I. — RENCONTRE DE SIMON LE CYRÉNÉEN. Pilatus voulut que le châtiment fût une réplique à
l'Apocalypse et que le jour où devait éclater la puissance d'Israël montrât
tout uniment celle de Jupiter Capitolin. Ne reconnaissant ni Pilatus aurait pu faire trancher la tête au roi des Juifs,
il avait le choix du supplice. Mais traiter on soldat un homme qui avait fui
la bataille sans même on attendre l'issue ? La croix des esclaves, c'est ce
que méritait ce prétendant à l'empire universel. La punition des incendiaires,
c'est ce qui revenait de droit à purificateur de La coutume était que le patient portât lui-même sa croix, les mains étendues et attachées aux deux extrémités relevées en forme de fourche, et traversât ainsi la ville pour être exécuté hors des murailles[3]. Pilatus donna une rude leçon d'égalité au roi des Juifs, il le força de charger sa croix comme les autres, et le Quatrième Évangile spécifie, qu'il la porta jusqu'au bout, On avait sans doute façonné ces croix avec des bois iris aux échafaudages du Temple dans les endroits inachevés et qui le demeurèrent. Il était plus de midi lorsque la théorie des prisonniers
quitta le prétoire. L'Assomption du Joannès, qui a passé dans le Quatrième
Évangile et dans Mathieu, donnait cette heure. Devant le prétoire, les Juifs
avaient lâché pied, refusant d'entrer, de pour da Be souiller. Le condamné
remis aux Romains, ils s'étaient retirés, chacun vaquant aux préparatifs de
la sainte Cène où tout doit, être pur, les yeux et le cœur, l'azyme et
l'agneau. Quelques-uns allèrent peut-être jusqu'à Bar-Jehoudda n'était pas seul lorsqu'on le conduisit au
supplice. Il y avait d'autres condamnés, ne fût ce que Bar-Rabban qui, lui non plus, n'était pas seul dans la tour
Antonin. Simon le Cyrénéen, qui était venu d'Afrique pour prendre part à La version de la famille a été reprise par l'Assomption du Joannès, apothéose en plusieurs tableaux dont le premier, nous l'avons vu, montre Jésus s'interposant entre son précurseur et la cavalerie de Pilatus déployée autour du Sôrtaba[5]. Ici il lui envoie Simon de Cyrène. Les choses étaient encore ainsi au temps de Basilide qui en témoigne : on disait que le Joannès avait échappé à la crucifixion par le moyen de Simon et que, s'il était mort à un moment donné, c'était plus de cinquante ans après et quand il n'avait pas pu faire autrement. II. — LE CHARNIER DES IMPIES. Le lieu des exécutions publiques était hors des murs, à rouest.sud de Jérusalem et du palais de Pilatus. Des centaines, des milliers d'hommes y avaient été suppliciés et enterrés. Les évangélistes, en leur araméen, l'appellent Guol-golta, ce qui veut dire le croque-gueules, — Pilatus eût dit, en son latin, le gularunt gula[6]. Le Guol-golta n'est point une expression topographique reçue[7], c'est un mot trivial pour désigner le gouffre aux morts, le lien où les cribles, les ossements blanchissaient au soleil, abandonnés de tous et perpétuellement retournés par la pioche des fossoyeurs : lieu impur, le plus impur de toute la Judée[8], à cause de son infâme destination. On ne pourrait hésiter devant cette interprétation que
s'il se trouvait dans les anciennes Écritures ou simplement dans les
traditions antérieures au Moyen Age une trace quelconque d'un Guol-golta
ainsi nommé à raison de son élévation et de sa calvitie. Ce lieu était dans
la vallée d'Hinnom. Toute cette vallée, était un objet d'horreur pour les
Juifs, c'était l'image de la mort et de l'enfer, Le Guol-golta, c'est la désignation araméenne du Topheth
et il n'est pas permis de nier que les Juifs y eussent, dans les temps où
Moloch était leur Père, sacrifié des enfants à cette comburante divinité,
nonobstant les défenses de Moïse[10]. C'est ce
souvenir, ce remords qui hantait les imaginations. Avant d'y exécuter et d'y
enfouir les coupables, on y avait sacrifié les innocents. Et c'est
précisément un innocent — innocent envers la Loi, ne l'oublions, jamais ! —
que le Moloch hérodien, revenant à l'antique usage, immolait au lieu où
s'expiaient tous les crimes ! Et Sant avait été le bras de ce Moloch ! Plus
tard, comme si Ainsi, au temps de Jérémie déjà, le Topheth avait perdu son caractère spécial, son nom même, pour devenir le lieu des exécutions et le charnier des exécutés, le Guol-golta, le croque-crânes ; comme le dit l'araméen avec un pittoresque macabre, Et depuis six cents ans converti en Guol-golta, le Topheth remplissait son office, avalant crânes sur crânes ne se nourrissant que de condamnés à mort. Sans nous laisser influencer per l'archéologie
conventuelle, dont les fantaisies dépassent toute licence et parfois, tonte décence,
nous pensons qu'étant voisin d'un charnier ; le lieu des exécutions doit. Vitre
sensiblement rapproché du, carnalium
marqué sur une carte du treizième siècle et qui est à la pointe ouest du
Gué-Hinnom, lequel est au bas, de la face sud-ouest de III. — Les préparatifs de ces multiples exécutions prirent du temps et il était trois heures lorsque les soldats procédèrent à la mise en croix[16]. Sur ce point nous n'avons qu'un témoignage, celui de Marc : Il était la troisième heure du jour lorsqu'ils le crucifièrent[17], et pourtant, lorsque nous ouvrons Cérinthe, nous trouvons que, lors de la comparution devant Pilatus, il était environ la sixième heure[18]. La contradiction n'est qu'apparente, elle tient simplement à ce que Cérinthe compte le jour à la juive, à partir de six heures du matin, tandis que dans Marc on le compte à la romaine, à partir de midi. Il était environ neuf heures du matin lorsque les Juifs remirent à Pilatus celui qui se disait le Roi, et trois heures de l'après-midi lorsque les Romains le mirent en croix. Dans l'intervalle il s'est écoulé six heures pendant lesquelles Pilatus, entré dans le Temple dont les portes se sont ouvertes, à midi pour le sacrifice de l'agneau, a massacré les Galiléens sur leurs victimes, rassemblé les prisonniers dans la cour du prétoire et les a conduits au Guol-golta, leur roi en tête. C'est là ce qu’on a voulu cacher par cette phrase où Marc dit, comptant le jour à la juive, comme Cérinthe : Depuis la sixième heure du jour (midi) jusqu'à la neuvième (trois heures) les ténèbres couvrirent toute la terre. Au milieu de ténèbres aussi opaques, comment Luc pu voir Pilatus envahissant le Temple, et mêlant le Sang des Galiléens à celui de sacrifices qui n'avaient pu commencer qu’à midi ? Depuis que le Juif crucifié par Pilatus est devenu consubstantiel au Père, ces trois heures d'histoire sont plongées dans une obscurité tout ecclésiastique. . Les ténèbres qui règnent jusqu'à trois heures autour du Guol-golta sont le voile que les évangélistes baissent devant les fidèles pour leur cacher ce malheur. Pilatus se rendit en personne au lieu de l'exécution, assura le châtiment et fit l'écriteau en trois langues qu'on plaça sur la croix de Bar-Jehoudda. Cet écriteau juge tout. C'est le jugement lui-même. On lit dans la version primitive : Le roi des Juifs[19], ou C'est ici le roi des Juifs[20]. A l'époque de cette rédaction il n'y avait pas encore d'éclipse de soleil pendant la pleine lune du 14 nisan, et les ténèbres n'enveloppaient point le Guol-golta au point d'empêcher Pilatus de voir clair à son affaire. Il n'avait pas mis de nom sur son écriteau, mais simplement le titre hyperbolique que s'était attribué le lestès. Quand Jésus fut entré dans la fable, on fit dire à Pilatus : C'est Jésus, le roi des Juifs[21], ou Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs[22]. Dans cette inscription il n'y a de nouveau que le nom. On ne manqua pas de faire cette objection : Mais puisqu'il n'y avait point de Juifs autour des croix, continent ont-ils pu lire cet écriteau, surtout avec le nom de Jésus qui n'était pas dans le premier ? Le Quatrième Évangile répond : De nombreux Juifs lurent cet écriteau, parce que le lieu du crucifiement était près de la ville[23]. (Ils ont donc pu lire l'inscription sans sortir des murs.) Selon le Quatrième Évangile, quatre soldats s'approchent qui, après avoir mis Bar-Jehoudda en croix, prennent ses vêtements et en font quatre parts, une pour chacun. Nous expliquerons cette allégorie solaire, quand nous en viendrons à la fabrication de la christophanie, mais vous en devinez déjà le caractère apocalyptique. Toutefois, il parait bien qu'on l'a dépouillé de ses oripeaux pour se les partager, et c'est une preuve de plus qu'il n'en avait été revêtu ni par les soldats d'Antipas ni par ceux de Pilatus. Après avoir affiché la loi Julia sur la croix, constitué
un poste autour des crucifiés et recommandé au centurion qu'on les laissât exposés
pendant tout le jour de la Pâque jusqu'à ce que mort s'ensuivit, Pilatus s'en
retourna. On ne le revit plus au Guol-golta[24]. C'est pourquoi
ceux qui ont à lui parler le vendredi, à propos du sabbat sont obligés
d'aller le trouver citez lui. Bar-Jehoudda et ses compagnons de supplice ont
clone passé toute la nuit de la Pâque sur la croix et ne sont morts, achevés
par le crucifragium[25], que le vendredi
avant le sabbat. Le poste ne fut retiré qu'à l'enlèvement des corps. L'Église
qui a laissé malgré elle, — on
peut en être sûr — dans le Quatrième Évangile la preuve que la mise en
