HISTOIRE ANCIENNE DE L'AFRIQUE DU NORD

TOME I — LES CONDITIONS DU DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE - LES TEMPS PRIMITIFS - LA COLONISATION PHÉNICIENNE ET L’EMPIRE DE CARTHAGE

LIVRE PREMIER — LES CONDITIONS DU DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE

CHAPITRE IV — FAUNE ET FLORE DE L’AFRIQUE DU NORD DANS L’ANTIQUITÉ

 

 

— I —

Nous n’avons pas l’intention de faire ici une revue complète de ce que les restes fossiles, les documents archéologiques, les textes des auteurs peuvent nous apprendre sur la faune et la flore de l’Afrique septentrionale, avant la fin des temps antiques. Nous désirons surtout indiquer, d’une manière rapide, les relations de celle faune et de cette flore avec les hommes, les ressources qu’ils en pouvaient tirer, les obstacles qu’elles leur opposaient.

Parmi les animaux qui vivaient dans le pays à l’époque pleintocène, ou quaternaire, et dont les ossements se trouvent mêlés aux plus anciens témoignages de l’industrie humaine, on a reconnu[1] :

Un éléphant, de grande taille et pourvu d’énormes défenses, qualifié d’Elephas atlanticus, espèce éteinte[2] ;

L’hippopotame, espèce actuelle[3] ;

Le rhinocéros, sans doute le rhinocéros camus, qui vit actuellement en Afrique[4] ;

Le lion[5], la panthère[6], le caracal[7], l’hyène[8] ;

L’ours[9] ;

Le sanglier[10] ; le phacochère, qu’on retrouve encore au Soudan[11].

Des zèbres, dont une espèce au moins parait être le dauw actuel de l’Afrique australe[12] ;

Un chameau[13] ;

La girafe, espèce actuelle de l’Afrique centrale[14] ;

Des cervidés[15] ;

Des gazelles[16] ;

L’antilope bubale, ou alcélaphe[17] ;

Le gnou, espèce actuelle du Sud de l’Afrique[18] ;

Des restes d’ovidés[19] ;

Un bœuf, appelé par Pomel Bos opisthonontus[20], de grande taille, dont les cornes, longues et fortes, se recourbent en avant des yeux[21] : espèce éteinte, selon Pomel, mais plus probablement variété du Bos primigenius d’Europe et d’Asie[22] ;

Un autre bœuf, plus petit ; mal connu, que Pomel qualifie de Bos curvidens[23] ;

Peut-être d’autres bovidés[24].

Les débris d’œufs d’autruche abondent dans les stations paléolithiques récentes[25].

Il y a dans cette faune des animaux identiques ou apparentés à un certain nombre de ceux qui habitèrent l’Europe aux temps quaternaires[26] : hippopotame, rhinocéros, lion, panthère, hyène, sanglier, phacochère, ours, cerf[27] ; les deux continents, certainement unis à l’époque pliocène, communiquèrent peut-être encore pendant une partie de l’époque suivante. D’autres espaces, qui manquent dans les pays européens, offrent au contraire une étroite parenté avec des espèces actuelles du centre et du Sud de l’Afrique[28], soit qu’elles aient pu traverser la Sahara, soit que les communications aient eu lieu par ailleurs.

Plus tard, la Berbérie, isolée par la mer et par le désert, possède une faune d’une physionomie particulière[29], qui présente cependant des affinités avec celle de l’Europe méridionale et, pour les régions sèches, avec celle de l’Égypte et de la Nubie[30]. Elle conserve des animaux qui disparaissent de l’Europe ; elle en perd d’autres qui, sauf quelques exceptions, se maintiennent au delà du Sahara.

L’Elephas atlanticus s’éteignit d’abord, peut-être par suite du refroidissement et de l’assèchement du climat ; puis ce fut le tour de l’hippopotame et du rhinocéros.

Des débris d’œufs d’autruche se rencontrant en abondance dans les stations néolithiques[31]. On y trouve des restes de félins — lion, panthère, etc.[32] —, l’hyène[33], le chacal[34], le renard[35], le sanglier[36], le phacochère[37], le zèbre, qui semble devenir rare[38], le dromadaire, rare aussi[39], le cerf[40], des gazelles[41] et d’autres antilopes[42], l’alcélaphe[43], le gnou[44], le mouflon[45], le bœuf dit Bos opisthonomus[46], d’autres bovidés[47]. Un buffle, dit Bubalus antiquus, qui est peu fréquent[48], devait atteindre 3 mètres de longueur, 1 m. 81 de hauteur du garrot et 1 m. 70 à la croupe[49]. Pomel croit qu’il s’agit d’une espèce propre à l’Afrique septentrionale, aujourd’hui disparue[50] ; d’autres l’identifient avec le Bubalus palaeindicus, qui vécut en Inde, dans l’Asie antérieure, et même en Europe, et qui existe encore dans le Nord de l’Inde, sous le nom d’arni[51]. Ce fut alors, sans doute, que les Africains commencèrent à avoir des animaux domestiques ; mais il est difficile d’indiquer dans quelle mesure ceux-ci se rattachent à des espèces sauvages indigènes et de faire la part dés importations.

Le lion, le chacal, le sanglier, la gazelle, l’autruche apparaissent sur des dessins rupestres de la région de Guelma[52], qui ne semblent pas dater d’un autre âge que les gravures préhistoriques du Sud de l’Algérie. Ces dernières[53], du moins en partie, sont, croyons-nous, contemporaines de l’industrie néolithique récente. Elles nous montrent souvent des éléphants[54], qui, selon Pomel, auraient appartenus à l’espèce dite Elephas atlanticus[55], mais qu’il est plus vraisemblable de regarder comme les descendants de l’Elephas africanus et les ancêtres directs des éléphants signalés dans le Nord de l’Afrique à l’époque historique[56]. Le Bubalus antiquus est aussi très fréquent[57]. On reconnaît encore le lion, la panthère, le cerf[58], des gazelles, d’autres antilopes[59], le mouflon[60], des bœufs[61], l’autruche. La girafe est figurée, mais rarement[62].

— II —

On sait que l’éléphant a vécu dans l’Afrique du Nord jusqu’aux premiers siècles de notre ère. Nous n’avons aucune preuve certaine de l’existence, aux temps historiques, du grand buffle (Bubalus antiquus)[63]. Il n’est pas impossible que la girafe se soit maintenue çà et là, en Tripolitaine[64] et même dans le Sud de l’Algérie[65].

Les animaux que mentionnent les auteurs grecs et latins, ou que reproduisent des monuments des époques carthaginoise et romaine, vivent encore, pour la plupart, en Berbérie. D’autres ont disparu ou ont émigré depuis peu. Nous ne parlerons pas ici de la faune domestique, que nous étudierons ailleurs[66].

Les singes, signalés assez souvent[67], étaient, sans aucun doute, des magots : on en rencontre aujourd’hui sur plusieurs points de l’Algérie et au Maroc (dans le massif de l’Andjera, entre Tétouan et Ceuta)[68], mais non plus en Tunisie, où il y en avait autrefois, d’après le témoignage des textes[69].

L’Afrique était pour les anciens la terre classique des bêtes féroces[70]. Avant la domination romaine, elles abondaient tellement dans certaines régions qu’elles empêchaient les hommes d’y vivre et d’y travailler en sécurité[71]. Mais, avec le temps, leur nombre diminua[72]. On les chassa avec ardeur (c’était une occupation favorite des habitants du pays[73]), soit pour se débarrasser d’elles[74] et se procurer du gibier, soit pour fournir à la capitale du monde[75] et à bien d’autres villes[76] des animaux destinés à figurer dans les spectacles. Ainsi, Auguste indique qui environ 3 500 bêtes africaines furent tuées dans vingt-six fêtes qu’il donna au peuple[77]. On en expédia à Rome dès le commencement du IIe siècle avant notre ère[78], et ces envois continuèrent jusque, sous le règne de Théodoric[79]. Des mentions de ferae libycae[80], de ferae ou bestiae africanae[81], on même simplement d’africanae[82] (terme qui désignait principalement les panthères) se rencontrent dans les auteurs et parfois aussi dans les inscriptions. A l’époque de Pline l’Ancien, c’était surtout la Numidie qui les fournissait[83].

Parmi les fauves, ceux que les textes signalent le plus souvent sont les lions[84], qui n’ont disparu de l’Algérie et de la Tunisie qu’à la fin du XIXe siècle et qui existent encore au Maroc. Le lion apparaît sur des monnaies indigènes[85] et il est donné pour compagnon à l’Afrique personnifiée sur des monnaies impériales romaines[86]. Ces animaux étaient très redoutés. Élien[87] parle, peut-être d’après le roi Juba, d’une tribu entière qu’ils détruisirent, dans une région riche en pâturages. Ils osaient même s’approcher des villes : Polybe en vit qu’on avait mis en croix, pour écarter les autres par la crainte d’un pareil supplice[88]. On eut beau leur donner la chasse[89] ; ils restèrent un des fléaux du pays[90]. Nous trouvons cependant quelques mentions de lions apprivoisés[91].

Les panthères, qui commencent à devenir rares dans l’Afrique du Nord, y étaient fort nombreuses autrefois[92]. Les auteurs les appellent παρδάλεις[93], pardi[94], pantherae[95], leopardi[96]. Les mots παρδάλεις et pardi, a dû servir aussi à désigner les guépards, qui, plus petits que les panthères, ont à peu près la même robe[97]. Le terme africanae a pu s’appliquer, non seulement aux panthères, mais aussi à d’autres félins (guépards, servals, caracals), et peut-être aux hyènes[98]. Plusieurs textes[99] et des mosaïques[100] nous renseignent sur la chasse à la panthère. Les pardi apprivoisés, qu’un poète africain nous montre chassant avec des chiens[101], étaient sans doute des guépards, qui, de nos jours encore, sont dressés par les Arabes à forcer la gazelle.

On doit reconnaître le caracal dans le lynx qu’Élien[102] signale chez les Maures : animal qui ressemble, dit-il, à la panthère, avec des poils à l’extrémité des oreilles[103] et qui est excellent sauteur[104].

Diodore de Sicile (XX, 58), racontant une expédition faite à l’intérieur des terres par des Grecs, à la fin du IVe siècle avant J.-C., parle d’une haute chaîne de montagnes, longue de deux cents stades (37 kilomètres), qui était pleine de chats ; aucun oiseau n’y faisait son nid, à cause de l’inimitié qui existe entre ces animaux. Il s’agit soit du chat ganté, espèce répandue dans toute la Berbérie[105], soit peut-être du serval, appelé vulgairement chat-tigre africain[106].

L’hyène[107] et le renard[108] sont mentionnés. C’est sans doute le chacal qu’Hérodote (IV, 192) indique chez les Libyens nomades sous le  nom de θώς[109], et, l’absence du loup étant à peu près certaine dans l’Afrique septentrionale, on peut supposer que les lupi de quelques auteurs latins[110] étaient en réalité des chacals. Tels étaient probablement aussi les λύχοι qui arrachèrent, affirma-t-on, les bornes-limites de la colonie fondée à Carthage par C. Gracchus[111]. Les loups d’Afrique et d’Égypte, dit Pline (VIII, 80), sont lâches et de petite taille : observation qui s’applique bien aux chacals[112].

L’ichneumon (la mangouste) est signalé par Vitruve (VIII, 2, 7) dans le Maroc actuel. Strabon (XVII, 3, 4.) mentionne, dans la même contrée, un animal qu’il appelle γαλή, semblable au chat, si ce n’est que son museau est plus proéminent : ce détail fait penser à la genette.  Il parle ailleurs d’animaux sauvages africains du même nom[113], dont les habitants du Sud de l’Espagne se servent pour forcer les lapins dans leurs terriers. Les auxiliaires que les Espagnols employaient ainsi étaient sans doute des furets[114] ; cependant il faut observer qu’il n’y en a pas aujourd’hui en Afrique. Hérodote (IV, 102) indique aussi des γαλαΐ chez les Libyens nomades, dans la région qui produit le silphium (à l’Est de la grande Syrte) ; elles ressemblent beaucoup, dit-il, à celles de Tartessos (Sud de l’Espagne)[115]. S’agit-il ici de genettes ? ou dit quelque mustélidé ?

L’ours, qui existait en Berbérie à l’époque quaternaire[116], vit peut-être encore au Maroc[117], et il est vraisemblable qu’il ne s’est  éteint en Algérie qu’à une époque assez récente[118]. Pline (VIII, 131 et 228) soutient cependant qu’il n’y a pas d’ours en Afrique. Mais cette assertion est contredite par Hérodote (IV, 191), Virgile[119], Strabon[120]. Martial (I, 104, 5), Juvénal (IV, 99-100), Némésien (Cyneg., 336), Solin[121]. Ce dernier nous apprend que les ours de Numidie l’emportaient sur les autres par leur férocité et la longueur de leur poil. Les images d’ours sont fréquentes sur les mosaïques africaines[122]. Des ours de Numidie parurent plus  d’une fois dans les spectacles de Rome[123] et ce furent sans doute des animaux du pays qui figurèrent dans les amphithéâtres de Carthage[124] et d’autres villes de l’Afrique du Nord[125].

C’est à tort que plusieurs auteurs[126] ont nié l’existence dans  cette contrée du sanglier, qui y vit depuis l’époque quaternaire, qui y abonde encore, qui, du reste, est signalé par des textes anciens[127] et fréquemment représenté sur les monuments[128], en particulier sur les mosaïques[129].

Les ânes qui errent aujourd’hui dans le Sahara sont des ânes marron, d’origine domestique, laissés en liberté[130]. Nous n’avons pas de raisons de croire qu’il en ait été de même des ânes sauvages, des onagres que les anciens mentionnent dans l’Afrique septentrionale[131]. Ils vivaient en bandes, formées d’un mâle, qui commandait, et d’un certain nombre de femelles[132] ; on prétendait que le mâle était jaloux au point de châtrer ses petits à leur naissance[133]. Les Africains chassaient volontiers à  cheval ces animaux très rapides ; pour les capturer, ils se servaient souvent de lassos[134]. La chair des poulains était très estimée[135]. On pourrait se demander si certains de ces équidés n’étaient pas des zèbres. Nous savons, en effet, que ceux-ci ont été qualifiés quelquefois d’ânes sauvages par les Grecs[136] et que le zèbre a été rencontré dans des stations préhistoriques : il ne serait pas inadmissible qu’il eût subsisté dans quelques régions. Cependant l’hypothèse n’est pas valable pour les ânes sauvages dont parle Oppien, puisque cet auteur affirme qu’ils sont de couleur d’argent[137], c’est-à-dire gris cendré, comme les onagres actuels de Nubie.

Le cerf, dont l’existence est certaine à l’époque préhistorique, qui se rencontre encore aux confins de l’Algérie et de la Tunisie et dans l’extrême Sud tunisien[138] vivait en Berbérie pendant l’antiquité historique[139], malgré les affirmations contraires d’Hérodote (IV, 192), d’Aristote[140], de Pline (VIII, 120 et 228) et d’Élien[141]. Il est indiqué par Virgile[142], Arrien[143], Oppien[144], Némésien[145], saint Augustin[146], et même par Élien[147] ; des chasses au cerf sont représentées sur des mosaïques africaines[148]. Il n’y a pas lieu, croyons-nous, de supposer qui il ait disparu durant un certain nombre de siècles et qu’il ait été introduit de nouveau sous la domination romaine, après Pline[149].

On trouve quelquefois des daims près de la frontière de l’Algérie et de la Tunisie, dans la région de la Calle[150]. Ces animaux ne sont pas signalés par les anciens[151], car les dammae, aux cornes droites, qu’un poète de l’époque vandale, Dracontius, attribue à l’Afrique[152], paraissent avoir été des antilopes.

Pline dit avec raison qu’il n’y a pas de chevreuils dans cette contrée[153]. Un poète, qui écrivait sans doute sous la domination  des Vandales, en mentionne (capreae)[154] : on les avait peut-être introduits pour avoir le plaisir de les chasser.

Les ruminants de la famille des antilopidés, fréquents même sur le littoral aux temps préhistoriques, sont aujourd’hui de plus en plus rares au Nord de l’Atlas saharien[155], mais ils abondent encore dans le désert. Ce sont : plusieurs espèces de gazelles, dont les plus connues sont la gazelle ordinaire (Gazella dorcas) et la corinne, ou gazelle de montagne (Gazella dorcas hevella) ; l’antilope addax, l’antilope mohor, ou nanguer, l’antilope bubale (Alcelaphus bubalis ou Bubalis boselaphus)[156]. Nous rencontrons dans les auteurs anciens différents termes pour désigner ceux de ces animaux qui existaient dans l’Afrique du Nord à l’époque historique ; il est souvent difficile de dire de quelles espèces il s’agit.

La gazelle est mentionnée sous le nom de dorcas par Hérodote[157], chez les Libyens nomades ; par Théophraste[158], dans la partie de la Libye où il ne pleut pas ; par Diodore de Sicile (III, 50), dans le désert, au Sud de la Cyrénaïque ; par Strabon (XVII, 3, 4), dans le Maroc actuel ; par Arrien[159], qui indique que les Libyens la chassent à cheval ; par Élien[160], qui la décrit et parle aussi des chasses que les cavaliers libyens lui livrent. Le mot dorcas a été employé en latin par Martial (X, 65, 13 ; XIII, 98).

Hérodote (IV, 102) signale, chez les Libyens nomades, des όρυες,  qui sont de la grandeur des bœufs et dont les cornes servent à faire des lyres phéniciennes : on a corrigé, avec vraisemblance, όρυες en εόρυγες. L’oryx, au dire de Pline (X, 201), vit dans les parties de l’Afrique, dépourvues d’eau, que parcourent les Gélules ; il se passe de boire. Juvénal[161] mentionne aussi l’oryx gétule, dont la chair était appréciée des gourmets. Pline dit encore, à propos des oryx, qu’ils ont le poil tourné vers la tête (VIII, 214), et qu’ils n’ont qu’une corne (XI, 255), indication qu’il a empruntée à Aristote[162]. Il n’est pas sûr que, dans ces divers textes, le terme όρυξ, oryx désigne l’antilope appelée aujourd’hui par les zoologistes Oryx leucoryx, qui vit en Nubie et dans le Soudan, mais dont l’existence dans le Nord-Ouest de l’Afrique n’a pas été constatée avec certitude. Un ce qui concerne l’animal dont parle Hérodote, je croirais volontiers qu’il s’agit de l’addax[163].

L’addax est mentionné par Pline (XI, 124) : Le strepsiceros (strepsicerales), que l’Afrique appelle addax, a des cornes dressées, autour desquelles tournent des cannelures et qui se terminent par une petite pointe ; elles conviendraient pour faire des lyres[164]. A la fin du IVe siècle, Symmaque[165] était en quête d’addaces, destinés à paraître dans des spectacles. On peut admettre que ce strepsiceros, ou addax, est bien l’antilope à laquelle le nom d’addax a été donné par les modernes.

Hérodote (IV, 192) indique le πύγαργος (cul-blanc) dans le pays des Libyens nomades. Le même nom, pygargus, se retrouve dans des auteurs latins, Pline (VIII, 214). Juvénal (XI, 138), Symmaque (l. c.) : ce dernier réclamait des pygargi en même temps que des addaces.

Nous avons parlé des dammae, aux cornes dressées, du poète Dracontius. Némésien de Carthage mentionne aussi ces animaux[166]. Pline dit qu’ils habitent de l’autre côté de la mer (par rapport à l’Italie)[167] ; il observe qu’ils ont les cornes recourbées en avant (XI, 124). D’après ce détail, Cuvier les a identifiés avec l’espèce d’antilope dite nanguer, on mohor, qui on rencontre au Maroc et dans le Sahara[168].

Élien[169] décrit un quadrupède africain qu’il appelle κέμας et dont il parle en même temps que de la gazelle. Le κέμας a le poil roux, très épais, et la queue blanche ; ses yeux sont de couleur bleu foncé, ses oreilles, remplies de poils fort abondants ; ses belles cornes, se présentant de face, constituent des armes dangereuses. Il court avec une grande rapidité et traverse à la nage les rivières et les lacs.

Les animaux appelés aujourd’hui antilopes bubales sont bien,  en effet, ceux que les Grecs désignaient sous le nom de βούβαλος ou βούβαλις[170]. Ils sont signalés en Afrique par Hérodote (IV, 102), chez les Libyens nomades ; par Polybe (XII, 3, 5), qui vante leur beauté ; par Strabon (XVII, 3, 4) et Élien[171] (en Maurétanie) ; par Dion Cassius (XLVIII, 23), qui raconte qu’en 41 avant notre ère, le passage d’une troupe de ces animaux causa une panique, la nuit, dans un camp romain : l’évènement eut lieu dans un pays de montagnes, en Tunisie.

Ce nom a été adopté par les Latins : des lampes, portant l’inscription Bubal, représentent une antilope bubale[172]. Pourtant, dans le langage populaire, le nom de bubalus fut donné à l’urus, bœuf sauvage d’Europe (Bos primigenius) ; Martial lui-même l’a employé dans ce sens[173], bien que Pline[174], eût fait remarquer que c’était là un abus de langage : le bubalus, observe le naturaliste, est un animal d’Afrique, qui ressemble plutôt au veau et au cerf[175].

