LES ASSEMBLÉES PROVINCIALES DANS L’EMPIRE ROMAIN

LIVRE II.

CHAPITRE VIII. — DU RÔLE DES ASSEMBLÉES PROVINCIALES DANS LES GUERRES CIVILES DE L’EMPIRE.

Texte numérisé par Marc Szwajcer

 

 

L’empire romain fut plus troublé qu’on ne croit d’ordinaire. Il n’est peut-être pas de prince, pendant les trois premiers siècles, qui n’ait eu à réprimer plusieurs séditions. Quelques-unes, il est vrai, furent peu sérieuses ; mais il y en eut aussi qui faillirent tout mettre en péril. Ces insurrections n’eurent pas toutes un caractère purement militaire ; la population civile y prit pari plus d’une fois, soit que le signal partît d’elle, soit qu’elle se joignit à des soldats déjà révoltés. Nous n’avons pas à rechercher ici dans quelle mesure elle s’y associa, ni quels furent les sentiments qu’elle y apporta. Il nous suffira d’examiner si, pour les exprimer, les assemblées provinciales lui servirent d’organe. Le malheur est que, sur ce point, les documents sont, en général, peu explicites. Très souvent les historiens nous parlent des dispositions des provinces ; mais il est visible que, dans la plupart des cas, il faut entendre par là les légions, les cités, ou même les gouverneurs. Il convient donc de n’user de tous ces textes qu’avec une extrême précaution ; on risquerait de tomber dans de graves erreurs, si l’on se fiait aux apparences.

Nous écarterons tout d’abord un certain nombre d’agitations où l’armée joua seule un rôle. Tels furent le soulèvement des légions de Pannonie et de Germanie sous Tibère[1], celui de Scribonianus, gouverneur de Dalmatie, contre Claude[2], enfin celui de L. Antonius Saturninus, légat de la Germanie Supérieure, pendant le règne de Domitien[3]. Il est possible que les habitants de ces divers pays ne soient pas demeurés complètement indifférents, au milieu de ces rébellions ; mais ils ne furent appelés ni a les aider, ni à les combattre. Nous laisserons également de coté quelques troubles sans importance que les auteurs mentionnent à plusieurs reprises dans le cours du premier siècle[4]. Nous négligerons même la guerre des Juifs, en raison de la condition toute spéciale de ce peuple et des motifs qui l’excitèrent contre Rome. Il ne nous restera donc à étudier, sous les Césars et les Fia viens, que la révolte de Florus et de Sacrovir, les formidables insurrections qui arrachèrent l’Empire à Néron pour le donner successivement à Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, et, en dernier lieu, le mouvement dirigé par Classicus, Tutor et Sabinus.

Avec Florus et Sacrovir, le complot prit naissance chez les Trévires et chez les Éduens[5] ; mais il s’étendit à la Gaule presque entière. Il n’y eut peut-être pas de ville, dit Tacite, à l’abri de la contagion[6], et de fait nous voyons qu’elle gagna au nord une bonne partie de la Belgique, et à l’ouest les cités de Tours et d’Angers[7]. Mais nulle part il n’est question du concilium des Gaules, ni d’une assemblée analogue. A défaut de Lyon, qu’ils n’attaquèrent même pas, les rebelles firent d’Autun le centre de leur résistance[8] ; ils ne songèrent pas a y convoquer les notables des trois provinces ; ils se contentèrent de garder comme otages les jeunes nobles qu’ils avaient trouvés dans les écoles déjà célèbres de cette ville[9]. Le conseil fédéral, en somme, ne fut invité à se déclarer ni pour eux ni contre eux, et le gouverneur de la Lyonnaise sentit aussi peu que Sacrovir la nécessité de l’appeler auprès de lui.

Quand Vindex se fut résolu à délivrer le monde de Néron, il dut s’efforcer de gagner les Gaulois à sa cause, d’autant plus qu’il n’avait aucune légion sous ses ordres[10]. Son illustre origine[11], son titre de légat impérial de la province lyonnaise[12], facilitèrent sa tâche, et il n’eut pas de peine à recueillir de nombreuses adhésions dans l’aristocratie indigène, d’où il était lui-même sorti[13]. Pour entraîner ses compatriotes, il eut recours aux moyens les plus variés[14] ; il n’omit qu’une chose, ce fut de réunir le consilium Galliarum. Nous savons, en effet, avec certitude que, pendant toute la durée de la crise, cette assemblée ne siégea pas une seule fois. D’abord la ville de Lyon conserva une fidélité immuable à Néron, si bien qu’elle ne craignit pas de fermer ses portes à Vindex[15]. En outre, l’insurrection commença au mois de mars 68 pour se terminer en mai[16] ; or la diète s’ouvrait habituellement le 1er août, et rien n’atteste qu’il y ait eu cette année-là une session extraordinaire. Les Gaulois pourtant se montrèrent fort empressés à soutenir l’homme qui n’aspirait qu’à l’honneur d’affranchir l’univers[17] ; mais c’est seulement en s’enrôlant sous ses drapeaux qu’ils purent lui témoigner leurs sympathies[18].

