LA MAIN-D’ŒUVRE INDUSTRIELLE DANS L’ANCIENNE GRÈCE

 

CHAPITRE X. — LE TRAVAIL LIBRE.

 

 

C’est une opinion fort répandue que celle qui attribue une très petite importance au travail libre dans les États grecs. Bien des gens s’imaginent que la population se partageait en deux groupes : les esclaves, condamnés à la pratique des métiers manuels, et les citoyens, vivant du labeur des esclaves. Ce préjugé se l’oncle sur certaines assertions des philosophes, qu’on a regardées comme l’expression de la réalité, et qui sont en contradiction absolue avec les faits. Le travail libre avait une grande place dans l’industrie, et j’entends par là non seulement la direction générale des entreprises, mais encore l’humble besogne de l’ouvrier. Si tous les patrons étaient des hommes libres, tous les hommes libres n’étaient point patrons ; parmi eux se trouvaient beaucoup d’individus adonnés aux mêmes occupations que les esclaves. Dans la plupart des professions il y avait une main-d’œuvre servile et une main-d’œuvre libre, fonctionnant parfois côte à côte, et on ne voit pas qu’entre l’une et l’autre la ligne de démarcation fût jamais déterminée par la nature du travail à exécuter.

L’ensemble. des personnes libres, abstraction faite des affranchis, se divisait en deux catégories, les étrangers et les citoyens.

 

1° Les étrangers.

Parmi les étrangers, il y en avait qui, étaient de passage ou qui séjournaient peu de temps dans le pays ; il y en avait aussi qui s’y établissaient à demeure, sous le nom de métèques.

Quiconque résidait dans une ville étrangère devait, au bout d’un certain délai, réclamer son inscription sur la liste des métèques ; sinon, il y était immatriculé d’office. Nous ne savons pas quelle était la durée de ce délai. Un grammairien parle de plusieurs jours[1] ; un document locrien parle d’un mois[2] ; dans tous les cas, la période intermédiaire était assez courte. D’ailleurs, il pouvait arriver qu’un individu fût dispensé de cette obligation, soit en vertu d’une convention internationale, soit par une faveur spéciale. Mais il n’est nullement démontré qu’il en fût toujours ainsi, lorsqu’il avait conservé le titre de citoyen dans son lieu d’origine[3].

La situation juridique du métèque était très inférieure à celle du citoyen. Il n’avait aucun droit politique, et ne jouissait même pas de la plénitude des droits civils ; la loi lui défendait notamment de posséder des immeubles[4]. Il payait les mêmes impôts que tout le monde, et quand il avait le cens requis, il supportait le poids sinon de toutes les liturgies, du moins de la chorégie[5]. A Athènes, les droits de place perçus au marché ne pesaient que sur lui[6]. De plus, à dater de sa majorité, il était frappé d’une sorte de capitation qui montait à douze drachmes par an pour les hommes et à six drachmes pour les femmes qui n’étaient en puissance ni d’un mari, ni d’un fils adulte[7]. Comme c’était là l’indice le plus sûr de sa condition, toute tentative qu’il faisait pour s’en affranchir avait l’air d’une manœuvre tendant à l’introduire par fraude parmi les citoyens, et l’exposait par suite à la perte de la liberté[8]. En temps de guerre il était exclu de la cavalerie, mais il servait soit dans l’infanterie des hoplites, soit dans l’infanterie légère, soit sur la flotte[9]. On a prétendu que pour ester en justice il devait recourir aux bons offices d’un citoyen. Le métèque était en effet tenu de choisir un patron, sous peine d’être vendu comme esclave. Mais ce patron n’avait aucune autorité sur lui, et n’était jamais appelé à le couvrir de sa protection ; il était plutôt destiné à attester que son dieu t était un étranger[10]. Le meurtre d’un métèque était puni seulement de l’exil, même s’il avait été volontaire[11]. Nous ne connaissons pas les dispositions de la loi athénienne au sujet des autres crimes dont il pouvait être victime ; mais en Crète, à Gortyne, nous remarquons qu’il lui était alloué, en cas de viol ou d’adultère, des dommages-intérêts dix fois moindres qu’au citoyen[12]. Dans quelques cités il existait au civil un magistrat particulier pour les métèques, c’étaient, à Athènes le polémarque, et à Gortyne le cosme des étrangers[13]. Mais il faut noter que si le second jugeait seul les affaires de sa compétence, le premier se bornait à les instruire, pour en saisir ensuite un jury qu’il présidait, et où les métèques n’étaient pas représentés.

Les étrangers ne recevaient pas partout le même accueil. Quelques cités, dit-on, n’éprouvaient aucun scrupule à les expulser, soit individuellement, soit en masse. Ælien affirme que cette habitude était commune à Sparte et à Apollonie[14] ; mais il ne nous dit pas (ce qui pourtant serait essentiel) comment les mesures de ce genre étaient exécutées. Plutarque prétend que les Spartiates bannissaient les étrangers qui venaient dans la ville sans but précis, de peur qu’ils n’apportassent avec eux des mœurs et des idées contraires à l’esprit des vieilles institutions, et il donne à entendre qu’on tolérait la présence de ceux qui y faisaient œuvre utile, comme les artisans[15]. En Crète, on admettait les étrangers ; mais on nourrissait contre eux quelques défiances puisqu’à Gortyne on les parquait dans un quartier spécial[16].

Il y avait en revanche des cités qui s’ouvraient largement à eux. Dicéarque ne voyait pas en Béotie d’endroit où les étrangers eussent plus de sécurité qu’à Tanagra, peut-être parce que les indigènes leur abandonnaient les métiers industriels[17]. Polycrate attira à Samos beaucoup d’ouvriers du dehors par l’appât d’un fort salaire[18]. Solon défendit aux Athéniens d’accorder le titre de citoyen aux étrangers, sauf à ceux qui se fixeraient en Attique avec leur famille pour y exercer une profession stable[19], et plus tard Thémistocle fit octroyer des faveurs exceptionnelles aux métèques qui établiraient leur industrie dans le pays[20]. Il était même assez fréquent qu’une cité convoquât les étrangers à ses adjudications de travaux publics, et que, non contente d’aller les solliciter sur place, elle leur payait, pour les décider au voyage, des indemnités de déplacement. C’était là un moyen d’obtenir par la concurrence des rabais plus considérables sur les mises à prix. On voit par le contrat d’Érétrie et par le marché d’Oxford que ces entrepreneurs pouvaient amener avec eux des équipes d’ouvriers[21]. D’ailleurs, une foule d’entre eux étaient de petits artisans.

Les égards qu’on avait pour les étrangers se mesuraient en général aux profits que l’État et les particuliers attendaient d’eux. Athènes passait pour être la cité la plus hospitalière de la Grèce, et on était unanime à dire que nulle part la vie n’était plus facile ni plus douce. C’est parce qu’elle avait besoin de métèques pour son industrie et pour sa marine[22]. Il y avait là pour elle un gros intérêt en jeu, aussi se gardait-elle de leur infliger la moindre humiliation. Ils avaient le même costume, la même ternie, la même liberté de langage que les citoyens, et on leur reprochait parfois d’abuser des complaisances dont ils étaient l’objet[23]. S’il arrivait qu’on les traitât avec mépris, c’était par boutades et toujours à titre individuel[24]. Quiconque avait souci de la prospérité matérielle du pays estimait qu’on ne faisait jamais assez pour eux. Ainsi Xénophon, persuadé que l’affluence des métèques serait un grand bien, demande qu’on les affranchisse de toutes les obligations qui semblent n’avoir d’autre but que de marquer leur infériorité. Il voudrait qu’on les dispensât de combattre parmi les hoplites, afin de les détourner le moins possible de leurs occupations professionnelles, et qu’on autorisât les plus riches à figurer dans l’armée aristocratique de la cavalerie. Il propose de leur concéder le droit de bâtir des maisons dans les quartiers déserts de la ville. Il réclame la création d’une magistrature spécialement chargée de les protéger[25], et il compte que dès lors tous les individus sans patrie émigreront en masse vers Athènes[26].

Ces recommandations ne furent pas suivies ; mais il est des avantages qu’on ne cessa jamais de prodiguer aux étrangers, quand ils avaient rendu des services à l’État. C’étaient, sans parler des privilèges purement honorifiques, l’assimilation plus ou moins complète aux citoyens en matière de charges militaires et fiscales, le droit de propriété immobilière, et enfin le droit de cité[27]. Les décrets qui leur octroient ces diverses prérogatives se chiffrent par centaines dans l’épigraphie athénienne, et même dans toute l’épigraphie grecque.

Il est facile de dresser d’après les documents une liste de cités pourvues d’une classe de métèques[28]. Il est plus malaisé de savoir quelle était l’importance numérique de ces derniers, eu égard au total de la population, d’autant plus que la plupart des textes anciens y rattachent les affranchis. Si l’on néglige de faire le départ des uns et des autres, voici quelques données sur la place qu’ils occupaient ensemble dans certains États grecs.

