HISTOIRE ILLUSTRÉE DE LA GUERRE DE 1914

 

CHAPITRE V. — LA POLITIQUE DES ARMEMENTS.

 

 

Principes offensifs des Allemands. — La préparation allemande. — Le quinquennat et la loi de 1913. — La flotte et l'aéronautique.

 

S'IL POUVAIT y avoir un doute sur la volonté de l'Allemagne de devenir, un jour, la maîtresse des destinées du monde, si le programme de la Weltpolitik ne suffisait pas, si les doctrines des maîtres de la pensée allemande ne paraissaient pas assez démonstratives, il resterait un fait qui entraînerait la conviction, c'est la politique des armements, pratiquée méthodiquement pendant de longues années, au milieu d'une paix pro-tonde et qui paraissait pouvoir se prolonger longtemps encore.

Sur cc terrain, l'Allemagne prit toujours les devants, stimula, sans cesse, le zèle de ses alliés, et emporta fatalement le monde tout entier à sa suite. Elle s'imposa des sacrifices énormes et se soumit à un entraînement de tous les instants, pour être toujours prête et se trouver en mesure de choisir son heure. Sur terre et sur mer, elle s'élançait dans cette voie avec une rapidité vertigineuse, décidée à ne se laisser distancer par personne.

Tandis que les autres puissances, l'Angleterre, la France, la Russie, avaient des périodes de détente et risquaient même de compromettre leur sécurité en se laissant bercer au refrain de la romance pacifiste, l'Allemagne y ferma résolument l'oreille. Le militarisme n'était pas seulement une thèse de chaire, de presse ou de tribune, c'était un système actif et réel, encadrant une nation toujours croissante, dans son étreinte toujours resserrée.

Un peuple uni, une armée forte, puissante, fermement conduite et animée d'une confiance sans réserve, tel était le programme tracé par le général comte de Schlieffen, chef du grand Etat-major général. L'Empereur parlait sans cesse de l'épée toujours aiguisée. Et, si l'on demandait aux hommes d'Etat de donner la raison de ces armements à outrance, le chancelier répondait par des paroles sibyllines : Ils sont nécessaires pour atteindre le but que l'Allemagne se propose. La prospérité de l'Allemagne, pendant la paix, dépend de sa préparation à la guerre.

Arracher, par la crainte, aux rivaux des avantages, préparer avec soin le coup décisif, frapper sans hésitation quand tout sera prêt, tel fut, en réalité, le dessein qu'on s'efforça de réaliser. Chaque fois que l'occasion s'en présentait, la diplomatie faisait sonner le sabre sur le pavé, et obtenait toujours quelque profit en raison des appréhensions que la force croissante des armées allemandes répandait dans l'univers.

Les efforts se portaient, avec un esprit de suite remarquable, sur la préparation de l'armée active, celle qui était destinée à donner, le cas échéant, le coup de massue.

L'armée allemande, disait le général Heeringen, ministre de la guerre, doit être prête à faire face à l'ennemi, en tout moment, sans qu'on ait à compter avec l'incorporation des recrues.

Et le ministre de là marine, l'amiral von Tirpitz, que les pangermanistes poussaient en avant comme le chef du mouvement, ajoutait, avec plus de précision encore, devant le Reichstag : Tout peuple doit considérer que les hostilités éclateront probablement à l'improviste. C'est dès le début de la guerre qu'auront lieu les opérations décisives.

Voyons par quelle suite d'efforts incessants les autorités impériales veillèrent au développement de l'instrument d'agression : l'armée active.

L'ARMÉE ACTIVE.

En 1874, l'Allemagne comptait, dans son armée active : 469 bataillons d'infanterie, 300 batteries, 465 escadrons.

La loi du 15 juillet 1890 porta l'effectif à : 538 bataillons, 434 batteries, 465 escadrons.

En 1905, une nouvelle augmentation se produit : 633 bataillons, 574 batteries, 510 escadrons.

La force de l'armée allemande est ainsi portée de 401.000 hommes à 487.000 hommes (officiers et sous-officiers non compris), puis à 505. 839 hommes.

En 1911, nouvelle augmentation de 2,8 %, qui renforce surtout l'artillerie : 634 bataillons, 592 batteries, 510 escadrons sont prêts à partir au premier signal.

A peine ce quinquennat est-il voté, qu'en 1912, une loi, justifiée par la concurrence des intérêts matériels entre les nations, affirme le caractère nettement offensif de ces continuelles augmentations.

La loi de 1911 avait prévu un accroissement de 11.000 hommes ; elle créait 114 compagnies 'de mitrailleuses, 18 batteries de campagne, 8 bataillons d'artillerie à pied. S'inspirant des enseignements de la guerre de Mandchourie, elle tendait à renforcer l'artillerie lourde, et tenait compte du fait que la puissance des moyens d'attaque et de défense allait donner un caractère de guerre de siège à la campagne future.