L’exemple de Vindex fut imité par ses collègues d’Aquitaine et de Belgique, par Galba en Tarraconaise, Othon en Bétique, Clodius Macer en Afrique[19]. Dans les trois dernières provinces, on n’eut pas plus qu’en Gaule l’idée de mettre à profit l’autorité de l’assemblée régionale. Si l’on en croit Suétone, Galba s’entoura d’un sénat composé d’hommes recommandables par leur sagesse ou par leur âge[20], et il eut soin de le consulter sur toutes choses. II y a loin assurément d’une commission de ce genre à une diète élue par les populations. Cette mesure, d’ailleurs, ne fut prise que par Galba, et elle s’explique par la situation particulière que firent dès le principe à ce personnage ses prétentions à l’Empire. A vrai dire, ce n’était là qu’un conseil d’État, non une représentation nationale, et il est probable qu’à côté de quelques Espagnols on y introduisit plusieurs fonctionnaires.

Tacite, en divers endroits de ses Histoires, énumère les ressources des compétiteurs qui se disputaient le pouvoir[21]. Ce qui le préoccupe surtout, c’est l’état de leurs forces militaires. Il note aussi les sentiments des provinces désarmées, mais sans jamais faire allusion à une assemblée fédérale. Il ne faut pas en effet attribuer à certaines de ses expressions plus de valeur qu’elles n’en ont. Lorsqu’il raconte que la Narbonnaise prêta serment à Vitellius[22], on est tenté de penser que ce fut le concilium qui s’engagea pour elle. On aurait tort toutefois de l’affirmer ; car il nous rapporte un peu plus haut que l’Aquitaine prêta le même serment à Othon[23], et l’Aquitaine n’avait pas d’assemblée. Le procurateur de la Corse voulait que l’Ile se prononçât pour Vitellius ; il réunit les notables du pays, leur communiqua ses intentions, et, comme il rencontrait parmi eux de la résistance, il en tua deux pour contraindre les autres par la terreur. Il n’y eut là rien de comparable à un concilium provincial, puisque le chef de l’escadre mouillée dans les eaux corses assistait à la délibération[24]. Il vint un moment où la Narbonnaise, menacée par la flotte d’Othon, eut besoin des secours de Vitellius ; ce ne fut pas la diète qui les sollicita au nom de tous, ce furent les députés des colonies[25]. Un renseignement fourni par Tacite nous montre comment se faisait l’adhésion d’une province à tel ou tel parti. L’Afrique, dit-il, se rangea du coté d’Othon, sur l’initiative de Carthage. Sans attendre que le proconsul Vipstanus Apronianus se fût déclaré, Crescens, affranchi de Néron, donna à la populace un banquet pour fêter le régime nouveau ; le peuple de la ville se hâta d’acclamer Othon, et les autres cités suivirent[26]. Les progrès de Vespasien en Syrie et dans tout l’Orient s’accomplirent de la même manière. Les villes adhéraient, non en bloc, par l’organe de l’assemblée commune, mais individuellement, et chacune pour son compte[27]. Civilis paraît avoir eu l’idée bien arrêtée de se créer une principauté indépendante dans la vallée du Rhin[28]. Doué d’une vive intelligence et de certains talents militaires, Barbare aux yeux des Germaine, Romain et même fonctionnaire impérial aux yeux des Gaulois[29], ce personnage à double face avait tout ce qu’il fallait pour réussir au milieu des troubles qui agitaient les esprits et énervaient partout l’autorité. Il n’eut pas de peine à obtenir l’appui des Germains ; il suffisait pour cela de leur montrer le riche butin qui les attendait en deçà du fleuve[30]. Quant à la Gaule, elle refusa d’abord de prêter l’oreille à ses exhortations, et elle commença par défendre la domination de Rome[31]. Mais, à mesure que Civilis se fortifiait, elle sentait sa fidélité chanceler, et finalement, après la mort de Vitellius, une insurrection éclata, sous la conduite de Classicus, Tutor et Sabinus[32]. Un accord fut conclu entre ces chefs indigènes et le Batave ; néanmoins, des deux parts on poursuivait un but distinct. Civilis continua d’agir dans l’intérêt de sa propre ambition[33], et les trois autres travaillèrent à constituer un empire des Gaules, que Sabinus espérait gouverner un jour[34]. Deux cités seulement, celles d’où ils étaient originaires, se joignirent à eux[35] ; mais il est manifeste que plusieurs penchaient de leur côté. Malheureusement les rebelles éprouvèrent dès le début un grave échec. Sabinus se jeta sur les Séquanes et fut vaincu[36]. Il se fit aussitôt un brusque revirement dans les dispositions des Gaulois, et la nouvelle qu’une puissante armée approchait les ramena tout à fait dans le devoir[37]. C’est le moment que choisirent les Rèmes pour provoquer la réunion d’une sorte d’assemblée nationale. L’autorité impériale approuva sans doute le projet, car les Rèmes étaient dévoués à Rome. Noue ne savons pas si les soixante cités gauloises envoyèrent toutes des députés. Peut-être n’y eut-il guère que ceux de la Gaule septentrionale, bien que Tacite affirme que le décret de convocation fut lancé dans les trois provinces[38]. L’assemblée délibéra librement. Dans un discours véhément, le Trévire Julius Valentinus prêcha la révolte ; le Rème Julius Auspex conseilla la soumission, et l’on adopta son avis par résignation. L’idée d’un soulèvement était en elle-même assez séduisante ; mais les difficultés de l’entreprise sautaient aux yeux. Quel serait le chef de la guerre, et, plus tard, quelle serait la capitale du pays ? Cette seule question ravivait toutes les anciennes rivalités, et l’on se disputait la prééminence avant même d’avoir conquis l’indépendance. En somme, la crainte de l’avenir fit préférer le présent, et l’on décida d’adresser au nom des Gaules une lettre aux Trévires pour les engager à déposer les armes[39]. La lettre fut écrite, mais elle ne produisit aucun effet[40]. Les Trévires et les Lingons luttèrent encore pendant quelques semaines, et la force des légions put seule avoir raison de leur résistance.

