HISTOIRE D'ANNIBAL

 

LIVRE DEUXIÈME. — CARTHAGE AU TEMPS D'ANNIBAL.

CHAPITRE VIII. — TRAVAUX PUBLICS.

 

 

Le mamelon de Byrsa fut d'abord toute la ville de Carthage ; mais la colonie d'Elissa étouffa bientôt dans cette étroite enceinte. La population, prenant des accroissements rapides, en franchit les murs, pour se répandre dans la plaine, et Byrsa ne fut plus que ce que sont, en tous pays, les cités primitives, une acropole, un réduit. Autour d'elle les habitations se groupèrent en cercle[1], se répandirent vers les ports, puis sur toute la plage ; doublant enfin le massif de Sidi-Bou-Saïd, les maisons s'étendirent encore jusqu'à la mer. Dans cette direction la plaine était fertile, l'eau des puits abondante, l'irrigation facile. Les riches se bâtirent des villas entourées de haies vives et de frais jardins[2].

C'était le quartier de Megara[3].

Ainsi se forma la ville qui, au temps d'Annibal, présentait un périmètre de 30 kilomètres environ[4] ; sa population devait alors être immense, puisque, vers la fin de la troisième guerre punique, après une lutte séculaire, elle comptait encore 700.000 habitants[5], répartis en trois villes ou quartiers distincts, c'est-à-dire Byrsa, Megara et la ville basse. L'acropole nous est déjà connue ; nous n'avons plus qu'à parcourir les deux cités qu'elle commandait au sud et au nord.

La ville basse, ou quartier de la marine, s'étendait au sud depuis le pied de la citadelle jusqu'à l'enracinement de la Tænia. Là se trouvaient les ports, le Cothon et le port marchand, dont nous connaissons aujourd'hui les dimensions exactes, grâce aux recherches de M. Beulé.

La partie du rivage située le long des ports était bordée de larges quais, où se déposaient les marchandises, et dont le cours était établi extérieurement à l'enceinte fortifiée de la place. C'était d'ailleurs le seul point qui fût garni de quais ; les autres parties de la presqu'île étaient inaccessibles aux navires.

Non loin du Cothon, s'étendait le forum, grande place rectangulaire encadrée de maisons très-hautes, et dont une des faces était occupée par le temple d'Apollon. On suppose que le σύγκλητος et la γερουσία s'assemblaient, en temps ordinaire, dans les salles de ce temple. Aux jours solennels, les réunions avaient lieu à la Byrsa, dans le temple d'Aschmoun[6]. L'édifice consacré au culte d'Apollon était orné d'une statue colossale du dieu, revêtue de lames d'or d'une grande épaisseur. Au point de jonction de la Tænia et de la presqu'île se trouvait une autre place publique, qui était, comme le forum, entourée de hautes maisons[7].

Il serait assurément difficile de restituer le plan d'ensemble de la ville basse. Ce que l'on sait, c'est que du forum à la citadelle se développaient trois grandes artères, trois rues de 4 à 500 mètres de longueur, excessivement étroites et bordées de maisons à six étages. Lors du siège de 146, Asdrubal se retira dans Byrsa par ces rues, où il se défendit pied à pied. Scipion, maître du quartier, l'incendia et le fit déblayer par l'armée romaine. Celle-ci, forte de 120.000 hommes, y travailla sans relâche durant six jours et six nuits. Au bout de ce temps, quand Asdrubal demanda à capituler, l'armée n'avait encore enlevé qu'une partie des décombres. On peut juger, par ce seul fait, de l'importance des édifices publics et des maisons particulières.

La ville basse était desservie par de vastes citernes situées près de la mer, à l'est de Byrsa. Elles avaient, suivant le père Caroni, plus de 140 pieds de longueur sur 50 de largeur et 30 de hauteur. Les murs, de 5 pieds d'épaisseur, étaient flanqués de six tours ou contreforts.

