HISTOIRE D'ANNIBAL

 

APPENDICES.

APPENDICE A. — NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

 

 

Une critique rationnelle des sources de l'Histoire d'Annibal n'exigerait pas moins d'un volume ; et l'idée d'entreprendre un tel travail ne saurait nous venir à l'esprit. Toutefois, et sans procéder à de longues analyses, il convient de dire où nous avons puisé les documents mis en œuvre dans l'étude que nous présentons.

Tout d'abord, chez les Grecs, il convenait d'interroger Hérodote et Aristote, et nous n'avons point omis de le faire. Nous constations d'ailleurs, dès nos premières recherches, une perte fort regrettable, celle des ouvrages de Sosyle et de Philène, tous deux contemporains d'Annibal, et qui, tous deux, vécurent dans son intimité[1]. Bien que Polybe fasse de leur méthode une critique assez amère[2], on n'eût pas manqué de trouver dans leurs écrits des renseignements précieux. Contrairement, d'ailleurs, à l'opinion de Polybe, Cicéron faisait le plus grand cas de l'Histoire de Philène[3], histoire qui n'avait pas été écrite en grec, comme on le croit généralement, mais bien en langue punique. C'est ce que M. Firmin Didot père établit fort ingénieusement[4].

Rien ne pouvait remplacer pour nous les mémoires de deux historiographes témoins oculaires des événements ; mais, fort heureusement, il nous restait Polybe, dont la naissance se rapporte aux derniers temps de la deuxième guerre punique[5] ; et nous avons pris pour premier guide cet honnête soldat, dont le style vigoureux et simple respire toujours une philosophie pure et l'amour de la vérité. Avec lui, nous avons consulté Diodore de Sicile, Strabon, Dion-Cassius, et chacun de ces auteurs nous a dévoilé quelques traits de la physionomie de Carthage, d'Amilcar et de son Gis Annibal. Nous avons aussi interrogé Plutarque, principalement les Vies de Fabius, de Marcellus, de Pyrrhus et de Timoléon. Quelques éditions du grand biographe contiennent aussi les Vies de Scipion et d'Annibal[6] ; mais il est démontré que ces deux études doivent être attribuées au Florentin Donat Acciajuoli[7] qui écrivait au XVe siècle de notre ère.

L'Alexandrin Appien, qui vivait au second siècle de l'ère chrétienne[8], nous offrait une ample collection de données, et, bien que l'exactitude de cet historien soit souvent contestable, nous n'avons pas compulsé sans profit ses Guerres puniques, ses Guerres d'Espagne et d'Annibal. Nous avons aussi consulté Lucien, Procope et les Petits Géographes grecs. Signalons enfin un érudit du XIVe siècle, du nom de Theodorus Metochita, qui fit une étude spéciale de l'organisation politique de Carthage, et qui eut l'idée de publier en grec[9] le résultat de ses savantes recherches[10].

Nous avons ensuite abordé les Latins et lu, dès la première heure, l’Annibal de Cornélius Nepos. Cette biographie est malheureusement d'une concision désespérante ; c'est moins une histoire qu'un sommaire, un canevas à gros grains, présentant de fréquentes solutions de continuité. Mais, avec Nepos, nous possédions Tite-Live, son brillant contemporain[11], et c'est à Tite-Live que nous nous sommes adressé. On connaît la manière de l'historien romain. Son style élégant tourne souvent à la déclamation ; les jugements qu'il porte sont empreints d'une passion non équivoque ; on peut surtout lui reprocher de ne point contrôler d'assez près les renseignements dont il dispose, de ne point soumettre à une critique rigoureuse les sources auxquelles il puise. Son tort principal, à nos yeux, est de n'avoir connu que très-imparfaitement la géographie et l'art militaire, et de n'avoir pas sérieusement étudié Carthage. Cependant, malgré ses défauts et ses erreurs, Tite-Live nous a été d'un puissant secours ; nous l'avons toujours eu sur notre table en regard de Polybe.