On a dit à propos de tous ces faits qu’un jour peut-être les conciles provinciaux ont sauvé la domination romaine, et que ce fut lorsque les délégués des cités gauloises ordonnèrent aux Trévires de rentrer dans l’obéissance[41]. Nous avons vu combien cette démarche fut peu efficace. On ne saurait même pas leur attribuer le mérite d’avoir localisé la rébellion dans les deux cités de Langres et de Trêves ; car ces cités étaient les seules qui eussent pris les armes ; et ce n’est pas au moment où six légions accouraient vers la Gaule[42] que les autres pouvaient se risquer dans une aventure aussi périlleuse. On remarquera d’ailleurs qu’entre l’assemblée de Reims et celle de Lyon il y avait de grandes différences. La première rappelait ces conseils extraordinaires que tenaient parfois les Gaulois dans les rares circonstances où le salut commun dépendait de l’union de tous[43], et elle présentait fort peu d’analogies avec les diètes du confluent de la Saône et du Rhône. Une inscription lyonnaise porte ces mots : A Epona et à Mars Segomon, du produit des offrandes d’une année. Q. Adginnius Martinus, fils d’Urbicus, Séquanais, prêtre de Rome et d’Auguste, a fait la dédicace sous le consulat de M. Neratius Pansa (c’est-à-dire en 70 apr. J.-C). A la demande de la cité des Séquanais, les trois provinces de la Gaule ont décerné ces honneurs à leurs sauveurs[44]. Renier pense que ce monument a été élevé en souvenir de la victoire des Séquanes sur Sabinus. Si cette conjecture est fondée, elle nous permet d’apprécier la nature du rôle que jouaient en pareil cas les assemblées provinciales : elles se bornaient a remercier les dieux et les hommes des événements dont elles avaient été témoins.

Le second siècle fut assez paisible[45], Il ne fut guère troublé que par une révolte sérieuse, celle d’Avidius Cassius sous Marc Aurèle[46] et aucun indice ne nous autorise k croire que les κοινά d’Orient se soient engagés à un titre quelconque dans la querelle. Il faut descendre jusqu’au règne de Septime Sévère pour retrouver l’image des dissensions qui avaient accompagné la mort de Néron. Sévère était gouverneur de la Pannonie Supérieure, quand il fut proclamé empereur en avril 193. Sa rébellion fut au début toute militaire, et elle resta telle jusqu’au bout. Ce furent les soldats qui lui donnèrent l’Empire, et c’est par les soldats qu’il le conquit[47]. Il se préoccupa fort peu du sentiment des populations, et il travailla médiocrement à leur plaire[48]. Il se hâta d’envoyer ses messagers dans les contrées voisines ; mais le mot έθνη qu’emploie à ce propos Hérodien ne doit pas nous faire illusion ; les lettres que Sévère expédia ainsi étaient adressées aux gouverneurs, et sollicitaient avant tout l’appui des légions[49].

Pescennius Niger, légat de Syrie, se déclara empereur en même temps que lui[50]. Les actes de ce dernier trahissent un désir sincère de gagner le cœur des provinciaux[51], et il y réussit d’autant mieux que son entreprise flattait les vagues tendances séparatistes des Grecs d’Orient. Il provoqua de vives sympathies en Syrie, en Asie Mineure, en Égypte ; il réunit sans peine une armée considérable ; il eut tout l’argent qu’il voulut ; beaucoup de villes se mirent officiellement de son parti, et gravèrent son effigie sur leurs monnaies[52]. Seuls, les κοινά demeurèrent muets[53]. Aucun d’eux ne s’assembla, aucun d’eux n’éleva la voix, mémo dans les contrées où l’autorité de Niger était le plus solidement assise. Gela s’explique sans doute par les rivalités tantôt sourdes, tantôt ouvertes, qui divisaient toujours les cités. Un grand nombre d’entre elles étaient indifférentes au débat qui s’agitait, et elles ne s’y intéressaient que dans la mesure où il leur permettait de satisfaire leurs rancunes locales. L’essentiel pour Nicomédie, pour Laodicée, pour Tyr, n’était pas que Sévère triomphât, mais que le prétendant soutenu par Nicée, Antioche ou Béryte échouât[54]. On conçoit dès lors l’imprudence qu’il y aurait eu à rapprocher de pareilles animosités en convoquant ces villes au κοινόν provincial. C’eût été préparer une sorte de champ clos pour leurs querelles, et aigrir par le contact leur irritation réciproque. Sous prétexte de favoriser l’union des populations, on eût engendré la discorde, et chacun des deux adversaires aurait connu par là ce qu’il importait le plus de cacher, à savoir l’étendue réelle des forces qui seraient opposées aux siennes.

