici ce qu'ils ont fait dans Lystre à Paulos et à Barnabé qu'ils guettaient déjà dans Iconium pour les assommer.

0. Les apôtres l'ayant su s'enfuirent à Lystre et à Derbé, villes de Lycaonie, et, dans tout la pays d'alentour, et ils y évangélisaient.

7. Or il y avait assis, à Lystre, un certain homme perclus de ses pieds. Il était boiteux dès le sein de sa mère, et n'avait jamais marché.

8. Il entendit Paulos parler ; et Paulos le regardant et voyant qu'il avait la foi pour être guéri,

9. Dit d'une voix forte : Lève-toi droit sur tes pieds. Et il s'élança, et il marchait.

10. Or la foule, ayant vu ce qu'avait fait Paulos, éleva la voix, disant en lycaonien : Des dieux devenus semblables à des hommes sont descendus vers nous.

11. Et ils appelaient Barnabé, Jupiter ; et Paulos, Mercure, parce que c'était lui qui portait la parole.

S'il ne juge que sur les apparences, le très excellent Théophile attribuera l'enthousiasme des Lycaoniens au miracle que Paulos vient d'exécuter sur l'un d'eux. Mais on ce cas, c'est à Paulos d'abord que devraient aller leurs hommages. D'où vient qu'au contraire, dans la répartition qu'ils en font, la plus grosse part est pour, Barnabé qui n'a pas levé les yeux, et la plus petite pour Paulos qui seul a montré des facultés divines ?

Il y a là un petit mystère sur lequel il convient d'éclairer le très excellent Théophile. Ce n'est pas Paulos qui a guéri le boiteux, c'est Barnabas. Je le soignai, Dieu le guérit, dira un jour Ambroise Paré.

Paulos n'est que le porte-parole, c'est dans Barnabé qu'est la puissance. de ces deux Juifs, l'un, à quelque degré que ce soit) est de In maison de David ; l'autre, en dépit de sa conversion sur le papier, n'est que de la maison d'Hérode : Barnabé, même quand il ne dit rien, c'est David, et il est la vertu de Dieu, la grande, comme les Samaritains disaient de Simon le Magicien ; Paulos, même quand il parle, c'est à peine Esaü, c'est plutôt Amalech, et il n'a de grâce que par reflet de Barnabé. Voilà pourquoi l'un, en son vivant Barnabas, est pour les Lycaoniens Jupiter père des Dieux, tandis que Paulos, en son vivant Saül, n'est que Mercure messager de l'autre.

Tous les deux Sont adorables, tous les deux sont divins puisqu'ils sont juifs, (n'est-il pas écrit : Vous êtes dieux ? dit Jésus dans l'Evangile), mais ils le sont inégalement, en raison de leur naissance. Les Pisidiens que l'auteur des Actes met en scène ont le plus grand respect des généalogies que Matthieu et Luc donnent à Bar-Jehoudda, on un mot ils ont l'Esprit. Quant au boiteux, c'est assurément lui qui en a le plus, il a tout celui que Pierre et Joannès ont donné au boiteux de la Belle porte du Temple sous le portique de Salomon[28]. Ce païen marche droit depuis qu'il a conscience de la divinité des Juifs. C'est pour avoir oublié cela que celui de Jérusalem ne pouvait pas marcher.

Bien plus, le prêtre de Jupiter, qui était près de la ville, étant venu devant la porte avec des taureaux et des couronnes, voulait, avec le peuple, leur sacrifier.

13. Ce qu'ayant entendu, les apôtres Barnabé et Paulos déchirèrent leurs tuniques, et s'élancèrent dans la foule, criant,

14. Et disant : Hommes, pourquoi faites-vous cela ? Nous aussi, nous sommes des mortels, des hommes semblables à vous, qui vous exhortons à quitter ces choses vaines pour le Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qu'ils contiennent[29] ;

15. Qui, dans les générations passées, a laissé toutes les nations marcher dans leurs voies.

16. Mais néanmoins il ne s'est pas laissé lui-même sans témoignage, répandant du ciel ses biens, en dispensant les pluies et les saisons fécondes, en nous donnant la nourriture en abondance, et on remplissant nos cœurs de joie.

17. Même en disant ces choses, ils empêchèrent à peine lu foule de leur sacrifier.

C'est de la fausse modestie. Le prêtre de Jupiter a le sens plus juste, il est judéolâtre et de la pâte dont on fait les adorateurs de Bar-Jehoudda. Il a l'Esprit. Soyez sûrs, qu'après le départ de Paulos et de Barnabé, il leur sacrifia et devint évêque.

Imposture n° 54. - LAPIDATION, MORT PEUT-ÊTRE ET ASSOMPTION DE PAULOS.

18. Cependant survinrent quelques Juifs à 'Antioche et d'Iconium, et, le peuple gagné, ils lapidèrent Paulos et le traînèrent hors de la ville, croyant qu'il était mort[30].

19. Mais les disciples l'entourant, il se leva, et rentra dans la ville, et le jour suivant, il partit pour Derbé avec Barnabé.

Les exégètes ont agité la question de savoir si Paulos ne serait pas mort dans cette circonstance et ressuscité le lendemain. Quelques-uns, moins exigeants envers la nature, se bornent à dire que de toute manière c'est par un miracle qu il a été guéri. En effet, disent-ils, et cette observation a bien son prix, un homme qu'on a cru mort par immersion ou par suffocation, et qui ne porte aucune marque de traumatisme, peut bien se relever tout entier un jour après et être capable de voyager. Mais un homme réputé mort par lapidation doit être tout couvert de blessures, et à supposer qu'aucune ne soit mortelle, il faut bien du temps et des pansements pour qu'il soit en état de se lover, de marcher et de reprendre ses courses, Il y a donc eu miracle. Cette époque, disent encore les exégètes, est celle où, selon la chronologie là plus exacte, saint Paul fut ravi au troisième ciel. On a cru que ce ravissement Pouvait bien titre arrivé pendant l'espace de temps qu'il fut regardé comme mort ; mais une chose fait ici de l'embarras. Comme l'apôtre dit qu'il ignore s'il fut ravi avec le corps ou sans le corps, il semble que les disciples qui l'environnaient auraient pu éclaircir ce doute en lui apprenant si son corps avait ou n'avait pas disparu. Je ne veux pas vous influencer, vous trancherez hi question comme il vous plaira. Cependant je ne puis guère penser que Paulos ait été ravi corporellement au ciel pendant le temps qu'a duré sa mort. Ce serait le mettre au-dessus de Bar-Jehoudda lui-même qui, pendant les trois jours qu'a duré sa mort, n'a pu réussir qu'à descendre dans leu enfers. D'autre part il semble que, si Paulos avait été ravi corporellement au ciel, il n'en serait pas redescendu.

Que cette question ne nous détourne pas du véritable sens de ce qui s'est passé à Lystre ! Le très excellent Théophile ne l'a point soulevée. Elle aurait pu, le distraire de l'animadversion qu'il devait aux Juifs pour avoir lapidé Paulos. Lapider un apôtre qui guérit un boiteux congénital rien qu'en lui parlant en face ! Si encore il l'avait pris par la main, comme font Pierre et Joannès à celui du Temple, les Juifs de Lycaonie auraient pu voir, là comme un rudiment d'offense ! Mais non, Paulos le regarde, lui parle lycaonien en vertu du don des langues qu'il a reçu de l'Esprit-Saint, quoiqu'il n'assistât point à la Pentecôte, et pour avoir fait cette chose si simple et si humaine les Juifs le laissent demi-mort aux portes de Lystre ! Mais ils n'eurent point raison du Saint-Esprit qui soufflait — flat ubi vult — sur le nom de Saül naguères lapideur en chef de Jacob junior et l'avait prédestiné à l'épreuve des pierres sous le nom de Paulos.

Imposture n° 55. - FONDATION D'ÉGLISES ET ORDINATION DE PRÊTRES JEHOUDDOLÂTRES PAR PAULOS ET BARNABÉ.

20. Et lorsqu'ils eurent évangélisé cette ville (Derbé) et instruit un grand nombre de personnes, ils revinrent à Lystre, à Iconium et à Antioche,

21. Affermissant les aines des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et disant que c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu.

22. Et après avoir ordonné des prêtres en chaque église, et avoir prié et jeûné, ils les recommandèrent au Seigneur en qui ils avaient cru.

23. Traversant ensuite la Pisidie, ils vinrent dans la Pamphylie ;

24. Puis ayant annoncé la parole du Seigneur à Pergé, ils descendirent à Attalie,

25. Et de là firent voile pour Antioche, d'où on les avait commis à la grâce de Dieu pour l'œuvre qu'ils avaient accomplie.

Ainsi, très excellent Théophile, en même temps que tu considères la perversité des Juifs, examine leur impuissance. Leurs machinations n'ont pu empêcher que Paulos et Barnabé ne revinssent en vainqueurs dans tous les lieux où ils leur avaient fait cette guerre infante, qu'ils n'y ordonnassent des prêtres et des églises jehouddolâtres, que de Pisidie ils ne passassent on Pamphylie et qu'enfin ils ne rentrassent dans Antioche de Syrie où les honneurs du triomphe leur étaient réservés. Les Juifs ne sont, donc pas un obstacle à la diffusion du mensonge christien, mais à la condition de les traiter comme ils le méritent quand l'occasion se rencontrera.

Remarquons toutefois que Paulos et Barnabé, pendant cette tournée à laquelle l'Église attribue une durée de cinq ans, ont évité avec le plus grand soin de pénétrer on Cilicie où pourtant ils ont fondé une innombrable quantité d'églises lors de leur premier séjour dans cette contrée. C'est apparemment que le prince Saül n'est pas loin de là, ni Bérénice.

On a tourné l'affaire de Lystre en allégorie et on l'a mise sur le dos de Paul, parce que dans Paul il y a Saül et que Saül échappe toujours, étant celui qui en tous lieux requit persécution contre les christiens. Mais il ne semble pas que Barnabas s'en soit tiré de la même façon. Vous verrez tout à l'heure, par le récit des émeutes de Corinthe, d'Ephèse et de Jérusalem, comment sous l'influence de l'Esprit-Saint Saül passe du rôle de persécuteur au rôle de persécuté. Il est clair qu'il y eut, à Lystre plus spécialement, des troubles fomentés par les christiens, et ces troubles, éclatant au lendemain des ordonnances de Claude assurant la liberté des Juifs[31], exposaient toute la race à des représailles auxquelles les populations n'étaient que trop portées.

Se placer près des portes d'une ville sur les marches du Temple élevé à Jupiter, probablement Capitolin, choisir le moment où le prêtre amène les taureaux devant le Temple et dispose les couronnes, bondir au milieu de la foule on criant et on déchirant ses vêtements, exciter les habitants à se détourner de l'idole romaine et empêcher les sacrifices, c'est proprement un acte de fanatiques ameutés. Barnabas, on qui est la vertu du dieu de l'Apocalypse, est ici le digne émule de Bar-Jehoudda lorsqu'il renverse les tables des changeurs du Temple de Jérusalem et di3perso les animaux qui représentent la part romaine dans les offrandes à Iahvé, avec cette différence que les Juifs sont chez eux on Palestine, tandis qu'étrangers on Lycaonie rien ne peut excuser de pareils actes d'intolérance et d'agression. Les Juifs honnêtes et raisonnables, ce sont, ceux qui, venus d'Antioche Pisidienne et d'Iconium, prennent parti pour les habitants de Lystre troublés dans leur culte. On conçoit même qu'ils lapident quoique peu Paul, lequel d'ailleurs ne s'en porte pas plus mal, comme il convient à un faux martyr. En ravenelle, on ne comprend pas qu'ils laissent aller l'apôtre Barnabas qui est incontestablement le vrai coupable. Le Lettre aux Galates peint les ravages profonds que les messagers de l'Apocalypse avaient faits dans toute cette région. Elle trahit leur forte action dans les synagogues, des relations de durée, une communion d'idées qu'on ne peut obtenir par une prédication superficielle.

Émissaire du Temple et des Hérodes de Chalcide et de Cilicie, pénétré de cette idée que la Judée mourrait de la folie des jehouddistes, ému des progrès que le millénarisme faisait en Asie et en Grèce par la suppression de toute responsabilité et l'infini de promesses à jamais irréalisables, Saül essaya de redresser le faux pli que ses coreligionnaires allaient prendre. Les Juifs marchaient à leur porto, ils encouraient l'excommunication parmi les Gentils, ai quelqu'un ne les ramonait au respect des régimes politiques que chaque pays s'était donnés. Bar-Jehoudda avait prêché aux -Juifs la négation de toute autorité non davidique ; Saül lotir prêcha l'obéissance aux autorités locales maîtresses de leur statut, C'était assez pour qu'il fût rangé avec Balaam et Simon le Magicien.

Imposture n° 56. – LES LIMINAIRES DU SECOND CONCILE DE JÉRUSALEM.