En même temps, nous feuilletions Valère-Maxime et Pline le Naturaliste ; l'un et l'autre nous ont révélé des faits curieux. Florus nous a présenté des résumés saisissants, et Justin, de féconds aperçus. Les livres XVIII-XXIII de ce dernier sont, en particulier, d'une importance considérable, car ils contiennent à peu près tout ce que nous savons de l'histoire des Carthaginois avant leurs démêlés avec les Romains. Nous avons terminé nos éludes par la lecture de Salluste, de l'Incertus[12], d'Eutrope, d'Aurelius Victor, d'Ammien Marcellin, de Frontin, de saint Augustin et de Paul Orose ; et parfois nous avons extrait de ces textes des documents précieux. Nous citerons enfin pour mémoire l'Histoire des guerres des Carthaginois, d'Alfius, que mentionne Festus Pompeius (De verborum significatione, l. XI).

Après les historiens, nous avions à fouiller les poètes. Le Pænulus de Plaute[13], représenté à Rome vers la fin de la deuxième guerre punique, nous a permis de tracer une esquisse vraie des mœurs carthaginoises. Virgile (Enéide, I et IV) a vivement éclairé pour nous quelques points obscurs des origines de Carthage ; mais c'est surtout Silius Italicus[14] qui nous a permis de faire une ample moisson de notes touchant les contemporains d'Annibal. Avec Polybe et Tite-Live, Silius a été l'objet de nos études suivies. Nous avons aussi relu Horace et Juvénal, Juvénal dont le ton souvent acerbe n'exclut pas une profonde admiration pour la grandeur d'un ennemi de son pays[15]. Il était enfin de notre devoir de consulter l'Africa de Pétrarque, mais ce poème latin ne nous a rien appris de nouveau ; ce n'est qu'un plagiat, souvent maladroit, des Puniques de Silius Italicus[16].

Telles sont les sources premières de notre Histoire d'Annibal. Nous avons aussi, d'ailleurs, interrogé les modernes qui avaient fait avant nous l'étude de la grande Carthage et celle de la deuxième guerre punique. Afin d'établir une nomenclature rationnelle de ces ouvrages divers, nous éliminons ici : les auteurs qui n'ont traité que du passage des Alpes, dont nous reportons la liste au premier chapitre du livre V ; ceux qui ont spécialement analysé l'organisation politique de Carthage, qui seront énumérés à l’appendice B ; ceux, enfin, qu'ont uniquement séduits les recherches numismatiques et topographiques touchant la vieille rivale de Rome. Les noms de ces derniers trouveront naturellement place aux appendices C et D.

Parmi les historiens proprement dits nous avons consulté la Vie d'Annibal de ce Donat Acciajuoli, ou Acciaïoli, dont il a été parlé plus haut, et, parallèlement, sa Vie de Scipion l'Africain. Ce sont là deux études de bonne foi, tout imbues des récits de Polybe et de Tite-Live, mais très-sommaires, et dans lesquelles nous n'avons trouvé de remarquable que la grande naïveté du traducteur Charles de l'Ecluse[17]. Nous avons ensuite lu : Campomanes, Antiquetad maritima de la Republica de Cartago ; Machiavel, Discours sur Tite-Live ; Saint-Évremond, Réflexions sur les différents génies du peuple romain ; enfin Rollin, Histoire ancienne, Carthaginois. Là, comme partout, les aperçus du bon Rollin sont ingénieux, et ses conclusions, frappées au coin du bon sens.

L'Histoire de Dampmartin[18] ne devait pas nous entraîner à de longues méditations ; c'est un ouvrage très-superficiel, que nous avons bientôt laissé de côté, pour nous attacher à l'excellent Manuel de Heeren[19]. Ce livre a jalonné sûrement la voie que nous nous proposions de suivre, et, pour la pratiquer, nous avons disposé d'un trésor de matériaux préparés par Becker : Vorarbeiten zu einer Geschichte des zweiten punischen Krieges.

Les savants étrangers professent, comme on sait, une grande prédilection pour l'élude de l'antiquité phénicienne, et ils ont, en particulier, consciencieusement analysé Cartilage. Nous citerons : Christophe Hendreich, Carthago ; Bernewitz (Fried. Wilh. von), Leben Hannibals, Pirna, 1801 ; Kellermann, Versuch einer Erklärung der punischen Stellen, Berlin, 1812 ; Matthiæ, Bemerkungen zu der Livianisch-Polybianischen Beschreibung der Schlacht bei Cannæ ; Bötticher, Geschichte der Carthager, histoire extrêmement remarquable, 1837. Nommons aussi l'Encyclopédie d'Ersch et Grüber, 1830 ; celle de Pauly (Paulv Real-Encyclopédie), 1842 ; le deuxième volume du grand ouvrage de M. L. Müller, Copenhague, 1861[20] ; et, enfin, le livre de Jacob Abott, History of Hannibal the Carthaginian, Londres, 1849.