Niger vaincu et tué, un nouveau compétiteur surgit à l’autre extrémité de l’Empire. Sévère avait réduit à l’inaction le légat de Bretagne, Clodius Albinus, en lui accordant quelques titres honorifiques, et en lui prodiguant les promesses[55]. Une fois maître de l’Orient, il voulut l’être de tout l’Occident, et il marcha contre son allié de la veille[56]. Albinus avait pour lui la majorité du sénat de Rome et plusieurs gouverneurs de province[57]. L’Espagne tout entière, et la Gaule[58], sauf la Narbonnaise[59], embrassèrent sa cause ; il eut même en son pouvoir la ville de Lyon[60] ; mais il se garda bien d’y réunir la diète fédérale. Il y a apparence qu’il la remplaça par un sénat analogue à celui qu’avait jadis formé Galba ; nous ignorons d’ailleurs de quelle façon il le constitua[61].

S’il est une circonstance où l’on s’attendrait à voir parler et agir une assemblée provinciale, c’est celle qui porta Gordien Ier au pouvoir suprême. Ici le principal rôle appartint de toute évidence à la population civile. Gordien n’était pas ambitieux ; son âge avancé aurait suffi à lui seul pour l’en détourner[62] ; et, quand même il eût aspiré à la couronne, il n’avait pas les moyens de s’en emparer, le proconsul d’Afrique ne disposant d’aucune autorité militaire. Il était si loin de songer à l’Empire, qu’il éprouva un effroi très sincère lorsqu’il dut l’accepter[63]. Tous les documents s’accordent à montrer que l’initiative du mouvement qui l’éleva au trône partit des Africaine eux-mêmes. Capitolin met dans la bouche de Maximin une phrase très nette à cet égard, et il est certain que les Afri dont il parle en cet endroit sont des habitants du pays, non des légionnaires[64]. Gordien, à peine proclamé, écrivit au sénat une lettre où se trouvaient ces mots : Des jeunes gens (juvenes) m’ont appelé malgré moi à l’empire[65]. Dans la séance où elle fut reçue, un des consuls annonça que les deux Gordiens, le père et le fils, avaient été nommés empereurs par une nombreuse multitude d’Africains, et déclara qu’il fallait par suite rendre grâces à la jeunesse de Thysdrus et au peuple de Carthage[66].

Les récits des historiens confirment pleinement ces témoignages officiels. La révolution fut l’œuvre des indigènes seuls. Ce sont les gens de Thysdrus qui, las de la tyrannie de Maximin et de ses fonctionnaires, s’insurgèrent les premiers, sans autre secours que l’appui des paysans de la contrée. Ils tuèrent d’abord un procurateur qui les accablait d’exactions ; puis, enrayés de leur propre audace, ils firent un nouvel empereur, pour échapper à la colère du prince régnant[67]. Les révoltés étaient tous propriétaires[68], et ils avaient pour chef un décurion influent, appelé Mauritius[69]. Il eût été, semble-t-il, tout naturel que Gordien se ménageât immédiatement le concours du concilium d’Afrique. Il était trop sur de sa popularité pour avoir à craindre la moindre opposition[70], et les sympathies unanimes que les députés des villes ne pouvaient manquer de lui apporter n’étaient pas, en somme, à dédaigner. Gordien néanmoins ne jugea pas nécessaire de convoquer le conseil fédéral, et les cités qui embrassaient sa cause le reconnurent toutes isolément. On dirait que les diètes n’étaient pas comprises alors parmi les corps constitués de l’Empire. Le sénat notifia l’avènement de Gordien à toutes les provinces, en leur demandant de travailler au salut et à la liberté de tous. Sa circulaire fut adressée aux proconsuls, aux gouverneurs, aux légats, aux commandants militaires, aux tribuns, aux magistrats, aux cités, aux municipes, aux oppida, aux vici, aux places fortes ; on n’oublia que les concilia et les κοινά[71].

Il n’est pas moins étrange d’avoir à constater l’insignifiance politique de ces mêmes assemblées durant la période des Trente tyrans. Vers le milieu du IIIe siècle, il s’éleva dans tout l’Empire une foule de prétendants qui, pour n’avoir pas été proclamés par le sénat, furent tous considérés comme des usurpateurs. On en compte plus de vingt, et ils apparurent dans une quinzaine de contrées diverses. Si l’on examine de quelle façon chacun d’eux saisit le pouvoir, on remarque que les soldats contribuèrent largement à leur nomination[72]. Macrianus, dit Zonaras, aspirait à la tyrannie, et les Asiatiques l’accueillirent volontiers[73]. Trebellianus fut salué empereur en Isaurie par les habitants eux-mêmes, qui cherchaient à se donner un chef[74]. Il est probable qu’en Egypte Æmilianus fut poussé à l’empire par une émeute populaire, et que l’adhésion de l’armée ne vint qu’après[75]. Celsus reçut la couronne des Africains, sur l’initiative du proconsul de la province et du commandant de la marche de Libye[76]. Quelques-uns de ces princes éphémères furent aimés de leurs sujets. L’avènement de Postumus excita en Gaule une joie générale, et l’affection qu’il inspira ne dura pas moins de neuf années[77]. Ingenuus avait de nombreux partisans en Pannonie ; car, lorsque Gallien triompha de lui, il dut, pour les écraser, détruire la population mâle de la plupart des cités[78]. La ville d’Émèse, où Quictus avait fixé sa capitale, lui garda pendant un certain temps une fidélité inviolable, et se résigna pour lui à toutes les horreurs d’un siège[79]. Regalianus rencontra la même faveur en Mésie, jusqu’au moment où la crainte d’une répression sévère détermina les habitants à le sacrifier[80]. Des cités entières se prononcèrent parfois pour ces empereurs, et nous avons des monnaies municipales où figurent leur nom et leur effigie[81]. Quant aux diètes provinciales, jamais à cette époque il n’est question d’elles.