croix out lieu le mercredi, jour de 1° La nuit et le jour de la pâque ou 15 nisan, finissant le jeudi soir à six heures ; 2° Le jour de la préparation au sabbat ou 16, finissant le vendredi soir à six heures ; 3° Le sabbat ou 17, finissant le samedi soir à six heures. Juif pur, Mathieu sait l'influence que cette question d'heures peut avoir auprès de ses coreligionnaires : il a tourné en prophétie le conte de Jonas ; cette conversion est de lui, il ne s'est pas exposé à se faire prendre sur cette question-là. C'est lui qui va prévenir Kaïaphas, Pilatus et par conséquent tout le monde que pour ressembler à Jonas, Bar-Jehoudda doit disparaître après trois jours à compter de celui de la crucifixion. Il a besoin de trois jours pleins pour être conséquent avec lui-même, et s'il a pris Jonas pour garant, c'est que son horaire répond à celui de Jonas. Il faut donc que Bar-Jehoudda soit en croix depuis le mercredi dans l’après-midi. Car le mythe de Jonas est formel. Jonas ne ressuscite que le quatrième jour, après avoir passé trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson. Et même nous démontrerons qu'en dépit de sa bonne volonté, il lui aurait été impossible de ressusciter plus tôt. L'astronomie chaldéenne s'y oppose. Dira-t-on qu'au sens de Mathieu et de Luc qui invoquent seuls ht similitude de Jonas, les trois jours doivent être comptés à partir non de la crucifixion mais de la mise au tombeau ? En ce cas, Bar-Jehoudda, pour rester dans les conditions de la similitude, n'a pu ressusciter avant le mardi, comme il appert du décompte suivant : 1° La nuit et le jour du sabbat, finissant à six heures du soir ; 2° La nuit et le jour du dimanche, finissant à six heures du soir ; 3° La nuit et le jour du lundi, finissant à six heures du soir. Or tout le monde convient que Bar-Jehoudda a disparu du tombeau dans la nuit du dimanche, et c'est un point sur lequel il y a parfait accord entre les Juifs et les jehouddolâtres. Cela prouve irréfutablement que la Pâque tombait le mercredi soir et qu'avec un seul jour d'écart, en la reportant au jeudi, on pouvait encore sauver la mystification eucharistique. C'est à propos de cette mystification que l'écrit conservé par Photius disait : Il faut en ce cas qu'il ait mangé la pâque un jour après le jour légal, c'est-à-dire le 16 au lieu du 15. C'est également par suite de ce changement qu'au lieu de disparaître du Guol-golta après trois jours et trois nuits comme dans la première version, il est censé maintenant en avoir disparu le troisième jour[26]. Ils l'ont crucifié, dit Cléopas le dimanche soir sur le chemin d'Antinoüs, c'est le troisième jour depuis que les événements se sont accomplis. Or ils vont parler du troisième jour à compter non de la mise en croix mais de la mort. Encore n'est-on ni dans les conditions de la similitude, ni dans colles que suppose cotte supputation. En effet, entré au sein de la terre le vendredi soir, comme on l'en sort immédiatement après le sabbat, il disparaît non le troisième jour mais le second. En dehors de cette question que voilà tranchée par l'arithmétique, il ne faut pas s'étonner des différences de détail qu'offrent entre elles les versions évangéliques, puisque le supplice de Bar-Jehoudda n'out de témoin dans aucun des disciples. Les scribes sont donc libres de leurs imaginations. Déjà Marc ne sait plus que Pilatus a assisté au supplice et qu'il est resté un instant prés des croix. Cola se comprend, il ne commence la crucifixion que le vendredi. En revanche il rassemble de nombreux témoins, les chefs des prêtres et les scribes entra autres. Vous savez qu'ils n'étaient pas lit et pourquoi. C'est un centurion qui commande l'escorte, et mène les condamnés au Guol-golta. Le roi-christ était en croix depuis plusieurs heures
lorsque les Jérusalémites, avec une indifférence remarquable, allumèrent les
lampes de Un autre supplice lui fut infligé, plus atroce encore pour un homme qui attrait ou de la conscience. Jour et nuit, sans se lasser, au milieu des cris et des hoquets, les malheureux que sa folie avait entraînés chargèrent de reproches et d'injures[27] ce roi-christ qu'on avait par devant quand il prétendait au trône et, qu'on n'avait pas même pu voir par derrière quand on combattait pour lui, Mais comme, déjà jugé par les Juifs de Jérusalem et par les Romains de Césarée, c'était trop qu'il le Mt, encore par ses ouailles, les évangélistes ont supposé qu'à la fin Simon le Cyrénéen les avait reprises de leur cruauté[28]. Ils ont caressé avec amour le récit de ce supplice dont ils ont fait la mort-type du Juif-dieu. Ils l'ont machinée, mise eh scène comme une mort de théâtre, ne négligeant rien de ce qui peut secouer les nerfs et exciter les larmes. C'est une mosaïque de démarquages bibliques, sans aucune sincérité. Elle provient des Psaumes de David, combinés avec Isaïe. Ils ont exercé leurs talents jusque dans les plus petits détails de la partie dramatique. Selon quelques-uns[29], le malheureux, torturé par une soif ardente, reçoit bouche béante tout ce qu'on lui présente, le fiel comme le vinaigre. Selon .Mathiez qui seul parle de vin mêlé de fiel, il refuse de boire ce mélange, (à cause du vin qui lui était interdit par son naziréat). Selon Marc, qui parle de vinaigre, puis de vin initié de myrrhe, il refuse également. Luc est muet. Le scribe du Quatrième Évangile a mis un vase de vinaigre et d'hysope. Ne cherchez pas ses frères autour de la croix. Il n’y a pas un seul homme de la famille. Parmi les changements que l'Évangile a subis et dont l'ouvrage de Celse porte la trace, quoiqu'il les dénonce, il y en a un de fort important. Les disciples, représentés d'abord comme ayant fui avant son arrestation, sont donnés ensuite par le même ouvrage connue ayant assiste à son supplice et b. sa mort et l'ayant renié pour ne mourir ni avec lui, ni pour lui[30]. Cela tient à la différence des sources : dans lu premier cas, c'est à la véridique histoire de Bar-Jehoudda que Celse puise, documenté par les rabbins ; dans le second cas, c'est à l'allégorie de Jésus déjà en forme dans l'Évangile. Il semble toutefois que, prévenues par Shehimon et Cléopas, la mère et l'une des sœurs du malheureux, la femme de Cléopas, soient arrivées dans la journée du vendredi, pour assister de loin à ses derniers moments. L'Évangile étant le seul document qui nous reste sur la crucifixion de Bar-Jehoudda, force nous est de rendre pour un instant aux personnages le nom d'emprunt qu'ils ont dans cet écrit. Le lecteur, qui sait comment s'appelaient le jésus et sa mère, ne se laissera pas égarer par les doubles emplois ou les confusions plus ou moins volontaires des scribes ecclésiastiques. Selon le Quatrième Évangile, près de la croix se tenaient la mère du jésus, — que le scribe ne nomme pas, tant elle est connue, c'est le seul qui la montre au lieu du supplice, — Maria Cléopas, sœur de[31]..., sa mère, et[32] Maria la Magdaléenne. Selon Mathieu, deux femmes : Maria (Cléopas), mère de Jacques et de José, Maria la Magdaléenne et la mère des fils de Zibdeos, ces deux dernières ne faisant qu'une. Selon Luc, deux femmes : Maria la Magdaléenne et Maria (Cléopas), mère de Jacques (on ne lui donne plus José), et Joanna, dans laquelle nous retrouvons Salomé, la femme du premier Joannès[33]. Remarquez que, dans le Quatrième Évangile, la mère
du Joannès assiste au supplice et de si près que Jésus, refusant d'aller plus
loin, lui rend son fils sur la croix même : Femme,
lui dit-il ; voilà ton fils, et au crucifié :
Voilà ta mère. Car il faut que la
mystification ait un terme : si on crucifiait Jésus, comment ferait-il,
tout à l'heure, pour assumer son Joannés ? Or,
d'après les trois versions synoptisées, la mère du
crucifié ne peut être présente qu'à la condition d'être identique à Maria Ainsi, à l'origine, doux femmes seulement, et non près de
la croix, de manière à pouvoir échanger des paroles avec Io crucifié, mais
regardant de loin, comme dit Marc. Dans celui-ci, plusieurs femmes, parmi
lesquelles Maria Dans quelques versions Bar-Jehoudda mourant interpelle Dieu d'une façon assez pressante : Éloï, Éloï, lama sabacthani, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Le fait est que, contrairement à. toutes s'es prophéties, Bar-Jehoudda mourait devant que le Fils de l'homme fût venu sur les nuées, devant qu'aucun des Douze, des Trente-six et des Cent quarante-quatre mille eût seulement montré le bout de son nez. Ce cri est le cri du cœur, personne ne l'a entendu, mais il est admirablement en situation. Sans pitié, avec un mauvais goût plus cruel que les excès de lu soldatesque romaine, les scribes n'ont pas craint de risquer ici le plus bas de, tous les calembours dont le roman évangélique est farci. Au mot Éloï, Éloï, quelques-uns des assistants s'écrient : Voyez, il appelle Élie ! ; et là-dessus, ils lui donnent à boire une éponge de vinaigre fixée au bout d'un roseau, en disant : Laissez, voyons si Elie le viendra délivrer[36]. Rien de tout cela naturellement n'a été dit, et jamais des
scribes juifs, araméens ou non, n'eussent pris Éloï
pour Élie. Si on lui fait invoquer Élie, c'est pour le motif que voici : non
seulement il n'attendait pas Élie, mais il avait émis la prétention
d'épargner sa venue aux Juifs telle qu'elle leur était annoncée par les
prophètes, c'est-à-dire précédant Et la réponse d'Éloï fut telle : Je t'abandonne parce que tu m'as abandonné moi-même en conspirant contre mon unité. Je t'abandonne parce qu'il y a cinq jours tu as abandonné toi-même, et d'une manière qu'il m'est impossible de considérer comme héroïque, les huit cents mauvais gars que tu avais entraînés en Samarie. Depuis sept ans tu cherches à me persuader que j'ai un fils, tu le qualifies de Fils de l'homme sous le prétexte que tu lui ressembles, et une partie de tes hommages vont à lui parce que tu espères gouverner avec lui pendant mille ans. Et tu veux que je te l'envoie non pas quand il me plaira, mais au jour et à l'heure que tu as toi-même fixés, comme s'il était à tes ordres ? Tu réclames parce que tu meurs à cinquante ans et qu'il t'en manque neuf cent cinquante pour faire ton compte ? J'ai connu parmi les Juifs des gens infiniment plus honorables et plus utiles à qui je n'ai pas permis de dépasser la centaine. C'est même une grande faiblesse à moi de t'avoir laissé vivre jusqu'à présent, étant donné l'exécrable usage que tu as fait de ton temps. Je trouve bon, juste et salutaire
que tu aies goûté sur cette croix une partie des supplices que tu me
demandais pour les autres. En cela j'approuve et Saül et Is-Kérioth et Antipas et Kaïaphas et Pilatus. Je n'ai pas de
fils, mais si j'en avais un, tu dois bien penser que je ne m'en séparerais
pas pendant mille ans pour l'envoyer habiter IV. — Dans l'après-midi du vendredi, après deux jours et deux
nuits passés sur la croix, une question se posa que Pilatus n'avait pu
prévoir. Le sabbat approchait, commençant à six heures, et pour son jour de
repos Iahvé allait voir la hideuse exhibition des malheureux pendant au bois.