Carthage et le grand Annibal ont aussi, en France, passionné des écrivains d'une grande autorité, et nous ne saurions, à cet égard, citer des noms plus imposants que ceux de Bossuet et de Montesquieu. Toutes les histoires romaines consacrent plusieurs chapitres aux faits et gestes de notre héros ; nous avons souvent lu celles de MM. Poirson, Michelet, Duruy et E. Dumont. Citons aussi l'Histoire des Gaulois, de M. Amédée Thierry, et, enfin, l'Histoire de Jules César, de S. M. l'empereur Napoléon III, dont nous avons longuement médité le premier livre. Quant aux monographies, elles sont assez rares, et nous n'avons remarqué que celle de Beauchamp, de la Biographie universelle, article : ANNIBAL. On ne lira cependant pas sans intérêt les annales de Carthage résumées dans l'Univers pittoresque (Afrique ancienne), de Firmin Didot, par MM. Dureau de la Malle et Yanoski. Mentionnons enfin le Précis historique de la vie d'Annibal et de ses campagnes en Italie, de Nicolas Lemoyne des Essarts, Paris, 1868.

Après les histoires proprement dites, nous avons ouvert des livres d'art et d'histoire militaires, tels que ceux de Folard, de Guischardt et du général de Vaudoncourt. Les idées du chevalier Folard[21], qui n'accusent, le plus souvent, que le violent effort d'une imagination inquiète, ont été vivement critiquées par Guischardt, écrivain militaire sérieux, dont les Mémoires[22] nous ont été souvent d'un grand secours. Nos conclusions ne sont pas toujours conformes aux siennes, mais nous avons admiré sans ambages ses batailles de la Medjerda, du Tessin, de la Trébie, de Cannes et de Zama. Il est un grand ouvrage qui nous a été fort utile dans le cours de nos études, c'est l'Histoire des campagnes d'Annibal en Italie, du général de Vaudoncourt[23] ; nous en avons fait, un temps, notre vade-mecum. Ces campagnes d'Italie ont aussi été étudiées par un autre général, Rogniat, qu'un esprit faux égarait souvent, et dont les Considérations sur l'art de la guerre[24] ont été très-vertement critiquées par Napoléon Ier. L'empereur considérait comme une plaisanterie[25] la campagne d'Annibal racontée par Rogniat, et, de fait, cette étude militaire n'est guère plus sérieuse que celle de M. de Beaujour[26]. Signalons, en terminant cette nomenclature des auteurs militaires, les judicieuses observations communiquées par Jomini à M. de Beauchamp pour la rédaction de son article : ANNIBAL.

Il a paru, sur le même sujet, divers autres ouvrages, parmi lesquels on remarque : le Précis de des Essarts dont il a été parlé plus haut ; le Commentarius de expeditione Hannibalis in Italiam, de Jacob Faxe, Londres, 1817 ; le Résumé des campagnes d'Annibal, de Gérard, Paris, 1844 ; enfin les Campagnes d'Annibal, du lieutenant-colonel Macdougall, étude historique et militaire, traduite de l'anglais par E. Testarode, Paris, 1866.

Comme l'histoire, la littérature s'est plus d'une fois attachée à notre Annibal. Ouvrez un livre, le premier venu, où soit mis en scène quelque grand personnage, et, presque certainement, vous y verrez le nom d'Annibal resplendissant au centre d'une auréole éclatante. Nous n'en voulons d'autre preuve que la loi constante suivant laquelle le fils d'Amilcar a, jusqu'à nos jours, servi de pâture au parallèle, un genre littéraire à peu près perdu. Acciajuoli[27] et le bon Rollin[28] ont chacun écrit leur parallèle d'Annibal et de Scipion ; Heeren[29] et Chateaubriand[30] ; celui d'Annibal et de Marlborough ; Daudé de Lavalette[31] et M. Thiers[32] devaient enfin comparer Annibal à Napoléon.

