I. — L'IMPOSTURE PAULINIENNE. Vous avez vu par quelles pratiques dolosives l'Église a
supprimé le témoignage que Josèphe portait au nom de toute la nation juive
contre le traître de Pérée et le franc-fileur de Samarie. Vous avez vu en
même temps par quelles grossières interpolations elle a corrompu cet
historien pour le transformer on un garant de l'existence de Jésus. J'ai tenu
à faire passer sous vos yeux quelques-uns des faux extra-canoniques de
l'Église avant d'entrer dans l'examen détaillé de ceux qui servent de
fondement au canon apostolique. Il en est un qui les prime tous, c'est la
conversion posthume du prince Saül en apôtre jehouddolâtre sous le nom de
Paul dans La première et de beaucoup de toutes les lettres attribuées
à Saül, c'est celle-là. Elle est antérieure à la confection des Actes
et elle n'est pas de la même main que les autres. A côté de mensonges très
utiles et qui portent la marque de l'Esprit Saint, elle contient de telles
maladresses qu'il a fallu plusieurs chapitres des Actes pour les
réparer. Dans cette lettre écrite à Rome et qui n'a jamais été envoyée, —
c'est pourquoi on l'a trouvée entre les mains de l'Église, — l'auteur se fait
passer pour Saül converti à Bar-Jehoudda par l'évidence de sa résurrection.
C'est une charge à fond contre le millénarisme qui a perdu Il apporte une preuve nouvelle que la famille du Joannès a
d'abord soutenu la thèse de sa non-crucifixion au Guol-golta ; quatorze ans
après cette mystérieuse disparition le pseudo-Saül assiste dans Jérusalem à
un conciliabule dont le Joannès fait partie ! Enfin il relève un fait
historique de la plus haute importance et que nous ne saurions pas sans lui :
sous Claude, Titus Annæus (Gallion, frère de
Sénèque) étant proconsul d'Achaïe, Shehimon et Jacob sont venus à
Antioche où Saül les a persécutés avant que Tibère Alexandre, procurateur de
Judée, les crucifiât à Jérusalem. Ainsi que nous le verrons, ils descendaient
d'Ephèse où leurs partisans payèrent pour eux, selon la méthode de la famille
; ils se heurtèrent à Saül qui y était venu quêter dans les synagogues pour
les affamés de Judée. Comme à Ephèse ils évitèrent par la fuite les
inconvénients qu'aurait pu avoir pour eux une présentation en règle, mais, si
court qu'il ait été, le choc a eu lieu ; Déjà, au troisième siècle, l'antijuif Marcion, les
Manichéens et tous ceux qui avaient percé le secret de la mystification
évangélique, tenaient Apôtre par sa propre inspiration qu'il confond avec celle du Saint-Esprit, et non par l'institution humaine, comme sont les évêques millénaristes dans les sept villes qu'énonce l'Apocalypse de Pathmos, l'auteur oppose l'imposture de Jésus ressuscité, c'est-à-dire le rachat par le sacrifice du juif-dieu, à l'Évangile révélé, c'est-à-dire le salut par la circoncision et le baptême. A l'entendre, Saül a fait campagne en Galatie en faveur de cette thèse subtile et peu plaisante, mais ses ouailles sont revenues à l'idéal du Royaume temporel dont les horizons sont plus vastes et les dessous plus avenants. Sa page historique est exécrable, mais il a dépouillé le vieil homme dans le tombeau. Shehimon et Jacob sont morts aussi — il n'ajoute pas que Saül a contribué à leur crucifixion, c'est un détail oiseux —, ils ne protesteront pas lorsque Saül dira qu'il a passé quinze jours avec eux après sa deuxième mission à Damas, c'est-à-dire au lendemain du supplice de leur frère aîné, qu'il a obtenu sa grâce, et que Shehimon avait aux trois quarts renié le judaïsme lorsqu'il a été martyrisé. Inutile de fouiller les antiquités judaïques, notamment celles de Flavius Josèphe, on n'y trouvera point ce Saül. C'est une transfiguration posthume comme celle de Bar-Jehoudda lui-même. Une fois grimé, l'imposteur joue son rôle avec aplomb, mais il laisse ça et là passer le bout d'une oreille qui ne saurait être celle de Saül. Si on l'écoutait, il se serait écoulé depuis l'expédition de Damas quatorze ans pendant lesquelles Saül n'a pas mis les pieds à Jérusalem. Par conséquent, l'auteur place la lettre en 802. Cette date a entraîné toute la série de faux que les Actes consacrait à la conversion de Saül en jehouddolâtre. Comment, en effet, combler ce vide de quatorze années ? Car Saül n'est pas resté quatorze ans sans aller à Jérusalem, les Actes eux-mêmes sont obliges de le reconnaître[1]. D'autre part, il n'a point passé ces quatorze ans uniquement en Syrie, en Cilicie et en Galatie, puisque les Actes sont obligés de nous le montrer en divers autres pays, Chypre, Asie, Macédoine et Achaïe. Mais l'auteur de la lettre juge inutile d'attirer l'attention sur les allées et venues antidavidistes de Saül, il aime mieux le silence complet : méthode bien préférable en effet. C'est celle du Saint-Siège lorsqu'il n'y a pas de conciliation possible entre deux affirmations. Au temps des Actes on avait l'esprit plus large, car si l'auteur de la lettre dit que Saül a vu une première fois Pierre et Jacques à Jérusalem en 790 et une seconde fois, augmentés de Joannès, en 802, il ne dit pas qu'il n'y soit pas venu dans l'intervalle pour des raisons personnelles et profanes. Non seulement la lettre est de Rome, mais l'auteur compte
le temps à la romaine. Il sait que le Rabbi a été crucifié le dernier jour de
l'année 788, qu'il est né dans la première année d'un jubilé et mort la
veille du jour où allait commencer Simple profiteur, impudent gagiste, rusé compère, l'auteur
paraît répugner à la violence, au sang versé. En lui nulle trace de zélotisme
ou de sicariat. C'est un charlatan au milieu de fanatiques, Il s'adresse à
des hommes qui suivent le dogme des Joannès, des Shehimon et des Jacob, il
leur écrit, mais il n'irait pas lui-même au milieu de ces dangereux
christiens qui entendaient la fraternité comme Caïn et la communauté des
biens comme Cartouche. Plumer les ouailles pour le bien de leur âme, essayer
de les amender par l'espoir du paradis et par la crainte de l'enfer, très
bien ! Mais les assassiner en plein jour dans des maisons isolées et les