Les Juifs allèrent trouver Pilatus. Dût-on appliquer le crurifragium aux suppliciés, c'est-à-dire
leur casser les jambes pour hâter leur mort, il fallait qu'on pût les enlever
avant le coucher du soleil. Telle était Ce sabbat tirait une valeur religieuse exceptionnelle de
ce qu'il était le premier du Cycle millénaire (Poissons)
commencé le mercredi soir avec Comme il n'est pas vraisemblable que les Juifs aient rompu la pâque on sortant de la ville, c'est qu'ils seront allés trouver Pilatus chez lui. La loi romaine ayant reçu satisfaction, la loi juive pouvait avoir son tour. A leur requête, les pauvres patients furent impitoyablement achevés. Bar-Jehoudda fut-il compris dans cette mesure ? La fable veut qu'étant visiblement, manifestement mort, il n'ait pas reçu le coup de grâce. Arrivés à lui, — il y avait certainement plus de trois croix, — les soldats romains, le voyant déjà mort[40], ne lui rompirent pas les jambes, ils se contentèrent de lui donner un coup de lance dans le côté pour voir s'il tressaillait encore. Il n'était pas de pire affront que de refuser la sépulture à un homme, quelque punition que cet homme eût méritée. Pour le roi-christ, non seulement ses frères et ses disciples l'avaient abandonné vivant, mais ils l'exposaient mort à la privation de toute sépulture, si Joseph l'Haramathas ne s'était trouvé là. On lit aujourd'hui dans tous les Évangiles que ce Joseph était d'un endroit nommé Arimathie. On peut montrer Nazareth, on l'a construit au septième ou huitième siècle. Mais nul n'a jamais pu découvrir Arimathie. On en a été réduit à. supposer que ce lieu inconnu des anciens pourrait être la' Rama de Samuel que les musulmans appellent aujourd'hui Boit, Rima. Il n'y n pas l'ombre d'un argument en faveur de cette hypothèse. Nous avons par Mathieu la certitude qu'Arimathie n'est pas Rama. Les Évangélistes connaissent parfaitement Rama, une des villes les plus célèbres de l'Ancien Testament et que tous les autours juifs, prophètes ou non, écrivent comme Mathieu[41] citant Jérémie : Une voix a été entendue en Rama, etc. Les titres étymologiques de Rama sont tellement nuls qu'au treizième siècle on commence à dire qu'Arimathie est Ramlé, laquelle d'ailleurs ne fut pas fondée avant le huitième siècle, ce qui n'empêche nullement d'y montrer la maison de Joseph d'Arimathie. L'Arimathie authentique est beaucoup plus près de Jérusalem et se confond avec le Guol-golta. A l'inverse du Pirée, Arimathie est presque un homme. Le Guol-golta, ce désert de morts d'où les vivants s'écartaient avec effroi, était gardé par un certain Joseph, et ce Joseph n'était nullement d'un endroit, appelé Arimathie, que personne n'a jamais pu fixer sur aucune carte. Il était l'haramathaïs, mot formé de haram[42], enclos, de math, morts, et de la préposition is[43]. De cet enclos des morts il était plus maître que Tibère ne l'était du monde. Il y vivait : et il en vivait ; dans la perpétuelle manipulation de la dépouille humaine. Il était impur, comme son affreux domaine. Affranchi des sabbats, affranchi des pâques et de toutes les fêtes, il n'avait rien de juif et sans doute il ne l'était pas. On ne demandait qu'à l'ignorer. Avec le préjugé sur les cimetières et sur le contact même accidentel des morts, il devait être fort difficile de trouver un Juif pur sang pour exercer le métier des choses funéraires, surtout quand elles concernaient les criminels. On peut suivre étape par étape dans lei Évangiles le chemin que le mensonge a gravi pour chasser l'histoire de ses positions. L'histoire justifiait les épithètes de lestès, de scélérat, de brigand dont les Juifs, ceux de Jérusalem surtout, et les païens décoraient unanimement le roi crucifié : elles étaient toutes fondées sur la succession des révoltes jehouddiques et sur la participation qu'il y avait prise, et on retrouvait dans la révolte de 788 ce nom d'Eléazar qui, même après l'extinction des feux de 823, tranchait sur toutes les gloires de l'Indépendance juive[44]. On a donc commencé par enlever ce nom de la sentence rendue contre Bar-Jehoudda. Ensuite on a fait mentir Kaïaphas on disant à sa place que le sentence concernait seulement Bar-Jehoudda et qu'elle avait été rendue non cinquante jours avant son arrestation, mais la veille : première étape. Seconde étape : après avoir coupé Bar-Jehoudda d'avec son beau-frère, on l'a coupé d'avec ceux qui avaient été crucifiés en sa compagnie ; ceux-ci sont, encore des brigands, mais ils ne sont plus des complices. Troisième étape : il a bien été mis au rang des impies, mais c'est par une erreur des juges ; au rang des malfaiteurs, mais par' un déni de justice ; il n'a pas été enterré dans le cimetière des criminels par l'Haramathas, il a été déposé de la croix par un certain Joseph d'Arimathie qu'on n'a plus revu, mais qui était disciple, oh ! bien secret, du crucifié lui-même ! Il a fallu trois siècles pour camoufler l'Haramathas. C'est d'abord, dans le Quatrième Évangile, un homme sans profession, et qui vit dans l'attente du Royaume de Dieu. Dans Luc, c'est un conseiller, homme excellent et juste, qui n'avait adhéré ni à leurs actes ni à leurs desseins ; dans Mathieu, un homme riche d'Arimathie et qui même avait été disciple de Jésus. Dans Marc — avancement à l'ancienneté — il est nommé membre du Grand Conseil, car il faut justifier ses rapports diplomatiques avec Pilatus c'est lui qui va demander à Pilatus la permission d'emporter le corps. Il est fort, difficile, pour ne pas dire pins, qu'un
membre du Grand Conseil, un juge de Bar-Jehoudda, viole si outrageusement C'est là une de ces choses qui ne s'oublient pas. Si, après une telle participation au drame de l'Enclos des morts, Joseph s'enveloppe d'un voile si épais, c'est qu'il n'est pas présentable ; c'est devant les goym un témoin de criminalité compromettant. On cache un homme que la reconnaissance des apôtres eût poussé au premier plan de leurs Actes, s'il eût été ce que l'on dit. Car Joseph d'Arimathie est bon, il est pieux, il est riche : quoique membre du Grand Conseil, il est brave, car il fait de la dépouille du condamné un cas qui pourrait le rendre suspect à Pilatus. C'est un de ces hommes dont une secte s'honore, et pourtant, au lieu de le produire comme un glorieux spécimen christianisme primitif, on en éloigne sa douce et courageuse image. En revanche, derrière lui arrive un personnage connu de ces mêmes Actes et, des trois Synoptisés, mais très en vue dans le Quatrième Evangile : nous avons nommé Nicodème[45]. Nicodème se présente avec une mixtion de myrrhe et d'aloès d'environ cent livres (il fait bien les choses !) pour embaumer le corps[46], et on ne peut s'empêcher de voir que, sans ces deux individus étrangers l'un à l'autre, le Nazir ira rejoindre ses partisans massacrés le 14 et ses compagnons de croix dans le Gué-Hinnom, le Jardin d'Hinnom. Il est clair que cos deux inconnus, ces deux étrangers usurpent le rôle qui incomba naturellement à la famille et aux disciples, notamment la mère et à la sœur du crucifié qui s'ont présentes. J'en appelle à toutes les mères, à tous les parents, à tous les amis, à tous les hommes de cœur ! Ce Joseph qu'on n'a jamais vu et qu'on ne reverra plus, ce Nicodème qu'on ne voit dans aucun autre Évangile, promus tout à coup au rôle de proches et d'embaumeurs, à l'exclusion des parents, cela est d'autant plus inadmissible que, pour ceux-ci, tous les obstacles sont supprimés par la mort du Nazir ! Tu devras l'enterrer, car un pendu est une chose offensante pour Dieu[47]. L'Évangéliste nous a tout à l'heure indisposés contre les Juifs dont le formalisme obtus coûte la vie à des malheureux chez qui tout espoir n'est pas encore éteint. Mais que penser de cotte mère et de cette sœur dont le respect pour le sabbat commencé est tel qu'elles refusent de donner les derniers soins, l'une à son fils, l'autre à son frère après six heures du soir, et qu'aucune n'ose même prendre sur elle d'assister n l'ensevelissement, si bien que, sans les bienencontreux Joseph et Nicodème, le corps va être jeté à la fosse commune ? De deux choses l'une donc : ou il y avait accord préalable entre l'Haramathas et les femmes, ou l'accord s'est fait au cimetière pour que le corps nazir du fils de David fût mis à part. Car, condamné pour crime, il va être jusqu'au bout traité en criminel, et mis au rang des malfaiteurs comme dit l'Évangile. Il dépend de l'Haramathas, et de lui seul, que cela ne soit pas. L'Haramathas avait toute
l'entreprise du Gué-Hinnom : il n'en remuait pas seulement hi terre, il en
excavait le rocher. Jardinier des morts, il était leur architecte leur maçon
et leur tailleur de pierre. C'est lui qui faisait leur maison. C'est lui qui
de ses propres mains avait creusé le caveau où il déposa le Nazir[48] et qui était
capable de recevoir le corps d'un homme placé horizontalement, plus ceux de
quatre personnes, dont deux anges, dans la station verticale. Est-ce lit le
travail d'un membre du Grand Conseil pendant la l'ôte de la pâque et au jour
du sabbat ? Nous avons consulté sur ce point un carrier renommé pour son
adresse et il nous a répondu que pour pratiquer sans l'emploi des explosifs
une excavation cubant quinze mètres dans un banc de calcaire, il ne fallait
pas moins d'un mois à raison de dix heures par jour, et le double dans un
banc de granit, un seul ouvrier ne pouvant abattre plus de cinquante
centimètres cubes par journée, à cause du travail en
