LE PRÊTRE-SOLDAT DANS L'HISTOIRE

 

CHAPITRE VI. — XIe SIÈCLE. - Expéditions commandées par un Pape et des Evêques.

 

 

I. Les Normands, ayant envahi le duché de Bénévent, fief pontifical, saint Léon IX se porte à leur rencontre. - Les Normands proposent un arrangement que les chefs teutons de l'armée pontificale repoussent. - Bataille de Civitella. - Les Normands vainqueurs se jettent aux genoux de saint Léon IX et lui promettent d'être désormais ses serviteurs. — II. Sous les auspices du Saint-Siège, le duc Guillaume de Normandie envahit l'Angleterre pour conquérir le trône que saint Edouard lui a légué et qu'Harold, roi parjure, lui dispute. - Bataille d'Hastings. - L'Evêque de Coutances, chef de l'Infanterie, et l'Evêque de Bayeux, chef de la Cavalerie, décident la victoire. — Prouesses guerrières de l'Evêque de Coutances. — III. Prélats guerriers anglais : saint Wulstan, évêque de Worcester. - Saint Anselme, archevêque de Cantorbéry. — IV. Thurstan, archevêque d'York et Baudouin, archevêque de Cantorbéry. — V. Evêques guerriers limousins : Geraud Hector du Cher et Sebrand Chabot.

 

I

 

Avant d'occuper le siège de Pierre, saint Léon IX (1049-1054), d'abord sous le nom de Bruno, chapelain du roi de Germanie, au temps d'Hermann, évêque de Toul, dut, à la place du vieux prélat, malade, conduire lui-même au Prince, sur le point de franchir les Alpes, le contingent militaire du diocèse. Aussitôt, le sang des comtes batailleurs d'Egisheim, les ancêtres de Bruno, bouillonne, et voici que, dans les plaines de la Lombardie, le chapelain se métamorphose en un intrépide capitaine[1]. Elu évêque de Toul, puis élevé au suprême pontificat, sous le nom de Léon IX (1049), le nouveau Pape conclut avec l'empereur Henri III un accord en vertu duquel le duché de Bénévent, dévolu au Saint-Siège, cesse d'appartenir à la mouvance impériale. Dans ce pacte s'accuse l'objectif invariable de la politique romaine. A partir de saint Grégoire le Grand, tous les Papes travaillent à conjurer l'instabilité que comporte le morcellement féodal. Il s'agit de soustraire les peuples aux malheurs et aux discordes d'une vie ballottée, par les rapines et les guerres, de maître en maître, de servitude en servitude. A ce mobile échiquier, les Pontifes romains veulent substituer une terre immuable, soumise à un seul arbitre, assez puissant pour donner au peuple le sentiment d'une force tutélaire et le bienfait d'une paix irrévocable.

A peine investi de la souveraineté du duché, saint Léon IX apprend que les Normands, installés dans le fief pontifical, refusent de s'en dessaisir. Pour triompher de cette prétention, Léon IX lève une troupe où les Allemands, commandés par des princes souabes, dominent, phalange peu choisie que grossissent tous les batteurs d'estrade d'alentour, plus soucieux de rançonner le Saint-Siège que de le servir. Les soldats italiens ne valent guère mieux. La péninsule est, dès cette époque, la patrie des condottieri, race de sacripants, qu'alimente la guerre, fléau des provinces, et terreur des souverains qui ne désarment cette engeance qu'en la prenant à leur solde. Au mois de mai 1053, saint Léon IX, en marche vers le Royaume de Naples, s'arrête quelques jours au Mont Cassin, puis, le 18 juin, après avoir gagné les rivages du Fortore, se trouve à Civitella, dans la Pouille, en présence des Normands, moins fiers qu'embarrassés de leur conduite.

Une députation de cavaliers et de fantassins vient, en effet, notifier à Léon IX la soumission filiale des chefs et leur respect pour les droits du Pape, leur seigneur. Que Léon IX daigne parler, les Normands s'inclineront devant le Souverain Pontife, juge suprême de tous les fidèles. Favorable il cette requête, si Léon IX l'accueille avec bonté, en revanche, les princes tudesques, intervenant dans la conférence, s'arrogent le droit de repousser les ouvertures et de congédier les messagers de paix. Les Teutons aux longs cheveux et à la haute stature se moquent, — dit le chroniqueur, — de ces Normands plus petits qu'eux. — Ordonne à ces intrus de quitter l'Italie, disent les Teutons à Léon IX. Ne tiens aucun compte de leurs discours. Il faut qu'ils sachent ce que vaut le glaive germain !

