LES ÉCOLES D’ANTIOCHE

 

CHAPITRE PREMIER. — RÉGIME  DES  ÉCOLES.

 

 

Dès le deuxième chapitre de ses Institutions Oratoires, Quintilien[1] traite la question de renseignement privé : est-il plus utile de faire étudier l’enfant à la maison que de l’envoyer aux écoles publiques ? Je vois, dit-il, que les législateurs des Etats les plus illustres et les plus graves auteurs ont été de ce dernier avis. Cependant, on ne doit pas dissimuler que quelques personnes cédant à une conviction particulière dérogent à cet égard à l’usage presque général.

Telle est donc la pratique de Rome. Nul doute qu’il n’en soit de même à Athènes et à Antioche. Ici, en effet, nous ne trouvons pas les quelques vestiges d’instruction particulière signalés à Rome : Athènes a une théorie propre, ou tout au moins une tradition en matière d’éducation et Antioche la continue ; enfin, les arguments des partisans de l’instruction publique ont, en ces villes, leur pleine valeur.

Les voici exprimés avec une sagacité profonde par Quintilien. Appelé à vivre dans tout l’éclat de la célébrité et au grand jour des affaires publiques, l’orateur doit avant tout s’accoutumer de bonne heure à ne point redouter l’aspect des hommes, à ne se point ensevelir dans l’ombre d’une vie solitaire ; l’esprit reste en activité ; la présomption, fruit fatal de l’isolement disparaît. Là se façonne cette sorte d’instinct qu’on nomme le sens commun que la seule fréquentation des hommes peut produire.

A l’école publique, on profite des observations ou éloges adressés à d’autres. L’émulation surtout, la mère des études fécondes, naît de la honte des insuccès ou des joies du triomphe : avec quelle ardeur on se dispute la palme et quel honneur pour celui qui est le premier de la classe. Cette lutte nous donnait plus d’ardeur que les conseils de nos professeurs et la surveillance de nos maîtres, les vœux de nos parents.

Auprès des émules il y a les modèles, comme la vigne monte du pied de l’arbre et saisit d’abord les rameaux inférieurs avant d’atteindre leur faîte, c’est à imiter les travaux de ses condisciples que l’enfant s’élève lentement au sommet du savoir.

Le maître, lui-même, n’a-t-il pas besoin de son auditoire pour donner à ses paroles la chaleur qui convainc, l’enthousiasme qui transporte et faire de sa leçon de rhétorique un modèle de bien dire. Il n’y aurait pas d’éloquence au monde si l’on n’avait à parler qu’en particulier.

N’est-ce pas là seulement que s’effectue la formation de l’homme social, qui entre pour tant dans nos préoccupations pédagogiques contemporaines[2] ? Quintilien passe sous silence cette considération parce qu’il n’avait pas à signaler le malaise qui résulte lorsque l’instruction privée prend, dans une classe ou une nation, une place trop prépondérante.

Il est facile de comprendre à ce simple résumé, que dans l’éducation grecque orientale où la rhétorique tient l’immense place que nous verrons, où la vie sociale est si développée, où la vie entière se passe dans les relations multiples des fêtes, des festins, des bains, des jeux, du forum, il n’y avait place que pour l’éducation publique. Y a-t-il encore à l’époque qui nous occupe, des enfants élevés dans la famille par un maître ? Peut-être, mais ce ne sont que des exceptions, car nous rencontrons dans les écoles les fils des rhéteurs et des magistrats chrétiens et païens et ceux que suit la vigilance paternelle et ceux que la sollicitude inquiète des mères retiendrait volontiers au foyer.

Quintilien signale cependant une double objection. La première vient des mœurs, la seconde de la direction des études.

A cette seconde, plus apparenté que réelle, il répond que si l’on croit qu’un maître donnera mieux ses soins à un seul élève, l’enseignement public n’empêche pas qu’on donne un tel répétiteur. Autrement, il est à craindre que le maître qu’on trouvera soit assez médiocre, car il n’y a que les médiocres qui s’accommodent ainsi de ce rôle. Fût-il un maître incomparable, il ne peut être constamment occupé de son élève dans une leçon perpétuelle. Alors, si la leçon est intermittente, elle est aussi utile à plusieurs : autant l’entendent, autant en profitent ; c’est le soleil qui répand au même degré la lumière et la chaleur. L’inconvénient des corrections et explications est compensé par tant d’avantages !

Quand à la première objection, elle nous permet de dire un mot de la moralité des écoles publiques au IVe siècle, causa prorsus gravis, question absolument importante. Quintilien ne nie pour son époque ni le mal ni sa gravité, bien que le premier, responsable à ses yeux, soit la famille, aussi, n’est-ce pas des écoles qu’ils rapportent des vices mais bien dans les écoles qu’ils les introduisent, tant ils y arrivent pervertis et gâtés. Dès lors, on comprend que dans la réunion d’hommes de cet âge, naturellement plus enclin aux vices, le contact crée les plus honteux dérèglements, reproche hélas trop fondé.

Que sera-ce en Orient où jamais la famille ne connut l’austérité romaine, où le plaisir semble naturel sous le soleil, les fleurs, où le corps et l’âme s’alanguissent si facilement avec l’usage des bains, des fêtes et de mille autres éléments de corruption.

Chrysostome dès lors ne me semble plus exagérer sa thèse à loisir ; Libanius lui-même lui donne raison et de ses sévères leçons confirme les plaintes indignées du moraliste chrétien.

On n’ignore pas que sur ce point l’Etat se départit de sa large tolérance touchant l’instruction, ses prescriptions n’affectent d’ordinaire que la discipline et la moralité. On ne peut nier que ce soit le rôle bien compris du pouvoir.

Voici dans le Discours d’Eschine contre Timarque un trait de cette ancienne et constante préoccupation. Bien que les maîtres à qui nous devons remettre le soin de nos enfants soient intéressés à respecter les mœurs parce que leur fortune en dépend, cependant le législateur parait se défier d’eux : il indique en termes exprès à quelle heure l’enfant doit aller à l’école, avec combien de camarades il doit s’y trouver, à quelle heure il doit en sortir. Il défend aux maîtres d’ouvrir leurs classes avant le lever du soleil et leur enjoint de les fermer avant le coucher mettant en extrême suspicion la solitude et les ténèbres. Il détermine la condition et l’âge des jeunes gens qui fréquentent ces établissements[3].

De là ces surveillants établis pour toutes les réunions de la jeunesse et dont le pouvoir s’étend aux maîtres comme aux élèves : le paidotribe dans l’éphébie, le cosmète dans la Palestre.

Il est probable qu’à l’époque où nous sommes, l’influence de Rome s’est fait sentir, les mesures de protection ont plus ou moins disparu, une immoralité sans nom en est le résultat.

Quel courroux, quelles foudres vont éclater sur nous qui en cherchant à purifier le langage de nos enfants par l’étude de la sagesse profane abandonnons leur âme au bourbier immonde dans lequel elles gisent et se décomposent[4].