Pionniers, chemins de fer, aérostiers, télégraphistes, automobilistes ; trains des équipages étaient développés.

Ainsi on arrivait aux effectifs suivants :

515.000 soldats, 71.000 sous-officiers, plus de 20.000 officiers, 14.000 volontaires d'un an et 6.000 employés ou ouvriers militaires devant former, en 1915, une armée active de 626.000 hommes.

L'article additionnel de la loi, de 1912 tendait à charpenter solidement, en temps de paix, les corps de premier choc destinés à donner l'effort maximum dans les batailles initiales.

Cette loi dotait les régiments de frontière d'un troisième bataillon, renforçait l'effectif de 123 bataillons et de 11 batteries, ajoutait aux 626.000 hommes, prévus en 1911, 29.000 soldats, 5.000 sous-officiers et 3.000 officiers. Avec les 40.000 officiers et fonctionnaires militaires, l'armée active s'élevait à 700.000 hommes.

Entrons dans quelques détails :

Le nombre des corps d'armée était porté à 25, dont 21 prussiens, 3 bavarois et la garde. La couverture s'augmentait de 2 bataillons de 9 compagnies de mitrailleuses, de 4 batteries de campagne, de 2 batteries d'artillerie à pied, d'un escadron de cavalerie et de 2 sections de projecteurs.

A Metz et à Strasbourg, des centres d'aviation s'organisaient en 26 détachements.

Enfin, pour préparer et perfectionner les formations de deuxième ligne, 22 inspections de Landwehr étaient créées en une seule fois. Le nombre des bataillons dépassait de 90 les bataillons français.

En somme, de 1905 à 1914, l'armée allemande comptait, le 1er octobre 1912, 651 bataillons d'infanterie, 516 escadrons de cavalerie, 213 compagnies de mitrailleuses, 633 batteries de campagne à 6 pièces, 48 bataillons d'infanterie à pied, une artillerie lourde, en augmentation de 24 %, 33 bataillons du génie, 18 bataillons de troupes de communication.

LA LOI DE 1913.

On eût pu croire qu'un tel effort était le dernier. L'Allemagne, avec son allié certain, l'Autriche-Hongrie, était de taille à lutter contre la coalition éventuelle de la Russie et de la France. Si elle n'eût conçu qu'une politique défensive, elle se fût tenue en repos. Sa flotte, incessamment accrue, protégeait ses côtes et son commerce : elle n'avait qu'à laisser le temps et sa natalité croissante travailler pour elle.

Or, c'est le moment qu'elle choisit soudain pour faire un bond prodigieux dans la voie des armements et sur la route dangereuse qui la conduit au maximum de l'effort et au summum du risque.

Le militarisme a posé un nouveau principe : Tout Allemand doit être astreint au service militaire obligatoire. M. de Bethmann-Hollweg, docile instrument aux mains du parti, le formule ainsi, dans une déclaration à la Société nationale d'Agriculture : Le peuple allemand veut que tous ceux qui peuvent être soldats, le deviennent effectivement.

Pour réaliser, au moins en grande partie, un pareil programme, il fallait un milliard : un impôt exceptionnel portant, à la fois, sur le revenu et sur la fortune et frappant les riches, le fournit.

L'année 1813, écrivait la Correspondance politique et militaire, fut une année de sacrifices. L'année 1913 doit l'être aussi pour chacun ; car les temps ne sont guère moins graves qu'il y a cent ans.

En conséquence, les souverains confédérés, les hobereaux, la bourgeoisie libérale et catholique, les socialistes eux-mêmes acceptèrent ce sacrifice.

Le projet de loi prévoyait 4.000 officiers en plus des chiffres fixés par la loi de 1912, 15.000 sous-officiers, 117.000 soldats, — ou 126.000 avec les 9 % prévus par l'excédent sur les estimations budgétaires.

Présenté le 7 avril, il fut discuté le 28 avril par la Commission du Budget. Le 30 avril, il était approuvé à l'unanimité des partis bourgeois et voté le 30 juin 1913 ; il devait être appliqué en grande partie dès octobre 1913.

Les causes politiques de cette nouvelle loi, dont le caractère d'urgence avait quelque chose d'impressionnant et presque de terrifiant, se résument en deux mots : augmentation de puissance immédiate pour l'Allemagne ; donc, prévision d'une guerre prochaine. D'ailleurs, un fait patent, depuis les révélations produites par M. Giolitti à la tribune de la Chambre italienne, suffit pour tout expliquer : dès avril 1913, l'Allemagne faisait sonder l'Italie, pour savoir si cette puissance considérerait une attaque immédiate sur la Serbie comme entraînant le casus fœderis. Il y avait donc, dès lors, une volonté d'agression parfaitement consciente et nettement déterminée.

On agitait, à la fois, les deux spectres, le spectre de l'expansion slave et celui de la revanche française. Un article de la Gazette de Cologne du 10 mars, sur la France qui trouble la paix, était destiné à entraîner l'opinion allemande, anxieuse en présence de tels sacrifices.