Abou-Obaïd-Bekri, écrivain arabe du XIe siècle, en donne la description suivante : On voit à Carthage un palais appelé Moallahah, d'une superficie et d'une hauteur prodigieuses. Il est composé de galeries voûtées, qui forment plusieurs étages et dominent la mer... Là commencent de vastes réservoirs, appelés citernes des Diables, encore remplis d'une eau qui séjourne là depuis une époque inconnue. M. Dureau de la Malle[8] pense que les citernes des Diables et le Moallakah sont un seul et même édifice, et ne diffèrent point de celui dont le père Caroni a mesuré les ruines.

Telles étaient les principales constructions de la ville basse.

La nouvelle ville ou Megara était, comme il a été dit plus haut, le quartier des maisons de plaisance. Elle s'étendait, au nord de Byrsa, jusqu'à la mer et aux premières pentes du cap Qamart. Protégée, du côté de l'isthme, par l'enceinte générale de la place, elle n'avait sur la mer qu'une simple chemise ; un mur particulier la séparait de Byrsa et de la ville basse. Megara était le quartier le plus vaste, mais aussi le moins peuplé de Carthage. On n'y voyait guère que des palais d'été avec leurs parcs, des maisons de campagne avec leurs jardins, des bouquets d'arbres, des fleurs, des murs de pierres sèches servant de clôture, et de larges rigoles ouvertes pour les besoins de l'irrigation.

Le nord et l'est du faubourg de Megara avaient été réservés à destination de nécropole, et la ville des morts, ainsi placée dans l'enceinte de Carthage, était couverte par la triple défense qui protégeait la ville des vivants. Elle occupait le plateau du Djebel-Kaoui, qui s'incline vers Utique, et aussi les pentes qui descendent vers le lac Soukara et vers la pleine mer. De cette façon, le quartier de Megara échappait à la vue des tombeaux ; il fallait gravir le sommet de la montagne pour découvrir ce champ de sépulture, qui mesure plusieurs kilomètres carrés de superficie.

Les fouilles de M. Beulé viennent de nous fournir des données précieuses sur cette nécropole, que Falbe n'avait fait qu'entrevoir. Le site en est grandiose, dit le savant archéologue[9], et la vue y est belle. Sur la gauche, Tunis dort au bord de son lac, où se reflètent les maisons blanchies à la chaux. En face, le lac Soukara brille, couvert de sel argenté, puis le golfe d'Utique reçoit les eaux limoneuses du fleuve Bagrada. A droite s'étend la pleine mer, sur laquelle l'île de Zimbre s'élève comme un nuage transparent ; au pied même de la nécropole, le village de Qamart se cache dans la verdure ; ses palmiers, dont les couronnes se détachent sur les dunes de sable entassées par le vent, rappellent une oasis au milieu du Sahara. Le sol est aride, et l'orge elle-même, qui aime à croître parmi les pierres, pousse plus rare. Cependant les oliviers et les caroubiers prospèrent. Peut-être jadis de plus grands arbres ombrageaient-ils les tombeaux. Lorsque je visitai le Djebel-Kaoui, je ne vis rien au premier abord, et j'étais loin de me douter que sous mes pieds s'étendait tout un monde souterrain, comprenant des milliers de chambres sépulcrales et des millions de tombes. Toute la montagne est ainsi minée, mais la terre a recouvert les escaliers, les portes et les soupiraux. Ce n'est qu'en examinant attentivement la surface du sol que l'on découvre ça et là, sous les touffes de fenouil et d'acanthe, une ouverture par laquelle il est possible de se laisser glisser. Alors on pénètre dans une petite salle rectangulaire, dans les parois de laquelle sont évidés des trous assez profonds pour qu'un cadavre y fût jadis étendu... La nécropole semble offrir la trace de rues et d'alignements véritables... La ville des morts avait aussi sa voirie[10].

Telle était Megara, le quartier du silence et de la verdure, le faubourg des bastides et des tombes. Les vivants y cherchaient le calme qui guérit du tracas des affaires ; les morts, après une vie agitée, y trouvaient le repos éternel.