En ce qui concerne Athènes, nos sources d’information se réduisent à deux. Nous avons conservé, pour la période qui va depuis le début du IVe siècle jusqu’à l’Empire romain, environ 1.168 épitaphes de citoyens et 760 d’étrangers[29]. Cette statistique ne nous indique pas l’exacte proportion qui existait entre ces deux catégories d’habitants, car il y a une large part de hasard dans les découvertes épigraphiques ; mais elle nous autorise à affirmer que les étrangers foisonnaient en Attique. Un renseignement beaucoup plus précis est celui qui émane de l’historien Clésiclès. Il nous raconte qu’un recensement officiel opéré pendant l’administration de Démétrios de Phalert (317-307 av. J.-C.) accusa la présence de 21.000 citoyens et de 10.000 métèques ou affranchis[30] ; ce qui induit à penser qu’il y avait en tout 10.000 métèques contre 81.000 citoyens, du moins si l’on calcule que chaque famille comprenait en moyenne quatre personnes.

L’épigraphie rhodienne abonde en épitaphes d’étrangers[31], et il est probable que beaucoup d’entre eux étaient fixés dans l’île. Diodore d’ailleurs mentionne une circonstance, en 305, où cette classe fournit spontanément mille soldats, alors que les citoyens, tous astreints au service militaire, en fournissaient six mille[32]. Lorsque Alexandre assiégea Thèbes, les métèques, unis aux esclaves qu’on affranchit et aux bannis qu’on rappela, suffirent pour garder les remparts, tandis que les citoyens allaient combattre au dehors les Macédoniens[33]. En 388, dans une attaque que les Athéniens dirigèrent contre Égine, celle-ci perdit deux cents étrangers, métèques et matelots, et seulement cent cinquante citoyens[34]. A Tégée, il se peut qu’au IIe siècle avant notre ère les métèques comparés aux citoyens fussent dans le rapport de 1 à 3 ½[35]. Une petite ville d’Achaïe créa une fois cinquante-deux nouveaux citoyens, qui devaient être sinon en totalité, du moins pour la plupart, des étrangers[36]. Cent soixante-seize habitants de Pharsale reçurent la même récompense, pour avoir participé aux affaires de la cité, comme s’ils étaient citoyens d’origine, et partagé ses périls de guerre avec un entier dévouement[37]. Nul doute qu’il n’y ait eu là une grande quantité de métèques. Vers l’année 214, sur l’ordre du roi de Macédoine, les autorités de Larissa firent une fournée de plus de deux cents citoyens, et il est visible qu’elles les choisirent tous dans la classe des étrangers[38]. Une série d’inscriptions du même ordre nous signalent à Iasos quarante-cinq métèques contre cent sept citoyens[39]. Enfin si le nombre des étrangers établis à Byzance, à Chalcédoine et à Abydos nous échappe, nous avons la preuve que leur richesse était une des grandes ressources de ces cités[40].

Il .était naturel que les étrangers domiciliés fussent principalement originaires des contrées limitrophes. Quand l’Athénien Léocrate s’expatria, il alla s’installer tout près, à Mégare[41]. Un certain Euphranor, ayant été banni de Sicyone, se réfugia à Argos[42]. Karkinos, le père d’Agathocle, se transporta pour le même motif de Rhégion à Syracuse[43]. Une liste de métèques milésiens énumère plusieurs individus d’Héraclée du Latmos qui était située à une faible distance[44]. L’épigraphie attique nous signale à Athènes une foule de gens venus de Béotie, de Corinthe, de Sicyone, d’Egine. Nous apercevons à Mégare des Platéens, des Éginètes, des Corinthiens, et des Thébains[45] ; à Tanagra, des personnes de Thèbes, de Coronée, d’Anthédon et de Chalcis[46]. Dans l’inscription de Larissa dont j’ai parlé plus haut, on compte un homme de Samothrace, cent quarante de Krannon et cinquante-huit de Gyrton. A Rhodes, la colonie étrangère se composait pour une large part de Lyciens, de Cariens et d’insulaires du voisinage.

Mais les déplacements étaient souvent beaucoup plus lointains. On est parfois étonné de rencontrer dans d’obscures localités des individus qui ont dû faire un long voyage pour s’y fixer : par exemple à Ithaque, un ménage de Cassandreia en Macédoine[47], à Kythnos un Sidonien[48], à Pagasæ en Thessalie des Crétois, un Calymnien et une Épidaurienne[49], en Étolie un Cnidien[50].

On était surtout attiré vers les villes qui avaient des relations étendues et qui offraient aux oisifs un séjour agréable, aux travailleurs des moyens variés de gagner leur vie ou de s’enrichir. Les grandes places commerciales et industrielles avaient par suite un caractère cosmopolite. De tous les points de l’horizon affluaient des immigrants en quête de plaisirs ou d’occupations lucratives ; ils arrivaient en masse, même des pays barbares. A Érétrie vécurent des natifs d’Héraclée, de Cassandreia, de Thèbes et d’Antioche[51], à Cnide des individus de Libye, d’Arados, de Mvndos, de Soli, de Thrace, de Phrygie, de Selgé, de Séleucie, de Samos et d’Alexandrie[52]. Parmi les étrangers qui furent ensevelis en Attique dans le cours des quatre derniers siècles avant notre ère, les inscriptions nous en font connaître quatre-vingt-deux originaires des villes qui portaient le nom d’Héraclée, trente et un de celles qui s’appelaient Antioche, trente-cinq du Péloponnèse, trente-trois de Sinope, trente-deux de Milet, trente et un de Thèbes, vingt-six de Béotie, vingt-quatre de Chypre, vingt et un de Perse, d’Assyrie, de Paphlagonie et de Galatie, vingt d’Éphèse, dix-huit de Syrie, seize des villes de la Sicile et de l’Italie méridionale, quinze d’Olynthe et autant de Sicyone, onze d’Égine et autant d’Égypte, dix de Byzance, neuf de Crète, huit de Lysimachia, huit de Cyrène, huit de Mégare, huit de Macédoine, sept de Thessalie, sept de Samos, etc. Les sources épigraphiques nous permettent de dresser un tableau analogue pour Rhodes. Si l’on néglige les gens de Garniras, lalysos et Lindos, villes situés dans l’île même, on y relève soixante-sept noms pour la Pérée rhodienne, vingt-deux pour Éphèse, dix-neuf pour Carpathos, dix-huit pour Antioche, douze pour Nisyros et autant pour Soli, onze pour Tlos et pour Alexandrie, dix pour Phasélis, six pour Laodicée, cinq pour Selgé, pour Halicarnasse, pour Sardes et Héraclée, quatre pour Cnide, trois pour Cyrène, pour Sinope, pour Syracuse et pour Chypre. Quant aux cités représentées par un ou deux noms, elles s’y rencontrent en nombre très considérable.

L’interdiction qui était faite aux étrangers de posséder des immeubles et d’exploiter le sol autrement qu’en qualité de fermiers ou d’ouvriers agricoles les vouait principalement au commerce et à l’industrie.

Hors de l’Attique, beaucoup devenaient entrepreneurs. Tel fut ce Chæréphanès, de Mégare ou d’Andros, qui se chargea de dessécher un marais près d’Érétrie[53]. Le Chalcidien Cratès commença en Béotie, au lac Copaïs, une opération semblable, qu’il fallut interrompre[54]. Kanon de Thespies se fit adjuger la construction d’un édifice sacré à Délos[55]. Dans la même île, Peisiboulos de Paros, Xénophanès et Nikon de Syros, Théophantos de Carystos, Alexiclès de Sériphos, Ameinonicos de Thèbes exécutent des travaux de menuiserie, de charpente et de maçonnerie[56]. A Hermione ce sont des Argiens, des Corinthiens, des Mégariens, des Épidauriens et des Sicyoniens qu’on emploie[57]. Parmi les entrepreneurs du temple d’Epidaure on remarque plusieurs Corinthiens, trois Argiens, un Stymphalien et un Crétois[58]. A Delphes, pour bâtir un portique, on s’adressa à quatre Argiens, un Tégéate et un Athénien[59]. Un charpentier de Trikka fabrique et met en place les portes du sanctuaire de Kora[60]. Des Corinthiens, des Béotiens, un Sicyonien, un Argien et un Athénien extraient et transportent des pierres, taillent des colonnes et sculptent des motifs d’ornement[61]. Dans un autre compte de dépenses, ce sont des Tégéates, un Béotien, un Corinthien et un Argien, que nous voyons à l’œuvre[62]. Les textes où nous puisons ces renseignements ne remontent pas très haut, pour la plupart ; mais l’usage d’affermer à des étrangers ces sortes de travaux est bien plus ancien. Le Mégarien Eupalinos qui, d’après Hérodote, creusa un canal souterrain pour amener de l’eau à Samos, était probablement un entrepreneur[63]. En tout cas, il est certain qui au VIe siècle les Alcméonides d’Athènes réfugiés à Delphes s’engagèrent à rebâtir le temple détruit par un incendie, et que leur générosité, inspirée par un habile calcul, le fit plus beau qu’il n’avait été stipulé dans le contrat[64].