Après l'avoir inspiré, le chancelier le désavoua, mais le coup était porté.

La presse allemande tout entière suivait le mot d'ordre, tantôt incriminant les voisins de l'ouest et tantôt les voisins de l'est.

Le 8 mars, la Germania avait dit : Il s'agit de savoir si les Allemands désirent que l'Autriche-Hongrie soit menacée dans son existence ou même succombe pour le plus grand bénéfice des Slaves : telle est la question essentielle qui se pose, en ce moment, dans la politique extérieure ; toutes les autres sont secondaires.

A quoi la Gazette de Cologne répondait, renvoyant la balle : Dans quelque coin du monde qu'éclate un incendie, une chose certaine et sûre, c'est que nous aurons à croiser le fer avec les Français.

Ayant ainsi préparé les voies, le chancelier, défendant la loi devant le Reichstag, prit la parole le 7 avril ; il recourut aux mêmes procédés d'affirmations tranchantes et de restrictions mentales qui étaient en usage dans la polémique allemande. Nous avons déjà cité le passage de ce discours qui émut l'Europe tout entière et qui était une véritable déclaration de guerre suspensive à l'adresse de ces courants panslavistes dont Bismarck se plaignait déjà et qui ont été puissamment renforcés par les victoires des Slaves dans les Balkans...

Et, se retournant vers l'Ouest, c'est la même façon d'incriminer les soi-disant tendances de l'opinion, tout en reconnaissant les dispositions pacifiques des gouvernements : Nos rapports avec les Français sont bons. Dans son discours du 11 juin 1887, Bismarck disait : Si les Français sont décidés à attendre que nous les attaquions, nous sommes certains que la paix est assurée pour toujours. La situation n'a pas changé depuis... — Et, pourtant, quel est l'ambassadeur qui a réclamé ses passeports en 1914, sinon M. de Schœn ?... — Mais la force de l'opinion s'est accrue de notre temps, et plus les institutions sont démocratiques, plus les minorités ont d'importance dans les périodes de passion. Or, la France se croit aujourd'hui, sinon supérieure à l'Allemagne, du moins égale, grâce à l'excellence de son armée. Dans son illusion, la France a déjà gagné la guerre.

Dans ces conditions, et étant donné l'alliance franco-russe, il faut que l'Allemagne augmente ses effectifs, non parce qu'elle veut la guerre, mais parce qu'elle veut la paix — cela, à la veille du jour où l'on posait la question du casus fœderis à l'Italie ! — et qu'en cas de guerre, elle veut vaincre.

Le chancelier ajoutait : Si le projet devient loi, nous serons prêts, sans exception.

Et, en effet, l'effort demandé au peuple allemand, pour un objectif dès lors parfaitement déterminé, était le suivant :

La loi votée le 3o juin 1913, venant après le quinquennat de 1911, complété par la loi de 1912 qui avait, on s'en souvient, assuré à l'armée active un effectif de 711.000 hommes, apportait les augmentations comparatives suivantes, sans parler de la majoration prévue pour compenser les déchets :

Loi de 1912

Loi de 1913

Soldats

544.000

661.000

Sous-officiers

95.000

110.000

Officiers

28.000

32.000

Volontaires

14.000

15.000

Employés d'administration

30.000

38.000

711.000

856.000

Avec les majorations, l'armée allemande était, au let avril 1914, de 880.000 hommes environ. Il n'est pas une circonstance, dans l'histoire, où les chefs d'une nation lui aient imposé de tels sacrifices. Evidemment, on savait qu'ils ne dureraient pas ; le vote de cette loi de renforcement, c'était donc, dans la pensée des chefs, la guerre tout de suite.

Les formations nouvelles — 18 bataillons dans les 18 régiments à 2 bataillons, 18 compagnies de mitrailleuses dans les 18 bataillons de chasseurs, 16 sections de mitrailleuses dans les forteresses, 6 escadrons de cavalerie en Prusse et 4 escadrons en Bavière, 3 régiments d'artillerie à pied et un bataillon, II bataillons de pionniers, 9 sections de projecteurs — révélaient le caractère stratégique et tactique qui allait être donné à la guerre prochaine : on préparait, dès lors, une guerre de positions : les canons lourds, puis les mitrailleuses, doivent y jouer un rôle prépondérant ; clans les combats de nuit, les projecteurs décèleront la présence de l'ennemi et permettront de l'accabler sous une pluie de projectiles.

En même temps, par le renforcement des effectifs de toutes les unités existantes, la loi de 1913 découvre, pour ainsi dire, le plan de campagne de l'État-major général. Il s'agit de briser la force de résistance de la France avant que la Russie ait pu entrer en ligne et menacer les frontières orientales.

Dans ce but, on accélère le passage prochain de l'état de paix à l'état de guerre, en augmentant l'armée active, en achetant, pour l'artillerie, les 26.000 chevaux nécessaires aux batteries à 6 pièces. On porte à 450 millions de marks le trésor de guerre.