Nous avons restitué à chaque partie de la ville ses édifices propres, autant qu'il est possible de le faire avec certitude d'après les textes, et en l'état actuel de la science. Nous avons dit ainsi que l'enceinte de Byrsa, sans aucun doute, contenait le palais de Didon, le temple de Jupiter et celui d'Aschmoun. Mais il est des constructions publiques dont on ne saurait déterminer la position d'une manière aussi précise.

On sait que le temple d'Astarté (Junon Céleste) occupait l'emplacement du village de Malqâ, et que celui de Baal, où étaient renfermées les archives de la République, était intermédiaire entre Astarté et Aschmoun. Où se trouvait Melkarth ? On l'ignore absolument, et l'on n'a pas plus de données en ce qui concerne les lieux consacrés à Cérès et à Proserpine.

Valère Maxime nous apprend qu'il existait à Carthage des bains réservés aux sénateurs ; mais c'est le seul renseignement qu'on possède sur les thermes puniques.

Carthage communiquait avec l'extérieur par un certain nombre de portes dont était percée son enceinte. On en connaît cinq dont la position est déterminée par des textes formels. Ce sont celles de Megara, dont s'empara Scipion en 147 ; d'Utique, de Theveste, de Furnos, de Thapsus. Cette dernière était située près de la Tænia, et livra passage à Annibal quittant la ville ingrate qu'il ne devait point revoir (195).

D'après une tradition vague, c'est à Zaghouan, petite ville située à 4o kilomètres de Tunis, que Carthage avait établi sa prise d'eau principale ; mais les fameux aqueducs qui régnaient sans interruption de Carthage à Zaghouan sont-ils l'œuvre des Carthaginois ou des Romains ? Nul ne saurait le dire, bien qu'il soit d'usage d'en attribuer la construction à l'empereur Adrien. Entre Tunis et Mohammedia on voit encore debout une centaine d'arcades de cette conduite magnifique, qui avait pour château d'eau les citernes de Malqâ.

Ce qui donne surtout une haute idée du génie de Carthage et de l'importance de ses travaux, c'est le beau réseau de routes qu'elle avait jeté sur son empire d'Afrique. Les plus remarquables de ces voies de communication étaient : la grande route du littoral ; les routes de Carthage à Cherchell, de Teny à Bougie, de Djidjeli à Nemours ; enfin les deux routes de Carthage à Constantine.

La grande route du littoral (section ouest) passait par Porto Farina (Utique), Bizerte (Hippo-Diarrhyte), Bône (Hippo Regius) ; puis, coupant le massif du cap de Fer (Stoborrum), elle débouchait dans la plaine des Ierbès, à Paratianœ (ruines). Elle desservait de là Philippeville (Rous-Ikaden), Kollo, et coupait ensuite le massif du Seba-Rous. Là commençait l'Eptagonie.

La route traversait Tucca (ruines) à l'embouchure de l'oued Kebïr (Ampsaga), Djidjeli (Igilgil), Bougie (Saldse) et une suite de petites escales dont on retrouve les ruines de Bougie au cap Matifou. C'étaient : Rous-Azou, Rous-Bezer, Iomnium, RousAkerou, Kissi, Rous-ou-Beker, Rous-Ko-no[11]. Toutes ces stations maritimes occupaient le revers d'autant de petits promontoires, derrière lesquels les caboteurs carthaginois s'abritaient du vent d'est. La route continuait par Alger (Icosium)[12], Kolea, Tipasa, Cherchell (Iol, Césarée), Tenez (Kartha-Anna), Mostaganem (Mak'-ag-Aoua), Arsew (Portus Magnus, Arsenaria), Mers-el-Kebïr (Portus Divini), Siga (ruines, à l'embouchure de la Tafna), Melilla, Abyla (Ceuta, Seba, les Sept Frères), Tanger (Ti-n-ji), El-Arisch (Lix, Lixos), Sela, Mogador. Elle s'arrêtait enfin au cap Gir (promontoire d'Hercule), pointe extrême de l'Atlas.