Pour signaler ce mal Chrysostôme choisit les termes les plus vifs qui puissent marquer son indignation, exprimer son dégoût[5]. Il hésite, la honte dans l’âme et le rouge au front, mais la gangrène et la purulence de la plaie n’arrêtent par le médecin une passion nouvelle et détestable s’est produite à notre époque ; un mal incurable et terrible, peste plus dangereuse que la peste la plus mortelle a éclaté parmi nous. Un crime effrayant et inouï a été inventé : crime qui renverse non seulement les lois écrites mais encore les lois de la nature elle-même. Grâce à ce monstrueux raffinement de débauche, la fréquentation criminelle des femmes ne parait plus si mauvaise. On s’estime heureux de se dérober à ces filets vulgaires et les femmes sont menacées de devenir un hors-d’œuvre, les jeunes gens remplissant leur office. Ajoutez à ceci que ces forfaits exécrables s’affichent avec une audace et une effronterie sans mesure... De tels désordres n’éveillent que le sourire. La sagesse passe pour de la folie, les observations pour des extravagances. De la part des faibles on les accueille par de mauvais traitements, de la part des puissants on les accueille par la dérision, la moquerie et mille sarcasmes ; les tribunaux, les lois, les pédagogues, les parents, les maîtres, les serviteurs n’y peuvent rien. Ceux-ci, sont corrompus par l’argent, ceux-là ne songent qu’à toucher le prix de leur service... L’infamie s’étale au milieu des foules avec autant de liberté que dans une complète solitude.

Où sont les barbares qui ne soient pas vaincus par cette monstrueuse débauche : quelles sont les bêtes sauvages au-dessous desquelles nos libertins ne s’abaissent point par leurs mœurs ? On remarquera chez certains animaux, des emportements, des fureurs sensuelles qui ressemblent à une folie véritable... quelles que soient ces ardeurs, ils respectent les lois que la nature a fixées.

Les décrets de Théodose contre ces infâmes désordres en attestent trop la réalité.

Quelle que part que nous fassions à l’emphase du rhéteur et h l’exagération du prêtre, il faut reconnaître la gravité du m al d’autant plus que Chrysostôme n’en exclut pas les chrétiens, des êtres éclairés par un enseignement divin, des êtres qui instruisent les autres de ce qu’ils doivent faire ou éviter... des hommes dont les oreilles reçoivent une doctrine descendue du ciel qui se conduisent plus indignement avec des jeunes gens qu’avec des courtisanes[6].

Libanius, qui, s’il en faut croire son autobiographie, a su résister là où Augustin et Chrysostôme ont succombé, n’a pas la véhémente indignation du converti et reste bienveillant.

Il ne faut pas juger trop sévèrement la jeunesse, nous souvenant de la nôtre[7]. Il écrit à Polydore dont le fils s’est laissé séduire par la voix d’une sirène. Je ne nie pas que l’amour pour une courtisane ne soit plus honteux que l’amour pour toute autre femme. Mais quand je réfléchis que Cupidon est aveugle, à en croire les poètes, je me persuade volontiers que sous l’empire et à l’aide de ce Dieu, les femmes impudiques aussi bien que les femmes honnêtes s’emparent du cœur des hommes. Si donc on ne voit pas avec étonnement, si on ne blâme pas, si on ne condamne pas celui qui cède à la puissance de ce Dieu, parce que ni les plus grands rois, ni les philosophes les plus sages et les plus orgueilleux, ni Jupiter lui-même roi des Dieux, ne sauraient échapper à ses traits, pourquoi haïr, détester, exécrer celui qui sert sous le même maître. Ce n’est pas de son propre mouvement, mais forcé par la puissance de ce Dieu que celui qui pourrait aimer une chaste épouse donne son cœur à une courtisane. Puisqu’il en est ainsi, considère moins ton fils comme digne de haine que comme digne de ta pitié et de ton pardon[8].

Cependant voici sa conduite pour son école : Écoute mon opinion. Si quelqu’un de mes élèves a commis une de ces fautes honteuses dont on ne peut parler, je le renvoie et ne laisse pas la contagion envahir le troupeau qui m’est confié[9]. Un jour, il porte devant la Curie d’Antioche une accusation contre les pédagogues qui trafiquent de la pudeur des enfants[10]. Il s’élèvera avec non moins de vigueur contre la coutume qui s’introduit d’inviter les jeunes gens aux banquets des Jeux Olympiques, véritable école d’immoralité. Le  grand respect de l’enfance n’est évidemment pas le caractère de cette époque et comme au temps de Plutarque, ce n’est pas par contrainte de misons géométriques, comme disait Platon, mais bien par attrait d’amour que les filles se livraient toutes nues aux jeux, danses et ébattements devant les jeunes hommes.

Aussi Jérôme écrit à Léta : Éloignez de la compagnie de votre petite Paula tous les autres enfants qui auraient des vices et que les filles qui la serviront n’aient point de rapports avec les étrangers de peur qu’elles ne lui enseignent ce qu’elles auraient eu le malheur d’en apprendre.

Dès maintenant on comprend combien d’éléments de corruption sollicitent l’enfant : climat et tempérament, indifférence des familles d’ordinaire trop peu soucieuses de l’élément moralisateur, immoralité des nourrices et des pédagogues, mœurs générales d’une excessive liberté et d’une extrême décadence, qui entravent l’action même des lois, fêtes, danses, exercices nus dans les palestres et les bains. Lorsque l’immoralité est dans les mœurs publiques et privées, nul doute que l’école ne lui soit un terrain propice de culture. Mais c’est une erreur de la rendre responsable de cette corruption parce que c’est en elle qu’elle se manifeste le mieux et que ses ravages sont plus sensibles en des victimes en qui avec la vertu disparaissent les meilleures promesses d’avenir.

Discipline

Si les écoles sont infectées d’une telle immoralité, ce n’est pas que la répression fasse défaut. La page de la discipline semble à nos esprits modernes aussi déplorable, mais à un autre point de vue, que celle de la moralité. On n’est pas médiocrement surpris lorsqu’on sort des écoles d’Antioche ou de Rome, l’oreille pleine du bruit des verges et des cris de douleur, de savoir que sans ironie le Romain nomme ludus le jeu, et le Grec σχολη le repos, cette vraie geôle de jeunesse non pas captive mais battue.

N’insistons pas sur les écoles de langue latine. Il serait trop facile de rappeler Orbilius, donneur de coups, le maître d’Horace et d’emprunter aux Confessions d’Augustin le fameux passage où il nous déclare[11] qu’il frissonne d’horreur au souvenir de ses premières études et n’hésiterait pas à choisir la mort s’il lui fallait opter entre elle ou une nouvelle enfance[12]. Rome l’austère a gardé ainsi le trait énergique du commandement, mais la Grèce, humaniste raffinée, fouette non moins vigoureusement.

Il faut reconnaître que dans l’éducation grecque aussi bien que dans l’éducation romaine, le fouet fût d’un usage constant ; d’ailleurs sous la sauvegarde des traditions et des lois il demeure longtemps un des moyens légitimes de répression. Aussi bien, c’est surtout de peines corporelles qu’on a fait usage depuis l’humanité naissante jusqu’à nos jours. M. Félix Hément veut y voir la prédominance du principe d’expiation sur le principe d’amélioration[13]. Ceci me parait une accusation aussi odieuse que déraisonnable, inadmissible dans les questions d’éducation, si elle subsiste dans la répression légale. Il ajoute que les procédés varient avec les degrés de civilisation ; à ce titre il n’est point de nation civilisée qui ne soit barbare par quelque endroit. On fouette au siècle de Périclès, au siècle d’Auguste ; on fouette à l’époque si amollie du Bas-Empire, on fouettera sous Louis XIV. Il ne faut pas faire de notre répulsion actuelle pour ce procédé, une supériorité de civilisation : si le fouet n’est plus légal et si les châtiments corporels sont justement interdits, on n’ignore pas que la pratique diffère souvent du permis.

