Les émigrés tyriens venaient d'asseoir leurs premiers établissements sur les rivages d'une région qui ne leur était pas complètement inconnue, car, à diverses époques antérieures, elle avait offert asile à d'autres colonies phéniciennes[1]. Bientôt le périple ordonné par le roi Necao (vers la fin du VIIe siècle) et exécuté par des marins de Tyr[2], leur apporta quelques notions nouvelles sur le continent où ils avaient pris pied. Ils surent de bonne heure tout ce que nous savons aujourd'hui de cette immense et impénétrable Afrique, fort peu de choses, en somme, et rien de bien précis[3]. L'Afrique est une grande presqu'île triangulaire[4], que baignent la
mer des Indes et le golfe Arabique, l'océan Atlantique et Le plateau du sud, de forme triangulaire, a pour contreforts deux cours de hauteurs parallèles aux côtes, et qui vont se nouer au cap de Bonne-Espérance. Depuis plus de deux mille ans, on soupçonnait que cette longue terrasse en forme de coin était arrosée, vers son centre de figure, par des étendues d'eau considérables, et ces hypothèses n'étaient pas vaines. Les explorations récentes de Burton et de Speke (1857) ont constaté l'existence des grands lacs équatoriaux. Le plateau du nord, qui seul doit être l'objet de la présente étude, est un énorme massif à base elliptique, ouvert au nord-est par la vallée du Nil, au sud-ouest par celle du Niger ; bordé au nord par la chaîne de l'Atlas, au sud par les monts Kong et Kamr. La zone médiane n'est plus semée de lacs, mais présente d'immenses espaces frappés de stérilité, des océans de sable, où surgissent çà et là, comme des îles verdoyantes, ces oasis (ou-h'achich) qui font parfois comparer le continent africain à une peau de panthère[5]. On divise habituellement ce plateau en six régions
distinctes : les bassins du Nil, du Niger, de Il convient, en conséquence, de donner tout spécialement une description de cette Afrique Mineure, si souvent éclairée par les lueurs intermittentes de la civilisation, tandis que le reste du continent africain a toujours été le domaine d'une immuable et honteuse barbarie. Dieu veuille ne point éclipser en Algérie la lumière venue de France ! On désigne sous le nom d'Atlas le massif montagneux qui,
de Les crêtes du petit Atlas n'ont que Au sud du Cheliff et de l'oued Sah'el, qui s'opposent
leurs vallées, se développent d'autres hauteurs, toujours parallèles à la
côte, et qui, derrière le petit Atlas, forment le bourrelet méditerranéen. Ce
rideau de montagnes, assez improprement nommé moyen Atlas, a sa crête tendue du
cap Bon, qui forme le golfe de Tunis, à l'est, au cap Ger, sur l'Océan.
L'altitude moyenne de cette crête est de i500 mètres ; quelques cimes
dépassent Enfin, au troisième plan, derrière ce qu'on appelle le petit et le moyen Atlas, se dresse une chaîne intérieure qui, par sa masse imposante, a naturellement droit au nom de grand Atlas, si tant est que cette dénomination doive encore prévaloir. Sa crête, qui se dirige du golfe de Qàbes, en Tunisie, au mont Miltsin, en Maroc, dessine plus particulièrement, en Tunisie : l'Auktar et l'Henmara ; en Algérie : le massif de l'Aurès, celui du djebel el-A'mour, Géryville, le djebel Ksan ; au Maroc : le Maïs, le Mallog, le Sakerou. Le grand Atlas[9] pousse à ses deux extrémités de longues ramifications. A l'ouest, il descend jusqu'à la hauteur des Canaries, qui le prolongent en mer et semblent les parafouilles de sa base ; à l'est, il se répand par masses confuses sur toute la côte tripolitaine, et ses derniers contreforts se soudent aux falaises du Fezzan. En résumé, le système orographique de l'Afrique
septentrionale se compose de deux massifs : l'un, dit du littoral ou méditerranéen,
a pour avant-scène le petit Atlas et pour crête une courbe ondulée qui, sous
le nom de moyen Atlas, suit en Algérie la ligne de ceinture du Tell ;
l'autre, dit massif
intérieur ou grand Atlas, dessine sa crête parallèlement à celle