ciel. Je veux bien qu'étant français ce carrier ne puisse fournir la
même somme d'ouvrage qu'un personnage de l'Évangile, mais plus l'Haramathas lui rendra de points et plus cela fera
ressortir ses qualités privilégiées. Ce Joseph est d'une vigueur et d'une
habileté que nous comparerions à celles d'Hercule et d'Apollon réunis, si ce
n'étaient là des images païennes déplacées sous l'azur qui encercle le peuple
élu. Comme ce serait, faire injure à Joseph de supposer au caveau creusé en
un tel lieu une destination personnelle ou de famille, nous devons croire que
ce Briarée — on me passera Briarée
qui après tout n'est qu'un monstre — avait creusé le caveau pour la clientèle
spéciale à laquelle il le destinait. Si l'on admet qu'il a fait entre six et
huit heures du soir une excavation dans laquelle deux femmes et deux anges
peuvent se tenir debout, on ne peut s'empêcher de regretter la disparition
d'un conseiller à la fois assez riche pour
entreprendre le percement de Quant à Nicodème, c'est un envoyé de la famille, sans
doute un parent, à qui le deuil donne le droit de rompre Les cimetières étaient rares d'ailleurs, Les riches se faisaient enterrer le plus souvent dans leurs propriétés. Enterrer n'est d'ailleurs pas le mot qui convient, car on choisissait de préférence une sorte de galerie taillée dans le roc et dans laquelle on creusait des cases. Cependant, après avoir assassiné Ananias et sa femme, Shehimon et compagnie leur creusent une fosse hâtive dans leur jardin. Dans la mystification de L'Haramathas pouvait réclamer là
corps, tous les corps même ils lui appartenaient. Luc confirme le Quatrième
Évangile en ce qui touche son rôle : c'est bien lui qui descend le corps
et le met dans un roc où personne n'avait encore été
mis, pour que, même mort, la nazir ne rompit
point son vœu. L'Haramathas et Nicodème posèrent là le corps, à cause de la préparation des Juifs (au sabbat), parce
que le tombeau était proche. En effet, la loi du sabbat leur interdisait
toute espèce de travail. Pourtant voici Nicodème qui va chercher en ville
cent livres de myrrhe et d'aloès et une quantité notable de bandelettes ;
voici que les deux hommes font nonobstant V. — L'ASSOMPTION (ENLÈVEMENT) NOCTURNE. Avant d'opposer à la résurrection le veto de la nature et de l'histoire, le veto même de toute la famille qui n'avoua même pas la crucifixion, il nous faut examiner un cas qui aurait pu se produire, l'apparence de la mort puis le retour à la vie. En effet, le supplice de la croix n'était pas mortel en soi ; il ne le devenait que par le temps et les conséquences, insolation, congestion, soif, faim. Josèphe a personnellement connu non pas un mais plusieurs crucifiés qui vivaient encore au bout de quelques jours. Envoyé aux environs de Jérusalem après la chute de la ville en 823, il trouva des suppliciés parmi lesquels trois de ses munis ; il eut le temps de retourner auprès de Titus pour implorer leur grâce et de revenir pour les ôter de la croix. Deux d'entre eux moururent dans les mains des chirurgiens qui les pansaient, mais le troisième survécut longtemps et peut-être vivait-il encore lorsque Josèphe en parle. Ce cas s'élimine de lui-même par l'Assomption de Bar-Jehoudda qui. dans les plus anciennes Écritures, a lieu le jour même de l'enlèvement : il n'y a donc eu survie ni pendant quarante jours, comme on le lit dans les Actes, ni pendant dix-huit mois, ni pendant douze ans, comme on le lit chez certains Gnostiques. Ou a bâti des romans absurdes sur l'hypothèse du crucifié transporté chez les Esséniens ou Thérapeutes, soigné par les disciples et revenu à la vie. Cette hypothèse n'aurait rien eu d'impossible, malgré son invraisemblance, mais comme elle est contraire à toutes les données primitives, nous ne pouvons nous y arrêter. Jésus donne pour le vendredi soir au bon larron — c'est notre ami le vertueux Simon de Cyrène — un rendez-vous auquel il n'aurait pas permis que manquât le fils de David. Le bon larron à qui Jésus dit : Vous serez aujourd'hui avec moi dans le Paradis[54], aurait eu une déception étrange si, arrivé à destination, il n'avait pas trouvé Bar-Jehoudda en bonne place. Le Verbe, à qui rien n'échappe, n'aurait pas compris les raisons pour lesquelles le crucifié principal n'aurait pas accompagné là-haut son bienheureux séide. Mon ami, eût il dit à ce dernier, on nie la chance, on a tort. Supposez qu'au lieu de voler avec plus ou moins d'effraction et en versant plus ou moins de sang, vous ayez scrupuleusement observé la loi commune, vous n'auriez point été crucifié. Si vous n'aviez point été crucifié, vous resteriez confondu dans cette tourbe des Pharisiens et, des Saducéens que je réserve pour l'enfer. Au lieu de cela, vous pillez, vous volez, on vous crucifie, un heureux hasard vous place à côté d'un fils de David, vous voilà au Paradis. Cela ne vaut-il pas mieux que d'avoir été honnête homme ? Vous êtes Juif sans doute ? — Oui, Seigneur, pour vous servir. Et Bar-Jehoudda, qui avait tué ou fait tuer beaucoup plus de monde, serait resté en traitement sur la terre pendant l'apothéose du Cyrénéen ? Il faut n'avoir aucune idée de la justice de Dieu, pour s'arrêter à une telle inégalité du sort ! Bar-Jehoudda était bien mort lorsque sa mère l'a ressuscité par un enlèvement. Elle va nous le dire elle-même. On a le choix entre cinq constats. Les plus anciens sont ceux du Quatrième M'aligne et d'un cinquième écrit dont l'épilogue est, resté accolé à celui de Marc. Vient ensuite celui de Luc, puis celui de Marc. Le dernier est celui de Mathieu. Mais il ne nous reste plus qu'un seul aveu de l'enlèvement : il est dans le Quatrième Évangile, Nous n'avons plus qu'une seule indication sur la direction dams laquelle le corps a été enterré : c'est Luc qui la donne. Sitôt le sabbat passé — avec quelle ponctualité, quel zèle tout ce monde observe le sabbat ! Sans cela d'ailleurs Jésus n'aurait assumé ni Bar-Jehoudda ni son père ! — Salomé revint au Gué-Hinnom avec sa fille et rechercha l'emplacement où avait été mis le corps. Les deux femmes qui la veille ont guetté l'Haramathas et Nicodème pour voir où ils déposaient le corps et comme ils l'étendaient, cette mère et cotte sueur n'ont point eu la mémoire tellement courte qu'elles n'aient pu le remarquer à certains signes. Et puis Nicodème semble bien devoir être identifié avec un Cléopas, peut-être le père de celui que nous connaissons. Shehimon et Cléopas étaient à quelque distance, attendant qu'on les prévint pour Opérer l'enlèvement. C'est la femme de Cléopas qui fit la commission[55], nous en avons la preuve, Comme nous avons la prouve que le nom de Cléopas était dans les premiers Évangiles : En dehors de Maria, la résurrection a eu deux témoins, s'écrie l'Anticelse[56] : Shehimon et Cléopas ! Nous en avons une autre prouve dans l'épilogue joint à l'évangile de Marc. Dans Luc, le vendredi soir, les deux femmes s'approchent, suivent Joseph, voient l'endroit où il dépose le Nazir et même elles regardent comme le corps y serait étendu sans aider à l'ensevelissement. Malgré leur attention, elles ne voient pas Nicodème et Joseph embaumer le corps ! Elles s'en retournent préparer les aromates et la myrrhe. Luc laisse encore aux deux hommes l'honneur d'avoir enseveli le Nazir, mais il leur refuse celui de l'avoir embaumé et il met cotte Seconde opération le dimanche matin pour donner aux doux femmes une occasion de revenir au cimetière. Dans Marc, le sabbat approchant, Joseph, devenu membre du
Grand Conseil et qui attend, lui aussi, le Royaume de Dieu, — il ne s'en
cache plus de peur des Juifs, comme dans le Quatrième Évangile — s'enhardit
jusqu'à aller trouver Pilatus à son palais (relations
diplomatiques) pour lui demander le corps. Quoi
! déjà ? Pilatus s'en étonne au plus haut point et il y a de quoi, puisque
dans la version actuelle de Marc il ne s'écoule que trois heures entre la
mise en croix et la mort[57] ! Aussi n'en
veut-il rien croire avant d'avoir fait venir le centurion de garde au
Guol-golta. Il va sans dire que le centurion confirme la déclaration de
Joseph et que Pilatus autorise celui-ci à prendre le corps. En tout cas il ne
se méfie pas d'un enlèvement, il ne fait rien pour l'empêcher, et
certainement il ne laisse pas de poste au Guol-golta. Le scribe ne commet pas
les imprudences du Quatrième Évangile : on n'a cassé les jambes à
aucun des suppliciés, on n'a pas donné de coup de lance au Nazir dans le côté, il n'est plus question du Jardin où
l'Haramathas enterre indifféremment tous les
malfaiteurs, de caveaux pleins et de caveaux où personne n'a encore été mis,
non, tout cela n'est bon qu'à éveiller les soupçons. Ce Joseph et ce Nicodème
qui rendent les derniers devoirs au roi-christ alors que sa mère et au moins
une de ses sœurs sont lit, ces cent livres de myrrhe et d'aloès achetées par
Nicodème, ce labeur nocturne, non, personne ne voudra croire qu'il se soit
trouvé deux Juifs, dont l'un Membre du Grand Conseil, pour travailler à une
pareille besogne, le sabbat commencé. Les scribes suppriment totalement
Nicodème avec ses cent livres de myrrhe et d'aloès ; Joseph descend le corps
de la croix, l'enveloppe d'un linceul qu'il a acheté et l'emporte. Seul ? C'est
impossible, mais librement et sans surveillance. S'il lui plaît, on violant
le sabbat, d'emporter le corps pour l'enterrer loin de ce lieu infâme, il le
peut. Il le dépose dans le caveau vide, roule une pierre devant et se retire.