 

Victime de cette jactance et de cette contrainte, le Pape ne peut pas se dérober à l'aventure que cherchent et que lui imposent ses présomptueux auxiliaires. La bataille est résolue ; les fils de Tancrède de Coutances, Onfroy, Richard, Robert Guiscard, commandent les troupes appelées à combattre l'armée pontificale, et, dignes devanciers des Normands, qui, de nos jours encore, soutiennent avec tant d'éclat le choc des Teutons, les Normands du XIe siècle commencent par se débarrasser des Italiens, dès le début, précipités dans une déroute où ces médiocres recrues succombent sans utilité comme sans gloire. Les soldats du Latium en fuite ou tués, les Souabes se mesurent avec les vainqueurs, et, pendant une heure ou deux, leur disputent le bénéfice de la journée. Mais la tactique et l'impétuosité normandes l'emporte sur l'audace ignorante et brutale des Germains. Harcelés, broyés, pourchassés li Tedeschi, comme les appelle le chroniqueur Aimé, moine du Mont Cassin, furent tiut mort. Nul n'en eschappa, se non aucun à qui les Normans vouloient pour pitié pardonner et secutèrent ceux qui fuyoient et les prenoient et occivient.

 

Au milieu de cette débâcle, que devient saint Léon IX, entraîné, malgré lui, par l'orgueil tudesque, dans une lutte dont il déplore beaucoup plus les conséquences que le dénouement ? La journée de Civitella finit moins comme une bataille que comme une cérémonie expiatoire. Au lieu de se pavaner dans leur victoire, les triomphateurs, se souvenant du baptême qui les fit chrétiens, comprennent qu'en luttant contre le Père des fidèles, ils ont commis un parricide. Aux ambassadeurs pontificaux, accourus auprès d'eux, les chefs des Normands répondent :

Mieux éclairés, nous reconnaissons maintenant notre faute et, si le Pape veut nous prescrire une pénitence, nous sommes prêts à l'accepter. Nous ne demandons qu'à nous soumettre à tout ce qu'exigera de nous le Chef de l'Eglise, notre seigneur.

Ce repentir, émeut plus qu'il n'étonne saint Léon IX, témoin du zèle religieux que, tant de fois, déploya contre l'infidèle une race parfois sanguinaire et trop souvent rapace, mais foncièrement croyante et pleine de respect pour l'Apostole. La visite du Pape est implorée ; le Saint-Père se rend au camp et, dès les premières tentes, voit venir les barons Onfroy, Richard, Robert qui se ruent à sa rencontre, les vêtements encore couverts de la poussière de la lutte. Aux pieds du Pape, les pirates normands déplorent leur faute et ne se relèvent que sur l'ordre de saint Léon IX qui les exhorte, d'abord, à racheter le passé par une sincère repentance, puis appelle sur leur race la rosée des bénédictions divines. Fortifiés par cette indulgence et cette tendresse, les vainqueurs se tournent vers l'arène du combat, encombrée de cadavres :

Saint-Père, nous ensevelirons vos morts, disent les fils de Tancrède dans un geste éloquent, et, désormais, nous serons vos chevaliers, à leur place[2].

Quelle scène ! Les triomphateurs, le visage plein de larmes, agenouillés dans la boue du champ de bataille devant le Pape, moins humilié qu'eux par la défaite et lui demandant pardon d'un succès obtenu contre Rome ! Quelles âmes magnifiques ! Quels paladins ! Et comme cette grandeur morale, créée par l'Evangile, nous éloigne des temps affreux où l'amoindrissement du Christianisme a fait sortir de la nuit païenne et rentrer dans les cœurs toutes les fureurs, toutes les haines, tous les vautours dont nous avait délivrés l'Eglise !

 

Plus tard, quand Rome, envahie par les bandes impériales, quand la basilique de Saint-Pierre, souillée par l'anti-pape Guibert, crient en vain aux quatre vents du Ciel leur détresse ; quand tous les rois restent immobiles et muets sur leurs trônes, seul Robert Guiscard, avec ses Normands, vient au secours de Grégoire VII, bat une fois de plus les Teutons, chasse l'anti-pape et son empereur, non sans châtier cruellement les Romains, spectateurs passifs de l'invasion et courtisans de l'ennemi. Supplice terrible ! Rome, sauvée par les Normands, faillit périr sous les coups de ses libérateurs. Incendiés par les troupes victorieuses, les monuments leur servaient de flambeaux pour allumer d'autres bûchers et faire de Rome un désert où la nuit jetait moins d'épouvante que les ruines. Ce fut au milieu de ce brasier et de ces décombres que Robert Guiscard et ses légions ramenèrent en triomphe Grégoire VII dans son palais de Latran, soustrait aux fureurs de la soldatesque par des chefs heureusement sans pitié contre l'indiscipline. Pour exercer contre les Romains ingrats une vengeance qui laissât aux futures générations le souvenir et l'exemple d'une justice inexorable, Robert Guiscard voulait raser Rome. Grégoire VII obtint la grâce de la cité repentante. La Rome moderne sait-elle qu'elle doit son salut au geste miséricordieux de ce grand Pape ?