Les Athéniens trouvaient chez eux dans la classe des métèques, et plus rarement au dehors, autant d’adjudicataires qu’ils en voulaient. Une inscription relative à l’Érechthéion contient les noms de plusieurs métèques qui travaillèrent à la toiture de l’édifice, et il n’est pas douteux qu’ils avaient traité à forfait[65]. Dans un autre document apparaissent des peintres, des doreurs, des sculpteurs, des tailleurs de pierres, des modeleurs en cire[66]. Un de ceux qui collaborèrent en 391 à la réparation des remparts du Pirée fut le Béotien Démosthène, de qui l’on ne saurait dire s’il avait ou non son domicile en Attique[67]. Voici la liste des entrepreneurs étrangers qui eurent part à la réfection des murs du temple d’Eleusis en 329/8[68].

Euthymidès, domicilié à Kollyte.

Travail de maçonnerie, moulage de briques.

Ariston, domicilié à Kollyte.

Taille de coins de bois.

Agathon, domicilié à Alopékè.

Taille, transport et pose de pierres.

Daos, domicilié à Kydathénaion.

Déblaiement.

Phérékleidès le Béotien.

Transport de brigues.

Philoclès, domicilié à Corinthe.

Démolition.

Démétrios, domicilié à Alopéké.

Transport de briques.

X. domicilié à Alopéké.

Déblaiement.

A en juger d’après les sommes qu’ils encaissent, tous ces entrepreneurs étaient, les uns des patrons qui se faisaient aider par des ouvriers, ou même qui se contentaient de les diriger, les autres des artisans isolés qui n’avaient personne sous leurs ordres.

L’État occupait encore des étrangers qu’il payait à la tache ou à la journée. Il est question de ces salariés dans plusieurs endroits de l’inscription d’Eleusis, mais sans qu’on puisse discerner si ce sont des étrangers, des citoyens ou des esclaves[69]. Dans l’inscription 834 c, qui se réfère au même édifice, le muletier Kyprios, qui touche quatre drachmes pour prix d’un transport, est un étranger ou un affranchi[70]. Le métèque (ou affranchi) Syros, qui scie du bois pour trois drachmes, est un simple ouvrier, comme l’indique d’ailleurs le mot μισθός[71]. Il en est de même du métèque Mnésilochos[72]. Mais c’est dans les comptes de l’Érechthéion que les ouvriers étrangers sont les plus nombreux[73]. Tels sont les manœuvres qui posent les poutres du comble et qui enlèvent les échafaudages. Tels sont les scieurs de bois Rhadios et son compagnon dont la paie est d’une drachme par jour et par tête. J’attribue le même caractère aux tailleurs de pierres qui s’associent soit entre eux, soit avec des citoyens, pour canneler des colonnes, et qui reçoivent directement de l’État un salaire uniforme. Les ornemanistes Néseus, Sotélès, Eumélidès, Philios et Agorandros sont à leurs pièces ; mais, comme les précédents, ils ne sont rien de plus que des ouvriers.

Il va de soi que les étrangers se mettaient également au service du public. Tel qui aujourd’hui travaillait sur un chantier de l’État pouvait quelques jours après être employé par un particulier. Les métèques sculpteurs acceptaient volontiers les commandes d’un individu ou d’une Société. Nous en avons maints exemples dans l’épigraphie de Rhodes[74], de Mégare[75], d’Oropos[76], de Tanagra[77], de Thèbes[78], d’Argos[79], d’Hermione[80], de Théra[81]. Des céramistes durent souvent transporter leurs ateliers loin de leur patrie, et nous eu connaissons un qui paraît avoir émigré d’Athènes à Panticapée[82]. Ainsi s’explique en quelque manière la diffusion des styles et des procédés en usage dans cette branche des arts industriels. On cite un bronzier que les circonstances avaient conduit de Lucanie à Rhodes[83]. Le philosophe Cléanthès étant allé d’Assos à Athènes, travailla pour vivre chez un jardinier et chez une boulangère[84]. Au temps d’Aratos vivait à Argus un Sicyonien qui fabriquait des échelles[85]. Dans le courant du IVe siècle il y avait à Delphes un Athénien qui vendait du plomb, et peut-être le fondait[86]. On a découvert à Naples l’épitaphe d’un homme d’Antioche qui faisait des étoffes de soie[87]. Hérondas parle d’un corroyeur de Chios ou d’Érythrées, qui s’était fixé à Cos[88], et on ne saurait douter que la réalité ne fût souvent conforme à la fiction de l’auteur.

Ce sont là, en somme, des témoignages un peu maigres. Pour Athènes, heureusement, nous sommes beaucoup mieux renseignés. J’inclinerais à considérer comme des étrangers (ou peut-être des affranchis) le meunier Gérys, le doreur Gourgos, le baigneur Callias, à peintre Leptinès, le teinturier Onésimos ; dont les épitaphes n’indiquent pas à dème[89]. Il ressort d’un relevé fait par M. Clerc en 1891 que les métèques fournissaient à l’industrie une multitude de patrons et d’Ouvriers, et, que leur activité s’appliquait à la plupart des métiers[90]. Depuis, d’autres documents ont permis d’allonger encore la liste qu’il en donne. Je n’en signalerai qu’un : c’est un décret accordant le droit de cité à plusieurs individus qui ont aidé au rétablissement de la démocratie en 403. On y distingue un cuisinier, un charpentier, un muletier, un maçon, un tailleur de pierres meulières, un foulon et un statuaire[91]. Si l’on ajoute que c’est en grande partie dans cette classe que se recrutaient les négociants en gros et en détail et les banquiers, on comprendra le rôle capital quelle jouait dans la vie économique de la cité.

 

2° Les citoyens.

Les Spartiates pensaient qu’il existait une incompatibilité absolue entre la dignité de citoyen et l’exercice d’une profession quelconque. D’après eux, le citoyen se devait tout entier à l’État ; il avait reçu un lot de terre que les Hilotes travaillaient pour lui, et qui, suffisait à le nourrir ; il n’avait donc aucun prétexte pour se livrer personnellement à une occupation lucrative, et il abandonnait à d’autres tous les métiers industriels[92]. Dans cette société hiérarchiquement constituée, où, depuis les esclaves jusqu’aux Égaux, s’échelonnaient une série de classes bien distinctes et souvent ennemies,  il se faisait entre elles une sorte de partage d’attributions, les plus nobles, c’est-à-dire le service militaire et le gouvernement de la cité, étant réservées aux citoyens en possession de tous leurs droits ; les plus basses, c’est-à-dire le soin de pourvoir par l’agriculture, par le commerce, par la navigation, par la pratique des arts manuels, aux besoins matériels de tous, étant attribuées aux périèques, aux serfs et aux esclaves.

Il y avait en Grèce d’autres États où l’opinion publique envisageait avec défaveur le travail du citoyen ; il y en’ avait même où la loi le prohibait complètement. Partout, au reste, on estimait beaucoup plus le travail agricole que le travail industriel[93]. C’était là un préjugé très vivace qui remontait à l’époque aristocratique, et dont il serait facile de retrouver la trace jusque dans les sociétés modernes. Mais, pour quelques individus qui en subissaient l’empire, on en remarque un grand nombre qui ne s’en souciaient guère. Il est assurément impossible de déterminer la part que prenaient les citoyens à la production industrielle ; on sait seulement qu’ils y prenaient une large part, soit comme patrons, soit comme ouvriers, malgré la concurrence des esclaves et des étrangers.