Il est de toute évidence, et cette succession de gestes le démontre, qu'à
part certaines précautions, Joseph n rendu le même office à tous les suppliciés.
En effet, Cependant nous savons par Mathieu qu'elles ont fait l'embaumement dès le vendredi soir, car dans le constat de résurrection qu'a forgé cet évangéliste, elles viennent au tombeau le dimanche matin sans le moindre aromate. La loi leur permettant, leur ordonnant même de violer le sabbat, elles l'ont violé. Mais comme, sous son pseudonyme de Magdaléenne, Salomé n'est plus la mère du roi-christ ; comme Maria Cléopas n'est plus la fille de Salomé ; comme, sous son nom grec, Nicodème est indéchiffrable ; comme, sous sa robe de Grand Conseiller, l'Haramathas est méconnaissable, il ne faut pas que l'embaumement soit du vendredi soir ; sinon, quel prétexte auront les femmes pour revenir au cimetière le dimanche matin ? Elles auront l'air de n'y revenir que déclenchées par les scribes, uniquement pour dresser le procès-verbal de la résurrection. D'autre part, comme on se dispose à soutenir que le crucifié l'avait annoncée aux femmes, il ne faut pas que sa mère et sa sœur donnent le plus formel démenti à cette assertion en procédant à l'embaumement dès la déposition. En tut mot, les exigences de la fable ne permettent pas que Salomé et, sa fille aient fait l'embaumement, en temps voulu, et personne ne leur reprochera d'avoir manqué à leur devoir, puisque désormais elles ne tiennent au supplicié par aucun lien de chair. La pensée qui les a guidées tout d'abord, ç'a été de donner à Bar-Jehoudda une sépulture topographiquement honorable, de ne pan le laisser dans un endroit qui jugeait son cas devant l'histoire. Ce qu'on avait voulu éviter nu Nazir, en s'entendant avec l'Haramathas pour que le corps fût mis à part et dans un caveau vierge, c'est la promiscuité. Ce n'est pas seulement le caveau qui était vierge, mais toute la galerie. C'était un caveau dans lequel aucun autre supplicié n'avait été déposé, ni personne avant lui[58]. Par là le Nazir observait son vœu même après la mort. Le sabbat passé et même le siècle, Cotte Assomption se présente dans des conditions beaucoup
plus difficiles que Il y a là un dialogue absolument incompréhensible, tant qu'on n'en a pas découvert les dessous mythiques. Maria voit bien son fils, mais elle ne le reconnaît pas puisqu'il est devenu Jésus dans la fable et que, sous cette forme, il est vivant. Elle le prend pour le jardinier du Gué-Hinnom, le gardien de la nécropole, l'Haramathas lui-même : Si tu l'as enlevé (de la croix), lui dit-elle, dis-moi où tu l'as déposé afin que je l'enlève moi aussi (du caveau). Mais Jésus d'un mot lui impose silence : Maria, dit-il. — N'oublie pas que tu es Salomé, mère de l'enlevé, inutile de raconter l'histoire de l'Haramathas qui a mis à part le corps de ton fils, grâce à quoi vous avez pu l'emporter ailleurs ! La postérité n'a pas besoin de savoir ces choses-là. — Maître ! répond-elle. Et ici elle veut (comme le 17 nisan 789) toucher son fils pour l'enlever ; mais il répond par l'organe de Jésus : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père (je suis toujours sur la terre)[60], mais j'y vais monter, remorqué par Jésus ; va vers mes frères pour leur redire : Je monte vers mon Père et vers votre Père, mon Dieu et votre Dieu. Sur ces paroles Maria va dire aux disciples qu'elle l'a vu ressuscité. C'est donc elle qui, pour que Jésus pût un jour assumer son fils, a eu l'idée de l'enlever du Gué-Hinnom, et de dire ensuite qu'il n'était pas mort puisqu'il n'avait pas même été crucifié. Si elle n'est pas brachialement l'auteur de l'enlèvement, l'initiative est d'elle. C'est l'œuvre de son génie maternel. Voilà la vérité dépouillée de sa robe mystique. Pour assumer Bar-Jehoudda, ce n'est pas au Gué-Hinnom que Jésus doit aller, c'est dans le lieu secret où on l'a transporté. Il ira donc quand il jugera le moment Venu, mais pas tout de suite, puisque d'après la convention le mort est, toujours parmi les vivants. C'est ce qui a retardé l'Assomption de plus de cinquante ans. L'Épilogue ajouté à Marc[61] n'est qu'une
réduction de cette scène : Étant ressuscité, le
matin, au premier jour de la semaine, il apparut d'abord (sous la forme du jardinier) à Maria On l'a enlevé du sépulcre, dit-elle, et tous (elle dirait je, si elle n'associait les deux hommes au mensonge qui va suivre) ne savons où on l'a transporté. (N'est-ce pas ? C'est bien entendu ? Nous ne savons pas.) Cette consigna échangée, Shehimon et, l'autre courent au tombeau, comme s'ils ignoraient qu'ils y eussent fait le vide dès le samedi soir. Le camarade de Shehimon arrive le premier, et s'étant baissé aperçoit les linges à terre, mais il n'entre point, on l'accuserait d'avoir coopéré à l'enlèvement ! Shehimon arriva le second, mais entre le premier (il n'a donc pas pu aider l'autre !), voit d'une part les linges et, roulé dans un endroit à part, le suaire qui avait été sur la tête du mort. Alors il croit. L'autre disciple voit pareillement et croit. Aucun ne se rappelant qu'il a aidé l'autre, tous deux croient. Et que croient-ils ? Qu'ils n'ont pas enlevé de nuit le corps de Bar-Jehoudda, car ils ne connaissaient pas encore ce passage de l'Écriture, disant qu'il doit ressusciter des morts. Après quoi, les disciples rentrent chez eux[63] (sic.) Très bien. Il n'y a plus qu'à déterminer le nom du camarade de Shehimon. Vous avez remarqué que la mère du ressuscité vient seule au tombeau et que Maria Cléopas est absente. Maria Cléopas qui, dans toutes les versions, assiste à la crucifixion et, à l'ensevelissement, n'est pas au tombeau lorsque les scribes dressent par l'organe de sa mère le procès-verbal de la résurrection ; elle est allée prévenir son mari qui est venu la nuit et a opéré l'enlèvement, avec Shehimon. Comme dans le Quatrième Évangile, c'est à Sur le principe, l'accord est complet entre les quatre Évangiles : il n'y a pas l'ombre de résurrection, personne ne prétend avoir vu Bar-Jehoudda ressuscitant. Pas le plus petit miracle, mais une grosso maladresse qu'on va réparer comme on pourra : Maria reconnaît qu'il y a eu enlèvement au Guol-golta, et que doux anges ont transféré son fils en un lieu que nous ne savons pas, dit-elle. Reste une question, celle de savoir si Shehimon et Cléopas ont enlevé lu corps dans la nuit du sabbat, celle du vendredi au samedi, ou dans la suivante, Car le sabbat ne les liait pas, ils avaient le pouvoir de le violer, étant les plus proches parents du mort, après la mère. Mais ce qui prouve que le corps ne fut pas enlevé la nuit du vendredi, c'est la complète similitude du cas du Joannès avec celui de Jonas, similitude qui exige trois jours et trois nuits. C'est ensuite que, dans Marc, Maria ne procède à ses achats d'aromates que le samedi soir, comme s'il était encore temps, et que dans tous les Évangiles elle ne constate l'enlèvement que le dimanche à l'aube. Elle n'a donc violé le sabbat que pour l'embaumement, et elle a réservé l'enlèvement pour le samedi soir après six heures, parce qu'à cette besogne il fallait des hommes et qu'elle n'en avait pas sous la main. Dans Marc, sitôt, le sabbat passé, les deux Maria vont acheter les aromates. Le marchand fait des affaires d'or. Juif de la bonne école, il se garde bien de dire que la veille à la même heure, et pour le même objet, il a déjà vendu cent livres de myrrhe et d'aloès à Nicodème et que l'embaumement est fait[64]. Il ne leur rappelle pas non plus que, la veille à cette même heure, il leur a vendu à elles-mêmes ce qui leur était nécessaire[65]. Il livre et il empoche pour la troisième fois, tandis que les deux femmes, rentrées chez elles, font, la mixture selon la formule et préparent les bandelettes. Le dimanche, à l'aube, elles viennent au cimetière pour embaumer le corps, en réalité mobilisées par les scribes pour être les complices de la fourberie de la résurrection. La pierre placée devant le sépulcre est extrêmement grande, afin qu'elles aient plus de peine encore à la remuer, et on chemin, elles se demandent avec anxiété qui la leur roulera. Heureusement qu'il y a une Providence. La pierre est roulée et le sépulcre ouvert. Il est, lui aussi, extrêmement grand. Les femmes y tienne et toutes les deux debout, et une fois outrées, elles aperçoivent une troisième personne, assise à droite, un jeune homme vêtu d'une robe blanche, dont la présence on un tel lieu leur cause beaucoup de frayeur. Elles ont bien tort, car qui reconnaîtra, dans cet ange céleste, Shehimon et Cléopas, les deux anges terrestres que le Quatrième Évangile et Luc laissent encore on fonction ? De plus, il est assez averti pour en valoir deux, car dans les explications qu'il fournit, il se garde bien de prononcer le mot enlèvement : Vous cherchez le Nazir lequel a été crucifié : il n'est point ici, il est ressuscité. Voici le lieu où on l'avait mis (elles le connaissent beaucoup mieux que lui). Mais allez dire à ses disciples et à Pierre : Il vous précède en Galilée ; là vous le verrez, comme il vous l'a promis. On se rappelle au contraire — revoyez le Quatrième Évangile, si formel ! — que Bar-Jehoudda n'avait rien promis de semblable. Il avait dit qu'il régnerait pendant mille ans avec le Christ, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. La nouvelle de la résurrection produit un effet tout contraire
à celui qu'on en peut attendre, car les deux femmes, qui devraient être
enchantées, s'enfuient tremblantes de frayeur. Et tellement vite qu'elles ne
voient pas, d'un côté, le linceul, de l'autre les linges dont le Nazir s'est défait pour ressusciter. Bien mieux, Maria Mais elle est identique sur le point essentiel. Le lieu
est plus le Jardin d'Hinnom, mais c'est encore un cimetière. Il n'est pas gardé,
l'entrée n'en est point recherchée, mais elle est libre. On a pu enlever le
corps quand on l'a voulu, et si on ne l'a pas fait en plein jour, ce n'est
point par peur du Temple ou de Pilatus, mais à cause du sabbat et par besoin
de mystère. On attendra la nuit du samedi au dimanche. Mais le corps est
embaumé depuis le vendredi soir, les femmes le savent bien, elles qui ce
soir-là ont vu Nicodème arriver avec ses cent livres de myrrhe et d'aloès !