enterrer à demi-vivants dans des fosses apostoliques, mettre le feu chez ceux
qui résistent, extorquer les biens, ceci n'est plus de mode et il y a des
loin. Le baptême et la croix, non plus la croix solaire, mais celle du juif
déifié, voilà ce qu'il faut conserver comme signes, c'est tout. Plus de
circoncision, les païens y répugnent et les Empereurs la punissent. La grâce
n'est plus dans le sacrifice initial du prépuce et dans le baptême joannique,
elle est dans le baptême joannique combiné avec le sacrifice de Jésus. Entendez
que Moins borné que celui des apôtres Zélotes, ce prosélytisme consiste à augmenter le patrimoine juif de toutes les dépouilles temporelles des gentils. Gentiliser les Juifs et en même temps judaïser les païens, tel est le problème à résoudre. Afin qu'Iahvé soit reçu par les païens, on n'hésite pas à baisser devant eux le pont-levis de la circoncision. Plus de douane de ce genre entre le Dieu des Juifs et les autres dieux : Jupiter et Apollon seront naturalisés juifs sans cet affreux coup de ciseau qui les diminuera sans les convertir. On les convertira sans les diminuer. II. — LETTRE AUX GALATES, CHAPITRE I. 1. Paul apôtre, non par des hommes, ni par un homme, main par Jésus-Christ et Dieu le Père, qui l'a ressuscité d'entre les morts, 2. Et tous les frères qui sont avec moi, aux Églises de Galatie. 3. Grâce à vous et paix par Dieu notre Père, et par Notre-Seigneur Jésus-Christ, 4. Qui s'est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous arracher à ce siècle mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père, Saül n'a point de titres. Qu'on ne lui en cherche pas dans
les Évangiles ! On ne le trouvera pas sur la liste des douze apôtres choisis
par Jésus. Mais Jésus s'est donné lui-même pour ses péchés, cela suffit à
déterminer sa vocation rétroactive. L'artisan de cette imposture connaît sur
le bout du doigt les Évangiles synoptisés et encore mieux ceux qui ne le sont
pas, celui de Cérinthe, par exemple. Il sait parfaitement que, loin de s'être
donné lui-même pour les péchés de Saül, Bar-Jehoudda fut en son vivant
condamné pour les siens propres et qu'il a été crucifié avant 6. Je m'étonne que Vous ayez passé si vite de celui qui vous a appelés à la grâce du Christ, à un autre Évangile : 7. Quoiqu'il n'y en ait point d'autre ; seulement, quelques personnes sèment le trouble parmi vous, et veulent renverser l'Évangile du christ ; 8. Mais si nous-mêmes ou un ange du ciel vous évangélisait autrement que nous vous avons évangélisés, qu'il soit anathème ! 9. Comme nous l'avons déjà dit, ainsi je le répète : Si quelqu'un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème ! 10. Car est-ce des hommes ou de Dieu que je désire maintenant l'approbation ? Cherchai-je à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais point serviteur du christ. Assurément si Saül se montrait dans la lettre tel qu'il fut dans la vie, il serait le serviteur du grand-prêtre, comme le disent en propres termes Luc et le Quatrième Évangile. Mais maintenant qu'on lui a remis son oreille dans Luc, n'a-t-il pas pu avoir chez les Galates une attitude qui n'est point selon l'homme connu de ses contemporains ? 11. Car je vous déclare, mes frères, que l'Évangile que je vous ai prêché n'est point selon l'homme. 12. En effet, ce n'est point d'un homme que je l'ai reçu ni appris, mais c'est par la révélation de Jésus-Christ. 13. Car vous avez ouï dire que j'ai vécu autrefois dans le judaïsme ; qu'à outrance j'ai persécuté l'Église de Dieu et l'ai ravagée, 14. Et que je me signalais dans le judaïsme au-dessus d'un grand nombre de mes contemporains, au sein de ma nation, me montrant zélateur outre mesure des traditions de mes pères. Ses pères, si on consulte les Juifs, ce sont les rois iduméens et la sœur d'Hérode, mais doit-on consulter les Juifs ? Ils sont bien suspects depuis qu'ils sont déicides. Et d'ailleurs devant la grâce agissante qu'importent l'histoire et les généalogies ? Croit-on, par exemple, que, si le Saint-Esprit était dans les entrailles de sa mère lors de sa conception, Saül est revenu de Damas en 789 avec les sentiments de persécution qu'il y avait apportés ? C'est bien mal connaître Dieu. 15. Mais lorsqu'il plut à Celui qui m'a choisi dès le sein de ma mère et m'a appelé par sa grâce 16. De me révéler son Fils, pour que je l'annonçasse parmi les nations ; aussitôt, sans acquiescer à la chair et au sang, 17. Et sans venir à Jérusalem près de ceux qui étaient apôtres avant moi, je m'en allai en Arabie, et je retournai encore à Damas[2]. Mon Dieu, si on consulte l'histoire — il y était donc question de l'expédition de Saül à Damas et de son piteux résultat ? — on n'y trouvera pas la trace de l'irrésistible appel des cieux, car tout entiers aux contingences des affaires humaines, les Josèphe, les Juste de Tibériade et les écrivains arabes ont pu ne pas tenir compte de la révolution qui s'est accomplie en lui. Mais parce que cette révolution interne est restée inconnue d'Antipas, d'Hérodiade, d'Agrippa Ier, d'Agrippa II, de Bérénice et de Drusille, la chair et le sang visés ici, ce n'est pas une raison pour qu'elle n'ait pas eu lieu. Et si on faisait jurer à Saül qu'elle a eu lieu en dehors de sa famille et des apôtres Jehouddiques, sauf Pierre et Jacques qui eux-mêmes n'en ont rien dit à personne ? On n'en est pas à un faux serment près ! Est-ce que Pierre hésite à en faire un pour sauver sa peau dans la cour du grand-prêtre ? Et puis, celui qui en fait un, ici, ce n'est pas l'auteur de la lettre, c'est Saül, puisqu'il la signe de ce nom ! 18. Ensuite, après trois ans, je vins à Jérusalem pour voir Pierre, et je demeurai avec lui quinze jours. 19. Mais je ne vis aucun apôtre, si ce n'est Jacques, le frère du Seigneur[3]. 20. Je vous écris ceci, voici ! devant Dieu, je ne mens pas ! Faisons l'anatomie du mensonge dont cette phrase est
l'organe. Organe créé par le besoin comme toujours. Quel est ici le besoin ?