Donc le fouet admis dans la famille à l’égard des esclaves et des enfants, dans la cité à l’égard des coupables, dans la palestre à l’égard des élèves et des maîtres, l’est aussi dans l’école. Jusque Plutarque et Quintilien, nous ne rencontrons guère d’hommes de valeur, ni d’éducateurs pour les condamner[14].

Si l’enfant se montre docile, on l’encourage ; s’il est indocile, on le redresse comme un bois tordu et recourbé, par les menaces et les coups. C’est l’opinion de Platon et d’Aristote[15].

Au Ier siècle, Quintilien et Plutarque répugnent à ce procédé, réclament des exhortations et des conseils, mais non des coups et des paroles blessantes. Je ne veux point du tout que l’on frappe les écoliers encore que l’usage l’autorise et que Chrysippe l’approuve : ce châtiment est dégradant et servile[16].

Il est vrai que Caton avait déjà voulu élever lui-même son fils afin que le pédagogue ne lui tire pas les oreilles[17]. Aujourd’hui ces procédés violents nous répugnent parce que nous avons placé l’enfant plus haut, trop haut peut-être, et qu’il nous semble plus digne de lui proposer le devoir que de le lui imposer. Comme toutes les utopies celle-là ne manque pas de grandeur mais il faudrait prendre garde en condamnant Démée, le père sévère, d’imiter le faible Micion.

Au IVe siècle, Himérius représente les maîtres débonnaires. Je hais ces maîtres de la jeunesse qui ne conduisent pas les troupeaux comme des bergers avec la flûte, mais menacent de coups et du fouet. Mes troupeaux, mes nourrissons (puisse-je ne les voir jamais dispersés) ne sont guidés que par ma persuasive éloquence aux prés et bosquets des Muses. Pour, les mener, jamais les coups, toujours les chansons. Notre mutuel amour se nourrit de musique et l’harmonie règle mon pouvoir[18].

Il est cependant le seul qui nous présente le spectacle de cette bénignité et l’usage du châtiment corporel prévaut certainement.

Si parfois l’élève apporte quelque négligence, sa peau fait connaissance avec les verges ; les coups ne l’encouragent pas à recommencer et lorsqu’il a dans quelques larmes amères adouci sa douleur il s’applique au devoir, s’efforce de réfléchir. Si, en gamin qu’il est, il ne s’en soucie pas, alors on le prive de nourriture et tandis que ses camarades vont prendre leurs repas, il reste seul dans l’école. Ainsi parle sans protestation Grégoire de Nysse[19].

Libanius qui cependant se plaint d’être trop facile pour ses élèves, fouette aussi. Si vous étiez sophiste et qu’un de vos élèves se conduise mal, dit-il à l’empereur Julien, le toléreriez-vous ? Non, mais vous apporteriez les verges[20]. Dans la lettre déjà citée où il parle d’éloigner le mal contagieux de l’élève corrompu, il réveille à coups de fouet l’élève qui ne travaille pas. C’est ce qui est arrivé à votre fils coupable de paresse. Laissant là les livres, il a montré la légèreté de ses jambes et il a été puni sur ses jambes afin qu’il apprenne à faire de préférence courir sa langue[21].

Les textes qui établissent cet usage sont nombreux ; c’est dans les larmes, sous les coups de verge et de férule que l’enfant apprend les durs rudiments[22]. Jérôme affirme bien qu’il ne réclame pas ces moyens pour former Paula ni Pacatula, et Théodoret évoque mélancoliquement le bonheur des abeilles qui apprennent à faire leur miel sans passer par ces douleurs. Mais il reste que c’est l’usage et un usage maître incontesté.

Les instruments furent de tout temps les mêmes : le fouet, le martinet, la férule. La férule ou baguette est surtout employée par le pédagogue qui l’a toujours à la main lorsqu’il accompagne l’enfant. C’est le moins rigoureux des châtiments ; cependant Fulgence se souvient qu’écolier il avait les mains enflées de coups de férule[23]. C’était sur les mains principalement, mais aussi sur le dos et autres parties du corps qu’on l’utilisait.

Le fouet, simple lanière de cuir ou de peau d’anguille, est d’un emploi fréquent et tient le milieu entre les deux autres.

Quant au martinet, qualifié horrible, formé de petites lanières nouées et cinglantes, il est rarement mentionné et, il faut l’espérer aussi, rarement employé. Il faisait la peau de l’enfant tachetée comme un tablier de nourrice[24]. Il ne faut pas, disait Horace, déchirer avec le martinet celui qui ne mérite qu’un coup de lanière[25].

Si l’enfant se conduit mal ou néglige son devoir, il a le fouet, donne-lui en de nombreux coups sur le dos et fais lui redouter la férule et les verges[26].

Tout ceci authentique la fameuse peinture découverte dans les ruines de Pompéi : description du châtiment d’un écolier[27]. Il est dépouillé de ses vêtements ; un de ses camarades le tient par les deux mains hissé sur son dos, un autre lui tient les pieds, tandis qu’un troisième personnage lève les verges pour frapper[28]. Pendant ce temps, le maître, dont la grande barbe ne dissimule pas la mine renfrognée, les mains dans son petit manteau, fait lire quelques élèves.

La main jouait aussi probablement son rôle : c’est le châtiment des petits enfants et non des hommes, peut-être aussi que la pantoufle suivait parfois, punition légère, le chemin que suivit celle d’Omphale à l’égard de Mercure.

Inutile de remarquer que ces châtiments sont en usage dans toutes les écoles et que l’âge n’en dispense pas. L’édit de Valentinien, Valens et Gratien, enlève du reste toute incertitude : « Que si quelque étudiant ne se conduit pas dans la ville comme l’exige la dignité des études libérales, qu’il soit publiquement battu de verges[29].

Si l’on en croyait les poètes, voire même Thémistius, il y aurait eu d’autres procédés de vraie torture, des scènes de violence regrettable, élèves liés à un poteau, bâillonnés, torturés, écartelés, soumis au supplice du chevalet et de la fidicula[30].

Il est vrai que ce n’est plus le professeur qui agit alors, mais le créancier irrité de voir passer les mois sans rétribution[31]. C’est la vengeance cruelle et inique d’un estomac vide, d’un maître miséreux. La misère des maîtres créait ainsi un double mal : car le besoin de vivre les faisait aussi hésiter à éliminer les élèves corrompus, malgré les craintes de contagion.

D’autre part, sans honneurs, les premiers maîtres trouvaient dur d’être aussi sans ressources ; aigris par l’infortune, ils devenaient cruels à l’égard de ceux qui les frustraient de leur salaire. Ainsi, ce qui était un stimulant pour la paresse, un châtiment pour la révolte, devenait un instrument inique de vengeance entre les mains d’un maître affamé.

N’insistons pas sur ces exceptions.

Le châtiment n’était pas le seul langage employé à l’école pour ramener au devoir : les avertissements, les menaces précédaient.