La Gazette de l'Allemagne du Nord, qui avait déjà une fois résumé la politique allemande en ces mots d'un relief saisissant : Il faut que l'Allemagne fasse sa trouée, ne dissimulait pas, le 30 juin 1913, le caractère prochain et certain de la guerre. La construction des forteresses devra être rapidement terminée... toutes les mesures prévues, dans l'infanterie, la cavalerie et l'artillerie, étant donné leur caractère d'urgence, seront exécutées en octobre 1913... Par contre, toutes les mesures prévues par la loi de 1912, qui auraient pu s'échelonner jusqu'en 1914, seront achevées dès l'automne de la présente année. De même, on devra hâter les achats de matériel de guerre de toute nature.

A la lumière des événements postérieurs, ces déclarations ont force de preuve.

L'ARTILLERIE LOURDE.

Quelques observations particulières sont nécessaires pour faire pénétrer dans le secret de la puissante organisation militaire de l'Allemagne ; elles donnent, à la fois, le double caractère de puissance matérielle et de brutalité aveugle qui paraissait, aux maîtres de l'heure, une condition du succès.

L'Allemagne n'ignorait pas l'infériorité relative de son canon de campagne, comparé au 75 français ; mais, pour obvier à cette infériorité, elle avait, de bonne heure, cherché dans un esprit qui, s'inspirant de la guerre de Mandchourie, supposait une guerre moins manœuvrière et plus stable que la guerre prévue par les théoriciens de la guerre napoléonienne.

L'artillerie de campagne, si parfaite soit-elle, a pour inconvénient son tir rasant à la trajectoire trop tendue, qui ne peut atteindre un ennemi tapi dans des tranchées ou caché derrière des abris. Pour obtenir ce résultat, il faut recourir au tir plongeant. En outre, si l'artillerie de campagne a l'avantage de l'évolution rapide, sa portée est limitée normalement à cinq ou six mille mètres ; des canons plus puissants, portant à douze ou quatorze kilomètres, peuvent tenir en respect l'artillerie de campagne, à moins que celle-ci, en allant prendre position sous le feu, ne consente à s'exposer grandement et à combattre à découvert.

Il en résulte que toute attaque de l'infanterie, préparée par le canon de campagne, sans l'appui des pièces lourdes, est coûteuse en hommes. On peut ajouter que le canon de campagne est à peu près désarmé contre l'obusier qui, grâce à son tir plongeant, peut se poster en arrière des maisons ou des crêtes et se soustraire ainsi aux effets de l'artillerie à trajectoire rectiligne.

Il faut bien reconnaître que, sur ce point, les inventeurs et les initiateurs allemands — qui avaient été dépassés de beaucoup par les inventeurs français, initiateurs du canon de 75, du frein hydropneumatique et du canon Schneider-Deport — avaient pris, à leur tour, une réelle avance en ce qui concerne l'artillerie lourde. Sans s'arrêter aux objections, quelque sérieuses qu'elles fussent et dont les plus graves étaient la difficulté des transports et la complexité des moyens de ravitaillement en projectiles, ils avaient marché de l'avant et, par le vote des lois définitives, l'artillerie lourde allemande était constituée ; elle comptait 36 obusiers, sur 144 pièces, par corps d'armée.

Nous indiquerons plus loin les polémiques et surtout les défaillances qui, en France, retardèrent l'adoption des projets de loi déposés devant les Chambres et comportant la création d'une artillerie lourde.

En fait, les obusiers allemands, sans produire un effet considérable sur l'infanterie (ce n'était pas leur but), devaient aider l'armée allemande dans la défense des positions qui la maintinrent sur les falaises de l'Aisne et dans les plaines de Flandre ; ils ont donné trop souvent aux troupes allemandes cet avantage moral, de voir les troupes françaises exposées aux projectiles, tandis que notre propre artillerie de campagne, en raison des distances ou des levées de terre, restait forcément inactive.

AÉRONAUTIQUE.

Un puissant effort a été fait également en Allemagne pour appliquer les récentes inventions de la science en matière de navigation aérienne. On connaît la carrière illustre de l'inventeur Zeppelin et les concours enthousiastes qu'elle a obtenus en Allemagne.

Finalement, l'Etat-major allemand poursuivit ses études sur trois systèmes de ballons dirigeables : les souples (type Parseval), les demi-rigides (type Gross), les rigides (type Zeppelin). C'est ce dernier qui a fini par l'emporter.

Composé d'une armature en aluminium, enveloppant des ballons sphériques ou ballonnets, les Zeppelins contiennent de 20 à 27.000 mètres cubes de gaz hydrogène pur, ont une vitesse moyenne de 5o à 65 kilomètres à l'heure, un rayon d'action de 500 à 600 kilomètres. Le type Siemens-Schuckert est construit en bois. Ces dirigeables sont généralement pourvus de trois nacelles communicantes et portent à l'avant deux canons. Ils peuvent transporter un poids de 1.200 à 1.500 kilogrammes d'explosifs.