Voici, Paulos et Barnabé dans Antioche. Qu'y viennent-ils faire ? Cela intéresse particulièrement le très excellent Théophile. Ils y viennent réparer de leur mieux la maladresse que l'auteur de la Lettre aux Galates a commise, lorsqu'il les montrés en conflit avec Pierre sur la question de la circoncision quatorze ans après l'expédition de Saül à Damas et cinq après la mort d'Agrippa. Shehimon est donc venu dans Antioche postérieurement à l'évasion de Pierre sous Agrippa ? Jacob y est donc venu lui-même sous le nom d'Agabus postérieurement à la décapitation de Jacques ? Il s'est donc écoulé cinq ans sur lesquels pourrait s'égarer la curiosité du très excellent Théophile, si par hasard elle devenait indiscrète ? Voici donc ce que les Actes imaginent à ce propos.

26. Or, lorsqu'ils furent arrivés, et qu'ils eurent assemblé l'Église, ils racontèrent combien Dieu avait fait de grandes choses avec eux, et qu'il avait ouvert aux Gentils la porte de la foi.

27. Et ils demeurèrent là un certain temps avec les disciples.

 

III. — ACTES DES APÔTRES, CHAPITRE XV.

 

1. Et quelques-uns qui étaient descendus de Judée enseignaient aux frères : Si vous n'ôtes circoncis suivant le rit de Moïse, vous ne pouvez être sauvés.

2. Paulos et Barnabé s'étant donc fortement élevés contre eux, il fut résolu que Paulos et Barnabé, et quelques-uns d'entre les autres[32], iraient à Jérusalem vers les apôtres et les prêtres pour cette question.

Tu le vois, très excellent Théophile, ceux qui ont soulevé ce conflit n'ont pas de nom. Aucun d'eux ne s'appelle Shehimon ou Jacob. Sont-ce même des frères autorisés par les douze apôtres ? Nullement. Il parait bien qu'ils ont existé, mais ils sont anonymes et ils étaient sans mandat. Ce sont des gens bizarres et formalistes comme il y en avait eu ces temps-là, des pharisiens, en un mot[33], et qui ne venaient pas de Jérusalem, car s'ils étaient venus de Jérusalem ils auraient connu le séjour de Pierre chez Cornélius et, connaissant ce séjour, ils n'auraient pas émis de pareilles théories, puisque la question qu'elles soulèvent était tranchée depuis le Concile de 790. Tu doutes, jehouddolâtre incomplet ? Tu vas entendre Pierre lui-même, et pour te faire honneur, on remettra la tête de Jacques sur ses épaules, il assistera au second Concile et tu l'entendras. Aucune joie ne te sera enlevée.

Imposture n° 57. - LE SECOND CONCILE DE JÉRUSALEM.

Accompagnés par l'église d'Antioche qui veut on avoir le cœur net, Paulos et Barnabé viennent à Jérusalem, ayant bien soin de prendre par Tyr, par Sidon et par la Samarie, théâtre des exploits de Shehimon, de Jacob et de Ménahem pendant la famine de 802. Cette région est dans un repos si parfait 'quo l'église d'Antioche se joint tout entière à ses délégués.

3. Ceux-ci donc, accompagnés par l'Église, traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des Gentils ; et ils causaient ainsi à tous les frères une grande joie.

4. Arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l'Église, par les apôtres et les anciens[34], auxquels ils racontèrent combien Dieu avait fait de grandes choses avec eux.

5. Mais que quelques-uns de la secte des pharisiens, qui avaient embrassé la foi, s'étaient levés, disant qu'il fallait qu'ils[35] fussent circoncis, et qu'on leur ordonnât de garder la loi de Moïse.

6. Les apôtres et les prêtres[36] s'assemblèrent donc pour examiner cette question.

7. Mais après une grande discussion, Pierre, se levant, leur dit : Hommes, mes frères, vous savez qu'en des jours déjà anciens[37] Dieu m'a choisi parmi vous afin que les Coutils entendissent par ma bouche la parole de l'Évangile, et qu'ils crussent.

8. Et Dieu, qui commit les cœurs, leur a rendu témoignage, leur donnant l'Esprit-Saint, comme à nous[38] ;

9. Et il n'a fait entre nous et eux aucune différence, purifiant leurs cœurs par la foi.

10. Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, imposant aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n'avons pu porter[39] ?

11. Mais c'est par la grâce de Jésus-Christ que nous croyons être sauvés, comme eux aussi.

12. Alors toute l'assemblée se tut ; et ils écoutaient[40] Barnabé et Paulos racontant combien de miracles et de prodiges Dieu avait faits par eux parmi les Gentils.

Au tour de Jacques maintenant.

Il était donc ressuscité ? Agrippa ne lui avait donc pas tranché la tête ? Le passage qui concerne cette pseudo-décollation dans le récit de l'évasion de Pierre a donc été interpolé ? C'est donc bien de lui que parle ce récit lorsqu'on fait dire à Pierre : Prévenez Jacques et les frères ? Il s'agit, dit l'Église, de Jacob junior. Nullement, celui-ci est mort lapidé par Saül depuis 787 ; il s'agit de Jacob senior, de celui que la Lettre aux Galates fait assister au conciliabule de 802 avec Pierre et Joannès. Mais le Saint-Esprit veut qu'il soit Jacob senior pour les uns et Jacob junior pour les autres. Pour ceux qui n'accepteront pas la décapitation, ce sera le senior, pour ceux qui l'accepteront, ce sera le junior. Le Jacques de la Lettre aux Galates est soit l'un ou l'autre, soit l'un et l'autre. De toute façon, jamais, à part Pierre, on n'a vu un Juif aussi bien disposé pour les païens !

13. Et après qu'ils se furent tus, Jacques répondit, disant : Hommes, mes frères, écoutez-moi :

14. Simon a raconté comment Dieu, dès le principe, a visité les Gentils, afin de choisir parmi eux un peuple à son nom[41].

15. Et les paroles des prophètes s'accordent avec lui, ainsi qu'il est écrit :

16. Après cela je reviendrai, et je rebâtirai le tabernacle de David, qui est tombé ; je réparerai ses ruines et je le relèverai ;

17. Afin que le reste des hommes cherchent le Seigneur, et aussi toutes les nations sur lesquelles mon nom a été invoqué, dit le Seigneur, qui fait ces choses.

18. De toute éternité, Dieu connut son œuvre.

19. C'est pourquoi, moi, je juge qu'on ne doit pas inquiéter ceux d'entre les Gentils qui se convertissent à Dieu,

20. Mais leur écrire qu'ils s'abstiennent des souillures des idoles, de la fornication, des animaux étouffés et du sang.

21. Quant à Moïse, depuis les temps anciens, il a, en chaque ville, des hommes qui le prédicat dans les synagogues, où on le lit tous les jours de sabbat.

J'admire l'éloquence de Pierre ; avec la supériorité naturelle du Juif sur le païen, elle se rapproche de celle de Phocion que Démosthène appelait la hache de ses discours, Phocion tranchant une question comme Shehimon un prépuce. J'admire également celle de Jacques, j'y trouve un dédain superbe des artifices qui plaisent à la foule. Mais Joannès ? Que devient Joannès dans cette combinaison ? Pourquoi ce modèle des orateurs, cet organe du Verbe céleste, ce Boanerguès, dont les paroles apocalyptiques ronflent comme le tonnerre[42], ce Théologien que la force d'un Samson n'eût pu ébranler, pourquoi le Joannès observe-t-il ce silence obstiné, la seule lacune peut-être de cette mémorable séance ?

Pourtant nous savons qu'il est là, le Joannès que là Lettre aux Galates mot aux côtés de Pierre et de Jacques, puisque sa signature est au bas du traité de 802 par lequel il garde pour ses frères et lui la clientèle des Circoncis, cédant à Paul celle des Incirconcis, Pourquoi pouvait-on l'y mettre au temps où fut fabriquée la Lettre, et pourquoi ne peut-on plus lorsqu'on fabrique les Actes ? Ah ! c'est que Joannès a cessé d'âtre le christ à qui le Verbe avait promis qu'il ne mourrait pas avant sa venue ! Il a fallu avouer que Joannès n'avait pas échappé à la croix et survécu à Simon de Cyrène ! Cet aveu a conduit à fabriquer l'Assomption du Nazir ressuscité, puis les Évangiles en ayant tiré deux personnages, Joannès et Jésus, à soutenir qu'il avait été décapité sous le nom de Joannès quelques mois avant sa crucifixion sous le nom de Jésus. Dans ces conditions Joannès ne peut plus assister à un Concile tenu en 802, comme il le pouvait encore au temps où fut faite la Lettre aux Galates. Comme le dit fort bien Cérinthe dans le Quatrième Évangile, il faut qu'il grandisse sous le nom de Jésus et qu'il diminue sous le nom de Joannès. Voilà pourquoi il observe le plus profond silence, lorsque Pierre et Jacques renient la Loi, et pourquoi les Actes ne l'ont point vu là où Paulos, Titus et Barnabé l'ont vu, de leurs yeux vu, et lui ont donné la main dans la Lettre.

Et à propos de Titus, puisque ce nom païen vient sous notre plume inhabile, pourquoi Titus se tient-il sur une réserve qui ressemble à de l'abstention, presque à de l'absence ? Pourquoi les Actes qui cependant ont la valeur d'un procès-verbal n'ont-ils vu Titus ni à Antioche, ni en Phénicie, ni en Samarie, ni à Jérusalem on des circonstances où nous savons par une Écriture, sacrée qu'il a accompagné Paulos et Barnabé ? Oh ! je sens bien qu'en un débat présidé par l'Esprit-Saint n'était rendre hommage à Dieu que de se taire ! Mais enfin, puisque Titus était là, venu de si loin pour chercher le salut et l'ayant trouvé, n'a-t-il pas mauvaise grâce à s'être tu ? Ce goy n'était-il pas semence de bétail sur la nappe descendue des cieux lors de la Genèse ? Sans doute ! Et il on out le sentiment, puisqu'il n'a point parlé. Mais il aurait pu exprimer sa jehouddolâtrie par les moyens appropriés à son espèce : le hurlement, le glapissement, le barrissement, le rugissement, le gloussement, le pépiement, le croassement, le coassement, il est bien des façons de célébrer la gloire du Juif consubstantiel au Père. Qui prouve que le cri du coq, énergiquement poussé à l'ouverture de chaque séance, n'aurait pas suffi à tourner vers Titus toutes les sympathies de Pierre, si sensible au chant de cet oiseau depuis l'aurore du 16 nisan 788 ? Je suis même sûr, connaissant la modestie philosophique des Sénèque, que Titus Annœus se serait contenté d'être vu au dernier rang, si l'on veut, mais aperçu, cité, mentionné parmi ceux qui, sans prendre part à la délibération, ont reçu par charité quelque rayon direct de l'auréole apostolique.

 

Toutefois l'intérêt de l'Église doit passer avant la justice.

Dans ce Concile, provoqué par la Lettre aux Galates, Paulos n'a pas à parler : on l'on dispense, il a bataille gagnée. L'harmonie règne dans ces âmes pastorales. La circoncision, peuh ! qu'est-ce qu'on peut bien vouloir dire par là ? Tu sais ce que c'est que la circoncision, toi, Pierre ? Qu'on pensait Jehoudda le Gaulonite ? Et toi, Jacques, est-ce qu'on a jamais entendu parler de cela dans Kapharnahum ? La circoncision, c'est un mot tombé en désuétude. On avait envie d'envoyer chercher le dictionnaire datant de Moïse, d'Aaron et de leur sœur, Maria la Magdaléenne !

Une autre question se pose et non moins pressante : Pierre était donc retourné à Jérusalem, après son dramatique emprisonnement sous Agrippa ? Comment se fait-il que les autorités, à qui il avait échappé par un miracle qui avait bouleversé toutes les imaginations, laissent Pierre circuler librement dans la ville et y tenir concile, alors qu'on avait puni du dernier supplice les seize sentinelles responsables de sen évasion ? Il était condamné à mort depuis Agrippa. Qu'avait-il donc fait pour mériter sa grâce ? Le sais-tu, dis, très excellent Théophile ?

Imposture n° 58. - LES CANONS DU CONCILE.