Le travail domestique était bien plus complexe dans l’antiquité hellénique que de nos jours, puisqu’il s’étendait à la confection des vêtements. Or c’était la femme qui en avait la direction. Son premier devoir était de demeurer au logis, tandis que son mari était appelé au dehors par ses affaires et par ses plaisirs[94]. Elle ne se contentait pas de donner des ordres à ses servantes, d’assigner chacun sa tâche, de dresser les novices ; elle mettait aussi la main à l’ouvrage[95]. Quelques-unes, il est vrai, préféraient vivre dans l’oisiveté, ou perdre leur temps à leur toilette ; mais rien ne paraissait plus mauvais que de semblables habitudes. Une femme pareille, disait-on, est un objet charmant pour les autres hommes et un fléau pour son époux[96]. De bonne heure, la jeune fille était formée et initiée par sa mère aux divers labeurs qu ménage, sauf à Sparte où l’on aimait mieux la préparer à sa maternité future en la fortifiant par les mêmes exercices de gymnastique que les garçons[97]. Quand Ischomachos se marie, sa femme. Agée de quinze ans, sait déjà filer la laine, et elle a vu dans sa famille de quelle manière on distribue le travail aux esclaves[98]. Pendant toute sa vie elle aura pour principale obligation, non seulement de surveiller son personnel, mais encore de battre et de ranger les habits et les couvertures, de pétrir le pain, et de rester debout auprès de son métier à tisser[99]. Platon remarque que les Athéniens contient aux femmes le gouvernement des navettes et des quenouilles[100]. La mère de Jason de Phères séjournait ordinairement dans son atelier de tissage et travaillait la laine en compagnie de ses servantes[101]. Lorsque tu vas dans la chambre de ta mère, dit Socrate à Lysis, j’imagine qu’elle te défend de toucher à sa quenouille, à sa navette et à ses autres outils[102]. En Crète, la loi reconnaît à la femme qui divorce le droit d’emporter la moitié des choses qu’elle a tissées[103]. Une figurine de Tanagra représente une femme assise sur un fauteuil richement décoré, les pieds sur un tabouret, tenant de son bras droit un peloton de laine rouge enroulé autour d’un bâton[104]. Ailleurs, une autre femme fait quelque broderie au moment où une de ses amies vient lui rendre visite[105]. Dans une comédie d’Aristophane, quand les femmes d’Athènes veulent changer de besogne avec les hommes, Lysistrata dit à l’un d’eux : Prends cette corbeille, relève ta ceinture, et carde la laine en mangeant des fèves[106]. Les Grecques en arrivaient ainsi à acquérir une grande habileté de main. On attribuait à une femme de Cos l’invention d’un procédé pour dévider les cocons du bombyx et faire avec les fils des étoffes transparentes[107]. Le péplos offert annuellement à la divinité nationale d’Athènes était fabriqué par les jeunes filles de l’aristocratie[108]. Le beau costume dont se pare Praxinoa dans une idylle de Théocrite a été tissé par elle-même[109], et les vêtements royaux de Démétrios Poliorcète étaient l’œuvre de sa femme Phila[110].

Le besoin forçait plus d’une citoyenne à se louer comme nourrice. Celles que mentionnent les inscriptions funéraires nous cachent leur condition[111] ; mais il se peut qu’elles ne soient pas toutes des esclaves ou des étrangères. Un texte de Démosthène prouve qu’au cours du IVe siècle beaucoup d’Athéniennes furent condamnées à ce métier par le malheur des temps[112]. D’autres, qui n’avaient pas cette ressource, allaient vendre au marché des rubans, des couronnes, des pelotons de fil[113]. Il y avait encore des boulangères, des cabaretières[114], et, à ce qu’il semble, des teinturières et des ouvrières en lainages[115]. A Patras, la plupart des femmes gagnaient leur vie en tirant du byssos les étoiles légères qui remplaçaient en Grèce nos soieries[116]. J’ai vu, dit un poète élégiaque, Mikylos en train de peigner la laine avec l’aide de sa femme pour échapper à la faim[117]. Un armurier athénien, du nom de Dionysos, avait pour doreuse sa femme Artémis[118]. Une certaine Mélinna consacre un ex-voto à Athéna Ergane, en souvenir de la protection que lui a accordée la déesse lorsqu’elle demandait à son travail de quoi nourrir ses enfants[119]. Toutes ces personnes semblent être des ouvrières isolées. On a cependant des indices que parfois elles étaient groupées, à moins que ces témoignages ne concernent que des esclaves.

Les textes nous signalent en Attique une multitude d’industriels de naissance libre. Le malheur est qu’ils ne nous apprennent pas toujours si ce sont des étrangers ou des citoyens. On devine pourtant que beaucoup d’entre eux se rattachaient à cette dernière classe. Lorsque Aristophane énumère dans la Pair les différents éléments de la population athénienne, il distingue les cultivateurs, les commerçants, les artisans, les métèques et les étrangers de passage ; et il est visible qu’il range les artisans parmi les citoyens[120]. Dans une autre comédie, le charcutier reproche au Peuple de se livrer sans réserve aux marchands de lampes, aux tanneurs, aux corroyeurs et aux savetiers[121]. Ailleurs le poète nous montre une motion repoussée dans l’assemblée par les campagnards et votée par les ouvriers de la ville, qui sont en majorité[122]. L’esclave Canon annonce aux voisins que Plutus est chez son maître Chrémylos ; tous sont des citoyens, puisqu’ils touchent le triobole ; or il les appelle des hommes qui aiment le travail[123]. Il n’y a dans tout ceci rien de fantaisiste ; car il résulte d’un texte de Xénophon que l’assemblée du peuple était une réunion de foulons, de cordonniers, d’ouvriers de bâtiment, d’ouvriers en métaux, de laboureurs, de marchands et de brocanteurs[124].

Au reste, nous connaissons par leurs noms un grand nombre d’Athéniens qui pratiquaient les arts manuels.

En voici d’abord qui étaient évidemment des patrons : Nausikydès le meunier, qui était assez riche pour suffire à de fréquentes liturgies ; Kyrébos le boulanger, qui menait une existence large[125] ; Hyperbolos le fabricant de lampes, qui avait une belle fortune[126] ; Cléainetos, le père de Cléon, qui exploitait une tannerie[127] ; Anytos, qui avait fait de gros bénéfices dans la même profession[128] ; le potier Képhalos[129] ; Eucratès, le vendeur d’étoupes[130] ; Diitréphès le vannier[131] ; Apollodoros qui hérita de son père Pasion une fabrique de boucliers[132] ; Dénias et Ménon, qui confectionnaient des vêtements d’hommes[133] ; Léocrate, Euphémos et Sophillos, le père de Sophocle, tous trois forgerons[134] ; Cléophon, fabricant de lyres[135] ; Théodoros, le père d’Isocrate, fabricant de flûtes[136] ; Démosthène le père, fabricant de glaives et de lits[137] ; Philoctémon, dont la succession comprenait quelques esclaves artisans[138] ; Conon qui laissa dans la sienne des droguistes et des passementiers[139] ; le parfumeur malgré lui, qui fut si bien dupé par Athénogène ; enfin le père de Timarque, qui était corroyeur[140]. Tous ces gens-là étaient des chefs d’industrie plutôt que des artisans, et ils se déchargeaient sur leurs ouvriers de toute la partie matérielle de leur besogne.

D’autres travaillaient eux-mêmes, comme des ouvriers, sans se confondre pourtant avec eux, puisqu’ils étaient au service du public et non d’un patron. Tels étaient, je suppose, les charbonniers du dème d’Acharnes[141] ; le meunier Lykidas, qui remplit les fonctions d’arbitre[142] ; celui qui eut pour fils l’orateur Pythéas[143], l’orfèvre Pamménès, à qui Démosthène commanda une couronne et un vêtement lors de sa chorégie[144] ; Eucratès, qui loue au Pirée un petit atelier et une maison d’habitation pour la modique somme de cinquante-quatre drachmes par an[145] ; Philocharès, le frère d’Eschine, qui peignait des vases à parfums et des tambours[146] ; Pamphilos le foulon, qui était peut-être un étranger[147] ; le forgeron et le corroyeur qui furent victimes d’Aristogiton[148] ; le père de Phocion qui fabriquait des pilons[149] ; le père d’Iphicrate qui était corroyeur[150] ; le père de Socrate, Sophroniscos, qui était tailleur de pierres[151] ; Kleigénès le baigneur, qui trompait ses clients sur la qualité de ses drogues[152] ; le charcutier Agoracritos, qui dans les Chevaliers d’Aristophane étale sur la scène tout son attirail[153] ; Phrastor, l’infortuné mari de Néæra, qui gagnait tout juste de quoi vivre[154] ; enfin le pauvre diable mentionné dans un plaidoyer de Lysias, qui en fut réduit à solliciter un secours de l’État[155].

Dans l’exploitation des mines[156], on aperçoit à la fois de gros industriels qui avaient simplement la direction de l’entreprise et, des individus qui travaillaient de leurs propres mains.

Nicias possédait au Laurion une concession qui occupait mille esclaves, et qui passa ensuite au Thrace Sosias. Epicratès tirait de la sienne ou des siennes un revenu annuel d’environ 600.000 francs. Diphilos amassa de la même manière une grosse fortune. Deux associés, Philippos et Nausielès, furent presque aussi heureux que lui[157]. Je citerai encore Antimachos, qui était peut-être le fils d’un riche banquier[158] ; Panténète, qui avait à Maronée une usine garnie de trente esclaves et une mine[159] ; Épihydès, qui afferma au moins deux lots[160] ; et l’anonyme qui contracta sur son atelier métallurgique un emprunt hypothécaire de 6.000 francs[161].