Sur des monuments figurés africains, — ce sont surtout des mosaïques[176] —, on voit des gazelles[177], des antilopes qui nous paraissent être des oryx leucoryx[178], l’addax[179], l’antilope bubale[180]. Les images d’oryx leucoryx n’indiquent pas nécessairement que cette antilope ait alors vécu dans le pays, car elles ont pu être copiées sur des modèles alexandrins. Cependant, comme il est probable que l’oryx est déjà représenté sur les gravures rupestres, nous sommes disposé à croire à son existence dans le Nord-Ouest africain, pendant la période historique.

Au dire d’Élien[181], le catoblepon (χατώβλεπον) animal d’Afrique, ressemble au taureau, mais a un aspect plus terrible. Il n des sourcils relevés et épais ; ses yeux, plus petits que ceux du bœuf, sont injectés de sang ; il regarde, non devant lui, mais à terre : d’où son nom. Une crinière, ressemblant à celle du cheval, part du sommet de la tête, descend à travers le front et garnit la face, donnant au visage un air encore plus farouche. Le catoblepon se repaît de racines vénéneuses. Lorsqu’il regarde en dessous, à la façon des taureaux, il se hérisse aussitôt et dresse sa crinière ; ses lèvres se découvrent et un souffle lourd, fétide, sort de son gosier, empoisonnant l’air au-dessus de sa tête. Cet air est funeste aux animaux qui le respirent : ils perdent la voix et tombent dans des convulsions mortelles. Aussi s’enfuient-ils le plus loin possible du catoblepon, car ils connaissent, comme lui-même, son pouvoir malfaisant.

Athénée (V, 64, p. 221), citant Alexandre de Myndos, parle aussi du catoblepon. En Libye, écrit-il, les nomades disent que la gorgone est le catoblepon, qui vit dans le pays. Il ressemble à un mouton sauvage, ou, selon d’autres, à un veau, De son souffle, affirme-t-on, il tue tous ceux qu’il rencontre. Il porte une pesante crinière, qui descend du front sur les yeux. Il la secoue avec peine quand il fixe quelqu’un, et ce regard est mortel. Dans la guerre contre Jugurtha, des soldats de Marius, voyant la gorgone qui s’avançait tête baissée et se mouvait lentement, crurent que c’était un mouton sauvage. Ils se précipitèrent sur elle, voulant la tuer avec leurs épées. Effrayé, l’animal secoua la crinière qui lui couvrait les yeux et regarda les agresseurs ; ceux-ci moururent aussitôt. D’autres subirent le même sort. Enfin, sur l’ordre de Marius, des cavaliers libyens tuèrent de loin le catoblepon, à coups de javelots, et l’apportèrent au général. Des peaux de ces bêtes sauvages auraient été envoyées par Marius à Rome et placées dans le temple d’Hercule.

Pomponius Méla (III, 98) et Pline (VIII, 77) signalent le même animal, qu’ils appellent catoblepas : ils disent qu’il vit chez les Éthiopiens occidentaux, près de la source que beaucoup croient être l’origine du Nil (c’est-à-dire au Sud du Maroc). Il est de taille médiocre, a des membres inertes et se contente de porter avec peine sa tête, qui est très lourde ; il la tient toujours inclinée vers le sol. Autrement, il serait un fléau pour le genre humain, car tous ceux qui voient ses yeux expirent aussitôt ; c’est son seul moyen d’attaque ; jamais il ne fonce, ni ne mord.

Il convient de rejeter dédaigneusement ces sottises, dont la responsabilité incombe peut-être, en bonne partie, au roi Juba. Pourtant, à certains détails, Cuvier a cru reconnaître l’antilope gnou, qui vit aujourd’hui dans l’Afrique australe[182]. Le gnou offre des ressemblances à la fois avec le bœuf, le cheval et l’antilope ; il a des touffes de poils sur le museau[183] ; son regard parait être celui d’un fou[184]. Il faut ajouter qu’il se meut avec une grande rapidité. Nous avons vu qu’il a existé dans l’Afrique du Nord à l’époque préhistorique ; il ne serait pas impossible qu’il eût survécu dans le Sud de cette contrée.

Des béliers sauvages sont indiqués par Hérodote[185] (chez les Libyens nomades) et aussi par Columelle (VII, 2, 4-5). Celui-ci raconte que son oncle acheta à Gadès quelques béliers africains d’une couleur étonnante, qu’on avait transportés en Espagne pour les exhiber dans des spectacles[186], et qu’il les croisa avec des brebis de son domaine. Dans Timothée de Gaza[187], nous trouvons la mention d’une espèce de moutons sauvages de Libye, animaux stupides et d’une chasse facile, dont la laine est sans valeur.

Élien[188] parle de chèvres sauvages qui fréquentent les sommets des montagnes de la Libye. Elles atteignent presque la taille des bœufs. Leurs cuisses, leur poitrine, leur nuque, leur menton sont garnis de poils très épais. Elles ont le front bombé, les yeux vifs, les jambes courtes ; au lieu d’être droites, comme chez les autres chèvres de montagne, leurs cornes divergent en sens transversal et descendent obliquement pour se rapprocher des épaules, tant elles sont longues. Il n’y a pas de chèvres plus agiles. Elles sautent avec une grande facilité de crête en crête ; quand elles tombent, elles ne se font aucun mal, à cause de la dureté de leurs membres, de leur crâne et de leurs cornes. Mais il est aisé, même à un médiocre marcheur, de les prendre en plaine, car elles sont sans vigueur pour fuir. Leur peau protège les pâtres et les artisans des froids les plus vifs ; de leurs cornes, on fait de vastes gobelets pour puiser l’eau des rivières et des sources.

Cette description convient au mouflon à manchettes[189] (aroui des Arabes), qui vit dans les montagnes du Sud de la Berbérie et dans celles du Sahara[190] : il n’existe pas de véritables chèvres sauvages en Afrique[191]. Les béliers sauvages d’Hérodote et de Columelle sont probablement aussi des mouflons[192]. Un de ces animaux est peut-être représenté sur une mosaïque d’El Djem, en Tunisie[193].

On trouve en Libye, dit Élien[194], une quantité innombrable de bœufs sauvages, vivant en liberté. Les taureaux errent avec les vaches et les veaux. Quand ils ne sont pas fatigués par de longues courses, ils l’emportent en vitesse sur les cavaliers qui les poursuivent et ils parviennent le plus souvent à leur échapper, en se dissimulant dans des broussailles et des bois. Des chasseurs réussissent cependant à s’emparer à la fois d’une vache et d’un veau. Lorsqu’ils ont pu capturer ce dernier, ils l’attachent avec une corde et vont se cacher. La vache accourt ; en cherchant à dégager son petit, elle s’embarrasse les cornes dans les nœuds et demeure prisonnière. Les Libyens, survenant, la tuent, extraient le foie, coupent les mamelles pleines, enlèvent là peau et laissent le reste aux oiseaux de proie. Quant au veau, ils l’emmènent chez eux. C’est un mets succulent.

Nous n’avons pas d’autre mention de bœufs sauvages en Berbérie, à l’époque romaine. Étaient-ce des descendants de ces grands buffles qui vivaient dans le pays aux temps préhistoriques[195] ? des bœufs véritablement sauvages ? ou des bœufs d’origine domestique, rendus à la liberté ? Les buffles qu’on trouve aujourd’hui en Afrique sont d’importation toute récente[196]. On a signalé de prétendus bœufs sauvages au Maroc[197], mais ce renseignement est sujet à caution[198].

Les lièvres abondaient[199], comme de nos jours, et l’on aimait à les chasser[200]. Hérodote indique chez les Libyens nomades trois espèces de rats[201] : Les uns s’appellent δίποδες ; les autres, ζεγέριεςc’est un nom libyque, qui signifie en grec βουνοί [collines]; ceux de la troisième espèce, έχινέες. On a admis, avec raison[202], que les δίποδες (bipèdes) sont les gerboises[203], qui s’avancent en sautant sur leurs deux pattes de derrière, beaucoup plus longues que celles de devant[204]. Les ζεγέριες sont peut-être des rats de montagne : on a proposé[205] de les identifier avec les gondis[206]. Les έχινέες paraissent être les mêmes animaux que les έχΐνοι, c’est-à-dire des hérissons[207]. Les ΰστριχες, hystrices, qu’Hérodote[208], Élien[209] et Pline[210] signalent en Afrique sont nos porcs-épics[211].

— III —

Aux temps préhistoriques, il y avait partout des autruches, depuis le littoral jusque dans le Sahara. Elles continuèrent à habiter la Berbérie à l’époque historique. Les Carthaginois recherchaient leurs œufs : ils les transformaient en vases, en coupes[212], qu’ils ornaient de peintures et de gravures ; ils les taillaient en disques ou en croissants, sur lesquels ils traçaient des visages[213]. Les autruches sont assez souvent mentionnées dans les textes grecs et latins[214] et représentées sur les monuments africains[215]. Elles figurèrent dans des spectacles à Rome[216]. Au XIXe siècle, on en rencontrait encore en Tripolitaine et dans les steppes de l’Algérie[217]. Elles ont disparu de ces régions et elles sont devenues très rares dans le désert[218].

En qualifiant l’Afrique de mère féconde de grands oiseaux, le poète Némésien de Carthage[219] pense aux rapaces, très nombreux dans cette contrée. D’une manière générale, la faune ornithologique, qui ne se heurtait pas aux mêmes obstacles que les mammifères, devait, comme aujourd’hui, ressembler beaucoup à celle de l’Europe méridionale. On ne trouve à ce sujet que de rares indications dans les auteurs anciens[220]. Quant aux oiseaux représentés sur les mosaïques, ils devraient être étudiés par un naturaliste, capable de les dénommer avec précision, de dire quels sont ceux qui appartiennent au pays et ceux qui ont dit être copiés sur des modèles orientaux[221].

Pline[222] et Élien[223] parlent des tortues d’Afrique. Nous avons cité[224] les textes anciens indiquant des crocodiles dans le Sud de la Maurétanie, à la lisière du désert[225]. Dans les lézards longs de deux coudées, qui, dit Strabon[226], se rencontrent en Afrique, on a reconnu[227] des varans[228], sauriens qui atteignent en effet et dépassent même un mètre, et qui abondent dans le Sud de la Berbérie, ainsi qu’au Sahara[229]. Cette identification convient aussi aux crocodiles terrestres, longs de trois coudées et très semblables aux lézards, qu’Hérodote[230] signale chez les Libyens nomades[231]. Pline fait mention des caméléons[232].

L’Afrique du Nord, terre des fauves, était aussi la terre des serpents[233], dont il est question dans un grand nombre de textes[234]. Ces reptiles pullulaient dans certaines régions et y répandaient la terreur. Parmi ceux que les anciens énumèrent[235] et sur lesquels ils donnent des indications plus ou moins vraisemblables, nous citerons : le céraste[236], de la couleur du sable, avec deux cornes sur le front ; c’est la vipère à cornes (lefaâ des Arabes), fréquente dans le Sud des steppes et dans le Sahara ; — l’aspic[237], dont le cou se gonfle quand il est irrité ; c’est le naja, qui habite le Sud de la Berbérie ; — la dipsade[238], animal d’assez petite taille, dont la piqûre, mortelle comme celle de l’aspic et du céraste, provoque une soif inextinguible. Les petits serpents, pourvus d’une seule corne, qu’Hérodote[239] indique chez les Libyens nomades, sont sans doute des vipères ammodytes[240]. Des fables nombreuses couraient sur le basilic[241], dont la longueur ne dépassait pas douze doigts (0 m. 22)[242] et qui avait sur la tête une tache blanche, formant une sorte de diadème. Il s’avançait en se tenant dressé sur le milieu du corps. On prétendait qu’il mettait en fuite les autres serpents par son sifflement, que son souffle seul détruisait les broussailles, brûlait les herbes, faisait éclater les pierres, que son venin se propageait le long du bâton ou de la lance qui le frappait ; que, cependant, l’odeur de la belette et le chant du coq le faisaient mourir, etc. Les psylles, tribu du littoral de la grande Syrte, passaient pour être insensibles aux morsures des serpents, avec lesquels ils vivaient familièrement ; ils guérissaient les blessés par des succions et, ajoutait-on, par des applications de salive, des potions bizarres, des pratiques magiques[243].

Des serpents de très grande taille sont mentionnés par quelques auteurs[244] ; ils appartenaient sans doute à la famille des pythons. On racontait sur eux d’étranges histoires. Des marins prétendaient que des serpents d’Afrique dévoraient des bœufs ; que quelques-uns de ces reptiles, s’étant lancés du rivage à leur poursuite, avaient retourné un de leurs navires[245]. Tout le monde connaît le serpent que l’armée de Regulus aurait rencontré sur les bords de la Medjerda[246] et qui aurait fait de nombreuses victimes ; les Romains auraient dû employer des machines de guerre pour le tuer. La peau fut envoyée à Rome et exposée dans un temple jusqu’au temps de la guerre de Numance, pendant plus d’un siècle. Cet animal aurait eu une longueur de cent vingt pieds, c’est-à-dire de plus de trente-cinq mètres[247] : ce qu’aucun zoologiste moderne ne peut admettre.

Une araignée de Libye, appelée ράξ, est, au dire d’Élien, ronde, noire et ressemble à un grain de raisin ; elle a des pattes très courtes et la bouche au milieu du rentre. Il s’agit probablement de la tarentule. Élien ajoute que sa morsure tue très promptement[248]. De son côté, Strabon (XVII, 3, 11) signale une espèce d’araignée, très répandue, remarquable par sa grande taille.

Sur des monnaies de l’empereur Hadrien, l’Afrique personnifiée est représentée tenant un scorpion[249]. Divers écrivains anciens[250] mentionnent ce funeste animal africain, ce fléau de l’Afrique[251]. Strabon (XVIII, 3, 11) prétend que, pour écarter les scorpions, les indigènes frottaient les pieds de leurs lits avec de l’ail et les entouraient d’épines. Selon Élien[252], ils portaient des sandales creuses et couchaient dans des lits très élevés, qu’ils avaient soin d’éloigner des murs et dont ils plaçaient les pieds dans des cruches pleines d’eau. Précautions qui pouvaient être vaines ! Le crédule auteur affirme que les scorpions s’assemblaient sous le toit, d’où ils faisaient la chaîne pour atteindre leurs victimes[253]. A Carthage, on enfouissait sous les maisons des images en métal de ces animaux, talismans destinés à protéger les habitants et peut-être surtout à mettre en fuite les scorpions véritables[254]. C’est sans doute pour les mêmes raisons un scorpion est représenté sur un linteau de porte, dans la région de Dougga[255]. La médecine et la magie avaient inventé différents remèdes contre les piqûres[256]. Les chrétiens faisaient sur la blessure un signe de croix, accompagné de prières ; puis ils frottaient la plaie avec le corps même de la bête écrasée[257] : pratique en usage aussi chez les païens[258], et qui s’est conservée chez les indigènes. Scorpiace, c’est-à-dire antidote contre les scorpions, tel fut le titre que Tertullien de Carthage donna à un traité contre les gnostiques, ces êtres malfaisants qui cherchaient à empoisonner et à tuer la foi[259].

Les sauterelles, originaires du Soudan[260], venaient souvent, comme de nos jours, visiter l’Afrique septentrionale[261] ; des œufs qu’elles déposaient dans le sol, sortaient d’innombrables criquets, encore plus redoutables qu’elles. Si ces insectes servaient, en certains lieux, de nourriture aux indigènes[262], on les regardait en général comme une calamité, envoyée par la colère des dieux[263]. Le poète africain Corippus décrit ainsi une invasion de sauterelles[264] : ... telles les sauterelles, vers la fin du printemps[265], quand l’Auster (vent du Sud) souffle sous les astres, tombent en se disséminant sur les campagnes de la Libye ; telles les sauterelles, lorsque le Notus, du haut des airs, les pousse, les entraîne dans ses violents tourbillons et les précipite vers la mer. Les agriculteurs s’inquiètent et leur cœur tremble de voir l’horrible fléau détruire les récoltes, anéantir les fruits tendres encore, dévaster les jardins verdoyants, ou abîmer les fleurs de l’olivier, pointant sur les rameaux flexibles. Varron prétendait que certains Africains avaient dû abandonner le territoire qu’ils occupaient, par suite des ravages des sauterelles[266]. Des auteurs indiquent les diverses mesures que l’on préconisait pour se débarrasser d’elles[267] ; il faut dire que plusieurs semblent fort saugrenues. En Cyrénaïque, une loi ordonnait à la population la destruction des œufs, des criquets, des sauterelles adultes, et punissait les contrevenants d’une peine très sévère[268].

L’invasion qui laissa les plus cruels souvenirs fut celle de l’année 125 avant notre ère. Par toute l’Afrique, dit Paul Orose[269], des multitudes immenses de sauterelles s’amassèrent. Elles ne se contentèrent pas de détruire complètement les céréales sur pied, de dévorer toutes les herbes avec une partie des racines, les feuilles des arbres avec les tiges tendres ; elles rongèrent même les écorces et les bois secs. Un coup de vent subit les arracha du sol et les porta longtemps à travers les airs, réunies en masses serrées, jusqu’à la mer, où elles s’engloutirent. Mais les vagues en rejetèrent d’énormes quantités sur les côtes. Leurs cadavres, pourris et décomposés répandirent une odeur délétère. Une peste terrible frappa tous les animaux, oiseaux, troupeaux et autres bêtes, dont les corps putréfiés, gisant partout, accrurent encore le fléau... En Numidie, pays où régnait alors Micipsa, on dit qu’il périt quatre-vingt mille hommes ; dans la zone maritime où sont situées Utique et Carthage, plus de deux cent mille. Près d’Utique, trente mille soldats, qui formaient l’armée romaine d’Afrique, furent exterminés par cette peste. Elle se déchaîna avec tant de rapidité et de violence qu’en un jour plus de quinze cents corps de ces jeunes gens furent emportés, affirme-t-on, par une seule porte[270].

Aux temps préhistoriques, les Africains étaient grands mangeurs d’escargots, comme le prouve l’abondance extraordinaire de ces mollusques dans presque toutes les stations. À l’époque romaine, on appréciait fort les escargots d’Afrique[271] : ils servaient de mets de choix[272], ou de médicaments[273]. Ils étaient alors L’objet d’un véritable élevage.

— IV —

La flore de la Berbérie ressemble beaucoup, dans le Tell, à celle de l’Espagne, du Midi de la France, de la Sicile, de l’Italie. Des deux côtés de la Méditerranée, ce sont d’ordinaire les mêmes végétaux qui tapissent le sol, qui forment les forêts, où les espèces à feuillage persistant dominent ; ce sont les mêmes plantes, les mêmes arbres fruitiers qui, depuis une longue série de siècles, constituent la richesse agricole. Dans les régions de steppes, on rencontre, à côté d’espèces européennes, des végétaux qui se retrouvent en Égypte, en Palestine, en Arabie, dans la Perse méridionale[274]. Les affinités avec l’Orient désertique sont plus grandes encore au Sahara, où le dattier permet de vivre dans les oasis. Sous le rapport de la géographie botanique, écrit Cosson[275], s’éloigner du littoral dans le sens du méridien, c’est moins se rapprocher du tropique que de l’Orient[276].

Nous étudierons ailleurs la flore agricole et nous nous bornerons ici à examiner les documents anciens qui concernent les forêts[277]. Ils sont malheureusement peu nombreux et souvent peu précis.

L’importance des forêts de l’Afrique septentrionale a étés affirmée par Hérodote et par Strabon. Le premier dit que la Libye occidentale (c’est-à-dire le pays situé à l’Ouest du golfe des Syrtes) est beaucoup plus boisée que la région occupée par les nomades, qu’elle est très boisée[278]. Le second indique que la Maurusie (le Maroc actuel) est boisée et que les arbres y atteignent une très grande hauteur[279]. Des textes, que nous avons cités, signalent en Afrique l’abondance de divers animaux dont l’habitat ordinaire est la forêt : singes, panthères, ours, sangliers. D’autre part, des constitutions du Bas-Empire nous apprennent que cette contrée pouvait fournir à Rome de grandes quantités de bois, pour le chauffage des bains publics[280].

Nous voudrions connaître la répartition de ces forêts. Mais les renseignements dont nous disposons sont bien maigres.

Strabon affirme que le mont Abilé (sur le détroit de Gibraltar) porte des arbres élevés (XVII, 3, 6). Hannon mentionne sur l’Océan le cap Soloeis (aujourd’hui cap Cantin), couvert d’arbres[281]. Des forêts épaisses, dont parlent Virgile[282], Pline[283], Silius Italicus (I, 205-6), Pausanias (I, 33, 6), Élien[284], se dressaient sur l’Atlas marocain. Pline indique aussi (VIII, 2) des forêts, peuplées d’éléphants, près du fleuve Amilo, que Tissot croit être l’oued Amlilou (ou Melillo), affluent de gauche de la Moulouia : ce qui n’est pas certain.

On ne sait à peu près rien sur les forêts du pays qui, à l’époque romaine, fut la province de Maurétanie Césarienne (Ouest et centre de l’Algérie)[285]. Le mont Ancorarius, qui porta de magnifiques boisements de thuyas, épuisés au temps de Pline[286], était situé dans le voisinage de la vallée du Chélif ; on a supposé que c’était l’Ouarsenis[287].