La poésie dramatique a aussi voulu son tour, et nous avons à parler de plusieurs tragédies. C'est d'abord Thomas Corneille, qui, en 1669, dédie au marquis de Seignelay une Mort d'Annibal. Suivant cet exemple, et le 16 octobre 1720, Marivaux, alors âgé de trente-deux ans, fit représenter par les comédiens ordinaires du roi un Annibal en cinq actes. Quoique estimable à bien des égards, comme dit la notice biographique, cette œuvre eut peu de succès. Reprise au théâtre le 27 décembre 1747, elle a eu l'insigne honneur d'être traduite en allemand par Lessing, le fabuliste[33]. Les plus vulgaires broussailles de notre Parnasse national ont vraiment pour l'étranger d'incroyables attraits ; quant à nous, nous ne pouvons que sourire à ces marivaudages, et nous avons cru lire le livret de l'opérette bouffe d'un de nos théâtres de genre, en voyant le vieil Annibal sottement amoureux d'une fille de Prusias, et cette fille, Laodice, entrant en scène avec un mouchoir dont elle essuie ses pleurs.

Une autre tragédie d'Annibal fut donnée au Théâtre-Français en 184 ; cette pièce en trois actes, d'un très-jeune auteur, n'eut que quelques représentations.

Enfin, en 1820, M. Firmin Didot père publia aussi son Annibal, tragédie en trois actes. Cette œuvre n'a jamais eu, que nous sachions, les honneurs de la scène, mais elle n'y eût certainement pas été déplacée. L'auteur a sagement pris à cœur de répudier les moyens dramatiques dont le XVIIIe siècle a tant abusé, de renoncer à ce vieux jeu d'amour, qui n'a d'autre effet que de transformer en personnages ridicules les plus hauts colosses de l'antiquité. M. Didot parait avoir longuement et lentement médité les textes, et, ce faisant, il a pu nous présenter un Annibal vrai, bien taillé sur l'antique[34].

Tels sont les travaux des modernes que nous avons lus très-attentivement ; mais il en est probablement encore d'autres qui, jusqu'ici, ne sont pas venus à notre connaissance. Nous ne saurions ni le regretter ni nous en plaindre, attendu que, en écrivant cette Histoire d'Annibal, nous nous proposions, avant tout, d'asseoir nos critiques sur une base faite des matériaux, malheureusement trop rares, que nous ont laissés les anciens.

 

 

 



[1] Cornelius Nepos, Annibal, XIII.

[2] Polybe, III, XX et I, XIV. — Polybe reproche à Philène sa partialité, ses erreurs et ses anachronismes (Polybe, I, XV). Plus loin, Polybe (III, XXVI) parle encore de Philène et invite le public à se défier de ses assertions.

[3] Is autem diligentissime res Annibalis persecutas est. (Cicéron, De Divinatione, I, XLIX.)

[4] Il est probable que l'Histoire d'Annibal par Philænus avait été écrite en langue punique, et qu'ensuite elle aura été traduite en grec. Je ne crois pas que l'expression employée par Cicéron (De Divinat., I, XLIX) soit contraire à cette opinion : Hoc autem in Philæni græca Historia est. Pourquoi Cicéron emploie-t-il ce mot græca ? C'est précisément parce qu'il ne veut pas dire punica et se vanter d'entendre la langue punique. Aurait-il dit, s'il eût cité Polybe, hoc autem in Polybii græca Historia est ? Aurait-il averti les Romains que l'Histoire de Polybe était écrite en grec ? Au reste, le nom de Philænus, écrit de diverses manières par les auteurs, me semble bien orthographié par Cornelius Nepos. Ce nom, d'origine punique, était révéré à Carthage, et rappelait le fameux dévouement des frères Philænus, qui, pour reculer les limites de leur patrie, se laissèrent enterrer vivants (M. Firmin Didot, tragédie d'Annibal, Notes, Paris, 1820.) (Voyez aussi sur Philène : Tite-Live, XXVI, XLIX, et Vossius, Hist. grecq., l. III.)

[5] Polybe est né à Megalopolis l'an 206 avant Jésus-Christ. (Voyez les Tablettes chronologiques de Lenglet, Paris, 1778, p. 493.)