Cacher que dans l'intervalle de ses deux missions Saül est revenu en Galilée
auprès d'Antipas et d'Hérodiade, qu'il a dirigé les opérations dirigées contre
Eléazar, qu'on défendant le Sôrtaba coutre Bar-Jehoudda il a contribué à sa
défaite et à sa capture, et qu'il a renouvelé en 789 contre les christiens
réfugiés à Damas la persécution inaugurée en 787 par la lapidation de Jacob
junior. La première mission de Saül étant de 787, la campagne qui aboutit à
la crucifixion de Bar-Jehoudda ayant fini avec l'année Dira-t-on que Shehimon et Jacob n'y étaient pas ? C'est ne pas connaître l'Évangile de Luc où il est dit aux Douze par Jésus : Je vais vous envoyer la promesse de mon Père. Vous demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en haut[5]. Par conséquent, nier que Shehimon et Jacob fussent dans la ville en 790, c'est nier la parole de Jésus ; nier que Saül ait demeuré avec eux, c'est nier que la grâce ait opéré en lui et que Jésus lui ait remis son oreille. Dira-t-on que, l'ordre de rester dans la ville ayant été donné aux Douze, il n'est pas possible que Saül ait pu passer quinze jours chez Pierre et Jacques sans voir leurs dix collègues ? On répondra n'est rien d'impossible à Dieu. Autant le nier complètement que de lui contester cela. Saül n'a vu ni Philippe, ni Jehoudda Toâmin, ni Mathias
Bar-Toâmin qui ont transmis les Paroles du Rabbi aux églises d'Asie, voilà
pourquoi il y est si mal traité et pourquoi il a si mauvaise renommée dans
les églises naziréennes qui sont en Transjordanie. Il n'a pas vu Shehimon et
Jacob senior, les deux grands frères du Rabbi, crucifiés par Tibère Alexandre
avec son concours en 802, mais il a vu Pierre et Jacques, sous le nom de qui
on a mis les deux fables millénaristes qui ont cours parmi les juifs de 21. Ensuite je vins dans les pays de Syrie et de Cilicie. 22. Or j'étais inconnu de visage aux Églises de christ qui sont dans la Judée[6]. 22. Seulement elles avaient ouï dire : Celui qui autrefois nous persécutait annonce maintenant la foi qu'il s'efforçait alors de détruire. 21. Et elles glorifiaient Dieu à mon sujet. Vous voyez le double jeu : le faussaire dit aux églises millénaristes de Judée : Saül a prêché la résurrection chez les Damascemiens, les Syriens, les Ciliciens et les Galates, c'est pourquoi Shehimon et Jacob lui ont pardonné ; aux églises millénaristes de Galatie : Celles de Judée ont appris qu'il l'avait précitée parmi vous et elles ont fait comme Pierre et Jacques, elles ont pardonné sans rien dire. Aux unes et aux autres
l'étonnement et la reconnaissance ont enlevé l'usage de la parole pendant
quatorze ans, car cette nouvelle est restée inconnue de tous les
contemporains jusqu'en l'an 802. Mais à cette date, il s'est produit un grand
fait que personne n'a su dans le moment, mais qu'on peut bien dire
aujourd'hui aux millénaristes de Galatie. Pour eux comme pour les trois
grandes autorités de la secte, Joannès, Shehimon et Jacob, le salut est le
monopole de la circoncision, n'est-ce pas ? Eh ! bien, c'est une erreur de
croire que ces trois hommes inspirés de Dieu aient disparu de la scène du
monde sans avoir consenti à étendre ce monopole dont d'ailleurs on ne discute
pas le bien fondé, car si le salut n'appartenait pas aux Juifs comment
pourrait-il venir d'eux ? Shehimon et Jacob ayant été crucifiés en 802, quatorze ans
après leur frère, si l'auteur de ce faux ne montre pas qu'avant de mourir les
trois grands fils de Jehoudda ont cédé leurs droits à Saül moyennant
redevance, personne ne voudra croire qu'ils l'aient toléré prêchant pendant
quatorze ans hors de Judée le salut sans la circoncision ? Eh ! bien, c'est
pour négocier cette affaire et non pour autre chose que Saül est allé à
Jérusalem en 802 avec Titus Annæus, proconsul d'Achaïe ! Comme le Joannès,
Shehimon et Jacob senior sont morts depuis deux siècles, il est certain
d'avance que Saül réussira dans cette négociation épineuse, car on ne
conteste pas qu'il se soit trouvé à Jérusalem en 802, date de la crucifixion
de Shehimon et de Jacob : Jacob, Shehimon et le Joannès ont reconnu la grâce
que l'Église de Rome a opérée dans Saül. Notez que, s'il y avait ombre de
vraisemblance dans cette quadruple apostasie et que Saül fût réellement venu
à Jérusalem dans ce but, il n'aurait trouvé ni Shehimon ni Jacob senior,
encore moins le Joannès qui depuis quatorze ans gisait dans le roc de
Machéron. Mais vous avez vu que par le moyen de Simon de Cyrène le Joannès a
échappé à la croix, et dans les Actes vous le verrez se survivant
jusqu'à une date indéterminée que l'auteur de Il ne saurait être question d'un autre Joannès que
celui-là dans l'esprit du faussaire, car les trois grands fils de Jehoudda
sont cités dans leur ordre, en allant du plus jeune au plus vieux conformément
à l'habitude ; il ne peut être question, par exemple, du Joannès dit Marcos[8], fils de
Shehimon, qui vivait peut-être encore en 802, mais était loin d'être une des
colonnes d'une secte où brillaient encore ses oncles Philippe, Jehoudda
Toâmin et Ménahem. Encore une fois nous avons à lutter contre la force d'un
préjugé si puissant qu'il en est devenu pour ainsi dire congénital : Joannès
décapité dans les Évangiles quelques mois avant L'auteur dispose ses pions sur son échiquier comme il l'entend.