Des hangars à Kœnigsberg, Kiel, Hambourg (groupe des côtes), à Francfort, Gotha, Bitterfeld, Berlin, Thom, Brunswick, Friedrichshafen, au total une trentaine, servent de refuges et de points de départ aux Zeppelins. Une quinzaine. de hangars démontables peuvent favoriser leurs incursions sur territoire étranger. Les Zeppelins sont destinés surtout à lancer des projectiles sur les docks, les arsenaux, les forteresses, même sur les vaisseaux, grâce aux appareils spéciaux construits par une maison d'Iéna. On peut les détruire jusqu'à 2.000 mètres par le canon de campagne, au-dessus de 2.000 mètres par l'artillerie lourde et par l'aéroplane.

Leur défaut capital, c'est leur facilité d'explosion, augmentée encore par la formation de gaz détonants dans l'atmosphère qui les entoure ; la surface qu'ils offrent à la tempête, et la surcharge énorme qu'amènent les pluies en tombant sur leur enveloppe, ont aussi provoqué des catastrophes qui paraissent en faire, en somme, un instrument de guerre assez médiocre.

Aussi l'Allemagne, suivant l'exemple de la France, s'est consacrée, depuis quelques années, avec un soin particulier, à la construction et à l'entraînement de sa flotte d'avions. Les monoplans Taube, les biplans Albatros ou Aviatik, blindés pour la plupart, sont des engins redoutables. Une souscription nationale, qui procura plus de six millions de marks, permit des progrès rapides. On organisa des concours, des circuits, des courses de distance, de durée. La plupart des records français furent attaqués et serrés de près par des pilotes allemands.

AUTRES INSTRUMENTS TECHNIQUES DE LA GUERRE.

Le ministère de la Guerre allemand a poursuivi avec une ténacité qui n'hésitait devant aucune dépense l'adaptation de l'automobile au service de l'armée et notamment des approvisionnements ; il institua de nombreuses primes pour la construction de camions automobiles pouvant servir en temps de guerre. A la fin de 1912, l'armée allemande disposait de mille trains automobiles (tracteur et remorque). Le nombre s'en est notablement accru en 1913 et 1914.

Bernhardi a étudié avec un luxe de détails qui indique l'application à ne rien négliger, ce qu'il appelle les instruments techniques de la guerre : les chemins de fer, — avec l'exploitation en temps de paix et en temps de guerre, — les chemins de fer de campagne, les voies à construction rapide, les lignes électriques, les automobiles et les poids lourds, les locomobiles à vapeur, les motocyclettes et les bicyclettes, les télégraphes de campagne, la télégraphie sans fil, le téléphone, les fanions de signaux, la photographie à distance, les explosifs modernes.

Sur tous ces points, l'organisation allemande ne reculait devant aucun sacrifice. Un journal français écrivait dès 1912 : L'armée allemande continue à être une puissance formidable, travaillant avec persévérance à progresser, et mettant à profit toutes les découvertes susceptibles d'augmenter son rendement, et dont les qualités dominantes sont une discipline de plus en plus ferme et de plus en plus appropriée aux exigences de la guerre moderne, et une organisation si minutieuse et si méthodique qu'on peut penser qu'à l'heure décisive, les rouages joueront avec autant de précision que dans le calme de la paix.

LES MOYENS FINANCIERS DU SYSTÈME DES ARMEMENTS.

Sous l'impression de la thèse du militarisme, la nation elle-même était persuadée que cette armée aurait à accomplir bientôt l'œuvre d'agression qui, seule, pouvait assouvir l'esprit de convoitise et de domination universelle qui s'était peu à peu développé en elle. C'est pourquoi elle s'inclina, contrainte par une nécessité supérieure et un instinct profond, devant les mesures draconiennes qui, seules, pouvaient permettre aux finances allemandes de faire face aux énormes dépenses des lois de 1912 et de 1913.

Les moyens financiers nécessaires pour faire face à de pareilles augmentations des forces militaires prirent le caractère d'une véritable contribution en pleine paix.

On recourut au procédé, pour une fois, d'une taxe exceptionnelle sur la fortune, taxe évaluée, en principe, à environ 1 milliard de marks. Après différentes modifications, suites de transaction entre le gouvernement et la commission du Reichstag chargée d'examiner le projet, cette taxe fut déclarée progressive par tranches, exemptant les petites fortunes inférieures à 30.000 marks et les revenus inférieurs à 4.000 marks ; cette taxe était payable en trois versements : 1914, février 1915 et février 1916 ; elle permettait de faire face, pendant ces trois années, aux dépenses de la loi militaire, estimées à 898 millions de marks.