 

II

 

Recommandés à la bienveillance du Saint-Siège par leur inaltérable dévouement à sa cause, les Normands de France et leur duc recevaient en 1066, du pape Alexandre II un honneur que ne partagera, dans l'avenir, nul autre peuple. Dépourvu de postérité, saint Edouard, roi d'Angleterre, avait, à son lit de mort, désigné pour lui succéder Guillaume, duc de Normandie, d'autant plus sûr de recueillir cet héritage que le seul prince qui pouvait prétendre à la même Couronne, le roi Harold, venait de franchir le détroit pour jurer, à Rouen, fidélité au futur souverain des îles. Or, le roi Edmond mort, Harold, au mépris du serment qu'il a prêté, récuse les droits de Guillaume et s'adjuge, le 15 janvier 1066, le trône d'où l'a exclu l'arbitre même du royaume. Au lieu de recueillir paisiblement son héritage, Guillaume se voit obligé de le conquérir. Mais, avant de se mettre en campagne, fils soumis de l'Eglise, le duc envoie à Rome Gislebert, archidiacre de Lisieux, et le charge de soumettre au Souverain Pontife les perplexités d'un Prince, pour la première fois peut-être incertain de ses droits. Guillaume doit-il réclamer, les armes à la main, le fief que lui a légué saint Edouard et que lui dispute Harold ? Déclarant la cause de Guillaume juste, Alexandre Il stigmatise le vassal parjure et remet à l'adversaire d'Harold l'étendard de saint Pierre.

La cause de Guillaume est la cause même du droit et, par conséquent, de Rome. La bannière de la sainte Eglise Romaine flotte donc, le 16 octobre 1066, au-dessus de ce champ de bataille d'Hastings où se décide le sort d'un Souverain qui, dans l'élan de sa gratitude, proclame lui-même son Royaume, fief immédiat du Saint-Siège. Au cours de cette lutte, génératrice d'un Empire, le drapeau pontifical couvre de ses plis, non seulement la noblesse normande, mais les clercs, les évêques, les prêtres et les moines, héros ou témoins de la bataille, venus d'outre-mer, pour enseigner aux nouveaux maîtres à préférer le bien universel à l'avantage privé, le devoir au plaisir, la vie future à la vie présente, ce qui demeure à ce qui périt.

 

Si l Eglise doit à l'Etat le service d'ost, l'Etat, de son côté, donne à la tutrice de la vérité, à l'Eglise, le concours de la force armée. Deux prélats, Geoffroy de Montbray, évêque de Coutances, et Odon, évêque de Bayeux, arborent simultanément le glaive et la croix. Avant le combat, Geoffroy de Montbray célèbre la messe, distribue la communion aux chefs, puis, revêtant la cotte de maille et, saisissant les armes, s'élance dans la mêlée parmi les guerriers les plus intrépides qu'il excite de sa parole et qu'il soutient de son exemple.

De même que Geoffroy de Montbray, chef de l'infanterie, l'évêque Odon de Bayeux, chef de la cavalerie, monte à l'autel avant d'endosser le haubert, puis, sur un signe de Guillaume, le bâton de commandement à la main, se met à la tête des cavaliers, appelés à une intervention décisive. A couvert derrière des retranchements inexpugnables, les Saxons bravent longtemps sans péril les archers de Guillaume, impuissants contre les palissades. Pour faire sortir l'ennemi de ses lignes, Guillaume simule une retraite. Aussitôt, les soldats d'Harold quittent les tranchées, et, descendant la colline, leur lourde hache suspendue au cou, s'apprêtent à tailler en pièces les fuyards. Mais, à ce moment, l'évêque de Bayeux et ses escadrons se ruent sur les barbares en désordre et les culbutent. Terrible rencontre ! Pas un compagnon d'Harold n'échappe au carnage. Cette rupture du front saxon précipite le dénouement de la journée. Guillaume salue dans l'évêque de Bayeux le principal artisan de la victoire[3]. Le soir, en retournant les cadavres des vaincus, les Normands trouvèrent treize Saxons, revêtus, sous leur casaque, de la robe monastique. Les prisonniers reconnurent l'abbé de Hida, près de Manchester, et ses douze moines. Un autre fils de saint Benoît, Leofrik, abbé du monastère de Péterborough, près d'Ely, avait également, avec ses religieux, rallié l'armée du roi Harold. Fidèles il leur maître, nos Bénédictins n'avaient pas voulu se désintéresser de son conflit avec le prince normand. Mais ces dociles vassaux savaient-il que le Pape avait sanctionné le choix du saint roi Edouard et reconnu dans Guillaume le légitime suzerain de la Grande-Bretagne[4] ?