Il ne prétend pas que Saül ait vu Joannès lors de sa première entrevue avec
Pierre et Jacques. Cela tient à la date qu'il adopte pour cette entrevue et
qui est l'année même de Forcés à la fois et de respecter Comme il était bien invraisemblable que Saül se fût présenté de lui-même au Joannès et que les deux frères de celui-ci l'eussent appuyé dans cette démarche, on ne pouvait guère lui supposer de truchement autre que Barnabas, chypriote, millénariste ardent, peut-être allié aux Jehoudda, en tout cas leur partisan décidé. Saül, pendant qu'il habitait Paphos et Corinthe, avait opéré contre Barnabas et ceux de sa famille : on supposait qu'après une explication courtoise Barnabas lui avait pardonné en même temps qu'à Titus Annæus, dont le nom était mêlé à la répression des troubles christiens en Achaïe sous Claude et à la crucifixion du Shehimon et de Jacob qui en avait été la suite. La présence de Galion à Jérusalem avec Saül en 802 était donc une chose indéniable ; on n'a pu que l'arranger. On a eu bien tort de ne pas la dissimuler totalement, car nous ne la connaissons que par cet aveu, toutes les histoires qui la relataient ayant été détruites par le temps et par l'Église. Quoiqu'il soit singulier et même anormal de s'appuyer sur
deux faux, nous pensons que Cette certitude nous ouvre une hypothèse qui a le mérite
de la vraisemblance. L'Annæus Rufus qui fut procurateur de Judée dans les
dernières années d'Auguste n'était-il pas l'oncle de Sénèque et de Gallion et
ne s'appelait-il pas Titus Annæus comme ce dernier ? La grand'mère de Saül
venait de mourir, laissant à Julie une partie de ses biens, lorsque Annæus
Rufus fut envoyé par Auguste pour gouverner Nous constatons encore, qu'Annæus, père du proconsul
d'Achaïe, est un Espagnol de Cordoue ; que Pontius Pilatus arrivait de la
province de Tarragone en 780 ; que ses relations avec Saül et toute la
famille hérodienne sont excellentes, enfin qu'Antipas, Hérodiade et Saül,
ennemis capitaux de Bar-Jehoudda et de ses frères, sont allés tous les trois
finir leurs jours en Espagne. Nous constatons aussi qu'un siècle après, amie
Hadrien, c'est un Titus Annæus Rufus qui achève la ruine de Jérusalem en
faisant passer la charrue sur l'emplacement du Temple ; que ce Titus Annæus
est donné par quelques-uns comme étant C'est d'ailleurs une chose remarquable que, malgré la conversion du prince en tisserand par les Actes, l'auteur des Lettres de Paulos spécule, à plusieurs reprises et ici même sur les origines royales et les hautes relations de Saül pour donner à croire qu'il aurait prêché la jehouddolâtrie dans la société romaine, et jusqu'à la cour de Néron. Nous verrons bientôt si c'est pour colporter le mensonge ecclésiastique ou pour combattre l'abominable superstition christienne qu'il a été envoyé à Néron par Cestius Gallus, proconsul de Syrie. Sans doute les Actes ne demanderaient pas mieux que d'inscrire, comme fait la lettre, le frère de Sénèque parmi les fonctionnaires romains convertis à la jehouddolâtrie sous réserve de la circoncision, mais il y a l'inconvénient de mêler le proconsul d'Achaïe à la crucifixion de Shehimon et de Jacob : la compensation n'est pas égale. Avant d'aller plus loin, vidons l'imposture spéciale à
Barnabas. On a retiré du canon des Ecritures le morceau intitulé Lettre de
Barnabé que l'ancienne Eglise y a reçu pendant plusieurs siècles. Si on l'en
avait retiré comme faux, il n'y aurait rien à dire ; c'est au contraire, à
cause de la vérité qu'elle contient sur la triste réputation de tous les
apôtres juifs, de quelque pays qu'ils fussent, Galilée, Chypre, Syrie,
Cyrénaïque Asie, Galatie, Macédoine ou Achats. Ils
ont surpassé tout péché ! Barnabas n'a pas pu avoir une telle opinion
de lui-même, et c'est précisément pour le retirer de ce milieu qu'on a mis
cette lettre sous son nom. Mais de tous les apôtres en état de présenter le
prince Saül et le frère de Sénèque au Joannès et à ses deux frères on n'a
trouvé que Barnabas ; et c'est la preuve du grand rôle qu'il a joué dans la
propagande davidiste hors de Judée. Les Actes ont été obligés de tenir
compte de cette première indication dans leurs impostures subséquentes, avec
cette différence qu'ils n'ont pas attendu quatorze ans pour mettre Saül en
rapport avec Barnabas. Dans les Actes, c'est Barnabas qui introduit
auprès des apôtres Saül repentant et converti à la jehouddolâtrie dès son
retour de Damas[11]
; les christiens d'Antioche envoient Barnabas chercher Saül à Tarse quelques
années après, et ces deux compères font plusieurs tournées ensemble, voire un
voyage à Jérusalem d'où les Actes ont éliminé Titus Annæus qu'on a
trop vu dans Il est clair que celui qui a rédigé la lettre de
Barnabé ne connaît ou ne veut connaître ni III. — AUX GALATES, CHAPITRE II. 1. Quatorze ans après, je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabé, ayant pris Titus aussi avec moi. 2. Or, j'y montai d'après une révélation[12] ; et j'exposai aux fidèles l'Évangile que je prêche parmi les Gentils, et en particulier à ceux qui paraissent être quelque chose[13], de peur que je ne courusse, ou n'eusse couru en vain[14]. 3. Mais Titus qui m'accompagnait, étant Gentil, ne fut pas forcé de se faire circoncire[15]. 4. Et la considération de quelques faux frères qui s'étaient furtivement introduits pour observer la liberté que nous avons dans le Christ Jésus et nous réduire en servitude, 5. Ne nous fit pas consentir, même un seul instant, à nous soumettre à eux, afin que la vérité de l'Évangile demeurât parmi nous[16]. 6. Mais quant à ceux qui paraissaient être quelque chose — quels ils furent autrefois, peu m'importe[17], Dieu ne fait point acception, de la personne de l'homme[18] —, ceux, dis-je, qui paraissaient être quelque chose, ne me communiquèrent rien[19]. 7. Au contraire, ayant vu que l'Évangile de l'incirconcision m'avait été confié, comme à Pierre celui de la circoncision, 8. Car Celui qui a opéré en Pierre pour l'apostolat de la circoncision[20], a opéré en moi aussi[21] parmi les Gentils ; 9. Et ayant connu la grâce qui m'a été donnée, Jacques et Képhas, et Joannès, qui paraissaient être les colonnes, nous donnèrent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion[22] ; afin que nous prêchassions, nous, aux Gentils et eux aux circoncis. 10. Seulement, nous devions nous ressouvenir des pauvres : ce que j'ai eu aussi grand soin de faire. Voilà le marché, par lequel le faussaire explique la
licence que les trois Anciens de Le but fiscal, le seul qui intéresse le faussaire, est
celui-ci : selon l'auteur de l'Apocalypse ou Évangile de Mais voici une fourberie d'autre sorte : Saül avait poursuivi Shehimon et Jacob dans Antioche, le fait était consigné dans l'histoire, et naturellement il les avait poursuivis avant leur crucifixion qui est de 802. Comment faire que ces hommes se soient rencontrés là sans se jeter les uns sur les autres ? En plaçant cette rencontre après le marché qui vient d'être dit, et en réduisant leurs vieilles haines dynastiques à une dispute occasionnée par son exécution. Pierre y aurait manqué, il aurait mangé avec les païens ; ce qu'il s'était interdit par le contrat. Saül l'en aurait repris, parce qu'en effet il était répréhensible ; mais sur les représentations de certains envoyés de Jacques — le faussaire ne veut pas avouer que Jacob lui-même a prêché dans Antioche — il serait rentré dans les termes du marché, entraînant avec lui les autres Juifs et Barnabas, de telle façon qu'après cette affaire Saül serait demeuré seul maître du terrain. La théorie de la vénalité eucharistique est très nettement
posée ici. Les Juifs sont exempts du tribut de par 11. Or Képhas étant venu à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il était répréhensible. 12. Car avant que quelques-uns, envoyés par Jacques, fussent arrivés, il mangeait avec les Gentils ; mais quand ils furent venus, il se retirait et se séparait, craignant ceux qui étaient circoncis. 13. Et à sa dissimulation acquiescèrent les autres Juifs ; de sorte que Barnabé lui-même fût entraîné dans cette dissimulation. 14. Mais quand je vis qu'ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l'Évangile, je dis à Képhas devant tous : Si toi, étant Juif, tu vis à la manière des Gentils et non en Juif, comment forces-tu les Gentils à judaïser ? 15. Nous[25], de naissance nous sommes Juifs[26] et non pécheurs d'entre les Gentils ; 16. Sachant
que l'homme n'est point justifié par les œuvres de 17. Que si, cherchant à être justifiés dans le Christ, nous sommes nous-mêmes trouvés pécheurs, le Christ n'est-il pas ministre du péché ? Nullement. 18. Car si ce que j'ai détruit je le rétablis, je me constitue moi-même prévaricateur. 19. En,
effet, moi-même par 20. Mais je vis, non plus moi, mais le Christ vit en moi. Car si je vis maintenant dans la chair, j'y vis en la foi du Fils de Dieu, qui m'a aimé, et s'est lui-même livré pour moi. 21. Je
ne regrette point la grâce de Dieu ; car si c'est par Quel galimatias ! quelles aberrations ! quelles platitudes
! Toutefois on a insinué aux Romains — on se moque pas mal des Galates ! —
que Shehimon avait cédé sur la question de la chair élue en fréquentant les
goym d'Antioche, et sur la question des viandes, en mangeant de ce qui avait
été mis devant lui. Jacob n'a point cédé,
disent peut-être les Galates qui suivent son Évangile, mais Shehimon a cédé !