En outre, le gouvernement demandait au parlement le vote de divers impôts d'Empire, d'un caractère permanent et, notamment, d'un impôt sur l'accroissement de la fortune (Besitztener), qui prenait le caractère d'une véritable taxe sur les successions. Pour ces deux formes d'impôt, la contribution non renouvelable et la taxe sur la fortune, le gouvernement n'hésita pas à faire alliance avec le parti socialiste ; celui-ci était trop heureux de l'occasion qui se présentait à lui de frapper la richesse acquise, de tenir le capital et l'épargne sous sa coupe et, surtout, d'ouvrir une brèche dans l'alliance du gouvernement et des partis conservateurs.

Le gouvernement eut l'habileté dangereuse d'unir le vote des deux lois, la loi militaire et la loi financière, et, ainsi, il emporta les deux à la fois, en faisant passer la loi militaire par la loi financière et la loi financière par la loi militaire.

On a décrit, dans des termes impressionnants, séance ce du Reichstag où le parlementarisme allemand, guidé et presque contraint par ses chefs, fit délibérément ce saut vers l'inconnu. Des sonneries incessantes annonçaient les votes, et les appels graves des sirènes, obligeant, à chaque instant, les députés à interrompre leurs conversations particulières pour se rendre aux appels nominaux, donnaient à la salle des séances l'aspect de l'entrepont d'un navire au moment du branle-bas de combat.

Il y eut bien quelques protestations, notamment de la part des Etats confédérés, qui voyaient, dans le vote de ces impôts d'Empire, une diminution de leur autonomie financière. On remarqua la démission du général von Heeringen, ministre de la Guerre, qui, en 1911 et 1912, avait affirmé, par deux fois, que l'armée était prête. On reconnaissait, à ce dissentiment, que la loi exceptionnelle de 1913 était due à l'initiative du grand Etat-major et du cabinet personnel de l'Empereur : c'était donc une loi du prince.

Le sacrifice fait au parti socialiste pouvait avoir, sur l'avenir politique et sur la stabilité économique de l'Empire, les plus graves répercussions. Le Worwaerts écrivait : Le peuple allemand sait maintenant que le gouvernement devra céder au Reichstag chaque fois que celui-ci saura vouloir sérieusement... Le vote d'hier, c'est la fin du régime des conservateurs ; c'est le commencement d'un régime nouveau. Qu'importait, puisqu'on était décidé à jouer le va-tout ?

Dans la joie du succès, la Gazette de Cologne dévoilait cyniquement les plans de conquête mondiale, réservés jusque-là aux programmes militaristes et aux préfaces de Bernhardi : La nouvelle loi militaire nous assure la paix sur le continent, parce qu'elle augmente infiniment le risque que courraient nos adversaires possibles. Cette sécurité nous rend libre la voie vers une politique mondiale productive. Nous sommes encore tout à ses débuts. De longs chemins pleins de promesses s'ouvrent à nous en Asie et en Afrique — cela voulait dire, nous aurons des colonies nouvelles et, si on ne nous les donne pas, nous saurons les prendre —. De l'énergie et de l'adresse avec lesquelles nous saurons profiter de ces voies nouvelles, dépend la réponse à la question de savoir si les sacrifices prodigieux que notre pays s'impose, n'auront pas été inutiles.

LES RÉSERVES ALLEMANDES.

Il est inutile de rappeler que l'armée active n'était pas l'unique ressource, ni la seule préoccupation du gouvernement allemand. On a vu, à diverses reprises, dans les projets de loi successifs, apparaître le souci constant de l'organisation des réserves. On sait, maintenant, que ce travail de préparation fut poussé secrètement beaucoup plus loin qu'on ne l'avait pensé tout d'abord, et que l'armée allemande serait en mesure, dans les quelques semaines qui suivraient la déclaration de guerre, d'amener sur le terrain cinquante-trois corps d'armée tout constitués.

Les chiffres sur le papier n'étaient qu'une image affaiblie d'une préparation beaucoup plus développée et plus efficace.

En somme, on constituait un immense réservoir d'hommes où, selon les besoins, les autorités militaires allemandes n'auraient qu'à puiser : Tout Allemand en état de porter les armes est soumis à l'obligation du service militaire, c'est-à-dire susceptible d'être appelé sous les drapeaux, à partir de l'âge de dix-sept ans jusqu'à celui de quarante-cinq ans révolus.

Le service comprend deux périodes : à partir de vingt ans accomplis jusqu'au 31 mars de l'année où il a trente-neuf ans accomplis, le sujet allemand est astreint au service effectif ; il l'accomplit successivement : dans l'armée active — 3 ans dans la cavalerie et l'artillerie à cheval, 2 ans dans l'infanterie, l'artillerie de campagne ou à pied, le génie et les troupes de communication, 1 an dans le train — ; dans la réserve de 4 ans et demi à 6 ans et demi, suivant l'arme ; dans la landwehr du premier ban, 3 ou 5 ans ; dans la landwehr du deuxième ban, le reste jusqu'à trente-neuf ans révolus.

La deuxième partie s'accomplit dans le landsturm, divisé lui-même en deux bans : le premier comptant tous les hommes de dix-sept à trente-quatre ans, non classés dans les catégories précédentes ; le deuxième, tous les hommes de trente-neuf à quarante-cinq ans provenant du deuxième ban de la landwehr et du premier du landsturm.