En attendant, les Actes sont arrivés à leurs fins. Ils ont paré le coup porté à Pierre dans la Lettre aux Galates. A une date qu'ils ne donnent plus (la critique s'en tirera comme elle pourra) Paulos est allé à Jérusalem avec Barnabé — sans Titus, inutile de mettre ce païen en évidence, — et là ils ont vidé la grosse question que la Lettre avait laissée pendante, celle de la concision, autant dire celle de la Loi elle-même. Pierre n'est pas allé en 802 à Antioche où il aurait manqué à l'acte de portage convenu entre Paulos et lui pour l'évangélisation dit monde, il est allé dans des temps déjà anciens à Césarée où il a repris ce qu'il a donné à Paulos dans la Lettre aux Galates ; il est doue préposé avant Paulos à l'Évangile de l'incirconcision. Sur ce point comme sur 'tous les autres il est le Prince des apôtres ; l'Apôtre des nations ne vient qu'après lui. Croyant bien faire, l'auteur de la Lettre aux Galates avait commis une sottise et préjugé la hiérarchie ecclésiastique en faveur de Paulos. Partant de là, une église mal intentionnée pouvait faire échec à celle de Rome. C'est impossible désormais, grâce aux canons que voici. Vous en suspectez l'authenticité ? Misérables ! Vous serez tourmenté dans les siècles des siècles, vous couinerez le feu qui ne s'éteint point, et le ver qui ne meurt point !

22. Alors il plut aux apôtres et aux anciens, avec toute l'Église, de choisir quelques-uns d'entre eux, et de les envoyer, avec Paulos et Barnabé, à Antioche : Jude, qui est surnommé Barsabas, et Silas, qui étaient des principaux entre les frères,

23. Écrivant par eux : Les APÔTRES, et les prêtres, frères, aux frères d'entre les Gentils[43], qui sont à Antioche, et en Syrie et en Cilicie[44], salut.

24. Comme nous avons appris[45] que quelques-uns sortant d'au milieu de nous vous ont troublés par leurs discours[46], en bouleversant vos âmes, quoique nous ne leur eussions donné aucun ordre[47],

25. Il a plu à nous tous de choisir des personnes et de les envoyer vers vous avec nos très chers Barnabé et Paulos[48],

26. Hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ[49].

27. Nous avons donc envoyé Jude et Silas, qui vous rapportent les mêmes choses de vive voix.

28. Car il a semblé bon à l'Esprit-Saint et à nous de ne vous imposer aucun nuire fardeau que ces choses-ci, qui sont nécessaires :

29. Que vous vous absteniez de ce qui a été sacrifié aux idoles, du sang des animaux étouffés[50], et de la fornication[51] ; on vous en abstenant, vous agirez bien. Adieu.

Adieu est sec. C'est Pierre et Jacques que nous aurions voulu voir déléguer par l'Église. Les principaux d'entre les frères, ce sont eux d'après la Lettre aux Galates, et non Silas et Jude dont il n'est pas question dans ce document. A défaut de Pierre et de Jacques, si leur grandeur les attache à Jérusalem, pourquoi l'Église ne délègue-t-elle pas deux apôtres pris parmi les douze ? Plus on avance dans les Actes, moins les apôtres sont douze comme à la Constituante. Ils ne sont pas même deux, car Shehimon et Jacob sont en Asie.

Imposture n° 59. - LES QUATRE PORTEURS DES CANONS.

Nous prions le très excellent Théophile d'observer attentivement la composition de cette ambassade. Outre Paulos et Barnabé qui sont bas la Lettre aux Galates et qu'on y laisse pour n'en pas perdre complètement le bénéfice, elle comprend Jude et Silas. Quatre témoins deutéronomiques, c'est beaucoup, mais si l'on veut y réfléchir, on voit qu'il n'y en a pas un de trop, car il en faut deux, Paulos et Barnabé, pour les frères de l'Incirconcision[52], et deux, Jude et Silas, pour les frères de la Circoncision. Nous ne connaissons pas encore Silas, mais nous connaissons Jude, Jehoudda, qu'on se garde bien de surnommer Toâmin, de peur de livrer en même temps le nom de circoncision que portait son frère aîné lorsqu'il fut crucifié par Pilatus. On préfère l'appeler Bar-Schabath, fils du sabbat, comme son frère Ménahem dans le tirage au sort du douzième apôtre en remplacement d'Is-Kérioth. Quant à Silas, ou mieux Sulas, qui se prononce Soulas, c'est la seconde forme du nom de Saül, syriaquement grécisé : la première a été Saulas, qui se prononce Saoulas et par élision est devenue Sulas, puis Silas, à l'état où nous la voyons ici ; mais les grecs purs ont écrit Saulos, conformément à la désinence habituelle. Et déjà, au moment où le faussaire imagine ce merveilleux Concile et rédige ces admirables canons, certains Periodoi Saulou (Voyages de Saulas) circulent dans les églises pour amener les païens à la même conversion que Saül. Et vous avez pu voir que pour justifier celle de Saül en Paulos, il a fallu que les Actes s'appuyassent sur les rapports de Saulos avec Sergius Paullus. Silas est donc dans la peau de Paulos et Paulos dans la peau de Silas.

Car nous allons voir que Silas était citoyen romain, qualité qui appartient exclusivement à Saül et qu'on néglige de spécifier lorsqu'on nous montre ce Silas partant de Jérusalem avec Paulos, lequel, comme disent les Actes, est aussi Saül. Or, nous savons de science certaine qu'à aucun moment Saül n'est allé à Jérusalem pour conférer avec les apôtres d'ailleurs absents, et que ceux-ci, pour exécuter leurs ordres auprès des frères de la Circoncision, c'est-à-dire des Juifs christiens, n'auraient jamais choisi un citoyen romain nommé Silas. Pas une seule fois vous ne verrez Silas agir ou parler en dehors de Paulos, citoyen romain. Grec de langue et, citoyen romain, il a tous les vices qu'un Juif peut avoir. C'est à coups de Bique qu'on traite, cette sorte d'hommes bestialisants. Il n'y en a qu'un dans cette histoire, c'est l'hérodien Saül. Donc Silas et Paulos ne font qu'un, et nous on fournirons plus d'une preuve au très excellent Théophile.

Imposture n° 60. - CONSOLATION AUX DUPES D'ANTIOCHE.

Paulos et Barnabé rentreront dans Antioche comme ils en sont partis dans la Lettre aux Galates. Quant à Jude et à Silas, qui cesse pour un instant d'être citoyen romain, ils rempliront à merveille le rôle de Shehimon et de Jacob, les deux prophètes de l'année sabbatique 802, car ils sont prophètes, eux aussi, prophètes du passé, et-ils consoleront les frères de l'apostasie que l'Église a été forcée d'inspirer à leurs ancêtres : apostasie utile aux finances, donc respectable ; sinon que servirait d'avoir inventé le Saint-Esprit ?

30. Ces envoyés donc se rendirent à Antioche, et, les fidèles rassemblés, ils remirent la lettre.

31. Quand ils l'eurent lue, ils éprouvèrent beaucoup de joie et de consolation.

32. Et comme Jude et Silas étaient eux-mêmes prophètes, ils consolèrent les frères et les fortifièrent par de nombreux discours.

33. Et, après avoir passé là quelque temps, Ils turent renvoyés on paix par les frères à ceux qui les avalent envoyés.

34. Cependant, Il parut bond Silas de rester là, et Jude seul retourna à Jérusalem.

Que vous disais-je ? Silas reste avec Paulos. Il va devenir le second témoin de ses prouesses. Elles n'auraient pas été deutéronomiques, c'est-à-dire croyables, si elles n'avaient eu d'autre témoin que leur auteur et celui des Actes. Le Saint-Esprit est dans son rôle en élisant Silas qui est le double ecclésiastique de Paulos. Par ce moyen le très excellent Théophile va être exactement renseigné.

Quant à Jude, on a pu l'envoyer jusqu'à Antioche, mais pas plus loin. Saül prêchant la résurrection on Asie et en Grèce avec le frère homonyme du crucifié, c'est un spectacle irréalisable ! S'il l'eût, été, ce n'est pas avec Silas que nous verrions Paulos, c'est avec Pierre. Pierre n'aurait pas été de trop pour lui servir de caution.

Imposture n° 61. - PAULOS RÉINTÈGRE SILAS PAR ORDRE DE L'ESPRIT-SAINT.

Il s'en va grand temps que le citoyen Paulos réintègre le citoyen Silas, car le Saint-Esprit lui ménage certaine tournée dans laquelle on a vu Saül, sans voir avec lui aucun des compagnons que les Actes lui ont prêté jusqu'ici, ni Paulos, ni Silas, ni Joannès-Marcos, ni Barnabas, ni Jehoudda surnommé Bar-Schabath, ni personne de l'église d'Antioche, ni personne de celle de Jérusalem,

35. Or, Paulos et Barnabé demeurèrent aussi à Antioche, enseignant et annonçant avec plusieurs autres la parole de Dieu.

36. Mais quelques jours après, Paulos dit à Barnabé : Retournons visiter nos frères dans toutes les villes où nous avons prêché la parole du Seigneur, pour voir comment ils sont.

37. Or Barnabé voulait prendre avec lui Joannès, qui est surnommé Marc.

38. Mais Paulos lui représentait que celui qui les avait quittés en Pamphylie et n'était point allé avec eux pour cette œuvre, ne devait pas être repris.

39. De là il y eut division entre eux, de sorte qu'ils se séparèrent l'un de l'autre. Barnabé, ayant donc pris Marc, s'embarqua pour Chypre.

40. Et Paul ayant choisi Silas partit, commis à la grâce de Dieu par les frères.

41. Or il parcourait la Syrie et la Cilicie, confirmant les Églises, et leur ordonnant de garder les préceptes des apôtres et des prêtres.

Vous saisissez bien l'économie de cette ventilation ? Tandis que Paulos va en Syrie et en Cilicie, comme dans la Lettre aux Galates, le fils de Shehimon, qui se trouve on ne sait comment à Antioche en même temps que son oncle Jehoudda Toâmin, suit Barnabas et part pour Chypre. Les deux équipes, jusqu'ici confondues dans l'intérêt de la Lettre aux Galates, se séparent dans l'intérêt des Actes. Tandis que le fils de Shehimon suit Barnabas à Chypre, abandonnant Paulos, celui-ci, abandonnant Barnabé, emmène Silas. C'est un chassé-croisé qui liquide la fausse situation que la Lettre aux Galates avait faite à Pierre. Pierre n'a pas pu avoir de contestation avec Paul après le conciliabule dont parle cette lettre, puisqu'il n'est pas allé à Antioche. Et quant aux émissaires de Jacques, Paulos en fait partie lui-même dans la nouvelle combinaison. Toutefois, comme la Lettre aux Galates mentionne une contestation, Barnabé remplacera Pierre avec avantage, Paulos ne propose à Barnabé d'emmener le fils de Shehimon que pour provoquer cette division. C'est là-dessus qu'on brise. C'en est fait de Barnabé, de Jude, dit Barsabas, et de Joannès-Marcos, on ne les produira plus jamais, soit en compagnie de Paulos, soit autrement. A eux l'Évangile de la Circoncision, à Paulos l'Évangile de l'Incirconcision, comme dans la Lettre aux Galates. Toute trace de contestation est effacée entre Pierre et Paul, et celui-ci, qui n'avait rien reçu de l'autre, à en croire la Lettre, a accepté de lui être subordonné,

Là-dessus Pierre peut disparaître de la terre, sous Tibère Alexandre, comme il s'est évadé de prison sous Agrippa. Jacques, qui n'a encore perdu que la tête sous Agrippa, peut perdre le reste sous Tibère Alexandre. Que celui-ci les crucifie tous les deux s'il veut, l'Église n'a plus besoin ni de l'un ni de l'autre. A notre tour, nous pouvons faire entrer le prince Saül, il attend. Mais d'abord finissons-en avec Paulos et son double Silas, ces émissaires de Pierre, ces porteurs des canons du Concile. Ils vont à Corinthe, suivons-les, Saül y est déjà, logé chez Titus (Gallien), proconsul d'Achaïe.

 

IV. — ACTES DES APOTRES, CHAPITRE XVI.

 

Imposture n" 62. - CIRCONCISION D'UN NOMMÉ TIMOTHÉE PAR PAULOS.

De Syrie et de Cilicie, Pilules vient en Lycaonie où il est déjà passé avec Barnabé. Mais cette fois, il apporte les canons du dernier Concile. Le très excellent Théophile ne peut lui reprocher que deux choses, c'est d'abord de négliger Antioche de Pisidie, où il a prononcé sou magnifique discours, et ensuite de circoncire un nommé Timothée, dont, la mère est juive à la vérité, mais le père peton.

1. Paulos arriva à Derbé, puis à Lystre. Et voilà qu'il s'y trouvait un disciple du nom de Timothée, fils d'une femme juive fidèle et d'un père gentil.

2. Les frères qui étalent à Lystre et à Iconium rendaient de lui un bon témoignage.

3. Paulos voulut l'emmener avec lui ; il le prit donc et le circoncit à cause des Juifs qui étaient en ces lieux. Car tous savaient que son père était gentil.

4. Or, en allant par les villes, ils leur recommandaient d'observer les décisions qui avaient été prises par les apôtres et les anciens qui étaient à Jérusalem.

Oh ! oh ! il semble bien qu'après avoir si énergiquement requis contre la circoncision dans la Lettre aux Gables, Paulos manque à toute sa doctrine, aux canons mêmes dont il est porteur !