du massif méditerranéen, à 160 ou Entre les deux chaînes s'étend une zone de landes, dite région des hauts plateaux et présentant sa plus grande largeur en Algérie. Là les eaux des deux versants parallèles n'ont aucun écoulement, et ne peuvent que se réunir en grandes flaques, qui ont reçu le nom de Sebkha ou Cht'out' (pluriel de chot't'). Les plus importants de ces lacs salés sont, en Tunisie : ceux de Kairoan, de Sidi-el-Heni et de T'râra ; en Algérie : ceux d'Es-Sa'ïda, d'Ech-Cherguî, d'EI- R'arbî ; au Maroc : celui de Tir'j. Les plateaux principaux sont : les Sbach, le Hodna, le Zarès, le Sersou, tous en Algérie. Le revers méridional du massif intérieur est également occupé par une suite de cht'out' et de gour[10], quelques massifs de montagnes, des cours d'eau qui se perdent dans les sables, des dunes et des bouquets de palmiers. C'est la région des oasis ou le S'ah'râ[11], que parcourent en tous sens des populations nomades. De misérables qs'our[12], bâtis là seulement où la vie sédentaire est possible, rompent çà et là, sur la piste du dromadaire, la monotonie de ces immenses solitudes. La région saharienne peut se limiter à une ligne passant par R’damés, El-Golea, Timimoun, El-Harib et Tekna. Le chot't' le plus considérable (Chot't' el-Kebîr) se trouve en Tunisie ; c'est le lac Triton des anciens. Les oasis les plus importantes sont celles du Souf, de l'oued R'îr, de l'ouâd Temàcin, d'Ouargla, des Baï-Mzàb, des Oulâd-Sidi-Cheik[13], en Algérie ; celle de Ktaoua, au Maroc. Tel est, rapidement esquissé, le tableau de cette Afrique septentrionale, désignée par les anciens sous des dénominations diverses, dont la plus usitée fut celle de Libye[14]. Varron tire de λέψ,
vent du sud-est, l'origine du mot Libye ;
d'autres le font venir de l'arabe lub, soif. Hérodote
prétendait que c'était le nom d'une femme indigène, de l'antiquité la plus
reculée ; enfin les derniers étymologistes admettent pour racine le phénicien
lebya,
lionne. Mais Hérodote divisait le continent africain en trois régions
distinctes : Il n'entre point dans le cadre de cet exposé de discuter
la valeur des hypothèses diverses émises sur les conditions exceptionnelles
faites parles révolutions du globe à cette Libye, qu'environnent, d'une part,
Cependant les émigrés tyriens s'attachèrent plus spécialement à connaître la région où ils venaient de planter leurs tentes. Les lieux ont peu changé depuis vingt-cinq siècles, et une rapide exploration du territoire tunisien nous permettra de reproduire les conclusions alors formulées par les colons. La chaîne ci-dessus décrite sous le nom de moyen Atlas
coupe diagonalement le territoire tunisien du nord-est au sud-ouest. Cette
ossature très-simple court, sans grands méandres, du cap Bon jusqu'à Tebessa.
Les reliefs les plus considérables sont ceux du Sar'ouan, dont l'altitude est
de 4o14 mètres, et du Mechila, qui s'élance à Le grand Atlas tunisien est à peu près parallèle à la côte septentrionale. Il passe par Qâbes, à 34 degrés de latitude nord, et ne s'est élevé que de 4o minutes sur le parallèle de Qàbes lorsqu'il entre en territoire algérien. Les côtes tunisiennes sont d'ailleurs bordées d'une suite
de hauteurs, qui, sous le nom de monts d'Afrique, dessinent un feston continu de
Guelma à Bizerte. Le bourrelet se prononce de nouveau aux environs de Souse,
et descend dès lors droit au sud, non sans subir toutefois la déviation due à
la conque du golfe de Qàbes. Cette chaîne littorale est assez importante pour
que ses différentes sections aient reçu des noms distincts, parmi lesquels
ceux de Felch, d'Ard, de Douïra, de djebel Dahar. Ses crêtes encadrent Le système orographique de Le bassin de la Medjerda[20] est compris
entre le bourrelet de la côte septentrionale et le moyen Atlas. Ce cours
d'eau prend ses sources aux environs de Souk-Ahras[21], et coule du
sud-ouest au nord-est, suivant une direction générale à peu près parallèle à
la chaîne de l'intérieur. Il débouche dans la mer à Porto-Farino, non loin de