 La région forestière de la Numidie que mentionne Solin[288] devait être celle qui s’étend sur le Nord-Est de l’Algérie et le Nord-Ouest de la Tunisie. Les fauves y pullulaient[289]. Il est probable que les bois qu’on expédiait à Rome sous le Bas-Empire en provenaient, car les frais de transport eussent été trop élevés s’il eût fallu les faire venir de l’intérieur. Une inscription indique des pins dans le voisinage de la mer et de l’Amsaga (au Nord-Ouest de Constantine[290]). Juvénal[291] parle des forêts ombreuses, pleines de singes, de Thabraca, aujourd’hui Tabarca[292]. Le castellum d’Auzea, au dire de Tacite, était entouré de vastes forêts[293] : ce bourg fortifié se trouvait probablement en Numidie, mais nous ignorons son emplacement exact. Il en est de même des lieux boisés où Jugurtha attira Aulus Postumius, qui assiégeait Suthul[294], et de ceux où il s’enfuit après avoir été vaincu par Metellus prés de l’oued Mellégue, affluent de droite de la Medjerda[295]. Au VIe siècle de notre ère, des forêts s’élevaient autour de la ville de Laribus, aujourd’hui Lorbeus, au Sud-Est du Kef[296]. Une dédicace à Silvain, découverte non loin de là, dans la plaine du Sers, entre le Kef et Maktar, mentionne un bois près d’une source[297], mais ce n’était peut-être qu’un simple bosquet.

Des cèdres de Numidie servirent de bonne heure de matériaux de construction. Pline parle des poutres qui, placées dans le temple d’Apollon à Utique, lors de la fondation de la ville, étaient en bon état 1178 ans plus tard[298]. Si la répartition des forêts de cèdres était la même il y a trois mille ans que de nos jours, ces poutres m’aient dû être apportées de loin, de l’Aurès ou des monts de Batna[299]. Nous trouvons dans Corippus[300] une allusion aux forêts de l’Aurès, massif qui est encore très boisé.

Au milieu du second siècle avant J.-C., il y avait des bois à peu de distance de Carthage. Le consul Censorinus, qui assiégeait cette ville, traversa le lac de Tunis pour aller chercher des matériaux propres à fabriquer des machines et des échelles[301].

Corippus mentionne fréquemment les forêts qui existaient de son temps (au VIe siècle) dans le centre et le Sud de la Tunisie. La plupart de ses indications sont vagues[302] ; et il est impossible de dire où était Ifera, aux forêts épaisses[303], dans quelles régions vivaient les Silcedenit[304], les Silvaizan, les Macares[305], dont les territoires étaient boisés. Nous connaissons cependant l’emplacement des forêts au milieu desquelles le général Solomon livra une bataille qui lui fut funeste[306] : elles étaient situées près de Cillium (Kasserine), entre Sbéitla et Fériana[307]. Les saltus que Pline signale au delà de la petite Syrte, vers le Sud (V, 26), n’étaient peut-être pas de véritables forêts. Rappelons enfin les bois très épais qu’Hérodote indique à la colline des Grâces (IV, 175), au Sud de Lebda, en Tripolitaine, et ceux qui, d’après Strabon, ombrageaient le cap Céphales (XVII, 3, 18) (cap Misrata), un peu plus à l’Est.

On sait que le mot saltus signifiait espace couvert de végétation naturelle[308] et, le plus souvent, forestière[309]. A côté de ce sens propre, nous rencontrons fréquemment en Afrique un sens dérivé : grand domaine[310]. Avant d’être mis en valeur, plus d’un de ces domaines dut être, partiellement ou totalement, couvert de forêts ou de broussailles[311]. Mais il ne faudrait pas croire que, partout où l’on trouve mentionné un saltus-domaine, il y ait eu autrefois un saltus-forêt, puisque le sens du mot s’était modifié. Une remarque analogue doit être faite au sujet des mentions de Silvanus, qui eut de nombreux dévots dans l’Afrique romaine. Que ce dieu ait été adoré en certains lieux comme un protecteur des forêts, on peut l’admettre[312], mais il n’est pas prouvé qu il en ait été toujours ainsi nous savons qu’en Italie, il devint le protecteur du bétail, des jardins, des champs cultivés, des limites. Les inscriptions qui indiquent des saltus et les dédicaces à Silvain ne sont donc guère utiles pour déterminer les emplacements des forêts antiques.

Est-il possible de suppléer à l’insuffisance des textes par l’étude de la répartition des ruines ? Elles sont rares dans des pays aujourd’hui couverts de forêts : par exemple, en Khoumirie, au sud-Ouest de Collo, au sud-Est et au Sud-Ouest de Djidjeli, dans les montagnes des Bibans, dans l’Est de la grande Kabylie, dans le massif qui s’étend au Sud de la Mitidja, dans l’Ouarsenis[313]. Dans ces régions, la civilisation latine s’est très lieu répandue ; les villes manquent ; les villages, les hameaux, du reste peu nombreux, sont situés dans les vallées qui offraient des terres cultivables. Quelques ruines romaines que l’on rencontre dans les parties accidentées représentent d’ordinaire des habitations isolées, peut-être des fermes, établies sur des clairières. Cependant, il ne faut pas attacher trop d’importance à ces constatations. L’absence ou la rareté de ruines d’aspect romain, de constructions faites en matériaux durables, ne prouvent pas, d’une manière péremptoire, qu’un pays ait été jadis désert ou presque désert, car beaucoup d’indigènes ont pu vivre sous des huttes qui, une fois abandonnées, ne laissaient aucune trace.

Les auteurs ne nous apprennent pas grand-chose sur les espèces qui constituaient la végétation arbustive naturelle de l’Afrique du Nord. Ils mentionnent : le chêne vert, ou yeuse[314] ; le cèdre[315] ; le pin[316], probablement le pin d’Alep, et peut-être aussi le pin maritime[317] ; le frêne[318] ; le peuplier[319] ; le genévrier[320] : le térébinthe[321] (pistachier térébinthe, ou peut-être lentisque) ; le thuya[322] ; l’olivier sauvage, dont nous reparlerons[323]. Il faut ajouter l’orme, le nom berbère thoulmouth, usité en Kabylie, étant certainement dérivé du latin ulmus[324]. Nous n’avons trouvé aucune indication précise sur le chêne lièges[325], qui est aujourd’hui la principale richesse forestière de la Berbérie[326].

Quelques détails nous sont donnés sur le citrus[327]. Le bois de cet arbre, déjà renommé à l’époque de Masinissa[328], servit, dans les derniers temps de la République et au début de l’Empire, à faire des tables qui atteignirent des prix fort élevés[329]. Dans les belles pièces, il était de la couleur du vin mélangé de miel. Il présentait soit des veines, soit des taches brillantes : de là, les noms de tabulae tigrinae et pantherinae qu’on donnait à ces tables[330]. On employait pour les faire des loupes qui croissaient sur les souches[331] et qui étaient parfois très Larges. La plus grande table d’un seul morceau appartint à un affranchi de Tibère ; elle mesurait près de quatre pieds. Une autre, que posséda Ptolémée, roi de Maurétanie, était plus grande encore (quatre pieds et demi), mais elle était formée de deux pièces ajustées[332]. On fit aussi avec ce bois des crédences, des placages de meubles et de portes, des lambris, des vases, etc.[333] Le citrus ressemblait, dit Pline l’Ancien, par le feuillage, l’odeur et le tronc, au cyprès sauvage (XIII, 95). L’eau de mer le desséchait, le durcissait et le rendait incorruptible (XIII, 99). C’est le même arbre[334] que Théophraste[335] appelle θύσν ou θύα et qu’il indique comme existant en Cyrénaïque et dans l’oasis de Zeus Ammon. Il ressemble au cyprès par la forme, les branches, les feuilles, le tronc, le fruit... ; son bois est entièrement incorruptible. Sa racine est veinée et on en fait des ouvrages très soignés. D’après ces renseignements, le citrus est le thuya (Callitris quadrivalvis), dont la souche forme ces belles loupes noueuses, si richement marbrées de rouge fauve et de brun, qui en font un bois d’ébénisterie des plus précieux[336]. Actuellement, il est de taille médiocre. Mais nous savons par Pline (XIII, 95) que les forêts du mont Ancorarius, qui avaient fourni les plus beaux thuyas, étaient déjà épuisées de son temps.

Le général Suétonius Paulinus, cité par le même auteur (V, 14), signalait, au pied de l’Atlas (au Maroc), des forêts épaisses, formées d’arbres inconnus ailleurs, d’une grande taille, au tronc poli et sans nœud, ressemblant par leur feuillage au cyprès et exhalant une forte odeur[337] ; ils sont recouverts d’un duvet léger, avec lequel des gens habiles pourraient faire des étoffes, comme avec de la soie. Peut-être, ainsi qu’on l’a supposée[338], ces arbres merveilleux étaient-ils simplement des pins, infestés de chenilles processionnaires, qui y auraient construit des bourses soyeuses de couleur blanche, leur servant d’habitations communes[339].

Telles sont les indications que les anciens nous ont laissées sur les forêts de l’Afrique septentrionale.

— V —

L’étendue et la densité des forêts, la répartition des espèces qui les composent dépendent du climat, de l’altitude et de la constitution géologique du sol[340].

En Berbérie, la région forestière par excellence est la longue zone qui s’étend en arrière du littoral, depuis la grande Kabylie jusqu’au delà de la Khoumirie : zone montagneuse, où les pluies sont abondantes et où dominent les terrains siliceux, formés surtout de grès, très propices à la végétation arbustive. C’est le pays du chêne liège[341], espèce silicicole, qui exige au moins 0 m. 60 de pluie et qui s’élève jusqu’à 1300 mètres, tout en prospérant surtout entre 600 et 800 mètres. C’est aussi le pays du chêne zéen, qui commence à apparaître à une altitude d’environ 800 mètres et s’élève plus haut que le liège, jusqu’à 1800 mètres environ.

Les terrains calcaires, qui forment une grande partie des montagnes de l’intérieur, sont également des terrains forestiers, mais, comme ils reçoivent en général moins de pluie que la zone côtière, ils portent surtout des espèces qui demandent, peu d’eau. L’arbre typique est le pin d’Alep[342], très peu exigeant .pour le sol comme pour l’humidité (il se contente de 0 m. 30 de pluie). Il s’avance jusqu’à la lisière du Sahara et atteint une altitude de 1500 à 1600 mètres. Il est souvent accompagné du genévrier de Phénicie, petit arbre qui s’élève jusqu’à 1700 mètres.

Parmi les autres espèces, le chêne vert, le thuya et le cèdre s’accommodent aussi bien des grès que des calcaires. Le chêne vert, arbre sobre et robuste, forme des boisements importants entre 600 et 1200 mètres environ, mais il peut atteindre 1700 mètres. Le thuya ne dépasse guère 800 mètres ; il est fréquemment associé au pin d’Alep. Le cèdre vient entre 1300 et 2000 mètres.

Les causes naturelles qui régissent la végétation forestière en Afrique ne paraissant pas s’être modifiées depuis l’antiquité, il n’y a point lieu de supposer que la répartition des espèces ait été différente de ce qu’elle est aujourd’hui.

En ce qui concerne la densité et l’étendue des forêts, il convient de se souvenir de certains textes anciens, qui montrent qu’il y avait dans l’Afrique septentrionale de très vastes espaces non boisés.

Dans la célèbre description de Salluste[343], on lit ces mots : ager... arbori, infecundus. Certes, l’affirmation de l’historien est beaucoup trop absolue les documents que nous avons cités l’attestent. Mais, si l’absence d’arbres a frappé Salluste, qui fut, on le sait, gouverneur de l’Africa nova (l’Ouest de la Tunisie et l’Est de la province de Constantine), il fallait bien qu’elle fût réelle pour une bonne partie du pays. En Numidie, écrit Columelle au premier siècle de notre ère, le sol, généralement dépourvu d’arbres, est ensemencé en blé[344]. Saint Augustin, voulant montrer, contrairement aux prétentions des donatistes, qu’un passage de l’Écriture, où il est question d’un mons umbrosus, ne peut pas s’appliquer à la Numidie, décrit ainsi, cette région[345] : Tu y trouves partout la nudité, des campagnes fertiles, il est vrai, mais portant des récoltes ; elles ne sont pas riches en oliviers, elles ne sont pas égayées par d’autres arbres. Ailleurs, il dit[346] : Prenez un Gétule, placez-le parmi ces arbres agréables (il s’agit des alentours d’Hippone) il voudra fuir d’ici et retourner vers la Gétulie nue. César, combattant aux environs d’Hadrumète et de Thapsus, dut faire ; venir de Sicile du bois pour fabriquer des machines, car les matériaux nécessaires, observe l’auteur, du Bellum africum, manquaient en Afrique[347]. A l’intérieur des terres, les régions de Capsa (Gafsa) et de Thala étaient nues au temps de Jugurtha[348], et si, plus tard, elles se couvrirent d’arbres, ce furent des arbres fruitiers.

Ainsi, ces textes indiquent la Numidie, la Gétulie, une partie de ce qui fut sous le Bas-Empire la province de Byzacène comme des pays dénudés. Par Numidie, saint Augustin n’entend pas la zone côtière, en arrière des ports de Tabarca, de la Calle, de Philippeville, de Collo. Il y a en effet tout lieu de croire que ces parties de la Numidie étaient boisées dans l’antiquité, comme aujourd’hui : nous avons cité le témoignage de Juvénal au sujet des forêts de Tabarca. L’évêque d’Hippone devait le savoir mieux que personne. La Numidie qu’il vise, celle où ont dominé ces donatistes qu’il réfute, c’est le pays de plaines qui détend au Sud de Constantine, jusqu au pied du massif de l’Aurès. Par le nom de Gétulie, les anciens désignaient une zone intérieure, située entre les régions voisines du littoral et le Sahara. Les plaines méridionales du centre de la province de Constantine appartenaient à la Gétulie. Madauros (Mdaourouch, au Sud de Souk Ahras) était à la limite du pays Gétule et du pays numide[349] (il ne s’agit pas ici de la Numidie dans le sens administratif de ce mot). En Tunisie, Sicca (Le Kef) parait avoir été à proximité de la Gétulie[350].

Ce manque d’arbres sur de grands espaces ne doit pas être attribué à des déboisements que les hommes auraient exécutés pour se préparer des pâturages et des terrains de culture. Il y a dans l’Afrique du Nord des sols qui ne se prêtent pas à la végétation forestière[351]. Telles beaucoup de parties du centre de la province de Constantine et de la Tunisie, sur lesquelles s entend une sorte de carapace gypso-calcaire, due à l’évaporation d’eaux remontant par capillarité[352] : cette croûte, quand l’homme n’intervient pas pour la casser, est un obstacle au développement des racines des arbres. Telle aussi une bonne partie des steppes des provinces d’Alger et d’Oran, où existe une croûte analogue et où les pluies ne sont pas assez abondantes pour alimenter des arbres, même très peu exigeants. Telles les terres argileuses de beaucoup de vallées et de plaines, sols qui se dessèchent complètement pendant la saison d’été. Telles enfin les terres fertiles de l’Ouest du Maroc, qui ne forment qu’une mince couche, recouvrant un sous-sol pierreux compact[353]. Quand des écrivains arabes affirment qu’à la fin au VIIe siècle, des ombrages continus s’étendaient de Tripoli à Tanger[354], leur assertion ne peut pas plus être admise que les mots ager arbori infecundus de Salluste, même si l’on se souvient que ces auteurs veulent parler d’ombrages formés, non seulement par des forêts, mais aussi par des plantations d’arbres fruitiers[355].

Sur quelques points, la forêt a repris possession de terrains qui, à l’époque romaine, devaient être cultivés, car on y trouve des ruines enfouies dans des massifs d’arbres. Ce fait a été observé en Khoumirie et dans le Nord-Est de la province de, Constantine, entre Souk Ahras et la Calle[356], régions où des pluies abondantes développent la végétation et où les troupeaux, moins nombreux qu’ailleurs, ne l’empêchent pas de se reconstituer. On a de même constaté l’existence dans l’Aurès d’une ruine importante, aujourd’hui cachée en pleine forêt[357].

En revanche, parmi les textes anciens que nous avons cités, plusieurs nous font connaître des forêts qui ont disparu : celles qui entouraient Laribus, non loin du Kef[358] ; probablement aussi une grande partie de celles que Corippus signale dans le centre et le Sud de la Tunisie, qui sont aujourd’hui très peu boisés ; celles qui Hérodote et Strabon indiquent dans le voisinage de Lebda, à la colline des Grâces et au cap Misrata[359].

Le déboisement de la Berbérie a dû commencer dès les temps antiques. Si les hommes transformèrent en champs, de céréales beaucoup de sols dénudés ; ou couverts seulement de broussailles (lentisques, jujubiers, genêts, palmiers nains, etc.), s’ils y plantèrent même des arbres fruitiers, il est probable que l’agriculture agrandit aussi son domaine aux dépens des forêts, naturelles.

Aux époques d’insécurité antérieures à la paix romaine, des massifs montagneux servirent peut-être de refuges à des populations qui s’y sentaient mieux défendues que dans les pays plats contre les attaques brusques et le pillage : ce qui dut contribuer à la diminution des forêts.

Dans les premiers siècles de notre ère, l’agriculture reçut une impulsion vigoureuse ; des mesures législatives encouragèrent le défrichement. L’Afrique septentrionale était alors très peuplée ; au début du IIIe siècle, Tertullien écrivait, non sans emphase[360] : De riants domaines ont effacé les déserts, les plus fameux, les champs cultivés ont dompté les forêts, les troupeaux ont mis en fuite les bêtes féroces... Preuve certaine de l’accroissement du genre humain ! nous sommes à charge au monde... Partout retentit cette plainte : la nature va nous manquer ! En s’exprimant ainsi, le prêtre de Carthage devait surtout penser à son pays natal.

Par suite de la mise en valeur d’un grand nombre de terres fertiles, dans les plaines et dans les vallées, par suite de l’accroissement de la population, les régions montagneuses et forestières, où les indigènes, restés barbares, étaient refoulés, furent sans doute exploitées plus activement que par le passé. Le récit qu’Ammien Marcellin fait de la révolte de Firmus, à la fin du IVe siècle, atteste le fort peuplement de la Kabylie orientale, d’une partie des Babors, des pays qui bordent la vallée du Chélif, qui entourent Aumale[361]. Procope donne des indications analogues pour le massif de l’Aurès, au VIe siècle[362]. Ces indigènes se livraient soit à l’élevage, soit, quand le sol s’y prêtait, à l’agriculture. Dans les deux cas, ils devaient être tentés de s’attaquer à la forêt, comme à la broussaille, non seulement pour augmenter la surface des terres disponibles, mais aussi pour écarter les fauves, si nombreux, ennemis redoutables des hommes et des troupeaux. En beaucoup de lieux, la végétation naturelle ne subsista peut-être que sur les sols dont on ne pouvait pas tirer un parti plus avantageux.

Ajoutons aux causes de la diminution des forêts une exploitation probablement abusive. Pline constatait déjà la disparition de certains boisements de thuyas. Des documents du Bas-Empire indiquent, nous l’avons vu, que des quantités importantes de bois étaient expédiées à Rome. En Afrique même, la population, très dense, devait en consommer beaucoup pour la charpenterie, la menuiserie, le chauffage ; il fallait du charbon pour traiter les minerais dans des exploitations situées généralement en pays de montagne et de forêt[363].

Les incendies, accidentels ou prémédités, étaient sans doute fréquents, comme de nos jours[364]. Par les chaudes journées d’été, quand souffle le siroco desséchant, une étincelle suffit pour causer des dommages très étendus. Allumé à dessein, le feu préparait le sol pour la culture, en l’enrichissant de la potasse fournie par les cendres ; il mettait à la disposition du bétail, l’année suivante, une végétation herbacée vigoureuse et les jeunes pousses du recrû[365].

La destruction des forêts a pu aussi accompagner les maux qu’entraînaient les guerres, Corippus nous montre des indigènes révoltés brûlant les arbres en Byzacène[366]. Il est vrai qu’il s’agit surtout d’arbres fruitiers. On nous dit que, vers la fin du VIIe siècle, la fameuse héroïne berbère, la Kahena, fit couper partout les arbres qui, depuis Tripoli jusqu’à Tanger, formaient des ombrages continus[367]. Il y a là, certainement, une forte exagération. D’ailleurs, la Kahena voulait, assure-t-on, enlever des ressources aux envahisseurs arabes et les empêcher de faire du butin : si les ravages qu’on lui impute ont été véritablement commis, ils ont atteint les plantations d’arbres fruitiers, beaucoup plus que les peuplements forestiers[368]. Il parait donc inexact d’affirmer que les mesures ordonnées par la Kahena aient accru dans une proportion irréparable la dévastation des forêts africaines[369].

Quoi qu’il en soit, ces forêts avaient dû, depuis longtemps déjà, être fort éprouvées. A la fin du Ve siècle, les Vandales faisaient couper en Corse des arbres qui leur servaient à construire des navires[370] ; peut-être leur était-il difficile de trouver en Afrique les matériaux nécessaires.

Les progrès du déboisement ont été sans doute très grands depuis l’invasion hilalienne, qui, au XIe siècle, jeta sur l’Afrique du Nord des milliers de nomades et développa beaucoup la vie pastorale. L’introduction du bétail dans les forêts prospères présente peu d’inconvénients ; elle a même l’avantage de détruire le sous-bois, cause d’incendie[371]. Mais le berger, méconnaissant du reste ses véritables intérêts, est l’ennemi de la forêt, à laquelle il met le feu pour se procurer des pâturages. Elle se reconstitue assez facilement, surtout dans les pays humides du littoral, lorsqu’on la laisse en repos. Il n’en est pas de même des espaces où l’on introduit le bétail. Les moutons, par leur piétinement répété, durcissent le sol et empêchent l’éclosion des germes ; les bœufs écrasent les pousses ; les chèvres et les chameaux broutent les bourgeons naissants, les jeunes tiges avec leurs feuilles et leur écorce.