Que ferons-nous pour sortir d'embarras ? Ce que nous faisons toujours, nous consulterons le Saint-Siège. Saint Paul, dit-il, a pu circoncire Timothée, parce que les apôtres n'avaient pas Mai que la circoncision était illicite ; ils s'étaient bornés à déclarer qu'elle n'était plus nécessaire[53].

Certes, avec l'instrument rituel, Paulos a pu circoncire Timothée. Mais il a pu tout aussi bien ne pas le circoncire, nous savons même qu'il ne l'a pas circoncis, puisque, ce faisant, il l'aurait envoyé à la mort éternelle. Vous doutez, et toujours parce que je ne suis pas juif du premier siècle, mais Paulos l'était, lui, au moins d'après ce que vous prétendez. Écoutons-le donc : Voici que moi, Paulos, je vous dis que si vous vous faites circoncire, le christ ne vous servira plus de rien. Je déclare de plus, à tout homme qui se fait circoncire, qu'il est tenu d'accomplir toute la Loi. Vous n'avez plus de part au christ, vous qui êtes justifiés par la Loi ; vous êtes déchus de la grâce[54]. En un mot, se faire circoncire, c'est se faire juif, et se fermer à jamais les portes du ciel. Comment, Paulos, auteur de ce dogme, peut-il condamner à mort le fils innocent d'un païen et d'une juive, puisque dans sa théorie, la clef du salut est précisément dans le père incirconcis ? Le Saint-Siège ne répondant pas, — je donnerais d'ailleurs sa réponse avec plaisir — consultons le Saint-Esprit, l'inspirateur direct des Actes à cet endroit. Paulos vient de quitter les frères de l'auteur de l'Apocalypse, et, dans la Lettre aux Galates, l'auteur lui-même. Jamais on ne croira qu'il a obtenu d'eux la permission de prêcher la jehouddolâtrie chez les païens, si du premier coup, sans hésitation ni remords, il concède le salut sans on exiger le signé légal, Il y a indivision dans l'Apocalypse.

Or, on n'en est pas encore à soutenir qu'étant fille d'un circoncis, par conséquent héritière de la promesse faite à Abraham, la femme juive puisse par elle-même apporter le salut en mariage. Elle est l'auteur premier du péché mortel, et Bar-Jehoudda ne la sauvait dans son système que par le retour à l'androgynisme originel. Elle est donc hors du salut pour cette cause ; et hors de la Loi par son union avec un goy. De son côté le père de Timothée n'a pas le signe in hoc signo salus. Timothée n'est donc sauvable que si Paulos le lui donna. C'est la dernière concession que l'auteur des Actes fasse au millénarisme. Elle n'est pas sans motif, car elle répond au scrupule de conscience matrimonial que voici : le fils d'une Juive et d'un païen ne peut être sauvé sans le signe ; le fils d'un Juif et d'une païenne l'est sans le signe ; son père ayant le signe lui a passé la promesse.

 

Jo m'écarte de l'interprétation du Saint-Siège, mais je me rapproche du dogme de Bar-Jehoudda. Le bon christien ici, c'est moi, et j'en suis bien heureux. Je me rapproche aussi du dogme de celui qui a écrit la Lettre aux Galates et, que vous dites être Saül converti. Je constata qu'en 802 Saül converti monte à Jérusalem avec un circoncis, Barnabé, et un incirconcis, Titus ; qu'il prêcha contre Pierre, Jacques et Joannès le salut dans l'incirconcision ; qu'il empêcha les apôtres de la circoncision de circoncire le païen Titus ; que ce païen quitte Jérusalem, emportant avec lui tous les effets de la grâce sans être circoncis ; que dans Antioche il rompt, avec Pierre, parce que Pierre veut forcer les gentils à judaïser[55], lui résistant en face[56] et lui déclarant devant tous que l'homme n'est point justifié par les œuvres de la Loi[57] dont le premier article est précisément lu circoncision ; qu'enfin Pierre, plongé dans la honte et dans la confusion, ne réplique rien et s'enfuit, tête basse, sous le feu de cette argumentation. Et alors, je dis : Ce n'est pas seulement parce que Paulos n'exista pas qu'il n'a pu circoncire Timothée (en effet, s'il plait à l'Église que Paulos existe, force est qu'il existe), c'est parce qu'on circoncisant Timothée, il l'a perdu, manquant, en dehors de sa propre doctrine, aux décisions non seulement du second Concile de Jérusalem qui exempte les païens de la circoncision et en décharge les Juifs eux-mêmes, mais en outre à celles du premier. Concile où Pierre, retour de Césarée, fait accepter par tous ses collègues l'octroi du Saint-Esprit et du baptême au centurion Cornélius et à tous les païens de son entourage, sans avoir exigé d'eux la première couvre de la Loi, la circoncision.

Je dis de plus que Paulos est à jamais déchu de la grâce pour avoir circoncis Timothée dont la mère est elle-même déchue du salut pour avoir, contre sa Loi, épousé un païen. De telle sorte que ce malheureux Timothée, une seconde après sa circoncision, n'était plus justifié ni par la grâce ni par la Loi et que, dans tout cola, il n'y à que son père on état d'âtre sauvé, parce qu'étant encore païen lors de cette affaire, il a pu soit se faire Juif pour s'assurer du salut par les œuvres, soit se faire jehouddolâtre pour se munir du salut par la grâce.

Enfin, non seulement Paulos, en tant que Juif, s'est mis hors la Loi, et en tant que jehouddolâtre hors la grâce, mais comme il était citoyen romain il est tombé sous le coup de la loi romaine, laquelle punissait de mort ceux de cette sente qui avaient pratiqué la circoncision sur autrui. Par conséquent, mort à le Loi juive, mort à la grâce, passible de la loi romaine, entassant hérésies sur hérésies, illégalités sur illégalités, rebelle à deux Conciles, prévaricateur devant les hommes, abominable devant Dieu et devant le Juif qui lui est consubstantiel, Paulos n'est pas allé plus loin que Lystre il est mort là, tué par Silas, de la mort des relaps et des impies. Sinon à quoi sort la dextre de Dieu ?     

 

Toutefois, comme c'est l'Église qui circoncit Timothée, un intérêt politique ne cache dans cette opération. Quel ? Voici. La circoncision de Timothée est une menace de peine. Elle n'a qu'un but : empêcher le         mariage d'un païen avec une Juive pur sang. La mère de Timothée est de celles-là : fidèle, donc non jehouddolâtre. Néanmoins son sang l'emporte sur celui de son mari, puisqu'elle est de Dieu et son mari de bétail. L'Église ne nie pas que le salut de Timothée vienne d'elle, puisque toute sa thèse est que le salut vient des Juifs. Dans ces conditions, qu'un païen nit un fils d'une juive jehouddolâtre, ce fils échappe à la loi de la circoncision, puisque son salut est dans la foi en Jésus-Christ et non dans le signa légal ; qu'an contraire il épousé une Juive non jehouddolâtre ; son fils doit être circoncis, puisque Selon la Loi de sa mère son salut est dans le signe et non dans la foi. Comme rien ne répugne davantage nu païen que le signe juif, il ne contractera pas mariage avec une Juive avent de s'assurer que cette Juive s'estima suffisamment justifiée par le sang de Jésus-Christ. Si on lui laisse la faculté d'épouser une Juive de la Loi, cette Juive, stylée par le rabbin, lui dira que la superstition naissante repose tout entière sur le mensonge, que la Cène de Jésus-Christ est une indigne mystification, et que le sacrifice religieux sur lequel l'Église spécule est le supplice profane de Bar-Jehoudda condamné pour ses crimes. Il faut donc couper court à des unions où la vérité pourrait se glisser sous l'oreiller, en menaçant le mari de la circoncision du fils. Il n'est rien de tel pour l'arrêter dans son dessein, d'autant plus que, la circoncision étant punie par la loi romaine, il prive son fils et des bénéfices sociaux de cette loi et des biens spirituels — oh ! combien ! — que dispense l'Église.

Il n'y a donc point de contradiction entre l'auteur de la Lettre aux Galates et l'opérateur de Timothée : Paulos n'a été inventé que pour lever de ces lièvres-là. C'est en effet un cas nouveau que celui de ce sang-mêlé, de ce métis judéo-païen. On ne l'a prévu ni dans les deux Conciles ni dans la Lettre aux Galates. Qui le tranchera, sinon l'Apôtre des nations selon le Saint-Esprit ? Il est tellement sûr de lui qu'il ne consulte même pas Silas. Silas est consubstantiel à Paulus, lequel est consubstantiel à l'Église.

Imposture n° 63. - L'ESPRIT INTERDIT À PAULOS-SILAS DE RENTRER DANS LE CORPS DE SAÜL EN ASIE ET EN BITHYNIE.

Paulos peut poursuivre son voyage, il a bien mérité de l'Église. Cependant il lui arrive ici quelque chose d'étrange : l'Esprit-Saint le circoncit géographiquement.

5. Ainsi les Églises s'affermissaient dans la foi et croissaient on nombre tous les jours.

6. Mais, comme ils traversaient la Phrygie et le pays de Galatie, il leur fut défendu par l'Esprit-Saint d'annoncer la parole de Dieu dans l'Asie.

7. Étant venus en Mysie, ils tentèrent d'aller en Bithynie ; mais l'Esprit du jésus ne leur permit pas.

Voilà deux Esprits coalisés, l'un, le Saint, pour empêcher Paulos d'aller dans la province d'Asie, l'autre, celui du Rabbi, pour lui défendre d'aller en Bithynie.

Ces deux Esprits ont des raisons que l'histoire connaissait, mais que le très excellent Théophile doit ignorer. La province d'Asie, c'est proprement celle dont Éphèse est la capitale. Or Shehimon et Jacob y sont. Leur mère Salomé, la Maria Magdaléenne de l'Évangile, y est morte, si la tradition dit vrai, et à un âge qui n'est point démesurément avancé. Et peut-être vit-elle encore au moment où le pseudo-Paulos, accompagné du pseudo-Silas, contourne Éphèse par la Mysie. L'Esprit ne leur permet pas non plus d'entrer en Bithynie, car cette province est sous l'influence directe du jésus par ses deux frères et leurs disciples. C'est même beaucoup qu'il leur ait permis de traverser la Phrygie et la Galatie, car Papias d'Hiérapolis et les titulaires des six autres évêchés sont entièrement soumis à l'Apocalypse[58], et ce n'est pas à eux qu'il faudrait présenter la Lettre aux Galates comme ayant été écrite par Saül au temps de Shehimon et de Jacob. Car, il faut bien le dire, s'il est vrai que Shehimon et Jacob ont été crucifiés par Tibère Alexandre en 802, c'est avec l'active collaboration de Saül. Les Actes ont bien substitué le Concile de tout à l'heure à l'entrevue de la Lettre aux Galates, mais ils ne l'ont pas daté de la même année ; nous avons encore trois ou quatre ans devant nous avant que les deux grands frères de Bar-Jehoudda finissent comme leur aîné. Voilà pourquoi le Saint-Esprit, aussi étroitement fié à celui du jésus que Paulos l'est à Silas, interdit à Paulos-Silas de pénétrer dans les provinces d'Asie et de Bithynie ; il pourrait bien y rencontrer le prince Saül persécutant les deux principaux membres du Concile de Jérusalem.

Et ce serait d'un effet déplorable sur le très excellent Théophile. Mais il n'y a rien à craindre, car grâce à l'Esprit, Paulos a rapporté du ciel la faculté d'être ou de ne pas être dans le corps de Saül. Ici l'Esprit lui défend d'y être et lui ordonne de décrire sa parabole apostolique en évitant Éphèse.

 

Les Actes escamotent la collision de Saül avec les christiens d'Asie et de Bithynie ; ils mettent ce bon tour sur le compte du Saint-Esprit. Mais tout démontre que l'événement est antérieur au supplice de Shehimon et de Jacob en 802. Encore une fois, Saül n'est pas resté quatorze ans depuis son expédition de Damas sans rien faire contre ses ennemis. Les Lettres de Paul et les Actes nous révèlent, en les masquant, onze conflits de Saül avec les christiens tant jehouddistes qu'apolloniens : le premier à Damas, le second en Syrie et Cilicie, le troisième à Chypre, le quatrième en Pisidie et Lycaonie, le cinquième en Bithynie, le sixième en Macédoine, le septième à Corinthe, le huitième à Éphèse, le neuvième à Antioche, le dixième à Jérusalem, le onzième à Rome.

Il y en a eu bien davantage. L'histoire en accuse un de plus, et le discours de Paul à Césarée devant Agrippa II nous montre que toute la vie de Saül ne fut qu'un long anti-apostolat.

Pour que les causes qu'on assigne à ces conflits existent, il faut nécessairement que Jésus n'ait point existé.

Et pour que cette conclusion ne s'impose pas à l'esprit des goym, les Actes suppriment radicalement ou déguisent hypocritement tous les arguments qui la fortifient.