La douceur même n’était pas inconnue[32]. Du temps d’Horace, déjà, des maîtres indulgents donnaient des friandises aux enfants pour les encourager à apprendre les premiers éléments. Aujourd’hui, l’austère Jérôme conseille la même pratique. Pour exciter l’ardeur de Pacatula, promettez-lui des jouets, des friandises, ce qui charme dans les fleurs, ce qui resplendit dans les pierres, ce qui plait dans les jouets, que l’étude lui soit un divertissement plutôt qu’un travail, que l’inclination et non la nécessité l’y pousse[33].

Salvien nous affirme que presque tous les enfants incorrigibles que ne changent ni les menaces, ni la férule, se laissent parfois conduire par les caresses et les présents[34].

Libanius et Thémistius nous sont témoins que la patience n’était pas inconnue aux maîtres. Lorsque du bruit s’élève dans leurs écoles et que les disciples deviennent turbulents, ils paraissent attendre davantage de la tolérance que de la répression. Ils préviennent les parents, et ne se décident au renvoi, déshonneur irréparable, qu’après avoir tout tenté, mais alors, dit Libanius, quelques renvois faits froidement produisent une excellente impression[35].

Les maîtres ayant du tact, de la modération, ne manquent donc pas au IVe siècle. Convaincus que l’enfant est l’animal le plus difficile à conduire, ils savent que la douceur et le respect sont les meilleurs instruments de discipline. Les autres ont aussi leur rôle en des circonstances et pour des natures exceptionnelles ; peut-être que l’antiquité fit trop de l’exception la règle.

Action de l’État, des Municipalités, de la Liberté.

L’enseignement public peut se trouver sous trois régimes différents.

Les maîtres, à leurs risques et périls, ouvrent leurs écoles : c’est l’enseignement libre.

La ville ou la bourgade, extension de la famille dont elle peut représenter les droits et, par son unité, les mieux sauvegarder, ouvre des écoles, choisit les maîtres, assure leur traitement : c’est l’enseignement municipal.

L’État, au nom de ses droits supérieurs, intervient, se réserve le choix des programmes et celui des maîtres, assure des privilèges à ses professeurs et à ses élèves : c’est l’enseignement d’État.

Ce n’est point le lieu d’étudier les principes divers mis en avant pour étayer chacune de ces institutions, ni de voir les divers degrés qu’elles comportent et qui varient de l’indifférence absolue à la plus inique des tyrannies. D’ailleurs, le plus souvent, ces formes d’enseignement coexistent et se compénètrent, constituant ainsi un état de chose moyen qui satisfait les amis de la modération et de la mesure.

Il ne me parait pas dénué d’intérêt, même après les vives discussions de notre temps, de brièvement dégager le principe qui ressort de l’histoire complète de l’éducation dans l’antiquité : le respect de la liberté individuelle.

Les auteurs qui ne l’ont pas reconnu et ont cru voir dans cette histoire l’Etat ancien réaliser les utopies vaguement communistes d’Aristote et de Platon, ou se sont laissé entraîner par le désir de légitimer les tendances contemporaines, ou se sont laissé leurrer par le grand souffle de patriotisme et le culte de la cité, double impression que laisse profonde le contact de l’antiquité.

Quel peut être le rôle de l’Etat par rapport à l’instruction et à l’éducation ?

A l’heure actuelle, nous trouverions peu d’adversaires des droits ou, si l’on veut, des devoirs de l’État en cette matière.

Les uns disent : L’individu seul a des droits, l’État n’a que des devoirs[36] ; pour d’autres, l’État a la responsabilité de l’avenir et par conséquent les droits nécessaires pour l’assurer et réaliser sa propre raison d’être et de ces deux théories, en principe si opposées, l’aboutissement en matière d’enseignement est le même. Thèse ou simple hypothèse, conclusion rigoureuse d’une doctrine fixe, ou simple concession à des circonstances spéciales, cette action de l’État est par tous considérée comme légitime.

L’antiquité ne connut pas cette unanimité. Loin de là ! Sous aucun régime, si despotique fut-il, le minimum d’intervention, aujourd’hui admis de tous, ne fut même proposé.

L’affirmation de l’antériorité des droits de l’État fut rarement discutée, sa mainmise sur les individus souvent absolue. C’est la théorie de Platon. Et ce ne sera point au gré des parents que les enfants fréquenteront les écoles ou s’abstiendront d’y venir, mais il faudra que tous, autant que possible, homme et enfant, comme dit le proverbe, soient forcés de s’instruire, vu qu’ils appartiennent à l’État plutôt qu’à leurs parents[37]. De même, Aristote : Il faut se bien persuader que le citoyen ne s’appartient pas à lui-même, mais à son pays... Il est donc évident que l’instruction doit être régie par des lois et qu’il faut la rendre commune[38].

La théorie, on le voit, est absolue, en harmonie d’ailleurs avec le patriotisme des cités athéniennes, étroit, mais prêt à tous les sacrifices.

Mais cette théorie exprime plutôt des desiderata qu’elle n’affirme des réalités légales. On ne peut guère citer que la législation de Solon et de Charondas. Encore est-ce à l’heure où l’éducation de l’enfant est une formation de soldats et de citoyens avant d’être la formation d’hommes. La loi, quelques hymnes, des éloges d’hommes illustres, constituent tout le bagage littéraire de ces Grecs dont l’opulente fortune c’est la javeline, c’est l’épée, le beau bouclier rempart du corps. Leur éducation est complète pourvu que, semblables aux chiens de Crète, ils soient légers, bons sauteurs et habitués aux sentiers des montagnes[39]. C’est l’époque où la force prime l’esprit.

Cette époque dura peu... Nous ne trouvons plus ensuite l’intervention directe du pouvoir pour restreindre la liberté des familles et des maîtres.

La seule exception que nous rencontrons est le décret porté en 306 sous l’archontat de Coræbos[40] ; Sophocle fils d’Amphiclide propose qu’aucun philosophe ne se mette à la tête d’une école si le sénat et le peuple ne l’ont préalablement approuvé. L’infraction sera punie de mort. Le décret soutenu par Démocharès le fils de la sœur de Démosthène est promulgué... Les philosophes préfèrent se retirer : Théophraste quitte Athènes abandonnant son école de deux mille élèves. Deux ans après Philion accuse Sophocle de paranomie ; le décret est rapporté et son auteur condamné à une amende de cinq talents. La liberté chez les Grecs ne supportait pas longtemps le joug.

Il est certain qu’au siècle de Périclès toute action législative concernant l’organisation des écoles, le choix des maîtres, les programmes, l’inspection de l’enseignement a disparu.

Reste le contrôle exclusivement moral, la surveillance et la réglementation que nous trouvons pour toutes les réunions, la police des fêtes, et les nombreux magistrats : gymnasiarques, cosmètes, sophronistes, pédonomes chargés de Tordre et de la moralité.

La loi rappelle aux parents, mais sans rien prescrire, leur devoir de veiller à l’instruction de leurs enfants. Elle leur refuse s’ils l’ont négligée, sa protection pour leur vieillesse et dispense le fils de secourir son vieux père[41]. C’est à ces lois directives que Platon fait allusion lorsqu’il parle de celles qui ont prescrit au père de Socrate de lui faire apprendre la gymnastique et la musique.