On conçoit, à la rigueur, qu’elles aient été négligées par les prétendants qui avaient l’ambition de gouverner tout l’Empire et de régner dans Rome même. Mais il y en eut dont les vœux plus modestes se bornèrent a la possession d’une ou plusieurs provinces, et ceux-ci devaient avoir intérêt à provoquer les sympathies des populations qu’ils administraient. Il est vrai que les habitants du pays trouvaient dans les curies un moyen facile de faire entendre leur voix. Il est vrai aussi que les armées étaient partiellement recrutées dans la contrée même où elles campaient, et que par suite les légionnaires étaient comme les représentants de ceux dont ils étaient les défenseurs obligés[82]. Néanmoins, il n’eût pas été indifférent que ces usurpateurs auxquels manquait la sanction du sénat, la seule qui fût réellement efficace, eussent pour eux toutes les autres, et que leur pouvoir fût en quelque manière légitimé par la députation provinciale. Rien de pareil pourtant ne se montre dans les documents. On alléguera peut-être la rareté des textes, et la médiocrité des historiens qui racontent ces faits. L’objection est plausible pour la plupart des Trente tyrans ; elle ne Test pas pour tous, notamment pour les empereurs gaulois, qui nous sont assez bien connus, sinon par les récits de leur biographe, du moins par un petit nombre d’inscriptions et par une longue série de médailles[83].

Entre les années 258 et 273, la Gaule a été régie par trois princes qui ont exercé la souveraineté dans toute sa plénitude[84]. Leur autorité s’est étendue même aux pays voisins. On a prétendu que la Narbonnaise avait échappé au dernier, à Tetricus[85] ; mais la raison qu’on en donne n’est pas péremptoire. De ce que, dans l’année 269, il y avait à Grenoble un corps de troupes impériales, il n’en résulte pas que l’empereur régnant, Claude II, fût le maître de toute la province[86]. En revanche, on sait positivement que la Bretagne obéit à Postumus, à Victorinus et à Tetricus[87]. D’autre part, on a découvert en Espagne, presque sur les confins de la Bétique, des bornes militaires qui attestent la domination de Postumus[88], et la Péninsule ne fut guère perdue par ses successeurs que vers 269[89].

Ce vaste empire, qui embrassait presque tout l’Occident, fut une imitation exacte de l’empire romain. On a quelques motifs de croire que le culte de Home et d’Auguste continua d’y être pratiqué[90] ; mais aucun document ne contient la moindre allusion à la persistance des assemblées régionales[91]. En Espagne, la ville où siégeait le concilium, Tarragone, était alors aux mains des barbares de Germanie[92]. En Gaule, Lyon fut au pouvoir même de Tetricus[93] ; nous n’avons pas cependant la preuve que les réunions périodiques du confluent aient eu Heu dans ces années-là. Peut-être les jugea-t-on inutiles du jour où Postumus eut créé un sénat calqué sur le modèle du sénat impérial[94]. Ce n’est pas qu’il y ait eu la moindre analogie entre ce conseil de gouvernement et la diète fédérale des Gaules. On a vu dans les chapitres précédents quelles étaient les attributions de cette dernière. Celles du sénat de Postumus étaient toutes différentes. Nous ignorons, il est vrai, si les empereurs gaulois lui réservèrent une part sérieuse d’influence politique ; mais il suffit de se rappeler qu’il frappait la monnaie de cuivre[95], et qu’il décernait aux princes défunts les honneurs divins[96], pour reconnaître qu’officiellement il fut tout ce qu’était le sénat de Rome. L’assemblée de Lyon n’aurait donc pas fait double emploi avec lui. On remarquera toutefois qu’elle ne se serait pas trouvée à son égard dans la même situation que les assemblées régionales de l’Empire à l’égard du sénat romain. Chacune de ces diètes était bien peu de chose à coté d’un corps dont l’autorité, au moins nominale, s’étendait au monde entier, et où venaient se confondre les hommes les plus considérables de toutes les provinces. Le sénat de Postumus, au contraire, n’était formé que de Bretons, d’Espagnols, et de Gaulois, ceux-ci probablement en forte majorité, si bien que par sa composition il se rapprochait beaucoup du concilium Galliarum. Ne devait-il pas, dès lors, paraître superflu et même dangereux de mettre en présence deux assemblées qui auraient représenté de diverses façons les populations gauloises, et dont l’une aurait été arbitrairement condamnée à une infériorité véritable ?