Elles le savent bien, elles qui ont vu les aides de Joseph l'Haramathas placer la pierre devant le caveau et s'en
aller ! Elles le savent bien, elles qui ont, de par Ce sont bien elles qui ont dit les premières : Il faut l'enlever ; nous dirons qu'il n'a pas été crucifié. C'est ce premier mensonge qui a permis aux évangélistes de fabriquer le second : obligés, après un siècle, de reconnaître qu'il avait été crucifié, puisqu'il ne reparaissait pas, ils ont pu dire : Eh bien, oui, il l'a été, mais il avait annoncé à sa mère et à sa sœur qu'il ressusciterait après trois jours et trois nuits comme feu Jonus ! A Luc le soin de plaider cette thèse. Le dimanche matin, VI. — L'IMPOSTURE SPÉCIALE À MATHIEU. Toutes ces versions sont antérieures à celle de Mathieu, car on n'y repend pas encore à l'accusation portée contre la famille d'avoir enlevé le corps. N'étant pas au courant du projet, qu'on prête à l'imposteur de ressusciter après trois jours, le Temple ne fait encore rien pour l'empêcher d'aboutir ; Pilatus non plus. Les évangélistes n'ont pas encore songé à expliquer par l'accomplissement d'une prophétie une disparition de cadavre que la mère du disparu explique tout uniment par un transfert. Le temps viendra où les scribes disposeront du mort au gré de leur caprice, lui faisant dire et faire tout ce qui leur parait utile, tantôt qu'il ressuscitera après trois jours et trois nuits, tantôt le troisième jour ; ici annonçant à Pierre qu'il ressuscitera, mais lui demandant de ne le dire à personne ; ailleurs l'annonçant lui-même à tous les pharisiens ; enfin montrant dans Luc qu'il l'avait annoncé aux femmes à l'exclusion des hommes : tous accumulant les détours et les supercheries pour chercher à établir que Bar-Jehoudda ; mué en Jésus, avait prédit ce miracle. La version de Mathieu est la dernière, incontestablement.
Vous avez remarqué les progrès de la fable depuis la maladroite version du Quatrième
Évangile. Il y a dans cette version les mots les plus malheureux du monde
: celui de Jardin, ce Jardin où l'on enterre les corps des malfaiteUrs. Tout homme un peu au courant de l'assiette
de Jérusalem y reconnaîtra la pointe du Gué-Hinnom : le mot Jardin ne
reparaîtra plus. Luc seul laissera filer un rayon de l'ancienne lumière sur
la spécialité de ce lugubre endroit ; il parlera du caveau
où on n'avait encore mis personne. Le mot enlèvement
est un mot déplorable on ne le reverra plus. Dans Mathieu il n'y a plus que
trois croix bien comptées de manière à effacer l'impression d'une révolte
appartenant n l'histoire et châtiée par des exécutions nombreuses. Le nazir Bar-Jehoudda, devenu Jésus, est entre deux
brigands, pas davantage. La foule l'a mis nu, quoique le Quatrième Évangile
lui laisse sa chemise sans couture. Elle s'est partagé ses vêtements en les tirant au sort, quoique les soldats de Pilatus se les
soient appropriés déjà. Parmi ceux qui assistent au supplice, outre le
centurion et ses soldats, il y a Simon le Cyrénéen qu'on a requis de porter
la croix. Les femmes de Le soir du vendredi, Joseph, qui est tout à fait d'Arimathie, homme riche et décoratif, se présente devant Pilatus et obtient de lui que le corps lui soit remis. Il ne réclame que celui-là, les autres étant trop durement qualifiés par Mathieu pour rentrer dans une mesure où le roi-christ est compris. L'Haramathas monte en grade ici : il ne se contente pas d'attendre le Royaume, il a été disciple du crucifié. Dignité telle qu'on lui enlève celle de membre du Grand Conseil. Mathieu ne veut plus que Nicodème ait dépensé cent livres de myrrhe et d'aloès pour embaumer Bar-Jehoudda de concert avec Joseph, et que cette opération longue et dispendieuse ait eu lieu après le coucher du soleil, le sabbat commencé. Cola se comprend : il emploie Joseph à une tout autre besogne : il lui fait creuser de ses propres mains, dans le roc, le caveau destiné à recevoir le corps. Le scribe a voulu un caveau creusé non d'avance et par métier, mais improvisé hâtivement et par piété, afin de montrer qu'il n'y avait point là de cimetière spécial, car on commençait à ne plus convenir que Bar-Jehoudda eût été mis au rang des malfaiteurs. Marc et Luc étaient des étourdis ! Après cet exploit dont un Titan s'enorgueillirait presque, Joseph enveloppe le corps dans un linceul pur, le dépose dans le caveau, roule une grosse pierre devant et s'en va. En face du sépulcre sont assises Mathieu, naturellement, ne le dit pas. Mais quand le dimanche,
dans l'aube blanchissante, Les scribes ont compris que cette myrrhe, cet aloès, ces bandelettes, ce linceul de tête, ces linges en paquet, cette pierre roulée ne sont pas des arguments suffisants en faveur de la résurrection, et surtout que cela n'écarte pas l'hypothèse de l'enlèvement si maladroitement soulevée par d'autres scribes. Ils suppriment toute espèce d'embaumement, que ce soit par Nicodème ou par les femmes. Mathieu répond ainsi aux objections faites par les impies, et tirées de ce fait évident que, d'une part, le mort n'ayant aucunement prédit sa résurrection aux femmes, d'autre part, le cimetière n'ayant point été gardé, rien n'a été plus facile, sans même violer le sabbat, que d'enlever le corps, dans la nuit du samedi au dimanche, par exemple. Voici donc ce qu'imagine Mathieu : le samedi matin les chefs des prêtres et les pharisiens vont trouver Pilatus et lui disent : Quand ce séducteur était vivant, il prétendait qu'il ressusciterait après trois jours. Fais garder le tombeau, de peur que ses disciples ne le dérobent et ne disent au peuple : il est ressuscité des morts ! Ce serait un mal pire que le premier (la prédication millénariste et les baptêmes). » Pilatus leur accorde les gardes qu'ils demandent et ils vont avec aux sceller la pierre que l'Haramathas s'est contenté de rouler devant le tombeau. Nous avons ici une nouvelle certitude que le corps ne fut pas enlevé avant la nuit du samedi au dimanche. C'est le samedi matin que les chefs des prêtres et les pharisiens vont avec les soldats romains vérifier et sceller le sépulcre. Si le corps avait disparu dans la nuit du vendredi au samedi, c'est le vendredi soir que Mathieu enverrait le Temple demander des gardes à Pilatus. L'évangéliste est tellement sûr que l'enlèvement n'a pas été opéré dans la nuit du sabbatique repos, qu'on venant, sceller le sépulcre les prêtres jugent superflu de regarder dedans. C'est l'aveu que le corps y était toujours. Le dimanche matin, sur un tremblement de terre devant lequel il n'y a point de ciment romain qui tienne, un ange du Seigneur descend du ciel, s'avance vers le tombeau, roule la pierre descellée par la secousse hors de l'ouverture : le corps n'y est plus. L'aspect de l'ange étant comme un éclair et son vêtement blanc comme la neige, les gardes effrayés devinrent comme morts, et en effet ils le sont depuis trois cents ans quand Mathieu les fait intervenir. Remarquez que l'ange descend du ciel et qu'aucun ange terrestre comme Cléopas et Shehimon n'étant entré dans le sépulcre avant lui, il ne peut y avoir eu enlèvement. Aucune intervention de moyens humains dans cette disparition : le mort n'est ressuscité par sa propre puissance. Et plus tard il n'a pas été assumé par Jésus, il s'est enlevé de son propre mouvement. C'est l'Assomption convertie en Ascension. Peu préoccupé de l'embarras des gardes, l'ange fait constater aux femmes que le tombeau est vide, que par conséquent le mort est ressuscité selon sa parole et que, selon sa parole aussi, on le retrouvera en Galilée. Il leur recommande d'en prévenir les disciples. Comme elles y vont, le mort lui-même apparaît qui leur parle, leur fait toucher ses mains et ses pieds, les rassure et disparaît enfin, donnant rendez-vous à tous en Galilée, où en effet, selon l'Apocalypse, Jésus attend indistinctement tous les Juifs pour les récompenser ou les punir. De leur côté, les gardes vont annoncer aux chefs des prêtres et aux anciens ce qui est advenu, lesquels, après en avoir délibéré, leur donnent une bonne somme d'argent, leur disant : Déclarez que les disciples sont venus de nuit l'enlever pendant que vous dormiez. Si le gouverneur a connaissance du fait, ne vous inquiétez pas, nous l'en persuaderons et vous mettrons hors de peine. Les gardes prennent l'argent et font comme on leur a dit, tellement que cette