Lucien résume cette législation lorsqu’il fait dire à Solon. Nous veillons principalement et de toute manière à ce que nos enfants deviennent des citoyens d’une âme vertueuse et d’un corps robuste[42].

Auprès de la théorie si énergiquement affirmée des droits de l’Etat nous trouvons donc une pratique d’un libéralisme que ne connaîtront plus les siècles à venir. On comprend comme vraiment la liberté fut rame même de la culture, de la civilisation athénienne. Et s’il n’est pas permis d’affirmer possibles aujourd’hui les libertés de ce temps, nous pouvons constater que c’est avec elles qu’ont apparu les grands siècles de la civilisation et que l’humanité a marqué ses étapes ascensionnelles les plus glorieuses vers le beau artistique et littéraire.

Nous ne pouvons cependant passer sous silence l’éphébie noviciat obligatoire que la république d’Athènes imposait à tous ses membres au moment où elle leur accordait les droits civils et politiques[43]. Durant une ou deux années selon les époques, le jeune homme de dix-huit ans devait apprendre la vie publique, se former sous le contrôle incessant et minutieux de l’Etat à toutes les qualités qui pouvaient être nécessaires à un citoyen. Il apprenait la politique, le maniement des armes, célébrait les sacrifices... Mais ce fut toujours une action fort restreinte de l’Etat et nul texte ne témoigne de son existence après l’an 247 (ap. J.-C.).

 

L’administration de l’Empire est de mieux en mieux connue et un des faits, non les moindres, révélés par les récentes études est la constitution du régime municipal ou provincial et le grand élément de liberté qui résultait de ce régime. Toutes les cités, pays d’Empire ou alliés ou sujets, ont leurs magistrats locaux, leur assemblée ou sénat municipal.

Sans doute lentement les droits avaient diminué, le fonctionnarisme grandi ; Faction impériale s’était étendue à des objets jusque-là hors de son atteinte, non pas toujours par idée arrêtée et principe d’absolutisme mais souvent forcée à cela par les besoins ou les incapacités des administrés eux-mêmes... Déjà les libertés étaient gravement restreintes lorsque Caracalla avait étendu le droit de cité à tous les habitants de l’Empire Romain... Et Dioclétien dans sa fameuse organisation administrative ne fait que sanctionner l’existence de ce formidable cadre de fonctionnaires qui s’est imperceptiblement constitué, depuis Trajan principalement.

Antioche qui avait acheté sa liberté à prix d’argent sous César, paie aujourd’hui le tribut et se voit sans cesse menacée de perdre après les autres ses privilèges de métropole. Cependant son assemblée municipale subsiste et elle garde jusqu’à la fin du IVe siècle le droit de choisir les maîtres, dont le salaire est à la charge de la ville.

Nous verrons qu’alors le pouvoir fixe le minimum de salaire des professeurs et le nombre de ceux qui jouiront de cette subvention municipale, mais laisse naturellement à l’assemblée de la ville le droit de les choisir.

Nous trouvons ce droit exercé non seulement dans les villes de Nicée, Nicomédie, Antioche, mais encore à Constantinople la ville impériale, à Athènes honorée des attentions du pouvoir. En chacune de ces cités en effet Libanius fut appelé ou reçut l’honneur d’un décret municipal[44].

A son arrivée à Constantinople, Libanius trouve un sophiste cappadocien, que le sénat avait fait venir sur le bruit d’une lutte brillante qu’il avait soutenue. Les habitants de Nicée envoient à Libanius une ambassade et le comblent d’honneurs. Un décret du préteur de Bithynie l’appelle à Nicomédie pour complaire au vœu des habitants Ceux-ci me demandaient, non pas faute de sophiste car ils en avaient un célèbre, leur compatriote, mais il se laissait emporter par son humeur et un jour il avait osé se vanter que le sénat était tout entier l’esclave des parents de ses élèves. Alors pour le punir on le frappe d’un coup dont il se ressentira toujours en lui opposant Libanius.

Ce dernier ne revient à Constantinople qu’après des démarches instantes du sénat auprès du préteur qui lui-même demande l’intervention impériale. D’accord avec la ville et les décrets qu’elle me prodigue, l’empereur me comble aussi de ses dons, les uns purement honorifiques, les autres qui m’attribuaient un revenu, de sorte que sans avoir souci de la culture de la terre je jouissais de tout ce qu’elle rapporte aux laboureurs.

Stratégius qui vient d’être nommé gouverneur de la Grèce, attristé du malheureux état des écoles s’adresse ainsi aux Athéniens : Vous qui passez chez tous les peuples pour les inventeurs et les maîtres de l’agriculture, vous ne voyez aucun inconvénient à tirer vos grains du dehors ; si vous faites de même pour l’éloquence, croyez-vous que votre gloire sera compromise ? Le sénat comprit et rédigea sur le champ le décret qui appelait Libanius.

Nous voyons aussi ce rhéteur intervenir à Antioche pour faire augmenter le salaire d’un sophiste son rival et son ennemi, et une autre fois plaider devant le sénat la cause de tous les rhéteurs.

Eunape dans la Vie de Proérésius signale ainsi l’élection du successeur de Julianus : A la mort de ce dernier, Athènes s’empressa de choisir le professeur qui hériterait de ses privilèges ; très nombreux furent les concurrents qui s’inscrivirent. Furent désignés par les suffrages de tous : Proérésius, Héphestion, Epiphane et Diophante ; on y ajouta clandestinement et illégalement Sopolis, et par des procédés encore plus indignes, Parnassius[45].

Que signifie ce choix de six successeurs ? Y eut-il partage du traitement et des fonctions ou de nouvelles chaires furent-elles créées ? Eunape se contente de cette réflexion : D’après la volonté des Romains il devait y avoir à Athènes de nombreux orateurs et de nombreux élèves.

C’est donc l’assemblée municipale qui par délibération, décret ou ambassade manifeste le choix qu’elle a fait des professeurs officiels, réclame l’appui des représentants de l’empereur, préteur ou gouverneur, sollicite même l’intervention impériale. Il semble qu’alors le rhéteur ne peut refuser la nomination : Libanius ainsi appelé à Constantinople dut employer pour éviter d’y retourner, médecins, préteur et personnages influents.

Sur quoi se base le choix ? Rien ne nous autorise à croire à un concours, à un jugement par les pairs[46]. Tantôt le rhéteur en possession de privilégier désigne son successeur et le recommande ; tantôt c’est un enfant de la ville qui est allé faire ses études à Athènes, Constantinople, Antioche et qui a l’appui de sa famille et de ses amis ; ou encore c’est un rhéteur célèbre, vainqueur dans un tournoi d’éloquence, un professeur qui est venu fonder une école et que des succès désignent à l’honneur d’une nomination officielle. Evidemment les intrigues, les influences des hommes au pouvoir exercent leur action, mais le champ n’en reste pas moins libre et plein d’espérance pour le talent.

Le droit de nommer entraîne le droit de révoquer. Cependant je n’ai pas trouvé trace de révocation et la conduite du sénat de Nicomédie est assez curieuse : il ne révoque pas le rhéteur insolent, il se contente de lui opposer un rival. Ailleurs aussi nous rencontrons des professeurs indignes et honnis, sans qu’ils soient pour cela révoqués.