Dans les Etats modernes, chez nous en particulier, les conseils locaux n’ont pas le droit de s’occuper de questions politiques ; ceux-ci, par conséquent, n’ont aucune action sur la marche générale des affaires publiques. Il n’en était pas tout à fait de dans l’empire romain. Les assemblées provinciales n’étaient même pas enfermées dans un cercle étroit d’attributions, et l’on ne saurait dire où était la limite de leur compétence. Il n’y aurait pas eu de leur part la moindre illégalité à intervenir dans les guerres civiles, et à prendre parti pour tel ou tel compétiteur. Nul pourtant ne se servit d’elles comme d’un instrument de domination, et elles n’aspirèrent jamais elles-mêmes à jouer un rôle dans les moments de crise. Quel avantage pouvait procurer à un ambitieux une assemblée réduite à de médiocres ressources financières, investie d’une simple autorité morale, et dépourvue de toute puissance coercitive ? L’adhésion des curies était précieuse à recueillir, parce qu’elles avaient à leur disposition des revenus pécuniaires, des milices, une population nombreuse, bref une certaine force matérielle. Les diètes fédérales n’ayant rien de tout cela, il était naturel qu’on se passât de leur concours.

Il faut ajouter que les hommes, même au IIIe siècle, ne s’étaient pas encore faits à la pensée que ce fussent là des corps politiques. Leur caractère primitif subsistait toujours, au moins dans l’esprit des contemporains ; on s’obstinait à voir en elles, comme autrefois, une institution d’ordre privé, à les prendre pour de simples collèges ; et, bien que la réalité ne répondît plus exactement à cette conception, on était esclave d’une ancienne manière d’envisager les choses. Toutes leurs prérogatives découlaient d’une source unique, le droit d’implorer le dieu dont elles célébraient le culte, et ce droit n’allait pas jusqu’à leur permettre de se jeter dans la mêlée des guerres civiles. On a parfois exprimé le regret que les empereurs aient négligé de développer ce germe d’un régime représentatif[97]. Non seulement on n’y réussit pas ; mais même on ne l’essaya pas ; et ce fut moins peut-être par défiance de la liberté que par suite de l’idée qui resta attachée, dès le principe, à ces réunions.

 

 

 



[1] Tacite, Annales, I, XVI-XLV.

[2] Dion, LX, XV ; Suétone, Claude, XIII et XXV.

[3] Dion, LXVII, XI ; Suétone, Domitien, VI-VII ; Renier, Comptes rendus de l’Acad. des inscript., 1879, p. 423-427 ; Jung, Die rom. Landschaften, p. 244.

[4] Tacite, Ann., III, XXXVIII-XXXIX ; IV, XLVI-LI ; VI, V ; Hist., II, LXI ; Suétone, Galba, VII.

[5] Tacite, Annales, III, XL.

[6] Tacite, Annales, III, XLI.

[7] Tacite, Annales, III, XL.

[8] Tacite, Annales, III, XLIII-XLVI.

[9] Tacite, Annales, III, XLIII.

[10] Tacite, Hist., I, XVI. Cf. Desjardins, Géogr. de la Gaule romaine, III, p. 403.

[11] Dion, LXIII, XXII.

[12] Suétone, Néron, XL.

[13] Josèphe, De bello Judaico, IV, VIII, 1.

[14] Suétone, Néron, XLI ; Dion, LXIII, XXII ; Philostrate, Vie d’Apollonius, V, X ; Zonaras, XI, XIII.

[15] Tacite, Hist., I, LI. Cf. LXV.

[16] Mommsen, Der letzie Kampf der röm. Republik (Hermes, 1878, p. 93 et 99).

[17] Mommsen, Der letzie Kampf der röm. Republik (Hermes, 1878, p. 93 note).

[18] Tacite, Hist., I, LXXXIX. Plutarque, Galba, IV et VI.

[19] Suétone, Galba, IX ; Othon, IV ; Plutarque, Galba, VI ; Lenormant, La monnaie dans l’antiquité, II, p. 339.

[20] Suétone, Galba, X.

[21] Tacite, Hist., I, VIII-XI, LXXVI ; II, XXXII, LXXIX-LXXXVI.

[22] Tacite, Hist., II, XIV.

[23] Tacite, Hist., I, LXXVI.

[24] Tacite, Hist., II, XVI.

[25] Tacite, Hist., II, XIV.

[26] Tacite, Hist., I, LXXVI.

[27] Cela parait ressortir de Tacite, Hist., II, LXXXI, surtout de cette phrase : Ante idiu Julias Suria omnis in eodem sacramento fuit.

[28] Tacite, Hist., IV, XVIII.

[29] Tacite, Hist., IV, XVI.

[30] Tacite, Hist., IV, XXI.

[31] Tacite, Hist., IV, XVII ; XXV.

[32] Tacite, Hist., IV, XXV ; LIV.

[33] Tacite, Hist., IV, LXI.

[34] Tacite, Hist., IV, LV, LVIII, LIX et LXVII.

[35] Tacite, Hist., IV, LV. Même à la fin de la guerre, Tacite nous montre cent treize Treverorum senatores auprès de Tutor et de Classicus (Hist., V, XIX).

[36] Tacite, Hist., IV, LXVII.

[37] Tacite, Hist., IV, LXVIII.

[38] Tacite, Hist., IV, LXVII.

[39] Tacite, Hist., LXVIII-LXIX. Cf. Fustel de Coulanges, Hist. des instit. polit. de la France, 47-48 (2e édit.).

[40] Tacite, Hist., IV, LXIX-LXX.