explication, l'enlèvement, s'est répandue parmi les Juifs jusqu'aujourd'hui. Et non seulement parmi les Juifs de Jérusalem, mais parmi tous les évangélistes antérieurs à celui-ci, comme nous venons de le voir. Cependant les onze apôtres qu'on a définitivement constitués — autour d'Is-Kérioth qui s'est pendu — retournent en Galilée, sur la montagne désignée par Jésus, le Basan. Là, ils le trouvent et l'adorent. Quelques-uns d'entre eux doutent (est-ce possible ?), mais il leur parle, les réconforte, et leur donne pouvoir sur les nations jusqu'à la consommation du Cycle (du Zib ou Poissons en cours depuis le 15 nisan 789.) Grand changement, comme on voit. L'enlèvement, parfaitement avoué dans le Quatrième Évangile par la mère du crucifié, n'est plus ici qu'une misérable explication des Juifs incrédules et déicides. Notez que le mensonge de Mathieu n'est pas sans fondement en ce qui touche la constitution d'un poste romain à un moment donné ; il est certain que Pilatus fit garder les croix du mercredi trois heures au vendredi six heures. Mais après que, par considération pour le Temple, ils ont rendu les corps à l'Haramathas qui de son côté devait les rendre à la terre, il retira le poste dont la mission avait pris fin. L'enlèvement dans la nuit du vendredi eu samedi eût été impossible sans la complicité des gardes avec l'ange. Or il est inadmissible que les soldats de Pilatus se soient entendus avec un ange juif afin de soustraire 'u leur propre surveillance un homme crucifié pour rébellion contre eux-mêmes, et qu'ensuite ils aient fait- à leur chef une déclaration grossièrement mensongère qui les exil/osait aux châtiments les plus rigoureux. D'autre part, on ne voit pas bien Kaïaphas donnant de l'argent aux gardes uniquement pour corroborer In thèse de Mathieu, à savoir qu'il n'y a pas ou enlèvement mais auto-résurrection. On n'aurait pris de précaution contre l'enlèvement que dans un seuil cas, celui où le nazir aurait annoncé sa résurrection dans le terme de celle de Jonas, mais alors ce n'est pas la résurrection qui eût été impossible, c'est l'enlèvement lui-même. Car tout le monde, à commencer par Kaïaphas et Pilatus, en aurait connu d'avance et le jour et l'heure. Et dans ce cas, ou ils auraient constitué la garde nécessaire pour l'empêcher, ou ils se seraient eux-mêmes constitués gardiens de caveau pour être les premiers è jouir d'un spectacle dont il y avait des exemples, évidemment, mais rares. Du vendredi, trois heures de l'après-midi, au dimanche, trois heures, du matin, il n'y a évidemment pas trois jours. Pour respecter sa prophétie, il eût fallu que le Nazir ressuscitât le lundi après trois heures de l'après-midi, en plein jour, à l'heure où le soleil est singulièrement photogène. Dans les autres évangélistes il s'engage simplement à ressusciter le troisième jour, ce qui lui laisse quant à l'heure une latitude dont il abuse pour disparaître avant la neuvième heure de la seconde journée[67]. Pour Mathieu, il y a deux tremblements de terre à trente-six
heures d'intervalle, l'un le vendredi lorsque Bar-Jehoudda rend l'esprit, l'autre
le dimanche lorsque l'ange vient constater que le corps a disparu du tombeau.
Ce second tremblement a pour effet de ressusciter des saints endormis depuis
longtemps, qui entrent dans la ville et parlent à de nombreuses personnes[68]. Il a cet autre
effet que personne ne s'en aperçoit en dehors des saints arrachés au sommeil
et projetés hors de leur tombeau avec une telle violence qu'ils font une
entrée involontaire dans Jérusalem. Parmi ces saints n'étaient ni Jehoudda ni
Zadoc qui, comme vous le savez déjà, avaient été
enlevés au ciel ; vingt-huit ans auparavant. Ni Pilatus, ni Kaïaphas, ni Hanan, ni les milliers de Juifs réunis pour VII. — SECRET À QUATRE. En somme, cinq versions aussi inconciliables que possible
: dans chacune, la preuve que le corps fut, enlevé, et que personne dans
Jérusalem ne cria à la résurrection, voilà le bilait de l'Écriture ! L'enlèvement lui-même ne fit aucun bruit dans Jérusalem :
le Temple et Pilatus n'avaient pris aucune précaution, pour s'y opposer,
personne sur le moment n'en sut rien et par conséquent ne le trouva mauvais.
En parlant, la famille eût craint de laisser échapper le seul Secret qu'il y
eût dans cette affaire, celui de l'endroit où elle enfouit le corps. Et
comme, dans Mathieu, on voit le Temple donner de l'argent aux gardes pour ne
rien dire à Pilatus, celui-ci abandonna Shehimon et Cléopas n'avaient aucun intérêt à parler, à provoquer une enquête qui eût tourné à leur confusion immédiate, Ils ou avaient un grand à se taire, ne fût-ce que pour ménager peut-être, sous le nom de Nicodème, Cléopas, oncle du crucifié[69]. Quant à l'Haramathas, s'il eût été membre du Grand Conseil, comme par sa démarche auprès de Pilotas il' se serait constitué responsable de tout ce qui pouvait s'ensuivre, c'est lui qui eût payé pour tout le monde. Au lieu du funèbre jardinier du Gué-Hinnom, figurons-nous
Joseph d'Arimathie sous ses apparences actuelles.
Qu'eût pensé le boit Joseph lorsque, revenant contempler son chef-d'œuvre
d'excavation, il eût trouvé la pierre roulée, les linceuls épars sans le
corps ? Son premier mouvement eût été, je pense, de lever les bras au ciel,
mais son second mouvement, je le vois d'ici. Joseph se précipite chez Pilatus
avec Nicodème pour lui dénoncer cette horrible profanation, cette violation de
sépulture suivie d'enlèvement ! L'étonnement, la douleur, l'indignation, font
battre le cœur du brave homme, et le visage de Nicodème est inondé de larmes.
Dos mots entrecoupés s'échappent de leur bouche : Seigneur, vous nous aviez permis d'ensevelir notre Maître
et nous l'avons fait. Voici Nicodème qui m'a aidé à le descendre de la croix,
nous lui avons, grâce à vous, rendu tous les soins qui sont dans les usages
de notre nation, et plus peut-être à cause de la vénération particulière que
nous avions pour lui.... Et ce matin, nous ne
l'avons plus trouvé où nous l'avions mis, on l'avait enlevé, la nuit ; la
pierre était roulée et les linceuls épars ! Comment cela peut-il se faire,
seigneur, car vous aviez accordé au Temple des soldats pour veiller devant
son tombeau, de peur qu'on ne vint le prendre ? Et
on l'a pris ! Seigneur, justice ! qu'on recherche les coupables et qu'on
les arrête ! Au contraire, mettons que Joseph ait attendu la
résurrection. Se représente-t-on l'émoi de Pilatus à cette révélation, cet
émoi se communiquant à tout le Temple et à toute la ville, toute la
population, secouée d'un immense frisson, dégringolant les pentes,
s'étouffant dans les rues étroites et tortueuses, comprimant d'une main
fébrile les battements de son cœur, reprenant haleine, et tombant à genoux
devant le tombeau vide dans le jardin où les premières roses s'ouvraient au
soleil du printemps ? C'est là, dans ce Jardin de résurrection, que le
christianisme serait né et que le judaïsme tout entier eût communié avec lui,
spontanément et sans lutte, sur la pierre roulée du sépulcre ! Moïse
s'inclinait, Pierre n'avait plus rien à prêcher, Bar-Jehoudda, on faisant sa
prouve, supprimait d'avance tous les travaux de l'apostolat et tous les
tourments des martyrs. Pierre et ses compagnons, au lieu de fuir loin de
Jérusalem, se montraient dans leur gloire au Sanhédrin repentant, ouvraient
les bras à Kaïaphas converti. On concluait, là une nouvelle Alliance avec
Iahvé, l'Eucharistie remplaçait immédiatement Rien n'est, plus facile. Pierre et ses compagnons sont aux
portes de la ville. Il semble qu'ils n'y soient restés que pour faire éclater
sur la montagne de Sion la vérité de la résurrection dans la personne du Nazir. Les voilà !... ils arrivent ! La vieille
âme des prophètes en est toute remuée. Quant aux Juifs venus des quatre
points de l'horizon pour |
[1] Paulus au livre V, De Sententiis, dist. 22.
[2] Plaute, Miles gloriosus, acte II, scène IV. Tacite, Histoires, l. II et IV. Capitolinus, Vie de Macrin. Sénèque, Lettre 7.
[3] Plaute déjà cité et Plutarque, De sera numinis vindicta, ch. XI.
[4] Marc, XV, 21. Dans Mathieu on lit qu'ils l'y contraignirent, XXVII, 32. S'il est vrai, comme le dit la famille, qu'on ait mis la croix de l'un sur le dos de l'autre, il a fallu en fabriquer une pour celui des deux qui n'en avait pas.
[5] Cf. Le Roi des Juifs.
[6] Gula, en effet, vient de guol.