 

III

 

Devenu roi d'Angleterre, en vertu d'un fait d'armes où les évêques normands avaient joué le principal rôle, Guillaume, reconnaissant la haute autorité morale dont jouit l'Eglise, lui demande son appui et la nantit de sa confiance. Un simple moine de l'abbaye du Bec, le Lombard Lanfranc, promu archevêque de Cantorbéry et primat d'Angleterre, construit avec Guillaume l'édifice où la nation britannique abrite, depuis dix siècles, sa fortune, sa foi et son indépendance. Sous les auspices de Lanfranc, toutes les forces nationales collaborent avec la Monarchie et l'Eglise à la grandeur commune. Lorsque Guillaume, rappelé en Normandie pour mettre ordre aux affaires du duché, quitte momentanément l'Angleterre, c'est, sur l'indication de Lanfranc, à l'évêque de Coutances, que le roi remet le commandement suprême de ses milices. La conduite du prélat justifie le choix du prince. Débarquée sur la côte méridionale, une armée danoise, après avoir enrôlé les habitants du Somerset et du Dorset, s'avance vers le Nord, lorsque l'évêque Geoffroy, se portant au devant de l'ennemi qu'il rencontre non loin de Montaigu, l'attaque avec vigueur et le met en déroute. Plus tard, nouvel exploit. En 1073, une Ligue de mécontents, dirigée par Roger de Bretteville, les comtes de Hereford, de Suffolk et de Norfolk, tente de soulever contre le Conquérant les Saxons, restés fidèles au souvenir d'Harold. Savamment ourdi, le complot étend le réseau de ses mailles sur plusieurs provinces où les survivants d'Hastings ne se sont pas encore consolés de leur défaite.

Il faut triompher au plus vite d'une coalition qui risque de détruire l'ordre nouveau. Un vénérable pontife, saint Wulstan, évêque de Vigorne (Worcester), rassemble à la hâte les chefs normands du pays, et, s'improvisant leur chef, porte aux factieux les premiers coups. Arrive alors l'évêque Geoffroy de Coutances qui, suivi de son collègue, l'évêque Odon de Bayeux, marche contre les traîtres, les refoule, les oblige à s'enfermer dans la citadelle de Norwich où il les assiège et les force à demander merci. La découverte de la conjuration, la guerre, la victoire, le siège, la capitulation, toutes les vicissitudes de la campagne, n'ont pas retenu notre stratège épiscopal plus d'un mois hors de Londres.

Comme nos lecteurs viennent de le voir, un prélat canonisé par l'Eglise, saint Wulstan, n'hésite pas à se mettre à la tête des milices pour faire échec aux adversaires de Guillaume. Un chroniqueur nous montre le même évêque de Worcester ne se déplaçant jamais sans une escorte de vassaux en armes, selon la coutume des évêques normands[5]. Un vulgaire souci de faste n'impose pas à saint Wulstan cet appareil. Chef militaire, l'évêque veille sur la sécurité du royaume, épie les partis hostiles, prêt à recevoir leur soumission, s'ils se repentent, non moins résolu à les combattre, s'ils s'obstinent dans la révolte. C'est ainsi qu'en 1074, la vigilante offensive de saint Wulstan empêche la jonction de deux comtes insurgés contre Guillaume et préserve l'Angleterre d'une guerre civile.

 

Un autre saint anglais, Anselme, abbé du Bec, pressé par Guillaume d'accepter le siège de Cantorbéry, devenu disponible par la mort de Lanfranc, commence par répondre au roi (1093) : Prince, je ne puis consentir à mon élection que si vous consentez à me considérer comme votre père spirituel, de même que je vous regarde comme mon seigneur temporel. Accord conclu.

Si Guillaume, indocile à ce pacte, viole effrontément les droits de l'Eglise, Anselme refuse au roi la satisfaction de la même infidélité. Ni l'exil, ni la menace du dernier supplice, n'intimidèrent, personne ne l'ignore, le défenseur des libertés de l'Eglise et ne firent reculer le champion de la cause de Dieu. Mais on sait moins, ce nous semble, que l'archevêque déploya la même intransigeante ardeur au service temporel de son prince. Un jour, invité par le Légat d'Angleterre, le cardinal Gautier, à une conférence, saint Anselme, tout en acquiesçant aussitôt à ce désir, demande au Légat de lui fixer un rendez-vous près de Cantorbéry. Le roi, — écrit l'archevêque, — m'a chargé de guetter, nuit et jour, l'ennemi d'outre-mer : il faut que je l'empêche de débarquer dans les ports voisins de ma ville épiscopale. A quelque heure que ce soit, si un messager me signale une invasion, ma consigne est d'appeler immédiatement aux armes fantassins et cavaliers et de me mettre à leur tête pour refouler l'envahisseur. Comme le Légat ne paraît pas goûter cette excuse, l'archevêque insiste et prie le cardinal de ne pas différer sa communication. Le temps presse. En compagnie de l'archevêque d'York et de quelques autres prélats, je pars pour une expédition militaire. Commis par le roi à la garde du poste le plus dangereux et le plus exposé, je dois me tenir prêt à marcher, dès la première alerte, contre l'ennemi[6].