[6] Voyez par exemple le tome IX de la traduction d'Amyot, Paris, 1786. — Les Vies à Annibal et de Scipion ont été traduites par Charles de l'Écluse, pour servir de supplément aux Vies de Plutarque.

[7] Voyez, à ce sujet, les Notes de M. Firmin Didot, tragédie d'Annibal, p. 73. — Donat Acciajuoli ou Acciaïoli, orateur, philosophe et mathématicien, et l'un des premiers hellénistes de son temps, naquit à Florence en 1428, et mourut à Milan en 1478. C'était un auditeur assidu des conversations littéraires présidées par Laurent de Médicis dans le bois des Camaldules ; il fut gonfalonier de la République en 1473. (Voyez Guinguené, Biographie universelle, t. I, article ACCIAJUOLI [Donat.])

Quelques savants ont longtemps cru à une Vie d'Annibal de Plutarque. (Vossius, De hist. Latinis, lib. III, cap. VII, à l'article DONAT ACCIAÏOLI. — Voyez aussi de Mandajors, Ve volume des Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.) Mais il est reconnu que cette histoire a été écrite bien des siècles après Plutarque ; qu'elle est due à Donat Acciajuoli. — Je me suis proposé, dit cet auteur en son épitre dédicatoire à Pierre de Médicis, de rédiger dans ce volume les vies de deux capitaines célèbres, Scipion et Annibal, que j'avais recueillies de divers auteurs grecs et latins. — Amyot, parlant de cet ouvrage, s'exprime ainsi : Celles de Scipion et d'Annibal traduites par Charles de Lescluse ne se trouvent en grec, ni ne sentent pas aussi l'esprit de Plutarque, ains ont été écrites en latin par Donatus Acciaïolus, comme les doctes de notre temps l'estiment. — Ce qui a fait attribuer cette vie d'Annibal à Plutarque, c'est que beaucoup de personnes ne l'ont lue que dans le recueil de Campanus, de 1470, lequel ne distingue pas les véritables Vies de Plutarque de celles d'Acciajuoli, ou dans la traduction italienne de Battista Alessandro Jaconello, qui a supprimé l'épitre dédicatoire. — Suivant de Mandajors, on a grand tort de traiter Acciaïoli d'imposteur, car il n'a jamais voulu faire confondre ses ouvrages avec ceux de Plutarque.

[8] Vixit sub Hadriano imperatore, Christi anno 120, ut dixit auctor in libro II De Bellis civilibus. (Note manuscrite d'une édition de Henri Etienne, de la bibliothèque de Béziers.)

[9] Voyez les Miscellanea philosophica et historica, Leipzig, 1821.

[10] N'omettons pas de mentionner encore, parmi les Grecs, Homère et Euripide, dont quelques passages nous ont fourni sur la Phénicie des documents précieux.

[11] Cornelius Nepos écrivait l'an 70 avant Jésus-Christ ; Tite-Live, vers l'an 59.

[12] Nous avons fréquemment cité, principalement au chapitre V du livre III, l'Incertus auctor, l'auteur du livre De Bello Africano, attribué souvent à Hirtius.

[13] Né vers l'an 224 avant Jésus-Christ.

[14] Né à Rome l'an 25 de l'ère chrétienne.

[15] Juvénal, Sat. X, lib. IV.

... Hic est quem non capit Africa Mauro

Percussa Oceano, Niloque admota tepenti.

[16] On a dit que Pétrarque, ayant trouvé un manuscrit de Silius Italicus, et le croyant unique au monde, l'avait détruit, après s'en être inspiré, dans le but de faire attribuer à son Africa une originalité qui lui manquait absolument. Le temps a fait justice de cette manœuvre frauduleuse ; les œuvres latines de l'amant de Laure sont presque complètement oubliées.