Ne fût-ce qu'un jour, une heure, il a cédé ! Il a, de ses propres mains,
déchiré La fraude est tellement éclatante que les vieux
jehouddolâtres en ont pâli. De deux choses l'une, ont-ils dit, ou le Képhas
de Képhas est bien le même nom que Pierre : il a en syriaque la même signification que Petros en grec. Saint Pierre le portait en Judée, et c'est le premier que le SauVeur lui ait donné. Saint Paul le lui donne indubitablement ailleurs. Il est évident que le personnage dont il s'agit est un personnage éminent, égal, sinon supérieur à saint Paul, par conséquent apôtre comme lui. Son exemple fait fléchir Barnabé et menace d'entraîner toute l'Église d'Antioche, Saint Paul fait un acte de courage en lui adressant une représentation. D'ailleurs, quel moyen de le distinguer du Képhas nommé plus haut, entre saint Jacques et saint Jean, comme étant, aussi bien qu'eux, une colonne de l'Église ? Reste le second point, à savoir que la scène est fictive.
Cela, le Saint-Siège ne peut pas l'avouer, quoique cette évidence se soit
imposée successivement à Origène, à Jean Chrysostome et à Hiéronymus. Il est bien vrai, dit-il, que
les mots grecs, rendus dans Qu'est-ce à dire ? Est-ce que Pierre n'aurait pas été
infaillible ? Mes cheveux se hérissent devant cette hypothèse, et il me semble
que je serais légitimement taxé d'hérésie si je la soutenais en public. Aussi
préférai-je, plutôt que de condamner Pierre, répéter que Si donc Shehimon rencontra Saül dans Antioche, il y eut
non pas banquet, mais bataille. La rencontre amiable n'est point dans les
Actes, et elle y serait certainement si elle avait eu lieu, car dans le fond
elle est à l'avantage de l'Église, puisque Shehimon y fait au paganisme une
concession qu'il a fallu lui demander de faire chez le centurion Cornélius.
Si elle avait eu lieu, et qu'elle se fût dénouée comme aujourd'hui par une
rupture pacifique, c'eût été la plus grande preuve de tolérance que Shehimon
eût fournie : elle serait dans les Actes, qui cherchent des preuves de ce
genre et qui, n'en trouvant pas, le font manger à Césarée de La dispute de Pierre et de Saül dans Antioche à propos
d'agapes judéo-païennes est une fausse dispute, comme le repas de Pierre chez
Cornélius est un faux repas. Le repas de Pierre chez Cornélius prouve que la
dispute avec Saül est fausse et réciproquement, puisque la dispute n'est que
dans Pour l'Eglise les morceaux ne sont sacrés que dans la
proportion où ils servent. Elle n'en tient aucun compte quand ils gênent. Dès
le moment qu'ils ne sont pas comme ils doivent être, ils cessent tout-à-coup
d'être sacrés, ils ne sont même pas profanes, ils sont comme s'ils n'étaient
pas. Ainsi, alors que dans Le terrain déblayé par ce fait que Shehimon aurait déjà à
demi apostasié dans Antioche entre les mains de Saül, l'auteur prend les
Galates à partie. Pourquoi reviennent-ils à l'Evangile selon le Joannès et
ses frères, l'Evangile de IV. — AUX GALATES, CHAPITRE III. 1. Galates insensés, qui vous a fascinés, pour ne pas obéir à la vérité, vous aux yeux de qui Jésus-Christ a été représenté d'avance comme crucifié parmi vous ?[31] 2. Je veux seulement savoir de
vous ceci : Est-ce par les œuvres de 3. Êtes-vous si insensés, qu'ayant commencé par l'esprit, vous finissez maintenant par la chair ? 4. Est-ce en vain que vous avez tant souffert ? Si cependant, c'est en vain. 5. Celui donc qui vous
communique l'Esprit et qui opère parmi vous des miracles, le fait-il par les
œuvres de 6. Ainsi qu'il est écrit : Abraham crut à Dieu, et ce lui fut imputé à justice. 7. Reconnaissez donc que ceux qui s'appuient sur la foi, ceux-là sont les enfants d'Abraham, 9. Ceux donc qui s'appuient sur la foi seront bénis avec le fidèle Abraham. 10. Et tous ceux qui s'appuient
sur les œuvres de 11. Cependant, que nul n'est
justifié devant Dieu par 12. Or 13. Le Christ nous a rachetés de
la malédiction de 14. Afin que la bénédiction donnée à Abraham fût communiquée aux Gentils par le Christ Jésus, pour que nous reçussions par la foi la promesse de l'Esprit. Toute cette homélie est une gageure contre le bon sens
comme contre la bonne foi. Comment peut-on être sous le coup de la
malédiction à la fois en persévérant et en ne persévérant pas dans Tout ce qu'on vous demande pour permettre à l'Eglise
l'exécution de ces tours de passe-passe, c'est de vous figurer qu'au lieu
d'avoir été puni par Dieu pour ses crimes, Bar-Jehoudda était innocent et que
sa croix n'est point en elle-même la preuve qu'il a été traité en maudit.