Ainsi, c'est à ce Pontife, si pénétré de ses droits et si soumis à Rome, que Guillaume confie la défense armée du territoire le plus vulnérable. Quel hommage à la loyauté de l'Episcopat ! Même au plus fort de la lutte qu'il dirige contre l'Eglise, le roi d'Angleterre révère dans l'Evêque le plus féal serviteur de la Couronne. Notre despote ne raisonne pas si mal. La fidélité religieuse du prélat garantit la fidélité politique du vassal. Aussi, de tous les corps de la société féodale, le clergé passe-t-il, aux yeux des Rois anglais, ainsi que des nôtres, comme le plus dévoué à leur puissance et le plus passionné pour la cause nationale. Voilà comment s'expliquent les immenses libéralités territoriales dont les successeurs de Guillaume comblent les Abbés et les Evêques. Aux termes du droit féodal, la concession d'un franc-fief, ou fief noble, impose au bénéficiaire le service d'ost. En démembrant le domaine royal, en distribuant les forêts, les champs, les métairies, les manoirs, sans doute le Roi aliène un lambeau du sol, mais il gagne, en revanche, dans chaque évêque ou abbé, un chef militaire qui, dès que le souverain appelle aux armes les vassaux de la Couronne, lève les hommes de son fief, les équipe et les conduit à l'armée, auxiliaires énergiques du prince et compagnons indéfectibles de sa croisade. Le feudataire laïque se brouille, se lasse ou s'évade ; le feudataire ecclésiastique reste ferme au péril et au devoir[7].

 

IV

 

Le naufrage de la Blanche Nef, où périrent trois enfants d'Henri Ier, ayant frustré ce prince de toute postérité mâle, un petit-fils du Conquérant, par les femmes, Etienne, comte de Blois, débarque sur la côte de Kent, le 23 décembre 1135, et se fait adjuger par les prélats et les barons la couronne d'Angleterre. Si cette acclamation ravit à la fille d'Henri. Mathilde, mariée en secondes noces à Godefroy, comte d'Anjou, les droits dont l'avait investie son père, elle ne la dépossède ni de ses titres, ni de ses exigences. Docile aux suggestions de l'entreprenante héritière, son oncle David, roi d'Ecosse, passe la Twed, envahit le comté d'York (1138) et, dans sa marche à travers les campagnes et les bourgs, lâche la bride aux instincts sauvages des soldats qui défendent la cause de la Prétendante. Les Saxons, — raconte une Chronique, — fendent le ventre aux femmes enceintes, jettent les enfants en l'air et les reçoivent sur la pointe des lances. Ils massacrent les prêtres au pied des autels et brisent la tête des crucifix.

 

En l'absence du roi Etienne, et devant l'inaction du comte de la province, laissé sans consigne, un vaillant prélat, originaire de Bayeux, Thurstan, archevêque d'York, prend sur lui de convoquer les prêtres des paroisses, avec leurs milices, et, malgré son grand âge, annonce qu'il mènera lui-même les troupes de l'Eglise contre l'envahisseur. La campagne revêt aussitôt le caractère d'une croisade. Sur l'ordre de Thurstan, les légions paroissiales, rassemblées à York, se préparent au combat par trois jours de jeûne. Au moment d'affronter l'ennemi, l'archevêque absout les Croisés de leurs fautes et, d'un geste paternel, étend sur leurs têtes courbées la dextre bénissante. Une litière s'offre à Thurstan, incapable de monter à cheval, mais, sur les instances des lords, pleins de pitié pour sa débilité physique, Je prélat se fait remplacer, à la tête de l'armée, par l'évêque d'Orkney, Rulf, et, cette décision prise, réintègre le palais épiscopal d'York.

 

Un autre pontife, également d'origine normande, Raoul, évêque de Durham, chargé de haranguer les troupes avant le combat, monte sur une éminence d'où il prononce un discours qui se termine ainsi :

Les piques des Ecossais sont longues, il est vrai, mais le bois en est fragile et le fer de mauvaise trempe. On les a entendus, dans leur jactance, les hommes du Galloway, dire que le breuvage le plus doux était le sang d'un Normand. Faites en sorte que personne d'entre eux ne retourne vers les siens se vanter d'avoir tué un Normand.

Pour communiquer à l'armée l'invincible résolution qui les anime, Evêques et Barons, après avoir arboré les bannières de saint Pierre d'York, de saint Cuthbert de Durham, de saint Jean de Beverley, de saint Wilfrid de Ripon, les fixent au mat que supporte un gigantesque chariot à quatre roues, tank mystique, au sommet duquel veille, dans une pyxide d'or, une Hostie consacrée. C'est rangées autour d'un char semblable, — le fameux carroccio de Milan ! — que les cités lombardes vont au combat contre les Empereurs allemands. L'heure de la rencontre sonnée, les montagnards écossais s'élancent, en criant l'ancien nom de leur pays : Albanie ! Albanie ! et, du premier élan, enfoncent le centre de l'armée épiscopale, comme ils auraient fait d'une toile d'araignée. Mais les cavaliers normands, chargeant de front, en rangs serrés et la lance basse, se ressaisissent bien vite. La manœuvre enveloppante de leurs ailes jette le désordre parmi les assaillants qui tirent en vain leurs claymores pour résister à cette poussée.