Imposture n° 64. - LES VOYAGES DE FEU SAÜLAS.

Ayant évité la rencontre de Saül qui eût été funeste à l'Eglise, Paulos et son double, dans leur soif de l'au-delà, portent leur vue sur la Macédoine ; et, à ce moment, précis l'auteur des Actes passe la plume à celui des Voyages de Saülas qui fait autorité en cette matière, car il n'a pas rédigé que ceux-là. On observe avec tristesse que Paulos n'a pas emmené Timothée ; circoncis, déchu de la grâce pour s'être permis d'avoir un père marié avec une Juive de la Loi, Timothée est resté à Lystre où il scandalise toute la ville. Aussi n'a-t-on jamais songé à lui attribuer le récit du voyage qui se mêle ici aux Actes, dans le gracieux entrelacement du lierre à l'ormeau, Il a paru plus convenable de l'attribuer à Luc, cet écrivain mystérieux mais fécond dont les ouvrages, — un Evangile et les Actes eux-mêmes, dit l'Église, — sont dans toutes les bibliothèques bien composées. Oui, on commençant à parler à la première personne, saint Luc indique qu'il devient dès ce moment le compagnon de saint Paul dans les prédications de l'Evangile[59].

Depuis un temps qu'on ne saurait déterminer avec certitude, Luc guettait Paulos pour lui servir d'historiographe, c'est, ce que déclare le Saint-Siège. Nous préférons croire que le faussaire des Actes emprunte une partie de ses élucubrations aux Voyages de Saülas, formé de nom Saülas, infiniment moins corrompue que celle de Paulos. En un mot, de même qu'on avait mis des Lettres sous le nom de Paulos, on lui avait prêté des Voyages sous le nom de Saülas : peut-être même avait-on commencé par là. Dans ces récits fabuleux, converti par l'Esprit à Pierre et à Jacques au lendemain de leurs crucifixions suivies d'Assomptions retentissantes, Saülas se mettait à prêcher la résurrection du Rabbi.

A la précision de certains détails topographiques, il est facile de voir que l'auteur des Actes a suivi pour son propre compte, en un siècle postérieur, l'itinéraire des Voyages qu'on attribuait à Saülas. Il est facile de voir aussi que, ce faux ayant été découvert, il a fallu que Saül cessât d'être Saülas pour devenir l'autre homme qu'il est sous le nom de Paulos.

Entre deux mystifications de cette espèce, l'auteur des Actes devait aller puiser de nouvelles idées dans le spectacle des pantomimes. Quelle joie c'était de pouvoir appliquer les mêmes procédés au service de l'Eglise et de lancer sur les bateaux du la mer Egée, sur les routes poudreuses de la Macédoine ce Paulos bifrons qui se servait de témoin deutéronomique à lui-même sous les espèces de Saülas ! Mais puisque le très excellent Théophile aimait Dieu, comme son nom l'indique, il savait que l'Esprit sanctifie tous les moyens.

8. Lorsqu'ils eurent traversé la Mysie, ils descendirent à Troas ;

9. Et Paulos eut, la nuit, une vision : un certain homme de Macédoine se tenait devant lui, le priant et disant : Passe en Macédoine, et secours-nous.

10. Aussitôt qu'il eut eu cette vision, nous cherchâmes à partir peur la Macédoine, assurés que Dieu nous appelait à y prêcher l'Evangile.

11. Nous étant donc embarqués à Trocs, nous vînmes droit à Samothrace, et le jour suivant à Néapolis,

12. Et de là à Philippes, colonie qui est la première ville de cette partie de la Macédoine. Et nous demeurâmes quelques jours à conférer dans cette ville.

Comme dans les provinces d'Asie où les Actes l'ont promené jusqu'ici, c'est sur Paulos que retombent, les effets de la prédication ; mais cette prédication ne lui appartient pas, elle a été faite pur une équipe antisaülienne, trop anonyme pour qu'on n'y reconnaisse pas celle que les Actes lui ont donnée dans la première partie pour le présenter aux églises et dont étaient Barnabas et le fils de Shehimon. Mais si, en dépit de son titre de citoyen romain, Paulos-Silas n'agite pas quelques populations contre la Bête, on ne croira jamais qu'il vient d'une réunion à laquelle assistaient Shehimon et Jacob. On fera beaucoup mieux, on lui attribuera la croisade juive que les émissaires Jehouddistes, peut-être Shehimon et Jacob eux-mêmes, ont prêchée en Macédoine et en Achaïe. Ces Juifs troublent votre ville, disent les Philippiens, ils prêchent des ordonnances que nous ne pouvons ni recevoir ni pratiquer, vu que nous sommes romains. Qu'est-ce à dire, et qu'ont fait ces Juifs ? Ils tonnent contre les statues et les idoles, comme à Lystre où Barnabas a troublé les sacrifices à Zeus ; ils prêchent aux Juifs que l'univers est à eux, et la première des ordonnances qu'ils affichent dans les synagogues, c'est celle que Jésus emprunte à Jehoudda : N'appelez personne sur la terre votre maître, car vous n'avez qu'un maître qui est dans les cieux. (Et, complétons sa pensée, dont le christ est juif de la maison de David). A partir du faux Concile de Jérusalem, les Actes ne sont plus qu'une spéculation sur le jeu de mots qui a servi à faire Jésus-Christ avec le christ-jésus du Jourdain. Partout où les Jehouddistes ont passé, annonçant le Messie et le Renouvellement des temps, Paul annonce Bar-Jehoudda ressuscité. Pour plus de vraisemblance on en fait un baptiseur effréné : à Philippes il baptise Lydie et toute sa famille, un geôlier et toute lu sienne. Moins heureux dans cette entreprise, Ananias avait été assassiné par ordre du seul Baptiseur que les prophéties autorisassent à remettre les péchés.

 

A quelle époque a-t-on glissé le nom de Clément dans la lettre de Paul aux Philippiens, et pourquoi[60] ? Quel est ce Clément qu'on y représente comme là grand collaborateur de l'Apôtre des nations au commencement de l'Évangile en Macédoine ? D'où vient qu'il n'en soit point perlé dans les Actes, et que l'auteur des Lettres de Paul n'en souffle mot en dehors de celle-ci ? On lui taille tout à coup un rôle énorme dans l'apostolat. L'auteur de la Lettre aux Philippiens parle de ce Clément comme si ces gens lui devaient le salut et sans faire la moindre allusion à Silas, le compagnon putatif de Paulos.

De plus il en parle comme d'un homme inscrit au livre de vie, c'est-à-dire mort dans la même foi que Jehoudda et ses fils. Pour ce faussaire, Clément est le personnage que l'Église, dans sa collection d'écrits mensongers, présente comme ayant été le compagnon et le successeur de Pierre à Rome, Du même coup, on s'en sert comme témoin des Voyages de Saülos.

Imposture n° 65. - APOSTASIE DE LA MARCHANDE DE POURPRE À PHILIPPES DE MACÉDOINE.

Il arrive que sous la couleur la plus innocente, dans un détail qui semble tout petit, l'auteur vise un but considérable. Rien ne le démontre mieux que cette imposture où l'on voit une christienne de Thyatire, par conséquent élevée dans le judaïsme millénariste le plus intraitable, —Thyatire est une des sept villes de l'Apocalypse de Pathmos — accepter le baptême jehouddolâtrique au mépris de la croyance qu'elle tient de Bar-Jehoudda lui-même, et consentir à loger, forcer même à descendre chez elle, Paulos et Silas, les deux citoyens romains que les Actes ont tirés de l'hérodien Saül.

13. Le jour du sabbat nous sortîmes hors de la porte près du fleuve, où il paraissait que se faisait. la prière ; et, nous asseyant, nous parlâmes aux femmes qui s'étaient assemblées.

14. Et une femme, nommée Lydie, marchande de pourpre de la ville de Thyatire, et servant Dieu, nous écouta ; et le Seigneur ouvrit son cœur pour prêter attention à ce que disait Paulos[61].

15. Lorsqu'elle eut été baptisée, elle et sa maison, elle nous pria, disant : Si vous m'avez jugée fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et demeurez-y. Et elle nous y força.

C'est énorme ! Et le jour du sabbat, un jour où le baptême est radicalement défendu par la Loi ! Du même coup elle renonce à toute la Révélation du Rabbi, aux années sabbatiques et jubilaires, à la Grande Année Même. Elle accepte que le sabbat soit remplacé par le premier jour de la semaine, le jour dit de la résurrection du Seigneur ! Elle consent que ceux qui viennent de la faire apostasier, apostats eux-mêmes, entrent chez elle, elle les y force ! Malheureuse ! Ah ! si les sept fils de Jehoudda, les sept tonnerres de l'Apocalypse du Jourdain, l'avaient vue ! Si le Fils de l'homme et Bar-Jehoudda, qui reviendra un jour avec lui, l'avaient vue, comme ils l'eussent foudroyée ! C'était, pense le Saint-Siège, une personne riche, ne résidant que temporairement à Philippes. Riche, nous le croyons, c'est ainsi qu'on les voulait, mais elle n'était pas de passage à  Philippes ; on l'a fait venir tout exprès de Thyatire et c'est pourquoi on l'appelle Lydie, du nom même de sa province. On ne la fait venir que pour renier l'Apocalypse et en même temps les sept églises d'Asie qui sont selon le cœur du Joannès, de celui-là même que l'Église de Rome exploite sous le nom de Jésus[62].

Imposture n° 66. - LES, ORACLES D'APOLLON PYTHIEN CHASSÉS PAR L'ESPRIT JUIF - FUSTIGATION DE L'OPÉRATEUR.

Tous les oracles grecs sont soumis aux prophéties juives, ou pour mieux dire il n'est que celles-là de valables, à la condition toutefois qu'appliquées à l'aventure de Bar-Jehoudda elles rentrent dans le système fiscal de l'Eglise. Le Roi des Juifs de 788 est devenu celui du monde, depuis qu'elle en a décidé ainsi. Tout doit plier devant cette marionnette juive dont l'Église manœuvre les fils d’or. Le très excellent Théophile ne peut manquer d'être de cet avis, s'il tient à être sauvé un peu mieux que Bar-Jehoudda. Or il y tient d'autant plus fortement qu'on lui a promis un évêché s'il s'associe aux faussaires. Depuis ce jour le très excellent Théophile ne doute plus.

16. Or, il arriva qu'allant à la prière, nous rencontrâmes une jeune fille ayant un esprit de python, laquelle apportait un grand gain à ses maîtres, en devinant.

17. Cette jeune fille nous suivant, Paulos et nous, criait, disant : Ces hommes sont des serviteurs du Dieu Très-Haut, qui vous annoncent la voie du salut.

18. Elle fit cela pendant bien des jours. Cependant Paulos, le souffrant avec peine, et se retournant, dit à l'esprit : Je te commande, au nom de Jésus-Christ, de sortir d'elle. Et il sortit à l'heure même.

19. Mais ses maîtres, voyant que l'espoir de leur gain était perdu, se saisirent de Paulos et de Silas, et les conduisirent sur la place publique devant les autorités ;

20. Et les présentant aux magistrats, ils dirent : Ces hommes troublent notre ville, attendu que ce sont des Juifs,

21. Qui enseignent des pratiques qu'il ne nous est pas permis de recevoir ni de suivre, puisque nous sommes Romains.

22. Et le peuple courut sur eux ; et les magistrats, leurs vêlements déchirés, ordonnèrent qu'ils fussent déchirés de verges.

Imposture n° 67. - EMPRISONNEMENT DE PAULOS-SILAS ; TREMBLEMENT DE TERRE ET BAPTÊME DE NUIT.

Comme vous venez de le voir, Paulos et son double ont été pris pour des Juifs, alors qu'ils sont citoyens romains, C'est en leur qualité de Juifs qu'ils ont souffert les verges, Ils s'égalent ainsi à Bar-Jehoudda et à ses frères pendant le pontificat de Kaïaphas, ils souffrent pour la même cause, la Révélation qui dans l'échelle des êtres met les Juifs au-dessus des autres hommes, si tant est que les goym puissent être assimilés à l'espèce humaine. A aucun moment ils ne se sont réclamés de la qualité de citoyens romains qui dans cette colonie romaine les eut immédiatement soustraits à la fureur inexplicable des magistrats locaux. Au contraire ce sont les Philippiens qui, au nom de la loi Julia, ont fustigé ces deux martyrs du Tout aux Juifs et réclament maintenant leur incarcération. Si Paulos et Silas se déclarent citoyens romains dans l'intervalle, non seulement ils n'iront pas on prison, mais encore les Philippiens seront punis pour les avoir frappés sans cause. Or il importe extrêmement qu'ils soient emprisonnés, puisque Bar-Jehoudda, Shehimon, Jacob et autres l'ont été. Si Paulos avait le don des miracles sans être exposé à la contrepartie, il serait investi d'un monopole incompréhensible. Après tout, ce n'est encore qu'un faux lapidé, il ne peut guère figurer honorablement dans un Martyrologe.