Mais le sophiste qui tend tous ces traquenards sur la table de quelque
banquier dans l'Argilète est doublé d'un agent d'affaires beaucoup plus ferré
sur le contentieux que sur 15. Mes frères (je parle à la manière des hommes), quand le testament d'un homme est ratifié, personne ne le rejette, ou n'y ajoute. 16. Or les promesses ont été faites à Abraham et à celui qui naîtrait de lui. Il ne dit pas : A ceux qui naîtront, comme parlant de plusieurs, mais comme d'un seul : Et à celui qui naîtra de toi, c'est-à-dire au christ[32]. 17. Voici donc ce que je dis : Dieu ayant ratifié une alliance, 18. Car si c'est par 19. Pourquoi donc 20. Or le médiateur n'est pas pour un seul, et Dieu est un seul. 21. 22. Mais l'Ecriture a tout renfermé sous le péché, afin que la promesse fût accomplie par la foi en Jésus-Christ, en faveur des croyants ; 23. Et avant que la foi vint,
nous étions sous la garde de 24. Ainsi 25. Mais la foi étant venue, nous ne sommes plus sous le pédagogue. 26. Car vous êtes tous enfants de Dieu par la foi qui est dans le Christ Jésus, 27. Car vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez été revêtus du Christ ; 28. Il n'y a plus ni Juif, ni Grec ; plus d'esclave, ni de libre ; plus d'homme, ni de femme[34], Car vous n'êtes tous qu'une seule chose dans le Christ Jésus. 29. Et, si vous êtes tous au Christ, vous êtes donc la postérité d'Abraham, héritiers selon la promesse. Ainsi, dans les Écritures juives et dans V. — AUX GALATES, CHAPITRE IV. 1. Je dis de plus : tant que l'héritier est enfant, il ne diffère point d'un serviteur, quoiqu'il soit maître de tout. 2. Mais il est sous des tuteurs et des curateurs jusqu'au temps marqué par son père. 3. Ainsi, nous aussi, quand nous étions enfants, nous étions asservis aux premiers éléments du monde. Le faussaire a l'Apocalypse sous les yeux, et c'est bien le retour aux premiers éléments du monde que Jehoudda avait annoncé pour le 15 nisan 789. Mais les compères de Galatie savent quel fâcheux accident a retardé cette échéance. Il vaut mieux invoquer l'autorité de l'Apocalypse en ce qui touche l'enfant né en 739 que d'évoquer le souvenir du Guol-golta et de Machéron, n'est-ce pas ? 4. Mais lorsqu'est venue la
plénitude du temps[35], Dieu a envoyé
son Fils, formé d'une femme[36], soumis à 5. Pour racheter ceux qui
étaient sous 6. Et parce que vous êtes enfants, Dieu a envoyé dans vos cœurs l'Esprit de son Fils criant : Abba, Père ![37] 7. Ainsi nul n'est plus serviteur, mais fils. Que s'il est fils, il est aussi héritier par Dieu. 8. Autrefois, à la vérité, ignorant Dieu, vous étiez asservis à ceux qui par leur nature ne sont pas dieux[38]. 9. Mais maintenant que vous connaissez Dieu, ou plutôt que vous êtes connus de Dieu, comment retournez-vous à ces faibles et pauvres éléments, auxquels vous voulez de nouveau vous asservir ? 10. Vous observez certains jours, certains mois, certains temps, et certaines années. Oui, après s'être laissé dire dans les Évangiles
mêmes qu'ils étaient sauvés de la mort et du péché par le sacrifice de leur
prophète, ils n'ont pas voulu le croire ; ils ont su que Jésus était un mythe
issu du cercueil de Bar-Jehoudda par la similitude de Jonas, que Les œuvres de 11. Je crains pour vous d'avoir en vain travaillé parmi vous. 12. Soyez comme moi, parce que moi j'ai été comme vous, je vous en conjure, mes frères : vous ne m'avez offensé en rien. 13. Au contraire, vous savez que je vous ai autrefois annoncé l'Évangile dans la faiblesse de la chair[40] : or, cette épreuve à laquelle vous avez été mis à cause de ma chair, 14. Vous ne l'avez ni méprisée ni repoussée, mais vous m'avez reçu comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus. 15. Où donc est votre bonheur ? Car je vous rends ce témoignage que, s'il eût été possible, vous vous seriez arraché les yeux et vous me les auriez donnés. 16. Je suis donc devenu votre ennemi en vous disant la vérité ? 17. Ils vous montrent un attachement qui n'est pas bon, car ils veulent vous éloigner de nous, afin que vous vous attachiez à eux. 18. Au reste, attachez-vous au bien pour le bien, en tout temps et non pas seulement lorsque je suis présent parmi vous. 19. Mes petits enfants, pour qui je sens de nouveau les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous, 20. Je voudrais être maintenant près de vous, et changer mon langage, car je suis embarrassé votre égard. 21. Dites-moi, vous qui voulez
être sous 22. Car il est écrit : Abraham eut deux fils, l'un de la servante[41], et l'autre de la femme libre[42]. 23. Mais celui de la servante naquit selon la chair, et celui de la famine libre, en vertu de la promesse. 24. Ce qui a été dit par allégorie. Car ce sont les deux alliances : l'une sur le mont Sina, engendrant pour la servitude, est Agar ; 25. Car Sina est une montagne d'Arabie, qui a du rapport avec le Jérusalem d'à présent, laquelle est esclave avec ses enfants 26. Tandis que 27. Car il est écrit : Réjouis-toi, stérile, qui n'enfantes point ; pousse des cris de jubilation et d'allégresse, toi qui ne deviens pas mère ; parce que les fils de la délaissée seront plus nombreux que les fils de celle qui a un mari. 28. Nous donc, mes frères, nous sommes, comme Isaac, les enfants de la promesse. 29. Mais comme alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui l'était selon l'esprit, de même encore aujourd'hui. 30. Mais que dit l'Ecriture ? Chasse la servante et son fils ; car le fils de la servante ne sera pas héritier avec le fils de la femme libre. 31. Ainsi, mes frères, nous ne sommes pas les fils de la servante, mais de la femme libre ; et c'est par cette liberté que le Christ nous a rendus libres. Tous ces sophismes sont parfaitement absurdes. A quel point ils sont déplacés dans la bouche de Saül, on peut en juger par ce fait qu'ayant du sang arabe dans les veines, Saül était fils d'Ismaël, qu'il traite ici d'esclave. D'autre part, étant fils d'Amalech, qui l'était d'Esaü, il rendait aux fils de Jacob, évicteurs d'Esaü, l'épithète d'usurpateurs dont ils usaient envers les Hérodes. VI. — AUX GALATES, CHAPITRE V. 1. Demeurez donc fermes, et ne vous courbez point de nouveau sous le joug de la servitude. 2. Voici que moi, Paul, je vous dis que si vous vous faites circoncire, le christ ne vous servira de rien. 3. Je déclare de plus à tout
homme qui se fait circoncire qu'il est tenu d'accomplir toute 4. Vous n'avez plus de part au
Christ, vous qui êtes justifiés par 5. Pour nous, c'est par l'Esprit, en vertu de la foi, que nous espérons recevoir la justice. 6. Car, dans le Christ Jésus, ni la circoncision, ni l'incirconcision ne servent de rien ; mais la foi qui agit par la charité. Après avoir menti et erré si copieusement, le faussaire
menace. C'est la gradation ordinaire, Les christiens selon 7. Vous couriez si bien : qui vous a arrêtés, pour que vous n'obéissiez pas à la vérité ? 8. Ce qu'on vous a persuadé ne vient pas de celui qui vous appelle. 9. Un peu de ferment corrompt toute la pâte. 10. J'ai en vous cette confiance dans le Seigneur, que vous n'aurez point d'autres sentiments ; mais celui qui vous trouble en portera la peine, quel qu'il soit. 11. Pour moi, mes frères, si je prêche encore la circoncision, pourquoi suis-je encore persécuté ? Le scandale de la croix est donc anéanti ? 12. Plût à Dieu que ceux qui vous troublent fussent même mutilés ![43] Qu'ils se coupent tout à fait pendant qu'ils y sont !