Nous voyons bien le préfet de Constantinople Liménius frapper Libanius d’interdit et par lettres lui fermer les portes de Nicomédie, mais cela n’empêche pas peu après le sénat de la ville de l’appeler.

Inutile d’insister sur cette décentralisation de l’instruction publique et ses immenses avantages : la facilité de choisir les maîtres, de les connaître, d’en faire les serviteurs dévoués de la ville qui les nourrit et les honore.

Contre le péril des influences administratives et des préférences dangereuses, reste la précieuse ressource des professeurs libres.

 

Auprès du professeur officiellement reconnu, tout citoyen pouvait à son gré, à ses risques et périls ouvrir une école. Nul examen n’était requis, nul contrôle exercé. Quiconque avait du savoir et du talent, s’installait dans une ville, conviait le public à ses déclamations, défiait à des joutes oratoires les professeurs attitrés. Parfois il emportait l’avantage et alors son concurrent nanti gardait titre et dotations, mais voyait ses élèves le quitter pour s’attacher à son rival.

Dans toutes les grandes villes nous trouvons ainsi l’enseignement libre concurremment avec l’enseignement que nous nommerons officiel. Ce régime tenait en haleine tous les professeurs et les obligeait au travail. A la fin du IVe siècle une constitution de Théodose les affranchit de ces inquiétudes salutaires et de ces espoirs encourageants : elle supprime les chaires privées qui faisaient échec aux chaires des professeurs reconnus, et ces derniers délivrés de l’aiguillon de la concurrence purent s’endormir avec sécurité dans la douce béatitude du monopole[47].

A Rome, la culture intellectuelle, on le sait, tient peu de place dans les préoccupations générales jusqu’à la conquête de la Grèce et l’arrivée en Italie de ces maîtres étrangers qui viennent à leur manière prendre la revanche de leur défaite.

Aussi nulle trace, sous la République, d’écoles, ni pour les patriciens ni pour les plébéiens. La seule mesure législative est l’édit des censeurs (662) qui interdit l’enseignement de la rhétorique et de la philosophie[48].

Cicéron résume exactement l’action de l’Etat jusqu’à l’avènement d’Auguste : Nos ancêtres n’ont pas voulu que l’éducation, objet de tant d’infructueuses tentatives chez les Grecs, et le seul point sur lequel Polybe, notre hôte, accuse de négligence nos institutions, fut réglée et tracée par la loi, ni soumise aux regards du public, ni la même pour tous[49].

Donc les études ont à Rome un caractère d’absolue spontanéité et de liberté, malgré le mot de Suétone que nous ne pouvons appuyer sur aucune preuve : Nos ancêtres ont établi le programme des études de leurs fils et les écoles qu’ils devaient fréquenter[50]. Le respect de la liberté est tel que sous la dictature de Sylla, Laberius reçoit gratuitement les enfants des proscrits sans être inquiété[51].

C’est à la famille que l’éducation est confiée sans réserve. Le grand principe essentiellement latin des droits de la famille, du caractère absolu de la puissance paternelle sauvegarde ici la liberté.

Auguste lui-même, qui s’ingéra avec tant de rigueur dans le droit de la famille, ne toucha cependant pas aux questions d’éducation. Il est curieux de constater que l’Etat romain, alors même qu’il s’efforçait à coup de lois somptuaires et nuptiales de réagir contre la décadence des mœurs antiques, s’abstint absolument d’intervenir dans l’éducation de la génération nouvelle. Et pourtant le principe indiscuté chez les Anciens qui subordonnait à l’État l’existence de l’individu eut à Rome, au même titre qu’à Sparte et à Athènes, rendu légitime une semblable intervention dans le gouvernement de la jeunesse[52].

Donc la liberté pour tous sans protection spéciale, tel est le régime ; et, la remarque s’impose, le siècle d’Auguste, l’apogée de la littérature latine, est fils de la liberté.

Hors l’action de l’Etat, le Romain au génie pratique, plus soucieux de combattre pour ses intérêts et de les défendre que de cultiver son esprit ; s’est laissé séduire par les charmes des lettres, de l’éloquence. Le fier citoyen a laissé l’étranger pénétrer chez lui ; le vainqueur s’est assis devant la chaire où enseignait le grec vaincu. Un jour un chevalier romain se faisant professeur émancipera les autres maîtres[53]. Rome comptera peu d’œuvres absolument originales, mais laissera des noms que l’humanité civilisée placera auprès des plus grands des autres littératures. Tant est puissant l’attrait des lettres, tant est féconde la liberté !

 

Une autre période bien marquée s’ouvre d’Auguste à Julien. La liberté reste d’ordinaire sauvegardée, mais les professeurs connaissent les encouragements et les récompenses du pouvoir.

Voici les principales mesures prises par les Empereurs.

César donne aux rhéteurs, presque tous grecs le droit de cité[54]. Vespasien leur assure (qu’ils soient grecs ou latins) un salaire, de même Adrien[55] qui les protège avec encore plus de soin et laisse même quelques avantages aux professeurs qu’il doit révoquer.

C’est encore Adrien[56], croyons nous, qui fonde la première école publique l’Atheneum[57] ; avant lui Vespasien le premier avait créé des chaires et les avait dotées avec l’argent du trésor public[58]. Antonin fonde des écoles de philosophie et d’éloquence dans les provinces[59] ; Marc Aurèle restaure celles d’Athènes[60] Alexandre Sévère est le seul signalé comme ayant bâti des écoles et donné des pensions à des enfants pauvres[61].

Adrien, Antonin, Vespasien et Constantin accordent aux maîtres les diverses exemptions des charges municipales et des obligations créées par le droit de cité, dont ils ne gardent que les privilèges[62]. Constantin les déclare exempts de toutes les fonctions et obligations publiques ; il évoque même à son tribunal les affaires où ils sont incriminés[63].

Antonin avait fixé selon l’importance des villes le nombre des rhéteurs qui devaient bénéficier des privilèges[64].

Il faut cependant noter que seuls les rhéteurs, les médecins, les grammairiens sont ainsi favorisés par la loi.

Quant aux philosophes, d’abord négligés, ils étaient vite devenus suspects : Mucien les traite de séditieux[65] ; ils sont enfin proscrits par Domitien dont la grande figure d’Epictète ne réfrène pas la tyrannie[66].

Telles sont, si nous y joignons la faveur accordée aux étudiants de l’exemption des charges publiques jusqu’à vingt ans[67], les seules interventions de l’autorité impériale, rares et toutes de même caractère. Honorer et protéger les professeurs, leur assurer une situation digne et respectée, c’est le souci bien légitime des empereurs, comme il doit l’être de tout pouvoir. Auprès on ne peut signaler aucune intervention dans les questions de programmes, ni dans le choix des professeurs.

Avec l’empereur Julien le pouvoir prend une attitude nouvelle à l’égard des écoles. Nous sommes en plein IVe siècle et nous voici en présence de deux actes de cet empereur excessivement importants puisqu’ils sont la première mainmise du pouvoir sur l’instruction, la première affirmation d’un enseignement d’Etat et du droit supérieur du gouvernement à choisir les professeurs. L’Empereur interdit d’enseigner ce qu’on ne croit pas, il oblige les villes à lui soumettre le choix des professeurs.

C’est parmi les lettres et non sous la forme d’un édit que nous trouvons la grave mesure prise contre les maîtres. La voici dans son entier à cause de son importance.