23. Et, quand on les eut chargés d'un grand nombre de coups, ils les envoyèrent en prison, ordonnant aux geôliers de les garder soigneusement.

24. Le geôlier, ayant reçu cet ordre, les mit dans la prison basse, et serra leurs pieds dans les ceps.

25. Or, au milieu de la nuit, Paulos et Silas, priant, louaient Dieu ; et ceux qui étaient dans la prison les entendaient.

26. Tout à coup il se fit un grand tremblement de terre, de sorte que les fondements de la prison furent ébranlés. Et aussitôt toutes les portes s'ouvriront, et les liens de tous les prisonniers furent brisés.

27. Alors, réveillé et voyant les portes de la prison ouvertes, le geôlier tira son épée[63], et il voulait se tuer, Pensant que tous les prisonniers s'étaient enfuis.

28. Mais Paulos cria d'une voix forte, disant : Ne te fais pas de mal, car nous sommes tous ici !

29. Et le geôlier, ayant demandé de la lumière, entra ; et, tout tremblant, il tomba aux pieds de Paulos et de Silas ;

30. Et les faisant sortir, il demanda : Seigneurs[64], que faut-il que je fasse pour être sauvé ?

31. Ils lui répondirent : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison.

32. Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, à lui et à tous ceux qui étaient dans sa maison.

33. Et lui, les prenant à cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies, et il fut baptisé, lui et toute sa maison, aussitôt après.

34. Puis, les ayant conduits chez lui, il leur servit à manger ; et il se réjouit avec toute sa maison de ce qu'il avait cru en Dieu[65].

35. Lorsqu'il fit jour, les magistrats envoyèrent les licteurs[66], disant : Laissez aller ces hommes.

30. Aussitôt le geôlier rapporta ces paroles à Paulos : Les magistrats ont mandé de vous relâcher ; maintenait donc, sortez et allez on paix.

Au milieu des épreuves de ces citoyens romains, fouettés et emprisonnés parce qu'ils sont Juifs, le Saint-Esprit introduit un détail pour lequel tout l'épisode est fait : le baptême nocturne du geôlier et de sa maison. Ah ! il eût fait beau voir qu'en son temps le Joannès du Jourdain baptisât avant que le Seigneur ne fût levé ! Mais à temps nouveaux, pratiques nouvelles. L'Eglise donne, par Paulos, licence de baptiser la nuit, afin d'attirer dans les filets du Pécheur d'hommes les goym qui n'auraient pas osé s'y risquer pendant le jour. Comme Pierre ù Jérusalem, Paul est délivré de prison par un miracle auquel on ajoute un tremblement de terre, ce qui est autrement glorieux. Uri tremblement de terre n'était pas un malheur, c'était un argument[67]. Bar-Jehoudda et ses frères avaient déjà exploité couic de 772 en Asie[68]. Pour de telles gens un volcan en éruption fait partie de la dialectique. Le Vésuve a, par deux fois, collaboré avec le christianisme. Saint Pierre a eu raison plusieurs fois dans ses prédictions, mais à la Martinique.

Imposture n° 68. - ÉLARGISSEMENT DANS LES FORMES.

Après vingt-quatre heures d'injures, de coups et de prison ; traversées par un tremblement de terre et un baptême de nuit, Paulos se rappelle enfin que son double et lui sont citoyens romains, comme les magistrats qui les molestent indignement depuis la veille. Ils découvrent que la loi les protège, qui dispose : Personne ne peut être condamné sans avoir été entendit ; c'est un crime de frapper et d'enchaîner un citoyen romain. Mais s'ils l'avaient invoquée la veille, il ne leur serait rien arrivé de ce qui est utile à l'édification du très excellent Théophile. Le rédacteur des Actes se la rappelle pour eux ; il ne sera pas cru si, dans une circonstance où elle est en jeu, personne, ni juges ni justiciables, ne se souvient que le citoyen non accusé de crime ou de délit est inviolable, il n'y a pas d'hommage plus éclatant à la grandeur du droit romain, il n'y a pas de preuve plus convaincante du triste recul que le christianisme devait imprimer à la civilisation !

37. Mais Paulos dit aux licteurs : Après nous avoir publiquement déchirés de verges, sans jugement, nous, citoyens romains, ils nous ont mis en prison, et maintenant ils nous renvoient en secret ? Il n'en sera pas ainsi, mais qu'ils viennent

 38. Et nous délivrent eux-mêmes ! Les licteurs rapportèrent donc ces paroles aux magistrats. Or ceux-ci furent saisis de crainte, ayant appris qu'ils étaient Romains.

39. Ils vinrent donc les supplier[69] ; et les faisant sortir, ils les prièrent de se retirer de la ville.

40. Or, sortant de la prison, ils allèrent chez Lydie ; et ayant vu les frères, ils les consolèrent et partirent.

 

V. — ACTES DES APÔTRES, CHAPITRE XVII.

 

Imposture n° 69. - BAR-JEHOUDDA PROCLAMÉ ROI DU MONDE À THESSALONIQUE.

Les Actes ont pu expliquer la fustigation et l'emprisonnement de Paulos à Philippes par un oubli de sa part, mais comme ils recommencent sur lui l'épreuve de la loi romaine à Thessalonique, il leur faudra user d'un autre expédient pour le relaxer. Cette fois ce sera la caution versée par un tiers. Les Juifs unis aux Thessaloniciens persécuteront Paulos et son double qui échapperont grâce à la caution versée par Jason chez qui les deux citoyens romains sont descendus, prêchant contre In loi Julia que le juif exécuté par Pilatus est désormais Roi du monde et au-dessus de César.

1. Après avoir passé par Amphipolis et Apollonia, ils vinrent à Thessalonique, à l'endroit où était la synagogue des Juifs.

2. Or, selon sa coutume, Paulos y entra et, pendant trois sabbats[70], il les entretint des Écritures,

3. Leur découvrant et leur faisant voir qu'il a fallut que le christ souffrit, et qu'il ressuscitât des morts ; et ce christ est Jésus-Christ que je vous annonce[71].

4. Quelques-uns d'entre eux crurent, et se joignirent à Paulos et à Silas, aussi bien qu'une grande multitude de prosélytes, de Gentils, et beaucoup de femmes de qualité[72].

5. Mais les Juifs, poussés par l'envie, prirent avec eux quelques hommes méchants de la lie du peuple[73], et, les attroupant, ils suscitèrent un mouvement dans la ville ; puis, assiégeant la maison de Jason[74], ils cherchaient Paulos et Silas, pour les mener devant le peuple.

6. Et ne les ayant point trouvés, ils trahirent Jason et quelques-uns des frères devant les magistrats en criant : Voici ceux qui troublent le monde, et qui sont venus ici,

7. Ceux que Jason a reçus ; or tous sont rebelles aux décrets de César, disant qu'il y a un autre Roi, Jésus.

8. C'est ainsi qu'ils émurent le peuple et les magistrats de la ville, qui entendirent ce discours.

9. Mais Jason et les autres ayant donné caution[75], ils les renvoyèrent.

L'affaire ici s'arrange à prix d'argent. L'auteur des Actes trouve des magistrats romains qui acceptent comme de simples baptiseurs. C'est d'ailleurs indispensable, car si, à l'inverse des Juifs du Quatrième Evangile qui disent dans Jérusalem : Nous n'avons d'autre roi que César, deux citoyens romains eussent dit dans Thessalonique : Nous n'avons d'autre roi que Bar-Jehoudda, crucifié il y a une douzaine d'années par Pontius Pilatus, ils ne seraient pas allés plus loin ! Or Saül les attend à Corinthe.

Pour ce qui est des Juifs de Thessalonique au premier siècle, les Lettres de Paul montrent que, travaillés à la fois par Apollos et par les Jehouddistes, ils attendaient un christ millénaire exactement comme' ceux de Palestine et d'Asie. Les deux Lettres aux Thessaloniciens ne leur sont adressées que pour essayer de leur enlever cette croyance et de remplacer le christ régnant dans le monde par un christ assumeur ad cœlum ; tout en empruntant certains traits du Fils de l'homme de l'Apocalypse, il ressemble un peu à celui qui opère à la fin du Quatrième Évangile[76].

Imposture n° 70. - LES JUIFS DE LA BONNE ESPÈCE À BÉRÉE.

A Bérée où ils vont ensuite, Paulus et son double rencontrent enfin des Juifs de la bonne espèce, de ceux qui cherchent tous les jours, dans les Écritures, s'il ou est ainsi, — c'est-à-dire s'il est vrai que l'un d'eux, jadis crucifié pour crimes publics, soit le Roi des rois — et qui trouvent. Car les Évangiles le disent bien, et nous ne nous lassons pas de le répéter : il devait être Roi du monde, il l'est quand même !

10. Et aussitôt les frères firent partir de nuit pour Bérée Paulos et Silas. Lorsqu'ils y furent arrivés, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs.

11. Or ceux-ci avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec la plus grande avidité, cherchant tous les jours dans les Écritures s'il en était ainsi.

12. De sorte que beaucoup d'entre eux crurent, et parmi les Gentils beaucoup de femmes de qualité[77], et des hommes en assez grand nombre.

13. Mais quand les Juifs de Thessalonique surent que la parole de Dieu était prêchée par Paulos à Bérée même, ils y vinrent soulever et troubler la multitude.

14. Aussitôt les frères tirent partir Paulos pour qu'il allai jusqu'à la mer ; mais Silas... et Timothée demeurèrent à Bérée.

Tu le vois, très excellent Théophile, à Bérée comme partout ce sont encore les Juifs de la Loi qui s'opposent à ce que l'un d'eux soit consubstantiel au Père et Roi des rois. Comment les punir d'un pareil aveuglement ? Les déclarer déicides, il n'y a que ce moyen !

Imposture n° 71. - LE TÉMOIGNAGE DE TIMOTHÉE SUR SILAS.

Les Actes font venir Timothée de Lystre pour attester deutéronomiquement qu'étant resté avec lui à Bérée, Silas ne peut être le même que Paulos qui, lui, a pousse jusqu'à Corinthe. Il résulte de cette disposition que dans les Voyages primitifs où il était resté encore un peu d'histoire, Saülas venait en Achaïe sans Paulos. On reverra encore Timothée dans les Lettres de Paulos, on n'y verra jamais Silas ; sitôt parvenu en Achaïe, il rentrera dans Paulos.

Forcée de s'accommoder de la Lettre aux Galates et d'y accommoder toutes les autres, notamment les deux Corinthiennes, l'Église n'a jamais reconnu l'existence propre de Silas. Aucune Lettre à Silas, qui pourtant est le compagnon de Paulus dans la plus importante des tournées organisées par l'Esprit-Saint ; aucune mention de Silas dans la Lettre aux Philippiens, quoique Silas soit battu de verges et emprisonné avec Paulos à Philippes, ni dans les deux Thessaloniciens, quoiqu'il soit, des grandes journées de Thessalonique. Paulos ne s'écrit pas à lui-même. Le compagnon de Paulos dans les premiers Voyages de Saülas, c'était Titus, parce que dans la Lettre aux Galates, c'est Titus qui monte à Jérusalem avec Paulus en 802, et ils en revenaient ensemble il travers l'Asie pour regagner Corinthe par la Macédoine. Lorsque le scribe qui a fabriqué la Deuxième aux Corinthiens parle de l'arrêt que Suffies, devenu Paulos, fait en Troade avant de s'embarquer pour la Macédoine, il ne peut donner qu'un seul compagnon il Paulos ; ce n'est pas Silas, c'est celui dont il a trouvé le nom dans la Lettre aux Galates, c'est Titus. Lorsque je suis venu à Troade pour l'Évangile du christ, dit, le faussaire sorts le nom de Paulus, et qu'une porte m'y fut ouverte par lu Seigneur, je ne me suis pas mis en peine de ce que je n'y avais pas trouvé Titus, mon frère ; mais prenant congé d'eux[78], je suis parti pour la Macédoine[79]. Donc dans ses Voyages Saülas, parti de Troade sans Titus, allait seul à Philippes, seul à Thessalonique, seul à Bérée, seul à Athènes, et il arrivait seul à Corinthe. On n'avait pas encore inventé Paulos, compagnon de Silas, encore moins Timothée.

Imposture n° 72. - PAULOS À ATHÈNES DEVANT L'ARÉOPAGE.