C'en est fait : les évêques ont gagné la partie. Désormais, le vieux cri anglais : Point de Normands ! exhalé sur tant de champs de bataille, ne jaillira plus des lèvres saxonnes. Le mât, auréolé de bannières, baptise la journée. Les historiens la nomment la Bataille de l'Etendard (28 août 1138)[8] et font honneur de la victoire à l'Episcopat normand et aux hommes des paroisses, the parishioners, coalisés contre le Saxon, comme leurs ancêtres d'Hastings.

 

Conquise le 15 juillet 1099, par Godefroy de Bouillon, Robert de Flandre, Raymond de Toulouse, Tancrède, Bohémond, le comte de Saint-Gilles et leurs quarante mille compagnons, Jérusalem, après avoir, pendant près d'un siècle, abrité la Croix, retomba, le 3 octobre 1187, sous le joug de l'Islam, — aujourd'hui, enfin, est expulsé de la cité sacrée où le Sang d'un Dieu nous racheta de la servitude et de la mort. Un long cri d'indignation et de douleur accueillit la rumeur de cet opprobre. Comme au temps d'Urbain II et de saint Bernard, toute l'Europe en fut remuée dans ses couches les plus profondes. Si vieillards oublioient son âge, dit un chroniqueur ; li infers leurs maladies ; les femmes meismes et li enfant en prenoient leurs cuers à faire granz choses. Le même chroniqueur dira, plus tard, des combattants : Bien sembloit que peu leur chaussist des choses temporels, affirmant ainsi le désintéressement généreux des Croisés, — bandes ignorantes qui partaient au hasard, ou troupes armées qui se groupaient par contrées, sous le pennon des grands chefs, dociles à la voix du Pape, marchant — comme le dit si bien le moine Guibert de Nogent, — sous l'impulsion divine, sans chef suprême, sans autre guide que Dieu seul !

 

Sous un antique ormeau, près de Gisors, le 21 janvier 1188, les rois de France et d'Angleterre signent un traité qui leur interdit toute guerre privée, tant que le Sarrasin ne sera pas vaincu, la Terre Sainte ouverte aux pèlerins et le tombeau du Christ délivré. Quelques jours plus tard, évêques de Normandie et d'Angleterre, réunis en Synode, au Mans, obligent les fidèles, sous peine d'anathème, à payer pour l'affranchissement de la Terre Sainte une dîme, — la dîme saladine — qui frappe tout et n'exonère que les chevaux des Croisés et les livres des Clercs. En même temps, défense, les jours de fête, de porter des habits somptueux et, dans les festins, de servir plus de deux mets. Le fidèle n'est que l'usufruitier de ses biens : le fond appartient à Dieu, toujours maître d'exiger la part qu'il lui convient pour les pauvres ou pour son service.

Dès le il février 1188, du palais épiscopal de Cantorbéry sort l'Archevêque Baudouin, impatient de lever la Croix au-dessus de la foule et d'appeler à la défense de la cause idéale qu'a prise en mains l'Eglise, les peuples esclaves des ténèbres et des sens. A peine l'auguste prédicateur a-t-il pris la parole que les populations presque sauvages du pays de Galles sentent s'allumer dans leur poitrine la flamme d'un enthousiasme sacré. Vainqueurs, pour la première fois peut être, de l'instinct animal et de la convoitise sensuelle qui les courbent vers le sol, artisans et laboureurs relèvent la tête et comprennent la grandeur de la mission à laquelle l'évêque Baudouin veut associer leur détresse. Si les femmes, plus terrestres et plus âpres, combattent la Croisade, et, pour immobiliser les hommes sur la glèbe natale, cachent leurs habits, les Gallois, réfractaires à cette ruse, désertent quand même les champs, laissent la charrue, accourent, presque nus, sous la bannière de l'archevêque, baisent la poussière que secouent ses chaussures, et ne veulent plus d'autre chef que cet apôtre de la lutte et de la souffrance.

Au mois de mars 1190, accompagné d'Hubert, évêque de Salisbury et de Radulf Glanville, Baudouin franchit le détroit et se dirige vers Marseille où une flottille attend les premiers croisés anglais, pour les transporter, sans escale, à Tyr, qu'ils atteignent le 16 septembre. De l'ancien royaume de Jérusalem, il ne reste plus que quelques lambeaux : Tyr, Tripoli et la principauté d'Antioche. Clé de la Palestine, Saint-Jean-d'Acre voit battre ses murs par une armée que commande le roi Gui de Lusignan, armée peu nombreuse d'abord, mais bientôt grossie par des centaines de recrues, avant-garde de la troisième Croisade, paladins gourmands d'équipées, comme Philippe de Dreux, évêque de Beau vais ; Philippe d'Alsace ; Henri II, comte de Champagne. Sans se laisser intimider par cette force imposante, le sultan Saladin oppose aux assauts des chrétiens toutes les ressources de l'artillerie ottomane, et, notamment, le feu grégeois, avec lequel il sème la mort dans les phalanges des croisés, saccageant leurs béliers et détruisant leurs tours. Le 12 novembre 1189, Lusignan décide de livrer aux Turcs une bataille en règle. La veille du combat, en l'absence du patriarche, l'archevêque Baudouin, après avoir absous et béni l'armée, estime qu'un devoir plus strict encore, s'impose à son patriotisme et à sa vigilance. A l'appel du prélat, cent chevaliers et cent écuyers, ses vassaux, groupés autour de la bannière de saint Thomas, son prédécesseur, rejoignent les combattants, pendant qu'en compagnie de Frédéric de Souabe et de Théobald de Blois, il garde le camp des Croisés. Les excès de l'armée affectent péniblement l'esprit du vénérable pontife. Opprimé par la douleur, Baudouin prie Dieu de le soustraire au tourbillon de ce monde. Ne voilà-t-il pas trop longtemps déjà, s'écrie-t-il, que je commande une armée ?[9] Cri généreux d'une âme chrétienne qui, tout en se soumettant aux rigueurs de la vie militaire, demande que sur le sol de sa patrie cessent de s'alourdir les exhalaisons des charniers.