En raison de la quantité considérable de recrues livrées, par chaque classe nouvelle, à l'autorité militaire, celle-ci jouit d'une grande latitude pour constituer ses formations d'hommes très valides ou qui présentent une utilité exceptionnelle dans les travaux de la vie civile. Par le système de l'ajournement, on tient en réserve : les soutiens de famille, les fils de propriétaires fermiers ou d'industriels nécessaires à la maison, les jeunes gens destinés à certaines carrières libérales, artistiques ou techniques exigeant un long apprentissage, les jeunes gens résidant à l'étranger.

Ceux qui sont en surnombre, c'est-à-dire en excédent du contingent voulu, les soutiens de famille, les hommes déclarés momentanément inaptes, sont classés dans une catégorie à part, la réserve de recrutement (Etsatz reserve) à laquelle ils restent affectés pendant 12 ans et 6 mois.

Les jeunes gens qui ont subi certains examens civils et militaires et qui s'engagent en prenant la charge de leurs dépenses, forment la catégorie des volontaires d'un an, reçoivent, dans les corps de troupe, une instruction spéciale qui les prépare aux fonctions d'officiers et de sous-officiers de réserve.

En somme, le fait que toute la population virile allemande, de dix-sept à quarante-cinq ans, est mise à la disposition de l'autorité militaire : constitue ce que von der Goltz avait appelé, prématurément, la Nation armée. Tout citoyen allemand est soldat et on pourrait presque dire qu'il l'est toute sa vie. Si on applique aux 50 millions d'êtres humains qui composaient le peuple allemand en 1894, le calcul de 10 % considéré comme donnant la proportion habituelle de la population virile en état de porter les armes, on peut admettre que l'Allemagne peut, à la rigueur, mettre sous les armes, avec toutes ses ressources, environ 5 ou 6 millions d'hommes.

En tenant compte des causes normales de diminution et en observant que toute l'armée ne peut pas être portée réellement sur les frontières, c'est au moins 4 millions de combattants, plus ou moins instruits, plus ou moins aptes au combat, qui peuvent être mobilisés.

Ces chiffres s'accroissant chaque année par le développement régulier de la natalité, l'Allemagne avait de très sérieuses raisons de penser qu'elle était appelée à devenir la maîtresse de l'Univers.

LA FLOTTE ALLEMANDE.

L'Empereur disait dès 1900 : Notre avenir est sur la mer. A partir de cette époque, il conçut le plan d'un développement prompt et régulier des forces navales allemandes, qui, dans sa pensée, répondait à l'avenir mondial de la plus grande Allemagne. Souvenirs historiques de la puissance des Ligues hanséatiques, accroissement de la population et de l'émigration allemandes, projetant des colonies, dans tous les pays du monde, progression prodigieuse du commerce extérieur, développement d'une flotte de commerce qui gagnait rapidement le premier rang, accroissement de l'Empire colonial allemand, emprises d'avenir sur l'Orient et sur l'Extrême-Orient, — tels étaient les éléments nouveaux qui motivaient un appel de l'Empereur, appel qui parut, d'abord, quelque peu inattendu.

L'Allemagne n'ayant qu'un développement côtier assez restreint, peu de population maritime, peu de ports, se développant surtout au cœur du continent, à l'écart des grandes mers mondiales, pourrait-elle fournir cette course en même temps que celle des armements sur terre ?

En fait, la nation suivit son souverain, et la flotte militaire allemande, avec une rapidité extrême et voulue, dépassa la flotte française et se mit en devoir d'atteindre la flotte britannique.

Se mesurer avec un tel champion, c'était un risque à courir : l'Allemagne le courut.

La marine allemande est régie par une loi organique, due, assure-t-on, à l'inspiration de Guillaume II et exécutée par l'amiral von Tirpitz. Votée en 1900, elle a été modifiée en 1906, en 1908 et en 1912. Elle prévoit 61 grands cuirassés du type dreadnought, 40 croiseurs éclaireurs, 72 sous-marins avoués — sous cette réserve que les augmentations de sous-marins ont toujours été tenues rigoureusement secrètes —, et environ 144 contre-torpilleurs de 6 à 800 tonnes.

La même loi navale ordonne que tous les cuirassés ou croiseurs doivent être, au bout de vingt ans, mis hors de service ; elle dresse un plan de construction normal qui comprend trois dreadnoughts, 2 petits croiseurs, une flottille de torpilleurs, contre-torpilleurs et sous-marins, chaque année.

Cette flotte est divisée en flotte de haute mer, composée de trois escadres, et flotte de réserve, composée de deux escadres : il serait plus exact de dire que la marine allemande comprend, en temps de guerre, une flotte de la mer du Nord, une flotte de la Baltique, et, en plus, des escadres volantes disséminées sur différents points du globe pour courir sus au commun ennemi.