l'ancienne Utique. Ses affluents sont : l'oued Soudjeras, l'oued el- Boull,
l'oued es-Serrat, A l'ouest de A l'est, on remarque l'oued Miliana, que l'on nomme encore
Bahir't el-Mournouk. C'est l'ancienne Catada, qui, sortie du moyen Atlas, coule
parallèlement à La petite presqu'île qui se termine à la pointe du cap Bon est arrosée, sur chaque versant, par un grand nombre de petits cours d'eau qui descendent droit à la mer. Le plus considérable de tous est celui qui se jette dans la baie de Kelibia (l'ancienne Clvpea). On croit reconnaître dans ce torrent la rivière où faillit se noyer Masinissa poursuivi par Bocchar[22]. Entre les deux Atlas et le bourrelet de la côte orientale, s'étend la région des Cht'out', qui présente un aspect semblable à celui de la région des hauts plateaux de l'Algérie. Cinq rivières principales descendent du revers méridional du moyen Allas, coulent de l'ouest à l'est, et, formant éventail, ont pour commun récepteur le chot't' Sidi-el-Heni. Les deux seules qui aient des noms certains sont l'oued Seroud, qui passe près de Spaylah (l'ancienne Suffetula), et l'oued Fekka, près de Kasrin. Le S'ah'râ tunisien se fait remarquer surtout par son
Chot't' el-Kebïr (le palus Tritonis des anciens) ; c'est un
grand marais qui mesure, de l'est à l'ouest, plus de Naturellement, les colons tyriens commencèrent par
remonter Cette Afrique proprement dite, qui fut aussi appelée, on ne sait trop pourquoi, Zeugitane, et que le bey de Tunis nomme aujourd'hui son quartier d'été[24], cette Afrique est un pays fertile ; cependant on y rencontre des cantons où le sol, montagneux et coupé de rochers, de sables ou de marécages, se refuse à toute espèce de culture. La région des Cht'out', dite aussi Bysacène, du nom de la ville de
Bysacium (Begny), et qu'on nomme
aujourd'hui le quartier
d'hiver de Mais d'autres circonstances topographiques rachetaient,
aux yeux des Carthaginois, les difficultés de mise en culture de En première ligne, le long du littoral tunisien, se rangent le rocher de Tabarque (Ta-Baraka ou Ta-Bahr-ka), la Galite[25] et le Galiton[26], les Sorelle, les Fratelli, le Chien, Pila, l'île Plane (Korsoura), les Djouamer[27], Monastir, les Kouriat[28] le groupe des Kerkeney[29], Surkenis ou l'île des Frissols, enfin Gerbey, l'ancienne île des Lotophages[30] ; En seconde ligne : Pantellerie[31], Linosa, le Lampion, Lampedouse[32] ; En troisième ligne enfin, le groupe des îles Maltaises[33], Tel était le magnifique champ maritime ouvert à l'ambition des émigrés tyriens. Leur cœur s'ouvrait d'ailleurs aux plus belles espérances à l'aspect des populations indigènes, qui leur faisaient un chaleureux accueil[34], et qu'ils voyaient, à leur grand étonnement, sorties des ténèbres de la barbarie. A cette époque, ils en étaient témoins, les premières lueurs de la civilisation venaient de poindre à l'horizon de l'Afrique septentrionale. Si l'on y rencontrait encore des peuples à l'état nomade, distribués par tribus et par clans, il s'y trouvait aussi des villes[35], qu'habitaient des nations soumises aux lois d'une organisation politique avancée, et constituées en Etats monarchiques[36]. Quelles étaient ces populations africaines avec lesquelles les Carthaginois se trouvaient en contact ? Une courte discussion ethnologique n'est point ici hors de propos. On sait que l'espèce humaine se partage en plusieurs grands rameaux. Le plus intéressant de tous, celui qui semble le prototype de l'espèce, est sans contredit le rameau caucasique ou la race blanche. Celle-ci se sous-divise, à son tour, en trois branches distinctes, constituant les familles Japhétique (ou indo-européenne), Sémitique et Chamitique. Une grande supériorité morale semble avoir acquis au sang indo-européen le droit et l'honneur de représenter l'humanité perfectible. On peut, sans courir grande chance d'erreur, admettre que
les Libyens se rattachent aux Phéniciens par les liens d'une étroite parenté.