L'imposture qui suit diffère des précédentes on ce qu'elle repose sur un fait vrai : la venue de Saül à Athènes sous Claude et sous Néron. Nous approchons du moment où nous verrons enfin dans quel but et dans quels sentiments il y est venu. Le discours de Paulos devant l'Aréopage est tiré tout entier de cette philosophie païenne à laquelle la jehouddolâtrie a porté le coup mortel. C'est un résumé très imparfait des Phénomènes d'Aratus, de l'hymne de Cléanthe, morceau splendide où toute la somme de la religion naturelle est contenue, et de la Providence de Sénèque qui dispense de la lecture des Pères. Ln versant le poison judaïque dans la coupe de ces grands hommes, le faussaire a tué bien du monde, il n'a déshonoré que lui-même. Bar-Jehoudda établi juge des cieux et de la terre par ce drôle, quelle honte et quelle pitié ! Et aussi quel tremblement de rire dans l'Olympe !

15. Or ceux qui conduisaient Paulos le menèrent jusqu'à Athènes ; et ayant reçu de lui, pour Silas et Timothée, l'ordre de venir le rejoindre au plus vite, ils partirent.

16. Pendant que Paulos les attendait à Athènes[80], son esprit, était ému en lui, voyant cette ville livrée à l'idolâtrie[81].

17. Il disputait doue dans la synagogue avec les Juifs et les prosélytes, et tous les jours sur la place publique avec ceux qui s'y rencontraient.

18. Quelques philosophes épicuriens et stoïciens[82] discouraient aussi avec lut, et plusieurs disaient : Que veut dire ce semeur de paroles ? Et d'autres : Il parait annoncer des dieux nouveaux[83] ; parce qu'il leur annonçait Jésus et la résurrection.

19. Et l'ayant pris, ils le conduisirent devant l'Aréopage, disant : Pouvons-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu publies ?

20. Car tu portes à nos oreilles de certaines choses nouvelles ; nous voudrions donc savoir ce que ce peut être.

21. (Or tous les Athéniens et les étrangers demeurant à Athènes ne s'occupaient qu'à dire ou à entendre quelque chose de nouveau)[84].

22, Ainsi, étant au milieu de l'Aréopage, Paulos dit : Athéniens, je vous vois, en toutes choses, religieux presque jusqu'à l'excès.

23. Car, passant, et voyant vos simulacres, j'ai trouvé même un autel où il était écrit : AU DIEU INCONNU. Or ce que vous adorez sans le connaître, moi, je vous l'annonce.

24. Le Dieu qui a fait le monde, et tout ce qui est dans le monde, ce Dieu, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point en des temples faits de la main des hommes.

25. Et il n'est point servi par les mains des hommes, comme s'il avait besoin de quelque chose, puisqu'il donne lui-même à tous la vie, la respiration et toutes choses.

Lorsque l'affreuse jehouddolâtrie s'est abattue sur la terre, l'effort immense des philosophes en faveur de la religion naturelle commençait à porter ses fruits parmi les peuples. L'agneau juif et le taureau de Mithra étaient condamnés, le besoin des mystères faiblissait.

Sous Marc-Aurèle et, sous Commode, Lucien pouvait écrire au nom de presque toutes les sectes : Je ne crois pas qu'il existe un mortel, assez triste, et d'humeur assez chagrine, pour ne pas rire du l'ineptie des humains, lorsqu'il considérera ce que ces insensés se proposent dans les sacrifices qu'ils offrent aux dieux, dans les frites et les solennités qu'ils célèbrent on leur honneur, dans les vœux qu'ils leur adressent, dans les demandes qu'ils leur font. Mais avant d'en rire il serait peut-être à propos d'examiner si de tels hommes méritent le nom de religieux, ou plutôt si l'on ne doit pus les regarder comme les ennemis de la divinité, dont ils conçoivent des idées si basses et si peu dignes d'elle qu'ils s'imaginent qu'elle a besoin des hommes, qu'elle se plaît à s'entendre aduler et, qu'elle se fâche si on la néglige[85].

Un Demonax peut prêcher d'exemple et faire revenir toute une population sur ce préjugé.

Les imbéciles et les méchants d'Athènes l'accusèrent commue autrefois Socrate de ce qu'on ne l'avait jamais vu sacrifier aux dieux et d'être le seul de tous les Grecs qui ne su fût point initié aux mystères d'Eleusis. Ne soyez pas surpris, leur dit-il pour répondre au premier chef d'accusation, si je n'ai point encore sacrifié à Minerve, j'ignorais que cette déesse eût besoin de mes sacrifices. A l'égard des mystères, la raison qui l'empêchait de s'y faire initier est, disait-il, que s'ils sont contraires à l'honnêteté, je ne pourrai m'empêcher de les révéler aux profanes, tandis que s'ils sont utiles, je les divulguerai encore par amour de l'humanité[86]. Les Athéniens, qui tenaient déjà dans leurs mains des pierres pour le lapider, s'apaisèrent tout à coup et, lui devinrent favorables. Nous sommes à Athènes et sous Marc-Aurèle. Si nous étions dans quelque évêché christien sous Théodose et qu'un Demonax se fût permis du discuter la mystification eucharistique du Juif consubstantiel au Père, les pierres de lapidation seraient parties toutes seules. Pourtant les idées de Lucien et de Demonax n'étaient point neuves ; ce n'est pas à eux qu'emprunte le faussaire des Actes, c'est à Sénèque. Il est naturel qu'avant de réintégrer Paulos dans le corps du Saül, et d'introduire Saül dans la maison de Titus Annœus Gallio, proconsul d'Achille sous Claude, il lui ait remis ce mot d'introduction du philosophe romain pour soit frère : Dieu n'a besoin de rien.

Mais qui mettra l'auteur des Actes d'accord avec lui-même ? Ici nous voyons Paulos déclarer aux Athéniens, comme les plus déterminés déistes du dix-huitième siècle, que Dion n'a pas besoin de culte et qu'il se suffit à lui-même en tout, partout et en tout temps. Cependant lieus l'avons vu lapider Stéphanos dans Jérusalem pour avoir soutenu cette même doctrine qu'il n'y a pas besoin de Temple, ce qui d'ailleurs ne nous empatte pas de voir Pierre et Joannès pénétrer à certaines heures dans cet édifice, jugé inutile par un de leurs frères, pour y faire leurs dévotions. Et, nous le voyons circoncire des païens comme Timothée, franchir des centaines de lieues pour venir à la Pâque de Jérusalem, et bientôt lions le verrons offrir des sacrifices au Temple selon les rites les plus rigoureux du naziréat a-t-il contradiction ? Non, le Saint-Esprit, quand il vent, souffle de tous les côtés à In fois. Par où il perd beaucoup de ses forces, car non seulement il ne parle pas mieux de Dieu que Sénèque, mais il n'en Parle pas aussi bien que Josèphe. Sa définition du Créateur est très au-dessous de celle qu'en donne Josèphe dans la Réponse à Apion. Augustin convient qu'elle est bien, antérieure aux Actes, et on effet c'est un très faible écho de ce qu'on disait partout en terre païenne.

26. Il a fait que d'un seul toute la race des hommes habite sur toute la face de la terre, déterminant les temps de leur durée et les limites de leur demeure ;

27. Afin qu'ils cherchent Dieu, et s'efforcent de le trouver comme à tâtons, quoiqu'il ne soit pas loin de chacun de nous.

28. Car c'est en lui que nous vivons, et que nous nous mouvons et que nous sommes ; comme quelques-uns assurément de vos poètes l'ont dit : Nous sommes même de sa race.

20. Puisque donc nous sommes la race de Dieu, nous ne devons pas estimer que l'être divin soit semblable à de l'or, ou à de l'argent, ou à de la pierre sculptée par l'art et l'industrie de l'homme.

30. Mais, fermant les yeux sur les temps d'une telle ignorance, Dieu annonce maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, fassent pénitence ;

31. Parce qu'il a fixé un jour auquel il doit juger le monde avec équité[87] par l'homme qu'il a établi, comme il en a donné la preuve à tous, en le ressuscitant d'entre les morts.

32. Mais lorsqu'ils entendirent parler de résurrection de morts, les tins se moquaient, et les autres dirent : Nous t'entendrons là-dessus une autre fois.

33. C'est ainsi que Paulos sortit d'au milieu d'eux.

Imposture n° 73. - CONVERSION DE DENIS L'ARÉOPAGITE.

34. Quelques-uns cependant, s'attachant à lui, crurent : entre lesquels, Denys l'aréopagite et une femme du nom de Damaris, et d'autres avec eux.

Un juge grec qui accepte le condamné du sanhédrin pour juge suprême ! Qu'a-t-il dit lorsqu'Eaque, Minos et Rhadamanthe le lui ont montré claquant des dents devant les juges des Enfers païens ? En récompense le faux témoignage qu'on lui attribue, l'Église lui a trouvé une place ; elle en a fait le premier évêque de Paris, martyrisé à Montmartre sous Domitien ou sous Hadrien, au choix. C'est un avancement rapide. Quant à Damaris, à qui on n'a pus eu l’idée de dicter des Lettres comme à Denys l'aréopagite, c'était d'après l'Église une dame de qualité, peut-être la femme de celui-ci. Quel couple !

 

 

 



[1] Ce serait parfait, si l'on disait filleul du frère de lait d'Hérode le tétrarque, comme nous l'avons démontré dans le Charpentier, t. I, du Mensonge chrétien.

[2] La Cène, dans l'esprit du faussaire, et probablement telle qu'elle est dans les Évangiles synoptisés, c'est-à-dire pascale.

[3] Leitourgountôn, dit le grec.

[4] Écrit avec deux l dans les Fastes consulaires. Nous respectons cette orthographe.

[5] Éloï-Mosché, le mage d'Éloï, connue Éloï-Schabed en est le serment. (Cf. le Charpentier). Mosché, c'est Magus, le Mage. De Mosché nous avons fait Moïse, surnom du prêtre d'Héliopolis qui a soulevé les Juifs et les a emmenés hors d'Égypte. Si les traducteurs de la Bible avaient quelque sentiment de la vérité, au lieu d'appeler ce législateur Moïse, qui semble un nom propre, ils diraient le Mage et feraient preuve de clairvoyance.

[6] Bar-Satan, par opposition au nom de Bar-Jésus, fils du Sauveur, que ses disciples lui donnaient.

[7] Confessions, VIII, 4.

[8] Car Simon de Chypre était christien en ce sens qu'il attendait, mais sans impatience, un Christ liquidateur du monde. Comme les Gnostiques, et c'en est un, il appartient à l'histoire de ce christianisme qui, tout en errant sur les causes premières et finales, s'est honoré en niant et le monopole fluidique et l'existence de Jésus en chair. Irénée (Contra hæreses) et bien d'autres rangent formellement Simon parmi les christiens.

[9] Nous regrettons d'être obligés de reléguer au bas de la page la note de l'édition du Saint-Siège, mais le lecteur saura bien trouver cette perle :

Plusieurs pensent que c'est en souvenir de la conversion de Sergius Paulus, comme signe de l'estime et de l'affection dont il honorait son généreux disciple, que l'Apôtre aurait pris le nom de Paul, à la place de celui de Saül qu'il avait porté jusque-là. Mais, si cette conjecture a quelque vraisemblance, elle n'est pas nécessaire pour l'explication du fait. L'usage des doubles noms, ou des surnoms grecs et latins, était alors commun chez les Juifs. Un certain nombre, qui avaient un nom significatif, le traduisaient dans l'une de ces langues, comme Képhas qui s'appela Petrus, Pierre, Silas qu'on nomma Terllus ou Silvanus, etc. D'autres, renonçant tout à fait à leur nom, en prenaient un suivant leur goût, comme Jean qui prit le nom de Marc, Joannès qui se nomma Alexandre, Oulas qui s'appela Ménélaüs, Jésus qui prit celui de Juste. D'autres enfin se bornaient à changer quelque lettre ou à modifier la désinence de leur nom pour lui donner une apparence grecque ou latine. Ainsi on disait Jason au lieu de Jésus, Alcime pour Ellacim, Hégésippe au lieu de Joseph, Dosithée au lieu de Dosithal, Trypho pour Tarphon, Alphée pour Clopé, Diocletianus pour Dioclès. C'est ce qu'aura fait probablement S. Paul. Au montent d'entrer dans l'Empire et de se mettre en rapport avec les Romains. Il aura latinisé son nom, en l'altérant le moins possible.

[10] Cette conduite fut loin d'être exemplaire, ainsi qu'il appert du présent volume.

[11] Le Rabbi ne suffit plus. L'individu qui a fabriqué ce discours veut faire croire que le Joannès s'appelait Jésus de son nom de circoncision.

[12] Mais sans décapitation. La scène du baptême de Jésus par Joannès est déjà dans les Évangiles.

[13] Cf. les Marchands de Christ.

[14] Quatrième Évangile, I, 20.

[15] Luc, III, 15.

[16] Nullement. Guerre à tous les Incirconcis, qu'ils craignent Dieu ou non.

[17] Luc, IV, 16-21.

[18] Tiré des paroles d'Antipas dans Luc, le seul qui ait mis cette étrange théorie dans la bouche d'un Juif du premier siècle.