 

V

 

Ton seigneur, le roi d'Angleterre, — dit, un jour, le comte Thibaut de Champagne à l'Anglais Gautier Map, — ton seigneur ne manque de rien ; hommes, chevaux, or, soie, diamants, gibier, fruits, il a de tout en abondance. Nous, en France, nous n'avons que du pain, du vin, de la gaîté[10]. Ce caustique parallèle met bien en relief les deux Royautés, avec leurs traits caractéristiques et leurs différences. Pendant la deuxième moitié du XIIe siècle, autant notre Louis VII est simple, austère, accueillant, religieux, humain, scrupuleux, secourable aux petites gens, dévoué à l'Eglise, soumis au Pape, autant Henri II, agité, violent, batailleur, cruel, peu tendre au Souverain Pontife, résolument hostile au clergé, compromet ses dons supérieurs par des excès, des vices et des crimes qui le dégradent devant ses contemporains. Si l'assassinat de Thomas Becket n'avait pas voué le nom du Plantagenet à une juste flétrissure, les guerres qu'il soutint contre ses fils suffiraient à desservir sa mémoire. La lutte déclarée par Henri II à l'Eglise devait préjudicier davantage encore au petits-fils du Conquérant. Tout présageait le triomphe de l'énergique Henri II sur le faible et irrésolu Louis VII. Un territoire, égal à vingt de nos départements à peine, obéit au roi de France, tandis que quarante-sept reconnaissent l'autorité du roi d'Angleterre. Cette disproportion de forces, jointe à la supériorité intellectuelle d'Henri II, semble rendre inévitable la réunion des deux Couronnes sur une seule tête. Qu'arrive-t-il, pourtant ? L'amitié d'Alexandre III et les sympathies du clergé font pencher la balance en faveur du monarque français. Lorsque l'archevêque de Cantorbéry, pour empêcher Henri II de commettre l'irréparable attentat qui, pendant des siècles, doit arrêter l'ascension de l'Angleterre vers l'hégémonie de 1 Europe, vient chercher un refuge en France, Henri II somme notre roi de refuser l'asile de ses domaines au traître, condamné par la justice anglaise. Outré de cette prétention, Louis VII s'empresse de répondre qu'il ne permettra jamais qu'on touche au prélat, pas plus qu'à la pupille de ses yeux. Certes, conclut-il, je suis roi tout aussi bien que le roi d'Angleterre. Mais je ne pourrais pas déposer le moindre clerc de mon Royaume. En reconnaissant ainsi l'intangibilité de la puissance spirituelle, le monarque français proclame en même temps l'indépendance de la conscience contre la contrainte de la force brutale.

Cette réponse devait porter malheur au roi d'Angleterre. Le clergé conquis par la fière parole du Capétien, salue aussitôt dans Louis VII le souverain chrétien, hostile au roi barbare. Avant Louis VII, sans doute, nos évêques, même ceux que le droit féodal soumit à la suzeraineté du roi d'Angleterre, ne supportaient cette domination qu'avec impatience. Mais, à partir de Louis VII, leur préférence s'affirmera plus résolument en faveur des Capétiens, pleins de respect pour l'Eglise qui défend l'âme humaine contre les violences des puissants et les fourberies des habiles. Quand Henri II, obligé de faire face à tous ses fils et à leur mère, déchaîne contre le Poitou, la Bretagne, la Normandie, le Limousin soulevés, les bandes d'aventuriers qui se mettent alors à la solde des princes à court de soldats, — routiers, brabançons, cottereaux, basques, ribauds, paillers, écume de l'Europe, — les évêques refusent de laisser passer ce cyclone sans tâcher d'en préserver leurs peuples. Un faux patriotisme ne les condamne pas à l'inertie. Les Miscellanées de Baluze et le Cartulaire d'Orbazin nous montrent les barbares renouvelant les exploits des pirates scandinaves contre les populations agricoles et celles-ci se mettant à la disposition de l'évêque qui les arme et les conduit à l'assaut des déprédateurs. Ainsi fait l'évêque Géraud Hector du Cher (1137-1177). Vieillard aveugle, Géraud, pour rassembler l'armée nécessaire, emprunte la voix d'un interprète, — Isembert — le nouvel abbé de Saint-Martial, qui, le dimanche des Rameaux, appelle le peuple à la rescousse. Pendant que les fidèles de l'évêché s'équipent, l'abbaye de Grandmont abrite l'évêque. Au bout de quelques jours, Isembert va prendre le prélat au monastère, et, tous les deux, l'évêque et le grand abbé, l'épée d'une main, la croix de l'autre, se mettent en campagne. N'est-ce pas un épisode de nos Chansons de Geste qui se déroule devant nos regards, que ce cortège de moines et de clercs, au milieu desquels se détache un vieux pontife aveugle, s'en allant commander les troupes improvisées qu'il encourage de sa présence et de ses paroles, surabondant de foi dans la protection du Ciel et plein de confiance aussi dans l'intrépidité de ses vassaux ?