Ce sont, en effet, des descendants de Laabim, petit-fils de Cham[37], qui, à l'aurore
des temps historiques, se répandent sur le sol africain, pendant que leurs
germains, fils de Chanaan, fils de Cham, couvrent les rivages de Les races humaines paraissent assujetties à des lois de mélanges dont le principe et l'organisme échappent le plus souvent à l'analyse, mais qui n'en ont pas moins une réalité incontestable. En particulier, la race blanche a procédé plus d'une fois, durant le cours des siècles, à la fusion de ses trois éléments constitutifs, et l'étude de l'Afrique est surtout intéressante en ce qu'elle est toujours la scène des événements qui amènent d'intimes croisements entre les enfants de Cham, de Sem et de Japhet. Les Chamites de Libye, considérés comme autochtones, ont donc souvent ouvert leurs veines au sang sémitique d'Arabie, de Syrie ou d'Asie Mineure ; mais ils y ont surtout laissé couler à flots le sang indo-européen ; enfin des courants chamiliques, marchant d'orient en occident, sont venus, par intervalles, rafraîchir la sève des Libyens primitifs. Les traditions les plus anciennes mentionnent les
invasions chananéennes, conséquence immédiate des conquêtes de Josué (vers 1450 avant Jésus-Christ), puis celle
des Arabes sabéens, des Amalécites, des habitants de Comme les conquêtes de Josué, les exploits de l'Hercule tyrien modifièrent profondément les conditions ethnographiques de l'Afrique septentrionale. Quand Hercule, dit
Salluste[38],
selon les traditions africaines, eut péri en Espagne, son
armée, composée de nations diverses, sans
chef, en proie à des ambitieux qui s'en disputaient le commandement, ne tarda
pas à se débander. Une partie, s'étant embarquée, passa en Afrique. C'étaient
des Mèdes et des Arméniens, qui s'établirent sur le littoral de Les Perses, peu à peu, se mêlèrent aux Gétules par des mariages, et comme souvent, tâtant le pays, ils étaient allés de place en place, eux-mêmes se donnèrent le nom de Numides. Quant aux Mèdes et aux Arméniens,
ils s'unirent aux Libyens, plus rapprochés de la mer d'Afrique, tandis que
les Gétules étaient plus au midi, non loin des ardeurs du tropique... Les Libyens corrompirent peu à peu leur nom, et, au lieu
de Mèdes, les
appelèrent Maures, en langue
barbare... La puissance des Perses
fut longue à se développer... Plus tard, à
cause de leur multitude, ils se séparèrent de leur souche, et s'étendirent,
sous le nom de Numides, dans les cantons
voisins de Carthage, qui s'appelèrent dès lors Numidie. Puis, s'aidant les uns les autres, ils subjuguèrent par
les armes ou par la crainte les peuples limitrophes... En définitive, la plage inférieure de l'Afrique tomba, pour
la majeure partie, en la possession des Numides, et tous les vaincus n'eurent
désormais d'autre nationalité et d'autre dénomination que celles de leurs
maîtres. Les éléments introduits par l'Hercule de Salluste étaient, pour la plupart, indo-européens[39] Unis à ceux qui les avaient précédés en Afrique, ils formèrent une nation puissante, qui ne craignit point de tenir tète à l'Egypte[40]. L'histoire de l'énergique résistance qu'ils opposèrent à Sésostris est gravée, depuis trente siècles, sur la muraille du temple de Karnak. En résumé, Quelles furent les autres révolutions ethnographiques de Il est vraisemblable que, à une époque perdue dans la nuit des âges, des Galls, suivant la loi qui dirige du nord au sud les courants ethnologiques, sont descendus de la région armoricaine pour se réfugier en Libye. Ces flux indo-européens, dont l'invasion des Vandales au Ve siècle de notre ère est le plus récent épisode, devaient fréquemment se produire, eu un temps où n'existaient ni Gibraltar, ni le détroit de Messine, ni le canal de Malte ; où, par conséquent, les envahisseurs ne rencontraient sous leurs pas aucune solution de continuité. Il est encore un autre témoignage de la réalité de ces migrations : c'est l'analogie qu'on observe entre la langue tamazir't et l'idiome breton ; entre le costume national des Imazir'en et celui des Armoricains. Enfin l'onomatologie topographique apporte aussi son
contingent de preuves. Qu'on jette les yeux sur une carte de En résumé, cet antique peuple amazir’, qui, du temps de
Sésostris, était répandu sur le sol africain, du Nil à l'Océan et du Soudan à
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[1] Utique, la grande Leptis (Lebeda), etc. Peut-être Tunis est-il également antérieur à Carthage.