[17] Voici, par exemple, le portrait d'Annibal : Or combien qu'au commencement la mémoire du pere luy servit d'un grand poinct pour acquérir la faveur des soudards ; luy-mesme toutefois, bien tost après, pratiqua si bien par sa dilligence et industrie, que les vieilles bendes, en oubliant tous autres capitaines, n'eurent envie de choisir autre gouverneur que luy. Car il se trouvoit avoir toutes les perfections que l'on sçauroit désirer en un souverain capitaine. Il estoit d'un conseil prompt à exécuter toutes haultes entreprises, et accompagné d'industrie et de hardiesse. Il avoit un cueur invincible à tous dangers et adversitez du corps, par lesquelles plusieurs autres se trouvent empeschez de faire leur devoir. Il faisoit de guet non plus ne moins que les autres, et estoit prompt et adroit à faire toutes choses requises, soit en un vaillant soudard, ou un bon capitaine. (Voyez le Plutarque d'Amyot, t. IX, p. 417, Paris, 1786.)

Ce style rappelle assez bien celui de la traduction de Malherbe. Le poète, parlant d'Annibal, que les Romains poursuivent de leur haine, s'exprime ainsi : Annibal, qui eut meilleur nez que les autres, sentit bien que c'était à lui que le paquet s'adressoit. Telle était, dans sa simplicité, la manière littéraire du temps.

[18] Histoire de la rivalité de Carthage et de Rome, de Dampmartin, capitaine au Régiment Royal cavalerie ; deux volumes, bibliothèque de Versailles.

[19] Manuel de l'histoire ancienne, traduction de Thurot, 1836.

[20] Cet ouvrage de M. L. Müller a pour titre : Numismatique de l'ancienne Afrique (sic), et nous aurons à le citer plus d'une fois aux appendices B et C.

[21] Voyez l'Histoire de Polybe, traduction de dom Vincent Thuillier, avec un commentaire, ou un corps de science militaire, enrichi de notes critiques et historiques, etc. par M. Folard, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis, mestre de camp d'infanterie. Amsterdam, 1753.

[22] Mémoires militaires sur les Grecs et les Romains, etc. par Charles Guischardt, capitaine au bataillon de S. A. sérénissime le margrave de Bade-Dourlach, au service de LL. HH. PP. les seigneurs Etats Généraux des Provinces-Unies. La Haye, 1758.

[23] Histoire des campagnes d'Annibal en Italie pendant la deuxième guerre punique, par Frédéric-Guillaume, général de brigade, Milan, Imprimerie royale, 1812. Trois volumes et un Atlas, dédiés au prince Eugène, vice-roi d'Italie.

[24] Rogniat, Considérations sur l'art de la guerre, Paris, 1816.

[25] Voyez, dans les Mémoires de Napoléon, de Montholon, t. II, dix-sept Notes sur l'ouvrage du général Rogniat.

[26] De l'expédition à Annibal en Italie, par Félix de Beaujour, député de Marseille, Paris, 1832.

[27] Vies de Plutarque d'Amyot, Paris, 1786, t. IX, p. 574.

[28] De la manière d'étudier, t. IV. Voyez aussi Histoire ancienne, t. I.

[29] Idées sur la politique et le commerce des peuples de l'antiquité.

[30] Révolutions anciennes.

[31] Recherches sur l'histoire du passage d'Annibal d'Espagne en Italie à travers les Gaules, p. 140, Montpellier, 1838.

[32] Histoire du Consulat et de l'Empire, t. XX, in fine.

[33] Voyez la Revue contemporaine, numéro du 30 novembre 1866.

[34] Cette tragédie d'Annibal de M. Firmin Didot renferme de beaux passages, témoin cette tirade :

Annibal (à Prusias).

Il ne m'importe point de vivre ou de mourir ;

Il m'importe de vivre et mourir avec gloire.

Moi ! chercher le repos ! moi ! pouvez-vous donc croire

Que sous le poids des ans je languisse énerve ?

Fils du grand Amilcar, dans sa tente élevé,

Le travail du soldat avait pour moi des charmes.

La terre était mon lit ; jour et nuit sous les armes,

Dompter la soif, dormir couvert d'un bouclier,

Dresser pour les combats le plus fougueux coursier.

Le front nu, délier et la foudre et l'orage,

Gravir les monts, franchir les fleuves à la nage :

Tels ont été mes jeux, mes plaisirs, mes travaux ;

Et la guerre pour moi, seigneur, est un repos.

Je devais, par votre ordre, attaquer l'Italie.

N'accomplirez-vous point le serment qui vous lie ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

(Annibal, acte III, scène IV.)