J’appelle une saine doctrine, non celle qui consiste en un heureux choix de paroles et dans l’harmonie d’une belle langue,mais celle qui maintient l’âme dans une bonne disposition et lui donne un juste notion du bien ou du mal, du beau ou du laid. Celui donc qui enseigne une chose à ses disciples pendant qu’il en pense une autre, celui-là est aussi éloigné de faire un bon maître qu’un honnête homme. Si cette différence de la parole et de la pensée ne porte que sur un objet de peu d’importance, le mai existe toujours quoique dans une faible mesure. Mais s’il s’agit de choses graves et qu’un homme sur de tels sujets enseigne autrement qu’il ne pense n’est-ce pas là faire de l’enseignement un trafic, non un commerce honnête, mais une fraude criminelle. Car en enseignant ainsi les choses qu’ils méprisent, de tels hommes attirent par de trompeuses amorces et de fausses louanges, ceux à qui ils veulent plus tard communiquer leurs propres vices.

Tous ceux donc qui veulent faire profession d’enseigner, doivent être d’abord irréprochables dans leurs mœurs et se garder de mettre en avant des opinions qui s’écartent des croyances populaires, mais ceux-là surtout doivent se montrer tels, qui enseignent l’art de discourir aux jeunes gens et qui les guident dans l’interprétation des livres anciens, soit rhéteurs,soit grammairiens ; plus que tous, les sophistes, qui veulent être professeurs non seulement de langage mais de bonnes mœurs et qui disent que la philosophie qui enseigne à diriger la chose publique fait partie de leur art. Que cela soit vrai ou non, n’en discutons pas pour le moment. Je les loue de si nobles prétentions, mais je les louerais surtout s’ils ne trompaient pas leur public en apprenant à ceux qui les écoutent le contraire de leurs opinions.

Que vois-je en effet ! Homère, Démosthène, Hérodote, Thucydide, Isocrate ne reconnaissent-ils pas tous que les Dieux sont les pères et les guides de toutes les sciences ? Ne se croyaient-ils pas tous consacrés, les uns à Mercure, les autres aux Muses ? N’est-il donc pas absurde de voir que ceux-là même qui interprètent les livres de ces grands hommes insultent les Dieux qu’ils ont honorés ? Je trouve cette conduite insensée, non cependant que je veuille contraindre ceux qui la tiennent à changer de sentiment mais je leur donne le choix ou de ne plus enseigner ce qu’ils réprouvent, ou s’ils persistent à enseigner, de convenir alors eux-mêmes, et de redire à leurs disciples que ni Homère, ni Hésiode, ni les autres écrivains qu’ils interprètent ne sont coupables d’impiété, de démence ou d’erreur comme on les en accuse. Car enfin ils vivent des œuvres de ces écrivains ; c’est leur gagne-pain ; et c’est se reconnaître soi-même pour les plus avares des hommes que d’enseigner pour quelques drachmes ce qu’on croit être le mensonge.

A la vérité jusqu’aujourd’hui il y avait plus d’une raison pour ne pas fréquenter les temples des dieux : une crainte partout répandue pouvait altérer les vraies notions de la divinité. Mais puisque enfin les Dieux nous ont rendu la liberté, il me parait absurde que les hommes enseignent ce qu’ils ne tiennent pas pour vrai. S’ils reconnaissent quelque sagesse dans ceux dont ils interprètent les œuvres, qu’ils s’étudient d’abord à imiter leur piété envers les Dieux. Que si vous pensez au contraire que toutes ces opinions sont fausses, allez alors aux églises des Galiléens et interprétez Matthieu et Luc. C’est là que vous apprendrez à vous abstenir des choses sacrées. Quant à moi je désire que vous régénériez, comme vous dites, vos oreilles et votre langue par ces leçons divines dont s’il plaît à Dieu, je ne m’écarterai jamais, non plus que ceux qui m’aiment. Voilà donc la loi que j’établis pour les professeurs et pour les maîtres.

Quant aux jeunes gens qui veulent suivre les cours, je ne les en empêche pas, car il ne serait pas juste d’écarter du bon chemin ceux qui ne savent dans quelle voie ils veulent marcher et de les retenir de force dans les coutumes de leurs parents. Il serait juste au contraire de les traiter comme des insensés et de les guérir malgré eux. Mais nous avons pardonné à tous cette maladie et il vaut encore mieux, je crois, éclairer que punir les insensés[68].

La forme même de ce décret, l’allure emportée du style, l’hésitation devant Faction sur les étudiants, prouvent que l’amour de l’hellénisme et de la sincérité n’aveuglaient pas Julien sur l’importance de la mesure, suite logique des grands progrès de la centralisation créée par le fonctionnarisme de Dioclétien et favorisée par les théories orientales du pouvoir absolu.

Menace directe pour quelques très rares chrétiens, cette lettre était surtout un rappel au devoir adressé à ces nombreux professeurs sceptiques ou indifférents, qui n’expliquaient pas sans rire, comme les augures autrefois, les fables païennes, aussi peu soucieux de religion que de moralité.

II faut y voir plutôt un attentat à la liberté de la pensée qu’à la liberté de la conscience. C’est une mesure préventive contre les chrétiens il ne faut pas poursuivre les Galiléens contre le droit et la justice, mais toujours leur préférer les hommes pieux. C’est une mesure active contre les maîtres païens, infidèles à leur mission aux yeux de l’empereur. Par là s’expliquent la dure qualification d’Ammien Marcellin[69], l’opposition des maîtres païens, hormis les privilégiés, l’irritation croissante de Julien contre les professeurs et les prêtres du paganisme, les invectives qu’il leur adresse.

Ainsi d’une pensée étrangère au culte pur des lettres, d’un vouloir de réforme religieuse et morale, d’une idée de précaution menaçante contre des adversaires religieux,’sur un terrain hélas trop propice à germer le despotisme, avec les décadences et le byzantinisme, naquit pour la lutte l’Etat maître d’école.

C’en était fait et pour longtemps de la liberté ! L’arme est trop puissante pour qu’un gouvernement consente à s’en dessaisir, je ne préjuge pas d’ailleurs les nécessités que plus tard créeront les évolutions successives des formes sociales. Peu après Julien, le christianisme peu soucieux de culture intellectuelle jusque-là, utilisera l’arme dont on l’avait menacé et pendant des siècles tiendra dans un cadre, déterminé par l’Eglise, héritière de l’Empire, l’esprit humain asservi, limitera le champ du savoir et contrôlera les opinions qui s’écartent des   croyances  chrétiennes devenues croyances populaires sur les dogmes d’une théologie étroite parce que systématique. La philosophie longtemps reine devient vassale ; les sciences qui commençaient à prendre leur essor, réputées dangereuses, sont arrêtées ; le culte du beau, l’idolâtrie glorieuse qu’avait voulue sauver Julien n’a plus d’adorateurs... Jusqu’à ce que, au contact de la Renaissance et sous le vigoureux effort d’émancipation de la Réforme, la liberté revint dans les âmes... pour de là peu à peu rentrer dans les institutions et les mœurs.