Les effets de l’invasion se firent sentir là même où les nomades ne pénétrèrent pas. Se retirant devant eux, des indigènes qui habitaient des plaines allèrent se réfugier dans des districts montagneux, dont ils accrurent la population ; il fallut y faire de la place, à l’agriculture aux dépens de la forêt.

On peut apprécier en Algérie les ravages commis dans les régions forestières depuis la conquête française ; Ils ont pour causes principales le pacage et les incendies. Ils sont manifestes dans les montagnes qui dominent les grandes plaines de la province de Constantine, au pied méridional de l’Aurès, dans l’Atlas de Blida, dans le djebel Amour, etc.[372] Les forêts de la Tunisie centrale sont aussi en décroissance. Il en est de même de celles du Maroc[373].

Mais l’œuvre de destruction qui se poursuit sous nos yeux date de loin. Sur beaucoup de points, elle se devine. Des forêts devaient s’étendre jadis sur des montagnes, aujourd’hui dépourvues de végétation, qui offrent les mêmes sols que des chaînes voisines, portant encore des arbres. Le djebel Mégris, entièrement dénudé, dit M. Ficheur[374], présente la même constitution (grès medjaniens) que le Tamesguida et les crêtes boisées de la région de Djidjeli, à trente kilomètres au Nord... Dans tous les chaînons disséminés sur les plateaux, de Sétif à Aïn Beïda, ce sont les calcaires du crétacé inférieur qui forment ces crêtes mamelonnées ou ces croupes entièrement dénudées, que l’on voit passer progressivement vers le Sud à des montagnes boisées, de constitution et d’allures identiques, dans les Ouled Sellem et le Bellezma[375]. En général, il est impossible de fixer l’époque de ces déboisements[376]. Ils se sont certainement répartis sur une période très longue, qui commença sans doute aux temps antiques. La reconstitution de certaines forêts n’a pas pu compenser les pertes, qui se sont aggravées de siècle en siècle, qui sont presque irréparables dans les régions de l’intérieur, plus sèches et plus peuplées de bétail que le littoral.

En plaine et sur les pentes douces, la disparition de la végétation naturelle donne aux hommes les terrains de culture qui leur sont nécessaires. Elle a ailleurs des conséquences fâcheuses. Pourtant il faut se garder de les exagérer. Nous ne pensons pas que les forêts aient une grande influence sur la formation des pluies. Elles ne paraissent pas favoriser autant qu’on l’a dit l’alimentation des sources. Les arbres arrêtent une bonne partie de l’eau du ciel que reprend l’évaporation produite par le soleil ou par le vent. Quant à celle qui parvient au sol, elle est assurément moins exposée à s’évaporer que dans les surfaces découvertes, mais elle est souvent accaparée par le terreau et par les mousses, qui s’en imbibent, par les racines des arbres, auxquelles elle suffit à peine dans beaucoup de lieux de l’Afrique septentrionale. La terre en absorbe beaucoup moins que la forêt n’en reçoit[377].

Ce qui est certain, c’est qu’en pays de montagne, le revêtement du sol, forêt ou broussaille, atténue beaucoup le ruissellement. A cet égard, le déboisement a été un mal : personne ne saurait le contester. On peut cependant en diminuer les inconvénients et les dangers, en établissant sur les pentes des terrasses superposées, portant des cultures. Les anciens ont souvent pratiqué ce mode d’aménagement des sols accidentés.

Des remarques qui précédent, nous pouvons conclure que, dans l’antiquité comme de nos jours, il y avait en Berbérie de vastes régions dénudées, où la constitution du sol et le climat ne se prêtaient pas à la végétation arbustive. Il y avait aussi dans cette contrée des forêts étendues. Elles étaient probablement plus nombreuses qu’aujourd’hui[378]. Dans quelle mesure ? nous l’ignorons. Le déboisement avait commencé dès cette époque, mais ses effets, funestes sur les terrains montagneux, furent combattus en maints endroits par le travail de l’homme.

 

 

 



[1] Voir surtout A. Pomel, Carte géologique de l’Algérie, Paléontologie ; Monographies (Alger, 1893-1897) cf. le compte rendu de cette publication par Boule, dans l’Anthropologie, X, 1899, p. 303-371. Boule, ibid., XI, 1900, p. 6-14.

[2] Stations de Ternifine, d’Aboukir, du lac Narar, dans le département d’Oran (Industrie paléolithique ancienne) : Pomel, Éléphants quaternaires, p. 42-50, pl. VI-X, XII, XIII ; Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’homme, XXII, 1888, p. 232 ; Boule, dans l’Anthropologie, XI, p. 6-7. — A Ternifine, Pomel (l. c., p.18-19, pl. I, fig. 2) a cru reconnaître une autre espèce d’éléphant, d’après un fragment d’une petite môlaire, en mauvais état.

[3] Ternifine ; lac Karar : Pomel, Hippopotame, p. 12-27, pl. V-XII ; Boule, l. c., p. 10-11. — Grotte d’Aïn Turk, près d’Oran, et grotte des Bains-Romains, près d’Alger (époque plus récente) : Pallary, Bulletin de la Société d’anthropologie de Lyon, XI, 1892, p. 295 ; Ficheur et Drives, Comptes rendus de l’Académie des Sciences, CXXX, 1900, p.1486. M. Flamand (Association française pour l’avancement des sciences, Ajaccio, 1901, II, p. 730) signale encore l’hippopotame dans une grotte de Mustapha-Supérieur (Alger), avec une industrie qui paraît néolithique.

[4] Ternifine ; Aboukir ; lac Karar : Pomel, Rhinocéros quaternaires, pl. I, IV, XI ; Boule, l. c., p. 7-9. — Avec une industrie paléolithique plus récente, dans diverses grottes : à Aïn Turk (Pomel, l. c., p. 41-43, pl. III et 1V), à Oran (Pomel, p. 40 ; Pallary et Tommasini, Association française, Marseille, 1891, II, p. 643), aux Bains-Romains (Ficheur et Drives, l. c., p. 1487), à Constantine, grotte dite des Ours (Pallary, Recueil de Constantine, XLII, 1908, p. 150-1), à la Mouillah, dans le département d’Oran (Barbin et Pallary, Bull. d’Oran, 1910, p. 871). On a retrouvé aussi le rhinocéros dans des escargotières du Sud-Ouest de la Tunisie : Gobert, dans Bull. de la Société préhistorique de France, 24 nov. 1910.

[5] Ternifine (douteux) : Pomel, Carnassiers, p. 8 ; pl. VII.

[6] Constantine, grotte des Ours : Pallary, l. c., p. 155.

[7] Abris de la Mouillah (indication de M. Pallary).

[8] Ternifine ; Pomel, Carnassiers, p. 12, pl. III. — Constantine, grotte des Ours : Pallary, l. c., p. 153-6.

[9] Constantine, grotte des Ours : Pallary, l. c., p. 154 ; même lieu, grotte du Mouflon : Debruge, Association franç., Lille, 1D09, 11, p.821. M. Pallary observe que les os d’ours trouvés dans la première de ces grottes ne sont pas brisés, que, par conséquent, l’homme ne les a pas utilisés pour sa nourriture. L’ours a dû vivre dans la caverne à une époque où elle n’était pas occupée par des hommes, peut-être dans des temps antérieurs. — Les ossements de félins, de chacals, d’hyènes qu’on rencontre dans les cavernes ont pu aussi appartenir à des animaux qui les habitèrent dans des périodes où les hommes n’y séjournaient pas.

[10] Ternifine ; lac Karar : Pomel, Suilliens, p. 12 et suiv., pl. II ; Boule, l. c., p. 11. Grotte des Ours, à Constantine : Pallary, l. c., p. 152. Escargotière d’Aïn Mlila, dans le département de Constantine : Pomel, l. c., p. 17.

[11] Station moustérienne de l’oued Temda, dans le Dahra : Pallary, Association française, Tunis, 1896, II, p. 762.

[12] Lac Karar : Boule, l. c., p. 9-10. Même espèce a Ternifine : Pomel, Équidés, p. 10 et suiv., pl. III-VII (Pomel croit qu’il s’agit d’un cheval, qu’il appelle Equus mauritanicus). — Constantine, grotte des Ours : Pallary, Recueil de Constantine, XLII, p. 151-152. Abris de la Mouillah, où le zèbre est très abondant : Barbin et Pallary, Bull. d’Oran, 1910, p. 80. Escargotières de la région de Tébessa et du Sud-Ouest de la Tunisie : Pallas, Recueil de Constantine, XLIV, 1910, p.100.

[13] Ternifine : Pomel, Caméliens et cervidés, p. 14 et suiv., pl. III-IV ; Pallary, Bull. de la Société géologique de France, 1900, p. 900. Il était de plus grande taille et d’une membrure plus forte que le chameau actuel. Pomel n’a pu l’identifier avec aucune espèce vivante ; Boule (dans l’Anthropologie, XII, 1901, p. 694) pense, au contraire, qu’il est identique au dromadaire. — Le chameau a été aussi signalé dans la grotte d’Ain Turk : Pallary, Bull. de la Société d’anthropologie de Lyon, XI, p. 295.

[14] Ternifine : Pallary, Bull. de la Soc. géologique, l. c., p. 908. — La girafe figure peut-être dans la faune d’une grotte de Mustapha-Supérieur (Alger), habitée par l’homme à une époque plus récente : Flamand, Association française, Ajaccio, 1901, II, p. 730.

[15] Lac Korat : Boule, l’Anthropologie, XI, p. 11 (molaire d’un cerf, apparenté au cerf actuel). — Grotte des Bains-Romains (Alger) : Ficheur et Drives, l. c., p. 1486 (Cernas pachygenys de Pomel ?). Grotte des Ours à Constantine (douteux) : Recueil de Constantine, XLII, p, 153. Abris de la Mouillah : Bull. d’Oran, 1910, p. 16. On a trouvé aussi des restes de cerfs dans les escargotières du département de Constantine et du Sud de la Tunisie.

[16] Aboukir : Pomel, Antilopes Pallas, p. 14, pl. V. — Dans des grottes : à Oran (Doumergue, Association française, Pau, 1892, II, p. 624), aux Bains-Romains (Ficheur et Drives, l. c., p. 1486), à Constantine, grotte des Ours (Recueil de Constantine, XLII, p.153), à la Mouillah (Bull. d’Otan, 1910, p. 80). Dans des escargotières du département de Constantine : à Aïn Mlila (Thomas, Bull. de la Société zoologique de France, VI, 1881, p.120 ; Pomel, l. c., p.12 et pl. XIII) ; aux environs de Tébessa (Recueil de Constantine, XLIV, p. 100).

[17] Lac Karar : Boule, l. c., p. 13 (il pense qu’il s’agit soit de l’Alcelaphus bubalis, qui vit encore en Berbérie, soit de l’Alcelaphus caama du Sud de l’Afrique). Aboukir, et peut-être Ternifine : Pomel, Bosélaphes Ray, p. 27 et suiv., p. 321 et suiv., pl. IV, VI, X. — Grotte des Bains-Romains : Ficheur et Drives, l. c. Grotte des Ours, à Constantine : Recueil de Constantine, XLII, p. 154. Abris de la Mouillah : Bull. d’Oran, 1910, p. 80. Escargotières de la région de Tébessa : Recueil de Constantine, XLIV, p. 100.

[18] Ternifine ; Aboukir ; lac Karar : Pomel, Bosélaphes Ray, p. 9 et suiv., pl. I-III ; Boule, l. c., p. 11-12, — Grotte des Bains-Romains : Ficheur et Drives, l. c. Grotte des Ours : Recueil de Constantine, XLII, p. I534. Abris de la Mouillah : ibid., XLII, p. 154. Escargotières de la région de Tébessa : ibid., XLIV, p. 100. — Peut-être encore dans la grotte de Mustapha-Supérieur : Flamand, l. c.

[19] Lac Karar : Boule, l. c., p. 12 (molaire d’un ovidé indéterminé). Ternifine : Pomel, Ovidés, p. 22, pl. XI (tronçon de mandibule d’ovidé) : — Grotte des Ours Pallary, Recueil de Constantine, XLII, p. 154 (mouflon).

[20] Ce nom a été emprunté à Hérodote (IV, 183). Mais il n’est nullement prouvé que le bœuf indiqué par l’historien grec soit celui qu’on trouve dans les stations primitives ; Pomel lui-même le reconnaît (Bœufs-taureaux, p. 15, 21-25). Thomas avait appelé ce boeuf Bos primigenius maurtianicus (Bull. de la Société zoologique de France, VI, 1881, p. 125).

[21] Aboukir : Pomel, l. c., p.15 et suiv., pl. I-IV, VI-VIII, X, XVIII. Peut-être au lac Karar : Boule, l. c., p. 12-13. — Grotte d’Aïn Turk : Pomel, p. 55, pl. IX ; Pallary, Bull. de la Société d’anthropologie de Lyon, XI, p. 205. Grotte des Bains-Romains : Ficheur et Drives, l. c. Grotte des Ours : Recueil de Constantine, XLII, p. 1545. Abris de la Mouillah : Bull. d’Oran, 1910, p. 80. Escargotières du département de Constantine et du sud de la Tunisie : Thomas, l. c., p. 125-6 ; Pallary, Recueil de Constantine, XLIV, p.100.

[22] Dürst, dans l’Anthropologie, XI, 1900, p. 147 et suiv.

[23] Ternifine ; Aboukir : Pomel, l. c., p. 95 et suiv., pl. XV et XVII. — Peut-être à la grotte des Ours : Recueil de Constantine, XLII, p. 153.

[24] Les ossements de bovidés ne sont pas toujours, on le comprend, faciles à classer avec précision. Voir Boule, l. c., p.12 (lac Karar) ; Barbin et Pallary, Bull. d’Oran, 1910, p. 80 (abris de la Mouillah) ; Pallary, Recueil de Constantine, XLIV, p. 100 (escargotières de la région de Tébessa).

[25] Bulletin d’Oran, 1910, p. 80 (abris de la Mouillah). Recueil de Constantine, XLIV, p. 100 (escargotières de la région de Tébessa).

[26] Trouessart, La faune des mammifères de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, dans Causeries scientifiques de la Société zoologique de France, I, 1905, p. 358. Boule, dans l’Anthropologie, XVII, 1900, p. 274, 283.

[27] Ajouter l’Elephas africanus, le macaque, le serval, le chat ganté. Pour le Bos opisthonomus, voir plus haut, note 22.

[28] Boule, dans l’Anthropologie, X, 1899, p. 371.

[29] Polybe (XII, 3, 5) observe que la Libye nourrit quantité d’éléphants, lions, panthères, antilopes, autruches, animaux qui n’existent pas eu Europe, Hérodote (IV, 192) énumère une série d’animaux qui vivent dans le pays des Libyens nomades et qui sont, dit-il, propres à ce pays.

[30] Cf. Cosson, le Règne végétal en Algérie (Paris, 1870), p. 57.

[31] On a recueilli aussi des ossements de cet oiseau dans des grottes d’Oran : Doumergue, Association française, Pau, 1892, II, p. 623.

[32] Grotte du Grand-Rocher, prés d’Alger : Pomel, Carnassiers, p. 8, pl. IX (lion ?). Grotte voisine d’Oran : ibid., p. 11 et 12. Grotte de Saida, dans le département d’Oran : Doumergue et Poirier, Bull. d’Oran, 1894, p. 109-110 (lion, caracal, serval). Grotte de Mustapha-Supérieur : Flamand, Association française, Ajaccio, II, p. 730 (panthère). Grotte de Bougie : Doumergue, ibid., Cherbourg, 1903, II, p. 630 (lion).

[33] Grand-Rocher ; Mustapha-Supérieur : Pomel, l. c., p. 13, 15, pl. V-VII. Saïda : Bulletin d’Oran, 1894, p. 100.

[34] Grand-Rocher : Pomel, l. c., p. 28. Mustapha-Supérieur : Association, l. c. Saïda : Bull. d’Oran, l. c. Grottes d’Oran : p. ex. Bull. de la Société d’anthropologie de Lyon, XI, 1892, p. 300.

[35] Grottes d’Oran et de Saïda : Association française, Marseille, 1891, II, p. 643 ; Bull. d’Oran, l. c. Pour la présence de ces divers animaux dans les grottes, cf. l’observation faite note 9.

[36] Grand-Rocher ; Mustapha-Supérieur ; grottes d’Oran : Pomel, Suilliens, p. 13, 17, 22, 23, 24, 26, pl. III, IV, VIII. Saïda : Bull. d’Oran, l. c., p. 111, etc.

[37] Mustapha-Supérieur ; Oran (grotte dite du Polygone) : Pomel, l. c., p. 29 et suiv., pl. IX-X.

[38] Les ossements d’équidés sont en général peu déterminables. Pomel (Équidés, p. 26) indique au Grand-Rocher son Equus mauritanicus, qui est probablement un zèbre. Cf. à la grotte de Mustapha-Supérieur : Association française, Ajaccio, II, p. 7311. — Nous reparlerons des équidés quand nous étudierons les animaux domestiques (livre II, chapitre II).

[39] Grottes du Grand-Rocher, de Mustapha-Supérieur, de Fort-de-l’Eau : Pomel, Caméliens et cervidés, p. 6-9, pl. I. Grotte de Saïda : Bull. d’Oran, 1894, p. III. Le dromadaire a été aussi trouvé à l’oued Seguen, entre Constantine et Sétif : Pomel, l. c., p. 11-12 pl. II. Cf. Flamand, dans l’Anthropologie, VIII, 1897, p. 201-2, Boule, ibid., X, 1899, p. 361.

[40] Grand-Rocher ; Mustapha-Supérieur : Pomel, l. c., p. 44, pl. VII ; Association française, Ajaccio, II, p. 730.

[41] Grottes de Mustapha-Supérieur, d’Oran, de Saïda : Association, l. c. ; Pomel, Antilopes Pallas, p. 14, 23, pl. II, V, X ; Pallary et Tommasini, Association française, Marseille, 1891, II, p. 643 ; Bull. d’Oran, 1891, p. 113. Abri de Redeyef (Sud-Ouest de la Tunisie) : Gobert, dans l’Anthropologie, XXIII, 1912, p. 167.

[42] Difficiles à déterminer. Grottes du Grand-Rocher, de Mustapha-Supérieur, d’Oran, de Saïda : Pomel, l. c., p. 37, 38, 39, 41, pl. VI et X ; Association française, Ajaccio, l. c. ; ibid., Pau, 1892, II, p. 617 ; Bull. d’Oran, l. c.

[43] Grand-Rocher ; Mustapha-Supérieur ; Oran ; Saïda : Pomel, Bosélaphes Ray, p. 31, 32, 36, 38, 41, 43, pl. IV, VII-X ; Association française, Ajaccio, l. c. ; ibid., Marseille, l. c. ; Bull. d’Oran, l. c. Abri de Redeyef : Gobert, l. c.

[44] Grotte de Bougie : Debruge, Association française, Cherbourg, 1903, II, p. 631. Grotte du Mouflon, à Constantine : ibid., Lille, 1909, II, p. 821.

[45] Grottes d’Oran : Pomel, Ovidés, p. 7, II, pl. VI, VII, Grotte de Mustapha-Supérieur : Association, Ajaccio, l. c. On a trouvé aussi le mouflon [et non le bouquetin] dans un abri de Redeyef : Revue de l’École d’anthropologie, XX, 1910, p.271-2 ; Gobert, l. c.

[46] M. Grottes d’Oran, de Saïda, de Mustapha-Supérieur : Pomel, Bœuf-taureaux, pl. II-V, VII ; Bull. d’Oran, 1894, p. 112 ; Association, Ajaccio, l. c. Station d’Arhal, près d’Oran : Doumergue, dans Association, Nantes, 1898, II, p. 573.

[47] Bos curvidens (?), à Saïda : Bull. d’Oran, 1894, p. 112-3. — Nous reviendrons sur les ovidés et les bovidés dans l’élude des animaux domestiques.

[48] Grottes du Grand-Rocher et de Mustapha-Supérieur : Pomel, Bubalus antiquus, p. 76, pl. IX ; Association, Ajaccio, l. c. Probablement dans des grottes d’Oran : Pomel, l. c., p. 77. — Le Bubalus antiquus n’a pas encore été rencontré avec certitude dans les stations paléolithiques : Pomel, l. c. (cf. Boule, dans l’Anthropologie, XI, 1900, p. 12). M. Flamand (Recherches sur le Haut-Pays de l’Oranie, p. 720) dit, il lit vrai, que les gisements incontestables du Babulus antiquus sont, dans le Tell algérien et dans le Haut-Pays, tous pleistocénes récents, que les restes de ce buffle n’ont jamais été rencontrés dans des dépôts actuels ; c’est même un de ses principaux arguments pour attribuer une très haute antiquité aux gravures rupestres, sur lesquelles le Bubalus est très fréquent. Il faudrait tirer cette question au clair.

[49] Pomel, l. c., p. 7, 69, 71.

[50] Pomel, l. c., p. 6, 70.

[51] Dürtz, dans l’Anthropologie, XI, 1900, p. 126 et suiv. Pomel (p. 61 et 89) nie cette identité.