La grande route du littoral (section est) passait par Rades (Adis) et Hammam-el-Enf (Maxula), coupait la presqu'île du cap Bon et gagnait Hammamet (Putput). De là, elle traversait Souse (Adrumète, Justiniana) et Lamtah (la petite Leptis). Laissant à l'est Thapsus[13], elle arrivait à Insbilla (Usilla), puis passait par Teny (Thenæ), Qàbes (Tacape), Gittis, Tripoli-Vecchio (Sabrata), Tripoli (Œa), Lebeda (la grande Leptis). Elle aboutissait enfin à Kasr, non loin des Autels des Philènes.

Qàbes était un point de bifurcation. Un embranchement intérieur suivait le revers sud des montagnes par Aquæ Tacapitanæ, Bezereos, Tabalati, s'enfonçait dans les terres à une profondeur qu'on ne saurait préciser, et rejoignait enfin Lebeda.

La Table de Peutinger indique enfin un itinéraire intermédiaire entre celui-ci et le chemin du littoral ; il conduisait de Qàbes à Tripoli-Vecchio.

La route de Carthage à Cherchell était tracée par Musli, Lares, Ammedera, Theveste (Tebessa), Sigus, Kirlha (Constantine), Mileum (Mila), Cuiculum (Djemila), Mons, Sitifis (Setif). La route passait ensuite par quelques stations aujourd'hui inconnues : Perdices, Cellas, Macri, Auza, Rapidum, Caput Cillani ; touchait au Cheliffà Soff'azar (Amoura), et arrivait enfin à Cherchell (Iol) par Aquæ (Hammam-Rira, selon Shavv).

La route de Teny à Bougie passait par Autentum, Soff’tula (Sobeythala), Scillium ou Cilium (Kasryn), Theveste (Tebessa), Thamagas, Lambèse, Diana (Zana), Sitifis (Setif), Tubusuptus (Tiklat), enfin Bougie.

Le point de départ de cette route ne saurait être exactement fixé ; il se trouvait aux environs de Nemours.

Les premières stations ne sont pas mieux connues. La quatrième était Tlemcen (Regiæ). Le tracé passait ensuite par Mascara (Castra Nova), Kala (Præsidium Ballene), Mina (ruines, sur la rivière de ce nom), Tegdempt (Gadaum Castra), Tingitanum Castellum, Tigauda, Oppidum Novum, Tigara Castra, sur le Cheliff, Miliana (Malliana), Taranamusa, Castellum Tamaricetum, Rapida, Rusucurru, Bida, Tubusuptus, Bougie, Chaba, Djidjeli.

Deux routes distinctes reliaient Carthage à Constantine : la première passait par Musti, Sicca Veneria (El-Kef), Naraggara, Tipasa ; de là elle allait à Constantine par Sigus ou par Tibilis.

La seconde suivait la vallée de la Medjerda, passait par Bulla (Boll), Simittu, Bône ; de là elle arrivait à Constantine par Aquæ Tibilitanæ (Hammam-Beurda) ou par Philippeville.

Les principales étoiles de l'Afrique propre étaient : Theveste, Sojf'tula, Aquæ Regiæ.

De Theveste on pouvait se rendre, à l'ouest, soit à Lambèse, soit à Kirtha ; à l'est, soit à Carthage, soit à Adrumète, capitale de la Bysacène, soit à Thènes, soit à Tacape (par Thelepte, Capsa, Aquœ Tacapitanœ). Soff'tula était à l'intersection des routes de Musti à Thènes et d'Adrumète à Theveste.

La ville d'Aquœ Regiaj était située au point où la route d'Adrumète à Theveste se croise avec celle de Zama Regia à Thysdrus. A Thysdrus se trouvait une bifurcation reliant ce point à la petite Leptis d'une part, à Usilla de l'autre.