A côté de ces privilégiés qui n’apportaient à l’entreprise que leurs capitaux et leur intelligence, ou qui même en confiaient la gestion à quelque intendant, plusieurs, d’un rang plus modeste, maniaient les outils du mineur ou du fondeur. Un client de Démosthène dit qu’il a commencé par faire de grands profits dans les mines d’argent à force de bras, puis qu’il a tout perdu[162]. D’après Xénophon, il y avait des Athéniens qui vieillissaient dans cette profession[163] On a conservé le nom d’un individu expert en la matière, qui vers la fin du Ve siècle imagina de fabriquer du cinabre avec le sable extrait des mines[164]. Il fallait bien se résigner à travailler en personne, quand on avait pour unique ressource un atelier estimé 700 francs, avec les esclaves[165], ou quand on détenait un lot dont le prix d’adjudication ne dépassait pas 150 francs[166].

Les comptes de dépense des travaux publics ne sont pas toujours bien explicites sur la condition des citoyens qui y prennent part. II est des cas où nous ne pouvons guère deviner à qui nous avons affaire. La seule indication un peu précise qu’énoncent les documents, c’est le montant de la somme touchée par les intéressés, et il est clair qu’elle se prèle à des appréciations arbitraires.

Voici, par exemple, Diitréphès qui démolit une construction pour 45 drachmes[167] ; on a tout autant de raisons de croire qu’il s’est chargé lui-même de ce soin, ou qu’il en a chargé ses ouvriers. Le savetier Apollophanès, qui raccommode dix-sept paires de chaussures pour 68 drachmes[168], le maçon Solon qui recrépit l’Éleusinion pour 85 drachmes[169], Héracléidès qui taille des seuils de pierre pour 21 drachmes[170], suggèrent une réflexion identique. Parmi les entrepreneurs employés à l’Erechthéion, Phalacros et son compagnon, qui encaissent ensemble 19 drachmes pour des travaux de ravalement, ne sont certainement pas des chefs d’industrie[171]. Un document similaire du Ve siècle nous signale des métèques et des citoyens occupés par escouades de cinq, six et sept à la cannelure de plusieurs colonnes[172] ; il n’est pas douteux que les uns et les autres sont tout au plus de petits artisans. De même les charpentiers Timomachos, Tlésias, Euthydomos et Ctéson, auxquels les agents du Trésor paient des sommes  allant de 9 à 68 drachmes[173]. Dans les comptes du temple d’Éleusis, qui datent du IVe siècle, je considère comme patrons ceux dont les noms suivent[174] :

Lycurgue, 26.000 briques

?

 

Néocleidès, 334 pierres taillée

331

dr.

 

Euthéas, 9.000 briques

360

 

Phormion

12 poutres

201

 

5 pièces de bois

130

 

Agathon, 93 solives

155

 

Pamphilos d’Otryne, portes

146

 

Thoudès, pierre à chaux

130

(avec le transport.)

Sosidémos, fer

1159

 

Ces fournitures n’ont pu être faites que par des individus ayant à leur disposition plusieurs ouvriers.

Par contre, j’inclinerais à voir de simples artisans dans ce Charias qui répara un siège pour i drachmes, dans ce Deinias à qui l’on acheta dix corbeilles pour 10 drachmes, dans ce Xanthippos qui vendit 30 drachmes de bois, dans ce Moschion qui sculpta pour 50 drachmes les chapiteaux des pilastres, dans ce Simos qui livra cinq paires de tuiles de Laconie, dans ce Mœroclès qui livra trente-cinq tuiles ordinaires. Encore est-il possible que ces commandes ne soient qu’une partie de celles qu’ils eurent à exécuter en même temps ; dans ce cas, il leur eût fallu des auxiliaires.

Au dernier degré de la hiérarchie industrielle se trouvaient les ouvriers. L’inscription de l’Eleusinion lés désigne en bloc, sans spécifier s’ils sont étrangers ou citoyens. La formule habituelle est celle-ci : Aux maçons qui ont construit tel mur en briques... trois hommes, 2 dr. ½ par jour, ou bien : Aux salariés qui ont porté les briques, fait le mortier, monté le bois et les tuiles, six hommes, 1 dr. ½ par jour ![175] Les textes de l’Érechthéion sont moins sommaires. Ici chaque ouvrier est appelé par son nom ; sa condition sociale y est nettement déterminée, et on note s’il travaille à la journée ou à forfait. Or nous remarquons que, même sur les chantiers de l’État, on ne mettait aucune différence entre les citoyens et les métèques. Les premiers n’étaient pas mieux traités que les seconds, ni quant au salaire, ni quant à la nature de la besogne, on n’avait égard qu’aux qualités professionnelles.

Il serait utile de rechercher jusqu’à quel point la concurrence de la main-d’œuvre étrangère nuisait à la classe des citoyens. L’épigraphie seule nous éclaire sur ce point, et encore d’une lueur très incertaine.

CIA, I, 321 : Un citoyen et son compagnon, peut-être citoyen comme lui. — Trois métèques.

CIA, I, 321 : Vingt-sept citoyens et vingt-six métèques (en laissant de côté les sculpteurs).

CIA, IV, 2, p. 76 : Huit citoyens et sept métèques.

CIA, II et IV, 834 b : Vingt-quatre citoyens et trente-cinq métèques[176].

CIA, II, 834 c : Huit citoyens et quatorze métèques.

Si l’on compare les trois premières inscriptions, qui sont de la lin du ve siècle, aux deux dernières, qui sont de la lin du ive, on voit que dans les deux groupes la proportion des métèques au citoyens n’est pas la même. Dans l’un, ces deux catégories de travailleurs se font à peu près équilibre ; dans l’autre, le nombre des métèques dépasse sensiblement celui des citoyens. Cela suffit-il à prouver que les étrangers tendirent de plus en plus à supplanter leurs rivaux ? Il serait téméraire de tirer une conclusion aussi générale des rares textes que nous possédons. Il n’y a là qu’un indice, malheureusement bien vague, qu’on aurait tort pourtant de négliger en un sujet qui malgré tout demeure si obscur. Au surplus,. il faut se garder d’en exagérer la portée. Une phrase d’Isée nous montre qu’au IVe siècle le métier de journalier était la ressource ordinaire des citoyens tombés dans le dénuement[177], et Démosthène nous informe que, malgré leur répugnance pour les occupations serviles et basses, les Athéniens s’y résignaient volontiers, quand ils ne pouvaient pas faire autrement[178]. Il n’est donc pas probable qu’ils se soient laissé évincer par les métèques du champ de l’industrie, d’autant plus que cette époque est caractérisée par une sorte d’appauvrissement de la société, que le sol de l’Attique n’était pas plus productif qu’auparavant, et que la vie était devenue plus chère. Aristote d’ailleurs atteste dans sa Politique, écrite vers ce temps-là, qu’à Athènes, comme dans la plupart des démocraties, ce qui prévalait parmi les citoyens en résidence à la ville, c’étaient les marchands au détail, les artisans et les ouvriers salariés[179]. Trois quarts de siècle auparavant, cinq mille citoyens au plus, sur une vingtaine de mille, s’adonnaient exclusivement au commerce et à l’industrie[180].

Les témoignages de l’activité industrielle des citoyens sont moins abondants pour .les autres contrées de la Grèce. Ici ce sont surtout des renseignements généraux qu’on glane dans les documents. Quand Xénophon nous dit que les Mégariens vivaient de la confection des exomides[181], il est clair que cette remarque ne s’applique pas seulement aux étrangers, mais qu’elle vise toute la population. Je présume qu’à Corinthe la fabrication des céramiques et des bronzes, dont la vogue était, si considérable, n’avait pas été accaparée par les métèques ; on ne comprendrait guère dans ce cas la réputation de richesse qu’avaient les gens du pays. Une anecdote racontée par Polyen nous permet d’apprécier l’importance numérique des citoyens artisans dans le Péloponnèse, en dehors de la Laconie. Pendant une expédition, les alliés de Sparte se plaignaient d’avoir été appelés en plus grande quantité que les Lacédémoniens. Agésilas les sépara les uns des autres, et les fit asseoir. Puis le héraut s’écria : Que les potiers se lèvent ! et beaucoup d’alliés se levèrent. On procéda de même à l’égard des forgerons, des maçons, et des divers corps de métiers, en sorte qu’après cette épreuve presque tous les alliés se trouvèrent debout, tandis que tous les Lacédémoniens étaient restés assis. On s’aperçut alors que ceux-ci comptaient plus de vrais soldats que leurs auxiliaires[182]. Ce récit se place au début du IVe siècle. Si l’on descend au milieu du IIe, on observe dans la même région un phénomène analogue. Au moment où une révolte se préparait contre le protectorat romain, le gouverneur de la Macédoine envoya des agents à Corinthe où siégeait l’assemblée fédérale des Achéens, pour les engager à la soumission. Ils y furent très mal accueillis, parce que les artisans étaient accourus en masse[183]. Dans la Grèce centrale, Aulis n’attirait guère les étrangers ; aussi, lorsqu’on nous dit que ses habitants étaient presque tous potiers[184], il faut entendre que ce métier était exercé par les citoyens. A Thèbes, il y avait des fabricants de piques et de glaives, qui n’étaient peut-être pas tous des métèques[185] ; les ouvriers devaient être fort nombreux dans cette ville, puisque Sylla tira de là ceux dont il eut besoin pendant le siège du Pirée[186]. Les Anthédoniens étaient pêcheurs d’éponges et de coquillages à pourpre, bateliers et constructeurs d’embarcations[187]. Les Eubéens passaient pour être d’excellents métallurgistes[188]. La stérilité de leur île avait forcé les Éginètes à se faire navigateurs, commerçants, industriels, et leurs articles de bimbeloterie étaient répandus partout[189]. En Asie-Mineure, c’étaient les ouvriers et les boutiquiers qui dominaient dans les assemblées des cités grecques, au temps de Cicéron, et il est visible que cet étal de choses n’y était pas absolument nouveau[190].