[52] Gsell, Monuments antiques de l’Algérie, I, p. 47-48. — Pomel (Boséphales Ray, pl. XI, fig. 3) a cru reconnaître des ganus : opinion qui ne semble pas fondée.

[53] Gsell, l. c., p. 41-47. Gautier, Sahara algérien, p. 87 et suiv. J’ai pu consulter des photographies et des dessins exécutés ou recueillis depuis de longues années par M. Flamand, qui les a mis libéralement à ma disposition.

[54] Tissot, Géographie de la province romaine d’Afrique, I, p. 372, fig. 41. Pomel, Eléphants quaternaires, pl. XIV et XV. Flamand, dans l’Anthropologie, III, 1892, p. 1411, fig. 1. Etc. — Il y a peut-être aussi des éléphants sur des gravures de la région de Constantine : Bosco et Solignac, Recueil de Constantine, XLV, 1911, III, IV et V, aux p. 338 et 340.

[55] L. c., p. 61, 65, 67. À mon avis, les gravures ne permettent pas de dire avec précision quelle était la conformation des oreilles des éléphants ; rien ne prouve qu’elle ait été différente de celle que nous observons sur des images d’éléphants des temps historiques.

[56] Flamand, Bull. de la Société d’anthropologie de Lyon, XX, 1901, p. lut et suiv., et figures ; le même, apud Pomel, Babulus antiquus, pl. X. Gautier, l. c., fig. aux p. 91 et 93.

[57] Le cerf est représenté à Guebar Hechim.

[58] Pomel, Antilopes Pallas, pl. XV, fig. 5-7. Gautier, p. 90, fig. 18, n° 3.

[59] Antilope addax : Gautier, ibid., n° 1. Pomel (l. c., fig. 1-4) a reconnu l’oryx leucoryx : ce qui me parait admissible (Gautier, p. 113, en doute). La même antilope paraît être représentée sur une gravure signalée à l’Est de Constantine par MM. Rosco et Solignac, Recueil de Constantine, XLV, 1911, pl. III, à la p. 330 (cf. p. 337). — L’alcélaphe (antilope bubale) serait figurée à Taxina, selon Pomel (Bosélaphes Ray, pl. XI, fig. 7-8) : opinion très contestable (cf. Boule, dans l’Anthropologie, X, 1890, p. 565). Je reconnaîtrais volontiers cet animal à Moghar (Bonnet, Revue d’ethnographie, VIII, 1889, p. 131, fig. 2), — Il y a peut-être des antilopes de l’espèce dite moher, ou nanguer, sur des gravures sahariennes : Flamand, Bull. de géographie historique, 1903, p. 201, pl. X, n° 8. — Pomel (l. c., fig. 1) croit que le gnou est représenté à Moghar. C’est plus que douteux (Gautier, p. 93).

[60] Maumené, Bull. archéologique du Comité, 1901, p. 304, fig. 4 ; cf. Delmas, Bull. de la société dauphinoise d’ethnologie et d’anthropologie, IX, 1902, p. 144. Flamand, Bull. de la Société d’anthropologie de Lyon, XX, p. 194.

[61] Voir plus loin, livre II, chap. II.

[62] Elle est très douteuse à Tyout, à Moghar et à El Hadj Mimoun, où elle a été signalée (pour Moghar, voir Bonnet, Revue d’ethnographie, l. c., p. 150 et p.153, fig. 6 ; Flamand, Bull. de la Soc. d’anthr., de Lyon, XX, p. 100, fig, IV, n° 5), mais certaine à Guehar Hechim. On la retrouve sur des gravures du Sud du Maroc (Duveyrier, Bull de la Société de géographie de Paris, 1870, II, p.136 et pl. n° 48 ; Douls, ibid., 1888, p. 456), et probablement à Barrebi, sur la Zousfana ; au Sud-Ouest de Figuig (Duvaux, Bull. d’Oran, 1091, p. 310 et pl. IV. fig. 8 : gravure qui pourrait être de date relativement récente). Elle apparaît aussi à l’oued Taghit, dans l’Ahnet, en plein Sahara : Gautier, l. c., p. 104 ; fig. 21, n° C, si la p. 103. Une girafe est peinte sur un rocher, dans le Sud du djebel Amour (Maumené, Bull. archéologique du Comité, 1901, p. 306 et pl. XXV, fig. 10). Cette image est peut-être plus récente que les gravures préhistoriques de la même région. — Sur une gravure de la région de Figuig, Mme de la Rive a cru reconnaître l’okapi, animal vivant actuellement dans l’Ouganda : de Saussure, dans l’Anthropologie, XVI, 1905, p. 110-120. Cette identification parait hasardée (cf. Gautier, l, c., p. 96). — Le rhinocéros a été reconnu sur une gravure du Sud du Maroc : Duveyrier, l. c., p.132, et pl., n° 42 ; cf. Pomel, Éléphants quaternaires, p. 60. Je doute fort de l’hippopotame, signalé au Sud du Maroc (Douls, l. c.), à Tyout et à Moghar (cf. Bonnet, l. c., p. 150 et 156). — Pomel voit un singe sur une gravure du Sud oranais (Singe et homme, p. 11 ; pl. II, fig. 9) ; mais c’est peut-être un homme dans une posture bestiale.

[63] Il peut avoir survécu plus ne Sud, peut-être dans la région de la Saguia el Hamra. Strabon XVII, 3, 5) mentionne, d’après Hypsicrate (ou Iphicarte), dans le pays des Éthiopiens occidentaux, des animaux, appelés rhizes (τούς χαλουμένυς) qui, par leur aspect, ressemblent à des taureaux, mais qui, par leur genre, de vie, leur taille et leur ardeur belliqueuse, rappellent les éléphants.

[64] A Ghirza, en Tripolitaine, des bas-reliefs d’époque tardive représentent des girafes : Méhier de Mathuisieux, dans Nouvelles Archives des missions, XII, 1904, p.23.

[65] Un chroniqueur, Jean de Bichar, raconte qu’en 573, les Maccuritae envoyèrent à Constantinople des députés, qui offrirent à l’empereur des défenses d’éléphant et une girafe (dans Mommsen, Chronica minora, II, p. 213). On s’est demandé (Mommsen, l. c., note à la p. 213 ; Diehl, l’Afrique byzantine, p. 328) si cette tribu détail pas identique à celle indiquée par Ptolémée (IV, 2, 5) en Maurétanie Césarienne : ceux-ci vivaient peut-être dans le voisinage de la vallée du Chélif (voir Cat, Essai sur la province romaine de Maurétanie Césarienne, p. 76 ; C. I. L., VIII, 21492). La girafe mentionnée aurait pu être capturée non loin de là, dans les steppes de la province d’Alger, ou plus au Sud (dans le djebel Amour et dans le Nord du Sahara, des images rupestres représentant des girafes ne sont peut-être pas préhistoriques ; cf. p. 107, n. 8). Mais le rapprochement entre les Maccuritae et les Μαχχοΰραι est incertain ; quand même il ferait fondé, on pourrait supposer que l’animal avait été amené du Soudan, d’où venaient sans doute les défenses d’éléphant. — En tout cas, si la girafe existait encore dans l’Afrique septentrionale aux époques romaine et byzantine, elle devait y être rare. Les Romains virent, pour la première fois une girafe en 40 avant J.-C., un siècle après leur établissement en Afrique, et cet animal fut amené d’Alexandrie ; Friedlænder, Sittengeschichte Rome, II, p. 495 de la 5e édition.

[66] Livre II, chap, II. — Tissot (Géographie de la province romaine d’Afrique, I, p. 321-383) a donné des indications, d’ailleurs bien incomplètes, sur la faune de l’Afrique du Nord dans l’antiquité.

[67] Hérodote, IV, 194 : les Gyzantes (peuplade de la Tunisie) mangent des singes, (πιθηχοφαγέουσι), qui existent en très grand nombre dans leurs montagnes. — Diodore de Sicile, XX, 38, 3 : à la fin du quatrième siècle, dans une expédition à l’intérieur des terres, Eumaque, lieutenant d’Agathocle, traversa un pays où les singes abondaient et vivaient familièrement avec les hommes ; il y avait là trois villes, appelées d’après le nom de ces animaux (en grec Πιθηχούσσαι). Le Périple de Scylax (§ III : Géogr. gr. min., I, p. 90) mentionne, au quatrième siècle, un autre lieu, appelé de même, avec un port, et, en face, une Île avec une ville. Ce lieu était situé entre Bizerte et Philippeville : peut-être à Tabarca. De son côté, Étienne de Byzance indique un port eu Libye dans la région de Carthage. — Plaute, Poenatus, 1074 : singe apprivoisé, à Carthage. — Athénée, XII, 16, p. 518, c, citant Ptolémée Évergète : mention de gens qui venaient acheter des singes en Afrique, au temps de Masinissa. — Strabon, XVII, 3, 4 : la Maurusie (Maroc actuel) abonde en singes. Strabon ajoute que Posidonius, abordant sur le littoral, lors d’un voyage de Gadès en Italie, en vit un grand nombre dans une forêt, spectacle qui le divertit beaucoup. — Mamilius, IX, 600 : il indique en Afrique des cercopes, mot fort mal choisi, puisqu’il désigne des singes à queue (chez les magots la queue est très rudimentaire). — Juvénal, X. 103-5 : singes des forêts de Thalbenca (Tabarca). — Lucien, Dipsad, 2 : dans le désert, dit-il. — Élien, Nat. anim., V, 54 : ruse des panthères en Maurusie peur prendre des singes. — Anthologia latina, édit. Riese, p. 267, n° 330 : singe savant à Carthage, à l’époque vandale. — Isidore de Séville, Etymol., XIV, 5, 12: singes en Maurétanie Tingitane. — Sur une stèle punique de Carthage, on voit un singe grimpant à un palmier : Comptes rendus à l’Académie des Inscriptions, 1885 p. 102. Les singes représentés sur deux mosaïques d’Oudna (Gauckler, Inventaire des mosaïques de Tunisie, n° 392 et n° 381 = Monuments Piot, III, p. 218, fig.12) ne sont pas des singes de Berbérie, car ils sont pourvus d’une longue queue.

[68] Et aussi, me dit M. Brives, dans le Haut-Atlas.

[69] Hérodote, Juvénal et probablement Diodore de Sicile, ll. cc. — Il y en avait peut-être aussi en Cyrénaïque. Un de ces animaux se voit sur une coupe du sixième siècle représentant un roi de Cyrène, Arcésilas : Perrot, Histoire de l’Art, IX, pl. XX (à la p. 494).

[70] Hannon, Périple, 7 (Geogr. gr. min., I, p. 6). Hérodote, II, 32 ; IV, 174 ; IV, 181 ; IV, 101. Aristote, Hist. Animalium, VIII, 28 (27), 7. Polybe, XII, 3, 5. Diodore, IV, 17, Strabon, XVII, 3, 4 ; XVII, 3, 6 ; XVII, 3, 15. Vitruve, VIII, 3, 24. Pomponius Méla, I, 21. Pline, V, 9 ; V, 15 ; V, 22 ; V, 26. Appien, Lib., 71. Élien, Nat. Anim., VIII, 5. Solin, XXVI, 2 ; XXVII, 12 Isidore de Séville, Etymol., 5, 9 et 12.

[71] Strabon, II, 5, 33 ; XVII, 3, 4 et 15. Méla, I, 21. Salluste (Jugurtha, XVII, 6) parle des indigènes qui bestiis interiere. Voir encore Virgile, Géorgiques, III, 245-9.

[72] Strabon le remarque déjà (II, 5, 33). Cf. Friedlænder, l. c., II, p. 355 (5e édition).

[73] Salluste, Jugurtha, VI, t ; LXXXIX, 7. Strabon, II, 5, 33. Méla, I, 41. Élien, Nat. anim., XIV, 5. C. l. L., VIII, 212 (l. 29). 17938. Les mosaïques représentant des scènes de chasse sont très fréquentes dans l’Afrique romaine : voir aux index des inventaires des mosaïques de Tunisie et d’Algérie, par Gauckler et de Pachtere, s, v. Chasse.

[74] Diane est qualifiée de victrix ferarum sur une inscription de Maurétanie : C. I. L., VIII. 9831.

[75] Friedlænder, l. c., p. 348 et suiv., 400 et suiv.

[76] Voir, par exemple, pour l’Italie, Pline le Jeune, Lettres, VI, 34 (Vérone) ; C. I. L, IX, 2350 ; ibid., X, 530 (Salerne). Pour Gadès : Columelle, VII. 2, 4. Pour Carthage : Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions, 1910, p. 135-6 ; Passion de sainte Perpétue, 19-21 ; Audollent, Defixionum tabellae, n° 247 ; 250, 252, 253. Pour Rusicade : C. I. L., VIII, 7960. Etc.

[77] Res gestae Divi Augusti (Mommsen, 2e édition, p. 94), IV, 39 et suiv.

[78] Tite-Live, XXXIX, 22 (en 186) ; XLIV, 18 (en 160). Plaute, Poenulus, 1011.

[79] Cassiodore, Chronique, année 1364 (en 519).

[80] Histoire Auguste, Gordiani tres, III, 6 ; Ibid., Aurélien, XXXIII, 4. C. I. L., X, 549. Cf. Symmaque, Lettres, VII, 122 (Libycae, pris substantivement). — Dion Cassius, LIII, 27 ; LIV, 26 ; LIX, 7 ; LX, 7 ; Plutarque, Sylla, 5.

[81] Pline, XXXVI, 40 (ferae africanae). Varron, Rust., III, 13, 3 ; Res gestae Divi Augusti, l. c., ; C. I. L., IX, 2350 (bestiae africanae).

[82] Caclius, apud Cicéron, Lettres, VIII, 8, 10 ; VIII, 9, 3. Tite-Live, XLIV, 18, Pline l’Ancien, VIII, 64. Pline le Jeune, Lettres, VI, 34. Suétone, Caligula, 18 ; Claude, 21. Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions, 1910, p.136. Cf. Thesaurus lingude latinae, I, p. 1262.

[83] Pline, V, 22.

[84] Hérodote, IV, 191. Polybe, XII, 3, 5. Salluste, Jugurtha, VI, 1. Plutarque, Pompée, 12. Virgile, Bucoliques, V, 27 ; Énéide, IV, 159. Horace, Odes, I, 22, 13-10. Ovide, Ars amat., I, 183. Manilius, IV, 664. Strabon, XVII, 3, 4 ; XVII, 3, 5 ; XVII, 3, 7. Sénèque, Brevitae Vitae, XIII, 6. Lucain, IV, 685-6 ; IX, 947. Pline, VIII, 42 ; VIII ? 53, 1-2 ; IX, 71, I. Stace, Silves, II, 5, 8. Lucien, Quomodo historia conscibenda sit, 28. Oppien, Cyneg., III, 35 et suiv. Élien, Nat. Anim., III, 1 ; VII, 23 ; XVII, 27. Athénée, XV, 20, p. 677, c. Salin, XXVII, 12. Claudien, Bell. Gildon., 358 ; Cons. Stilich., III, 333 et suiv. Saint Augustin, De Genesi ad litteram, XII, 22, 47 ; Enarr. In psalm, XXXVII, 15, C. I. L., VIII, 21567 (B, I, 12).

[85] Monnaies de Juba Ier et de Juba II : Müller, Numismatique de l’ancienne Afrique, III, p. 43, n° 58, p. 103, n° 21, p. 107, n° 75 ; Revue numismatique, 1908, pl. XIII, fig. 15. — Une tête de lion se voit sur des monnaies frappées en Afrique par Clodius Macer, en 68 après J.-C. : Cagnat, Armée romaine d’Afrique, 2e édit., fig. II p. 143.

[86] Cohen, Monnaies impériales, 2e édit., II, p. 117, n° 149, 152 ; III, p. 235, n° 69 et figure ; IV, p. 6, n° 25, p. 52, n° 403 ; VI, p. 590, n° 65, p. 503, n° 91, p. 504, n° 106 ; etc. Cf. Helbig, Wandgemäle de Städe Campaniens, n° 1116 (peinture). — Une monnaie frappée par les Pompéiens en Afrique, au milieu du premier siècle avant notre ère (Babelon, Monnaies consulaires, I, p. 280, n° 51 ; cf. II, p. 135, n° 21), et des statues en terre cuite de Bir bou Rekba, en Tunisie (Merlin, le Sanctuaire de Baal et de Tanit près de Siagu, p. 44-47, pl. III) représentent une déesse à la tête de lion, qu’on croit être le Génie de la terre d’Afrique. Mais l’explication G(enius) T(errae) A(fricae), qu’on a donnée des sigles qui accompagnent l’image de la monnaie, me parait bien hasardée.

[87] Nat. Anim., XVII, 27.

[88] Apud Pline, VIII, 47. On connaît l’usage que Flaubert a fait de cette indication dans Salammbô.

[89] Sur la chasse aux lions et les manières dont on les capturait en Afrique, voir Lucain, IV, 685-6 ; Pline, VIII, 54 ; Oppien, Cyneg., IV, 77 et suiv. ; Claudien, Cons. Stilich., III, 330-341 ; ainsi que des mosaïques ; Gauckler, Invent. Tunisie, n° 6917, 672, 753 ; de Pachiere, invent. Algérie, n° 45 (= Mélanges de l’École de Rome, XXXI, 1911, p. 337, pl. XIX-XX), 346, 422.

[90] Une ordonnance de l’année 414 (Code Théodosien, XV, II, 1) permit aux particuliers de tuer les lions (la chasse au lion était un droit régalien).

[91] Élien, Nat. Anim., V, 33 ; Plutarque, Paecepta gerendae rei publicae, III, 9 (Moralia, Didot, II, p. 976) ; Maxime de Tyr, Dissert., II, 3 (Didot, p. 5). Silius Italicus, XVI, 235 et suiv. Élien, l. c., III, 1. Saint Augustin, De Genesi ad litteram, VII, 10, 15 ; Contra epistolam Fundamenti, XXXIV, 38.

[92] Elles sont fréquemment représentées sur les mosaïques africaines. Voir en particulier Gauckler, Invent. Tunisie, n° 122 (= Gauckler, Gouvet et Hunnezo, Musée de Sousse, pl. I, fig. 2) ; de Pachtere, Invent. Algérie, n° 450 (au musée d’Alger).

[93] Polybe, XII, 3, 5. Strabon, XVII, 3, 4 et 7. Elien, Nat. anim., V, 54 et XIII, 10. — Aux second et troisième siècles de notre ère, des colons d’un domaine impérial, situé à l’ouest de Sétif, s’appelaient Pardalarii, ou Pardalarienses : C. I. L., VIII, 8425, 8426.

[94] Pline, VIII, 41-43 ; VIII, 63 ; X, 202, Pardus était le nom du mâle.

[95] Pline, VIII, 62-63 : XXXVI, 40. Tite-live, XXXIX, 22. Des auteurs regardaient les pardi et les pantherae comme deux espèces différentes : Pline, VIII, 63. — Les πάνθηρες qu’Hérodote signales chez les Libyens nomades sont peut-être non des léopards, ou panthères, mais d’autres félins (des guépards ?) : l’auteur du Traité de la chasse, attribué à Xénophon (XI, 1), énumère à la fois (avec les lions, les lynx, les ours) les παρδάλεις et les πάνθηρες.

[96] A ma connaissance, ce nom apparaît pour la première fois, en latin, dans un écrit africain du début du troisième siècle, la Passion de Sainte Perpétue, chap. XIX et XXI. Cf. Histoire Auguste, Probus, XIX, 7.

[97] Voir Trouessart, dans Causeries scientifiques de la Société zoologiques de France, I, 1003, p. 381, fig. 9.

[98] Cf. Friedlænder, l. c., II, p. 350 et 490.

[99] Oppien, Cyneg., IV, 320 et suiv., (il prétend que des Africains prennent les panthères en les enivrant). Élien, Nat. Anim., XIII, 10.

[100] De Patchere, Invent, Algérie, n° (= Mélanges de l’École de Rome, XXXI, 1911, pl. XIX-XX), 443, 450 ; Guckler, Invent. Tunisie, n° 672. Cf. Une peinture d’Henchir Tina : Bull. archéologique du Comité, 1910, p. 92.

[101] Anthologia latina, édit. Riese, p.281, n° 360.

[102] Nat. anim., XIV, 6.

[103] Cf. Trouessart, l. c., p. 387, fig.13.

[104] Les lynx, ennemis des singes, que mentionne une pièce de vers africaine (Anthologia latina, édit. Riese, p. 304, v. 20), sont aussi des caracals (cf. O. Keller, die antike Tierwelt, I, p. 82). De même, les lynx qui, dit Pline (VIII, 72), abondent en Éthiopie. Voir encore Virgile, Énéide, I, 323 : maculoselyncis.

[105] Lataste, Faune des vertébrés de Barbarie, Mammifères (extrait des Actes de la Société lianéenne de Bordeaux, XXXIX, 1885), p. 103 et suiv. Trouessart, l. c., fig. 12, à la p. 387.

[106] Lataste, p. 104 ? Trouessart, fig. 10 et 11, à la p. 386. — Cf. Peut-être Timothée de Gaza (dans Hermès, III, 1869, p. 22, §36) : le chat est apparenté au pardi en Libye. De Pachtere (Invent. Algérie, n° 115) signale un chat sauvage sur une mosaïque de Timgad.