[41] Duruy, Histoire des Romains, IV, 46. Cf. la réserve formulée au même endroit, note 2.

[42] Les noms de ces six légions sont donnés par Tacite (IV, XLVIII).

[43] César, De bello Gallico, I, XXX : les députés des peuples gaulois demandent à César : uti sibi concilium totius Galliae in diem certam indicere..... liceret. VII, LXIII : Totius Galliæ concilium Bibracte indicitur. Eodem conveniunt undique frequentes..... Ab hoc concilio Remi, Lingones, Treueri afuerunt. VII, LXXV : Galli concilio principum indicto non omnes eos qui arma ferre possent, ut censuit Vercingetorix, convocandos statuunt, sed certum numerum cuique ex civitate imperandum.

[44] Spon-Renier, p. 154.

[45] Voir pourtant Capitolin, Antonin, V et XII ; Marc-Aurèle, XXII ; Pescennius Niger, III ; Lampride, Commode, XIII ; Capitolin, Pertinax, III ; Dion, LXXII, VIII ; Zonaras, XII, IV.

[46] Dion, LXXI, XXII-XXVIII ; Zonaras, XII, III ; Capitolin, Marc-Aurèle, XXV-XXVI ; Volcatius Gallicanus, Avidius Cassius, VII-IX.

[47] Spartien, Didius Julianus, V : Pescennius Niger en Syrie et Septime Sévère in Illyricum  se rebellèrent contre Julianus avec les armées qu’ils commandaient. Sévère est destitué par l’empereur comme si on pouvait trouver un successeur à un homme qui avait déjà l’armée pour lui. Spartien, Sévère, 1 : il fut proclamé empereur par les légions de Germanie. Hérodien, II, IX-XIII ; de Ceuleneer, Essai sur le règne de Septime Sévère, p. 34-45.

[48] La seule concession qu’il leur fit, ce fut de se déclarer le vengeur de Pertinax, qui avait jadis administré ces contrées de manière à y laisser un bon souvenir (Hérodien, II, IX, 8-9).

[49] Έθνη désigne généralement l’ensemble des populations d’une contrée (Hérodien, II, X, 7 ; VII, III, 4), et parfois un κοινόν (Foucart, Inscriptions de Laconie, p. 113). Mais ici le langage d’Hérodien ne prête à aucune équivoque (II, IX, 12 ; II, X, 1).

[50] Spartien, Sévère, V ; Pescennius Niger, II.

[51] Hérodien, II, VII.

[52] Dion, LXXIV, VIII ; Hérodien, II, XIV, 7 ; III, I, 1-3 ; III, II, 2 ; IV, 1 ; IV, 9. Spartien, Sévère, IX ; Eckhel, VII, 157 ; de Ceuleneer, p. 197.

[53] Hérodien, II, VIII, 7. Mais ces députations furent envoyées par les cités.

[54] Hérodien, III, II ; III, III, 3 ; de Ceuleneer, p. 81-82.

[55] De Ceuleneer, p. 57-60.

[56] De Ceuleneer, p. 91-92.

[57] Capitolin, Albinus, XII. Hérodien, III, V, 2.

[58] Hérodien, III, VII, 2. Après la mort d’Albinus, Sévère fit partout rechercher à punir ceux qui avaient été partisans de son rival. Or Spartien nous dit (Sévère, XII) : beaucoup de nobles espagnols et gaulois furent aussi massacrés..... et plus loin : en rendant propriété impériale une grande partie de l’or récolté dans les Gaules, les Espagnes et l’Italie. Wilmanns, 1201.

[59] De Ceuleneer, p. 106, note 4, et p. 177.

[60] Une monnaie d’argent frappée à Lyon porte d’un coté : IMP•CAE•D•CLO•SEP•ALB•AVG• ; de l’autre : GEN•LVG•COS•II (Cohen, Monnaies imper., p. 224, n° 99). On a prétendu qu’en 194 les trois Gaules célébrèrent un taurobole en l’honneur de Sévère et d’Albinus, alors que ceux-ci étaient encore alliés (de Ceuleneer, p. 93). Le document qu’on invoque à ce sujet ne montre rien de pareil. Wilmanns, 191.

[61] Le fait a été contesté (de Ceuleneer, p. 95). Voir pourtant Spartien, Sévère, XI, 5, et surtout une monnaie d’argent où on lit : IMP•CAES•CL•SEPT•ALBIN•AVG• et au revers : S•P•Q•R•P•P•OB•C•S. On a allégué qu’elle fut frappée à Rome par ordre du sénat, à la nouvelle de quelque succès d’Albinus (de Ceuleneer, p. 107, note 5). Eckhel (VII, 164) donne d’assez bonnes raisons pour croire qu’elle fut fabriquée à Lyon ; ce qui tendrait à prouver que le sénat qui s’y trouve mentionné était différent du sénat romain. On remarquera que la monnaie dont il s’agit ne porte pas les lettres S•C.

[62] On sait qu’il avait alors quatre-vingts ans.

[63] Capitolin, Maximini, XIV ; Gordani, VIII ; Hérodien, VII, V.

[64] Capitolin, Maximini, XVIII. Zosime, I, XIV.

[65] Capitolin, Maximini, XVI. Hérodien, VII, VI, 3.

[66] Capitolin, Gordiani, XI.