Les Limousins rencontrent les Brabançons à Malemort. L'evêque et l'abbé sont au premier rang des chefs. Raymond de Turenne, vicomte de Limoges, commande le premier corps ; Archambaud de Comborn le deuxième ; Guillaume de Taillefer, fils du comte d'Angoulême, Olivier de Lastours et Eschivat de Chabannais, les autres. Le choc est terrible. La victoire reste à l'armée épiscopale. Deux mille cadavres de mercenaires anglais, épars sur le sol, entre Malemort et Brive (21 avril 1177) attestent le triomphe de la cause française et assurent la tranquillité de la province.

Trêve temporaire ! En 1183, les bandes britanniques dévastent de nouveau le pays et le dépeuplent. Il faut les chasser. Le successeur de Géraud du Cher, Sebrand Chabot (1178-1198), évêque et vicomte de Limoges, voyant destruire ses diocezains par les pillards, le cœur ému de compassion, devant les victimes des forfaits commis chaque jour, appelle les seigneurs et les Communes aux armes, joint, près d'Ahun, le jour de Pâques, une armée de six mille brigands, la met en déroute, et, poursuivant les fuyards à travers la Combraille, en fait un carnage qui laisse vingt ans de répit aux Limousins, enfin délivrés du fléau. Ennemi déclaré des Plantagenets, Sebrand Chabot ne se réconcilie pas avec les Anglais et lègue ses animosités à Jean de Veyrac (1198-1218), son successeur, adversaire non moins irréductible de l'étranger. Sous le pontificat de Jean de Veyrac, les routiers, embusqués dans le château et la ville de Noblat, oppriment toutes les paroisses, à portée de leurs coups. Avec le concours des prélats, des barons et du peuple de la province, l'évêque de Limoges chasse cette ribaudaille et, par là, dit l'historien Coral[11], brise le bras du roi d'Angleterre. Jean-sans-Terre et son fils Henri III n'oublièrent jamais cet exploit, si funeste à leur suprématie, et, lorsqu'une offensive heureuse les remit en possession de Limoges, Jean-sans-Terre non seulement saisit les domaines de l'évêque, mais expulsa Jean de Veyrac qui, mis au ban du fief, s'empressa d'obéir à l'appel d'Innocent III conviant les Evoques à la croisade et fixant le rendez-vous à Damiette.

 

 

 



[1] ABBÉ DELARC, Saint Léon IX, 13.

[2] D'après Malaterra, la réconciliation du Pape et des barons fut si complète que Léon IX donna aux Normands en fief non seulement la province conquise, mais celles qu'ils s'approprièrent plus tard dans la Calabre et dans la Sicile.

[3] ORDÉRIC VITAL, édit. L. Delisle, II, 146, et 223 ; — AUGUSTIN THIERRY, Hist. de la conquête de l'Angleterre, I, 348-350.

[4] DUGDALE, Monastic, angl., I, 210.

[5] GUILLAUME DE MALMESBURY, De gestis Pont. Angl., lib. IV. — BOLLANDISTES, Acta sanct., 10 janv. Nam et consuetudines episcorum normannorum non amittebat, pompam militum secum ducens.

[6] Postquam Rex mihi prœcipit ut illam partem Regni sui, in qua maxime irruptionem hostium quotidie timemus, diligenter custodirem et quotidie paratus essem hostibus occurrere. Epist. 35.

[7] THOMASSIN, Ancienne et nouvelle Discipline de l'Eglise, t. III, chap. de la Milice, p. 397.

[8] FLEURY, Abrégé de l'Histoire d'Angleterre, 55. — Dictionnary of National Biography, v° Thurstan, LVI, 352.

[9] Dictionnary of National Biography, III, 433

[10] J. BARDOUX, De Walterio Mappio, thèse latine, 1900.

[11] La Chronique de Pierre Coral (Historiens de France, XVIII, 239), fixe la date au 28 mars 1182. — Louis GUIBERT, Les Évêques de Limoges et la Paix Sociale, 13 à 18.