[107] Hérodote, IV, 192 : ύαιναι chez les libyens nomades. Pline, VIII, 108 : Hynenae plurimae gignuntur in Africa ; cf. Solin, XXVII, 23. — Hyènes sur des mosaïques : Gauckler, l. c., n° 301 ; de Pachtere, l. c., n° 440.

[108] Némésien de Carthage, Cyneg., 52 et 307. Chasse au renard sur une mosaïque d’Oudna : Gauckler, n° 375 (= Monuments Piot, III, pl. XXIII). — Hérodote, IV, 192 : βασσάρια chez les Libyens nomades. Hesychius : Βασσάρια τά άλωπέχια οί Λιδυες λέγουσι. Ce sont sans doute des fennecs, petits renards du Sahara ; cf. Trouessart, fig. 7, à la p. 381.

[109] On identifie généralement avec le chacal l’animal appelé θώς par Aristote, Élien, Pline, Solin, et que en dernier (XXX, 27) qualifie de lupus aethiopicus.

[110] Apulée, Florida, 17 : luporum acutus ululatus. Némésien, Cyneg., 52 ; 307. Peut-être Corippus, Johannide, IV, 353 et suiv.

[111] Appien, Lib., 136 ; Bell. civ., I, 24, 105. Plutarque, Caïus Gracchus, 11. Cf. Tissot, I, p. 373. Les loups, λύχοι, qu’Aristote indique en Cyrénaïque était probablement aussi des chacals : Hist. Anim., VIII, 28 (27), 8. — De même, le mot arabe dib, qui signifie loup, est employé pour désigner le chacal.

[112] Chacal sur une mosaïque de Cherchel : de Pachtere, l. c., n° 440.

[113] III, 2, 6 : γαλάς άγρίας, άς ή Λιβύη φέρει.

[114] Les viverrae de Pline (VIII, 218).

[115] L’espèce dite γαλή Ταρτησσία est aussi mentionnée par Élien (Var. hist., XIV, 4), par une scolie aux Grenouilles d’Aristophane (v. 475) et par Suidas.

[116] Il convient d’observer que, jusqu’à présent, on ne l’a pas rencontré dans les stations néolithiques.

[117] Trouessart, l. c., p. 375. Les ours indigènes auraient été signalés au Maroc en 1834 ; le fait reste douteux.

[118] Reboud, dans Rec. de Constantine, XVII, 1875, p. 9-10 (reproduit par Tissot, I, p. 381-2). Cf., sur cette question, Kobelt, Studien zur Zoogeographie, II, p. 140-1.

[119] Énéide, V, 37 ; VIII, 368.

[120] XVII, 3, 7 (dans le Maroc actuel).

[121] XXVI, 3. Voir aussi Anthologia latina, édit. Riese, p. 270, n° 334. — Charlemagne reçut un ours d’Afrique : Friedlænder, l. c., II, p. 351.

[122] Inventaires de Gauckler et de Pachtere, index, s. v. Voir en particulier Gauckler, n° 28 (ours dressé par un dompteur), n° 598 (chasse à l’ours) ; de Pachtere, n° 306 (ours dansant) ; Procès-verbaux de la commission de l’Afrique du Nord, janvier 1912, p. XIV (chasse aux ours) ; ibid., février, p. XVIII-XIX (ours apprivoisés).

[123] Pline, VIII, 131 : cent ours de Numidie au cirque, en 61 avant J.-C. (c’est à tort que Juste Lipse et d’autres ont supposé que les Romains qualifièrent les lions d’ursi numidici). Dion Cassius, LIII, 27 ; LIX, 7.

[124] Passion de sainte Perpétue, 19, Audollent, Defixionum tabellae, n° 247, 250, 252, 253.

[125] A Thuburbo, en 304 ; Analecta Bollandiana, IX, 1890, p. 115 (chap. VI). A Thagaste : saint Augustin, Contra Academicos, 1, 2. — Voir aussi le même, Sermons, XXXII, 20 ; C. I. L., VIII, 10470, n° 51 ; Héron de Villefosse, Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions, 1903, p. 107 ; Carton, ibid., 1900, p. 690.

[126] Hérodote, IV, 192. Aristote, Hist. Anim., VIII, 28 (27), 3. Pline, VIII, 228. Élien, Nat. Anim., XVII, 10.

[127] Chasse au sanglier: Némésien, Cyneg., 306 ; saint Augustin, Sermons, LXX, 2 ; Anthol. latina, édit. Riese, p. 118, n° 307. Sangliers à l’amphithéâtre de Carthage : Passion de sainte Perpétue, 19 ; Audollent, Defixionum tabellae, n° 250 ; Anthol. latina, p. 204-5, n° 384-5. — On peut encore citer Virgile, Énéide, I, 324, et IV, 159, quoique ces textes poétiques aient peu de valeur. — Des dents de sanglier ont été trouvées dans des tombeaux romains, à Cherchel : Pomel, Suilliens, p. 10.

[128] Gauckler, Musée de Cherchel, pl. XV, fig. 4 (bas-relief). Waille, Bull. archéologique du Comité, 1892, p. 463 (moule). Delamare, Exploration scientifique de l’Algérie, Archéologie, pl. 10, fig. 5-6 (figurine). Müller, Numismatique de l’ancienne Afrique, III, p. 60, n° 77 (monnaie). Etc.

[129] Gauckler et de Pachtere, Inventaires, index, s, v. Surtout Gauckler n° 362, 598, 607, 648, 770 ; de Pachtere, n° 320, 450 : ce sont des scènes de chasse. Voir aussi une peinture représentant une chasse au sanglier : Bull. archéol. du Comité, 1910, p. 92 Une pièce de vers de l’époque vandale décrit une peinture dont le sujet était le même : Anthol. latina, p. 256, n° 304.

[130] Chudeau, Sahara soudanais, p. 204-5. Gautier, Sahara algérien, p. 317 : Un de ces animaux fut chassé, abattu et on le trouva châtré (voir plus loin l’explication que les anciens auraient donnée de ce fait et dont je ne prends pas la responsabilité).

[131] Pline, VIII, 108 : ...Africa, quae et asinorum silvestrium multitudinem fundit, VIII, 39 : asini feri ; VIII, 174 : onagri. Arrien, Cyneg., XXIV, 1 et 3-4. Lucien, Dipsad., 2 (dans le désert). Élien, Nat. anim., XIV, 10 (ânes de Maurétanie ; le contexte montre qu’il s’agit d’ânes sauvages, bien qu’Élien ne le dise pas expressément). Solin, XXVII, 27. Passion de Tipasius, dans Analecta Bollandiana, IX, 1800, p. 118, chap. III : onager dans une forêt, chassé par des cavaliers. Isidore de Séville, Etymol., XII, 1, 39 : Onager interpretatur asinus ferusHos Africa habet magnos et indomitos et in deserto vagantes ; XIV, 5, 8 et 9. — Les ânes sans cornes et qui ne boivent pas, signalés par Hérodote (IV, 192) chez les Libyens nomades, sont peut-être des onagres.

[132] Pline, VIII, 108 ; cf. Oppien, Cyneg., III, 191 et suiv. On a observé les mêmes mœurs chez les hémiones de Mongolie et les ânes sauvages d’Asie et de Nubie.

[133] Pline, VIII, 108 (cf. Solin, XXVII, 27 ; Isidore de Séville, XII, I, 30). Oppien, l. c., 197 et suiv. L’auteur du traité De mirabilibus auscultationibus, mis sous le nom d’Aristote, raconte une histoire analogue à propos des onagres de Syrie (chap. X).

[134] Arrien, l. c., Mosaïque d’Hippone, où l’on voit un âne sauvage pris au lasso par un cavalier : de Pachtere, dans Mélanges de l’École de Rome, XXXI, 1911, p. 334, 336-7, pl. XIX-XX (l’animal a des raies transversales aux jambes, comme les onagres de Nubie).  — Élien (l. c.,) dit que les ânes de Maurétanie, quoique très rapide, se fatiguent vite et s’arrêtent ; les indigènes qui les poursuivent descendent alors de cheval, leur jettent une corde au cou, puis les emmènent en les attachant à leur monture.

[135] Pline, VIII, 174 : ... onagri... ; pullis eorum ceu praeslantibus sapore Africa gloriatur, quos lalisiones appellat. Cf. Martial, XIII, 97.

[136] Philostorge, Hist. ecclés., III. 11 (όνος άγριος). On trouve aussi, pour désigner le zèbre, le terme ίππότιγρις : Dion Cassius, LXXVII, 6 ; Théodore de Gaza, dans Hermès, III, 1869, p.10. §10. (ίππότιρις έοιχε τοΐς άγίοις όνοις).

[137] L. c., 186 : άργύρεος χροίην.

[138] Reboud, dans Rec. de Constantine, XVII, p. 9 et 22. De Bosredon, ibid., XIX, 1878, p. 37. Tissot, Géographie, I, p. 340. Ph. Thomas, Essai d’une description géologique de la Tunisie, I, p. 93. Lataste, Faune des vertébrés de Barbarie, p. 164-6. Joleaud, Revue africaine, LVI, 1912, p. 476-7.

[139] Sur cette question, voir Clermont-Ganneau, Études d’archéologie orientale, l’imagerie phénicienne (Paris, 1880), p. 53-58.

[140] Hist. anim., VIII, 28 (27), 3.

[141] Nat. anim., XVII, 10.

[142] Énéide, I, 184 ; IV, 154 : témoignage qui, s’il était isolé, n’aurait pas grande valeur, comme le remarque Tissot, l. c., p. 347.

[143] Cyneg., XXIV, 1.

[144] Cyneg., II, 255.

[145] Cyneg., 306.

[146] Sermons, LXX, 2. Voir encore Anthol. latina, édit. Riese, p. 258, n° 307. — Le Périple de Scylax (§ 112 : Geogr. gr. min., I, p. 94) mentionne le commerce de peaux de cerfs fait par des Éthiopiens qui habitaient la côte de l’Atlantique, au delà du Maroc.

[147] L. c., III, 1.

[148] Gauckler, Invent. Tunisie, n° 607, 771, 886 (d’Utique ; cavalier prenant un cerf au lasso : O. Keller, Thiere des klassischen Alterthums, p. 82, fig. 24) ; de Pachtere, Invent. Algérie, n° 422. — Toutes les images de cerfs trouvées en, Afrique ne sont évidemment pas des preuves de l’existence de ces animaux dans le pays. Voir cependant Gauckler, n° 124 : cerf dans un paysage de domaine africain ; Bull. archéologique du Comité, 1889, p.220, n° 104 : au bas d’une stèle du culte de Saturne, un animal qui paraît être un cerf. Peut-être le cerf était-il parfois offert en sacrifice au dieu ; on s’est demandé si cet animal n’est pas déjà mentionné sur des tarifs de sacrifices puniques : Corpus inscriptionum semiticarum, Pars I, p. 231 ; Rev. de l’histoire des religions, LXI, 1910, p. 282. Voir à ce sujet Clermont-Ganneau, l. c., p. 69 et suiv. ; Joleaud (l. c., p. 489 et suiv.) croit qu’il s’agit du daim.

[149] Opinion de Judas, dans Rec. de Constantine, IX, 1865, p. 7 (cf. Tissot, I, p. 347).

[150] Lataste, Catalogue des mammifères de la Tunisie (Paris, 1887), p. 35. Joleaud, l. c., p. 484.

[151] On a cependant reconnu le daim sur des monnaies de Cyrénaïque : Rainaud, Quid de natura Cyrenaicae Pentapolis monuments tradiderint, p. 76.

[152] Laud. Dei, I, 313 : Cornibus erectos sortita est Africa dammas.

[153] VIII, 228, Par le mot caprea, Pline désigne le chevreuil (cf. XI, 124). Cependant, dans le passage où il indique l’absence en Afrique de sangliers, de cerfs, de capreae, il s’inspire d’Aristote (Hist. anim., VIII, 28, 3), qui dit que le sanglier, le cerf et la chèvre sauvage (αίξ άγριος) manquent en Libye. Or il ne semble pas que, par le terme chèvre sauvage Aristote ait voulu désigner le chevreuil.

[154] Anthol. latina, édit. Riese, p. 238, n° 307.

[155] Au Maroc, il y a encore beaucoup de gazelles au Nord-Ouest du Haut-Atlas.

[156] Cf. Trouessart, l. c., p. 400-410 ; P. Sclater et O. Thomas, the Boock of Antilopes (quatre volumes, Londres, 1894-1900), passim.

[157] IV, 192 (ξορχάδες).

[158] Hist. plantar., IV, 3,5.

[159] Cyneg., XXIV, 1.

[160] Nat. anim., XIV, 14.

[161] XI, 140, Voir encore Martial, XIII, 93.

[162] Hist. anim., II, 1, 9 ; Part. anim., III, 2. Peut-être cette assertion a-t-elle été motivée par des images où l’animal était représenté de profil et où l’une des cornes cachait l’autre, Peut-être aussi l’informateur d’Aristote avait-il vu des antilopes qui n’avaient réellement qu’une corne, l’autre ayant été cassée par accident : le cas est assez fréquent.

[163] Pour les cornes en forme de lyre de cette antilope, voir Gautier, Sahara algérien, pl. XXXIV.

[164] Erecta (cornua) rugarumque ambitu contorta et in leve fastigium exacuta, ut lyras decerent, strepsiceroti, quem addacem Africa appellat. On n’est pas d’accord sur le sens de ce passage. Littré admet la correction : ut liras diceres. Il traduit : Le strepsicerosa les siennes droites, parcourues par des cannelures qui forment un léger relief, de sorte qu’on dirait des sillons.

[165] Lettres, IX, 144.

[166] Cyneg., 51.

[167] VIII, 214 (comme les oryges, les pygargi et les strepsicerotes).

[168] Cf. Selater et Thomas, l. c., III, pl. LXXII.

[169] Nat. anim., XIV, 14.

[170] Voir en particulier la description d’Oppien, Cyneg., II, 300-5. Cf. Hehn, Kulturpfanzen und Hausthiere, p. 590 de la 6e édition. Ils sont mentionnés en même temps que les δορχάδες par plusieurs auteurs (Hérodote, Strabon : passages cités plus loin ; voir aussi Aristote, Part. anim., III, 2 ; Élien, Nat. anim., X, 25) il s’agit donc de deux genres différents.

[171] Nat. anim., III, 1.

[172] Catalogue du musée Alaoui, Supplément, p. 203, n° 984 ; C. I. L., VIII, 22644, n° 9 et 10 (cf. n° 8). Elles n’ont pas été reproduites.

[173] Spectac., 23, 4.

[174] VIII, 38 : …uros quibus imperitum volgus bubalorum nomen imponit, cum id gignat Africa vituli poilus cervique quadam similitudine. Cf. Timothée de Gaza, dans Hermès, III, 1809, p. 18, § 20.

[175] Diodore (III, 60) affirme qu’on ne trouve dans le désert, au Sud de la Cyrénaïque, d’autres quadrupèdes que la gazelle et le bœuf. N’a-t-il pas voulu parler de l’antilope bubale ?

[176] Il serait utile de revoir avec soin ceux de ces monuments qu’on a décrits sans les reproduire, afin de reconnaître la nature exacte des animaux qui y sont figurés, Une étude spéciale de la faune des mosaïques africaines par un zoologiste serait très désirable. Elle pourrait être intéressante, non seulement pour l’histoire naturelle, mais aussi pour l’histoire de l’art : en ce qui concerne les animaux étrangers à la Berbérie, elle nous donnerait des indications sur l’origine des modèles employés par les mosaïstes.

[177] Mosaïques d’Oglet Atha (Gauckler, Invent. Tunisie, n° 17 ; Bull. archéologique du Comité, 1899, pl. VII) ; d’El Djem (Gauckler, n° 71 ; Catalogue du Musée Alaoui, Supplément, pl. XIV) ; de Sousse (Gauckler, n° 140 et 155 ; Gauckler, Gouvet et Hannezo, Musée de Sousse, pl. VII, fig. 1, en haut, et pl. IX, fig. 1, à droite) ; de Carthage (Gauckler, Invent., n° 703 : chasse à la gazelle) ; d’Oued Atménia (de Pachtere, Invent. Algérie, n° 260 et 263 : chasses à la gazelle) ; de Cherchel (de Pachtere, n° 440 ; Bull. des antiquités africaines, II, 1884, fig. à la p. 306). — Bas-reliefs de Kaoua, représentant une chasse à la gazelle (Gsell, Monuments antiques de l’Algérie, I, p. 104-6). Même sujet sur des bas-reliefs de Ghirza, en Tripolitaine (Méhier de Mathuisieulx, dans Nouvelles Archives des missions, XII, 1904, p. 25).

[178] Mosaïques de Sousse (Gauckler, Invent., n° 136 ; Gauckler, Gouret et Hannezo, l. c., pl. VII, fig. 1, en bas, à droite) ; d’Oudna (Gauckler, Invent., n° 359 et 381 ; Monuments Piot, III, p. 198, fig. 5, vers le milieu, sur la droite ; ibid., p.218, fig.12, à gauche, vers le bas) ; d’Hippone (de Pachtere, l. c., n° 43 ; Mélanges de l’École de Rome, XXXI. 1911, pl. XIX-XX : scène de chasse) ; de Cherchel (de Pachtere, n° 425 ; Revue africaine, XLVIII, 1904, pl. III : scène de chasse).

[179] L’addax est probablement représenté sur une mosaïque de Tébessa : de Pachtere, n° 3 ; Gsell, Musée de Tébessa, pl. IX.

[180] Mosaïque d’Oudna : Gauckler, Invent., n° 381 ; Monuments Piot, III, p. 218, fig. 12, à droite, vers le bas.

[181] Nat. anim., VII, 5.

[182] Cf. O. Keller, die antike Tierwelt, I, p. 206. Pomel (Bosélaphes Ray, p. 7) se refuse à admettre cette identification ; il croit qu’il s agit du phacochère.

[183] Voir Sclater et Thomas, l. c., I, pl. XI et XII.

[184] Brehm, la Vie de animaux, Mammifères, trad. française, II, p. 581-2.

[185] IV, 192 : χριοί άγριοι. Voir aussi Athénée, cité plus haut.

[186] Cum in municipium Gaditanum ex vicino Africae miri coloris silvestres ac feri arietes, sicut aliae bestiae, munerariis deportarentur...

[187] Dans Hermès, III, 1869, p. 21, § 34.

[188] Nat. anim., XIV, 10.

[189] Cf. Tissot, Géographie, I, p. 340.

[190] Voir Trouessart, l. c., fig.19, à la p. 400.

[191] Comme l’observe Aristote, Hist. anim., VIII, 28 (27), 3. — Si l’on veut que les ferae saxi delectae vertice caprae, dont parle Virgile (Énéide, IV. 152), aient été des animaux véritablement africains, on peut y voir des mouflons.

[192] Je ne sais pas de quelle espèce Timothée de Gaza veut parler.

[193] Gauckler, Invent. Tunisie, n° 71 ; Catalogue de Musée Alaoui, Supplément, pl. XV, fig. 5.

[194] Nat. anim., XIV, 11.

[195] Je suis peu disposé à le croire : ces animaux sont si remarquables par leur taille et leurs cornes que, s’ils avaient abondé en Afrique aux environs de notre ère, nous en aurions sans doute des mentions et des images. Les animaux dont parle Don Cassius (XLVIII, 23) sont des antilopes bubales, et non des buffles voir plus haut, p. 122. Isidore de Séville (Etymol.. XII, 1, 33) indique le bubalus, après les articles taurus, bos, vacca, vitulus, et avant l’article urus : Dubali vocati per derivationem, quod sint similes boum ; adeo indomiti ut prae feritate jugum cervicibus non recipiant. Hos Africa procreat. Dans la pensée d’Isidore, il s’agit bien ici de bovidés. Mais on peut se demander si les mots : Hos Africa procreat n’ont pas été ajoutés par suite d’une confusion entre le bubale d’Afrique (antilope) et l’animal qui, en latin vulgaire, était appelé bubalus.

[196] Ceux que Tissot (I, p. 345) indique dans le district de Mater sont issus d’animaux lâchés par un bey de Tunis : Kobeït, Studien zur Zoogeographie, II, p. 154. — Le prétendu buffle rouge, mentionné par Tissot (I, p. 343) et appelé, dit-il, begueur et ouahach par les indigènes, est l’antilope bubale : cf. Lataste, Faune des vertébrés de Barbarie, p. 170.

[197] Voir Blyth, cité pur Lataste, l. c., p. 167-170.

[198] M. Brives, que j’ai consulté, ne regarde pas comme des animaux sauvages les bœufs très nombreux qui paissent dans la forêt de Mamora, entre l’oued Sebou et l’oued Bou Regreg, au Nord-Est de Rabat.

[199] Même au Sahara : Théophraste, Hist. plantar., IV, 3, 5.

[200] Inscription trouvée près de Mdaourouch, publiée Bull. archéologique du Comité, 1896, p.230, n° 27 :

Ju[veni]bus sen[i]or leporem monstrabat et ipse.

Chasse au lièvre sur des mosaïques : Gauckler, Invent. Tunisie, Nos 64, 375, 598, 607, 648 ; sur une lampe africaine : Rec. de Constantine, XLII, 1908, p. 268 ; sur une terre cuite : Bull. de la Société archéol. de Sousse, IV, 1906, p. 17, fig. 1.