La sanction de la mesure prise par Julien est dans le second décret qui rappelle que les professeurs seront désignés par les magistrats municipaux, mais que leur choix devra être soumis à l’empereur afin, disait-il, que son approbation donnât un titre de plus à l’élu de la cité[70]. Les actions et les écrits de Julien respirent trop la sincérité pour qu’on la puisse mettre en doute, mais vraiment elle prend parfois des formes bien ironiques ![71]

La première loi fut rapportée par Valentinien qui lui substitue cette prescription plus libérale. Que tous ceux que leur vie et leurs talents rendent propres à instruire la jeunesse aient le droit d’ouvrir de nouveaux auditoires ou de reprendre ceux qu’ils avaient dû quitter.

Les règlements de Valentinien, Valens et Gratien sur la police des écoles ; les prescriptions bureaucratiques concernant les étudiants pour sauver garder la dignité des études libérales ; le curieux décret de Théodose sur ce même sujet attestent que l’Empire n’abandonne pas toutes les théories de Julien.

Trente ans plus tard, c’est la fondation de l’école de Constantinople[72], création impériale ; les professeurs fonctionnaires d’Etat y donnent renseignement de l’Etat... L’idée de Julien est logiquement développée car une loi interdit d’ouvrir d’autres écoles publiques... L’école est abaissée au rang des services gouvernementaux et avec la liberté l’idéal s’en va lentement. Du moins avec Julien était-elle encore servante de cet hellénisme de compréhension si large, belle religion des lettres ; avec Théodose, c’est au service du seul Etat, forme naturellement variable, de sa religion et de sa morale qu’elle est vouée. L’Etat tient en main les étudiants, les programmes, les maîtres ; c’est l’heure des décadences ! C’est l’amoindrissement, ce sera parfois l’affaiblissement avec la servitude. Le monopole dont cet enseignement du pouvoir a besoin pour se défendre est une tare de plus et un danger : il écarte les vivifiantes ardeurs de la concurrence et les souffles féconds et sacrés de la liberté.

Il est vrai que c’est peut-être grâce à cette organisation légale que les écoles ont pu résister à l’envahissement des barbares et subsister portant en ces bouleversements les germes, si amoindris soient-ils, de la civilisation de l’avenir.

 

 

 



[1] Inst. Orat., I, 2.

[2] Les Falériens, se conformant en cela à l’usage grec, faisaient donner en commun, par le même maître, l’instruction à leurs enfants, afin d’habituer ainsi, dès le principe, ces derniers à être élevés et à se laisser conduire les uns avec les autres. T. I, p. 520, éd. Reisk.

[3] Contra Timarch., § 2, 3.

[4] J. Chrysost. : Troisième Discours contre les adversaires de la vie monastique.

[5] J. Chrysost. : Troisième Discours contre les adversaires de la vie monastique.

[6] J. Chrys., Troisième Discours contre les adversaires de la vie monastique.

[7] Ep. 1458, ad Hierum.

[8] Wolf. (Ep. lat. Zambic, II, p. 7J9), à Polydore.

[9] Wolf., Ep. 4139, ad Acacium.

[10] Ep. 407.

[11] Ep. II, I, 70. memini quœ plagosum mihi parvo Orbilium dictare.

[12] Confessions, I, 9, 13.

[13] A propos des châtiments dans l’éducation (Picard 1888).

[14] Esch. le Socrat. Dial. III, § 8. Sid. Apoll., II, Ep. 10. Hieronym., Ep. 32, 33. Juv., I, Sat. V, 15. Mart., Epigr. X, 62.

[15] Protag. I, 325 ; Republ. VII, 15, 7.

[16] Quintilien, I, 3, 14. Plutarque, De l’éducation des enfants, T. VI, 103. Ed. Reiske.

[17] Plutarque, T. II, p. 588, sq.

[18] Or. XV.

[19] Grég. Nyss., De castigatione. Cf. S. Basile, Sur la lecture des auteurs grecs.

[20] Légat. ad Julian.

[21] Lib. Ed. Wolf. Ep., 1130, ad Acacium.

[22] Ausone, Idyll. IV.

[23] Tumidas ferulis gestaveram palmas.

[24] Plaute, Bacchid.

[25] I, Sat., III, 119.

[26] Lib. II Chria.

[27] Mém. de la Soc. Roy. de Saxe, vol. XII.

[28] C’est l’illustration de ce passage d’Apulée, Flor. IX : Altissimo sublato puero ferula nates ejus obverberans.

[29] Cod. Théod., XIV, tit. IX, 4.

[30] Ov. I, 17.

[31] Lucien, Hermot et le Banquet.

[32] I, Sat. I, 25 :

Ut pueris quondam dant crustula blandi

Doctores, elementa velint ut discere prima.

[33] Ep. 128, édit. Migne, ad Gaudentium.

[34] De Gubernat. Dei, VI, 92.

[35] Reiske, I, 146.

[36] H. Michel, L’idée de l’État.

[37] De Leg.

[38] Polit., VIII.

[39] Athen., XV, 696.

[40] Diog. Lært., V., 38.

[41] Galien, Protrept., c. VIII.

[42] De Gymnas, II, v. 901, 910.

[43] Dumont, Essai sur l’Éphébie.

[44] Les détails qui suivent sont empruntés au discours de Libanius sur sa Fortune.

[45] Eunape, Vie de Proérésius.

[46] Naudet (Mém. de l’Acad. des Inscrip., T. IX) affirme le contraire sans donner un texte à l’appui.

[47] C. Th., XIV, IX, 3.

[48] Suétone, de clar. rhet., I ; Aulu-Gelle, XV, 11.

[49] De Républ., IV, 3.

[50] De clar. rhetor., XV, 11 : majores nostri quæ liberos suos discere et quos in ludos itare vellent instituerunt.

[51] Suet., De ill. gramm.

[52] Marquardt, La vie privée des Romains, T. I, Ch. III.

[53] Senec., Controv. II præf.

[54] Suet., Cæs. § 42.

[55] Suet., Vesp. § 18. Le traitement est de 100 grands sesterces (20.400 f.)

[56] Spartien, Hist. Aug., I, 159 ; Juv., Sat. VII, 1-21.

[57] Aurel. Victor, In Adriano.

[58] Loc. citat.

[59] Jul. Capit., in Pio, p. 21.

[60] Dio. Cass., p. 195.

[61] Lampride, in Alex.

[62] Dig., lib. L, tit. IV, l. ult. ; lib. XXVII tit. I, l. 6.

[63] C. Th., XIII, 3, 1.

[64] Dig., lib. XXVII tit. I, l. 6.

[65] Dion, p. 1087.

[66] Suet., In Domit., 10.

[67] Cod. Theod., XIV, lit. IX, 1.

[68] Ep. 42. Edit. Teubner.

[69] Perenni obruendum silencio. Ammien Marcellin, XXII, 10, XXV, 5.

[70] C. Théod., XIII, tit. III, l. 5 : Ensuite on me soumettra la délibération de l’assemblée municipale pour que l’honneur de notre autorisation ajoute un plus grand lustre aux écoles des cités.

[71] Contentez vous de croire et cessez de vouloir connaître puisque votre philosophie n’a qu’un mot : croyez.

L’intérêt de l’Etat exige que les coupables soient punis de mort. Je ne puis donc confier le glaive à ceux à qui leur loi interdit d’en faire usage.

[72] C. Théod., XIII, 3, 6 ; VIII, 8, 1 ; XIV, 9, 3.