[19] Dispositif nouvelle manière. Dans l'ancien, le Joannés est ressuscité après trois jours à l'exemple de Jonas. Jésus est formel : la génération contemporaine de Bar-Jehoudda n'avait pas eu d'autre signe, la malheureuse !

[20] Comme si les douze apôtres de la Constituante étaient témoins de cola dans Jérusalem à l'heure où ce discours est prononcé et que les Pisidiens pussent s'en assurer par eux-mêmes.

[21] Passages trouvés dans les Psaumes sur les conseils de Jésus à Pierre et à Cléopas (Luc, XXIV, 23-27), c'est-à-dire sur les indications des premiers auteurs de la fable résurrectionnelle.

[22] Copié dans le discours de Pierre au chapitre II, 27-32, des Actes.

[23] Par la circoncision. Tiré de la Lettre aux Galates. (Cf. les Marchands de Christ.)

[24] Le faussaire menace comme dans la Lettre aux Galates. (Cf. les Marchands de Christ.)

[25] Isaïe, XLIX, 6. On applique le procédé employé par les évangélistes qui est de tout justifier par des prophéties autres que l'Apocalypse.

[26] Matthieu, X, 14 ; Marc, VI, 11 ; Luc, IX, 5.

[27] Ce Seigneur qu'on substitue à Dieu, c'est le Rabbi, ne l'oublions jamais !

[28] Cf. le Roi des Juifs, t. II du Mensonge chrétien.

[29] De temps en temps les Actes oublient que le véritable Auteur de la vie, c'est le Rabbi.

[30] On a peine à comprendre que le peuple de Lystre soit passé si rapidement des transports de l'adoration à la lapidation en forme. L'ancienne Vulgate comptait un temps entre elles. Après le verset 17 : Ils eurent bien de la peine à empêcher que le peuple ne leur sacrifiât, elle commençait le verset 18 par ces mots : Demeurant là pendant quelque temps et y enseignant, (ceci appliqué à Paul et à Barnabé), quelques Juifs d'Antioche et d'Iconium étant survenus, gagnèrent le peuple, et ayant lapidé Paul, ils le traînèrent hors de la ville, croyant qu'il fût mort. Cassiodore, dans sa paraphrase des Actes, produit la même leçon, se bornant à la mettre au passé : Ayant demeuré là, y ayant enseigné pendant quelque temps, il survint des Juifs, etc. Cassiodore est né vers 470 de l'Erreur christienne. Sa version a persisté jusqu'à Bède qui l'avait dans son exemplaire grec. Comment se fait-il que la Vulgate définitive ne l'ait point suivie ?

[31] Josèphe, Antiquités judaïques, livre XIX, chap. IV, 810. Elles ont été retouchées par la main de l'Église, c'est de toute évidence.

[32] On nomme plus Titus (Annœus, Gallion, proconsul d'Achaïe et frère de Sénèque). C'est bon pour le maladroit qui a fabriqué la Lettre aux Galates !

[33] L'Esprit-Saint met la chose au compte des pharisiens. (V. plus loin, verset 5.)

[34] Pourquoi ne sont-ils plus prêtres ?

[35] Les païens.

[36] A la bonne heure !

[37] Allusion au séjour chez Cornélius. Tellement moderne que l'auteur de la Lettre aux Galates n'en a rien su.

[38] Séjour chez Cornélius, X, 44, 45 et premier Concile de Jérusalem, XI, 15, inexistants lors de la confection de la Lettre aux Galates.

[39] Jehoudda et ses fils, accuses du n'avoir pu porter le joug de la Circoncision !

Cette parole est d'autant plus extraordinaire que dans les deux Nativités de Bar-Jehoudda, sous le surnom de Jésus dans Matthieu et sous celui de Joannès dans Luc, on célèbre à l'envi l'attachement invincible de ses parents à la Loi. Que son père soit dit Joseph ou Zacharie, et sa mère Maria Magdaléenne ou Eloï-Schabed, ce sont des Juifs inflexiblement justes, c'est-à-dire observant tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur d'une manière irrépréhensible. (Luc, I, 6.)

[40] Conticuere omnes intentique ora tenebant. Connaîtrait-on ses classiques ?

[41] Les Juifs rangés parmi les païens à l'origine des choses ! Shehimon n'a rien pensé d'aussi monstrueux. C'est l'auteur des Actes qui a dit cela dans la vision qu'il prèle au surnommé Pierre et dont il a expliqué le véritable sens aux membres du premier Concile de Jérusalem. Il a le passage sous les yeux. Revoyez les chapitres X et XI des Actes dans le présent volume.

Shehimon a raconté telle chose, dit Jacques, mais comme personne n'assistait à la séance, il est bon de mettre au courant Paul et Barnabé.

L'auteur des Actes n'a pas besoin d'être initié, lui ! Il suit ce qu'a dit Pierre, c'est lui qui a réuni lu Concile et composé les discours. C'est lui aussi qui a rédigé les ordonnances que Paul emporte à Antioche avec les compagnons qu'on lui donne.

[42] Rappelons que le fils aîné de Jehoudda est qualifié de Boanerguès ou Fils du tonnerre dans l'Évangile. C'est une image prise à son Apocalypse.

[43] Aux frères de la Circoncision qui sont entre les Gentils. Les canons ne s'adressent qu'aux Juifs christiens.

[44] L'œil fixé sur le but étroit qui est d'effacer la Lettre aux Galates, le faussaire ne cite que les deux provinces dont il est question dans cette pièce (I, 21). Il oublie et Chypre, et la Pisidie, et la Lycaonie, et la Pamphylie qu'il a fait visiter à Paulos et à Barnabé dans les chapitres précédents. C'est un faux sans aucun art, mais on doit être indulgent pour qui débute. L'Église a fait beaucoup mieux à Nicée.

[45] Par la Lettre aux Galates, II, 12.

[46] Lettre aux Galates, II, 12 : Avant que quelques-uns, envoyés par Jacques, fussent arrivés, il (Pierre) mangeait avec les Gentils, mais eux étant venus il se retirait et se séparait, craignant ceux qui étaient circoncis.

[47] Vous voyez la thèse ; ils ont pu être envoyés par Jacques (encore ne l'avoue-t-on plus), mais sans les ordres dont ils se sont prévalu.

[48] Pour rectifier l'erreur les envoyés de Jacques dans la Lettre aux Galates.

[49] A Lystre et à Iconium, comme il appert des chapitres précédents.

[50] Le sang et la chair des animaux étouffés sont défendus par la Loi.

[51] Était réputée fornication l'alliance, même régulière, avec une païenne.

[52] Ils sont attachés à l'incirconcision depuis la Lettre aux Galates, on ne peut les faire passer du côté de la circoncision.

[53] Elle l'avait donc été jusque-là ?

[54] Lettre aux Galates, V, 2-4. Cf. les Marchands de Christ.

[55] Lettre aux Galates, III, 14.

[56] Lettre aux Galates, III, 11.

[57] Lettre aux Galates, III, 16.

[58] Les sept évêchés nommés dans l'Envol de l'Apocalypse de Pathmos, adaptation grecque de celle du Jourdain, étaient encore millénaristes à la fin du second siècle, avec quelques modifications attachées à la personne de Bar-Jehoudda divinisé.

[59] Édition du Saint-Siège, note du verset 10 du chap. XVI.

[60] Aux Philippiens, IV, 3.

[61] Le Seigneur, c'est le Rabbi lui-même opérant par l'Esprit.

[62] Vous sentirez mieux l'impudence particulière de cet épisode lorsque nous étudierons l'influence de l'Apocalypse en Asie, après la chute de Jérusalem sous Hadrien. En attendant, voici ce qui concerne Lydie dans l'Apocalypse de Pathmos (II, 18-26), adaptation grecque de celle du Jourdain : Et à l'ange de l'Eglise de Thyatire, écris : Voici ce que dit le Fils de Dieu, qui a les yeux comme une flamme de feu, et les pieds semblables à de l'airain fin : Je connais tes œuvres, la foi, la charité, tes aumônes, ta patience, et tes dernières œuvres plus abondantes que les premières. Mais j'ai quelque chose contre toi ; tu permets que Jésabel, cette femme qui se dit prophétesse, enseigne et séduise mes serviteurs pour qu'ils commettent la fornication (mariage entre Juifs et païens) et qu'ils mangent des viandes immolées aux idoles. Je lui ai donné un temps pour faire pénitence, et elle ne veut pas se repentir de sa prostitution. Voici que je vais la jeter sur un lit de douleur ; et ceux qui commettent l'adultère avec elle seront dans une très grande affliction, s'ils ne font pénitence de leurs œuvres.

Je frapperai ses enfants de mort, et toutes les Églises connaîtront pie je suis celui qui sonde les reins et les cœurs, et je rendrai à chacun de vous selon ses œuvres. Mais je dis à toi et à vous tous qui êtes à Thyatire : Tous ceux qui n'ont point cette doctrine, et qui ne connaissent pas les profondeurs de Satan, connue ils disent, je ne mettrai point d'autre poids sur vous.

Toutefois, ce que vous avez, gardez-le jusqu'à ce que je vienne. Et celui qui aura vaincu, et aura gardé mes œuvres (circoncision, sabbats, etc.), jusqu'à la fin, je lui donnerai puissance sur les nations.

[63] Il est le seul qui ne se soit pas aperçu du tremblement de terre, et cela se conçoit ; il s'agit d'une secousse sismique qui n'est faite que pour Paulos. De son côté Silas ne s'en aperçoit pas davantage, on ne lui confie pas une seule réplique.

[64] Nous sommes loin du temps où Bar-Jehoudda disait d'après son père : N'appelez personne sur la terre votre seigneur, car vous n'avez qu'un seul seigneur qui est aux cieux.

[65] Dieu vient après. D'abord le juif qui lui est consubstantiel.

[66] Les licteurs, officiers publics qui portaient des faisceaux de verges devant les magistrats romains et exécutaient leurs ordres.

[67] Il se peut bien que ce tremblement de terre nous fournisse la date exacte des voyages anti-apostoliques de Saül en Macédoine. En l'an 800 de Rome, Tibère Alexandre étant procurateur de Judée, une secousse fit surgir de la mer, près de l'île de Théra, une île qui n'y était pas auparavant.

[68] Cf. le Charpentier, t. I du Mensonge chrétien.

[69] Les supplier de n'en rien dire, car lis eussent été cassés et punis.

[70] Le faussaire ne méconnaît pas la signification du chiffre trois.

[71] Trace d'une rédaction à la première personne et au nom du seul Saülas.

Quant aux Écritures qu'on a trouvées pour décider que Bar-Jehoudda devait être mis à mort contrairement à sa prophétie de gloire éternelle, elle se compose d'un seul passage du second Isaïe sur le premier Israël !

[72] Donc riches comme est Lydie. C'est ainsi qu'il les faut. Le reste, c'est la lie du peuple (XVII, 5).

[73] On n'était pas si fier au temps de Bar-Jehoudda. C'est sur la lie du peuple qu'on s'appuyait contre les riches, sur les gens de mauvaise vie et les filles perdues. Aujourd'hui ce sont les gens de qualité qu'on recherche, et quels ? Riches.

[74] Nom pris au Dialogue entre Jason et Papiscos, un des premiers écrits dans lesquels on propose le roi-christ de 188 pour christ définitif. Le nom de Jason n'est d'ailleurs que celui de Ieschoua corrompu par les grecs de Syrie et de Macédoine et dont on a fait Iésous, puis Jésus.

[75] Les choses s'arrangent à prix d'argent. Bar-Jehoudda n'a pu faire de même en 788.

[76] Nous examinerons ces rapports et ces différences dans notre édition des Lettres de Paul. Celles dites Aux Thessaloniciens ont une allure corinthienne très marquée et Cérinthe est l'auteur premier du Quatrième Évangile.

[77] De la qualité qu'il faut, riches.

[78] Les compagnons que lui donnaient les Voyages de Saülas et dont on n'a pu garder les noms.

[79] Deuxième aux Corinthiens, II, 12, 13.

[80] Où ils ne vinrent pas, vu leur inexistence, mais où ils vinrent tout de même, vu leur utilité deutéronomique.

[81] L'idolâtrie, c'est l'art grec, c'est Phidias, c'est Praxitèle, c'est le Parthénon.

[82] Les ennemis naturels de la jehouddolâtrie, auxquels, pour être exact, il aurait fallu ajouter les platoniciens, les aristotéliciens et toutes les écoles philosophiques.

[83] C'est ce que les Athéniens avaient reproché à Socrate, mais l'idée ne lui est pas venue de proposer à leur adoration un de leurs compatriotes condamné au criminel par l'Aréopage.

[84] Quid novi fert Africa ? disait-on à Rome.

[85] Des Sacrifices.

[86] Lucien, Vie de Demonax.

[87] Voilà le moment de relire son Apocalypse : c'est par elle que s'ouvre le Roi des Juifs, vol. II du Mensonge chrétien.