[2] Cette circumnavigation est attestée par Hérodote (IV, XLII).
[3] Les Grecs ne furent pas mieux renseignés à ce sujet. Agathemère, Geographiæ informatio. — Aujourd'hui, les Sociétés de géographie de France, d'Angleterre et d'Allemagne, ont sérieusement pris à cœur l'œuvre de la reconnaissance exacte de l'Afrique. Abordé de toutes parts, parcouru en tous sens par les Barth et les Livingstone, ce mystérieux continent se laisse enfin entamer par la science.
[4] Eustathe, Comment.
Denys le Périégète assignait à l'Afrique la forme d'un trapèze. — Voyez les Commentaires d'Eustathe (collect. des Petits Géographes grecs, p. 247, éd. Müller).
[5] Denys le Périégète, dans la collection des Petits Géographes grecs, éd. Müller.
[6] Les Arabes divisent l'Afrique septentrionale en partie occidentale (El-Mor'-reb), de l'Océan au Fezzan, et en partie orientale, du Fezzan à l'Egypte. Le Fezzan est un double trait d'union ; c'est l'étoile des communications qui relient l'est à l'ouest, et la rote septentrionale au Soudan.
[7] Le mons Ferratus des Latins, qu'on appelle aujourd'hui massif de la grande Kabylie.
[8] Nom probablement tiré du grec Δύρις. Strabon, XVI, IV.
[9] Nommé aussi, au Maroc, Idrar-n-Deren ; c'est bien le Δύρις de Strabon (XVI, IV).
[10]
Les gour (pluriel de gàra), larges plateaux tailles à pic au milieu
des plaines du S'ah'râ, et dont la hauteur varie de 20 à
[11] Le S'ah'râ est, à proprement parler, le pays des dattes, par opposition au Tell, région des céréales. On l'appelle aussi Blàd el-Djcrid, pays des palmiers. Le djerid est la branche de palmier sèche et dépouillée de feuilles.
[12] Un qs'eur (au pluriel qs'our) est un village fortifié, construit en terre cuite au soleil (t'ïn), pourvu d'eau et entouré de palmiers. C'est la place de dépôt, le magasin des nomades. (Voyez Trumelet, Les Français dans le désert, p. 232 et suiv.)
[13] Cette orthographe est celle que l'usage a consacrée ; le vrai nom de la tribu est : Oulàd-Sidi-ech-Chîkh-ech-Cherâga.
[14] Le continent africain fut successivement appelé : Olympie, terre des dieux ; Occanie, plage de l'Océan ; Eskhatie, extrémité du monde ; Koryphe, haute terre ; Hespérie, région du couchant ; Ortygie, pays des cailles ; Ophiase, pays des serpents ; Képhénie, pays des guêpes ; Ammonide, Ethiopie, Cyrène, Aérie, Ethérie, etc., et enfin Libye.
[15] Genèse, X, 6 et 13.
[16] Les Touareg, ainsi nommés par les Arabes, sont, tout comme les Kabyles, des Imazir'en. Tel est leur vrai nom national.
[17]
Virgile (Enéide, III, v. 141) mentionne la rupture de l'isthme qui
unissait
[18] Les géographes arabes donnent à l'Afrique septentrionale le nom d'ile du Mor'reb. Ali-Bey (Voyages) considère la région saharienne comme le lit d'une mer desséchée.
[19] En espagnol sierra. Les Arabes donnent le nom de menchàr aux chaînes de montagnes dont le profil est ainsi dentelé.
[20] Μακάρα, la rivière des Makes ; c'est l'ancienne Bagrada (Bahr-adhar).
[21] Souk-Ahras est l'ancienne Tagaste, ville natale de saint Augustin.
[22] Tite-Live, XXIX, XXXII.
[23]
Afriqâh, en langue punique, signifie établissement, colonie.
C'était le nom même de Carthage, la colonie par excellence (Suidas.) Et
l'interprétation de Suidas parait plus satisfaisante que l'étymologie de
Servius, lequel tire Afrique du grec Φρίκη
précédé de l'α privatif, ou du latin aprica. Aujourd'hui encore, toute la portion du
territoire tunisien qu'arrose
[24]
Le quartier d’été de
[25]
On a trouvé à
[26] C'est le rocher connu des anciens sous le nom d'insula Pulmaria.