[201] IV, 102. Pour des animaux africains que les auteurs appellent μύες, mures, voir Aristote, Hist. anim., VIII, 28 (27), 7 (cf. Pline, X, 201) ; Pline, XXX, 43. Les mures africani dont il est question dans le Poenulus de Plaute (vers 1011) n’ont probablement rien à voir avec les rats. Selon Juste Lipse les Romains auraient désigné ainsi par plaisanterie les panthères.

[202] Voir, entre autres, Neumann, Nordafrika nach Herodot (Leipzig, 1802). p. 160.

[203] Cf. ce qu’Elien (Nat. anim., XV, 26) dit, d’après Théophraste, des διποδες d’Égypte, qu’il classe aussi parmi les rats et qui sont certainement des gerboises (image de cet animal dans Trouessart, l. c., p. 308, fig. 17).

[204] Une gerboise est représentée sur une mosaïque de Carthage : Gauckler, Invent. Tunisie, n° 640. — Pour les gerboises en Cyrénaïque, voir Rainaud, Quid de natura Cyrenaïcae, etc., p. 77.

[205] Tissot, I, p. 373-4 (d’après Reboud). Neumann, l. c., p. 161.

[206] Image de gondi dans Trouessart, p. 300, fig. 18.

[207] Cf. Élien, l. c., XV, 26 (en Cyrénaïque), il range aussi les hérissons parmi les rats.

[208] IV, 102 (chez les Libyens nomades).

[209] L. c., XII, 26.

[210] VIII, 125. — Porcs-épics sur des mosaïques : Gauckler, Invent., n° 508 ; de Pachtere, Invent., n° 221, 223.

[211] On ignore ce que sont les διχτυες et les βόρυες, mentionnés par Hérodote (IV, 192) chez les Libyens nomades. C’est à tort que Pline (XXXII, 77) indique des castors en Afrique.

[212] Cet usage persista : voir Lucien, Dipsad., 7 (il prétend même que des indigènes coupent en deux de grands œufs et s’en font des bonnets). Cf. Pline, X, 2.

[213] Voir Gsell, Fouilles de Gouraya (Paris, 1903), p. 35-37.

[214] Hérodote, IV, 192 (chez les Libyens nomades) ; cf. IV, 175 (les Maces, peuplade des Syrtes, se servent de boucliers en peau d’autruche). Aristote, Hist. anim., IX, 15 (16) ; Part. anim., II, 14 ; IV, 12 ; IV, 14 ; Anim. general., III, 1. Théophraste, Hist. plantar., IV, 3, 5 (dans le désert). Polybe, XII, 3, 5. Pline, X, 1 : struthocameli Africi. Lucien, Dipsad., 2 ; 6 ; 7 (dans le désert). Oppien, Cyneg., III, 482 et suiv. ; Halient., IV, 630. Élien, Nat. anim., XIV, 7. Hérodien, I, 15, 5. Histoire Auguste, Gordiani tres, III, 7 : strutiones Mauri. Isidore de Séville, Etymol., XIV, 5, 12 (en Mauritanie Tingitane).

[215] Stèle de Saint-Leu, prés d’Oran : Doublet, Musée d’Alger, pl. III, fig. 2. Stèle d’Abizar (Kabylie) : ibid., pl. IV. Bas-reliefs du Sud de la Tunisie : Bull. archéologique du Comité, 1804, p. 394. Bas-reliefs de Ghirza, en Tripolitaine : Tissot, I, p. 338, fig. 10 ; Méhier de Mathuisieulx, Nouvelles Archives des missions, XII, 1904, p. 25, Mosaïques : Gauckler, Invent., n° 903 ; de Pachtere, Invent., index, s, v., et surtout le n° 45, reproduit dans Mélanges de l’École de Rome, XXXI, 1011, pl. XIX-XX (chasse aux autruches).

[216] Depuis le commencement du second siècle avant J.C. : Plaute, Persa, 199, Voir Friedlænder, Sittengeschichte Roms, II, p. 492 (5e édit.).

[217] Méhier de Mathuisieulx, Nouvelles Archives des missions, XIII, 1904, p, 94. Gsell, Fouilles de Gouraya, p. 30. — Au temps du géographe Edrisi (douzième siècle), l’autruche existait encore dans le pays des Chaouias au Maroc, au Sud de Casablanca : Doutté, Merräkech, p. 45.

[218] Chudeau, Sahara Soudanais, p. 199-200.

[219] Cyneg., 313. Lybie, magnarum avium focunda creatrix.

[220] Éperviers (accipitres) : Pline, X, 22. Les éperviers de toute la Masæsylie naissent dans l’Île de Cerné, sur l’Océan). — Corbeaux : Élien, Nat. Anim., II, 48. Étourneaux : la Table de Peutinger indique un lieu appelé Ad Sturnos, à l’Est de Sétif. Un Carthaginois s’appelait Hannibal l’étourneau (Ψάρ) : Appien, Lib., 68. — Hirondelles : saint Augustin, Enarr. in psalm., XC, 1ère partie, 5. — Perdrix lieu appelé Perdices, au Sud de Sétif : Gsell, Atlas archéologique de l’Algérie, I, 26, nos 40-42. — Pintades (méléagrides). Le Périple de Scylax (§ 112) prétend que toutes les méléagrides sont originaires d’un lac voisin de l’Océan, sur la côte du Maroc actuel (cf. Pline, XXXVII, 38, citant Mnaséas) ; selon Tissot (dans Mémoires présentés à l’Académie des Inscriptions, IX, Ière partie. p.198), il n’y a plus de pintades dans cette région. Voir aussi Varron, Rust., III, 9,18, et Pline, X, 74. Appelées par les Latins gellinae Africonae, Afrae aves, Numidicae, elles devinrent à l’époque romaine des oiseaux de basse-cour. — Grues : Élien, l. c., III, 13 (les grues de Thrace vont à l’automne en Égypte, en Libye et en Éthiopie). — Cigognes : saint Augustin, Enarr. in psalm., LVIII, 10 (annuae nostrae hospites ciconiae) ; ibid., XC, Ière partie, 5. — Porphyrion, ou poule sultane : Athénée, IX, 40. p. 388, d, d’après Alexandre de Myndos (c’était, dit-il, un oiseau sacré chez les Libyens).

[221] On signale les oiseaux suivants (index des Inventaires de Gauckler et de Pachtere) : aigle, faucon (employé à la chasse à l’époque vandale : Gauckler, n° 508), corbeau, pie, moineau, hirondelle, rossignol, grive, tourterelle, coq de bruyère, perdrix (voir en particulier Gauckler, n° 302 : mosaïque d’Oudna, sur laquelle est représentée une chasse aux perdreaux), caille, pintade, outarde, poule de Carthage, bécassine, cigogne, héron, grue, poule sultane, flamant, cygne, oie, canard, macreuse.

[222] IX, 38 (dans le désert) ; XXXII, 33.

[223] Nat. anim., XIV, 17.

[224] Un crocodile, rapporté d’un cours d’eau qui sortait d’une montagne de la Maurétanie, près de l’Océan, fut consacré par Juba II dans le temple d’Iris, à Césarée ; on l’y voyait encore au temps de Pline (V, 51). Strabon (XVII, 3, 4) indique aussi que les fleuves de la Maurusie (Maroc) nourrissent dit-on, des crocodiles.

[225] Le crocodile a peut-être vécu sur le littoral à l’époque de l’industrie néolithique : M. Flamand (Assoc. française, Ajaccio, 1901, 11, p. 731) signale des dents de crocodile dans une grotte de Mustapha-Supérieur, à Alger.

[226] XVII, 3, 11 : σαύρας διπήχεις.

[227] Tissot, I, p. 320.

[228] L’ouarane des Arabes.

[229] Pausanias (I, 33, 6) indique, auprès d’une source située au pied de l’Atlas, des crocodiles n’ayant pas moins de deux coudées (χροχόδειλοι διπήχεων ήσαν ούχ έλάσσους) : expression dont on peut s’étonner, puisque le crocodile du Nil atteint sept mètres. Peut-être s’agit-il de varans. L’animal, que Dioscoride (Mater. medica, II, 66, édit. Wellmaan) mentionne en Maurétanie, paraît être le Varan.

[230] IV, 192 : χροχόδειλοι όσον τε τριπήχεες χερσαΐοι, τήσι σαύρησι έμφερέστατοι.

[231] Cf. Brehm, les Reptiles, traduct. française, I, p. 247 ; Battandier et Trabut, l’Algérie, p. 269.

[232] VIII, 120. Voir aussi Tertullien, De pallio, 3. — Lézards sur des mosaïques africaines : Gauckler, Invent., n° 640, 903 ; de Pachtere, n° 291.

[233] Vitruve, VIII, 3, 24 : Africa parens et autrix ferarum bestiarum, maxime serpeatium. Solin, XXVII, 28 : Africa serpentibus adeo fecunda est, ut mail hujus merito illi potiusimum palma detur. Parmi les noms de la Libye, Alexandre Polyhistor indiquait celui d’Οφιούσσα (la terre des serpents) : apud Étienne de Byzance, s. v. Λιβύη.

[234] Outre ceux qui seront cités plus loin, voir : Salluste, Jugurtha, LXXXIX, 3 (région de Gafsa) ; Diodore de Sicile, III, 30) (dans le désert) et XX, 42 (le long de la grande Syrte) ; Horace, Odes, III, 10, 18 ; Satires, II, 8, 93 ; Manilius, IV, 602 ; Strabon, XVII, 3, 4 et 14 ; Pline, V, 13 (au Sud de l’Atlas, d’après Suétonius Paulinus) ; V, 26 (dans des déserts, au Sud de la Tunisie) ; Silius Italicus, I, 211-2 ; Oppien, Cyneg., II, 254 ; Victor de Vite, II, 37 (dans la région du Hodna) ; Isidore de Séville, Etymol., XIV, 5, 8 et 12 (chez les Gétules et en Maurétanie Tingitane).

[235] À propos de la marche de Caton le long de la grande Syrte, Lucain (IX, 700 et suiv.) donne les noms d’une quinzaine de serpents. Il a emprunté ces indications à un contemporain d’Auguste, Æmilius Macer, qui lui-même s’était servi de Nicandre, et peut-être aussi de Sostrate : Fritzsche, Quaestiones Lucaneae (Gotha, 1802), p. 10 et suiv. ; Wellmann, dans Real-Encyclopädie de Wissowa, I. p. 507 ; Pichon, les Sources de Lucain, p. 40-41. Un certain nombre de serpents africains sont énumérés par Solin, XXVII, 28 et suiv. Voir encore Lucien, Dipsad., 3.

[236] Cérastes. Diodore de Sicile, III, 59 Lucain, IX, 716. Silius Italicus, I, 413. Lucien, l. c. Élien, Nat. anim., I, 57 ; XVI, 28. Nicandre (Theriaca, 261) et Pline (VIII, 83 ; cf. Solin, XXVII, 28) prétendent que les cérastes ont souvent quatre cornes.

[237] Ασπις, Aspic, Hérodote, IV, 101. Aristote, Hist. anim., VIII, 20 (28) , 2. Varron, apud Priscien, Institut., X. 32 (Keil, Grammatici latini, II, p. 524). Helvius Cinna, apud. Aulu-Gelle, IX, 12, 12. Lucain, IX, 610, 700 et suiv. Lucien, l. c. Élien, l. c., III, 33 ; VI, 2, 38. Solin, XXVII, 31. — Un aspic est représenté sur une mosaïque d’Oudna : Gauckler, Invent. Tunisie, n° 302.

[238] Διψάς, Dipsas, Élien, l. c., VI, 51, citant Sostrate : serpent blanc, avec deux lignes noires sur la queue (cf. Suidas, s. v.). Lucain. IX, 610, 718, 737 et suiv. Silius Italicus, III, 312-3. Lucien, Dipsad., 4 et 6. Solin, XXVII, 31 (il indique la dipsas parmi les aspides).

[239] IV, 192. όφιες σμιχροί, χέρας έν έχαστος έχοντες.

[240] On trouve en Berbérie la vipère dite de Lataste, dont les uns font une espèce particulière, les autres, une variété de la vipère ammodyte. Elle a un museau atténué en une pointe molle, écailleuse, obtuse, retroussé et incliné en arrière ; Olivier, dans Mémoires de la Société zoologique de France, VII, 1894, p. 124 ; cf. Dommergue, Bull. d’Oran, 1901, p. 81.

[241] Βασιλισχος, Basilicus ou regulus (reguli serpentes : Tertullien, De baptismo, 1). Élien, l. c., II, 7 (citant Archélaos) ; III, 31. Lucain, IX, 724 et suiv., 828 et suiv. Pline, VIII, 78-79 (il indique ce serpent en Cyrénaïque) ; cf. Solin, XXVII, 51-53. Voir Wellmann, dans Real-Encyclopädie, s. v. Basilisk.

[242] Pline, VIII, 78 ; Élien, l. c., II, 5. Solin (XXVII, 51) dit : à peine un demi-pied (0 m. 148).

[243] Élien, l. c., I, 57 ; XVI, 27 (d’après Agatharchide) ; XVI, 28 (d’après Caillas et Nicandre). Varron, apud Priscien, l. c. Strabon, XIII, 1, 14 et XVII, 1, 44. Celse, VII, 27, 3. Lucain, IX, 800 et suiv. Pline, VII, 14 ; VIII ; 93 ; XXI, 78 ; XXVIII, 30. Silius Italicus, I, 411 et suiv. ; III, 301-2. Suétone, Auguste. 17. Plutarque, Caton le Jeune, 56. Pausanias, IX, 28, 1. Aulu-Gelle, IX, 12, 12 ; XVI, 11, 3 Dion Cassius, LI, 14. Arnobe, II, 32.

[244] Hérodote, IV, 191 : όφιες οί ύπερμεγάθεες. Chez les Éthiopiens occidentaux, au Sud du Maroc, Strabon (XVII, 3, 5) indique, d’après Hypsicrate (ou Iphicrate), de grands serpents, dont le dos est garni d’herbe. Voir encore Diodore de Sicile, III, 51.

[245] Aristote, Hist. Anim., VIII, 28 (27), 6.

[246] Vibius Sequester (De fluminibus, dans Riese, Geographi latini minores, p. 147) place l’événement à Musti (Bagrada iuxta oppidum Musti, ubi Regulus, etc.). Il ne s’agit pas, en tout cas, de la ville de Musti que nous connaissons (C. I. L., VIII, p.192 et 1301) : elle était située au Sud du Bagrado, loin de ce fleuve.

[247] Sur le serpent de Regulus, voir Q. Aelius Tubero, apud Aulu-Gelle, VII (VI), 3 ; Valère Maxime, I, 8, ext., 10 (d’après Tite-Live : cf. Live, Periocha, l. XVIII) ; Pline, VIII, 37, et d’autres auteurs, indiqués par Meltzer, Geschichte der Karthager, II, p. 560.

[248] Nat. anim., III, 38 (cf. Pline, XXIX, 86). Élien parle ailleurs (XVI, 27), d’après Agatharchide, d’araignées dont la morsure est mortelle, sauf pour les Psylles. Voir encore ibid., I, 57.

[249] Cohen, Monnaies impériales, 2e édit., II, p. 116, nos 136-147. — Je ne vois pas de bonnes raisons pour admettre, avec M. Jatta (le Rappresentance figurale delle provincie romane, p. 63), que ce scorpion est un symbole zodiacal, comme le serait aussi le lion qui accompagne souvent l’Afrique.

[250] Pline, XI, 86 et suiv. ; XXCVIII, 24. Dioscoride, II, 141, édit. Wellmann. Plutarque, Marius, 40. Lucien, Dipsad., 3. Victor de Vite, II, 37. — Sur quelques monuments africains, le dieu Mercure est accompagné d’un scorpion : Merlin, dans Bull. de la Société archéol. de Sousse, IV, 1906, p. 125. Voir aussi Catalogue sommaire des marbres antiques du Louvre, n° 1735. — Strabon (XVII, 3, 11), Pline (XI, 89), Lucien (l. c.) parlent de scorpions volants (voir aussi, pour l’Égypte, Élien ; l. c., XVI, 42). On a supposé que s’étaient des panorpes, appelées vulgairement mouches-scorpions. Voir Brehm, les Insectes, trad. française, I, p. 510.

[251] Pline, V, 42 : dirum animal Africae ; XI, 89 : hoc malum Africae.

[252] Nat. Anim., VI, 23.

[253] Pour les scorpions, voir encore Élien, l. c., XVI, 27.

[254] Audollent, Carthage romaine, p. 427-8. Gauckler, dans Nouvelles Archives des missions, XV, 1907, p. 503. Catalogne du Musée Alaoui, p. 118, n° 27, p. 120, n° 23 ; supplément, p. 132, n° 130-1, p. 137, n° 54 et pl. LXX, fig. 4 ; cf. p. 335, n° 933-4  (moules). Un scorpion analogue a été recueilli à Bulla Regia : Cat. Alaoui, p.118, n° 28. — On a aussi trouvé à Carthage des plaquettes de plomb sur lesquelles un scorpion est représenté : Audollent, Defixionum tabellae, p. XXXV ; Cat. Alaoui, Suppl., p. 137, n° 55, pl. LXX, fig. 5.

[255] Carton, Découvertes faites en Tunisie, p. 318, fig. 108.

[256] Tertullien, Scorpiace, 1. — La terre de l’île de Galata (La Galite) et celle de Clupea (au cap Bon) passaient pour tuer les scorpions : Pline, V, 42 ; XXXV, 202.

[257] Tertullien, l. c.

[258] Pline, XXIX, 91.

[259] Voir en particulier le chapitre I de ce traité, où Tertullien décrit le scorpion.

[260] C’est l’Acridium peregrinum. Il y a une autre espèce (Stauronotus marocanus), qui est indigène. Voir Battandier et Trabut, l’Algérie, p. 288 et suiv.

[261] Outre les textes cités dans les notes suivantes, voir Strabon, XVII, 3, 10 (d’après Posidonius) ; Victor de vite, II, 31. — Des sauterelles sont représentées sur un cippe funéraire de Constantine : Doublet et Gauckter, Musée de Constantine, p. 21, 75, pl. II, fig. 1.

[262] Hérodote, IV, 172 (les Nasomons font sécher des sauterelles au soleil, les pilent et arrosent de lait cette bouillie), Dioscoride, II, 52, édit. Wellmann (dans la région de Leptis). Beaucoup d’indigènes du Sahara et de la Berbérie mangent encore des sauterelles.

[263] Pline, XI, 104.

[264] Johannide, II, 196 et suiv.

[265] Les sauterelles dites pèlerines, venant du Sud, arrivent en avril ou en mai dans le Tell.

[266] Pline, VIII, 104 : M. Varro auctor estab ranis civitatem in Gallia pulsam, ab locustis in Africa.

[267] Voir Lacroix, dans Revue africaine, XIV, 1870, p. 119.

[268] Pline, XI, 105.

[269] Adversum paganos, V, 11, 2-5.

[270] Saint Augustin (Civit. Dei, III, 31) raconte les mêmes faits d’après la même source. Il ajoute que, sur 30000 soldats, 10000 seulement survécurent. Voir encore Tite-Live, Epit., l. LX (c’est probablement de cet historien que dérivent les indications données par Augustin et Orose) ; Julius Obsequens, 90 (il nous apprend que le fléau sévit aussi très cruellement en Cyrénaïque).

[271] Les plus célèbres étaient les cocleae Solitanae (Varron, Rust., III, 14, 4 ; Pline, IX, 173), ou Iolitanae (Pline, XXX, 45). S’agit-il d’Iol (Cherchel) ? Dans ce cas, Varron et Pline les auraient qualifiés d’escargots de Maurétanie, plutôt que d’escargots d’Afrique. Les Cinyphii campi, dont Stace (Silves, IV, 9, 32-33) vante les escargots, ne paraissent pas être spécialement la région du Cinyps (en Tripolitaine) : c’est une manière poétique de désigner l’Afrique.

[272] Horace, Satires, II, 4, 58-59.

[273] Scribonius Largus, édit. Helmreich, 122. Pline, XXVIII, 211 ; XXX, 44 et 45 : XXX, 56 et 57 ; XXX, 73 et 74 ; XXX, 127 ; XXXII, 109. Discoride, II, 9, édit. Wellmann, Pelagonius, Ars veterinaria, 330 et 331.

[274] En Tunisie, des représentants de cette flore orientale, à caractère désertique, s’avancent au Nord jusqu’à la base de la presqu’île du cap Bon. Dans la province d’Oran, ils atteignent la mer : Battandier et Trabut, l’Algérie, p. 51.

[275] Le Règne végétal en Algérie, p. 57.

[276] Cf. Battandier et Trabut, l. c., p. 53 : Sur environ 3000 espèces que comprend la flore algérienne, 1900 se retrouvent en Espagne ; 1600 au moins sont communes a l’Algérie et à l’Italie, 1500 à l’Algérie et à la France ; environ 600 sont spéciales ;... 195 ne sont communes qu’à l’Algérie et à l’orient.

[277] Sur cette question, voir des indications de Lacroix, dans Revue africaine, XIII, 1869, p. 171-8, et de Tissot, Géographie, I, p. 275-282.

[278] IV, 191. Il convient d’ajouter qu’Hérodote est mal renseigné pour cette partie de l’Afrique : cf. Bourde, Rapport sur les cultures fruitières dans le centre de la Tunisie, p. 9.

[279] XVII, 3, 4.