Ces textes ne laissent aucun cloute sur la participation des citoyens au travail industriel ; et combien n’y en aurait-il pas d’autres qui aboutiraient à la même conclusion, s’ils étaient moins vagues[191] ! Lorsqu’une ville avait chez elle une industrie prospère et fructueuse, les citoyens ne devaient pas être assez naïfs pour en abandonner tous les bénéfices aux métèques. Les auteurs, il est vrai, ne disent pas toujours en termes formels qu’eux aussi y prenaient part ; mais il est légitime de Suppléer à leur silence. Que dans une contrée agricole la production industrielle fût surtout aux mains des étrangers, cela se conçoit à la rigueur. On conçoit également que dans les villes industrielles les citoyens préférassent la condition de patron à celle d’ouvrier. Mais, sauf de rares exceptions, l’une et l’autre étaient recherchées par eux, dès qu’ils y avaient avantage.

Plusieurs noms d’industriels et d’artisans de cette classe surnagent çà et là dans les documents, alors même qu’on néglige les artistes, que pourtant l’opinion commune confondit longtemps avec les artisans proprement dits.

Nous connaissons au VIIe siècle un potier sicyonien, Boutadès, qui plus tard s’établit à Corinthe[192]. Thucydide et Hérodote parlent de deux célèbres constructeurs de navires, Ameinoclès de Corinthe, qui vivait à la fin du VIIIe siècle, et Rhoïkos de Samos, qui vivait au début du VIe[193]. Un autre Samien, Théodoros, partage avec ce dernier l’honneur d’avoir inventé ou tout au moins introduit d’Égypte en Grèce le procédé de la fonte en forme[194]. Vers la même époque se place le bronzier corinthien Eucheiros[195]. Mnésarchos, le père du philosophe Pythagore, était graveur en pierres fines[196]. Le potier Lykios, d’Eleuthères en Béotie, donna son nom à certains vases qu’il fut le premier à modeler[197]. Théophraste d’Érésos était fils d’un foulon[198]. Hérondas, dans son VIIe mime, met eu scène un cordonnier de Cos non moins habile à vendre ses chaussures qu’à les fabriquer ; bien qu’il ait treize ouvriers dans sa boutique, il travaille lui-même, cloué sur sa chaise du matin au soir, et ses clientes réclament parfois un ouvrage de ses mains. Parmi les cuisiniers en renom, on vantait en particulier Agis le Rhodien, Néreus de Chios et Cariadès d’Athènes, qui tous apparemment étaient citoyens dans leur pays d’origine[199]. Peut-être était-ce aussi le cas de ce cuisinier d’Épidaure qui indique bravement sa profession dans un ex-voto offert à Asclépios[200]. Un autre ex-voto porte le nom d’un tailleur de pierres phocidien, chez qui rien ne dénote un étranger[201]. J’en dirai autant de ce Démétrios, orfèvre à Éphèse, dont parlent les Actes des Apôtres[202]. A la fin du IVe siècle deux Mégariens, Callias et Midas, vendirent à l’État athénien des objets destinés à ses esclaves, probablement des exomides[203]. Il est même question dans le texte qui les mentionne, d’ouvriers venus de cette ville[204].

Dans les comptes de travaux publics, on lit des noms d’artisans se rattachant les uns à la classe des citoyens, les autres à la classe des étrangers. Or il est évident que ces derniers se livraient chez eux au même métier, et c’est seulement quand ils n’y trouvaient pas d’occupation qu’ils allaient s’en procurer au dehors. A Délos, par exemple, on aperçoit en 279 des charpentiers de Syros et de Carystos, un menuisier de Thèbes, un maçon de Sériphos, et à côté d’eux des charpentiers, des maçons, des menuisiers, des forgerons, des tailleurs de pierres, des fabricants de torches, un cordier, un doreur, un orfèvre et des manœuvres de Délos même[205]. Un Délien nommé Parménon était maçon en 250[206]. D’après une inscription d’Épidaure, il y eût parmi les entrepreneurs du temple d’Asclépios quelques étrangers, maçons, tailleurs de pierres, peintres, charpentiers ou marchands de bois ; mais la plupart furent des Épidauriens, si tout est que ceux dont les noms ne sont suivis d’aucun ethnique soient, au moins en majorité, des indigènes[207]. Une autre inscription nous présente des industriels du bâtiment, non seulement à Épidaure, mais encore à Athènes, à Argos, à Trézène, à Tégée et à Paros[208]. Même diversité dans un document d’Hermione : là aussi on appela des gens d’Argos, de Mégare, de Sicyone, de Corinthe, et on employa concurremment des gens du pays[209]. Trézène avait chez elle des artisans de tout genre, marbriers, tailleurs de pierres, maçons, charpentiers, briquetiers, terrassiers, bien qu’elle en empruntât aux villes voisines[210]. Une longue inscription de Delphes énumère des carriers d’Argos, de Corinthe, de Béotie, de Sicyone, des tailleurs de pierres de Sicyone et de Corinthe, des bateliers et des charretiers de Corinthe et de Tégée, mêlés à des citoyens de Delphes qui exercent soit des professions identiques, soit celles de forgeron, de terrassier, de maçon, de charpentier et de plombier[211] D’autres nous signalent des orfèvres d’Athènes, de Corinthe, d’Argos et de Sicyone, des maçons d’Athènes, de Tégée et d’Argos, un tailleur de pierres de Delphes, et un menuisier de Trikka[212]. Dans un document de même provenance apparaissent un meunier et un démolisseur delphien[213]. Vers 330, un Thespien soumissionna la fourniture de trois cent, trente pierres taillées pour un édifice de Délos[214]. Enfin j’ai eu l’occasion de citer le Mégarien Eupalinos qui construisit un aqueduc à Samos, ainsi que le Chalcidien Cratès, et le Mégarien (ou peut-être Andrien) Chæréphanès, qui se chargèrent de certains travaux de dessèchement en Béotie et en Eubée.

Dans tout le monde grec, comme en Attique, les citoyens qui vivaient de l’industrie se divisaient en trois catégories : les patrons, les petits artisans et les ouvriers.

On doit inscrire parmi les patrons ceux qui passent des marchés importants avec un État ou un temple. Par exemple :

Épidaure.

Mnasiclès

Maçonnerie

3.000

dr. au moins.

Soladas

id.

3.068

Euterpidas

Extraction de pierres

6.167

Thrasymédès

Charpente

9.800

[215]

Délos.

Kanon

Taille et pose de pierres

7.347 dr.[216]

Phanéas et Peisiboulos

Charpente

4.500 dr.

Kroisos

Taille et transport de pierres

3.988 dr.[217]

Delphes.

Nicodamos et Pasion

Extraction de pierres

34 mines et 26 statères.

Nicodarnos et Téléphanès

Colonnade

1 talent, 3 mines et 20 statères.

Chairolas

Transport de pierres

1 talent[218].

Ces individus n’ont pas pu s’acquitter à eux seuls de leur tâche, d’autant plus que les délais d’exécution étaient nettement stipulés au contrat[219]. Ils avaient donc des ouvriers à leur solde, et eux-mêmes ne faisaient rien que de les diriger.

En revanche, il est naturel de penser que les adjudicataires de petits lots étaient des artisans qui travaillaient en personne, parfois avec le concours d’un associé temporaire, ou d’une très modeste équipe d’ouvriers, Or ces lots sont les plus nombreux dans les documents.

Quant aux ouvriers, on n’en parle pas généralement, ou bien on les désigne par le terme de μισθωτοί[220].