Ainsi l'ont compris Augustin, Hiéronymus, Jean Chrysostome, Théodoret. D'autres
ont entendu : Qu'ils soient retranchés de l'Église !
Qu'ils soient exterminés du monde ! Au surplus l'auteur de ces
divagations ignore ou feint d'ignorer la vraie doctrine de Bar-Jehoudda sur
les bienfaits de l'eunuchisme. Tout cela part d'une tête qui n'est pas
solide. Le faussaire n'est pas très rassuré sur l'issue de l'aventure à
laquelle il s'attache. La mystification rémunératrice du Juif consubstantiel
au Père lui semble un moyen de salut préférable au martyre pour 13. Car vous, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement ne faites pas de cette liberté une occasion pour la chair, mais soyez par la charité les serviteurs les uns des autres. 14. Car toute 15. Que si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne vous consumiez les uns les autres. 16. Or je dis : Marchez selon l'esprit, et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair. 17. Car la chair convoite contre l'esprit, et l'esprit contre la chair : en effet, ils sont opposés l'un à l'autre, de sorte que vous ne faites pas tout ce que vous voulez. 18. Que si vous êtes conduits
par l'esprit, vous n'êtes pas sous 19. Or on connaît aisément les œuvres de la chair, qui sont : la fornication, l'impureté, l'impudicité, la luxure, 20. Le culte des idoles, les empoisonnements, les inimitiés, les contestations, les jalousies, les colères, les rixes, les dissensions, les sectes, 21. Les envies, les homicides, les ivrogneries, les débauches de table, et autres choses semblables. Je vous le dis, comme je l'ai déjà dit, ceux qui font de telles choses n'obtiendront point le royaume de Dieu. 22. Au contraire, les fruits de l'esprit sont : la charité, la joie, la paix, la patience, la douceur, la bonté, la longanimité, 23. La mansuétude, la foi, la modestie, la continence, la chasteté. Contre de pareilles choses il n'y a point de loi. 24. Or ceux qui sont au Christ ont crucifié leur chair avec ses vices et ses convoitises. 25. Si nous vivons par l'esprit, marchons aussi selon l'esprit. 26. Ne devenons pas avides d'une vaine gloire, nous provoquant les uns les autres. La stérile folie de Bar-Jehoudda gagne du terrain. Déjà il y a des sectes et beaucoup, Les divisions qu'il est venu apporter sur la terre on dehors de celles qui agitent naturellement les hommes, les voilà qui germent parmi les nations ! Lui-même et sa Révélation en sont cause. Le bon apôtre qui écrit voit poindre le temps où les hommes se jetteront les uns sur les autres pour l'horrible juif qu'il trousse en dieu. Mais point d'appréhensions indignes de la jehouddolâtrie ! Il y a des collecteurs en route et qui vont revenir, ce n'est pas le moment de faire amende honorable à la vérité. VII. — AUX GALATES, CHAPITRE VI. 1. Mes frères, si un homme est tombé par surprise dans quelque faute, vous qui êtes spirituels, instruisez-le en esprit de douceur, regardant à toi-même, de pour que toi aussi tu ne sois tenté. 2. Portez les fardeaux les uns des autres, et c'est ainsi que vous accomplirez la loi du Christ. 3. Car si quelqu'un s'estime être quelque chose, comme il n'est rien, il s'abuse lui-même. 4. Or que chacun éprouve ses propres œuvres, et alors il trouvera su gloire en lui-même et non dans un autre. 5. Car chacun portera son fardeau. 6. Que celui que l'on catéchise par la parole communique tous ses biens à celui qui le catéchise. 7. Ne vous y trompez pas : on ne se rit point de Dieu[45]. 8. Car ce que l'homme aura semé, il le recueillera. Ainsi, celui qui sème dates sa chair recueillera de la chair la corruption ; et celui qui sème dans l'esprit recueillera de l'esprit la vie éternelle, 9. Or, faisant le bien, ne nous lassons point ; car en ne nous lassant pas, nous recueillerons la moisson en son temps. 11. Voyez quelle lettre je vous ai écrite de ma propre main. 12. Tous ceux qui veulent plaire selon la chair vous obligent à vous faire circoncire, et cela uniquement afin de ne pas souffrir persécution pour la croix du Christ. 13. Car eux, qui se font
circoncire, ne gardent pas 14. Pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie, si ce n'est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde m'est crucifié, et moi au monde. 15. Car en Jésus-Christ la circoncision n'est rien, ni l'incirconcision, mais la créature nouvelle. 16. Quant à tous ceux qui suivront cette règle, paix sur eux et miséricorde sur l'Israël de Dieu ! 17. Au reste, que personne ne me fasse de la peine ; car je porte sur mon corps les stigmates du Seigneur Jésus[47]. 18. Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit, mes frères. Amen. Ainsi finit Mais quand nous savons que tout dans cette lettre est
mensonge, hypocrisie, parjure, abus de confiance et tromperie non pas
seulement sur la qualité de la marchandise vendue, mais sur la marchandise
elle-même, quand nous voyons qualifier de divins des procédés punis dans tous
les pays où il y a un code, loin d'accorder notre adoration au Juif qui a
forgé |
[1] Actes, XI, 30 et XII, 25.
[2] Sur la seconde mission de Saül à Damnas, voir le présent volume. L'auteur de la lettre compte le temps à partir de la première mission, soit 787.
[3] Le frère, c'est-à-dire le cousin, dit le Saint-Siège conformément à son système, lequel consiste pour sauver dans la mesure d'un neuvième la virginité de Marie à nier que Bar-Jehoudda ait eu six frères et deux sœurs.
[4] Cf. Le Roi des Juifs, et le présent volume, Machéron, § II, in fine.
[5] Luc, XXIV, 49.
[6] Celles qui, comme les Églises de Galatie, adorent l'auteur de l'Apocalypse, tout en attendant le Royaume temporel du Christ.
[7] Actes, XXV, 19.
[8] Je pense qu'il s'appelait Jehoudda comme son grand-père et ses deux oncles, Bar-Jehoudda et Jehoudda Toâmin. C'est pour cette cause qu'il suit les deux premiers dans leur surnom de Joannès. Personne dans la famille ne s'appelant Jochanan, on n'aurait pu lui donner ce nom qu'au mépris de tous les usages.
[9] Quatrième Évangile, XXI, 22.
[10] Actes, XV, 6.
[11] Actes, IV, 36.
[12] Nullement, mais pour un motif essentiellement politique, le châtiment de Shehimon et de Jacob.