Une seule localité à desservir suffisait pour faire décider l'ouverture d'une route. Ainsi Sitifis (Setif), important nœud de communication de la Numidie Massésylienne, était relié directement à Igilgil. Mais, en outre, la station voisine, Cuiculum (Djemila), était également le point de départ d'un embranchement sur Djidjeli, ce qui ne l'empêchait pas d'en avoir un autre sur Tueca, à l'embouchure de l'Ampsaga (oued Kebïr). Les routes secondaires étaient donc en grand nombre.

Après cet exposé sommaire, il convient de faire observer qu'en présentant le tableau des voies de communication de l'Afrique ancienne, on se borne le plus souvent à décrire des tracés romains, et à donner la nomenclature romaine des points de passage principaux ; mais il est de toute vraisemblance que les ingénieurs de Rome n'ont fait que consolider des voies ouvertes par leurs hardis devanciers. Un peuple qui, comme celui des Carthaginois, se taillait des cothons en terre ferme ne devait pas reculer devant les difficultés des travaux de routes.

En cela comme en toutes choses, il obéissait au génie de sa race. Douze siècles avant l'ère chrétienne, l'Hercule phénicien ouvrait déjà une communication destinée à relier l'Espagne à l'Italie par les Pyrénées orientales, les côtes de la Méditerranée et le col de Tende : ouvrage prodigieux, qui servit plus tard de fondement aux chaussées massaliotes, et dont les Romains firent leurs voies Aurélia et Domitia.

Ainsi, en Europe comme en Afrique, le coursier punique a partout précédé l'aigle romaine ; partout les fils de Romulus ont hérité des fruits de la civilisation carthaginoise. Le rôle de Rome ne commence qu'à l'heure où s'achève celui de la fille de Tyr.

 

 

 



[1] Strabon, XVII.

[2] Appien, De Rebus Punicis, CXVII.

[3] Servius (in Æneid.), et Isidore de Séville (Origin., XV) disent que Magur signifie nouvelle ville. Les Grecs appelaient ce quartier Νεάπολις.

[4] Orose, IV, XXII. — Eutrope. — Tite-Live (Epit. du livre LI). — Anonymi Stadiasmus maris Magni, dans la collection des Petits Géogr. grecs.)

[5] Strabon, XVII.

[6] Tite-Live, XIII, XXII.

[7] Appien, Puniq., CXXVIII.

[8] Recherches sur la topographie de Carthage.

[9] Fouilles à Carthage, p. 124, 125.

[10] Voyez, dans l'ouvrage cité de M. Beulé, les détails de construction d'une chambre sépulcrale. Tous les tombeaux sont du même module. Le caractère en est fort simple ; partout l'art carthaginois a répété ses lignes naïves avec cette monotonie qui est l'un des traits du génie oriental. Il y a des caveaux à trois, à quatre, à dix, à quinze et jusqu'à vingt et une niches. Toutes sont creusées dans un calcaire vif, jouissant de propriétés éminemment sarcophagiques.

[11] Voyez la Carte de Peutinger (Marmarica, Cyrenaica, Africa, Numidia, Mauretania secundum tabulam Peutingerianam), de Justus Perthus, de Gotha. On écrit d'ordinaire : Rusazus, Rusuppisir, Rusucurru, Rusubicarri, Rusgonium. Toutes ces dénominations hybrides sont formées du préfixe rous (cap) et d'une désignation tamazir't. En procédant ainsi, les Carthaginois arrivaient parfois à des résultats absurdes. Ainsi akerou, en amazir', signifie cap. Cette dénomination générique fut prise pour un nom propre, et l'on écrivit sans crainte Rous-Akerou (Rusucurru), soit le cap du cap. On a commis en France des énormités semblables, et plus d'une carte d'Algérie indique encore un col du Tenia (un col de col), ce qui ne signifie absolument rien.

[12] Alger, suivant Solin, fut fondée par vingt compagnons d'Hercule.

[13] Thapsus est célèbre par la victoire de César. C'est aussi là qu'Annibal s'embarqua quand il quitta le pays qu'il ne devait plus revoir.