[27] Les Djouamer, dites aussi Zimbres, sont les Ægimures de l'antiquité. On leur donnait le nom d'autels. Virgile, Enéide, I.
On prétend, ajoute Servius, qu'il y avait là une île qui s'affaissa subitement, et à la place de laquelle seraient restés ces rochers, où les prêtres de Carthage viennent faire leurs cérémonies religieuses ; d'autres les ont appelés autels de Neptune.
Ægimure a donné son nom à la victoire navale et au désastre de M. Fabius Buteo (245). — Vers la fin de la deuxième guerre punique, Scipion fut poussé vers ces rochers, où, l'année suivante (203), se brisèrent 200 transports de Cn. Octavius.
[28] Les Kouriat sont aussi dites Coniglieri, les îles des Lapins.
[29] Les Kerkeney, alias Kerkina, Kerkeni, Cercina, forment un groupe de quatre îles. En 217, le consul Cn. Servilius Geminus leur fit payer une contribution de guerre de 10 talents (environ 58.000 francs). — Annibal y fit escale en 195.
[30] Gerbey, l'île des Lotophages, était alors appelée Meninx. Elle est située tout près du continent, par le travers d'un petit golfe semi-circulaire, dont elle ferme l'entrée, ne laissant, de chaque côté, qu'une passe étroite et difficile. — En 253, les consuls Cn. Servilius Cœpio et C. Sempronius Blæsus y échappèrent à un grand désastre. — En 217, au début de la deuxième guerre punique, Gerbey fut ravagée par la flotte de Cn. Servilius Geminus, forte de 120 voiles.
[31] Pantellerie est l'ancienne Cosura. On y a recueilli une grande quantité de fragments puniques.
[32] Lampedouse est l'ancienne Lopudasa. Au temps de Scylax, tous les habitants étaient Carthaginois.
[33] Le groupe des Maltaises comprend : Malte, le Gozzo et le Cumin. Malte, l'ancienne Hypérie, fut occupée par les Phéniciens 1500 ans avant Jésus-Christ. Les Grecs les en expulsèrent en 736, et les Carthaginois la reprirent à ceux-ci en 528.
[34] Justin, XVIII, V.
[35] Virgile, Énéide, IV.
[36] Virgile, Énéide, I et IV.
[37] Les fils de Cham sont : Chus, Mesraïm, Phuth et Chanaan. — Mesraïm engendra... Laabim. (Genèse, IX, 6 et 13.)
[38] Guerre de Jugurtha.
[39] Strabon confirme le fait, XVII, III. Lucain, Pharsale.
Nous ne faisons que suivre ici l'opinion d'Isidore de Séville, qui admet toutes les conséquences de la version de Salluste.
[40]
La science égyptologique fournit quelques données inattendues touchant les
populations primitives de
Il faut observer ici que le mot Tamehou ou Tahennou de M. Maury doit s'écrire Ta-n-ou. Ce n'est pas un nom national, mais un surnom injurieux donné par l'ennemi. Ta-n-ou signifie proprement femelle de peuple, nation inférieure.
[41] Justin, XVIII, VI.
[42] Virgile, Enéide, IV, passim.
[43] Une tribu des Ierbès existe encore en Algérie. On la rencontre sur la plage, route de Philippeville à Bône.
[44] Eustathe, Comm., 195.
[45] Eustathe, Comm., 187.
[46] M. Alfred Maury, De l'Exposition égyptienne. (Revue des Deux-Mondes, livraison du 1er septembre 1867.)
[47]
Voyez les modèles de ces constructions singulières au musée impérial de
Saint-Germain. —
[48] Mettez, par exemple, en regard les noms de Mak aït Snassen (Masinissa) et de Mac-Mahon.
[49] C'est pour nous conformer à l'usage que nous écrivons Kabyle. Le mot k'ebail rendrait mieux la vraie prononciation. Quelques auteurs, adoptant l'orthographe conventionnelle admise par la commission scientifique de l'Algérie, écrivent Qabil.
[50] La nation tamazir't a presque oublié son nom. Les divers groupes dont elle se compose s'appellent : Kabyles, Chaouia, Chelouh, Beraber, Zenatia, Bnï-Mzàb, Touareg, etc.