[13] Les païens haut placés avec lesquels par son origine royale et par ses missions antiapostoliques Saül s'est trouvé en contact : à savoir, après Pilatus, Sergius Paulus, gouverneur de Chypre Gallion, proconsul d'Achaïe, Tyrannus, gouverneur d'Ephèse, Félix et Festus, procurateurs de Judée, Cestius Gallus, proconsul de Syrie, Néron lui-même.
[14] Il y a déjà des Voyages de Saül. C'est par là qu'on a commencé.
[15] Comme fit Nicolas d'Antioche pour être reconnu prosélyte, et comme Titus y aurait été forcé, s'il eût voulu être admis au salut tel que l'entendaient Bar-Jehoudda et ses frères. L'auteur insinue que, déjà de leur temps, on pouvait échapper à la circoncision quand on était accompagné de Saül et d'un proconsul.
[16]
Malgré l'espionnage organisé contre eux par quelques faux frères, ces paladins
de la liberté n'ont pas voulu se plier aux ordonnances édictées par la secte de
Jehoudda. Dans la thèse de l'auteur,
[17] Cet autrefois date de si longtemps ! Ceux qui sont morts sont morts, ne troublons point leur cendre.
[18] C'est la nouvelle doctrine, si peu semblable à celle du roi des Juifs ! Les Actes (X, 34) la mettront textuellement dans la bouche de Pierre chez Cornélius.
[19] Ils ne le baptisèrent ni ne lui imposèrent les mains, Saül ne leur doit rien, n'a rien reçu d'eux.
[20]
Shehimon est mort dans l'Évangile de
[21]
Le Verbe de Dieu qui a révélé l'Évangile de
[22] Ils ne leur imposèrent pas les mains. Un simple shake hand ! Toutefois le faussaire n'ose pas dire, qu'ils aient communié, même de cette façon, avec le proconsul d'Achaïe. C'est trop gros.
[23] Cf. Le Roi des Juifs.
[24] Luc, XIX, 8.
[25] Tel et moi.
[26] Qu'est-ce à dire ? Saül, fils d'Amalec, qui l'est d'Esaü, par conséquent sans droit à la promesse, comparé à Shehimon, fils d'Israël et fils de David ! Le faussaire se moque du monde.
[27]
Où sommes-nous, grands dieux ? Et Jésus qui ne cesse de répéter par la bouche
de Bar-Jehoudda : Le ciel et la terre passeront, mais
[28]
Ah ! il eût fait beau voir que quelqu'un dit à Shehimon en 802 : Le Joannès est mort ! Et surtout un homme qui vient
de traiter avec lui dans Jérusalem même ! Et cela devant Barnabas qui avait
répandu dans Antioche la nouvelle que Simon de Cyrène avait été crucifié à la
place du roi-christ ! C'eût été un spectacle curieux qu'un petit-neveu d'Hérode
soutint à la face d'un des fils de Jehoudda Panthora (Toute-la-loi, v. le
Charpentier) qu'on n'était pas justifié par les œuvres de
[29] En effet, dit l'édition du Saint-Siège dans sa note sur le verset 11, Saint Paul avait reproché à saint Pierre de s'être retiré de la table des Gentils, dans la crainte de scandaliser les Juifs convertis ; ce qui pouvait faire croire aux Gentils qu'ils étaient obligés de se conformer à la manière de vivre des Juifs, et par là même gêner la liberté chrétienne. Mais ce reproche n'attaque nullement la suprématie du prince des apôtres ; car, dans de pareils cas, un inférieur peut et quelquefois doit avertir avec respect son supérieur ; et, comme le remarque saint Augustin, saint Pierre le souffrit avec une douceur, une humilité, une patience digne de celui à qui le Sauveur avait dit : Tu es Pierre, et sur toi je bâtirai mon Église.
[30]
Observation : l'Anticelse n'avoue plus que ce dernier incident ait eu
lieu à Antioche : de plus, c'est Jacob lui-même qui vient à Pierre, et le
détourne des païens avec Barnabas. — On a donc enlevé le nom de Jacob qui était
présent dans
[31]
De cette phrase fort obscure et différemment traduite ne peut sortir qu'un sens
: selon l'auteur c'est parmi les Galates qu'a été colportée la première fable
relative au roi-christ ressuscité. C'est en effet au milieu des Juifs d'Asie
que s'est développée l'incontrôlable version du Joannès tiré d'affaire par le
moyen de Simon de Cyrène. L'auteur semble avouer que ce fut en Galatie même.
Celui de la première Lettre de Pierre (I, I) nomme le Pont avant
[32] Bar-Jehoudda dans sa généalogie par son père, (Mathieu, I, 1) est dit fils de David et fils d'Abraham. De même dans sa généalogie par sa mère (Luc, III, 34).
[33] Le rejeton de David, Apocalypse, V, 5, XXII, 10. Cf. Le Roi des Juifs.
[34]
On se rappelle que, dans la théorie de Jehoudda, la femme ne pouvait être
sauvée que par le réaccouplement à l'homme. (Cf. Le Charpentier)
L'auteur de
[35] L'année jubilaire 739, la dernière avant le Renouvellement du monde. Cf. Le Charpentier.
[36] Le malheureux ! Dans le système de Bar-Jehoudda et de sa mère, la femme elle-même ne peut être sauvée qu'à la condition de rentrer dans l'homme ! Cf. Le Charpentier.
[37] Sur la croix : Mon père, pourquoi m'avez-vous abandonné ? Ou peut-être : Abba, père, toutes choses vous sont possibles. Marc, XIV, 36.
[38] L'auteur veut parler des apôtres de la maison de David, notamment de Joannès, Shehimon et Jacob à qui les christiens obéissaient comme à des dieux, les adorant, baisant leurs vêtements, se jetant à leurs pieds, comme il est dit dans l'Apocalypse, dans les Évangiles, dans les Actes même où l'on volt un officier romain, le centurion Cornélius, adorer Pierre selon la mode juive. Comment les Galates, qui sont de ceux-là, adoreront-ils l'évêque de Rome, cet intrus ? Domestiqués à Rome, les trois grands fils du Zibdeos sont en Asie des concurrents redoutables.
[39]
IV, 25, de
[40]
L'auteur veut faire croire non aux Galates, il ne s'adresse à eux que pour la
forme, mais aux Romains, qu'en son temps Saül, en dépit de sa chair hérodienne
et de son oreille coupée, a réellement prêché en Galatie le salut par
[41] Ismaël, fils d'Agar, et père de la race arabe.
[42] Isaac, fils de Sara.
[43] Je suis la traduction du Saint-Siège.
[44] Lévitique, XIV, 18. Par prochain le Lévitique entend le Juif. Pour Jésus selon Bar-Jehoudda, le prochain finit où le païen commence. Il a fallu des peines énormes pour lui faire admettre le Samaritain, même bon.
[45] Mais si ! Et publiquement !
[46] Ceci n'est rien, on verra le régime d'excommunication institué dans les Lettres de Joannès contre tout étranger à la jehouddolâtrie.
[47] Encore cette oreille ! Mais, mon ami, on ne te l'a donc pas encore remise ?
[48] IV, 24, 25.