Le personnel de la flotte atteint, en 1914, 68.000 hommes d'équipage. Les torpilleurs se construisent par série de douze par an, les sous-marins par flottilles de six. On estime à douze ans leur durée d'existence.

En 1914, la flotte allemande comprenait, comme cuirassés de plus de 18.000 tonnes, le Nassau, le Westphalen, le Rheinland, le Posen, Ost-Friedland, le Helgoland, le Thuringen, Oldenburg, composant une escadre ; le Kaiser, le Friedrich der Grosse, le Kaiserin, le Kœnig Albert, le Prince Régent Luitpold, qui forment une autre escadre. Il s'y ajoute, comme croiseurs cuirassés de plus de 18.000 tonnes, le Von der Tann, le Moltke, le Gœben, etc. Dix dreadnougths ont été mis en construction, dont quatre devaient être achevés avant la fin de 1914.

Le déplacement des forces allemandes était le suivant : 36 cuirassés (avec les anciens) 612.050 tonneaux, 15 croiseurs de bataille 111.000 et 9 croiseurs de bataille 85.000.

L'artillerie des unités cuirassés se chiffre ainsi qu'il suit : 136 pièces de 305 millimètres, 126 de 280, 46 de 240, 44 de 210, 140 de 150 et 516 de 150.

La comparaison avec les forces navales de l'Angleterre, en ne tenant compte que des capital shits, donnait, au ter septembre 1914, les chiffres suivants :

ANGLETERRE :

Unités

Tonnage

Mer du Nord

24

529.800

Méditerranée

4

73.400

Australie

1

19.500

29

622.700

ALLEMAGNE :

Unités

Tonnage

Mer du Nord

21

487.500

Mer Noire

1

23.000

22

510.500

Du 1er septembre au 1er avril 1915, l'accroissement prévu par les deux pays, y compris les quatre dreadnoughts étrangers réquisitionnés par l'Angleterre et le dreadnought grec réquisitionné par l'Allemagne, est le suivant :

Angleterre :

13

364.000

Allemagne :

4

95.000

Nous verrons comment cette course au clocher entre les deux puissances provoqua en Angleterre une émotion qui se traduisit par des tentatives diverses de sages arrangements, toujours écartés ou repoussés dédaigneusement par l'Allemagne. Évidemment, elle entendait prendre la maîtrise à la fois sur terre et sur mer.

QUI ÉTAIT L'AGRESSEUR ?

Personne ne peut nier que l'organisation et la préparation militaires allemandes n'aient été poussées aussi loin que possible. Soit sur terre soit sur mer, rien n'a coûté au gouvernement et à la nation pour que les choses fussent au point. Pas une invention de la science qui n'ait été utilisée, transformée, appliquée aux besoins de l'armée, pas un progrès accompli qui n'ait été adapté, pas une des ressources de la nation qui n'ait été d'avance mobilisée pour être mise à la disposition des autorités militaires. La nation allemande n'est plus qu'une vaste machine de guerre sur terre et sur l'eau.

Dans quel but un si prodigieux effort ? Pourquoi cette double préparation continentale et navale qui surtend jusqu'à les rompre les muscles et les nerfs d'un peuple immense. Du bout des lèvres, les diplomates disent : pour la défense du pays ; mais ouvertement, les soldats proclament qu'il s'agit de l'attaque.

L'Allemagne est la seule puissance qui ait poursuivi pendant de longues années la création d'une double armée d'offensive. Ce caractère se révèle aux moindres détails de cette organisation systématique. Il ne faut pas craindre d'insister sur les preuves puisqu'elles existent. Bernhardi achève son étude sur la Guerre d'aujourd'hui par des déclarations qui s'appliquent aussi bien aux initiatives diplomatiques qu'aux initiatives militaires et que l'Histoire se doit à elle-même d'enregistrer : C'est dans les opérations offensives que réside la décision de la prochaine guerre européenne. Seul, l'État qui saura engager cette guerre dans des conditions politiques favorables et préparer ainsi des circonstances avantageuses à l'action militaire pourra en espérer une issue heureuse. Le groupement des États secondaires (lisez la Belgique et la Suisse) qui est déterminé par la politique, et le choix du moment où il faut commencer... peuvent avoir une influence décisive.

Il n'est pas d'armée qu'on puisse maintenir au même degré de perfection d'une manière permanente... Qui n'engage pas la guerre à un moment propice perd son élasticité intellectuelle et, avec elle, sa puissance. La politique doit tenir compte de ces facteurs et savoir saisir un moment où un système est arrivé à une apogée, quand une situation mondiale favorable l'y invite, pouf assurer au peuple et à l'État des conditions de vie plus larges et un développement sain, grâce à l'intervention de la force militaire. Voilà la guerre pour le bien-être, la guerre pour le confortable, la guerre pour le ventre, avouée et préparée par ceux qui doivent la diriger.

Qu'on discute maintenant pour savoir qui est l'agresseur !