On ne voit pas que l'État ait jamais songé à protéger la main-d’œuvre nationale contre les gens du dehors. Ce n’est pas par libéralisme qu’il s’abstenait, c’est plutôt parce qu’il jugeait son intervention inutile ; preuve évidente que la concurrence des étrangers n’était pas un péril pour les citoyens. Même quand il décidait une adjudication, il laissait aux premiers pleine liberté de disputer les lots aux seconds ; il les sollicitait jusque chez eux, et il s’appliquait à supprimer les obstacles qui auraient pu les écarter. Le Trésor y trouvait son profit, puisqu’il obtenait par là de plus forts rabais ; mais il en résultait aussi des facilités plus grandes pour les individus en guète d’ouvrage. Dans toute la Grèce, il y avait comme une masse flottante de patrons et d’ouvriers toujours à l’affût des adjudications qui se préparaient et des chantiers qui s’ouvraient. Ils n’avaient aucune répugnance à se déplacer, et ils couraient de ville en ville, partout où l’on avait besoin de bras. Nous en connaissons notamment qui ont eu des entreprises à Delphes après en avoir eu à Épidaure[221]. Le citoyen était peut-être lésé en ce sens qu’il n’avait pas le monopole des travaux à exécuter dans les limites de sa cité ; mais, en échange, il était admis à ceux des cités voisines, et s’il était obligé de partager avec les autres, les autres étaient obligés de partager avec lui. J’ajoute que la liberté commerciale allait de pair avec la liberté industrielle. L’écoulement des produits fabriqués était très aisé, et l’on peut dire que tout artisan grec travaillait autant pour les étrangers que pour ses compatriotes. La clientèle d’un Athénien n’était pas enfermée en Attique ; elle embrassait tout le monde hellénique, et même tout le monde antique. Il n’avait à compter qu’avec la distance, et avec la concurrence de ses rivaux.

 

 

 



[1] ARISTOPHANE DE BYZANCE, p. 193 (Nauck).

[2] MICHEL, 3.

[3] CLERC, Les métèques athéniens, p. 249 et suiv.

[4] PS.-ARISTOTE, Économique, II, 2, 3. POLLUX, VII, 15. Dans MICHEL, 271, les Delphiens accordent γάς καί (οίκίας) έγατησιν à un certain Hermias, qui était un étranger (254.).

[5] CLERC, p. 169 et suiv.

[6] DÉMOSTHÈNE, LVII, 34.

[7] HARPOCRATION, Μετοίκιον. LYSIAS, XXXI, 9 ; DÉMOSTHÈNE, XXIX, 3. Cf. CLERC, p. 15.

[8] DÉMOSTHÈNE, XXV, 57.

[9] CLERC, p. 42 et suiv.

[10] ARISTOTE, Politique, III, 1, 3. Cf. CLERC, p. 260 et suiv.

[11] Anecdota de BEKKER, I, p. 194. L’affaire était portée devant le tribunal du Palladion, qui ne pouvait infliger une peine plus forte que l’exil (ARISTOTE, Gouv. des Athéniens, 57 ; DÉMOSTHÈNE, XXIII, 71-73).

[12] IJ, I, p. 419-420.

[13] ARISTOTE, Gouv. des Athéniens, 58 ; IJ, I, p. 403.

[14] ÆLIEN, Histoires variées, XIII, 16.

[15] PLUTARQUE, Lycurgue, 27.

[16] IJ, I, p. 420-421.

[17] DICÉARQUE, fragm. 59, 9 (Müller). Il ajoute que les Tanagréens sont tous γεωργοί, ούκ έργάται.

[18] ATHÉNÉE, XII, p. 540 D.

[19] PLUTARQUE, Solon, 24.

[20] DIODORE, XI, 43.

[21] IJ, I, p. 144, l. 38. CIG, 2266, l. 18.

[22] PS.-XÉNOPHON, Gouv. des Athén., I, 12.

[23] PS.-XÉNOPHON, Gouv. des Athén., I, 10. I, 12. Cf. DÉMOSTHÈNE, IX, 3.

[24] DÉMOSTHÈNE, LII, 9 et 25 ; ESCHINE, I, 195.

[25] Une inscription rhodienne nous signale des έπιμεληταί τών ξένων (IGI, I, 49).

[26] XÉNOPHON, Revenus, II.

[27] Voir CLERC, Les métèques athéniens, p. 193 et suiv.

[28] Ce travail a été fait par CLERC dans une étude qui a pour titre : De la condition des étrangers domiciliés dans les différentes cités grecques (Revue des Universités du Midi, Année 1898).

[29] Aux chiffres relevés par CLERC (Les métèques athéniens, p. 379) il faut joindre ceux que fournit le CIA, IV, 2, 1682 b et suiv.

[30] ATHÉNÉE, VI, p. 272 B.

[31] IGI, I, 218 et suiv., 870 et suiv.

[32] DIODORE, XX, 84.

[33] DIODORE, XVII, 11.

[34] XÉNOPHON, Helléniques, V, I, 12.

[35] DI, 1231.

[36] MICHEL, 653.

[37] MICHEL, 306.

[38] MICHEL, 41.

[39] LEBRAS-WADDINGTON, Inscriptions d’Asie-Mineure, 252 et suiv.

[40] PS.-ARISTOTE, Économique, II, 2, 3 ; 2, 10 ; 2, 18.

[41] LYCURGUE, C. Léocrate, 21.

[42] PLUTARQUE, Aratos, 6.

[43] DIODORE, XIX, 2.

[44] Revue de philologie, 1809, p. 80.

[45] CIGS, I, 123, 127, 135, 143, 155, 162.

[46] CIGS, 580, 1566, 1570, 1572.

[47] CIG, 1925 h.

[48] GIG, 2373.

[49] AM, XI, p. 47 et suiv., p. 58.

[50] MICHEL, 247. Je suppose que les mots έν Λίτωλίαι οίκών se rapportent à Socratès et à Alexeinidès.

[51] Papers of the American School at Athens, VI, p. 71-73.

[52] DI, 3510, 3528.

[53] IJ, I, p. 153.

[54] STRABON, IX, p. 407.

[55] CIA, IV, 2, 1054 g.

[56] MICHEL, 594, l. 46, 32, 50, 66.

[57] DI, 3385.

[58] MICHEL, 38, l. 5 ; l. 12 ; l. 15 ; l. 16 ; l. 21 ; l. 23 ; l. 26.

[59] BCH, XXV, p. 478, l. 33-36.

[60] L. 46-47.

[61] MICHEL, 591, l. 93, 97, 98, 100, 101, 102, 106, 117.

[62] BCH, XXII, p. 304 et 320.

[63] HÉRODOTE, III, 60.

[64] HÉRODOTE, V, 62.

[65] CIA, IV, 1, p. 70.

[66] CIA, I, 324.

[67] CIA, IV, 2, 830 e.

[68] CIA, II, 831 b (add.), col. I.

[69] Col. I, l. 26 et suiv., l. 43-40 ; col. II, l. 22-23, 41-42.

[70] L. 20.

[71] L. 22-23.

[72] L. 51.

[73] CIA, I, 324.

[74] IGI, I, 40 ; 47 ; 62 ; 70 ; 72 a.

[75] CIGS, I, 54.

[76] Ibid., 431.

[77] Ibid., 552, 553.

[78] Ibid., 2471, 2472.

[79] DI, 3300.

[80] MICHEL, 1066.

[81] IGI, III, 410.

[82] RAYET et COLLIGNON, Histoire de la céramique grecque, p. 263.

[83] IGI, I, 106.

[84] DIOGÈNE LAËRCE, VII, 5, 168.

[85] PLUTARQUE, Aratos, 6.

[86] MICHEL, 591, l. 112.

[87] Inscr. græcæ Siciliæ et Italiæ, 785.

[88] HÉRONDAS, VII, 58.

[89] CIA, II, 3566, 3582, 3832, 3895, 4037.

[90] CLERC, Les métèques athéniens, p. 450-451. Il y a dans le nombre beaucoup d’affranchis.

[91] AM, XXIII, p. 28.

[92] XÉNOPHON, Gouv. des Lacédom., VII, 2. Il y a là une exagération, car le travail était permis aux périèques, qui étaient des hommes libres, sans être citoyens. PLUTARQUE, Lycurgue, 24.

[93] XÉNOPHON, Économique, VI, 10. C’est là une sorte de lieu commun dans toute la littérature grecque.

[94] PLATON, Ménon, 3. XÉNOPHON (Économique, VII, 22) attribue de même à la femme τά ένδον έργα, et l’homme τά έξω.

[95] XÉNOPHON, Économique, VII, 35, 41.

[96] SIMONIDE D’AMORGOS, fragm. 7, v. 57 et suiv. (Bergk). Cf. ARISTOPHANE, Thesm., 735-738.

[97] XÉNOPHON, Gouv. des Lacéd., I, 3 et 4.

[98] XÉNOPHON, Économique, VII, 6.

[99] XÉNOPHON, Économique, X, 10-11. Dans le Dict. des ant., I, fig. 455, deux femmes sont en train de plier des pièces d’étoffes.

[100] PLATON, Lois, VII, p. 805 E et 806 A.

[101] POLYEN, VI, 1, 5.

[102] PLATON, Lysis, 4.

[103] Loi de Gortyne, II, 5041.

[104] RAYET, Études d’archéologie, p. 310. Voir aussi PANOFKA, Bilder antiken Lehens, Taf. XIX, 2 ; Dict. des ant., II, fig. 998 et 3381.

[105] PANOFKA, Taf., XIX, 1.

[106] ARISTOPHANE, Lysistrata, 535-538.