[67] Hérodien, VII, IV et V ; Capitolin, Maximini, XIV ; Gordiani, VII. Eutrope commet une erreur évidente, lorsqu’il prétend que Gordien fut élu consensu militum (IX, II). De même Aurelius Victor, De Cæsaribus, XXVI : Ab exercita princeps apud Thysdri oppidum absens fit. Capitolin (Maximini, XIII, 6) fait une réflexion que dément son propre récit.

[68] Hérodien, VII, IV, 3-4. Capitolin, Gordiani, VII.

[69] Capitolin, Gordiani, VII, 4.

[70] Capitolin, Gordiani, V.

[71] Capitolin, Maximini, XV. Rapprocher Vopiscus, Florianus, XVIII.

[72] Trébellius Pollion, Triginta tyranii, XI, IX, X, XII, XXIII, XXXIII. Aurelius Victor, De Cæsaribus, XXXIII, 17. Zonaras, XII, XXIV.

[73] Zonaras, XII, XXIV.

[74] Trébellius Pollion, Triginta tyranii, XXVI.

[75] Nous entendons de la sorte le récit peu vraisemblable de Trébellius Pollion, XXII. Celui-ci raconte qu’une émeute éclata à Alexandrie, que la foule marcha vers le palais d’Æmilianus, et que ce dernier conscient d’être de toutes façons perdu, s’empara du pouvoir. Les armées d’Égypte l’appuyèrent, surtout par haine de Gallien.

[76] Trébellius Pollion, XXIX.

[77] Trébellius Pollion, III.

[78] Trébellius Pollion, IX.

[79] Fragm. histor. Græcor., IV, p. 195, n° 8.

[80] Trébellius Pollion, X.

[81] Eckhel, VII, p. 467-468.

[82] Duruy, Histoire des Romains, VI, p. 429.

[83] Ces médailles sont décrites et reproduites dans de Witte, Recherche sur les empereurs qui ont régné dont les Gaules au IIIe siècle de l’ère chrétienne (Paris, 1868) elles y sont au nombre de 1.144.

[84] Postumus (258-267), Victorinus (267-268), Tetricus (268-273). On peut ne pas tenir compte de Lælianus el de Marius.

[85] Zévort, De gallicanis imperatoribus, p. 55.

[86] Bulletin épigraphique, I, p. 4 (inscription trouvée à Grenoble). D’après Renier, ce monument est au plus tôt de l’année 269. Il n’est pas probable que ces détachements aient été dispersés dans toute la Narbonnaise. On avait dû les envoyer de Rome pour garder la ligne des Alpes, et ils étaient sans doute cantonnés à Grenoble et dans les environs.

[87] C. I. L., VII, 1150 (Henzen, 5549), 1160 (Henzen, 5548), 1161.Cf. 820, 822, 823.

[88] C. I. L., 4919, 4943.

[89] Des monuments sont érigés en l’honneur de Claude II, dans les années 269 et 270, à Tucci (C. I. L., II, 1679), à Sœtabis (3619), à Valence (3737), à Sagonte (3833, 3834), à Barcelone (4505). Claude II disait encore, au début de son règne, dans une lettre au sénat : Galliae et Hispanias, vires reipublicæ, Tetricus tenet (Trébellius Pollion, Claude, VII).

[90] Postumus et Rome sont représentés ensemble sur un certain nombre de monnaies. De Witte, Recherches, p. 56, n° 229 ; ibid., p. 65, n° 264. Cf. n° 265, 265 a, 266. De même pour Victorinus (p. 110) et Tetricus (p. 114). Plusieurs monnaies offrent d’un côté le nom de l’empereur Tetricus, de l’autre un autel ou édicule entre deux colonnes (p. 166-167). Ce type, dit H. de Witte, est une dégénérescence du type si connu de l’autel de Lyon, qui se voit au revers des monnaies d’Auguste, de Tibère, de Claude et de Néron.

[91] Les textes suivants ne prouvent rien à cet égard. Trébellius Pollion, III, IV. Fragm. histor. Græcor., IV. p. 194, n° 6 : réponse de Postumus à Gallien, qui proposait de vider leur querelle dans un combat singulier. Rien n’atteste qu’il s’agisse là de l’assemblée de Lyon ou d’une assemblée analogue. De même dans Orose, Histor., VII, XX, 11.

[92] Eutrope, IX, VIII. Orose, VII, XXII, 7-8. Eusèbe, Chron. (édit Schöne), p. 183.

[93] L’auteur de la Gratiarum actio Constantino Augusto dit que la ville d’Autun fut la seule qui appela Claude II ad recuperandas Gallias (Panegyrici latini, de Bäbrens, VIII, II). Cf. de Witte, p. 166-167, n° 214-220.

[94] A. de Barthélemy, dans la Revue des questions historiques, t. V, p. 43.

[95] De Witte, p. 13, n° 3 ; p. 48, n° 184 ; p. 52, n° 308 ; p. 63, n° 256 ; p. 64, n° 258 ; Eckhel, VII, 445 ; Lenormant, La monnaie dans l’antiquité, II, 410.

[96] De Witte, p. 94, 129, 131 ; Eckhel, VII, 452 et 457. On sait que la cunsecratio ne pouvait être décrétée que par le sénat.

[97] Duruy, Histoire des Romains, IV, 236-239.