[7] Toutefois on trouve le mot dans le Zohar. Les scribes grecs ont traduit guol-golta par l'endroit appelé Cranion, ce qui a fait penser au Cranion d'Athènes, mais ce n'est pas d'un sommet dénudé en forme, de crâne qu'il s'agit. On ne peut nier que le Guol-golta fût ainsi appelé, non à cause de son aspect crânien, mais à cause des crânes dont il était rempli. Ce n'est pas lieu du crâne qu'il y avait dans l'exemplaire d'Épiphane et dans la Vulgate ancienne, c'est lieu des crânes, Calvariæ. Aussi les peintres les plus anciens ont-ils représenté des ossements au pied de la croix, et nullement parce qu'Aaron avait été enterré là, comme le dit Joannés Molanus, d'après Albert le Grand. Tous ceux qui n'ont pas entièrement perdu le sens, Jansénius, in concordid evangelica, ch. 143, Grotius, in nolis evangelicis, Vossius, in harmonid evangelica, l. II, § 16, en conviennent. Nous faisons grâce aux lecteurs de la série des faux par lesquels l'Église est parvenue à placer le lien des exécutions sur le Calvaire actuel.
[8] Déclaré tel à jamais par le roi Josias. Hors de la ville sainte, dit Isaïe (LXVI, 21), sont les cadavres des rebelles dont le ver ne meurt pas et dont le fou ne s'éteint pas.
[9] Mathieu, V, 22.
[10] Lévitique, XVIII, 20 et XX, 2. Ces défenses sont très certainement postérieures à Moise lui-même et aux quarante années que les Juifs vont passées dans le désert après leur sortie l'Égypte. Il n'est point douteux, que dans les temps antérieurs aux Écritures, ils n'aient brûlé leurs enfants en l'honneur le Moloch, très probablement leurs striés. Abraham est le premier qui semble avoir hésité devant cette atroce coutume : mais il avait préparé tout ce qu'il faut peur y satisfaire, lorsqu'une voix intérieure lui commanda d'y manquer. La loi de naziréat, dans laquelle ou prescrit le rachat du premier-né moyennant argent, est la trace d'une loi plus ancienne et plus barbare. Malgré les beaux préceptes et les mirifiques descriptions cultuelles que nous lisons dans les livres dits de Moise, c'est Moloch que les Juifs ont adoré dans le désert : Maison d'Israël, s'écria Iahvé dans Amos (V, 25, 26), m'avez-vous offert des hosties et des sacrifices dans le désert pendant quarante ans ? Vous y avez porté le tabernacle de votre Moloch, l'image de vos idoles et l'Etoile de votre dieu (c'est l'Etoile du matin annonciatrice du soleil, celle, que dans son Apocalypse, Bar-Jehoudda disait être), qui n'étaient que des ouvrages de vos mains ! Dans le discours de Jacob junior, lapidé par Saül sous le nom de Stephanos (Cf. Le Roi des Juifs), le scribe des Actes des Apôtres (VII, 42, 43) le leur reproche dans les mêmes termes qu'il emprunte textuellement au discours d'Iahvé dans Amos, et de plus il nous apprend que, dans cette idolo-astrolâtrie, l'Etoile du dieu s'appelait Romphan. Les sacrifices à Moloch ont recommencé au Gué-Hinnom de Jérusalem, comme un peut le voir par le Psaume CV, 37, par Ézéchiel, XVI, 20, 21 et XXIII, 39, par Jérémie, VII, 31, et par le deuxième livre des Rois, XXIII, 10. Pour couvrir les cris que la souffrance arrachait aux malheureux, qui des bras de Moloch tombaient dans la flamme du bûcher, on battait les loph ou tambours avec une frénésie sauvage : d'où l'endroit avait été nommé Topheth.
[11] Jérémie, VII, 31, 32.
[12] Jérémie, XIX, 1-11.
[13] Récit de voyage, présenté par l'Église comme étant du quatrième siècle.
[14] Joël, III, 7.
[15] Luc, VII, 28.
[16] Dans le Quatrième Evangile où il a bien voulu se prêter jusqu'au pied de la croix à la fantaisie de Cérinthe, Jésus refuse d'aller plus loin et de tromper plus longtemps ceux qui ne sont pas initiés au principe de la christophanie. Il s'approche de sa mère selon le monde et lui rend son véritable fils, le Joannès, dont il a pris le corps pour faire entendre la voix de la Parole divine. Nous reviendrons amplement sur ce mythe dans les volumes où nous étudions la fabrication de Jésus.
[17] Marc, XV, 25.
[18] Quatrième Evangile, XVIII.
[19] Marc, XV 26 : Et le titre de sa condamnation était ainsi écrit : le Roi des Juifs. La condamnation par le sanhédrin remontait à cinquante jours.
[20] Luc, XXIII, 33. Il y avait au-dessus de lui une inscription était écrit en caractères grecs, latins, et hébraïques : Celui-ci est le roi des Juifs.
[21] Mathieu, XXVII, 37.
[22] Quatrième Evangile, XIX, 19.
[23] Quatrième Evangile, XIX, 20.
[24] Le Quatrième Evangile laisse à penser qu'il y serait retourné le vendredi vers six heures du soir. On verra pourquoi.
[25] Bris des iambes.
[26] Luc, XXIV, 7, 21, 46.
[27] Mathieu, XVII, 11 et Marc, XV, 32,
[28] Luc, XXIII, 39.
[29] Le rabbin de Celse.
[30] Anticelse, livre II, n° 45.
[31] On a supprimé le nom du Joannès et la virgule, de manière à obtenir : Maria Cléopas, sœur de sa mère.
[32] Conjonction ajoutée après qu'il fut décidé qu'on ferait de la Magdaléenne une personne distincte de Maria.
Thamar n'avait pas suivi. La mort d'Eléazar l'avait refroidie. (Cf. Le Roi des juifs.)
[33] On se rappelle que Jehoudda est souvent appelé Joannès dans Mathieu et dans le Quatrième Évangile. (Cf. Le Charpentier.)
[34] Il est dit le petit par rapport à Jacob senior, son oncle.
[35] Il est dit le petit par rapport à Menahem, son oncle, surnommé Joseph dans les Évangiles et Joseph bar-Sabas dans les Actes des Apôtres.
[36] Marc, XV, 33 et suiv. A cette version opposons celles où il refuse de boire le mélange qu'on lui tend, le vinaigre lui étant défendu par son naziréat.
[37] Deutéronome, XXI, 23.
[38] Note du verset 31 du ch. XIX.
[39] XVIII, 23.
[40] Ceci quand on avoua qu'il avait été crucifié.
[41] II, 16.
[42] Le radical d'érénos, désert, est haram dont l'h se retrouve dans le grec sous la forme de l'esprit rude accolé à l'epsilon, et dont le sens étroit est celui de lieu privé, interdit au public, pour quelque cause que ce soit, bonne ou mauvaise. Aujourd'hui encore l'antique nécropole juive d'Alexandrie s'appelle Harahimiyé : elle est antérieure à l'ère en cours.
[43] Haramatha-is est formé syriaquement, comme Ptolémaïs, le lieu de Ptolémée, Antipatris, le lieu d'Antipater. Is est une manière de génitif. Is-Kérioth, c'est Kériothaïs.
Du mot sanscrit, math, et persan, mat, viennent mat (aux échecs), matador, matamore.
[44] A cause de cet autre Éléazar, frère, fils ou neveu de celui de 788, et qui tint contre Rome après la chute de Jérusalem.
[45] C'est un personnage spécial au Quatrième Évangile.
[46] Il y a aloès dans Papias qui ne connaît ni Luc ni le prétendu Johanan autour du Quatrième Evangile, mais seulement Mathias et Marces.
[47] Deutéronome, XXI, 23.
[48] Mathieu, XXIX, 60.
[49] Lettre de Julien à Photin, la soixante-dix-neuvième de l'édition Hertlein. Nous y reviendrons.
[50] Isaïe, LIII, 12.
[51] Luc, XXIII, 35 et suiv. On voit le chemin suivi par l'imposture juive. Au lendemain de la crucifixion : Il n'a pas été crucifié du tout. Un siècle après : Il avait prédit ce qui lui est arrivé, le Guol-golta par le prophète Isaïe, sa disparition après trois jours par l'apologue de Jonas.
[52] Luc, XII, 5.
[53] Épître aux Romains, XIII, 12.
[54] Luc, XXIII, 42, 43.
[55] Quatrième Évangile.
[56]
Répondant à cette observation de Celse qu'au fond la résurrection n'a d'autre
garant qu'une femme,
[57] En retardant la mise en croix de quarante-cinq heures pour donner un air de vraisemblance à la mystification eucharistique qu'elle a placée le jeudi soir, l'Église s'est trouvée obligée d'interpréter à la romaine l'horaire que Marc avait établi à la juive. Elle dit qu'il était neuf heures du matin lors de la mise en croix. Cela donne neuf heures de croix à Bar-Jehoudda.
[58] Luc, XXIII, 13 ; Quatrième Évangile, XXX, 41 ; Mathieu, XXVII, 60.
[59] Ainsi le commande la fable où Jésus, père de tout ce monde, a remplacé le Rabbi, fils aîné de Jehoudda et de Salomé.
[60] En Samarie, à Machéron où nous allons le voir transporté.
[61] Marc, XVI, 9.
[62] A qui il va apparaître sous une autre forme (Marc, XVI, 12), c'est-à-dire au banquet d'Ammaüs.
[63] Quatrième Evangile, XX, 1 et suiv.
[64] Quatrième Évangile.
[65] Luc.
[66]
Luc en double une,
[67] Ne jamais oublier que la journée juive commence à six heures du soir.
[68] En exécution de l'Apocalypse (XX, 4 et 5, p. 73 du Roi des Juifs) et dans les mêmes conditions que son auteur et Jonas lui-même, le quatrième jour.
[69] Plus nous réfléchissons au rôle de Nicodème dans cette circonstance, et plus nous pensons qu'il est le frère de Salomé, l'oncle des neuf enfants de Jehoudda. C'est il lui certainement et non à Joseph l'Haramathas que s'applique la phrase où il est dit que celui-là n'avait participé ni à leurs actes, ni à leurs desseins.