[280] Code Théodosien, XIII, 5, 10 (en 304) : confirmation des privilèges accordés jadis aux armateurs africains qui doivent transporter des bois destinés aux usages publics (navicularios africanos qui idonea publicis dispositionibus ac necessitatibus ligna convectant...). Ibid., XIII, 5, 13 (en 369) : constitution fixant au nombre de soixante les linteones (des tisserands, qu’on s’étonne de rencontrer ici) et les armateurs, chargés de ce service par Constantin. Elle défend de leur demander plus que n’exigent les besoins des bains (amplius... quant necessitas exigit Invacrorum). Cf. les commentaires de Godefroy. — Symmaque (Lettres, X, 40 ; en 384-5) mentionne aussi les navicularios lignorum obnoxios functioni.

[281] Périple, 3 (Geogr. gr. min., I, p. 3).

[282] Énéide, IV, 248-9.

[283] V, 6 ; V, 14 et 15 (d’après Suetonius Paulinus).

[284] Nat. anim., VII, 2.

[285] A Lamoricière, à l’Est de Tlemcen, on a trouvé une dédicace Dianae deae, nemorum comiti, victrici ferarum : C. I. L., VIII, 9831.

[286] XIII, 95 : Ancorarius mons vocatur Citerioris Mauretaniae, qui laudatissimam dedit citrum, iam exhaustus.

[287] Gsell, Atlas archéologique de l’Algérie, f° 23, n° 1.

[288] XXVI, 2 : qua parte silvestris est (Numidia)... Cf. Isidore de Séville, Etymol., XIV, 5, 9.

[289] Pline, V, 22.

[290] C. I. L., VIII, 7750 : In qua frondicoma odoratur ad maro pinus.

[291] X, 194 : ... umbriferos ubi pandit Thabraca saltus. — On a trouvé à Tabarca une dédicace à Faunus, dieu silvestre italique : Bull. archéologique du Comité, 1894, p.241, n° 24.

[292] Posidonius, cité par Strabon (XVII, 3, 4), racontait qu’allant de Gadès en Italie, il fut porté sur le rivage de la Libye et qu’il y vit une forêt pleine de singes. Mais rien ne prouve que cette forêt ait été dans le voisinage de Tabarca, comme celles dont parle Juvénal ; elle parait avoir été plutôt située en Maurétanie.

[293] Annales, IX, 25 : vastis circum saltibus claudebatur. Il ne s’agit pas d’Auzin (Aumale), comme on l’a cru : voir Gsell, Atlas, l. 14, n° 105) (p. 8, coll. 1, en bas).

[294] Jugurtha, XXXVIII, 1 : saltuosa loca.

[295] Jugurtha, LIV, 2 : loca saltuosa.

[296] Corippus, Johannide, VII, 143. Urbs Laribus mediis surgit tutissima silvis.

[297] Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions, 1909, p. 468. Châtelain, dans Mélanges de l’École de Rome, XXX, 1910, p, 77 et suiv.

[298] Pline, XVI, 216 : memorabile Uticae templum Apollinis, ubi cedro Numidica trabes durant ita ut positae fuere prima urbis eius origine, aunis MCLXXVIII. — Blümner (Technologie der Gewerbe, II, p. 302) croit qu’il s’agit de genévrier. Je ne vois pas de raison d’adopter cette opinion.

[299] Il n’y a pas de cèdres en Tunisie, ni dans le Nord de la province de Constantine (sauf au Nord-Ouest de cette province, dans les Babors, région qui, à l’époque de Pline, faisait partie de la Maurétanie, et non de la Numidie).

[300] Johann., III, 304 : In mediis tremuit Romanos currero silvis. Il s’agit d’un personnage qui était chef des tribus de l’Aurès.

[301] Appien, Lib., 97.

[302] Johann., II, 5, 9, 164, 167, 182, 237, 424, 463, 471 ; 484 ; III, 204, 211, 218 ; IV, 630 : VI, 42 ; VIII, I73. Les textes de Corippus ont été pour la plupart cités par Lacroix, Rev. africaine, XIII, p. 340-350 ; cf. Tissot, Géographie, I, p. 277 ; Diehl, l’Afrique byzantine, p, 403-6.

[303] II, 57 : densis Ifera silvis.

[304] II, 53-4:

Silcadenitque forus, celsis qui vivida silvis

Bella dolis metuenda parat.

[305] II, 62-4 :

Silvaizan Macaresque vagi, qui montibus altis

Horrida praeruptis densisque mapalia silvis

Objectae condunt securi rupis ad umbram.

[306] III, 419 : Congreditur mediis commiscens proelia silvis.

[307] Diehl, l’Afrique byzantine, p. 343, 406.

[308] Voir, entre autres, Schulten, die römischen Grundherrschaften, p. 25.

[309] Par exemple, Juvénal, X, 104 : …umbriferos ubi pandit Thabraca saltus.

[310] Pour ces deux sens, voir en particulier saint Augustin, Enarr. in psalm, CXXXI, 11, (à propos du texte invenimus eam in campis saltuum) : Qui sunt campi saltuum ? Non enim quemadmodum vulgo dicitur : saltus ille, verbi gratia, centurias habenv tot. Saltus proprie locus adhuc incultus et silvester dicitur. Nam et quidam codices in campis silvae habent.

[311] Un domaine de la région de Sétif, qu’on appelait Saltus Horreorum, était exploité par des colons qualifiés de Pardalarii : C. I. L., VIII, 8425) (cf. 8426). Ce saltus, où l’on cultivait des céréales, contenait donc, ou avait contenu, des bois habités par des panthères. — Dans une région de saltus impériaux, une inscription (Carcopino, Mélanges de l’École de Rome, XXVI, 1906, p. 368) mentionne des espaces forestiers, que des pétitionnaires demandent à planter en oliviers et en vignes : ... in paludibus et in silvestribus. Mais ce dernier mot pourrait désigner de simples broussailles.

[312] Cela cet évident pour le Silvanus Silvestris que mentionne une inscription d’Azziz ben Tellis, entre Constantine et Sétif : C. I. L., VIII, 8248. Nous avons signalé (p. 141) une inscription de la plaine du Sers, où Silvanus était adoré dans un bois. Un temple de ce dieu fut élevé sur les hauteurs, encore très boisées, qui laminent Lambèse au Sud : C. I. L., 2671=18107 ; Gsell, Atlas, f° 27, n° 235. On pourrait aussi reconnaître une divinité des forêts dans le Silvanus adoré sur la pente du djebel Chettaba, près de Constantine, et au sommet du djebel Borma, au Sud de cette ville, pris de Sila : C. I. L., 6963 et 5880.

[313] Voir l’Atlas archéologique de l’Algérie.

[314] Ilex. Pline, XVI, 32 : gignitur in Africa. Salluste, Jugurtha, XCIII, 4 : grandis ilex coaluerat inter saxa. On faisait une belle teinture rouge avec le coccum, qu’on recueillait en Afrique : Pline, XVI, 32 ; XXII, 3 (cf. XXIV, 8) ; Silius Italicus, XVI, 354 (Cinyphiococco). Les anciens le prenaient pour un produit végétal ; il était en réalité tiré d’une cochenille, parasite du chêne kermès (Quercus coccifera) et du chêne vert: cf. Battandier et Trabut, l’Algérie, p. 10. — Le mot thakerrouchth, qui désigne le chêne en Kabylie, vient peut-être de quercus : Basset, dans Orientalische Studien Th. Nöldeke gewidmet, p. 440, n° 1.

[315] Vitruve, II, 19,13 : nascuntur eae arbores maxime Creine et Africae et nonnullis Syriae regionibus. Pline, XVI, 197 : cedrus in Creta, Africa, Syria laudatissima.

[316] Virgile, Énéide, IV, 248-9 ; Silius Italicus, I, 203-6 (mais ces poètes veulent peut-être parler du cèdre). Selon Duveyrier (Bull. de la Société de géographie de Paris, 1876, II, p. 41, n° 2), des indigènes de l’Aurès se servent, pour désigner le cèdre, du mot bignou, qui parait être une déformation de pinus.

[317] C. I. L., VIII, 7750. Actuellement, le pin maritime, qui exige un climat très humide, ne se trouve qu’entre bougie et la cap Bougaroun, c’est-à-dire dans la région où notre inscription signale des pins le long de la mer: Lefebvre, les Forêts de l’Algérie (Alger, 1900), p. 432

[318] Corippus, Johann., VIII, 612 : fraxineamhastam.

[319] Un lieu appelé Popleto était situé près de Timgad, au Nord de l’Aurès, et le Géographe de Ravenne indique dans la même région, autant qu’il semble, une rivière qu’il nomme Puplitus : voir Gsell, Atlas, f° 27, p. 29, col. 2, vers le bas. L’Itinéraire d’Antonin mentionne un Popleto flumen, fleuve côtier, à l’Ouest de Nemours : Gsell, l. c., f° 30, n° 2. C’étaient des cours d’eau le long desquels s’élevaient probablement des peupliers. Cf. le nom de Safsaf (peuplier) donné par les indigènes à une rivière qui débouche dans la mer près de Philippeville. — Le peuplier libyque dont parle Pline (XVI, 85) doit être une autre espèce : Quae Libyca appellatur minima folio et nigerrima fungisque enascentibus laudatissima. S’agit-il du tremble (Populus tremula), comme on l’a cru ? Cet arbre est très peu répandu dans l’Afrique du Nord ; il ne se rencontre guère que dans les Babors : Lefebvre, l. c., p. 87.

[320] Corippus, l. c., II, 131-2 :

.…lancea duplex

Juniperum ferro validam suffigit acuto.

[321] Pomponius Méla, III. 104 (sur la côte du Maroc) : Amoeni saltus citro, terebintho, ebore abundant. — Une ville située en Tunisie, à l’Ouest de Maktar, s’appelait Thugga Terebinthina : C. I. L., VIII, p. 77 et 1217.

[322] Voir ci-après.

[323] Chap. V. Nous reparlerons aussi de l’amandier, du merisier et du châtaignier.

[324] Basset, l. c.

[325] Il est étonnant que Pline ne parle pas de l’Afrique dans le passage du livre XVI (34) où il traite du liège. Pour le Gaule, il dit expressément qu’elle n’a pas de Chênes lièges, ce qui est inexact. — Diodore de Sicile (XX, 37) mentionne une ville Φελλίνη, qui fut prise par des troupes d’Agathocle à la fin du IVe siècle avant J.-C. Ce nom, comme on l’a fait remarquer, vient peut-être de φελλός, chêne liège.

[326] Parmi les arbrisseaux, on indique des myrtes (Salluste, Jugurtha, XLVIII, 3), des lauriers (C. I. L., VIII, 1750), des tamarix (Corippus, Johann., VI, 572 : sterilesmyricae ; lieu appelé Tamariceto, entre Berrouaghia et Sour Djouab : Gsell, dans Rev. africaine, LIII, 1909, p. 22). Pour le lotus, voir liv. II, chap. II. — Pline (XIX, 63) signale comme un fait curieux l’existence d’une mauve en arbre, prés de la ville de Lixus, sur la côte océanique de la Maurétanie : Elle est haute de vingt pieds et d’une telle grosseur que personne ne peut l’embrasser. On ne voit pas de quoi il s’agit. Lacroix (Rev. africaine, XIII, 1869, p. 164) montre qu’il ne faut pas penser à un cotonnier arborescent.

[327] Voir Lacroix, l. c., p. 171-2, 374-8 ; Tissot, Géographie, I. p. 278-2822. Les principaux textes qui indiquent la provenance africaine, et plus particulièrement maurétanienne, du citrus sont ; Varron, Sat. Menipp., fragm. 182 (dans Pétronii Satirae, édit. Bücheler) ; Pomponius Méla, III, 104 ; Pétrone, Satir., CXIX, 27-28 ; Lucain, IX, 426-430, et X, 144-5, Pline, V, 12 ; XIII, 91 et 03 ; Martial, IX, 22, 5 ; XII, 66, 6 ; XIV. 89 et 90. Allusion dans Strabon, XVII, 3, 4.

[328] Masinissa envoya aux Rhodiens du bois de θύσν (il s’agit de citrus : voir plus loin), en même temps que de l’ivoire : Suidas, s. v. θύσν.

[329] Pline, XIII, 92 ; cf. ibid., 102, Tertullien, De pallio, 5.

[330] Pline, XIII, 96-97. Voir, ibid., 98-99, d’autres détails sur le citrus.

[331] Pline (XIII, 95) dit : Tuber hoc est radicis, maximeque laudatum quod sub terra totum fuerit. Cf. XVI, 185.

[332] Pline, XIII, 93.

[333] Voir Marquardt, das Privatleben der Römer, 2e édit., p. 722-3 ; Blümner, Technologie, II, p.276-7. Il y avait à Rome une corporation de negotiatores eborarii et citriarii : Mittheil, des archäol. Instituts, Römische Abtheilung, V, 1890, p, 287 et suiv.

[334] Comme Pline l’indique : XIII, 100.

[335] Hist. plantarum, V, 3, 7.

[336] Battandier et Trabut, l. c., p. 43.

[337] Frondes cupressi similes, praeterquam gravitate odoris. Cela peut vouloir dire soit que l’odeur de ces arbres est moins forte que celle des cyprès, soit qu’elle est, au contraire, plus forte. On a proposé de corriger : praeterque gravitatem odoris. Solin (XXIV, 8), qui a copié ce passage, écrit : Arboribus proceris opacissimus (Atlas), quarum odor gravis, comae cupressi similes, etc.

[338] Guyon, dans Comptes rendus de l’Académie des Sciences, XXXIII, 1851, p. 42-43. Lacroix, l. c., p. 165.

[339] Cf. Rivière et Lecq, Manuel de l’agriculteur algérien, p. 845-6.

[340] Pour ce qui suit, voir surtout Lefebvre, les Forêts de l’Algérie, p. 68 et suiv., avec la note de M. Ficheur.

[341] Il occupe plus de 400.000 hectares en Algérie et environ 120.000 en Tunisie.

[342] En Algérie, il couvre plus de 500.000 hectares.

[343] Jugurtha, XVII, 5.

[344] II, 2, 23 : Numidiae et Aegypto,... ubi plerumque arboribus viduum solum frumentis seminatur.

[345] Sermons, XLVI. 16, 30 : Sed ostende mihi partem Donati a Numidia de monte umbroso venire. Invenis nuda omnia, pingues quidem campos, sed frumentarios, non olivetis fertiles, non caeteris hemoribus amoenos.

[346] Enarr. in psalm., CXLVIII, 10 : Apprehende inde Getulum, pone inter istas arbores amoenas ; fugere hine vult et redire ad nudam Getuliam.

[347] XX, 3 : crates materiemque ad arietes, cujus inopia in Africa esset.

[348] Salluste, Jugurtha, LXXV, 2 ; LXXXIV, 4. Il en était de même de la plaine parcourue par le Muthul (oued Mellègue) : ibid., XLVIII, 4.

[349] Apulée, Apologie, 21.

[350] Columelle, X, 107.

[351] Cf. les réflexions très justes de Niepce, dans la Revue des Eaux et forêts, IV, 1865, p. 4 : Tel sol convient à la végétation forestière, et particulièrement à telle ou telle essence, tandis que les céréales n’y poussent qu’à grand-peine et dans des conditions particulières d’engrais et d’amendement ; tel autre, au contraire, est propre aux céréales et se trouve, pour ainsi dire, dépourvu de végétaux ligneux, sauf quelques espèces rares qui s’en accommodent. C’est à ces conditions, en général, plutôt qu’à des causes de destruction, qu’on peut attribuer l’état de l’Algérie, très boisé dans certaines contrées, complètement nu dans d’autres.

[352] Pervinquière, dans Revue de Géographie, III, 1909, p. 308. Battandier et Trabut, l’Algérie, 325-6. Une croûte semblable se retrouve souvent dans le Maroc occidental : Gentil, le Maroc physique, p. 307, 319.

[353] Gentil, l. c., p. 300.

[354] En Noweiri, dans la traduction de l’Histoire des Berbères d’ibn Khaldoun par de Slane, I, p. 341. Ibn Khaldoun, ibid., p. 214. Cf. El Kairouani, Histoire de l’Afrique, trad. Pellissier et Rémusat, p. 25 et 54 ; Moula Ahmed, Voyages dans le Sud de l’Algérie, trad. Berbrugger, p. 237.

[355] Cf. Toutain, les Cités romaines de la Tunisie, p. 41.

[356] Goyt, dans Rec. de Constantine, XXVII, 1892, p. 225. Gsell, Atlas archéol. de l’Algérie, f° 10 ; f° 18 (angle Nord-Est). Clerget, dans la Géographie, XXV, 1913, p. 49.

[357] Vaissière, dans Comptes rendus de l’Académie d’Hippone, 1800, p. LVIII. — Au Maroc, les ruines de Lixus, près de Larache, sont en partie couvertes par des chênes lièges. — Il y a de nombreuses ruines dans la rabah de Chebba, à l’Est d’El Djem, en Tunisie (Mnumené, dans Enquête sur les installations hydrauliques romaines en Tunisie, I. p. 19). Mais cette forêt n’est en réalité qu’une broussaille peu serrée.

[358] Diehl, dans Nouvelles Archives des missions, IV 1803, p. 383 : A 10 kilomètres à la ronde, dans la plaine et dans la montagne, on ne rencontre pas le moindre arbre.

[359] On peut noter aussi la disparition des bois indiqués par Hannon au cap Cantin. Le djebel Borma et le djebel Chettaba sont aujourd’hui dénudés ; on doit admettre qu’il n’en était pas ainsi dans l’antiquité, si l’on reconnaît un dieu des forêts dans le Silvanus qui y était adoré.

[360] De anima, 30. Cf. De pallio, 2, in fine.

[361] Gsell, dans Rec. de Constantine, XXXVI, 1902, p. 32 et suiv.

[362] Bell. Vand., II, 13, 1, et II, 10, 19. Cf. Diehl, l’Afrique byzantine, p. 43.

[363] Carton, dans Revue tunisienne, XIII, 1906, p. 585.

[364] Strabon (XVII, 3, 8) mentionne, d’après Gabinius, des incendies de forêts en Afrique ; l’auteur qu’il cite prétendait que les éléphants se donnaient la peine de combattre le feu. — Corippus (Johann., VIII, 60 et suiv.) décrit un incendie de forêt, allumé volontairement (ignis... appositus). Mais ces vers sont une comparaison imitée d’Homère : voir, par exemple, Iliade, XI, 155-7 ; XX, 400-2.

[365] Cf. les vers de Lucrèce, V, 1243 et suiv.

[366] Johann., I, 331-3 :

Uritur aimes seges cultos matura per agros,

Omnis et augescit crescentem frondibus ignem

Arbor, et in cineres sese consumpta resolvit.

Ibid., III, 451-3 :

Raptor ubique furens urbes succendit et agros.

Noc seges aut arbor, flagrans quae solvitur igne.

Sola perit.

[367] En Noweiri, passage cité plus haut, note 354.

[368] Cf. El Kairouani, l. c., p. 54 ; Kahina ordonna aux peuples qui lui étaient soumis de ravager les campagnes et les jardins, de couper les arbres, pour que les Arabes, ne trouvant de ressources nulle part..., ne rencontrassent rien qui pût les attacher à l’Afrique. Moula Ahmed, l. c., p. 237 : la Kahena envoie l’ordre de couper les oliviers et tous les arbres à fruits.

[369] Tissot, I, p. 278. Cf. Lacroix, Rev. africaine, XIII, p. 177 ; Diehl, l’Afrique byzantine, p. 406.

[370] Victor de Vite, III, 20 : Jussi estis in Corsicanam insulam relegari, ut ligna profutura navibus dominicis incidatis.

[371] Rivière et Lecq, Manuel de l’agriculteur algérien, p. 984.

[372] On trouvera de nombreux renseignements à ce sujet dans une publication du Gouvernement général de l’Algérie : Commission d’études forestières, Compte rendu des séances et rapport de la Commission (Alger, 1904).

[373] Gentil, le Maroc physique, p.277.

[374] Dans l’ouvrage de Lefebvre, les Forêts de l’Algérie, p. 80 et 83.

[375] Voir d’autres exemples cités par Ficheur, l. c., p. 76-77, 88, 89, 91.

[376] Le déboisement du Chettaba, prés de Constantine, est, parait-il, de date relativement récente : Féraud, Rec. de Constantine, XIII, 1809, p. 47-48. De même, le déboisement de diverses montagnes de l’ancienne tribu des Ouled Abd en Nour, au Sud-Ouest de cette ville : ibid., VIII, 1804, p.144-5. Le djebel Sadjar, au Sud du Chettaba, porte un nom qui signifie la montagne des arbres ; il n’y en a plus un seul : Cherbonneau, ibid., XII, 1808, p. 405.

[377] Voir à ce sujet Rabot, dans la Géographie, XVI, 1907, p. 169-170, et, en sens contraire, Buffault, dans Bull. de géographie historique, 1910, p. 153 et suiv. La vérité est entre les deux opinions extrêmes.

[378] Actuellement, les forêts couvrent 2.800.000 hectares en Algérie, dont 2.000.000 pour le Tell, soit 15 à 16 p. 100 de la superficie de cette région. Il faut dire qu’en bien des lieux, ce qu’on appelle forêt n’est qu’une humble broussaille. En Tunisie, la superficie de forêts est d’environ 500 000 hectares, à peine 5 p. 100. En France, la proportion est de 18,2 p. 100, en Allemagne, de 23 (Brunhes, la Géographie humaine, p. 418), mais il s’agit de vraies forêts.