[107] ARISTOTE, Hist. des animaux, V, 19, 6 ; PLINE L’ANCIEN, Hist. nat., XI, 76 (Detlefsen).

[108] CIA, IV, 2, 477 et 477 d. Cf. II, 956, 957, 957 b (add.).

[109] THÉOCRITE, XV, 30-37.

[110] DIODORE, XX, 93.

[111] CIA, II, 4039, 4050, 4109, 4139, 4260.

[112] DÉMOSTHÉNE, LVII, 35 et 45.

[113] ARISTOPHANE, Thesm., 446 et suiv. ; Grenouilles, 1345-1351 ; DÉMOSTHÈNE, LVII, 34.

[114] ARISTOPHANE, Guêpes, 1389 et suiv. ; Grenouilles, 569 et suiv. ; Lysistrata, 456 et suiv.

[115] EUPOLIS dans POLLUX, VII, 169 ; SCHOL. DE THÉOCRITE, XV, 80. Cf. γυνή λινουργός dans POLLUX, VII, 72 (d’après Alexis). Un texte cité par SUIDAS, Χερνήτις, parle d’un individu pauvre qui τάς θυγατέρας έπειράτο ποιεΐν ταλασιουργούς καί χερνήτιδας. Ces divers passages, il est vrai, ne prouvent pas que nous ayons là des citoyennes.

[116] PAUSANIAS, VII, 21, 14. On a affirmé sans motifs suffisants que ces ouvrières étaient des étrangères (HERMANN-BLÜMNER, p. 69, note 6).

[117] CRATÈS, fragm. 6 (Bergk).

[118] BCH, XIII, p. 79.

[119] CIA, II, 1434.

[120] ARISTOPHANE, Paix, 296-298.

[121] ARISTOPHANE, Chevaliers, 738-740.

[122] ARISTOPHANE, Assemblée des femmes, 431 et suiv.

[123] ARISTOPHANE, Plutus, 254. La preuve qu’ils touchent le triobole est au vers 329.

[124] XÉNOPHON, Mémorables, III, 7, 6.

[125] XÉNOPHON, Mémorables, II, 7, 6.

[126] ARISTOPHANE, Nuées, 1065 et SCHOLIASTE.

[127] SCHOL. D’ARISTOPHANE, Chevaliers, 44.

[128] SCHOL. DE PLATON, p. 14, 46.

[129] ARISTOPHANE, Assemblée des femmes, 253 et SCHOLIASTE.

[130] ARISTOPHANE, Chevaliers, 129 et SCHOLIASTE.

[131] ARISTOPHANE, Oiseaux, 798, 799 et SCHOL. ; SUIDAS, s. v. Peut-être était-il d’origine crétoise.

[132] DÉMOSTHÈNE, XXXVI, 11.

[133] XÉNOPHON, Mémorables, II, 7, 6.

[134] LYCURGUE, Contre Léocrate, 58. ANDOCIDE, I, 40. (Comme le remarque FROBERGER, De opificum apud veteres Græcos conditione, p. 22, note 43, l’article τώ indique qu’Euphémos était dans son propre atelier). Vie de Sophocle, Westermann, p. 126.

[135] ESCHINE, II, 76.

[136] PLUTARQUE, Vies des X orateurs, Isocrate, 1.

[137] DÉMOSTHÈNE, XXXVII, 9.

[138] ISÉE, VI, 33.

[139] DÉMOSTHÈNE, XLVIII, 12.

[140] ESCHINE, I, 97.

[141] ANDOCIDE, fragm. 5 (Didot) ; ARISTOPHANE, Acharn., 214, 333.

[142] DÉMOSTHÈNE, LIII, 14.

[143] SUIDAS, Πυθέας. On ne saurait affirmer que le meunier Ménon dont parle DINARQUE (Contre Démosthène, 23) fût citoyen.

[144] DÉMOSTHÈNE, XXI, 22.

[145] CIA, II, 1058.

[146] DÉMOSTHÈNE, XIX, 237.

[147] DÉMOSTHÈNE, LIV, 7.

[148] DÉMOSTHÈNE, XXV, 38.

[149] PLUTARQUE, Phocion, 4.

[150] PLUTARQUE, Apophtegmes des rois et des généraux, Iphicrate, 1.

[151] DIOGÈNE LAËRCE, II, 18.

[152] ARISTOPHANE, Grenouilles, 709 et suiv.

[153] ARISTOPHANE, Chevaliers, 152, 155, 160.

[154] DÉMOSTHÈNE, LIX, 50. C’était peut-être un simple ouvrier.

[155] LYSIAS, XXIV, 6.

[156] Elle était également accessible aux citoyens et aux métèques. (XÉNOPHON, Revenus, IV, 12). On sait que l’isotèle est celui qui supporte les mêmes charges que le citoyen.

[157] HYPÉRIDE, Pour Euxénippos, 36.

[158] CIA, II, 782 b (add.). Cf. Clerc, Les métèques athéniens, p. 183.

[159] DÉMOSTHÈNE, XXXVII, 4, 22.

[160] CIA, II, 781.

[161] CIA, 1122.

[162] DÉMOSTHÈNE, XLII, 20.

[163] XÉNOPHON, Revenus, IV, 22.

[164] THÉOPHRASTE, Sur les pierres, VIII, 59.

[165] CIA, II, 1104.

[166] Ibid., 782, l. 6.

[167] CIA, II, 834 b (add.), col. II, l. 44-47.

[168] Ibid., l. 54-51.

[169] Ibid., l. 67.

[170] Ibid., l. 38-39.

[171] CIA, I, 321, l. 41 cl suiv.

[172] CIA, I, p. 173-175.

[173] CIA, IV, 1, p. 76.

[174] CIA, II, 834 b (add.).

[175] Ibid., col. I, l. 26 et suiv.

[176] Pour éviter toute chance d’erreur, je n’ai retenu ici que les noms suivis de l’indication de dème.

[177] ISÉE, V, 39.

[178] DÉMOSTHÈNE, LVII, 45.

[179] ARISTOTE, Politique, VII, 2, 7.

[180] Argument du XXXVIe discours de LYSIAS.

[181] XÉNOPHON, Mémorables, II, 7, 6.

[182] POLYEN, II, 1, 7.

[183] POLYBE, XXXVIII, 4, 5.

[184] PAUSANIAS, IX, 19, 8.

[185] PLUTARQUE, Pélopidas, 12.

[186] APPIEN, Sur la guerre de Mithridate, 30.

[187] DICÉARQUE, 24.

[188] ÉTIENNE DE BYZANCE, s. v. Λΐδηψος.

[189] STRABON, VIII, p. 376.

[190] CICÉRON, Pro Flacco, 8 : Opilices et tabernarios atque illam omnem fæcem civitatum. Il parle de ces gens-là à propos d’une contio.

[191] Un auteur anonyme distingue les professions serviles et les professions libres. Il classe dans la première catégorie les cuisiniers et les cochers, dans la seconde le χαλκεύς, le σκυτεύς, le τέκτων, le χρυσοχόος, sans spécifier si ce sont là des citoyens ou des étrangers (MULLACH, Fragm. des philos. grecs, I, p. 551).

[192] COLLIGNON, Histoire de la sculpture grecque, I, p. 219.

[193] HÉRODOTE, III, 60 ; THUCYDIDE, I, 13.

[194] COLLIGNON, p. 154 et suiv.

[195] PAUSANIAS, VI, 4, 4.

[196] DIOGÈNE LAËRCE, VIII, 1.

[197] ATHÉNÉE, XI, p. 486 C.

[198] DIOGÈNE LAËRCE, V, 36.

[199] EUPHRON, fragm. 1 Kock. Cf. ATHÉNÉE, XIV, p. 661 D.

[200] DI, 3324.

[201] CIGS, I, 11.

[202] Actes des Apôtres, XIX, 24.

[203] CIA, III, 834 c (add.), l. 45-46.

[204] Ibid., l. 28.

[205] MICHEL, 594, l. 44 et suiv.

[206] BCH, XIV, p. 487, note 5.

[207] MICHEL, 584.

[208] CAVVADIAS, Fouilles d’Épidaure, n° 212.

[209] DI, 3385.

[210] DI, 3362 ; BCH, XVII, p. 114 et suiv.

[211] MICHEL, 591.

[212] BCH, XXI, p. 477 et suiv.

[213] Ibid., XXII, p. 305 et 321.

[214] CIA, IV, 2, 1054 g.

[215] MICHEL, 584, l. 3, 13, 14, 85.

[216] CIA, IV, 2, 1054 g, A, l. 28-29.

[217] MICHEL, 594, l. 45 et suiv., l. 71-70.

[218] MICHEL, 391, l. 14, 97, 98.

[219] Contrat d’Érétrie, I. 6-9. Cf. POLYEN, VI, 51.

[220] DI, 3362, l. 31. 3383, l. 3 et 10.

[221] HAUSSOULLIER, Revue de Philologie, 1808, p. 338-339.